Et c’est bel et bien le cas : « Teddy », s’appuie bien évidemment sur un récit au centre duquel on trouve un loup garou mais aussi et surtout le destin d’un jeune homme qui n’avait rien vu venir du tout. Loup y es-tu ? Anthony Bajon a déjà fait de sacrées prouesses au cinéma et démontré l’étendue de son talent dans des rôles très opposés. Qu’il s’agisse de « La prière » ou de « La troisième guerre », les films dans lequel le jeune acteur prend place lui laissent la possibilité d’offrir une palette de jeu de grande qualité. Dans « Teddy », le comédien qui a démarré sa carrière sur les planches, livre une nouvelle performance à la fois drôle et touchante. Des mois après être sortis de la vision du film des frères Boukherma au dernier Festival du Cinéma américain de Deauville (qui faisait l’objet d’une avant-première labellisée Cannes 2020), on entend encore raisonner sa Marseillaise et ses questions à propos du loup qui fait des ravages dans son petit village. C’est que Teddy, jeune garçon paumé, amoureux de Rebecca et courageux travailleur non diplômé, n’a rien de très extraordinaire et vit un quotidien plutôt banal, zonant la plupart de ses journées et aimant semer le trouble auprès des aînés du village qui ne l’ont jamais vraiment calculé. Mais lorsqu’un soir, il se fait griffer par un animal mystérieux, Teddy développe une autre vie qui laisse peu à peu éclater sa marginalité. Révélant une part inconnue de lui-même, la bête qui sommeillait en lui l’indispose autant qu’elle lui donne une importance qu’il ne s’était pas imaginé. Ses premiers symptômes et ses pulsions naissantes transforment peu à peu cet adulescent sans relief en un personnage inquiétant quoi que toujours attachant, un jeune homme partagé entre besoin et répression, retenue et démonstration. Le mécanisme de la lycanthropie enclenché, Teddy évolue (au même titre que son interprète) dans des sentiments nouveaux mais surtout des émotions diverses et trouve l’impulsion de vie qu’il lui manquait jusqu’ici… Film de série B nourri des grands classiques du cinéma des années 80/90, « Teddy » est avant tout un portrait intéressant d’une jeunesse qui se cherche alors que le profil de leur avenir est aussi plat que les contrées dans lesquelles elle évolue. Utilisant le fantastique pour révéler la transformation d’une génération inhibée et peu engagée, le long-métrage surfe sur la vague du grotesque et de la dérision tout en distillant quelques beaux éléments de réflexion. Film de genre maladroitement calibré, « Teddy » permet à une jeune équipe d’exprimer des intentions louables et un sens de la comédie dramatique des plus intéressant. Mais il lui manque quelques enjeux et un dernier-tiers plus passionnant pour faire du film des Boukherma un métrage mémorable à forte identité, un ofni au grand buzz qu’on aurait voulu adorer mais qui nous a quelque peu déçus sur la durée.
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