Note du film: 8/10 (par Sally) Résumé du film : Greg est un adolescent on ne peut plus ordinaire vivant dans une famille excentrique. Réalisateur amateur, il revisite les grands classiques du cinéma avec son seul ami : Earl. Un jour, sa mère lui apprend qu’une amie d’enfance, Rachel, est atteinte de la leucémie et elle lui demande de se rendre chez elle pour briser sa solitude. Mais la jeune fille ne veut pas de la pitié du garçon et le fait entrer dans son univers par contrainte. Contre toute attente, une belle amitié va naître entre les deux ados et bouleversera à jamais leurs vies. Avis : Sorti la semaine dernière en France et en Belgique « This is not a love story » s’est fait plutôt discret. Boudé par le Hainaut et le Namurois, le deuxième film d’Alfonso Gomez-Rejon vaut vraiment la peine d’être vu et s’avère être une belle histoire très justement interprétée. Alors, pour découvrir ce petit bijou, il vous faudra passer la frontière (comme le titre du groupe belge d’Eté 67) ou vous rendre sur Bruxelles, à Liège ou en Flandre. Ou pour les plus patients, attendre la sortie DVD qui lui vaudra à coups sûrs une place de choix dans notre rubrique des « petites pépites du cinéma ». Mais n’attendez pas et si vous le pouvez, entrez en toute confiance dans l’histoire de Rachel, Earl et Greg. « This is not a love story » est adapté du roman « Me and Earl and The Dying Girl» de Jesse Andrew, publié en 2012. Supervisé par l’écrivain, le film a entièrement été tourné à Pittsburgh, sa ville natale et notamment dans sa propre maison, qui sert de décor à celle de Greg, le héros du film. Le choix de réalisation s’appuie sur un découpage en chapitres comme le livre duquel il est issu. Chaque découpage annonçant d’ailleurs le ton de ce qui va suivre (« La partie où je rencontre une mourante », « La partie où Rachel suit un traitement depuis quelques semaines », « 71ème jour d’une amitié condamnée » en sont quelques exemples). Récompensé par le Prix du Jury et le Prix de Fiction dans la catégorie « Film de Fiction » au « Festival Sundance 2015 », il s’adresse essentiellement à un public adulescent et présente un univers dans la même veine que « Nos étoiles contraires » qui a connu un franc succès lors de sa sortie. N’y voyez là rien de péjoratif, que du contraire : il fera vibrer un public exigeant et parfois un peu oublié des cinéastes. Avec « This is not a love story », Alfonso Gomez-Rejon (surtout connu comme réalisateur d’épisodes de séries telles que « Glee », « American Horror Story») signe ici un sans faute. Son univers, très créatif, est excessivement bien présenté. Notamment à travers quelques petits inserts de parodies de grands classiques du cinéma créées Earl et Greg. Les cinéphiles se régaleront de ces clins d’œil. Dans l’histoire, les deux adolescents ont mis en boîte 42 « parodies » de grands films tels qu’ « Orange Mécanique », « Blue Velvet », « Macadam Cowboy »,« Citizen Kane », « Scarface », « Le Septième sceau ». C’est fin, poétique, agréable à voir, distrayant et surtout très intelligent. De plus, les sentiments enfouis du héros seront mis en scène par un running gag filmique en papier mâché, présentant un cerf et un écureuil... Absurde ? Pas du tout, c’est très recherché justement et très plaisant à suivre ! A côté de cette réalisation soignée, on trouve un casting brillant, bien que composé d’acteurs débutants. Dans le trio d’amitiés, on découvre une Olivia Cooke (« Ouija ») extraordinaire. Interprétant le rôle difficile de Rachel, une jeune fille touchée par la leucémie et en combat permanent contre cette maladie, elle incarne son personnage avec une justesse remarquable et une sobriété tout à fait adaptée au propos du film. Thomas Mann, aux petits airs de Ryan Gosling jeune, est Greg, le personnage central de l’intrigue. Timide, rêveur et pudique, il entre dans une nouvelle amitié imposée avec détachement mais finira par s’y investir avec cœur et dévouement. Tout comme l’acteur (aperçu dans « Kingsman » ou « Projet X ») qui porte son rôle avec énormément de conviction, d’assurance et qui offre une très jolie prestation. Enfin, le troisième mousquetaire