Suite à un programme d’échange en Allemagne lorsqu’il était jeune, le réalisateur assista au discours d’Adolf Hitler et fut fasciné par cet homme qui promettait de redresser l’Allemagne en proie à l’extrême pauvreté et aux sentiments conjugués de culpabilité et de haine. Bien sûr, quelques années plus tard, le réalisateur fut horrifié de découvrir l’univers concentrationnaire et le génocide perpétré par les nazis et la conduite de cet homme qui promettait monts et merveilles. De cette expérience, il en tira la sève pour réaliser "L’Œuf du serpent" où l’on retrouve ce malaise palpable d’une société malade. Dès les premières minutes du film nous sommes embarqués dans une petite histoire, métaphore de la Grande. Le personnage principal, un juif américain interprété par David Carradine assiste impuissant à la transformation de la société. D’un drame familial, une toile sociétale sombre se construit trait après trait pour devenir de plus en plus monstrueuse à mesure que le film avance. Aux côtés de l’acteur, Liv Ullmann est parfaite dans le rôle de sa belle sœur. Elle incarne l’innocence, la naïveté et la bonté dans un monde qui broie tout et tout le monde. Les yeux azurés de l’actrice sont terriblement expressifs et foudroient le spectateur d’une mélancolie désespérante. Travaillant dans un cabaret de seconde zone, son personnage est impacté par la pauvreté qui gagne rapidement ceux qui sont en bas de l’échelle sociale, et qui, en plus souffriront de la violence perpétrée par un Etat policier en devenir… Nous pouvons sans mal affirmer que le film est une étude de la société allemande des années 20, avec ses peurs, sa violence, sa misère et ses tourments. La portée du film est beaucoup plus large qu’il n’y parait et il est intéressant de remarquer que le film se termine en 1923 lors du putsch raté d’Adolf Hitler. Alors que les humanistes (dont l’inspecteur de police interprété par l’excellent Gert Fröbe) se réjouissent de ce danger écarté, nul- sauf le héros- ne se rend compte que le vrai danger est à venir et qu’il est simplement en gestation. Ce coup d’Etat manqué participera, lui aussi, a alimenter les braises de la noirceur humaine. Le futur est clair comme l’œuf du serpent : sous la fine membrane, on discerne clairement le reptile déjà parfait. Car si le film tient sans mal le spectateur en haleine grâce à cette ambiance poisseuse et anxiogène, le climax de la fin du film est tellement monstrueux dans sa symbolique et sa violence cachée (et aussi apparente), qu’il inquiète les spectateurs pourtant parfaitement conscients de l’avenir inquiétant. Et toute la force de ce film est de nous montrer que cette « petite » histoire racontée, n’est que les prémisses de ce que sera la Grande Histoire avec son florilège de monstruosités. Et pire encore, que celle-ci nous apparait étrangement moderne… Comme si les monstres d’hier, les précurseurs du Mal n’appartiennent à aucune époque tant qu’existent et se transmettent leurs idées…Glaçant et nécessaire.
► Bonus Inédits, ceux-ci sont proposés en HD pour notre plus grand plaisir tant ils sont fascinants ! On commence avec l’interview de Bernard Eisenschitz, historien du cinéma et spécialiste du réalisateur. Il revient bien sûr sur la genèse du film mais aussi sur la pace de film parmi les autres.
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Démarrant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le film montre aussi une amitié belle et sincère qui dure le temps d’une incarcération de pratiquement vingt ans. Si ce portrait carcéral est aussi marquant, c’est parce qu’il délivre de beaux portraits humains éloigné de cynisme, de racisme ou même de considérations sociales. Le réalisateur donne à voir des humains qui nous touchent de par leur humanité. Et dans ces rôles, difficile de ne pas être admiratifs des jeux conjugués de Tim Robbins et de Morgan Freeman parfaits en tous points. Leurs protagonistes, tous deux condamnés très lourdement nous émeuvent autant qu’ils nous fascinent. Car après de si longues années passées en prison, la peur d’en sortir se fait aussi ressentir, cette « institutionnalisation » écrasante provenant de la prison même est aussi au cœur des enjeux d’une l’intrigue finement écrite. Les seconds rôles tirent aussi leurs épingles du jeu et nous émeuvent également à de nombreux moments. Comment ne pas aimer profondément le personnage de Brooks (James Whitmore) (Tora ! Tora ! Tora !) ou se prendre de sympathie par celui de Tommy (Gil Bellows) ? Mais si les « gentils » sont parfaitement campés, il en va de même des « méchants » incarnés tellement bien si froidement par Bob Gunton (« 24h chrono ») dans le rôle du directeur, mais aussi Clancy Brown (« Lost », « La caravane de l’étrange », « The Mandalorian »), son fidèle molosse et gardien de prison. Bien qu’assez classique dans sa réalisation, sa narration, son intrigue et le développement de ses personnages font des « Evadés » un chef-d’œuvre intemporel qui ne vieillit pas. Frank Durabont remettra le couvert de l’émotion dans une autre adaptation d’un livre de Stephen King : « La ligne verte ». A croire que l’écrivain lui porte chance ! ► L’image et le son Comme souvent à l’époque, le film a été tourné en 35mm. Mais ici, il revêt son plus bel habit en 4k grâce à une définition poussé et à un HDR qui flatte la rétine ! Jamais la prison de Shawshank n’était apparue aussi froide ! Ses teintes bleutées sont éclatantes et alternent avec des couleurs plus chaudes (la scène du toit). Plus lumineux et coloré que précédemment (l’ancienne version blu-ray), le film améliore sa saturation et son contraste de telle façon que nous avons redécouvert le film ! Du bien beau travail ! Côté son, la version anglaise est en DTS-HD Master Audio 5.1 permet à la voix du narrateur (Morgan Freeman) de se faire pleinement entendre pour nous guider dans la prison ! Bien sûr, la spatialisation n’est pas très présente mais la musique de Thomas Newman peut tout de même envahir nos salons pour notre plus grand plaisir ! La VF n’a pas fait l’objet d’un soin particulier puisqu’elle est présente en stéréo… C’est dommage ! ► Les bonus Alors que le commentaire audio du réalisateur Frank Darabont élargit notre vision du film, nous pouvons compter sur deux très intéressants documentaires intitulés « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » mais aussi « Les Evadés : le film rédempteur ».
Apparaissent ainsi par ordre alphabétique les prestigieux noms des stars du cinéma français de l’époque. Charles Aznavour, Françoise Arnoul, Jean-Claude Brialy, Alain Delon, Danielle Darrieux, Fernandel, Mel Ferrer, Michel Simon, Lino Ventura, etc. La liste est longue !
C’est avec un Michel Simon maladroitement et savoureusement impie que s’ouvre la série de sketches. Le géant du cinéma y donne la réplique à Lucien Baroux et on les retrouvera dans la conclusion du film. Pour la première fois, le public francophone est invité à découvrir un deuxième sketch inédit qui fut censuré à sa sortie en France et qui n’a été monté à l’époque que pour les projections allemandes et japonaises. Intitulé L'œuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement, ce sketch dialogué par Pascal Jardin met en scène la ravissante Dany Saval et le naïf Roger Nicolas. Une œuvre gentillette probablement jugée trop sexy à l’époque. Le cinéphile appréciera une courte participation de Mireille Darc qui y dévoile déjà une jolie chute de reins quelques années avant Le grand blond avec une chaussure noire. Les dialogues des sketches suivants sont signés René Barjavel, Henri Jeanson ou encore Michel Audiard. La crème de la crème ! L’épisode mettant en lumière Micheline Presle, Françoise Arnoul et Mel Ferrer est probablement celui qui a le plus vieilli. Il n’offre aucune scène d’anthologie particulière. On retrouve en revanche dans Tu ne tueras point le duo d’Un Taxi pour Tobrouk mené par Lino Ventura, qui joue encore à cet instant de sa carrière les gangsters aux gros bras et Charles Aznavour, touchant de mélancolie. Avec Un seul Dieu tu adoreras, Duvivier semble jouer d’une mise en abyme en utilisant Fernandel avec qui il créa Le petit monde de Don Camillo une dizaine d’années plus tôt. Celui qui est encore le comique préféré des Français à l’époque interprète ici Dieu lui-même ! L’épisode suivant fait la part belle à un nouveau jeune premier du cinéma français. Tout juste auréolé des succès internationaux de Plein Soleil et Rocco et ses frères, Alain Delon joue pour Duvivier un jeune homme doux et naïf face à une Danielle Darrieux mondaine et volage. Delon est parfait dans cette antithèse du personnage de Tom Ripley qui le consacra comme véritable dieu vivant au Japon. A noter qu’Alain Delon sera peu de temps après la vedette du dernier film de Julien Duvivier, Diaboliquement vôtre, un thriller efficace aujourd’hui oublié. Enfin - et cet argument majeur n’échappe pas à cette ressortie -l’épisode Tu ne déroberas point demeure l’unique collaboration du cinéaste avec un Louis de Funès alors dans l’antichambre du vedettariat. A y regarder de près, tout « Fufu » est déjà bien présent dans Antoine Vaillant, l’escroc qu’il interprète et qui sera pris à son propre piège grâce à l’intelligence non moins fourbe d’un employé de banque incarné par Jean-Claude Brialy. Les deux hommes partageront l’année suivante l’affiche du film Carambolages de Marcel Bluwal, un autre petit bijou de comédie. Les cinéphiles relèveront par ailleurs que la voix de Claude Rich (le serpent dans le film) n’apparaît que dans la transition du dernier sketch. C’est un autre narrateur qui assure les précédentes transitions. Oscillant entre polar, drame familial et comédie, ce Duvivier grand cru 1962 ne demeure pas la plus grande réussite artistique du cinéaste. Limitée à 3000 exemplaires, cette séance de prestige propose de se replonger dans l’ambiance d’une projection de l’époque avec ses actualités et ses publicités rétro. Un livret et des reproductions d’une affiche et de photos d’exploitation du film justifient sans doute le prix nettement supérieur à celui d’un blu-ray traditionnel. Le film a été restauré en 4K à partir du négatif original. Les travaux numériques et photochimiques ont été réalisés et supervisés par le laboratoire Vectracom en 2019. Le piqué est très réussi et on ne peut que savourer cette découverte du « Diable et les 10 commandements » dans sa version intégrale d’origine. Un bien beau cadeau pour les cinéphiles. Genre : film à sketches Durée du film: 2h20 Année de sortie : 1962
Publié pour la première fois au début des années 30, ce comic-strip (petites vignettes de BD) fera les beaux jours de la rubrique des célèbres « Chicago Tribune » et « New-York Times ». L’Amérique d’alors, encore fascinée par quelques grandes figures du gangstérisme, à l’image de Bonnie and Clyde, accueillera très favorablement cette nouvelle proposition du chevalier blanc, qui ne rechigne jamais à manier la mitrailleuse contre la pègre. Par la suite, plusieurs films et séries ont été produits. Néanmoins, il faudra attendre les années 70 pour que Warren Beatty, l’acteur à la cote qui monte, remporte les droits pour une nouvelle adaptation. Hélas, la jungle hollywoodienne est telle que les studios défilent sans pour autant mettre le grappin sur la célèbre licence. Heureusement, Disney est là pour rétablir cette trop longue injustice ! Après un impressionnant « tournez-manège » où les acteurs et réalisateurs les plus en vogue défilent (de Spielberg à John Landis pour les réalisateurs ; et de Mel Gibson à Paul Newman, en passant par Robert Redford pour les acteurs), Disney prend les choses en main et confie la réalisation à Warren Beatty qui a, entre temps, revu le scénario. Pourtant, ne s’attendant certainement pas à endosser autant de casquettes, le désormais acteur, réalisateur et scénariste se jette à corps perdu dans ce projet colossal ! Une toile du « pop art » filmée avec talent Passant d’un budget de 25 millions à 48 millions de dollars, Warren Beatty a eu pour seule volonté de rendre un hommage appuyé en réalisant une fresque cinématographique à la beauté renversante ! Car oui, la technique utilisée est un vrai régal pour les yeux et le cinéaste parvient à sublimer le matériau d’origine en poursuivant sa folie artistique ! Il vous suffira simplement de regarder les premières minutes du film avec cette séquence d’introduction magistrale pour vous convaincre, et soit dit en passant, à vous scotcher à votre fauteuil ! On y suit les mains du héros qui prennent ses effets personnels dans son appartement à l’intérieur rouge vif. Puis, la caméra prend de la hauteur pour dévoiler la beauté renversante de cette ville qui semble revêtir ses plus beaux apparats la nuit ! Le film fera le bonheur de toutes les télés modernes tant les couleurs vives sont utilisées. Du rouge flash au bleu aquatique en passant par un vert énigmatique, tous les fans des comics y trouveront leur compte ! L’émotion ressentie par ces nombreux plans visuellement magnifiques est décuplée grâce à la composition d’un Danny Elfman qu’on aurait accusé de plagiat s’il n’avait pas fait lui-même la musique de Batman (quasi identique sur le thème du justicier). La ville de Chicago imaginée par Chester Gould revit grâce à la technique du « Matte painting ». C’est originalité dans la posture artistique confère à l’œuvre une beauté de tous les instants ! C’est bien simple, nous avons l’impression d’évoluer dans une succession de tableaux aux cachets indéniables ! Ce ravissement pour les yeux nous fait dire que Warren Beatty a inscrit, en lettres d’or, il y a plus de trente ans, « Dick Tracy » de plain-pied dans la pop-culture. Un casting comme on n’en verra plus ! Enfin, comment ne pas évoquer l’important travail de maquillage qui permet de rendre hideux les grands acteurs présents au casting ? Méconnaissable, ceux-ci s’en donnent à cœur joie et cela transpire de la pellicule ! Aux côtés de Warren Beatty nous retrouvons avec un réel plaisir : Dick Van Dyke, Madonna, Glenne Headly, Al Pacino, Dustin Hoffman (dans le rôle hilarant du marmoneux !), Kathy Bates, James Caan, et Paul Sorvino. Vous l’aurez compris, le film intrigue autant qu’il subjugue son spectateur ! Et bien que nous ayons trouvé quelques longueurs dans ce film de moins de deux heures- la faute à des intrigues secondaires un peu trop appuyées- nous n’avons pas boudé notre plaisir un seul instant ! Revoir Dick Tracy en 2020 s’est se remémorer la magnifique audace qui existait dans les années 90. C’est aussi, redécouvrir un film malmené et boudé injustement à sa sortie. Enfin, c’est se mettre à voyager dans des tableaux filmés aux couleurs chatoyantes et rencontrer de vrais monstres du Cinéma ! Genre: Action/Humour Durée du film: 1h45 Résumé du film: Henri Plantin, vendeur à La Samaritaine, reste seul à Paris durant le mois d'août pendant que sa femme et ses enfants partent en vacances. Il fait la rencontre d'une jeune Anglaise venue à Paris pour une séance de photos. Une passion, condamnée d’avance, va naître entre eux.
