Résumé du film : Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent. Note du film: 6/10 (par Véronique) Avis : Dix ans après « Louise Michel », comédie sociale dans laquelle évoluait déjà Yolande Moreau, le tandem Kervern/Delépine revient avec une nouvelle satire de notre société, mettant en lumière les petites gens, celles qui ont toujours été chères à leur cœur et qui ont une place de choix dans leur cinéma. Mais cette fois, ce n’est pas Gérard Depardieu qui tient le rôle principal masculin. Pour incarner Jacques, un réac pas comme les autres, les deux scénaristes/metteurs en scène ont fait appel à Jean Dujardin, qui ne recule devant rien et n’hésite pas une seule seconde à égratigner son image. « C’est pas Karl Marx qui va t’aider à avoir un jacuzzi et une pergola » Très plaisant dans son premier tiers, « I feel good » ne tient malheureusement pas la route et finit par mal négocier son virage dans sa dernière ligne droite. Fonçant droit dans le mur du grotesque, le long-métrage du duo de « Groland » avait pourtant de très beaux arguments et une liberté de ton qui fait plaisir à entendre en ces temps de censure dérangeante. Dénonçant les dérives de notre société individualiste, « I feel good » avait l’ingénieuse idée de confronter deux visions d’une même réalité. Celle de Jacques, véritable sangsue économique, incapable de s’impliquer dans quoi que ce soit, si ce n’est ses rêves de richesse et celle de Monique, responsable d’un centre Emmaüs où entraide et responsabilité sont les maîtres mots. Après avoir tenu un rôle de directrice de home pour jeunes dans « De toutes mes forces », Yolande Moreau reprend du service et livre un jeu tout en pudeur et tendresse à côté de ceux qui n’ont (plus) rien. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le social lui va bien ! Offrant le gîte et le couvert à qui veut se réinsérer dans la société après un passage à vide, Monique donne sa chance à tout un chacun. Et même à son frère, qui ne pense qu’au profit et à son futur projet d’entrepreneur… Mais son idée obsédante va avoir des répercussions sur la communauté entière, celle qui l’a accueilli à bras ouverts et toléré malgré son manque d’implication… Son faux polo Lacoste, ses belles paroles et l’importance qu’il accorde aux apparences parlent d’ailleurs pour lui. Mais qu’importe : Jacques gagne peu à peu la confiance de ces anciens démunis pour qui il n’y a désormais plus rien de plus beau que les rêves et… la vie ! « Fini le temps des cerises, maintenant c’est le temps des noyaux, t’as pas vu la crise ? » Cette crise, Kervern et Delépine l’évoquent à de nombreuses reprises, de façon détournée ou clairement affichée, dans leurs différents longs-métrages : « Saint-Amour », « Louise-Michel » ou « Mammuth » en tête. « I feel good » s’inscrit dans cette lignée et ne renie absolument pas sa paternité. La patte du duo facétieux se fait ressentir dans chaque scène du film, à travers ses répliques cinglantes et son humour cynique dont eux seuls ont le secret. Sous le couvert de la comédie, ils abordent des thématiques graves et actuelles comme l’égoïsme, l’individualisme, les chimères de la richesse convoitée, la surconsommation, etc. Mais leur nouveau film engagé a, comme ses prédécesseurs, un cruel manque de constance. Le génie des débuts s’essouffle peu à peu et disparaît totalement au profit d’une satire outrancière qui nous fait lever les yeux au ciel. Les braises du libéralisme incarné par le personnage de Jacques refroidissent et s’éparpillent dans un final que l’on aurait aimé bien moins excessif… Dommage, c’était pourtant si bien parti ! Alors certes, on apprécie les situations incongrues, l’intelligence des propos de Jacques, le comique de situation, les dialogues écrits au cordeau et les hors champs qui nous font nous recentrer sur l’essentiel. Mais on regrette aussi les scènes peu ragoûtantes qui, comme toujours dans l’univers Kervern/Delépine, viennent ternir leurs propos intéressants et desservir leur film, lui conférant par moments un statut de comédie sociale borderline. Les gros plans sur les visages de ses comédiens autant que sur ceux de ces anonymes que l’on croise en début et fin de film prouvent le réel intérêt que porte le tandem sur tout ce qui fait le sel de leurs (loufoques) idées. Mais l’inconstance à, de nouveau, raison de leur ingénieuse idée et fait de « I feel good » une comédie passable où Yolande Moreau et Jean Dujardin prennent des risques bien plus grands que ceux de leurs metteurs en scène, trop habitués à surfer entre comédie grotesque et film sociétal. Date de sortie en Belgique/France : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h43 Genre : Comédie
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