Si son premier volet permettait de découvrir une adaptation réussie du premier tome, cette suite martelée d’effets spéciaux (parfois risibles) et de jumpscares ne fonctionne que partiellement et nous fait craindre un troisième opus dont on se passerait largement. Bien plus fidèle au roman que sa première adaptation de 1993, « Ça, chapitre 2 » nous a cependant laissé un véritablement goût de trop peu. Pourtant, l’atmosphère glaçante nous a bien pris aux tripes d’entrer de jeu, lorsque Adrian (Xavier Dolan) et Don sont victimes de la méchanceté d’une bande de casseurs de Derry. Nous rappelant la haine de Henry Browers pour Mike et le Club des Losers, cette introduction laissait présager le meilleur et montrait combien la ville de Derry et sa violence latente la faisant pourrir de l’intérieur. Mais très vite, les bonnes intentions retombent à plat et la fête vire au cauchemar… voire au naufrage. Tout ça pour « Ça» Adaptation du deuxième volume du roman de Stephen King, le « Ça » d’Andy Muschietti s’accorde de très larges variations et intervertit des événements, modifie les lieux de rencontre et quelques instants clés pour rendre l’intrigue plus fluide à l’écran mais déstabiliser quelque peu les lecteurs du maître et de ses romans. Alors que le second volet littéraire faisait la part belle à l’été 1958 et à l’arrivée de Mike dans le Club des Râtés, la mise en place de leur tactique pour renvoyer « Ça » d’où il venait par le rituel de Chüd, le film de Muschietti propose des aller et retour dans l’enfance de ses héros, réactive leur mémoire collective et leurs traumatismes d’antan sans jamais trouver de réel liant. Cumulant les scènes individuelles et les clins d’œil à l’univers littéraire de maître de l’horreur (Carrie, Christie, Shining) mais aussi à Stephen King lui-même, le film se laisse bien sûr apprécier et parvient à nous surprendre et nous faire patienter sur la durée (2h40 tout de même !). En incluant certaines scènes cultes du roman (oubliées dans sa première adaptation de Tommy Lee Wallace) et en mettant en avant la complicité du Club des Râtés, Muschietti montre combien son souci de garder l’esprit de l’œuvre initiale est primordial. Le scénario de Gary Dauberman (à qui on doit « La Nonne » et les trois « Annabelle ») prend aussi quelques grosses libertés (Mike joue ici un rôle bien plus important que dans le roman) et distille un humour dédramatisant et amusant afin de rendre le tout un peu plus léger. Servi par un casting quatre étoiles dont la ressemblance avec les jeunes acteurs vedettes est véritablement troublante, « Ça, chapitre 2 » n’est pourtant pas la réussite espérée. A côté de leur rôle, les comédiens adultes ne semblent pas croire une seule seconde à la quête qui les anime, l’osmose ne fonctionnant presque que lors des retrouvailles. Il est étonnant de voir combien, malgré tout le travail réalisé pour coller au plus près de leur reflet adolescent, Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, James Ransone, Jay Ryan et Isaiah Mustafa se perdent dans un jeu peu convaincant et dans un enchaînement d’événements et de sentiments auxquels on ne croit que trop rarement. Seul Bill Skarsgard excelle toujours dans son rôle de Grippe-Sou totalement sous-exploité et dont les rares apparitions (non transformées) parviennent toujours à nous inquiéter. Pennywise rutilant blanc est devenu « Pennywise le gris » et sa vie sous Derry durant tant d’années n’a fait qu’aiguiser ses dents déchirantes et sa soif de vengeance, le rendant plus fort encore dans ses transformations poussives amenées régulièrement avec peu de crédibilité. Alors certes, le choix des époques plus tardives que celles du roman permettent de nous ancrer un peu plus dans les préoccupations du présent, les décors (et certains scènes) reconstitués et l’envie de respecter l’idée de son histoire originelle sont à saluer mais les effets spéciaux et de surprises desservent véritablement un propos dont la psychologie n’est plus qu’un maigre souvenir… Superficiel et moins justement dosé, ce « Ça, chapitre 2 » sera vite vu, vite oublié. Jumpscares, étirements, nostalgie et rebondissements ponctuent donc le second volet tant attendu d’un «Ça » drôle et cruel sur lequel nous aurions misé gros. Le constat final est pourtant bien en deçà de tous nos espoirs et même si sa relative fidélité au roman de King est à saluer, son adaptation plutôt ratée nous fait elle broyer du noir… Croisons les doigts pour que cette fois «Ça» soit définitivement hors d’état de nuire car la clôture de ce diptyque nous laisse craindre le pire… ► Les bonus Proposés sur un disque additionnel tant ils sont nombreux et riches dans cette nouvelle édition, les bonus de « Ça chapitre 2 » valent véritablement le détour. Envie de vous plonger plus profondément dans l’univers de Stephen King et la vision passionnée d’Andy Muschietti ? Il y a fort à parier que les différents chapitres