Formidablement mis en scène, le sujet principal de son scénario (lui aussi oscarisé) n’a rien de réjouissant puisque c’est la dégénérescence cognitive et la vieillesse qui sont mises en avant; celle d’un père tantôt drôle et touchant, tantôt dur et cinglant. Majestueusement interprété par Anthony Hopkins (qui n’a absolument pas démérité son Oscar du meilleur acteur tant sa palette d’acting et son jeu sont à couper le souffle), ce père se raccroche à quelques bribes de souvenirs, perdant pied face à sa fille (bouleversante Olivia Colman) qui fait tout pour le rassurer. Nous embrouillant par la construction de son récit, « The father » offre une façon inédite de voir les choses, nous plaçant dans l’esprit d’Anthony, nous rattachant à sa vision trouble en permanence, et nous renvoyant à des regards, parfois vides, qui en disent longs sur la détresse qui occupe ce vieil ingénieur devenu l’ombre de lui-même. L’importance d’une musique classique qui rassure cet affabulateur malgré lui (musique couplée à la discrète mais tout aussi efficace bande originale de Ludovico Einaudi – « Nomadland ») et le vide qui se fait dans l’appartement (et l’esprit) d’Anthony accompagnent la découverte d’une histoire faussement complexe et illustre à la perfection la perte de quelques repères et l’importance capitale d’autres. Poignardant notre cœur à de nombreuses reprises et nous nouant la gorge d’émotions, Florian Zeller réussi le pari fou de nous faire vivre le quotidien d’un homme déboussolé sur une période indéterminée dans un film intime et d’une force incommensurable, un métrage qui nous coupe les jambes à tel point que l’on peine presque à se relever une fois la séance terminée.
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