Note du film : 8/10 (par Thomas) Avis : « Balayé par septembre, notre amour d’un été tristement se démembre et se meurt au passé… » Ces paroles, comme son auteur, ont fait le tour du monde et ont été traduites dans plusieurs langues. Le titre de cette chanson ? Paris au mois d’août. Son auteur et interprète ? Charles Aznavour, sur une musique de Georges Garvarentz, son beau-frère. Si la popularité de ce titre musical est internationale, on en aurait presque oublié qu’il a été créé pour la bande originale d’un film éponyme tourné en 1965. Paris au mois d’août est en effet le quatrième long métrage réalisé par Pierre Granier-Deferre, futur réalisateur du Chat, de La Horse et de nombreux autres films qui ont aujourd’hui les faveurs des cinéphiles. Le réalisateur adapte ici un roman de René Fallet, lequel n’a pas encore écrit Un idiot à Paris et La soupe aux choux. En plus de la veine romantique de Fallet, on reconnait dans le récit un certain sens de l’amitié propre à l’auteur que Granier-Deferre fera transparaître notamment à travers les copains de bistrot de Plantin. Le cinéaste fait appel pour la seconde fois après La métamorphose des cloportes à Charles Aznavour en qui il voit le rôle principal de l’action. L’acteur n’a pas le physique d’un jeune premier. Tant mieux, il correspond exactement au personnage. Pour le premier rôle féminin, Granier-Deferre a jeté son dévolu sur une jeune Anglaise de 28 ans répondant au nom de Susan Hampshire. L’actrice deviendra sa femme et lui donnera un enfant. Un air de Nouvelle Vague Les deux personnages évoluent dans un Paris déserté par ses habitants. Cette quasi-solitude des héros dans la grande ville met encore plus en valeur leur parenthèse amoureuse fulgurante et éphémère. « Nous étions seuls sur terre à Paris au mois d’août », chante Aznavour. Le cinéaste, aidé par la sublime photographie de Claude Renoir - à qui l’on doit les images de nombreux classiques du cinéma français comme La grande illusion, La bête humaine, La grande vadrouille - nous offre ainsi de superbes plans de la capitale française qui pourraient presque se regarder uniquement pour leur aspect documentaire. Mais ce document rarissime, en plus de son esthétisme relevé, est avant tout une histoire d’amour sincère portée par des interprètes d’exception. Aznavour y est remarquable dans ce rôle de Français moyen, pigeon voyageur fragile et blessé. Ses regards magnifiés par la photo de Claude Renoir en disent long et sont à la hauteur du sujet. A ses côtés, quelques seconds bien trempés comme Daniel Ivernel, Jacques Marin et Dominique Davray. On reconnait aussi Alan Scott, l’Américain qui s’intéresse à la fille de Cruchot dans Le gendarme à New-York. Souvent critiqué par l’intelligentsia pour son appartenance à un cinéma dit « de papa », Pierre Granier-Deferre étonne ici par la modernité de sa mise en scène qui confère à son film un aspect très « Nouvelle Vague » mais en mieux encore ! Les plaisirs charnels partagés entre les amants sont suggérés avec pudeur, quelques gros plans suffisant à créer la montée du désir. Longtemps laissée aux oubliettes, cette œuvre méritait bien un dépoussiérage. Pathé répare donc aujourd’hui cette injustice en proposant une jolie édition blu-ray/dvd agrémentée de compléments intéressants sur le film mais aussi sur les coulisses d’un récital d’Aznavour et sur le Paris de l’époque. Durée du film : 1h34 Genre : Comédie romantique - Par Thomas - Claude Berri nous a quittés il y a dix ans. Acteur, réalisateur, scénariste, producteur, il nous laisse une œuvre considérable traversant plus de 40 ans de cinéma. Surnommé « le dernier nabab du cinéma français », il a fait tourner les plus grands de sa génération, dans des genres éclectiques. De la comédie satirique puisée dans son autobiographie jusqu’aux remarquables fresques de Pagnol et de Zola, Claude Berri, c’est avant tout un gage de qualité. De Michel Simon à Coluche en passant par Yves Montand, Serge Gainsbourg, Jean-Pierre Marielle et Gérard Depardieu pour ne citer qu’eux, le cinéaste a su poser les bons choix de casting et de mise en scène, ce qui fait que nombre de ses œuvres sont aujourd’hui entrées dans la légende du cinéma français. Une intégrale permet de savourer en blu-ray sa carrière de réalisateur, de producteur et d’acteur de ses propres films. Pathé propose dans cet élégant coffret 21 films en versions restaurées 4K ou 2K mais aussi 2 Blu-ray bonus contenant plus de 4 heures de suppléments. Nous avons pris beaucoup de plaisir à visionner cette intégrale et nous vous livrons notre avis pour chacun des titres. Le Vieil homme et l'enfant (1967) - Restauré en 4K (8/10)
Sous les traits de son propre père, le cinéaste voit l’acteur Charles Denner et l’engage. Pour produire ce film, poussé par l’Oscar qu’il vient de remporter avec son court-métrage « Le poulet », Claude Berri peut compter sur le soutien du réalisateur André Hunebelle et de Paul Cadéac. Le succès sera au rendez-vous (2 728 049 entrées) et le film remportera même un Ours d'argent à Berlin en 1967. Mazel Tov ou le mariage (1969) - Restauré en 2K (6/10) C’est une nouvelle œuvre intime que nous livre le cinéaste qui passe cette fois devant et derrière la caméra. C’est aussi une première prise de risque importante puisque Claude Berri n’a encore jamais tenu le premier rôle d’un film. Et il ne peut compter sur aucun nom racoleur pour ameuter le public. S’inspirant à nouveau de sa propre histoire, il interprète Claude, un jeune juif d’origine modeste qui rencontre Isabelle, la fille de diamantaires anversois. Forcé de l’épouser, il fuit le mariage dans les bras d’une jeune anglaise dont il est tombé amoureux. Autre prise de risque pour son deuxième film, le cinéaste le coproduit à 50%. Avec 411.586 entrées, on ne peut pas parler d’un franc succès. Ce n’est en effet pas la meilleure œuvre de Claude Berri qui ne se découragera heureusement pas. Le Pistonné (1970) - Restauré en 2K (6/10)
Relevons par ailleurs les débuts au cinéma d’un autre jeune humoriste montant, un dénommé Coluche, qui avait passé des essais pour le premier rôle. Le film totalise près de 2 millions d’entrées en salles, ce qui en fait un succès honorable. De notre côté, si la vision de cette comédie n’est pas déplaisante, nous ne la retiendrons pas parmi les indispensables de Berri. Le Cinéma de papa (1971) - Restauré en 4K (8/10) Voici une œuvre qui n’a hélas pas été saluée à sa juste valeur lors de sa sortie. C’est en effet un échec cuisant qu’essuie le producteur/réalisateur et acteur pour ce « cinéma de papa » (167 132 entrées) qui s’inscrit dans la continuité de la « touche Berri ». Avec pourtant quelque chose de plus que les autres. Claude est cette fois fils de fourreur et rêve de devenir acteur. Son père Henri ne voit pas d’un très bon œil ce parcours de saltimbanque qui peine à démarrer mais il finit par accepter de produire la première pièce de son fils.
Malgré les années, ce film se laisse revoir avec le même plaisir et on tendrait plutôt à le hisser au rang des meilleurs entrepris durant les premières années du cinéaste Berri, sans doute grâce au duo qui fonctionne. Sex Shop (1972) - Restauré en 2K (7/10) La révolution soixante-huitarde, terreau de l’émancipation sexuelle, a généré un certain nombre de nouvelles mœurs. Ainsi, de nombreuses enseignes sexy ont poussé dans la capitale et dans les grandes villes de France. En fin observateur de son époque, Claude Berri n’a pas manqué l’occasion de nourrir le sujet de ce nouveau film dans lequel il incarne cette fois un Claude fantasmagorique. Il en fait un libraire en proie à des difficultés financières qui va devoir reconvertir sa boutique en sex shop. Sa route va croiser celle de Lucien (Jean-Pierre Marielle), un dentiste pervers qui va l’entraîner dans ses pérégrinations. Une fois encore, le cinéaste a visé juste. Marielle est comme un poisson dans l’eau dans son personnage, marié à la savoureuse Nathalie Delon. Claude Piéplu joue un officier, Jacques Legras, un amateur de caoutchouc. Coluche y fait une apparition non créditée. Quant à la musique, elle est signée Serge Gainsbourg. Un régal ! Les spectateurs ont semble-t-il apprécié puisqu’ils furent 1 465 092 à se précipiter dans les salles. Le Mâle du siècle (1974) - Restauré en 2K (5/10) Drôle de sujet auquel s’attaque Berri après le succès (1 465 092 entrées en France) de Sex Shop. Isabelle est prise en otage lors de l'attaque d'une banque. Claude, son mari, propose de prendre sa place mais le bandit refuse. Très jaloux, Claude s’imagine alors que sa femme le trompe avec l’individu…Interdit aux mineurs à sa sortie, ce film ne casse pas la baraque. Tout juste offre-t-il quelques rôles de choix à des acteurs trop souvent sous-employés comme Hubert Deschamps, Marco Perrin, Roland Dubillard et Yves Afonso, qui sera rendu populaire aux yeux du grand public par son rôle de faux plombier aux côtés de Louis de Funès dans L’aile ou la cuisse deux ans plus tard. Betty Langmann, la vraie mère de Claude Berri, interprète son propre rôle face à son fils qui joue une nouvelle fois le personnage de Claude. « J’étais, comme la plupart des hommes, jaloux, et je luttais contre ça », dira le cinéaste des années plus tard pour justifier le choix de ce film. Reste aujourd’hui une œuvre plutôt mièvre tout à fait dispensable et le plus gros bide de sa carrière de cinéaste (136 124 entrées). La première fois (1976) – Restauré en 2K (6/10) Certains le considèrent comme la suite du « Cinéma de papa ». Ce film s’inscrit en fait dans la continuité du « Vieil homme et l’enfant ». Après avoir brossé ses angoisses d’homme adulte, Claude Berri a fouillé dans ses souvenirs d’adolescent. Il fait appel pour la troisième fois au jeune Alain Cohen, devenu lui-même un ado. Charles Denner y joue à nouveau son père. Le désir sexuel occupe encore la place centrale de cette œuvre qui met en scène une bande de jeunes garçons désireux de passer à l’acte. Cette œuvre moyennement réussie clôture la « saga » du jeune Claude qui réapparaîtra de manière plus discrète quelques années plus tard. Un moment d'égarement (1977) - Restauré en 2K (7,5/10)
Relevons qu’en 2015, le producteur Thomas Langmann, fils de Claude Berri, produira un remake de ce film. Je vous aime (1980) - Restauré en 2K (8/10) Claude Berri s’en retourne à un cinéma plus personnel pour cette œuvre au casting 5 étoiles. Le cinéaste qui vient de divorcer raconte la vie amoureuse mouvementée d’Alice, que personnifie la belle Catherine Deneuve. Le film se compose de plusieurs tableaux qui marquent des tranches de sa vie. Pour interpréter ses amours, Berri a choisi quelques figures masculines éclectiques. Alice est toujours en couple avec Julien (Jean-Louis Trintignant) lorsqu’elle sort avec Claude (Alain Souchon), plus jeune qu’elle. Pour sa liaison avec Simon (Serge Gainsbourg), un artiste contrarié, on dit que Berri se serait inspiré de la véritable romance entre Catherine Deneuve et François Truffaut. Le public vient tout juste de découvrir le couple Deneuve-Depardieu immortalisé par la caméra du même Truffaut dans Le dernier métro. Les scènes qu’elle joue ici avec Gérard Depardieu résonnent tel une Madeleine de Proust. A noter que ce film marque les débuts au cinéma du jeune Thomas Langmann, fils de Claude Berri, et que la chanson Dieu fumeur de havanes interprétée en duo par Catherine Deneuve et Serge Gainsbourg, fait partie de la bande originale du film. Cette même B.O. qui valut à Gainsbourg une nomination au César de la meilleure musique l’année suivante. Le Maître d'école (1981) - Restauré en 2K (7/10) Après lui avoir offert son premier rôle au cinéma, Claude Berri pense à Coluche pour interpréter le rôle de Gérard Barbier, un vendeur de vêtements reconverti en instituteur. L’acteur sort des succès de « L’aile ou la cuisse » et de « L’inspecteur Labavure », tous deux signés Claude Zidi. Pour épauler l’apprenti-instit, Berri choisit une autre ancienne des cafés-théâtres en la personne de Josiane Balasko. Le couple Coluche/Balasko fonctionne sans pour autant créer des étincelles. Le cinéaste s’est inspiré d’un livre de Jules Celma, dont la particularité est d’avoir expérimenté une méthode scolaire où les élèves font ce qu’ils veulent. Le film se laisse regarder comme une agréable comédie qui ne laissera néanmoins pas des gags d’anthologie sur son passage comme on en avait pu en voir à la pelle dans les films de Claude Zidi et de Jean Yanne. Tchao Pantin (1983) - Restauré en 4K (8/10) Attention, chef d’œuvre. On pourrait presque sous-titrer de cette manière ce film aux 5 César (dont celui du meilleur acteur attribué à Coluche) tant les louanges y sont allées bon train. Il faut dire que l’argument était novateur. Un premier contre-emploi sombre imaginé par l’un des cinéastes les plus influents en France pour l’acteur comique le plus en vogue du moment avait de quoi susciter la curiosité. Oui, mais avec le recul, que reste-t-il de ce pantin ? N’est-il pas, comme son expression titre, tombé en désuétude ? L’histoire est celle de Lambert, pompiste de nuit alcoolique et dépressif, qui croise la route d'un petit trafiquant sans envergure avec qui il se lie d’amitié. Un soir, celui-ci se fait abattre sous ses yeux. Lambert décide de le venger en traquant les commanditaires de son assassinat.
