En instance de divorce (entamée dans une démarche unilatérale), Noura espère que les quelques jours qui la libéreront d’un mariage malheureux s’égraineront vite. Mais lorsque son délinquant de mari est libéré par une grâce présidentielle octroyée, ce sont tous les projets d’avenir qui finissent par être ébranlés. Noura sourit… A l’instar de la chanson « Zora sourit » de Jean-Jacques Goldman, interprété à l’époque par Céline Dion, « Noura rêve » évoque le besoin de libération d’une femme condamnée à être une mère, une épouse invisible, la nécessité d’aller de l’avant pour cette femme que la société rend depuis trop longtemps transparente. Une femme dont les quelques petits sourires illuminent un visage marqué par la dureté de la vie, de la privation, de sa condition. Critique d’une société où les femmes sont encore brimées et peu considérées, le film de Hinde Boujemaa est certes féministe mais ne verse jamais dans le manichéisme. La violence morale dont elle fait l’objet, les difficultés rencontrées de se libérer d’un homme qu’elle ne semble jamais avoir vraiment aimé n’ont jamais empêché Noura d’avancer dans une vie précaire dont elle veut se libérer. Les blessures et les déceptions qui ont marqué son quotidien pourraient bien disparaître dans les bras d’un Lassad qu’elle ne peut (pas encore) totalement aimer. Partagée entre sa vie de mère et celle qu’elle fantasme dans le sous-sol de l’hôpital où elle est employée, Noura, femme forte et symbole d’un renouveau, incarne une Tunisie moderne qui, au lendemain du Printemps arabe, doit encore se battre pour mettre place une réelle émancipation. Porté par la magnétique, Hend Sabri « Noura rêve » est rempli de désillusions, de rebondissements, de moments tendus et de quelques rares bouffées d’oxygène, d’instants qui rendent ce drame social par moment anxiogène mais jamais dérangeant. Le métrage, qui constitue une leçon de vie appréciable, montre combien de nombreuses femmes ont encore un rude combat à mener pour leur liberté et s’inscrit, comme « The Reports on Sarah and Saleem », dans la lignée des films de grande qualité qui ont énormément de choses à nous raconter. A voir ! Date de sortie en Belgique : 29 janvier 2020 Durée du film : 1h32 Genre : Drame
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