Avec « L’ascension de Skywalker », JJ Abrams reprend la barre de ce vaisseau amiral pour un film qui devrait diviser les fans ! La question n’est pas tant de savoir si le film vaut le coup ou pas, mais de savoir qui vous êtes ? Tout est une question d’identité. Etes-vous un puriste, fan de la première heure ou un amateur de blockbuster spécialement calibré pour attirer la sympathie ? En fonction de votre réponse, vous allez trouver un spectacle qui dépote ou un crime de lèse majesté vis-à-vis de la Force, de l’esprit de la trilogie originale et de ses fondements. Des débuts prometteurs Lorsque vous serez confortablement installé dans votre siège, n’oubliez pas d’inspirer un grand coup car le rythme des débuts est diablement efficace ! L’intrigue se met en place avec une fluidité peu banale et nous sentons que l’émotion va rapidement nous gagner ! Ce sentiment est d’autant plus vrai que l’action est accompagnée par les notes magistrales de Jon Williams qui nous livre une partition dont lui seul a le secret ! Et avec celle-ci, les cuivres feront battre votre cœur un peu plus vite encore ! Visuellement, une noirceur bienvenue accompagne Kylo Ren (Adam Driver) pour une mission qui vous fera frémir ! Hélas, ce préambule trop court fait place à une suite plus convenue. Miroir mon beau miroir Très vite, on sent que le réalisateur JJ Abrams revient à un traitement plus conventionnel pour lequel les héros se retrouvent afin de partir en mission. L’occasion pour le spectateur de s’émerveiller de certains décors (la scène de la danse sur une planète désertique est visuellement très belle) et de pester contre le recours au numérique pour certains monstres. Les références à la trilogie initiale sont nombreuses et on sent que le réalisateur applique la technique du miroir pour reprendre inlassablement les mêmes mécaniques, et surtout celles éprouvées sur le « Retour du Jedi » ! Peu de surprises dans les pérégrinations de nos amis sinon quelques «twists » monstrueux disséminés dans le récit et qui feront assurément réagir et affoler une nouvelle fois la communauté des fans ! Mais le principal reproche est justement de provoquer l’émotion par des révélations qui se trouvaient déjà au sein de la « sainte première trilogie » au lieu de créer véritablement du nouveau comme avait pu le faire le pourtant décrié Rian Johnson avec « Les Derniers Jedi ». Pour le reste, le réalisateur nous offre une réalisation solide appuyée par un cast qui connait désormais les ficelles du métier ! Les univers créés sont enchanteurs et colorés ou au contraire d’une noirceur réellement inquiétante à tel point qu'aucun d'entre eux ne devrait vous laisser indifférent. Quant aux effets spéciaux, ils sont généralement très bons à l’exception de quelques monstres 3D qui plombent l’ambiance (vous aussi vous êtes encore hantés par la trilogie originale remasterisée ou par la prélogie ?) ou de l’explosion d’une planète qu’on croirait en carton pâte et qui est détruite beaucoup trop vite, étrange… Les amateurs d’action en auront pour leur argent et jamais nous n’avons trouvé le temps long tant l’action est omniprésente et l’humour de qualité ! Nous rions souvent de bon cœur car les personnages présents peuvent se montrer attachants. Le fan service tourne à plein régime afin de contenter et d’émouvoir le plus grand nombre dans une soupe joyeuse et...très généreuse. Néanmoins, son surenchère visuelle enlève le côté dramatique installé et c’est là tout le revers de la médaille. Fantômes contre fantômes Toutefois, notre plaisir passe aussi par les retrouvailles d’avec un casting annoncé avec une belle surprise à la clé. Outre le trio gagnant de Rey, Finn et Poe (Daisy Ridley, John Boyega et Oscar Isaac), quel plaisir de retrouver ce vieux brigand de Lando Calrissian (merveilleux Billy Dee Williams- dont nous percevons la joie de renouer avec la franchise). Côté revenants, notons la fabuleuse intégration de Carrie Fisher qui, bien que décédée il y a trois ans, revient pour un dernier tour de piste grâce aux rushs non utilisés du dernier film. Émouvant ! Quant sinistre empereur