Jean de Florette (1986) - Restauré en 4K (9/10) Voilà un cinéma qui fleure bon la Provence et qui arrive dans la filmographie du réalisateur comme une chaude caresse du soleil du midi. Pour la première fois, Claude Berri s’attèle à l’adaptation d’une œuvre littéraire, celle de Marcel Pagnol. Une gageure d’autant plus difficile puisque l’auteur a lui-même livré sa propre version cinématographique de son histoire de Manon des sources quelques 34 ans plus tôt. Berri diffère en adaptant L’eau des collines qui relate l’enfance de l’héroïne de Pagnol. Il offre à Yves Montand le rôle du Papet qui sera sans doute l’un des plus marquants de sa carrière. Pour incarner Jean de Florette, c’est Gérard Depardieu qui est choisi, démontrant aux spectateurs toute l’étendue de son talent. Le choix de l’acteur devant incarner Ugolin s’est d’abord porté sur Coluche, dont Berri avait révélé les talents dramatiques dans son film précédent. Des essais furent même passés entre l’interprète de Tchao Pantin et Yves Montand mais ils ne furent pas concluants. Après avoir essuyé un refus de Montand quant à la deuxième proposition de confier le rôle à Jacques Villeret, Claude Berri valide le choix de Daniel Auteuil. Ce film dans lequel l’acteur va se révéler sera capital pour la suite de sa carrière et lui vaudra même un… César ! On frôle le génie dans ce premier volet du plus célèbre diptyque du cinéaste qui narre l’histoire d’Ugolin, un paysan un peu fada qui rêve de gagner sa vie en cultivant des œillets. Son oncle César dit « Le Papet » est prêt à tout pour exaucer ce rêve, y compris à boucher la source alimentant la propriété que Pique-Bouffigue refuse de lui vendre. Arrive ensuite Jean et sa famille, lequel va suer sang et eau jusqu’à y laisser sa vie pour faire revenir cette source disparue… Comme pour chaque récit de Pagnol, on est captivés par une intrigue provençale en apparence simple nourrie par des caractères bien trempés. Plus de trente ans après sa sortie, ce film et sa suite n’ont rien perdu de leur fraicheur. Manon des Sources (1986) - Restauré en 4K (9/10) Suite logique et concomitante de « Jean de Florette » dans la carrière du cinéaste et celle des acteurs. A l’exception de Gérard Depardieu, absent du synopsis, chacun poursuit la psychologie de son personnage. Ugolin prospère sur son lieu-dit perché des Romarins où il s’est lancé dans la culture de fleurs. Cette propriété a été (mal) acquise par les manigances de son oncle César (dit le Papet) à l'encontre de Jean de Florette, décédé. Manon, la fille de ce dernier, a bien grandi et vit en sauvageonne dans les collines. Après l’avoir aperçue en train de se baigner, Ugolin ne pense plus qu’à elle… La nouvelle recrue de ce deuxième volet, c’est Emmanuelle Béart. La jeune et jolie femme n’en est encore qu’aux prémices de sa carrière et ce rôle sera sans doute, avec Nelly et monsieur Arnaud quelques années plus tard, le rôle de sa vie qui lui vaudra le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Tout comme pour le premier volet, on savoure le jeu des acteurs et les prises de vues ensoleillées dans cette ambiance bucolique d’autrefois. Du grand cinéma comme on aimerait en revoir aujourd’hui sur nos écrans. Uranus (1990) - Restauré en 2K (8/10) Claude Berri poursuit son travail d’adaptation littéraire et jette cette fois son dévolu sur un roman de Marcel Aymé publié au lendemain de la guerre et traitant de cette période trouble de l’après occupation. Il coscénarise cette adaptation avec sa sœur Arlette Langmann. L’histoire est celle de l’ingénieur Archambaud, joué par Jean-Pierre Marielle, qui va cacher Maxime Loin, un ancien collabo recherché. Pour se venger du patron de bistrot du village qu’interprète Gérard Depardieu, un cheminot communiste (Daniel Prévost) dénonce ce dernier et l’accuse de cacher Loin… Ce film offre à Gérard Depardieu l’occasion de signer une nouvelle performance d’acteur. On peut dire avec le recul que la scène de crise dans le café fait partie des meilleurs moments de cinéma de ce dernier. Berri s’offre à nouveau un casting 5 étoiles aux côtés de ses deux copains Marielle et Depardieu: Philippe Noiret, Michel Blanc, Michel Galabru et Fabrice Luchini apportent ainsi leur talent. Dans l’ensemble, cette œuvre propose une intéressante prise de conscience sur l’ambiance dite d’ « épuration » au lendemain de la guerre. Si elle met en exergue un éventail de sentiments humains, on lui préfère le charme et la poésie des adaptations de Pagnol. Germinal (1993) - Restauré en 4K (9/10)
Depardieu et Miou-Miou reforment couple 20 ans après « Les valseuses » pour le plus grand plaisir des cinéphiles tandis que Jean Carmet nous livre un merveilleux chant du cygne dans la peau de Bonnemort. Laurent Terzieff, Bernard Fresson et Anny Duperey complètent une distribution qui est passée par la Belgique pour certains plans de tournage. Lucie Aubrac (1996) - Restauré en 2K (6/10) Après la réussite et le succès incontestables de Germinal, on a un peu l’impression de tomber de haut en regardant Lucie Aubrac qui s’inspire pourtant de la véritable histoire de cette figure de la Résistance. Le cinéaste nous plonge au cœur de l'organisation d'un commando, en pleine occupation nazie, orchestré par Lucie Aubrac pour faire évader son mari. Cette histoire, l’héroïne l’avait racontée dans un livre une dizaine d’années avant la réalisation de ce film. Carole Bouquet et Daniel Auteuil portent l’intrigue sans grand relief et de manière assez froide dans une mise en scène peu convaincante. La Débandade (1999) - Restauré en 2K (7/10) 24 ans après Le mâle du siècle, Claude Berri retrouve son patronyme et personnage fétiche devant et derrière la caméra. Claude est ici un commissaire priseur quinquagénaire amoureux de sa femme. Pourtant, malgré un désir toujours vivace, il a des problèmes d'érection. Alors que Marie s'en accommode, Claude s'angoisse et décide de consulter un spécialiste mais aussi de séduire d'autres femmes…Dans cette comédie légère, Claude Berri s’entoure de Fanny Ardant et de Claude Brasseur. Le résultat est correct sans pour autant transcender le genre. Une Femme de ménage (2001) (6/10) Une jeune femme de ménage emménage chez son employeur. Lui est un quinquagénaire séparé. Une relation va naître entre eux...On a connu notre cinéaste un peu plus inspiré même si Jean-Pierre Bacri se montre à l’aise dans un rôle très bougon et si Emilie Duquenne apporte sa fraicheur au rôle. Du cinéma intimiste, loin des grandes fresques, plus proche des débuts de Claude Berri, mais qui ne nous donnera pas l’envie de nous y pencher davantage. L'un reste, l'autre part (2004) (7,5/10) Un « chassé-croisé » de deux vies, celles de Daniel et d’Alain, respectivement interprétés par Daniel Auteuil et Pierre Arditi. Pour donner la réplique à ces deux monstres de scène, Berri choisit Charlotte Gainsbourg dans le rôle de la maîtresse de Daniel et Nathalie Baye pour jouer l’épouse bafouée d’Alain. Comment ne pas passer un agréable moment de cinéma en compagnie d’artistes aussi talentueux. Le spectateur suit avec assiduité la vie sentimentale de ces deux personnages centraux. L’un est un galeriste notoire qui trompe sa femme avec sa vendeuse, l’autre voit sa vie bouleversée par l’accident de son fils…Claude Berri s’inspire à nouveau de sa propre vie pour nourrir son propos. Ensemble, c'est tout (2007) (8/10)
Trésor (2009) (5/10)
Quel dommage que ce film clôture aussi mal une carrière aussi riche…Claude Berri étant décédé au début du tournage, c’est François Dupeyron qui assura la suite. Pour fêter leur anniversaire, Jean-Pierre offre à Nathalie un adorable bulldog anglais de trois mois prénommé « Trésor ». Très vite, la relation devient fusionnelle entre l'animal et Nathalie, au grand dam de Jean-Pierre. Alain Chabat a beau essayer de tirer la couverture, il ne parvient pas à décrocher le rire. Mathilde Seigner a elle-aussi connu mieux. On lui préfère, sur une thématique similaire, le « Bambou » de Didier Bourdon sorti à la même période. Résumé du film: Dans un village de Haute Provence, un boulanger récemment installé découvre un matin que sa jeune femme Aurélie est partie avec un berger. Il décide de faire la grève du pain tant que celle-ci n'est pas revenue. Le village se mobilise afin de la retrouver. Note du film : 9/10 (par Thomas) Avis : « Regarde là, la Pomponnette qui revient manger la soupe du vieux Pompon. Garce! Salooope! Ordure ! ». Cette réplique et tant d’autres sorties de la bouche de Raimu il y a quelques 81 ans sont aujourd’hui passées à la postérité. Elles font partie des « classiques » au même titre que le célèbre « Tu me fends le cœur » tiré de la partie de cartes de la trilogie marseillaise de Pagnol quelques années plus tôt. Pagnol et Raimu, voici un couple gagnant qui fleure bon la lavande, le pastis et la fougasse. Un duo que l’on rêverait de retrouver aujourd’hui pour nous parler des parties de pétanque sous le soleil du midi, de l’apéro à l’ombre d’un pin parasol, de la vie provençale tout simplement. Si nous écrivons ces quelques lignes sur « La femme du boulanger », c’est parce que nous nous sommes enfin procuré ce chef d’œuvre de Marcel Pagnol dans son édition blu-ray devenue rare. Un véritable lifting a été opéré par Hiventy pour nous offrir cette réédition de qualité qui nous a permis de passer à nouveau un peu plus de deux heures mémorables devant ce film dont on salue la restauration. Malgré sa facture classique et son grand âge, ce film n’a rien perdu de sa fraîcheur et de son charme. S’inspirant d’un épisode de Jean le Bleu de Jean Giono, Marcel Pagnol, après quelques bouderies, est parvenu à convaincre Raimu, son acteur fétiche, d’endosser le rôle du boulanger cocu. Sorti deux ans après « César » et deux ans avant « La fille du puisatier », deux autres monuments issus de leur collaboration, cette oeuvre mérite amplement sa place au rayon des pépites du cinéma. Raimu, le plus grand acteur du monde On comprend sans hésitation pourquoi Orson Welles, après avoir vu ce film, qualifia Raimu de « plus grand acteur du monde ». Et pourquoi Henri Jeanson écrivit à la sortie du film : « Et nous avons constaté que le Raimu pagnolisé était mille fois plus émouvant que tous les travellings du monde ». L’acteur est bouleversant et drôle à la fois. En véritable caméléon, il parvient à véhiculer un panel d’émotions. Naïf et tendre avec cette épouse volage brièvement incarnée par une Ginette Leclerc débordant de jeunesse, il nous fait mourir de rire quand il se prend une cuite au bistrot avant de nous tirer les larmes. Pour lui donner la réplique, Pagnol a choisi la crème du marché de Provence. Fernand Charpin, le célèbre Panisse de la trilogie, campe ici le rôle du marquis qui emploie le berger avec qui est partie la belle Aurélie. Robert Vattier, autre fidèle du cinéma de Pagnol, joue le curé du village. Edouard Delmont, Charles Blavette, Marcel Maupi et Paul Dullac complètent une distribution haute en couleur malgré la pellicule noir et blanc. D’une esthétique sobre, sans artifices, « La femme du boulanger » tire sa force dans la qualité de sa mise en scène mais surtout dans le jeu de ses acteurs. Pagnol se moque gentiment de ses contemporains et nous fait rire en nous contant quelques vieilles querelles de villageois, en mettant en scène des grenouilles de bénitier et d’autres témoins d’un temps révolu. Il nous parle de la vie d’autrefois, où les artisans occupaient une place centrale dans les villages, au même titre que le curé ou l’instituteur. Absence de suppléments L’absence de suppléments sur cette édition blu-ray est très décevante, surtout au vu du prix de vente pratiqué, supérieur à un blu-ray classique. Comme bonus, on a droit à un comparatif de restauration avant/après étalonnage et nettoyage. Une galerie de photos de plateau signées Roger Corbeau a été ajoutée. On aurait espéré un plus bel hommage à ce classique du cinéma français par le biais d’un documentaire sur le film par exemple. Dommage. Genre : comédie dramatique Durée : 2h13 Résumé du film : Pierre est restaurateur de tableaux à Paris. Il vit seul et est séparé de sa femme avec qui il a une fille, Amélie. Celle-ci prépare ses examens de Sciences Po. Un jour, il se rend à la Gare de l'Est pour accueillir sa mère qui a quitté Troyes pour passer quelques jours avec lui. Elle ne descend pas du train et ne donne plus signe de vie. Tandis que la police piétine, Pierre décide de suivre la voie de chemin de fer pour partir à la recherche de sa mère. Amélie va l'accompagner... Note du film : 7/10 (par Thomas) Avis : C’est une œuvre assez intime que nous livre Gaumont parmi ses récentes sorties classiques en blu-ray. Le cinéaste Alain Cavalier s’est inspiré d’un fait divers (une Japonaise, en vacances avec sa famille, disparaît mystérieusement lors d'un trajet en train entre Dijon à Paris) pour écrire à quatre mains avec sa fille Camille de Casabianca ce road movie. Père et fille ont élaboré autour de cette trame un sujet qui est comme un reflet de leur relation, projetée dans le personnage incarné par Jean Rochefort et dans celui que joue Camille de Casabianca elle-même. La jeune femme dont il s’agit du premier film a dû se montrer convaincante auprès des producteurs de La Guéville (Yves Robert et Danièle Delorme) pour incarner ce deuxième rôle du film sans justifier un quelconque bagage de comédienne. Face à un Jean Rochefort mélancolique, l’apprentie comédienne parvient à susciter l’interrogation par le comportement mystérieux qu’elle adopte. La distribution ne comporte que très peu de rôles secondaires. On relève néanmoins les noms de Dominique Besnehard et François Berléand. Un film d’auteur Quasiment omniprésents du début à la fin, Rochefort et Casabianca portent tous deux cette histoire dont l’intrigue n’est finalement qu’un prétexte à des retrouvailles entre un père et sa fille. L’ombre de la disparue plane en permanence sur eux. Elle est suggérée mais on ne la voit pas, comme pour mieux souligner que cette quête trouve son véritable sens dans la découverte du père par sa fille et inversement. Père et fille vont réellement apprendre à se connaître au cours de cet étrange voyage et, à travers les nombreux extérieurs dans lesquels ils évoluent, l’intériorisation de leurs personnages se traduira par des regards, des silences et des longueurs, souvent. Une sorte de préfiguration du cinéma des Frères Dardenne, en quelque sorte. Disons-le d’emblée, le cinéma d’Alain Cavalier ne nous est pas spécialement familier. Il n’empêche que ce film semble marquer un tournant amorçant d’une certaine manière « Thérèse », son œuvre la plus saluée. L’intemporalité de son sujet et la complicité de ses acteurs, en symbiose avec la caméra d’un véritable auteur, font d’ « Un étrange voyage » une curiosité intéressante à découvrir. En bonus, une interview de Camille de Casabianca apporte un éclairage sur la genèse et le tournage du film ainsi que sur la popularité que lui a valu le Prix Louis-Delluc attribué au film. Genre : Drame Durée du film: 1h40 Année de sortie : 1981 Résumé du film : L’intrigue se déroule le 4 aout 1952, par une chaude nuit en Haute Provence. Trois touristes anglais (le père, la mère et leur jeune fille) sont tués en pleine campagne…A proximité immédiate se tient