n’est autre que Earl, un jeune afro-américain plus dégourdi que ses amis et complice de tous les projets cinématographiques de Greg. Joué par le sympathique RJ Cyler, ce personnage apportera un peu de candeur et de fraîcheur à cette histoire d’amitié naissante. Les adultes, tout aussi farfelus que les ados, ne sont pas en reste et sont interprétés par des acteurs reconnus tels que Nick Offerman, Connie Britton et Molly Shannon. Pas du tout larmoyant mais très touchant, « This is not a love story » raconte le parcours initiatique de trois adolescents et une belle histoire d’amitié(s). Ecrasé par « Jurassic Word » lors de sa sortie outre-Atlantique, il est pourtant truffé de belles qualités. Tendre et poétique le long-métrage a tout pour plaire et vaut vraiment la peine d’être vu ! Date de sortie en Belgique : 18 novembre 2015 Durée du film : 1h45 Genre : Drame Titre original : Me and Earl and The Dying Girl
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Note du film : 9/10 (par Sally) Résumé du film : Inspiré de l’histoire vraie de James « Whitey » Bulger, « Strictly Criminal » raconte comment l'agent du FBI John Connolly parvient à convaincre le célèbre gangster de devenir un indicateur des fédéraux. Ensemble, ils tenteront de faire tomber la mafia italienne qui sévit dans la ville de Boston durant les années 70. Mais Bulger ne délaisse pas pour autant ses petites affaires et s’avère être un indic peu concluant… ce qui créera bien des tensions au sein du FBI. L’ennemi n°1 échappera-t-il à la justice ? Jusqu’où cette collaboration va-t-elle aller ? C’est ce que vous découvrirez en vous rendant dans votre salle ciné. Avis : Autant vous le dire tout de suite : entrer dans le monde de « Strictly Criminal », c’est faire un bond dans le temps et se retrouver en plein cœur du Boston des années 70-80, en compagnie de malfrats glaçants. C’est devenir le témoin privilégié d’un dossier qui a longtemps intéressé le FBI et qui a vu Jimmy Bulger devenir un gangster de premier choix. C’est délaisser notre époque pour sauter à pieds joints dans une intrigue prenante, sombre et brillamment réalisée... en compagnie d’un casting de qualité. Ce serait donc vraiment dommage de passer à côté, non ? Après s’être perdu dans des rôles à contrats commerciaux juteux, Johnny Depp revient dans un jeu profond et assure une prestation magistrale ! Il s’impose avec force, devient un véritable gangster charismatique et nous fait oublier que nous sommes dans un film de fiction. En adaptant la gestuelle, l’allure et le look de Jimmy Bulger, Depp fait parfaitement illusion et démontre l’envergure du talent dont il peut faire preuve. On frissonne véritablement face aux colères froides du gangster, on est glacé jusqu’au sang lorsqu’il jette des regards noirs, nous étouffons en même temps que ses victimes … cela faisait bien longtemps que nous n’avions plus mesuré le potentiel du comédien qui mérite véritablement sa place au panthéon hollywoodien. S’il n’en est pas à son premier rôle dans des films de gangsters (on l’a déjà vu œuvrer dans des films tels que « Donnie Brasco », « Blow » ou « Public Enemies »), il assure ici largement son meilleur rôle du genre ! Monstrueux, glacial, inquiétant, odieux, nombreux sont les adjectifs qui nous viennent à l’esprit lorsqu’on évoque le personnage de Bulger Mais pour assurer cette interprétation, il fallait qu’il entre dans la peau de son personnage et pour cela, il a pu avoir recours à une équipe technique de haut vol. On oublie trop souvent de saluer le travail de maquillage et de costumes qui est fait sur de tels longs métrages. Ici, on doit véritablement leur faire une standing ovation car nombreuses ont été les heures consacrées pour offrir au comédien ce look hyper seventies. Car que dire du faciès de Depp ? Méconnaissable, totalement transformé, on a face à nous un Bulger plus vrai que nature. Mais Johnny Depp n’est pas le seul à assurer son rôle avec maestria. Joel Edgerton (très présent dans nos salles en ce moment puisqu’il réalise et joue dans « The Gift » sorti la semaine dernière) est l’agent du FBI qui convaincra Bulger de faire affaires