Divisées en deux groupes, les épouses et les filles (que l’on dissocie par la couleur de leur tenue) se nourrissent de la parole de leur messie, accepte son courroux et ses précieux conseils sans jamais les remettre en question. Séduisant et charismatique, le jeune homme (glaçant Michiel Huisman – « Game of Thrones », « The haunting of Hill House »), distribue les faveurs et les sourires au gré de ses envies ou humeurs sans jamais susciter de convoitise entre ses favorites. Le silence des brebis et des agneaux Extrêmement toxique, le Berger est parvenu à créer une communauté coupée du monde, de la modernité des besoins ou du sentiment de liberté, un clan exclusivement féminin vivant en totale autarcie et où aucun autre « bélier » ne peut venir s’immiscer, qu’il soit adulte ou nouveau-né. Contemplatif, lent et finalement peu original dans ce qu’il tente de proposer, « The other lamb » puise sa force dans son tandem de choc interprété par Michiel Huisman et Raffey Cassidy (vue dans le film « Mise à mort du cerf sacré ») dont les regards ou silences en disent long. Admirative de son leader, Selah va peu à peu s’en détacher et tenter de s'en libérer. Aidée dans sa remise en question par une épouse « répudiée », la jeune fille comprend que sa maturité et sa puberté ne sont pas qu’une étape importante de sa propre vie… elles représentent aussi un changement de statut potentiel et une opportunité de refuser d’entrer dans la nouvelle case qui pourrait devenir la sienne. Très réussi dans sa photographie léchée et son atmosphère inquiétante, « The other lamb » ne semble néanmoins ne pas avoir grand-chose à dire. Dénonçant la domination masculine qui brime la mini-société mise en place par des règles impossibles à renverser, le film de Małgorzata Szumowska permet par ailleurs de démontrer que la jeunesse (et son esprit critique) peut parvenir à tout faire changer pour peu qu’elle s’en donne les moyens et accepte d’ouvrir les yeux sur une réalité imposée. Parfois très lent, souvent latent, le dernier long-métrage de la réalisatrice polonaise offre néanmoins quelques ouvertures que l’on peut interpréter comme des mirages ou une réalité refoulée, appartenant au futur ou au passé. Pas totalement inintéressant, le métrage ne manque pas d’identité et de bonnes idées. Mais peut-être est-il à réserver à un public averti et sensibilisé à l’histoire qu’il s’apprête à traverser. Date de sortie en VOD : 13 mai 2020 Durée du film : 1h36 Genre : Drame
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