la « Grand terre », le domaine de Gaston Dominici, un ancien berger qui règne comme un seigneur sur ses terres et son clan. Au lendemain du triple crime, les enquêteurs vont rapidement s’intéresser de près à cette famille… Note du film : 9/10 (par Thomas) Avis : Voici une édition blu-ray collector qui ravira les cinéphiles ! Réalisé en 1972, soit 20 ans après le drame de Lurs qui exposa au monde entier le nom et le visage de Gaston Dominici, ce film de Claude Bernard-Aubert présente un intérêt socio-historique certain. Le réalisateur n’a pas une grande carrière cinématographique mais sa particularité est que son expérience de reporter a nourri un certain nombre de ses œuvres. Il nous donne ici à voir sa propre vision d’une affaire qui a divisé l’opinion publique et qui reste aujourd’hui encore une énigme non élucidée. « C’était à ma connaissance le seul cas où un homme accusé d’un triple meurtre et du massacre d’un enfant, condamné à mort par une cour de justice pouvait, six ans après le jugement, rentrer chez lui libre et fêté, et mourir dans son lit. Ce film que je viens de réaliser est une relation objective d’une enquête mal faite qui débouche sur un procès mal conduit. Les livres publiés sur le sujet concluent tous à la culpabilité de Gaston Dominici. En me servant des mêmes éléments et des mêmes informations qu’utilisent les auteurs, il m’a été impossible d’arriver à la même conclusion », relatait le réalisateur dans une interview de 1973. Claude Bernard-Aubert, par le biais de sa mise en scène et de la structure de son récit construit avec un respect minutieux des éléments de l’enquête et du procès, nous livre donc un plaidoyer pour Gustave Dominici. Jean Gabin, l’évidence Qui d’autre que Jean Gabin pouvait à l’époque prêter sa physionomie et ses traits de caractère au patriarche provençal ? Le choix de cette légende du cinéma s’impose comme une évidence dans le chef de la production. C’est à la fois l’argument majeur du film et un gage de réussite. Pour mieux approcher son personnage, Gabin relit des notes de Jean Giono sur l’affaire. On tourne les extérieurs dans un périmètre proche du cadre des faits réels, ce qui accentue la crédibilité. La vedette est entourée de seconds couteaux de premier choix : Victor Lanoux dans le rôle du fils Gustave, Paul Crauchet dans celui du commissaire Sébeille et enfin une jeune recrue prometteuse répondant au nom de Gérard Depardieu dans le rôle du petit-fils Dominici. Grâce à la caméra de Claude Bernard-Aubert, qui filme de manière classique cette intrigue, le spectateur est plongé en plein cœur de l’énigme, de ses contradictions et de l’absurdité du jugement rendu. L’auteur n’épargne en rien le pouvoir judiciaire, ce qui fait la force de son œuvre. En point d’orgue, il laisse le mot de la fin à l’avocat de Gaston Dominici en personne. On pourrait, avec le recul, reprocher une certaine distance entre le personnage de Gaston Dominici et l’interprétation qu’en fait Gabin, à l’automne de sa carrière et de sa vie. Notamment en ce qui concerne le parler méridional propre à l’accusé, quasiment absent du film. Il n’empêche que la réussite de ce film et sa postérité reviennent en majeure partie à l’acteur qui crève l’écran comme à son habitude. A noter que Gabin tournera coup sur coup à la même période trois films dénonçant à leur manière le pouvoir judiciaire de la France des années 1970 : « Deux hommes dans la ville », le chef d’œuvre de José Giovanni, et « Verdict » d’André Cayatte. ► Des bonus décevants En supplément, les acheteurs de cette édition limitée pourront découvrir en avant programme des publicités et actualités cinématographiques Pathé de la date de sortie du film en 10ème semaine de l’année 1973. A l’intérieur, des photos d’exploitations sont reproduites, de même qu’un article d’un Paris Match de 1954 paru lors du procès et un article du Journal de la France de 1973 paru lors de la sortie du film. Cela justifie-t-il le prix, nettement supérieur à un blu-ray classique ? Nous n’en sommes pas tellement convaincus et nous aurions sans doute préféré une édition plus sobre documentée par quelques archives télévisées de l’époque du tournage, à un prix plus démocratique. Genre : Drame Durée du film : 1h45 Résumé du film : Le capitaine de la péniche La Belle Marinière vient d'épouser une très jolie femme et la vie suit le cours des canaux. La jeune femme lutte quant à elle contre l’amour qu'elle porte à un jeune marinier. Avis: Pour comprendre l’intérêt que représente la sortie en blu-ray et dvd de ce film d’Harry Lachman, cinéaste américain d’avant-guerre, un bref historique s’impose. En 1932, le jeune Jean Gabin n’en est encore qu’aux prémices de son impressionnante carrière. Ses premiers rôles dans des films comme « Paris Béguin », « Cœur de Lilas » ou « Les gaîtés de l’escadron » n’ont pas encore fait de lui la star qu’il deviendra avec « Pépé le moko » cinq ans plus tard. S’il impose déjà sa présence devant la caméra, Gabin n’a pas encore rencontré le metteur en scène qui lui offrira « le » rôle de sa carrière. Les Duvivier et Renoir ne sont pourtant pas loin et on assiste déjà en ce début des années trente à ses prestations de Titi parisien au cœur tendre qu’un amour fuyant va venir perturber. C’est ce qui va se produire dans cette « belle marinière » qui doit surtout sa renommée à l’histoire particulière liée à sa découverte. Malgré le succès du film à sa sortie, aucune copie ni même le négatif original n’ont été conservés par les cinémathèques. Il faut attendre près de 85 ans pour qu’un hasard prodigieux amène l’historien Charles Zigman à se pencher sur une pellicule mal étiquetée conservée dans les collections de UCLA Film Archives. La « belle marinière » était en fait rangée dans une mauvaise boîte, sous un autre titre. Prenant conscience de l’ampleur de sa découverte, Zigman en informe la société Lobster Films, spécialisée dans la restauration de pépites du cinéma. Celle-ci décide alors de tout mettre en œuvre pour sortir de l’ombre ce petit chef d’œuvre que tous les passionnés de Jean Gabin et les cinéphiles croyaient perdu à jamais. Une campagne de financement participatif est lancée par les professionnels de Celluloid Angels qui, en collaboration avec la commune de Mériel, la Société des Amis du Musée Jean Gabin de Mériel et l’entreprise Armor Lux, lui offrent une nouvelle jeunesse. Pour combler l’absence de certaines bobines (l’intégralité de l’œuvre n’a pu être retrouvée), l’éditeur assure la liaison entre les scènes par des photos de plateau et une narration permettant la compréhension de l’action. On assiste donc aujourd’hui à près d’une heure du film qui nous révèle un Gabin tendre avec Madeleine Renaud, comme il le sera un peu plus tard avec d’autres partenaires féminines dans « Gueule d’Amour » par exemple, mais aussi sans pitié lorsqu’il est face à une amitié trahie. Pierre Blanchar, qui a à l’époque quelques pas d’avance sur Gabin dans le métier, incarne le marinier Sylvestre. Les deux acteurs se donnent la réplique, certes d’une façon parfois un peu trop académique, dans plusieurs scènes qui marqueront les passionnés. Les flonflons du bal musette au bord de l’eau nous font penser à « La belle équipe », qui n’a pas encore été tournée mais qui reste aujourd’hui encore une référence « gabinale » de cette période. Soulignons aussi que le montage a été confié à un débutant nommé Jean Delannoy, lequel n’avait pas encore touché à la mise en scène. Delannoy dirigera Gabin plus tard dans des films comme « La minute de vérité » ou encore le très réussi « Maigret tend un piège ». Le film est une production « Paramount », ce qui lui confère un caractère encore plus exceptionnel pour l’époque puisqu’il faudra attendre 1944 et « La péniche de l’amour » pour voir la 20th Century Fox s’intéresser à l’acteur Jean Gabin. Il est difficile d’établir des comparaisons et de positionner cette « belle marinière » dans la hiérarchie des chefs d’œuvre tournés par Gabin étant donné que nous ne disposons que d’une bonne moitié de l’œuvre seulement. Néanmoins, on ne peut que recommander cet achat pour la qualité de la restauration du film, pour sa rareté et pour les compléments historiques indispensables que l’éditeur a pris soin de nous divulguer à travers un prologue et un bonus intéressants. Durée du film : 1h20 Genre : Drame - Thomas - Résumé du film: Torquato Pezzella, un riche marchand de vêtements, compte sur son conseiller fiscal Ettore Curto pour contourner le fisc. Le très respectable Ettore Curto n'est en réalité qu'un ignorant en la matière. Un jour, un inspecteur de la brigade polyvalente, le redoutable Fabio Topponi, pousse la porte de son établissement afin de vérifier sa comptabilité. Les ennuis vont commencer…
Note du film : 7,5/10 (par Thomas) Avis : On pourrait aussi appeler cette aventure « la consécration de Louis de Funès chez Cinecittà ». Pour la deuxième fois de sa carrière, l’acteur français qui compte à l’époque déjà près d’une centaine de rôles secondaires à son actif va fouler le sol romain de l’un des plus prestigieux studios de cinéma de l’époque. Rendue célèbre par Fellini, la cité italienne du cinéma Cinecittà est alors réputée pour sa production massive de films dits populaires. Totò, figure emblématique de la comédie italienne par excellence, participe très activement à la productivité de ce type de cinéma, endossant tel Fernandel à l’époque une quantité de costumes hétéroclites habillant un personnage qui lui est propre. Pour la seconde fois donc, après le très moyen « Totò à Madrid » tourné un an plus tôt par le même Steno, celui qui va devenir le numéro un comique français partage l’affiche avec le numéro un comique italien. Le tout arbitré par la plume très inspirée d’Aldo Fabrizzi qui s’est réservé un troisième rôle (celui de l’inspecteur des impôts) égal aux deux autres. La fin du film est par ailleurs clairement orientée vers son personnage et celui de Totò, marchand de vêtements prêt à tout pour échapper au fisc, au détriment du conseiller fiscal joué par de Funès qui disparaît brutalement de l’action. Celui-ci ne jouit pas encore de la popularité éclatante qu’il connaîtra cinq ans plus tard avec des films comme « Le corniaud » et « Le gendarme de Saint-Tropez ». Tout juste sort-il de trois premières têtes d’affiches cinématographiques parmi lesquelles l’honorable « Ni vu, ni connu » d’Yves Robert en 1958. Son jeu de fripouille dans ce « I tartassati » (titre original) ne fait pas que préfigurer celui de son personnage qui fera sa renommée proche, il est déjà bien là! Dédaigneux avec les plus faibles, plat et fourbe avec les puissants, de Funès impose pour la première fois sur le plateau de cet « Hollywood italien » un personnage qu’il s’est forgé au théâtre d’abord avant d’en faire sa marque de fabrique des sixties et seventies en France. L’acteur s’affirme, en puissance et dans en français, face à la star comique méditerranéenne au tempérament aussi explosif. Et le résultat est surprenant. A leurs côtés, on relève quelques seconds couteaux français de la même veine comique : Jacques Dufilho, Jean Bellanger et Fernand Sardou. Près de soixante ans après sa sortie, la redécouverte de ce film en blu-ray est une curiosité à ne pas manquer tant l’humour qui y est distillé a su conserver une certaine fraicheur. Bien entendu, il faut remettre le film dans son époque mais les ficelles comiques fonctionnent toujours bien car la thématique est intemporelle. Le dialogue français assuré par Jean Halain (l’un des scénaristes et adaptateurs les plus fidèles de Louis de Funès) révèle quelques perles amusantes. Si vous avez moyennement aimé « Totò à Madrid », plus connu sous le titre de sa ressortie « Un coup fumant », ne vous fiez pas aux apparences. « Fripouillard et Cie » relève d’un niveau supérieur. Genre : Comédie Durée : 1h30 Résumé du film : Dans leur appartement de Baker Street, Holmes et Watson voient arriver une jeune veuve sauvée des eaux de la Tamise. Se nommant Gabrielle Valladon, cette dernière semble amnésique mais va vite retrouver la mémoire. Le fin limier et son équipier vont être entrainés dans une enquête hors du commun, où ils croiseront Mycroft Holmes, le frère de Sherlock, la reine Victoria et le monstre du Loch Ness Avis : Sorti en 1970, « La vie privée de Sherlock Holmes » de Billy Wilder a connu récemment une restauration importante et une nouvelle sortie en DVD/Blu-Ray. Bien moins célèbre que « Le chien des Baskerville » (avec Peter Cushing), cette aventure inédite du fameux détective britannique valait néanmoins la peine qu’on la dépoussière et la représente au grand public. Agrémenté de trois heures de bonus de qualité (dont on vous parle dans le chapitre « les bonus »), le film de Wilder nous entraîne dans l’univers atypique du détective flegmatique d’une bien belle façon. Le grain de l’image est impeccable, la palette de couleurs sobre et parfaitement intégrée, tout concourre à ce que la vision d’un métrage datant d’il y a presque 50 ans soit aussi nette et esthétique que possible et nous fasse oublier combien cette petite pépite aurait pu ternir au fil des années. Alors bien sûr, les décors et l’atmosphère du XVIIIème siècle facilitent très probablement l’immersion dans cet univers d’autrefois mais nous devons saluer le travail de restauration qui a été fait pour que le plaisir cinématographique soit total. Très classique et totalement raccord avec l’univers littéraire de Conan Doyle, « La vie privée de Sherlock Holmes », n’est pourtant pas issu de l’imaginaire du célèbre écrivain. Il n’empêche, cette plongée dans la maison du 221b Baker Street est bluffante et les références multiples. Digne d’une des enquêtes qu’aurait pu vivre Holmes et Watson, cette intrigue policière ne manque pas d’humour et montre combien le duo complice fonctionne aussi bien dans les écrits qu’à l’écran. Interprétés respectivement par Robert Stephens et Colin Blakely, Sherlock et John sont aussi exaspérants qu’attachants. Mais ce ne sont pas les seuls à se démarquer dans des rôles so british : Christopher Lee vient lui aussi prendre part au casting sous les traits de Mycroft, le frère emblématique du détective. Côté féminin, c’est Geneviève Page (« Buffet Froid », de Bertrand Blier ou « Belle de Jour » de Luis Bunuel) qui interprète l’énigmatique Gabrielle Valladon, victime belge venue perturber la tranquillité (et l’inactivité) de notre tandem londonien. Très agréable à suivre, pour ses clins d’œil autant que pour sa remasterisation, « La vie privée de Sherlock Holmes », est très lent (mais n’oublions pas que nous ouvrons une fenêtre sur le cinéma des années 70, aux codes très différents de ceux de maintenant), contemplatif, drôle et brillant. Un petit délice qui se déguste tel un cheese cake à l’heure du goûter. ► Les bonus Après une courte présentation d’Eddy Mitchell pour « La dernière séance », les amateurs de l’univers de Billy Wilder et de Sherlock Holmes se délecteront de près de 3 heures de bonus inédits et on ne peut plus intéressants. Bien sûr, il y a une fin alternative très courte, qui laisse supposer que Sherlock vivra d’autres aventures aussi sombres prochainement mais les vrais contenus additionnels copieux n’apparaissent qu’après ces deux belles petites mises en bouche.
