Associé régulièrement (et à tort) à « Girl » de Lukas Dhont, « Lola vers la mer » est pourtant un film bien à part, avec son angle propre, son récit de vie, ses enjeux bien différents comme l’absence du soutien dans un parcours de vie du combattant. Si l’histoire de Marina (l’héroïne du très beau « Una mujer fantastica ») résonne encore dans un coin de notre tête (et de notre cœur), celle de Lola fait également vibrer notre corde sensible et se place à la hauteur d’une adolescente au courage indéfectible, nous faisant vivre une heure trente de douleur, de déception mais aussi d’espoir. Faisant la route aux côtés d’un père qui ne cesse de lui rappeler sa vie d’avant, la jeune femme en devenir compte bien mener à terme sa lourde quête, celle d’accompagner les cendres de sa mère vers un littoral paisible où ses propres souffrances feront à nouveau surface. Le déni de sa nouvelle identité, de ses envies de changement, le besoin d’appeler son fils Lionel et le refus de comprendre ce qui le rend important bouleversent Philippe et l’endurcissent un peu plus à chaque fois qu’il découvre ce qu’est devenu celui qu’il a un jour jeté à la rue. Benoit Magimel, parfait dans ce rôle de père anéanti, crève l’écran et incarne avec justesse un personnage ambivalent, qui se bat chaque heure contre différents sentiments. Face à lui, Mya Bollaers, une jeune comédienne transgenre, plus en retenue mais tout aussi touchante. Le tandem qui occupe tous les plans s’accordent et donnent vie à cette histoire difficile où rejet de l’autre, provocation, désamour et détresse dressent de nombreuses barrières entre deux êtres qui partagent le même sang, le même amour pour un membre de leur famille à présent absent. Efficace et prenant, rempli d’espérance et extrêmement touchant, le deuxième long-métrage du belge Laurent Micheli (réalisateur de « Even Lovers Get the Blues ») se veut à pudique, authentique et surprenant. Road movie familial aux étapes parfois encourageantes, parfois difficiles, « Lola vers la mer » est d’une justesse appréciable et d’une bienveillance notable… Un film à voir ! Date de sortie en Belgique/France : 11 décembre 2019 Durée du film : 1h27 Genre : Drame
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