proposés vont vous passionner. En plus des « Commentaires audio d’Andy Muschietti » tout au long du film, nous pouvons découvrir cinq larges bonus riches en coulisses, confidences et images de tournage. Si « Cette réunion du Club des Ratés est officiellement ouverte » (consacré à la découverte des personnages, des acteurs qui ont tenus les rôles jeunes ou adultes, les ressemblances et les fonctionnements de chacun d’entre eux) et « Trouvez les lumières mortes » (qui dépeint les origines de l’histoire de Stephen King et le choix de créer un monde imaginaire à travers le prisme d’enfants et notamment les souvenirs vécus par l’auteur lui-même) sont relativement courts et légèrement redondants, les trois autres contenus additionnels sont plus généreux et véritablement intéressants. « Les étés de Ça », découpés en deux volumes suivants comme le diptyque de Muschietti sont deux making of riches en enseignement. « Le moment où on a le plus peur, c’est à 6 ou 7 ans et qu’on regarde un film d’horreur. Ce sentiment, on le retrouve difficilement plus tard. C’est pour cela que j’aime faire mon travail de cinéaste, parce que je voudrais retrouver ce sentiment. » Andy Muschietti, passionné de l’univers de King et par l’imaginaire qu’il y a convoqué nous explique, aux côtés de Barbara, les préparatifs que son tournage a demandés, les souvenirs de sa propre enfance lorsque jeune, il a lu les bouquins du maître de l’horreur, un grand auteur venu sur son plateau pour le conseiller et prêter ses traits à l’un des personnages du deuxième chapitre.
« Chapitre Un, tu flotteras aussi » utilise certes des images déjà proposées dans les bonus du Blu-Ray « Ça », sorti quelques années plus tôt, mais les contextualise d’une bien belle façon. On apprécie d’ailleurs particulièrement les images inédites de l’audition de Bill Skarsgard qui, après 160 autres tests, se démarquent et fait naître l’évidence que Grippe-Sou sommeillait en lui. Les essais avec maquillage qui transcende l’impressionnant comédien, son implication sans limite (à nouveau évoquée dans la deuxième partie des « étés de Ça », sa performance conjuguée à celle des plus jeunes permettent au tournage de se dérouler sans encombre et dans un climax à la fois prenant mais aussi très décontracté. Enfin, ce premier volet se termine sur la reconstitution de la ville de Derry, inspirée de Bangor, dans le Maine où a vécu jadis Stephen King mais où il n’a pas été possible de filmer. On découvre ainsi comment le choix s’est fait sur Port Hope et l’installation démentielle qu’a réalisée l’équipe pour la faire ressembler à l’idée que s’en était faite Andy Muschietti. « Chapitre Deux, ÇA se termine » est dans la même veine que son premier volet et constitue un tout aussi beau florilège consacré cette fois au tournage de la suite. On y découvre la connexion entre les deux films, possible grâce à la rencontre du jeune cast avec ses successeurs, désireux de faire aussi bien et de coller au plus près de leurs cadets. La synergie de chacun, les ressentis de Stephen King sur le tournage, le ton donné à une histoire qui a été réappropriée par le jeune réalisateur et adoubée par son créateur, les auditions de chaque comédien adulte mais aussi le retour de l’équipe technique, rien n’est omis ici. On découvre, au fil de ces presque 40 minutes de bonus, une multitude de petites anecdotes plus intéressantes les unes que les autres, des petites astuces efficaces (comme demander aux jeunes acteurs d’écrire à leur pendant adulte en exprimant les émotions de leurs personnages et décrivant leurs ressentis), les coulisses de scènes emblématiques (la scène du sang avec Jessica Chastain ou le final porté par un Bill Skarsgard hyper impliqué). Avec ce bonus, ce sont 86 jours de tournage, cinq ans d’une vie et la fin d’un diptyque qui se referment sur un rêve devenu réalité. Pour parachever le tour du propriétaire, l’équipe éditoriale a eu l’excellence idée de consacrer un bonus de 10 minutes à Grippe-Sou et son incroyable interprète. Idées partagées entre Bill Skarsgard et Andy Muschietti, le souhait de faire un film plus sombre, les test en motion capture et les retrouvailles avec un personnage perdu, ou encore l’élargissement du répertoire des peurs suscitées par Grippe-Sou, s’enchainent pour notre plus grand plaisir. En définitive, en plus de proposer une image hyper soignée et une bande son dynamique, le Blu-Ray de « Ça chapitre 2 » est un must see pour tous les amateurs de l’univers de Stephen King mais aussi pour tous les curieux qui, peut-être un peu déçus par cette suite, découvrirons avec enthousiasme les coulisses d’une œuvre horrifique portée avec passion pour toute son équipe. Genre : Horreur Durée du film : 2h50 Bonus : Presque deux heures de contenus additionnels divisés en cinq chapitres copieux. A cela, ajoutons les traditionnels commentaires du réalisateur
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