La parole est également donnée à Jérôme Wybon et Ernest Walter qui évoqueront comment la comédie musicale avortée de Wilder est devenue le film que l’on découvre aujourd’hui. De la graine créatrice au développement du projet en passant par le tournage du film, cette autre petite heure de confidences apporte sa petite pierre à l’édifice des bonus de « La vie privée de Sherlock Holmes ». Enfin, le documentaire « Making of » sur Billy Wilder, constitue sans conteste le contenu additionnel le plus intéressant de tous. D’une cinquantaine de minutes, le reportage allemand évoque le travail du réalisateur, sa carrière, les coulisses du film et tout ce qui a été mis en œuvre pour que le résultat se rapproche au plus près de la vision de son créateur. Indispensable à tous les amateurs de l’univers de Conan Doyle adapté au cinéma, « La vie privé de Sherlock Holmes » est assurément une redécouverte que beaucoup prendront plaisir à déballer et à savourer. Durée du film : 2h05 Genre : Policier Bonus : 3h, sur un DVD à part, parmi lesquels un documentaire, des entretiens et des scènes coupées. Titre original : « The Private Life of Sherlock Holmes » Résumé du film : Un journaliste et un photographe de faits divers confondent la vie quotidienne et celle qu’ils racontent. La disparition des enfants du photographe est une opportunité en or pour leur rédacteur en chef à la recherche du meilleur scoop. Note du film : 7,5/10 Avis : Découvrir Pierre Richard et Philippe Noiret partageant la même affiche est déjà un enchantement auquel bon nombre de cinéphiles ne pourront résister. Les deux hommes s’étaient croisés sur le tournage d’ « Alexandre le bienheureux » mais Pierre Richard, alors débutant, jouait plutôt dans l’ombre de Noiret. Nous assistons dans ce film injustement oublié à un vrai tandem formé par deux acteurs d’exception qui jouent à égalité de rôles et à contre-courant par rapport aux personnages qu’ils ont réussi à imposer dans le cinéma français de ces années 70. Pierre Richard prête ses traits à un photographe assez glauque tandis que Philippe Noiret joue un journaliste pas beaucoup plus reluisant. Le sujet peut paraître surprenant, autant que le milieu dans lequel il évolue et l’atmosphère noire qui s’en dégage. L’univers du journalisme y est décrit de manière satirique, entre pressions politiques et supercheries où le choc de l’information a finalement plus de valeur que l’authenticité du contenu. Le décor est miséreux, le réalisateur Marco Pico ayant profité de véritables démolitions d’immeubles dans la capitale française pour y tourner son film. Le grand blond a troqué sa chaussure noire contre une paire de godasses souillées tandis que Clérambard a laissé son éloquence au vestiaire, lui préférant des mots étouffés par le nuage d’un cigare vissé à ses lèvres et entre ses dents tout au long du film. Leur apparence est volontairement sale et en parfaite opposition avec le profil qu’ils présentent habituellement dans leurs films. C’est ce qui en fait l’originalité et le principal attrait du film. Claude Piéplu y tient probablement l’un de ses meilleurs rôles au cinéma, celui du rédacteur en chef du journal. L’oeuvre est donc signée Marco Pico, ancien assistant d’Yves Robert, lequel a aidé Pierre Richard à lancer sa carrière et a produit le présent film. Autant dire qu’on ressent tout de suite les liens fraternels artistiques qui ont sans doute conduit le producteur à tenter cette aventure un peu folle, poussé par un Pierre Richard au sommet de son art et déjà en proie à quelques envies de changement. Ainsi que le révèle Pierre Richard lui-même dans une interview bonus, le film n’a pas bénéficié d’une bonne distribution en salles, ce qui a conduit à son échec commercial. Chance ou malchance pour celui qui n’avait pas encore tourné « La chèvre » et les autres films de Veber ? Avec le recul, on peut dire aujourd’hui qu’il s’agit d’une œuvre avant-gardiste plutôt déterminante dans la carrière de Pierre Richard puisque cet échec public aura retardé d’une voire de deux décennies le virage qu’il a fini par prendre dans les années 1990 en abandonnant (provisoirement) la comédie pour se tourner vers un registre plus sombre. « Un nuage entre les dents » n’est certainement pas le meilleur film de Philippe Noiret ni de Pierre Richard. Ce n’est pas le pire non plus et c’est certainement l’un des plus curieux et intéressants que la maison Gaumont nous donne à voir en cette fin d’année par le biais de cette sortie dvd/blu-ray. Durée : 1h34 Genre : comédie satirique Bonus : "Les Cowboys sont de retour". Documentaire inédit avec les participations de Pierre Richard, Marco Pico et François Lartigue. Bande annonce. Note du film : 9/10 (par Thomas) Résumé du film : Un président d’une République fictive est assassiné d’une balle dans la tête, alors qu’il défile en public. Quelques temps plus tard, le procureur Volney, membre du conseil de l'enquête qui a suivi cet assassinat, refuse de signer le rapport final. Ce dernier réfute les conclusions qui y sont apportées. Il mène alors sa propre enquête qui va très vite remettre tout en cause. Avis : Il a fallu attendre l’année 1979 pour découvrir sur grand écran l’unique rencontre entre Yves Montand et le réalisateur Henri Verneuil. Ce dernier avait commencé sa carrière par la réalisation de comédies dramatiques, mettant en scène Fernandel entre autres, avant de signer quelques-uns des plus grands polars français (« Mélodie en sous-sol », « Le clan des siciliens », « Peur sur la ville »). Trois ans après « Le corps de mon ennemi », qui fustigeait à sa manière un petit monde politico-bourgeois, Verneuil récidive encore plus fort en tournant, sous sa propre responsabilité de producteur cette fois, ce chef d’œuvre aujourd’hui injustement oublié du grand public. Le cinéaste s’inspire de l'assassinat du président américain Kennedy mais n’en fait pas l’objet principal de ce thriller qui s’oriente surtout sur la théorie du complot qui a suivi cet événement mondialement connu. Si la référence aux Etats-Unis n’est pas clairement explicite, on détecte une multitude de similitudes, à commencer par le drapeau du pays fictif. Les ressemblances avec l’affaire en question sont aussi nombreuses. Henri Verneuil s’est par ailleurs intéressé aux expériences de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité, ce qui valut l’une des séquences les plus mémorables du film au cours de laquelle le procureur (Montand) se laisse lui aussi prendre au piège par l’expérimentateur. Tout au long du film, le cinéaste distille la tension avec une maîtrise digne d’un Hitchcock et d’autres grands maîtres du suspens. En point d’orgue, certaines séquences comme celle où le dernier témoin doit téléphoner d’une cabine publique ou celle de l’écoute de la bande magnétique codée à la fin du film génèrent aujourd’hui encore quelques frissons. Le choix d’Yves Montand pour incarner ce procureur téméraire était une évidence. L’acteur sortait en effet de plusieurs brûlots politiques à succès tournés sous la direction de Costa-Gavras (« Z », » L’aveu »). Pour compléter la distribution, Henri Verneuil a délibérément choisi des acteurs peu habitués au paysage cinématographique français d’alors. On y croise parmi ceux-ci Roland Blanche dans le rôle d’un cambrioleur mis au service de l’enquête. Rien n’est à jeter de ces deux heures de film fascinantes entièrement restaurées dans un nouveau master 4k. Un travail esthétique auquel les amateurs de ce film seront sensibles, vu la médiocre qualité de la précédente édition dvd. A travers un extrait de l’émission « Les rendez-vous du dimanche », en bonus du blu-ray, le spectateur découvrira notamment un exposé du réalisateur sur l’utilisation dans son film d’une technique cinématographique spéciale. Yves Montand revient quant à lui sur la silhouette anglo-saxonne qu’il a su insuffler à son personnage. A trop vouloir s’approcher de la vérité, Icare s’est brûlé les ailes. Cette allégorie trouve tout son sens dans le dernier quart d’heure du film où ce scénario passionnant livre son ultime rebondissement et où l’on découvre qui est l’Icare. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet ambitieux long métrage, cette nouvelle édition blu-ray est une excellente occasion de plonger dans son univers. Ceux qui le connaissent déjà ne se lasseront pas de le revoir. Durée : 2h00 Genre : Thriller politique Bonus : Extrait de l’émission « Les rendez-vous du dimanche » Résumé du film : 1974, Buenos Aires. Benjamin Esposito enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire "classée" dont il a été témoin et protagoniste. Ce travail d'écriture le ramène à ce meurtre qui l'obsède depuis tant d'années mais également à l'amour qu'il portait alors à sa collègue de travail. Benjamin replonge ainsi dans cette période sombre de l'Argentine où l'ambiance était étouffante et les apparences trompeuses... Avis : Très justement récompensé en 2010 par l’Oscar du Meilleur Film Etranger, « Dans ses yeux » a également remporté le Goya du meilleur film hispano-américain tandis que Soledad Villamil, l'actrice principale, a reçu le prix du Meilleur Espoir Féminin. Véritable coup de cœur cinématographique, ce film est en réalité l’adaptation magistrale du roman "La Pregunta de sus ojos", de l'auteur argentin Eduardo Sacheri. D’ailleurs, l'écrivain a travaillé en étroite collaboration avec le réalisateur Juan José Campanella pour nous livrer cette enquête policière/thriller teintée de romance et de non-dits. Indispensable pour que la magie opère, la bonne entente entre les comédiens ne doit pas être feinte. Ici, nous sentons toute la bienveillance qui existe entre eux. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’il s’agit de la deuxième collaboration entre le réalisateur et ses comédiens : la talentueuse et très belle Soledad Villamil et l’époustouflant Ricardo Darin. Comment justifier que ce film entre dans nos petites pépites ? A cette question, les éléments de réponse qui viennent à notre esprit sont nombreux. Pourtant, nous allons essayer de trouver les mots pour vous exprimer tout le bien qu’on en pense. Tout d’abord le genre ; s’agit-il d’une enquête policière ou d’un film d’amour prenant des airs de « Roméo et Juliette » ? Probablement un peu des deux. Elle (Soledad Villamil) est belle, issue d’une riche et bonne famille, intouchable. Lui est simple et ne peut compter que sur lui-même. Pourtant, ils s’aiment en secret mais ne se le disent pas. Comme si le fossé de leurs différences était plus grand que l’amour qui les guide l’un à l’autre. En filigrane nous percevons mieux le sens du titre : « Dans ses yeux ». Tout l’amour passe par leurs yeux. C’est comme si le film racontait deux histoires. La première, avec des dialogues, la seconde, avec les regards. Pour capter ces instants de non-dits, la caméra parviendra à épouser les émotions, les personnages dans leurs failles, leur lâcheté. Et comme le film n’est pas uniquement une romance mais flirte du côté du thriller et du film policier, l’objectif dynamise les scènes d’action et brillera par sa nervosité, puis son calme retrouvé. Si cette œuvre nous plait tellement, c’est aussi parce qu’elle est loin d’être manichéenne et que ses thématiques sont universelles : la quête de vérité tient une place centrale, tout comme la vengeance et la justice des Hommes (ne serait-ce pas aussi parfois de l’injustice ?) constitueront le fond de cette toile de maitre. Au risque de nous répéter, l’Amour, animera nos deux protagonistes et posera ces questions cruciales : « comment vivre une vie vide » ? « Comment vivre si l’être aimé ne colore pas ma vie » ? Ce film nous enseigne que regarder derrière est la seule façon d’avancer mais au final la blessure peut de nouveau saigner. On ne peut que guérir pour aller de l’avant. Les influences de Juan José Campanella sont multiples. On peut citer le cinéma italien pour les quelques fulgurances de comédie et surtout les films américains des années 70 dans la façon de filmer l’ensemble avec cette minutie du découpage. Aussi, la réalisation se veut léchée et le montage brillant. Tel un funambule, le réalisateur parviendra à établir un équilibre parfait entre drame, romance, pointe d’humour et suspense. « Dans ses yeux » se veut divertissant dans le bon sens du terme et se montrera fluide en passant de façon constante entre les deux époques. L’époque actuelle et celle des années 70, et ce, sans jamais perdre le spectateur en chemin. Enfin, les acteurs ont été formidablement castés et tout semble passer par leurs yeux. Nous ne pouvons taire l’interprétation magistrale de Guillermo Francella qui joue le collègue du héros. Terriblement touchant, il apportera beaucoup au film. En définitive, cette œuvre dévaste tout sur son passage. Tellement riche, elle a l’intelligence de mêler le thriller à la romance sur fond d’enjeux profondément humains et donc déchirants. La scène finale restera gravée durablement dans l’esprit du spectateur, qui sera happé par le récit et heureux d’avoir pu prendre part à cette grande histoire. Le réalisateur aime ses comédiens et cela transpire à l’écran. Tel un artificier, il met en lumière les failles de ses personnages, leurs douleurs, leurs hésitations, leur courage. On songe à ces pépites du cinéma américain et italien d’antan où la psychologie des personnages et leur construction belle et fragile sont au service d’une œuvre qui semble les dépasser. Durée du film : 2h 09min Genre : Drame Titre original : El Secreto de Sus Ojos Résumé du film : Depuis son plus jeune âge, Eddie Edwards n’a qu’un projet : participer aux Jeux Olympiques. Le petit garçon, qui n’a rien d’un athlète, poursuit son rêve coûte que coûte et au péril de sa santé. Aussi, après des années d’entraînement improductif, Eddie entrevoit la possibilité de s’inscrire aux JO d’hiver de Calgary dans la catégorie saut à ski. En effet, aucun sportif britannique n’a jamais concouru dans cette discipline, pourquoi ne pas tenter de représenter son pays dans ce sport risqué ? Parti s’entraîner en Allemagne, notre skieur en herbe croise la route d’un entraîneur « has been » et tous deux se lancent dans un incroyable défi : participer aux Jeux Olympiques d’hiver de 1988 ! Avis : Tous ceux qui ont croisé notre route ces dernières semaines savent combien nous avons adoré « Eddie the Eagle ». Sorti le 30 mars en « stomeling » dans les salles belges, le dernier film de Dexter Fletcher nous avait touché en plein cœur. Son