avec eux. Ami d’enfance et complice de toujours, il entrera dans l’univers mafieux et protégera plus que de raison son précieux indicateur. Très crédible et investi dans son rôle, Edgerton est le comédien qu’il fallait pour incarner John Connelly ! Le même constat est à faire pour Benedict Cumberbatch qui enchaîne les bons rôles avec une aisance remarquable. Sénateur et frère du malfrat, il aura une place moins présente mais tout aussi efficace dans l’intrigue de « Black Mass » (titre du film dans sa version originale). La bande à Bulger est interprétée très justement par d’autres comédiens de premier rang : Jesse Plemons, Rory Cochrane, W. Earl Brown viennent seconder Johnny Depp dans ses différents délits et c’est un vrai régal ! Face au gang, des agents du FBI honnêtes ou tout aussi véreux que Connelly. Parmi eux : Corey Stoll (révélé la série « House of Cards ») et l’excellent David Harbour. N’oublions pas non plus d’évoquer quelques seconds rôles, comme celui de Dakota Johnson, qui joue le rôle de la femme de Bulger et Peter Sarsgaard, remarquable dans son interprétation de trafiquant désabusé par les situations dans lesquelles il s’est fourré. Actuellement à l’affiche du film « Le prodige », il fait partie des acteurs américains qu’il faut surveiller. Pour donner un coup de tison dans ce casting d’excellence, rajoutons Kevin Bacon, qui prête ses traits à un chef de service du FBI très méfiant à l’égard de Bulger. Il sera sans doute le seul à voir le véritable jeu du gangster mais ne parviendra pas à trouver la faille pour le faire tomber. Moins typé 70’s, il n’en reste pas moins très convaincant lui aussi. Mais qui est aux manettes de « Strictly Criminal » ? Non, ce n’est pas Martin Scorsese ni Brian de Palma mais Scott Cooper, un acteur- réalisateur de 45 ans bien moins connu du grand public. Très prometteur, il (ne) signe ici (que) son 3ème long métrage (on croirait pourtant l’expérience plus acérée). Après « Crazy Heart » et « Les brasiers de la colère », il s’intéresse à l’histoire vraie de James Whitey Bulger pour notre plus grand plaisir et nous présente un univers réaliste tant au niveau des décors qu’au niveau scénaristique. On apprécie le film jusqu’au générique final, qui présente des images d’époque et termine l’histoire au son d’une BO plaisante. On jette alors un œil à notre montre, et on se rend compte du temps qui est passé, sans que l’on ne se soit jamais ennuyé… L’expérience cinématographique est totale et on ne peut que remercier Scott Cooper de nous offrir un film d’une telle qualité ! Date de sortie en Belgique : 25 novembre 2015 Durée du film : 2h02 Genre : Film de gangsters/ Thriller Titre original : Black Mass Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film : Dès l’ouverture du film, nous voilà plongés en 1870, en plein milieu du Colorado. Jay, jeune écossais,a quitté son pays natal pour atteindre l’Amérique. Alors qu’il tente de rejoindre sa bien-aimée (recherchée pour meurtre), il croise la route d’un vagabond prénommé Silas. En chemin, le tandem rencontrera chasseurs de prime, écrivain malhonnête ou encore quelques indiens qui leur donneront bien du fil à retordre. Parviendront-ils à traverser les Grandes Plaines sains et saufs et à trouver Rose, l’amour de Jay ? Avis : « Slow West » est un bon western récompensé en janvier dernier par le « Grand Prix du Festival de Sundance » dans la catégorie « World Cinema Dramatic». A raison ? Dirigé par John MacLean (également auteur de l’histoire qu’il met en scène), le long-métrage oscille entre un hommage aux grands classiques du genre et une légère caricature teintée d’un humour noir subtil. Pertinent dans l’exploitation de son sujet, le réalisateur écossais parvient à nous tenir éveillé durant la petite heure trente de film et à nous faire passer un bon moment divertissant. L’intrigue tient en quelques lignes, c’est vrai. Bien qu’un peu réductrice, elle parvient à laisser la place à des personnages denses mais malheureusement interprétés avec demi-mesure. C’est avec un plaisir non feint que l’on retrouve un Michael Fassbender au top de sa forme... mais pas au top de son jeu. Bientôt