Résumé du film : Après une restauration numérique, le classique noir ‘Lost Highway’ de David Lynch est de retour sur grand écran. L’histoire d’un musicien de jazz, soupçonné d’avoir assassiné sa femme, est racontée comme une passionnante enquête sur une crise d’identité parallèle. La réalité prend la fiction en otage… ou est-ce l’inverse ? Un obscur voyage le long d’une autoroute sans issue,avec des changements d’identité comme seuls points de repère. Avis : Plus de vingt ans après sa première sortie dans nos salles, « Lost Highway » s’offre un petit coup de polish et nous revient sur grands et petits écrans dans une version numérique restaurée. L’occasion de se replonger dans le récit démentiel de David Lynch, maître incontesté de la métaphore et des jeux de pistes troublants. Les premiers kilomètres de Lost Highway Cinq ans après l’échec de son « Twin Peaks : Fire walks with me », David Lynch proposait à son public averti un film schizophrène dans lequel nous suivions la boucle temporelle dans laquelle Fred Madison semblait être enfermée. Passionnant à plus d’un titre et esthétiquement irréprochable, son long-métrage avait créé quelques émules et détourné le public de son œuvre installée avec « Sailor et Lula » ou encore « Blue Velvet ». Mais qu’importe que le succès populaire soit au rendez-vous ou non, David Lynch assume totalement son style et poursuivra sur la voie tracée au début des années 1970 avec le tout aussi célèbre « Mullholland Drive »(2001) , un autre métrage déroutant qui viendra confirmer son talent de narrateur excentrique. Avec « Lost Highway » le réalisateur américain révolutionne le cinéma contemporain et offre une expérience cinématographique inédite et sensorielle à son public. Il faut dire qu’on aime suivre David Lynch dans les méandres de ses scénarios alambiqués, se perdre dans les rues de Los Angeles, s’accrocher aux histoires de ses héros charismatiques ou sensuels sans toujours comprendre ce qui se trame devant nos yeux. Qu’importe si l’on comprend ou non tous les aboutissements des chemins empruntés, ce qui hypnotise dans son cinéma, c’est la beauté de sa photographie inspirée, l’attraction étrange de ses films noirs où réalité et fantasmes s’entremêlent et l’ingéniosité de captiver son auditoire durant plus de deux heures sans qu’il ne vienne à broncher. La croisée des arts On le sait, David Lynch est un artisan extraordinaire qui n’entre dans aucune des cases du septième art. Son esprit libre et sa fibre artistique (par ailleurs particulièrement bien présentés dans le documentaire « Art of life » de Olivia Neergaard-Holm, Rick Barnes et Jon Nguyen ) se sont régulièrement mis au service du cinéma avec des œuvres que beaucoup reconnaissent comme étant majeures alors qu’elles ont largement été décriées ou acclamées au moment de leur sortie. Avec « Lost Highway » et son perpétuel dédoublement de personnalité, Lynch pousse un peu plus loin encore le curseur du film noir et déstabilisant, n’oubliant pourtant pas d’accorder une grande importance à l’esthétique de son métrage. La minutie de ses décors, ses cadrages méticuleux, les plans élogieux de ses acteurs et l’atmosphère anxiogène qu’il parvient à installer dans ses scènes tout comme dans les souvenirs furtifs de son héros principal, contribuent grandement à faire de « Lost Highway » un film puissant et mémorable à plus d'un titre. Mais ce qui enivre le spectateur en plus de ces images qui défilent sur son écran, c’est la musique soigneusement choisie pour accompagner (comme pour chacun de ses métrages) l’expérience visuelle, la rendant à son tour sensorielle. Les sons claquent dans nos oreilles, la bande originale d’Angelo Badalamenti, David Bowie, Nine Inch Nails, Rammstein ou encore Marilyn Manson nous fait vibrer et frissonner : le rock est aussi sombre que le film et ça matche ! D’ailleurs, qui ne se souvient pas de cette séquence d’ouverture où une voiture vrombit à toute vitesse sur les notes de « I’m Deranged » de Bowie ? Quelques notes, quelques phrases, quelques sons suffisent à raviver nos vagues souvenirs, preuve incontestable que tout dans l’univers de Lynch, est pensé pour qu’ils s’ancrent dans la mémoire de notre expérience passée. Et puis, difficile de ne pas évoquer l’intensité du jeu de ses acteurs que sont Bill Pullman, Patricia Arquette, Balthazar Getty, Robert Loggia ou encore Robert Blake. Les redécouvrir et les suivre à nouveau, après autant d’années en friche, nous rappellent combien la densité et la noirceur du film n’auraient pas été possibles sans leur prestation remarquable. Bill Pullman, angoissé et angoissant, nous fait vivre les émotions de son personnage, sa jalousie maladive ou sa peur d’une intrusion dans sa maison. Remplacé par Balthazar Getty dans sa seconde partie (ce qui déconcerte lors de la première vision), il excelle dans son rôle de Fred Madison et signe sans aucun doute l’une de ses meilleures performances. Tableau dérangeant et schizophrénique, merveille esthétique, « Lost Highway » fascine autant qu’il trouble ses spectateurs. Avec sa restauration numérisée, le film retrouve des couleurs plus vives, un grain plus net mais ne perd rien de son mystère et son inquiétante atmosphère. Si comme nous, vous n’aviez que des souvenirs épars de ce métrage vu il y a de nombreuses années, nous ne pouvons que vous conseiller de (re)vivre l’expérience lynchienne dans votre salle ciné ou sur votre télé. Près de 23 ans après sa première sortie en salles, le film fait en effet un beau doublé grâce à des séances spéciales ou une sortie en Blu-Ray/DVD et ce serait dommage de passer à côté.... Genre : Thriller/Fantastique Durée du film : 2h15 Bonus : Aucun
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