succès dans les complexes français en mai dernier a démontré combien un film inattendu pouvait ravir et unir critiques et spectateurs. Retour sur l’histoire incroyable mais vraie de Michael Edwards, un athlète britannique peu conventionnel… Avec « Eddie the Eagle », vous vous préparez à entrer dans l’histoire vraie et désopilante de Michael Edwards. En effet, cette biographique aux airs de comédie nous démontre combien il vaut mieux vivre de remords que de regrets … Eddie l’Aigle n’avait aucune prédisposition pour devenir un sportif de renom et pourtant ! A force de ténacité, de persévérance et de courage, le britannique a su faire de son rêve une réalité. Et ce rêve, Dexter Fletcher le met en scène de façon remarquable ! En plus d’être un bon film, son dernier long métrage est aussi un très, très beau film ! Alors qu’il ne signe que sa deuxième réalisation (la première étant « Sunshine on Leith »), l’acteur londonien a su nous cueillir du début à la fin et nous raconter l’histoire méconnue de cet athlète médiatisé il y a une trentaine d’années. Et pour cause, avec sa bande originale magistrale, sa photographie travaillée et sa reconstitution génialissime, le réalisateur nous plonge en quelques secondes dans les années 1972 et nous fait ressortir 16 ans plus tard tout émerveillés. A aucun moment nous ne décrochons du biopic le plus touchant que nous ayons vu ces dernières années. Prenant de la première jusqu’à la dernière minute, on retient son souffle, on ne peut contenir sa joie, son stress, son désespoir et ses rêves : on est secoué, remué tout comme l’est le héros du film. Bref, on y croit et on sent son cœur battre : Dieu ce que c’est bon ! Rempli d’émotions, le film nous rappelle quelque peu « Shine » de Scott Hicks. Abordant un thème radicalement différent, les deux long métrages ont cependant de nombreux points communs : la persévérance à toucher son rêve du doigt malgré les nombreux découragements, des personnages atypiques et hors norme en qui peu de personnes croient, un manque d’encouragement de la part du père… tout est là ! Pour peu que l’on accepte de se livrer aux émotions des protagonistes, nous sommes emportés dans les tourments de la vie et dans un fol espoir de réussite. Au centre du film, Eddie Edwards, bien évidemment. Interprété par un Taron Egerton totalement investi et métamorphosé, le personnage ne fait que gagner en intensité. Grâce à ce rôle, l’acteur britannique (vu dans « Kingsman : services secrets ») montre l’étendue de son talent et fait preuve d’une véritable prouesse d’interprétation ! Les tics, les attitudes, les maladresses d’Eddie sont siennes. Le travail de préparation au rôle a dû être conséquent et le résultat est éloquent ! Sans doute grâce à l’excellente complicité entretenue avec Hugh Jackman qui se fond un registre dans lequel on l’adore ! A l’extrême opposé du jeune sportif, Bronson Peary, se verra confier une mission à laquelle il n’a jamais songé : le coacher. Sombre, rempli de démons, l’entraîneur improvisé devra retrousser ses manches et croire en quelqu’un d’autre, plus qu’en lui-même. Les deux acteurs font jeu égal et se donnent la réplique avec beaucoup de contenance. Les faire rencontrer était une idée de génie et le résultat est plus que convaincant ! Avec son casting efficace et impeccable, sa belle leçon de courage et ses nombreuses surprises, « Eddie the Eagle » est un incontournable de 2016 ! Nous ne saurons trop vous conseiller de vous laisser emporter par cette histoire incroyable qui vous laissera quelques souvenirs impérissables ! Durée du film : 1h45 Genre : Biopic « Amy », comme son nom et son affiche l’indiquent, raconte la vie d’Amy Winehouse. Si on connaît tous les succès de la chanteuse britannique, on ne sait pas toujours qu’ils sont la retranscription de sa vie, ses états d’âmes et des épreuves qu’elle a traversées durant sa courte carrière. Derrière sa voix incroyable et son talent indéniable se cache une histoire sombre qui a terni une star incontestée partie trop tôt. Sortie DVD/Blu-ray en décembre dernier, « Amy » a beaucoup fait parler de lui, notamment lors des diverses cérémonies consacrées au cinéma où il s’est vu récompensé une dizaine de fois par de nombreux prix parmi lesquels l’Oscar et le BAFTA du meilleur documentaire. Et on comprend à présent pourquoi car en plus d’être un documentaire instructif, c’est une ode au talent de la jeune chanteuse et un bel hommage à tous ceux qui l’on entourée des années durant que ce long-métrage nous présente. Qu’ils soient anonymes ou célèbres, nombreux sont les témoins qui se relaient pour nous conter la vie d’Amy Winehouse en toute franchise. Ainsi, ses amis, sa famille, sa meilleure amie Juliette, son manager (Nick Shymansky), son producteur (Salaam Remi), quelques vedettes l’ayant croisé (Pete Doherty, Mark Ronson, Tony Bennett), Blake Fieldern (son ex-mari) tous (ou presque) prennent la parole et nous confient les souvenirs qui les lient à la chanteuse. Présentés de façon linéaire, ces anecdotes nous permettent de mieux vivre son ascension vers le succès et sa chute vers les enfers. Ambitieuse et talentueuse, Amy Whinehouse n’a pas 18 ans lorsqu’elle entre de plein pieds dans le monde de la musique, passant de clubs en bars pour chanter ce jazz qu’elle aime tant. Entourés de ses amis, elle sillonne les routes à la recherche d’une maison de disques prête à lui accorder sa chance. Et c’est en 2003 que la chance tournera et que son premier album « Frank » naîtra. Le succès est au rendez-vous, elle s’achète un loft et le partage avec sa meilleure amie avant d’entamer une tournée et de connaître un petit succès auprès des amateurs de jazz. Lorsqu’elle quitte sa colocation pour s’installer à Camben, Amy est bien décidée à écrire un nouvel album mais c’est l’angoisse de la page blanche qui la guette. Logée dans un quartier festif, c’est ici que les choses commencent à déraper. Elle rencontre Blake Fielder dans un club et vit une histoire d’amour intense… mais comme toutes les passions, la flamme peut brûler fort mais finit toujours par se consumer. Amy sombre dans une grave dépression après sa rupture avec Blake, et manque de peu d’entrer en désintoxication à Black Park où son ami Nick l’a emmenée. Son père s’y oppose pensant qu’elle va bien et voilà Amy au plein cœur de Londres, en proie à de nouveaux démons. Cette histoire, elle l’a raconte dans son succès international « Rehab ». Ecrire, chanter, c’est un moyen de purger sa peine. Et elle le fait également dans l’excellent « Back to black », où elle nous raconte sa douleur liée à sa récente rupture. Elle ouvre son cœur, confie sa détresse… l’album cartonne et le succès est fulgurant. Comme si sa vie n’était pas déjà assez morose, la mort de sa grand-mère (dont elle était si proche) en 2006, l’a fait mourir elle-même de l’intérieur et elle replonge dans ses démons de l’alcoolisme et de la boulimie. Bien entourée, tout le monde tente de l’aider et Amy se remet peu à peu sur pieds. Après le succès de son deuxième album, Blake revient. Ils s’aiment et se marient à Miami durant la tournée américaine d’Amy. De retour des USA, le couple découvre les effets enivrants du crack et de l’héroïne au point d’en être devenus totalement accros. En 2007, fatiguée et ravagée par la drogue, Amy fait une overdose et doit annuler sa tournée. Sauvée de justesse, elle passe par une période trouble avant de trouver le repos à Sainte Lucie où elle se rétablit et poursuit sa carrière loin de tout stress et de Blake, incarcéré. Encadrée par son garde du corps, elle voit les beaux jours venir et chante en duo avec son idole Tony Bennett avant de reprendre la route des festivals. Mais dans ses bagages, Amy emmène avec elle les mauvaises habitudes et replonge dans l’alcool jusqu’au 23 juillet 2011, date tristement célèbre puisqu’elle marque la fin de la vie de cette jeune femme qui n’a pas su se sauver. Bien sûr, son histoire, ses addictions, nous les reconnaissions dans les grandes lignes. « Amy » est un très joli film où vidéo personnelles, témoignages, extraits télévisés, d’interviews télé ou radio s’entremêlent pour nous offrir une biographie de qualité. Ici, tout est vrai, authentique, à l’image de la star qui en est le sujet central. La réalisation, impeccable, est signée Asif Kapadia. Le metteur en scène britannique a déjà consacré un film à Ayrton Senna (dans « Senna » sorti en 2010), mais a aussi réalisé de longs métrages tels que « The warrior » ou « The return ». Ce qui est appréciable ici, c’est qu’il nous propose un documentaire de choix sans jamais nous mettre dans l’inconfort d’un voyeurisme mal placé. Les images d’archives et les interviews ne sont là que pour nous raconter l’histoire de la célèbre chanteuse, en toute transparence. Les traductions de ses textes viennent compléter les confidences de ses amis et constituent des témoignages précieux livrés à jamais à tous ceux qui veulent les entendre. En définitive, « Amy » est un très joli documentaire que nous ne pouvons que vous conseiller de voir et d’entendre. Durée du film : 2h07 Genre : Documentaire Résumé du film : Dans un monde mythologique proche de la Terre, le Soleil est accroché à un temple mobile et la lune a un animal mi-girafe, mi-chameau. Tous deux sont fragiles, petits et conduits par des gardiens qui chaque jour, réalisent le même chemin pour instaurer un équilibre entre le jour et la nuit. Mais les gardiens se font vieux et il est à présent temps de désigner des successeurs dignes de cette lourde tâche… Mune et Sohone sont choisis pour prendre la relève et ce sera bien moins évident qu’il n’y paraît. Avis : Esthétiquement, le film est impeccable et plaira sans doute aux adultes, amateurs de film d’animation bien que son premier public reste sans conteste les enfants ! Mais attention, le long-métrage présentant quelques images impressionnantes, il vaudra mieux le regarder avec des enfants de plus de 7 ans au risque de voir les plus jeunes pleurer et se réfugier dans les bras de papa ou maman dès l’apparition de Nekross, le grand vilain méchant de l’histoire. Dans ce monde fictif, la lune et le Soleil ont été créés par les premiers gardiens. Celui du soleil, a lancé une chaîne tel un lasso pour garder l’astre près de sa planète, la réchauffant et l’éclairant une bonne partie du jour. Celui de la lune est descendu dans un monde de rêves, pour sculpter sa propre lune et l’a faite monter dans le ciel après l’avoir accrochée à un fil d’araignée. Mais si créer un astre semble simple, le garder et le confier à une génération suivante est moins évidente. D’autant plus que la survie des peuples du jour et de la nuit dépend de l’harmonie entre les deux gardiens qui, très différents les uns des autres, ont un rôle important à jouer dans le maintien de cet équilibre. Les nouveaux gardiens investis dans cette tâche sont malheureusement peu formés et peu préoccupés par leur mission. Mune est un personnage maladroit, désigné par erreur et Sohone, un dragueur fier et intéressé par les filles de sa région. Mais lorsque Nekross, ancien gardien du Soleil, veut s’approprier son astre et s’accaparer la lune, nous sommes à deux doigts de voir un chaos se créer à la surface de la Terre et l’obscurité totale qui en découlerait risquerait de faire périr faune et flore du jour et de la nuit… Nos deux nouveaux héros n’ont qu’une solution : s’investir profondément pour récupérer ce qui leur a été dérobé et s’unir, malgré leurs différences, pour que le jour comme la nuit reprennent leur place. Heureusement, Mune et Sohone vont pouvoir compter sur l’amitié de Cire (qui ne peut pas trop s’approcher du Soleil ou des sources chaudes au risque de fondre et disparaître), une aide précieuse dans leur longue quête. Rempli de poésie, le film est à la fois touchant, instructif et ponctué de jolies valeurs : l’amitié, le courage, le dépassement de soi, le soutien inconditionnel, etc. Le scénariste Benoît Philippon et Alexandre Heboyan, (qui a déjà travaillé sur « Kung Fu Panda », tous deux relativement méconnus dans le monde du 7ème art, réalisent un premier film d’animation original et incroyable. Magnifique visuellement, il place la mythologie au cœur d’une histoire d’aventure qui saura emporter petits et grands. Les décors sont sublimes, les musiques de l’excellent Bruno Coulais (on vous parlait de son travail récemment encore grâce au film « Les saisons ») sont adaptées à chaque situation, l’humour intelligent, les répliques travaillées,… rien n’a été laissé au hasard ! Pour preuve, ce changement d’univers graphique, passant de la 3D à la 2D (lorsqu’on s’immerge dans l’univers des rêves) qui fondent l’un sur l’autre avec subtilité. Et que dire de l’interprétation de nos doubleurs de choix, un trio célèbre qu’on prend plaisir à redécouvrir: Michael Gregorio (Mune) qui garde sa propre voix et n’offre pas le panel d’imitations qu’on lui reconnaît, Izïa Higelin (Cire) et Omar Sy (Sohone) donnent vie à leur personnage avec beaucoup de talent. Ce conte moderne a vraiment tout pour plaire : il démontre que Pixar est loin d’avoir le monopole en matière de films d’animation et que les Européens ont de belles idées qui, une fois germées, laissent place à des films poétiques, maîtrisés et superbement réalisés. C’est pour toutes ces raisons que « Mune, le gardien de la lune » figure dans nos petites pépites de l’année. Durée du film : 1h26 Genre : Film d’animation Résumé du film : Juan Robles et Pedro Suárez, deux policiers de Madrid sont envoyés dans la région du Guadalquivir afin d’enquêter sur la disparition de deux adolescentes. Dès le début de leur enquête, ils se rendent compte qu’une série de disparitions semble avoir eu lieu dans cette petite communauté andalouse. Lorsqu’ils découvrent les corps des jeunes filles, nos deux policiers se lancent aux trousses d’un tueur au sang froid. Mais rien ne facilitera leur enquête : les secrets, les non-dits, le silence des habitants les empêcheront de percer le mystère à jour. Malgré leurs caractères et leurs méthodes radicalement opposées, nos deux enquêteurs s’associent pour retrouver le responsable de ces meurtres sauvages. Avis : Sorti cet été après avoir été présenté dans de nombreux festivals, « La isla minima » a été récompensé de nombreuses fois. Lors de la 29ème cérémonie des Goyas, il a remporté 10 prix dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur ou encore du meilleur acteur pour Javier Gutiérrez. Encensé dans certaines compétitions