Palpatine, dont la voix résonnait à la fin de la bande annonce, il nous glace véritablement le sang grâce au jeu impeccable de Ian McDiarmid qui devrait vous marquer durablement… La perversion de la Force Pourtant, tout n’est pas radieux dans ce ciel d’apparence si bleu ! La faute à l’envie du réalisateur de manger à tous les râteliers. L’objectif poursuivi est de recoller coûte que coûte à deux trilogies pourtant bien différentes de par leurs orientations et leurs structures. Dès le « Réveil de la Force », l’utilisation scénaristique d’un effet miroir servait à coller au plus près de l’épisode IV : « Un Nouvel Espoir ». Après une envie de nouveautés et la volonté de Rian Johnson de recoller avec l’esprit des premiers films, nous retrouvons JJ Abrams qui s’emploie à faire référence au « Retour du Jedi » pour nous montrer qu’il tient absolument à boucler la boucle, à s’inscrire dans les pas de Lucas mais avec davantage de démonstration... et cela passe forcément par des « révélations dingues » sur le passé de Rey que nous trouvons un peu faciles ! Ici, on provoque l’émotion et des situations « énormes » afin de coller au mieux à ce qui a déjà été fait ! L’Histoire se répète inlassablement avec quelques variations afin de créer artificiellement la surprise. Scénaristiquement, seule la fin justifie les moyens et on ne s’ennuiera guère des grosses ficelles déployées pour aider le script posé sur des rails à avancer. Un nombre incroyable d’exemples nous vient à l’esprit comme cette scène où un vaisseau amiral seul détruit une planète en quelques secondes là où jadis l’étoile noire ou l’étoile de la mort le faisait après un temps de chargement de plusieurs minutes. Ce raccourcissement au niveau de la vitesse d’exécution est symptomatique de notre société instantanée où les « «temps » ont disparu pour gagner en efficacité au détriment de tout réalisme. Ce raccourcissement médiatique est également à aller chercher du côté des (anti-)héros qui apprennent toutes les arcanes de la Force sans entrainement ou formation dispensée par un maître à penser… D’ailleurs, cette fameuse perversion de la Force n’a plus grand-chose à voir avec ce qui était présent dans les épisodes IV, V et VI. Ici, la Force déployée par les Sith et les Jedi s’apparente à de la magie ! Tout est désormais possible (même l'impossible), aucune limite n’est rencontrée dans l’apprentissage et l’utilisation des capacités déployées ! Sommes-nous dans un film de superhéros? Le personnage de Luke Skywalker nous avait pourtant prévenus dans l’épisode précédent que la Force n’était pas de soulever des cailloux ou de jeter des éclairs… mais de là à passer à une démonstration trop souvent grossière et hors de tout contrôle. Où sont la nuance, le dosage et l’équilibre de la Force ? Comme il aurait été bon de sortir cette franchise de ces simplifications outrancières qui amenuisent les enjeux. "L'ascension de Skylwalker" est-il l'épisode final attendu? Une fois encore, tout dépendra du bagage « star warsien » que vous portez en vous car c'est lui qui déterminera votre jugement ! Nous, on préfère se dire que même si l’intention est louable et que c’est dans l’air du temps, c’était mieux avant ! Date de sortie en Belgique/France : 18 décembre 2019 Durée du film : 2h22 Genre : Science-Fiction Titre original : Star Wars: The Rise of Skywalker
2 Commentaires
Victor Bouillot
12/18/2019 01:29:17 pm
Je vais le voir ce soir. En tant que vieux puriste, je sens que je vais passer un moment bien mitigé ! Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour espérer voir un peu de renouveau dans la saga... Heureusement que Rogue One et The Mandalorian sont là pour relever le niveau!
Répondre
Écran et toile
12/18/2019 01:37:08 pm
La saga s'epuisant petit à petit, heureusement qu'un vent de fraîcheur souffle du côté de "The Mandolorian". Ceci dit, il fallait bien finir la trilogie commencée et la conclusion aurait sans doute été tout autre si Rian Johnson avait été aux commandes... Tu nous diras ce que tu as pensé de ce dernier volet? Bon film et que la Force soit avec toi!
Répondre
Laisser un réponse. |