à l’affiche d’ « Assassin’s Creed » et actuellement dans « MacBeth » de Justin Kurzel, l’Allemand met sa capacité d’interprétation en sourdine et c’est bien dommage. Son personnage avait pourtant un potentiel intéressant mais peine à exister véritablement, la faute aux scénaristes sans doute. Le jeune acteur australien Kodi Smit-McPhee (âgé de 19 ans), tient le rôle phare du film mais ne brille pas de mille feux. Bien qu’investi dans sa mission, on sent son personnage un peu trop faiblard et incapable de se sortir seul de situations étriquées. Du coup, l’acteur agit de la même manière et on s’interroge sur le niveau de son jeu : est-il lui aussi en retenue ou est-il raccord avec le caractère de son personnage ? Seul son avenir professionnel nous le dira. Dans la liste des seconds couteaux, on trouve entre autres : Ben Mendelsohn, Rory McCann (Sandor Clegane dans « Game of Thrones »), Caren Pistorius (la dulcinée de Jay) ou encore Kalani Queypo La réalisation est critiquable, le jeu décevant mais on doit malgré tout reconnaître que le film soulève quelques réflexions intelligentes sur la conquête de l’Ouest. A plusieurs reprises, on évoque l’accaparement des terres indiennes, la destruction des villages autochtones, d’une culture ancestrale pour une évangélisation européenne, un rêve américain qui tourne au cauchemar… Autant de thèmes qui rappellent que l’Histoire n’a pas toujours été tendre avec les peuples d’indigènes. Enfin, ce qui est sans doute le plus bluffant dans ce film, c’est que l’on s’attend à ce qu’il ait été tourné en plein cœur des terres arables des USA mais pas du tout ! L’entièreté du long-métrage a été enregistrée en Ecosse et… en Nouvelle-Zélande et il faut bien admettre que la farce est vraiment réussie, on s’y croirait ! Avec son esthétisme soigné, ses images colorées et son univers western actualisé, « Slow West » vaut tout de même le détour par votre salle ciné. Très court, il ne risque pas de lasser les spectateurs frileux et ravira sans aucun doute les amateurs du genre « spaghetti »… sans pour autant marquer les esprits…C’est dit ! Date de sortie en Belgique : 18 novembre 2015 Durée du film : 1h24 Genre : Western / Drame Note du film : (10/10 pour Stanley , 9/10 pour Sally) Résumé du film : Octobre 1944. Saul Ausländer est prisonnier juif dans le camp d’Auschwitz. Désigné comme ouvrier dans la Sonderkommando, il occupe un poste délicat dans l’un des fours crématoires. Lors d’une extermination, Saul retrouve le corps d’un jeune garçon… Persuadé qu’il s’agit de son fils, il met tout en œuvre pour l’enterrer et part à la recherche d’un rabbin. Son projet devient son obsession et risque de mettre sa vie en péril. Sa mission, déjà difficile, sera mise à rude épreuve puisque d’autres ouvriers de la Sonderkommando préparent au même moment, une véritable rébellion. Avis : A la lecture du pitch, d’aucuns penseront que « Le fils de Saul » est un ènième film sur la Shoah. Et pourtant ! Totalement inédit, dans l’angle choisi et dans sa réalisation, le premier- long métrage de László Nemes est bien loin de ce que l’on a pu voir jusqu’ici. « La liste de Schindler », « La vie est Belle », « Le garçon au pyjama rayé », « Shoah », nombreux sont les films abordant la terrible thématique des camps d’extermination. Mais ici, tout est différent, bien plus grave, bien plus immersif. Non pas parce que Nemes a voulu faire dans le « trash », loin de là ! Il a justement choisi la pudeur, la suggestion plutôt que la démonstration. En personnifiant son récit en la personne de Saul, un Sonderkommando, il filme les tabous avec beaucoup d’empathie et nous emmène dans une réflexion sur l’abomination des camps de la mort. Pour le réalisateur, dont une partie de sa famille a été endeuillée par la Shoah, ce sujet a une place centrale dans la mémoire de sa famille. Il dira d'ailleurs à ce sujet "C‘était un sujet de conversation quotidien. « Le mal était fait, me disait-on quand j’étais petit. Cela ressemblait à un trou noir, creusé au milieu de nous ; quelque chose s’était brisé et me maintenait à l’écart. Longtemps, je n’ai pas compris. A un moment, il s’est agi pour