Réalisateur du « Dernier roi d’Ecosse » ou de « Jeux de pouvoir », Kevin McDonald a toujours su s’entourer des meilleurs castings pour mener à bien ses projets. Cette fois encore, l’équipe du film brille de mille feux et parvient à nous faire vivre au plus profond de nous-mêmes, les émotions, douleurs, interrogations et colères vécues par chacun des personnages, quelle que soit sa place dans une histoire vraie magnifiquement adaptée sur nos grands écrans. Présumé coupable... ou innoncent Inspirée des « Carnets de Gantanamo » rédigés par Mohamedou Ould slahi, le film de Kevin McDonald dénonce, interpelle, bouscule. Dans la même veine que le tout aussi excellent « The report » de Scott Z. Burns sorti il y a deux ans, « Désigné Coupable » met en lumière l’un des pans les plus sombres des institutions judiciaires (et militaires américaines) de façon brillante et éloquente. Que l’on se situe du côté de Mohamedou Ould Slahi, prétendument coupable d’avoir recruté les kamikazes responsables des attentats du 11 septembre, de celui de Nancy Hollander (Jodie Foster), son avocate, ou encore du point de vue du lieutenant Stuart Couch (Benedict Cumberbatch), l’histoire qui nous est contée reste honteuse et glaciale, humainement inacceptable et scénaristiquement impeccable. Les souvenirs de Mohamedou (parmi lesquels les effarantes violences psychologiques, sexuelles ou physiques dont il a été victime à Guantanamo) nous sont proposés dans un format 4/3 presque anxiogène, des images étriquées qui nous recentrent sur tout ce qu’il a enduré avant d’en arriver à une vision 16 :9 plus aérée, à l’image de sa relative liberté d’agir et de penser sans crainte d’un nouveau coup perpétré par l’état policier. L’alternance entre récit, enquête et rencontres fonctionne à merveille et dynamise complètement un récit de vie incroyable qui, dans les mains d’autres cinéastes, aurait pu être bien moins magistral et passionnant. Durant près de deux heures, le réalisateur britannique nous entraine dans un triple combat pour la vérité, sans manichéisme ou dualité mais avec un certain souci du détail et la volonté d’offrir différents points de vue d’une réalité, celle que Mohamedou Ould Slahi a vécue durant tant d’années. Si Jodie Foster, Benedict Cumberbatch et Shailene Woodle (« Divergente ») parviennent à nous convaincre, Tahar Rahim, lui, crève totalement l’écran. Jonglant entre l’anglais et l’arabe avec une facilité déconcertante, les sourires de soulagement et les visages fermés par tout ce qu’il a enduré, le comédien français se démarque encore plus dans cette filmographie où il ne cesse de briller. Néanmoins, son rôle de Mohamedou mériterait de le voir récompensé par un prix d’interprétation pour son jeu juste et non outrancier, pour cette capacité d’entrer dans la peau d’un homme que la vie a tant brisé. Captivant de bout en bout, accessible à tous, « The Mauritanian » (en version originale) est assurément l’un des drames autobiographiques à ne pas louper, un film majeur qui vous marquera profondément tant par sa maîtrise cinématographique que par son extrême humanité. Foncez !
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