Résumé du film : Ce conte magique et familial suit Lewis, un orphelin de 10 ans qui s'installe dans la mystérieuse demeure de son oncle Jonathan, avant de découvrir que ce dernier est un sorcier. Derrière ses murs se cachent de nombreuses créatures et secrets dont une horloge qui aurait le pouvoir de déclencher la fin du monde. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Eli Roth est un réalisateur de génie en matière de thriller ou de film gore. Alors, quand celui à qui on doit « Hostel », « Knock Knock », « Green Inferno » ou encore « Death Wish » se lance dans un film pour enfants, on ne peut que s’interroger. Quelles ont été les motivations de l’Américain? Pour comprendre sa démarche, nous nous sommes plongés à la fois dans le roman de John Bellairs et dans son adaptation sur grand écran. Conclusion ? « La prophétie de l’horloge » est aussi désappointant qu’intéressant. Retour sur ce film familial où magie et aventures s’entremêlent pour le pire et… le meilleur. La nostalgie de l’enfance Pour qui connaît un tant soit peu l’univers d’Eli Roth, il n’est nul besoin de rappeler que le réalisateur signait à 34 ans le terrible « Hostel » avant de s’adonner à d’autres films d’horreur mémorables. Il y a quelques années, il nous proposait un « Knock Knock » totalement crazy où Keanu Reeves se faisait homejacker par deux belles jeunes femmes totalement délurées. En l’espace de quelques mois, Eli Roth change totalement de registre et propose, après un « Death Wish » correct bien que peu marquant, un film pour enfants : troublant ! Avec son casting alléchant et son imagerie féerique, on s’attendait à une totale maîtrise d’un récit qui avait tout pour plaire à son jeune public. Et de fait. Lors de la projection, les petites têtes blondes étaient à la fois amusées et effrayées par l’histoire qui se déroulait sous leurs yeux. Car, si son générique très rétro (n’étant pas sans nous rappeler les vieux films Disney ou Amblin Entertainement, est-ce vraiment un hasard ?) et son contexte installé dans les 1950 pourraient parler aux adultes, c’est bel et bien le tout jeune public qui est visé par cette adaptation dantesque de « La prophétie de l’horloge ». Minutieuse jusque dans ses moindres détails (on reconnaît aisément le jeu de cartes décrit dans l’œuvre de Bellairs servant aux soirées poker ou le porte-manteau « magique »), l’adaptation se veut aussi distrayante que flippante pour ses petits spectateurs. Le petit récit initiatique mis en place, les aventures du jeune Lewis vont permettre à nos jeunes adolescents de passer une petite heure trente dans un univers fantastique où tout semble excessif. Drôle tout en étant effrayant, ambitieux mais aussi décevant « La prophétie de l’horloge » est un film déroutant. Ne vient-il pas un peu trop tard après une kyrielle d’autres métrages de la même veine? Sans aucun doute et il semblerait d’ailleurs qu’il n’ait pas grand-chose de neuf à proposer. De trop nombreuses libertés Si certains dialogues sont repris mot pour mot dans le métrage de Eli Roth, nombreuses sont les divergences d’avec le roman de Bellairs, publié en 1973 ! Lewis est un jeune garçon bizarre et rachitique alors que le héros littéraire est un petit grassouillet mal dans sa peau. L’oncle Jack Jonathan Black a certes quelques reflets roux, il reste bien loin du personnage décrit dans les pages de « La pendule d’Halloween ». Il en va de même pour Florence Zimmerman, bien plus âgée et ridée que la belle Cate Blanchett. Mais qu’importe les apparences si le récit fonctionne… Et là aussi, il nous faut remettre les pendules à l’heure. Bien moins monstrueux que le film de Roth, l’histoire de l’écrivain américain est bien plus prenante que sa version cinématographique. Le jeune Lewis utilise la magie à ses dépens et ne reçoit aucune éducation prodigieuse de la part de ses hôtes, nulle trace d’un placard interdit dans la maison ou de phases lunaires dessinées dans de nombreuses pièces de la demeure. Quant aux horloges, il y en a bien une dans chaque pièce mais on est loin de la collection de l’oncle Jonathan. Plus importante que les petites quêtes présentées dans le long-métrage, la pendule enfermée dans les murs de la maisonnée du 100 rue Haute est inquiétante et moins infernale que dans le film. Et que dire de l’histoire abracadabrantesque de Isaac Izard revue et dénaturée ? Relayé dans le domaine des souvenirs, il n’apparaît que trop peu dans l’histoire originale et sa présence dans l’adaptation laisse songeurs… Au même que les petits monstres ajoutés ici pour que le spectacle soit plus impressionnant. A force de se permettre de nombreuses libertés, « La prophétie de l’horloge » vue par Eli Roth dénature fortement le récit fantastique de Bellairs, dont on conseille la lecture aux jeunes adolescents amateurs de récits dans la veine de « L’épouvanteur » de Joseph Delaney. Très théâtralisé, le jeu des acteurs accentue cette sensation de « show » démesuré que l’on voudrait plus épuré. Dommage car le matériau de base offrait de nombreuses possibilités et le résultat aurait pu être tout autre avec une dose de sobriété. Un casting adapté S’ils n’ont pas totalement les traits de leurs personnages originaux, Jack Black, Cate Blanchett et Owen Vaccaro (« Very Bad Dads ») forment un trio qui fonctionne plutôt bien à l’écran. Sir Black nous sort son meilleur jeu, celui auquel nous sommes habitués depuis de nombreuses années (et qui colle relativement bien au récit revisité de Roth) alors que Cate Blanchett est à la fois froide, mystérieuse et complice. Quant au tout jeune Owen Vaccaro, il porte le film sur ses frêles épaules et parvient presque à nous faire oublier le Lewis de Bellairs, bien plus pleurnichard et dodu que son personnage. Dans les surprises du casting, on notera la présence de Kyle MacLachlan qui ne recule devant rien pour donner vie (ou mort) au méchant de service et Eli Roth qui s’accorde un petit cameo sympathique. Et comme toujours, Lorenza Izzo, l’épouse du réalisateur, vient rejoindre le casting pour un second rôle créé de toutes pièces pour les besoins de l’adaptation cinématographique. En effet, comme nous l’indiquions plus haut, nombreuses sont les digressions et pour que les folles aventures du jeune Lewis tiennent dans un format acceptable, il fallait mettre en place de sacrés raccourcis, forcément préjudiciables par rapport à l’esprit du roman. S’adressant essentiellement au jeune public, « La prophétie de l’horloge » n’a en soit pas grand-chose de condamnable, si ce n’est un scénario totalement revisité et bien moins engageant que son récit initial. Néanmoins, les enfants y trouveront leur compte et excuseront ce que les adultes pourront reprocher au long-métrage. Si certaines scènes restent impressionnantes pour les plus jeunes d’entre eux, nos spectateurs en culottes courtes devraient apprécier ce film d’horreur réalisé à leur portée. Gothique et comique, too much à de nombreux moments, le dernier long-métrage d’Eli Roth déconcertera les adaptes de son univers mais prouvera qu’il est capable de sortir de ses sentiers battus et de créer un univers féerique de toutes pièces, un monde magique et malicieux proche du visuel d’un certain « Crimson Peak ». Date de sortie en Belgique/France : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h40 Genre : Fantastique Titre original : The house with a clock in its walls
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