L’évangile selon le jeune Paul. Cette fois, ce sont deux adolescents qui se retrouvent au centre du récit initiatique et onirique du réalisateur belge, Paul et Gloria, deux inadaptés au monde des adultes qui les ont depuis toujours réprimé. Paul, qui incarne la bonté mais aussi la naïveté, grandit à deux pas d’un hôpital psychiatrique, dans une maison modeste où il vit seul avec sa mère, très occupée par son travail et marquée par le départ d’un mari et père dont on sait peu de choses. Passionné par les oiseaux, le jeune adolescent est un grand solitaire qui aime contempler la nature, la domestiquer et s’y perdre le temps d’un été. Mais lorsqu’il rencontre Gloria, une patiente à la réputation dangereuse mais au visage angélique, l’univers de Paul s’apprête à basculer. Obsédé par les yeux clairs de la fillette et les rencontres furtives qui les réunissent dans le jardin de la propriété, Paul tombe amoureux et brûle d’un amour inconditionnel, passionnel mais aussi irrationnel. La folie de la jeune fille se conjuguant à celle de son amour, les deux jeunes tourtereaux prennent la poudre d’escampette et s’évadent dans un univers plus vaste que leurs rêves ou le monde étriqué dans lequel ils ont jusqu’ici évolué. Tourné en argentique, « Adoration » possède une photographie époustouflante, une de celle qui sublime chaque lumière, chaque environnement, chaque émotion transcendée sur une pellicule trop souvent abandée au profit du numérique. Son grain souligne l’intemporalité d’un récit écrit à six mains avec Vincent Tavier et Romain Protat, deux apôtres du cinéaste, et illumine la grande toile sur laquelle brille de mille feux deux jeunes comédiens talentueux : Thomas Gioria et Fantine Harduin. Entourés par des adultes bienveillants (Peter van den Begin et Benoit Poelvoorde entre autres), les deux gamins foncent pourtant la tête en avant dans une aventure et un amour qui les dépassent, se perdant en route ou au contraire, se retrouvant dans des sentiments exacerbés par la folie qui les différemment a happés. Aussi trouble que ses précédents métrages, « Adoration » se veut pourtant plus accessible, très imagé mais aussi moins trash, constituant ainsi une porte d’entrée plus abordable vers l’univers sans concession d’un cinéaste emplit de passion et qui a su cette fois, se mettre à la hauteur de l’innocence d’un jeune garçon. Un film déroutant certes qui garde sa ligne directrice de bout en bout et inscrit son histoire dans une succession d’incidents qui révèlent les vraies facettes de ses protagonistes et nous entraine dans l’ascension infernale de la folie et de ce qu’elle a de plus ardent mais aussi de plus destructeur. Un film étrange qui oscille entre torpeur et contrôle révélateur des thèmes de prédilection de son réalisateur. Date de sortie en Belgique : 15 janvier 2020 Date de sortie en France : 22 janvier 2020 Durée du film : 1h38 Genre : Drame
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