cinématographiques espagnoles et françaises, on se devait de se pencher sur ce phénomène qui a beaucoup fait parler de lui lors de sa sortie. Et nous ne regrettons pas de l’avoir fait. Tout d’abord, parce que l’époque des années 80 durant laquelle se déroulent les faits est très bien représentée. Perdu au milieu de nulle part, le petit village où se déroulent les faits semble figé dans le temps. Les images proposées, la lumière, les couleurs sont sublimes et nous transportent dans un ailleurs et un autre temps avec beaucoup d’attachement. Ensuite, parce que les thrillers étrangers ont la cote dans notre paysage cinématographique. Après le tandem norvégien du « Département V », c’est un duo espagnol que l’on suivra dans l’enquête de la « Isla Minima » et il n’y a pas à dire, les réalisateurs étrangers savent y faire ! Bien loin de tous les clichés dont ils sont parfois affublés, les films du genre parviennent encore à nous cueillir et à nous surprendre et celui-ci en fait partie. Preuve qu’il ne faut pas être estampillé « made in USA » ou être dirigé par un cinéaste de renommée pour proposer au public une intrigue et une réalisation de qualité. D’ailleurs, là où il fait fort, c’est que le réalisateur laisse peu de place à l’histoire personnelle des deux protagonistes. Si l’on décèle leurs failles et que l’on leur caractère, le reste a peu d’importance. Et ce n’est que tant mieux car cela nous permet de rester focalisé sur l’enquête sans nous perdre outre mesure. Pas de blabla à rallonge, pas d’introspection inutile, on mène l’enquête et on tâche d’avancer malgré les difficultés. En parlant de réalisateur, il s’agit ici de Alberto Rodriguez qui est d’ailleurs loin d’être un novice puisqu’il a déjà scénarisé et mis en scène cinq autre longs-métrages tels que « Le costard » ou « Les 7 vierges ». Si son nom ne nous dit probablement rien, il marquera notre esprit et nous incitera même à nous plonger dans ses autres long-métrages. Invitation que l’on vous fait à notre tour. Bien plus qu’un film policier, « la Isla minima » présente aussi une Espagne post-franquiste qui peine à mettre en place une démocratie stable après avoir connu le fascisme de Franco. Alberto Rodriguez a d’ailleurs eu l’intelligence de marquer cette opposition à travers ses personnages principaux. Il dira de ses héros que "Le premier est mû par la peur de mourir, le second par une ambition dévorante. Pour autant, il n’y a selon moi, ni “ gentil ”, ni “ méchant “ dans cette histoire. L’un n’est pas tout noir et ni l’autre tout blanc, ce serait trop simple. Pour autant, la question que soulève le film est frontale : notre jeune flic, en essayant de passer l’éponge sur les casseroles de son vieux collègue fait-il le bon choix ? Quel avenir pour nous, pour l’idée de justice ? Le compromis est-il la solution ? Et à quel prix ?" En tête du casting, Javier Gutiérrez (Juan Robles dans le film) et Raúl Arévalo (pour assurer le rôle de Pedro Suárez), deux comédiens espagnols confirmés mais inconnus chez nous. Etonnant car leur charisme, leur jeu et leur visage typé se mettent au service du film film avec génie : ils méritent vraiment d’être reconnu au-delà des frontières et espérons recroiser leur route dans d’autres films mieux distribués. L’enquête est lente, on tourne en rond à l’image de ce qui pourrait se produire dans la vie réelle. Ici, aucun effet d’accélération, aucun moyen démesuré pour servir l’enquête : on fait avec les moyens de l’époque et on tente de mettre en lumière toute la vérité, aussi dure soit-elle. Pour accentuer cette dureté des faits, des décors arides du Sud de l’Espagne, que nous trouvions déjà sublimes, à perte de vue. Tout est (bien) pensé et si certaines scènes peuvent choquer un public non averti, nous n’avons pas grand-chose à regretter dans ce film… peut-être la discrétion de sa sorti en salles et en DVD en décembre dernier ? « La isla minima » est véritablement un bon film et vaut la peine que l’on s’y intéresse ! Durée du film : 1h45 Genre : Thriller Résumé du film : « Human » est un ensemble de témoignages d’habitants des quatre coins de notre Terre. Entrecoupés d’images de notre planète, le documentaire laisse la parole à des anonymes comme à des personnalités célèbres. Evoquant des thèmes multiples comme la vie, la guerre, l’immigration ou le quotidien, il met en lumière la perception des choses selon l’endroit où l’on a grandit. Très jolie leçon de vie, « Human » est une valeur sûre qui éveillera les adultes comme les adolescents. Avis : Le documentaire de Yann Arthus-Bertrand a connu un joli succès lors de sa diffusion télévisée. Disponible en DVD depuis octobre dernier (à prix très démocratique !), il fait véritablement partie des films qu’il faut visionner et montrer. Tant pour le sujet qu’il évoque que pour sa réalisation… En effet, Yann Arthus-Bertrand nous plonge dans le regard de représentants des peuples du monde et leur donne une libre parole sur des sujets divers et variés. Il délaisse véritablement ses images de la Terre vue du ciel pour rencontrer des Hommes de tous horizons et présente leur témoignage en toute humilité. Mais il nous offre aussi de jolies vues de notre planète depuis les cieux, comme celle de la caravane en plein désert, des lignes de militaires ou des espaces que l’on découvre depuis les airs. S’il a changé de sujet de prédilection, il continue malgré tout à garder sa patte et à nous montrer notre belle Terre. Pour parvenir à créer un tel documentaire, il aura fallu trois ans au réalisateur pour effectuer son travail. Avec son équipe, il a interviewé plus de 2000 personnes, dans 65 pays différents. Il a sélectionné une centaine d’entre elles pour nous les offrir dans un esprit d’authenticité et de sincérité. Bouleversants, intéressants, attendrissants, étonnants, les témoignages se succèdent sans que l’on ne se lasse. Le défi difficile de garder les spectateurs attentifs est largement relevé. Car le réalisateur français n’a pas fait dans la demi-mesure. Comme pour « Home », le film est sorti dans 60 pays et en 63 langues. Il existe aussi plusieurs versions de son documentaire : la version longue pour le cinéma dure 3 heures 8 minutes, une version en trois parties est disponible sur Internet, et une version raccourcie a été diffusée sur France 2 le 29 septembre 2015 dernier. S’il peut paraître long dans sa version pour le cinéma, on apprécie cependant le voyage poétique et instructif, comme tous les autres longs-métrages de qualité qu’il nous a déjà proposé. Avec ce fond noir et ces visages qui défilent, on a l’impression que tous ces témoins s’adressent directement à nous et nous parlent de ce que l’on a de différent ou de similaire. Tous deviennent des orateurs privilégiés qui touchent directement en plein cœur. Prenons pour exemple le condamné pour double meurtre qui évoque le pardon et l’amour qu’il a reçu de la mère (et grand-mère) de ses victimes avec beaucoup d’émotion. Tous évoquent leur notion du bonheur (différente de la nôtre et tout aussi sincère). Pour certains, elle ne constitue bien souvent qu’à n’avoir qu’un toit et de quoi vivre décemment, de retrouver sa famille ou de s’offrir un objet que l’on désirait tant. Cela remet bien évidemment en question notre mode de vie, nos exigences face à la vie, notre consommation excessive et le besoin d’avoir plutôt que d’être… Le rapport des hommes à la guerre et aux armes est aussi une des thématiques abordées sous différents angles mais de telle sorte que l’on a jamais l’envie de juger ce qui peut être évoqué. L’amour, l’homosexualité sont aussi abordés en toute impunité… Et puis comme toujours, les musiques que Yann Arthus-Bertrand a choisies portent à merveille ses propos et se marient aux images avec beaucoup de subtilité. Plus qu’un documentaire, « Human » est une ode à la vie, à la tolérance, à la compréhension du monde qui nous entoure. Son réalisateur a d’ailleurs dit « Je pense que comprendre le monde est extrêmement difficile aujourd'hui autant que d’accepter nos contradictions au quotidien, Et sans doute qu'à travers toutes ces interviews, je suis devenu meilleur. C'est l'ambition du film en fin de compte ». Nous, on ne peut que le remercier de nous avoir rendu meilleur et de nous avoir ouvert les portes des peuples d’ailleurs. Durée du film : 3h10 Genre : Documentaire Totalement passé inaperçu lors de sa sortie dans nos salles en juin dernier, « Danny Collins » est pourtant une vraie perle cinématographique comme on les aime. Distribué sous le nom d’ « Imagine » en France, cette comédie dramatique présente un Al Pacino comme on a rarement l’habitude de le voir. Retour en arrière sur un film phénomène immanquable. Résumé du film : Danny Collins est une vraie rock star. Depuis plus de quarante ans, ils arpentent les routes et offrent des concerts retraçant sa carrière devant un public de fans conquis. Lors de son anniversaire, son meilleur ami lui offre un cadeau extraordinaire : une lettre que John Lennon avait écrite à Danny dans les années 70 et qui ne lui est jamais parvenue. Dans son courrier, le célèbre Beatles encourage le chanteur à continuer d’écrire ses textes tant ils sont bons. Mais la rock star n’a pas opté pour cette carrière, préférant des interprétations plus populaires et il prend vite conscience qu’il a fait fausse route durant de trop nombreuses années. Bien décidé à renouer avec l’homme qu’il est vraiment, Danny Collins plaque tout et décide de rattraper le temps perdu auprès de sa famille. Mais peut-on tout recommencer aussi facilement ? Avis : « Danny Collins » est un feel good movie comme on en voit peu. Touchant, amusant, émouvant, ce film, inspiré de faits réels, recèle bien des qualités scénaristiques mais pas seulement. En visionnant le premier long métrage de Dan Fogelman, vous vous apprêtez à découvrir un Al Pacino comme vous ne l’avez sans doute jamais vu ! En effet, le personnage de Danny Collins offre une belle opportunité de jeu à l’acteur américain de 75 ans. Son impressionnante carrière est parsemée de rôles emblématiques et l’apologie de ses interprétations n’est plus à faire. Néanmoins, avec ce film, il revêt le costume d’une star pop rock un peu « has been » mais terriblement touchante. Envieux de renouer avec sa famille, il fera tout son possible pour trouver grâce à leurs yeux et retrouver des valeurs familiales qu’il a trop longtemps délaissées. Drôle, maladroit, généreux, Danny est une caricature ancrée dans les années 70, avec tout ce que cela inclus : rouflaquettes, paillettes, chemines à col en v amidonnées, consommation de drogue excessive. Il lutte contre ses démons qui l’empêchent de « grandir » et de faire face à la réalité de la vie. Mais ouvrir les yeux et entrer dans son époque, c’est aussi se rendre à l’évidence : sa famille s’est construite dans son absence et lui a laissé bien peu de place. Cette famille, elle est très justement interprétée par Bobby Cannavale (vu dans « Chef » il n’y a pas longtemps), un fils en déni total avec l’univers paternel auquel il n’a jamais adhéré ainsi que Jennifer Garner, la belle-fille compréhensive, devenue bien malgré elle une sorte de médiateur entre les deux Collins père et fils. Applaudissons aussi la performance de la toute jeune Giselle Eisenberg, petite fille du chanteur et actrice étonnante pour son âge ! Elle sera le trait d’union de cette famille qui peine à se retrouver et saura toucher en plein cœur notre papy rockeur. A côté de cette smala, Danny va également croiser la route de Mary Sinclair tenancière d’un hôtel de luxe, devenue son amie et qui remettra bien des fois la tête de notre rock star sur ses épaules. Bien décidée à ne pas succomber à ses avances, elle sera la confidente, la raison de celui qui pensait tout avoir pour être heureux. Incarnée par l’excellente Annette Benning (« The face of love », autre jolie pépite, « American Beauty », « Elle s’appelle Ruby », « The kids are all right»), son personnage est délicieux et apportera une dose de douceur et d’humanité dans l’histoire de notre héros. Enfin, Christopher Plummer, autre grande figure du cinéma américain, endosse le costume du producteur et du meilleur ami véritablement sincère de Danny, le seul à l’avoir accompagné tout au long de sa carrière et dans sa vie privée parfois compliquée. Belle bouffée d’air frais dans cette période où les jours deviennent sombres, « Danny Collins » est un film à ne manquer sous aucun prétexte. 