C’est que, dans « La bonne épouse » nous poussons la porte de l’école ménagère Van der Beck, installée en Alsace et partons à la rencontre d’un microcosme reflétant à la perfection le quotidien et la candeur de la moitié du siècle dernier mais aussi les espoirs et désillusions des (jeunes) femmes de l’époque. Décors grandioses, reconstitutions de la maisonnée et des salles de classe à couper le souffle, costumes et attitudes made in 60, tout est rassemblé pour emballer une histoire légère mais agréable dans le plus beau des apparats. A quelques jours de la journée internationale des droits de la femme, on ne pouvait pas mieux demander. Théâtral et rempli d’humour, le dernier long-métrage de Martin Provost fonctionne par son rythme soutenu et ses dialogues couillus, ses situations cocasses et les interactions de ses personnages drôles et attachants. C’est que, il faut bien le dire, la comédie sied plutôt bien au réalisateur français dont la filmographie hétéroclite ne cesse de nous étonner. Habitué à défendre la cause des femmes, le cinéaste s’offre cette fois le luxe de mettre en scène un trio détonnant dans une comédie féministe engagée : Juliette Binoche se fond avec délice dans le moule d’une directrice en quête de renouveau, Noémie Lvovsky amuse la galerie avec son personnage austère de Marie-Thérèse et Yolande Moreau nous touche dans ce nouveau rôle taillé sur mesure. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, Martin Provost n’en oublie pas pour autant la jeunesse ( Marie Zabukovec, Anamaria Vartolomei, Lily Taieb et Pauline Briand l’illustrent à merveille) ni la modernité (non genrée puisque les hommes ont eux aussi quelques figures modernes pour défendre leurs nouvelles idées, coucou Edouard Baer) et préfère conférer un ton léger et accessible au grand public plutôt que de tomber dans la caricature ou l’engagement trop dénoncé. Si on regrette quelques négligences de thèmes trop superficiellement abordés, on se délecte de ces grossissements de traits d’une époque pas si lointaine où les femmes, en quête d’indépendance et de liberté, n’étaient pas malheureuses mais pas non plus extrêmement bien considérées. Si de l’eau a coulé sous les ponts depuis et que les bouteilles à la mer ont fini par atteindre leur rivage, on découvre, avec, stupeurs, drôleries et bonne humeur, ce qu’était le quotidien des (futures) bonnes épouses avant que ne souffle le vent de la modernité. « La bonne épouse », petit bonbon acidulé qu’on prend plaisir à déguster, n'est pas le meilleur film de Martin Provost mais est un métrage lumineux et joyeux qui fait du bien, un nouvel essai qui évoque une situation dont on ne savait presque rien et qui le fait avec malice et un amusement certain. Date de sortie en Belgique/France : 11 mars 2020 Durée du film : 1h49 Genre : Comédie
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