2015 nous a réservé de belles surprises et celle-ci est vraiment de taille … réservez-lui une place de choix dans votre dvdthèque car il est certain que vous ne le regretterez pas ! Durée du film : 1h46 Genre : Comédie dramatique Résumé du film : En décidant de voir « Le Dernier Loup », nous optons pour un voyage dans le temps et dans l’espace. En effet, nous voilà en 1969, sur les pas de Chen Zhen, un étudiant de Pékin, envoyé en Mongolie pour éduquer des éleveurs nomades mongoles. Très vite, le jeune chinois va adhérer au rythme de vie des paysans et s’enrichira des beautés de la steppe immense. Dans ce milieu hostile, les loups règnent en maître et Chen Zhen ne cessera d’admirer le comportement de la meute qui les entoure. Alors que Mao Tse Toung demande aux populations rurales d’éradiquer cette espèce animale, l’étudiant capture un louveteau dans le but de l’apprivoiser. Comment la communauté mongole va-t-elle réagir ? Pourra-t-il imposer son choix aux autorités locales envoyées par le gouvernement ? Comment laisser la nature s’épanouir quand des Hommes sont là pour la réguler ? Quel risque peut-on encourir quand on veut domestiquer un animal sauvage ? Chen Zhen découvrira combien il n’est pas aisé d’imposer ses idées. Avis : Jean-Jacques Annaud, célèbre cinéaste français nous offre depuis des décennies, des films de qualité. « Le Dernier Loup » ne fait pas exception, que du contraire ! Mais faut-il encore présenter l’Homme qui se cache derrière la caméra ? Auteur et réalisateur d’une série de films bouleversants et aux thèmes variés tels que « Le Nom de la rose », « l’Ours », « l’Amant », « Sept ans au Tibet », « Deux frères », il aura mis près de 7 ans à réaliser son dernier film… et pour cause, il fallait élever des petits louveteaux et entrer dans l’univers de ce animal fascinant afin de présenter avec réalisme le mode de fonctionnement d’une meute. Loin d’être un document animalier, « Le Dernier Loup » est un drame touchant et pragmatique Bien évidemment, visionner ce genre de long métrage doit découler d’un choix réfléchi. Les amateurs d’action, de fantaisie, d’amour cucul ou de scénarios haletants seront déçus. Les autres, ceux qui attendaient avec impatience le dernier Annaud ou les amateurs de belles images seront ravis car ce film est un condensé de tout ce que l’on aime dans le cinéma du septuagénaire. Une fois de plus, JJ Annaud prône un cinéma authentique aux images léchées et presque 100% bio. Il filme avec amour un sujet qu’il a découvert et porté avec fascination et passion et cela s’en ressent. Côté réalisation, on adorera les images de la steppe asiatique ainsi que les plans rapprochés des différents animaux et particulièrement ceux des loups. Les émotions diffusées par leur regard sont bluffantes et impressionnantes. A croire que l’animal est un comédien à part entière et qu’il se met au service du scénario avec résolution. Il ne vole cependant pas la vedette aux acteurs professionnels car, en réalité, les uns comme les autres desservent le scénario, qui est la véritable star du film. Pourtant confortablement installés dans notre canapé, on se retrouve à des milliers de kilomètres de chez nous, dans un environnement sublime et quelque fois inquiétant, à admirer l’évolution d’un groupe humain et d’une meute qui se côtoient avec risques et dévotion. Preuve que la technique et la réalisation sont réussies avec ces images si bien léchées. Notons qu’Annaud admettra avoir eu recours à quelques effets spéciaux pour une scène de blizzard mais affirme qu’hormis cela, tout est authentique… on veut bien le croire ! Niveau équipe du film, sur les 650 personnes qui ont travaillé sur ce long métrage, seules 9 étaient françaises. Toutes les autres, des comédiens aux techniciens ont été recrutées en Chine. Parmi les rôles principaux, notons la présence de quelques vedettes chinoises comme Feng Shaofeng (« Le dernier royaume ») ou Shawn Dou (« The flowers of war », « Nightfall ») et des acteurs inconnus qui remplissent le contrat avec brio : Basen Zhabu, Yin Zhusheng, Ankhnyal Ragchaa. C’est grâce à ce genre de film que l’on se rend compte combien le cinéma asiatique est ignoré pour les Occidentaux que nous sommes. Dommage car ils ont quelques pépites dans leur pays de rizières. Notre seul petit regret : le doublage qui n’est pas totalement mauvais mais qui empêche de profiter pleinement du jeu des acteurs asiatiques qui font sans doute passer leurs émotions de façon plus intense encore ! Optez donc pour une VO sous titrée, c’est bien plus adapté ! Enfin, la musique signée James Horner (« Avatar », « Le masque de Zorro », « Titanic », « Apollo 13 », etc.) porte à merveille le long métrage et se calque avec justesse sur les différentes scènes du film, faisant battre notre cœur d’émotion ou de stress. Les Chinois ne se sont pas trompés en demandant à Annaud de réaliser l’adaptation du best-seller « Wolf Totem ». Aussi lu que le « Petit livre rouge » de Mao, ce roman a touché la foule populaire de Chine sur des générations. Preuve en est que ce pari est réussi puisque le film enregistrait plus d’un million d’entrées au box-office chinois le premier jour de sa sortie ! Moins suivi chez nous, il a pourtant enregistré un nombre d’entrées important en France au point de talonner les très médiatiques « 50 nuances de Grey » et « American Sniper » sortis au même moment. Espérons que ce film Finalement boudé par la compétition des Oscars pour représenté la Chine, « Le dernier loup » est un film 4 étoiles sans doute peu apprécié pour sa juste valeur. Oui, c’est vrai le film a quelques longueurs. Oui, ce drame peut sembler « plat » par moment (surtout si on est des adeptes de film d’action). Nous, on aura voyagé dans la steppe mongole durant près de 2 heures et on sera sorti de la salle heureux du voyage et envieux de faire connaître le dernier opus du grand Annaud! Durée du film: 1h55 Genre : Drame Titre original chinois : 狼图腾 (Láng Túténg) Résumé du film : L’histoire, vous la connaissez sans doute déjà tant on l’a présentée dans les médias. Paula Bélier, fille d’agriculteurs sourds et muets, s’inscrit dans un cours de chant de son collège. Très vite, son professeur remarque en elle un talent certain et souhaite l’inscrire au concours de la Maîtrise de France Radio à Paris. La jeune adolescente, très mature, sera tiraillée entre sa nouvelle passion et l’envie d’aider ses parents dans leur quotidien… Mais comment convaincre les siens que ce qui leur fait défaut (à savoir la voix) peut aider à concrétiser un rêve ? Avis : Il y a de cela presqu’un an, au sortir de la projection, rares étaient les insatisfaits. En effet, Eric Lartigau (« Les infidèles », « Prête-moi ta main », « Mais qui a tué Pamela Rose ») est un habitué des comédies bleu blanc rouge et nous fait vivre durant 1h45 une histoire drôle, touchante et brillante. Tout y est juste : du jeu à la musique, on assiste à un film philharmonique. C’est un VERY good movie à côté duquel il ne faut pas passer ! Pour son casting tout d’abord. Excellentissime est sans doute un superlatif trop faible pour décrire le jeu de tous ceux et celles qui s’impliquent dans ce film. Impossible de dire qui se distingue par sa prestation, tant tous les comédiens sont au diapason, du rôle le plus important au plus anecdotique. Karin Viard et François Damiens signent ici une vraie performance car non contents d’avoir appris la langue des signes pour incarner des sourds et muets, ils amplifient leur force comique par un non verbal maîtrisé, naturel et drôle. Le défi est largement relevé et on ne peut qu’admirer la prise de risque et sa réussite ! On aurait presque envie de se mettre à genoux et d’aduler les comédiens tellement leur performance réalise un sans faute. Il en va de même pour Eric Elmosnino (il avait reçu le prix du meilleur acteur pour « Gainsbourg, vie héroïque ») qui incarne le professeur de chant de l’école. Acariâtre et directif, il devient le personnage le plus important de la vie de Paula. Le comédien n’hésite pas à mouiller sa chemise et mettre son talent de musicien au service du long métrage. Plus réaliste que jamais, son personnage est détesté puis apprécié de tout son public, preuve que son interprétation sonne juste. Enfin, Louane Emera, la vraie révélation du film, qui du haut de ses 18 ans nous donne une vraie claque. Elle jongle avec les émotions comme si elles étaient siennes. On partage ses joies, ses peines, ses satisfactions et ses déceptions sans se rappeler une seule fois que nous sommes confortablement installés dans notre ciné. On vit sa vie au point de trembler avec elle et de ne pouvoir s’empêcher de verser quelques larmes à plusieurs reprises. On ne sait d’ailleurs pas si on lui souhaite une belle longue carrière de comédienne ou de chanteuse, tant elle réalise les deux avec talents et émotions (justes !). Inconnue du monde du 7ème art, elle crève l’écran avec cette première performance admirable. Elle nous émeut par la fragilité dans son jeu et par sa voix chaude toute en rondeur lors des tours de chant. Pas étonnant que Michel Sardou lui-même ait été ému d’entendre ses titres réinterprétés avant tant de fébrilité ! D’ailleurs, pour prolonger ce superbe moment ciné, il suffira de se plonger dans la BO, signée Evgueni Galperine et interprétée par Louane Emera, la chorale des Hauts de Seine et Eric Elmosnino. Un petit bijou on vous avait dit ! Durée du film : 1h46 Genre : Comédie dramatique Résumé du film : Vincent, retraité acariâtre, est criblé de dettes et abuse de l’alcool. Complètement paumé, il tente de rester la tête hors de l’eau malgré ses gros soucis financiers. Mais quand Maggie et son fils Oliver viennent emménager à côté de chez lui, sa vie prendra un tout autre sens. Le vieux bougon endossera le rôle de « baby-sitter » auprès du petit garçon de 12 ans et prendra de nouvelles responsabilités. Avis : Presque passé inaperçu lors de sa sortie en salles (et en DVD) « St Vincent » est pourtant un film à ne pas manquer. Touchant, drôle et léger, il est rempli de qualités ! Cerise sur le gâteau, il offre une prestation remarquable en la personne de Bill Murray ! L’ancien « ghostbuster » (qui rejoindra d’ailleurs l’équipe du 4ème opus) tient ici un de ses meilleurs rôles. Renouant avec un jeu que l’on avait très apprécié dans « Lost in translation », Bill Murray offre une interprétation impeccable et ce, jusqu’aux dernières notes du générique de fin, qu’il prend plaisir à chantonner. Grincheux, paumé, déluré, râleur, la liste des adjectifs pour qualifier son personnage est longue. Mais derrière cette apparence se cache un Homme au cœur d’or, prêt à faire quelques sacrifices pour le bien-être de son entourage. Et çà, le petit Oliver l’a bien compris. Joué par l’excellent jeune acteur Jaeden Lieberher, le garçonnet percera la carapace de son vieux voisin et une amitié improbable verra le jour. La relation entre les deux protagonistes est au centre du film, et c’est un régal ! Les situations cocasses, les répliques truculentes viennent ponctuer la trame avec beaucoup d’humour et de tendresse. Car de la tendresse, il y en a et cela fait un bien fou de voir un long-métrage sans « méchant », sans étalage d’action, sans mesquinerie… Tous les personnages sont touchants. Même celui de Melissa McCarthy (« Very Bad Trip 3 », « Les flingueuses », « Spy ») qui pour une fois, délaisse son jeu lourdingue et « too much » dans lequel elle est régulièrement cantonnée. Sobre, elle prouve ici qu’elle a de jolies ressources en stock et incarne cette mère dépassée avec beaucoup de sincérité. On espère réellement qu’elle optera plus souvent pour ce genre de rôle qui lui va à ravir ! Enfin, notons la présence de Naomi Watts en prostituée enceinte, preuve que rien n’est convenu d’avance…. Certes l’histoire n’a rien d’originale mais peu importe. Ici, c’est la performance du jeu d’acteurs, la relation entre les différents personnages qui priment sur le scénario et Theodore Melfi (qui réalise son premier long-métrage) l’a bien saisi. Le quatuor de comédiens offre une comédie savoureuse qui plaira à beaucoup d’entre vous ! Nous ne manquons pas non plus de faire un petit clin d’oeil à la bande originale du film (proposée par Theodore Shapiro), pile poil dans le ton, et extrêmement plaisante pour nos oreilles. Tout dans « St Vincent » fait de ce film un petit bijou de l’image au son, de la drôlerie à l’émotion… Véritable pépite, ce « feel good movie » est approprié à nos temps gris car il fera entrer un peu de soleil dans votre journée et vous fera sourire autant qu’il pourra vous toucher. Durée du film : 1h34 Genre : Comédie « Nebraska ». Ce film est une vraie réussite, à tout point de vue ! Qu’il s’agisse de la réalisation, de la bande-son, de la photographie, du jeu des comédiens… tout est parfait ! Raison pour laquelle nous vous proposons cette petite pépite qui nous est chère. Résumé du film : Woody Grant est un vieux monsieur, usé par l’alcool et par le poids de l'âge. Sa vie s’illumine lorsqu’il reçoit un courrier lui annonçant qu’une grande loterie le désigne gagnant de la coquette somme d’un million de dollars. Il décide donc d’aller chercher son dû dans l’état du Nebraska contre l’avis de toute sa famille qui s’obstine à lui faire comprendre qu’il est victime d’une arnaque. Mais qu’importe, Woody est têtu et prend la route. Son fils, désespéré de le ramener à la raison, décide de l’accompagner dans cette aventure qui les rapprochera et ravivera quelques souvenirs. Avis : « Nebraska » figure parmi nos coups de cœur de 2014. Un peu passé inaperçu, le film du réalisateur américain Alexander Payne a pourtant de très belles qualités. Rempli de tendresse, d’humour, de valeurs sincères, d’espoir et de tristesse aussi, il mixe les émotions avec beaucoup de délicatesse et offre un film touchant et vrai, comme on voudrait en voir plus souvent. Tout d’abord, parce que l’histoire qu’il nous propose est savoureuse. La route que le père et le fils vont emprunter, les rapprochera, les ouvrira à l’autre et leur permettra de découvrir l’histoire familiale qu’ils n’ont jamais vraiment partagée. C’est donc une occasion unique de se retrouver et de se parler. Bien sûr, tout cela ne se fera pas sans heurt et fort heureusement pour nous car nombreuses sont les scènes cocasses ... mais toujours empruntes de tendresse. Nous sommes en permanence les témoins privilégiés de ce road movie peu ordinaire. Et sur le chemin, nos deux protagonistes en profiteront pour rendre une petite visite à leur famille, restée dans leur village natal. Ensuite, parce que les acteurs du film sont exceptionnels. A commencer par le grand Bruce Dern (le papa de Laura Dern, Dr. Ellie Sattler - Grant dans « Jurassic Park »), qui interprète magistralement le désabusé Woody Grant. Son allure nonchalante, son entêtement, ses indélicatesses enrichissent un personnage haut en couleurs, malgré le choix du réalisateur, de filmer son histoire en noir et blanc. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Bruce Dern a reçu le très convoité prix d’interprétation masculine lors du Festival de Cannes 2013 ! Son fils, joué par Will Forte (vu dans l’excellent « Broadway Therapy »), est un appui précieux et salvateur. Il est sans doute le seul à croire qu’il vaut mieux aider son père à vivre son rêve plutôt que de le réfréner en vain. Il n’hésitera pas à tout plaquer pour prendre la route vers la ville de Lincoln où l’attendent le précieux gain. A ces deux personnages emblématiques, ajoutons le frère, incarné par le talentueux Bob Odenkirk (qu’on prend beaucoup de plaisir à suivre dans la série « Better Call Saul »), présentateur télé plus terre à terre et peu enclin à suivre les frasques de son père, ainsi la truculente June Squibb, l’épouse de Woody, cash et volubile à souhait. Voilà une famille explosive qui ne peut que prêter à sourire ! A ces comédiens, nous pouvons ajouter une série de seconds couteaux tout aussi pittoresques dans leur personnalité ou leur attitude. On se régale de bout en bout, tantôt riant aux éclats, tantôt touchés par les réactions moqueuses de quelques envieux. Notons aussi que la musique répétitive de Mark Orton vient ajouter une petite dynamique sympathique à ce road movie tendre et délicat. Si vous avez envie d’une bouffée d’air frais, d’une jolie histoire sur fond d’humour gentillet, « Nebraska » ne pourra vous décevoir, mieux, il pourrait fortement vous plaire ! Durée du film : 1h54 Genre : Comédie/ Road Movie |
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