moi de rétablir un lien avec cette histoire". Le film choisi aussi de présenter les Sonderkommando dont on connaît peu l’existence. Ces prisonniers étaient choisis par les SS pour accompagner les autres prisonniers jusqu’aux chambres à gaz. Puis, une fois l'horreur passée, ils étaient chargés de brûler les corps après avoir nettoyés les lieux le plus rapidement possible afin d'accueillir de nouveaux convois et d'entretenir ainsi ce cycle de la mort. Les historiens estiment qu'à l’été 1944, elle fonctionne à plein régime (plusieurs milliers de juifs assassinés par jour). Les membres de ces Sonderkommando recevaient globalement un meilleur traitement que leurs semblables (nourriture, liberté de mouvement réduite, etc..) Cependant, leur tâche est épuisante et monstrueuse. La vie de ces hommes ne vaut guère plus que les autres. Aussi, ces derniers étaient éliminés au bout de quelques mois afin de ne laisser aucune trace. Le vrai tour de force du film a été de choisir Géza Röhrig pour incarner Saul. Ecrivain et poète hongrois, c’est la première fois qu’il met les pieds sur un plateau de cinéma. C’est d’autant plus incroyable quand on voit l’intensité de son jeu que bien de comédiens peuvent lui envier. C’est après une visite à Auschwitz que Géza décide de pratiquer sa foi juive. Il publie d’ailleurs deux recueils de poésie sur la Shoah : « Livre d’incinération » (« Hamvasztókönyv ») et « Captivité » (« Fogság »). C’est peut-être pour ces raisons que le réalisateur à confier ce rôle à l’écrivain? Toujours est-il que le choix est brillant et le résultat d’une authenticité impressionnante. Tout le film est ainsi construit autour de Saul, figure centrale qui erre dans les camps à la recherche d'un Rabbin pouvant enterrer dignement son fils. On étouffe comme le personnage, on se perd dans le camp, on cherche une épaule, une aide et on ne peut qu’espérer voir son projet aboutir avec humanité. Fait marquant, l’absence totale de musique, celle-ci laissant la place aux sons liés à la vie du camp : dialogues dans différentes langues, tirs, coups, hurlements, machinerie, tout est assourdissant. Les images suggérées sont parfois écoeurantes, mais la réalité ne l’était-elle pas ? La volonté du réalisateur n'a jamais été de montrer crûment l'horreur du génocide. Ici, nous percevons de la pudeur, du respect dans le traitement filmique envers ce passé pas si lointain. Cela se traduit par un mouvement de caméra extrêmement proche du personnage de Saul, mais sans jamais rien montrer explicitement. Nous sommes happés avec lui dans les chambres à gaz, puis au dehors dans une quête macabre mais tellement digne. Lorsque la vue de Saul se brouille à force d’en avoir trop vu, c'est la caméra qui devient floue. Lorsqu'il erre de façon fantomatique dans les dédales de l'antichambre de la mort, c'est la caméra qui ne capte plus aucune couleur, aucune vie…Lorsque les cris se font entendre, nous entendons aussi battre un peu plus vite le cœur du protagoniste et lisons le drame qui se joue…directement sur le visage de celui-ci. Nous vivons à son rythme, souffrons avec lui, partageons sa condition d'un père déjà mort de l'intérieur. Tel un zombie, il ne côtoiera plus vraiment les vivants, mais n'est pas encore éteint ; pas avant d'avoir accompli sa mission. Il survit...Il ne vit plus...et nous non plus. Récompensé par le Grand Prix du Festival de Cannes, « Le fils de Saul » est à présent en lice pour les Oscars 2016. Sélectionné dans la catégorie « Meilleur film étranger » il représentera la Hongrie et marquera encore, à coups sûrs, des milliers de spectateurs. Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2015 Durée : 1h47 Genre : Drame Titre original : Saul fia Note du film : 6,5/10 (par Sally) Résumé du film : Simon et Robyn Callen, viennent de s’installer dans leur nouvelle maison. Alors qu’ils font quelques achats en ville, ils tombent sur Gordo, un ancien copain de classe de Simon. Les jours qui suivent, leur nouvel ami dépose quelques cadeaux sur leur perron et passent régulièrement chez eux au point de s’immiscer un peu trop dans la vie du jeune couple. Cette intrusion va peu à peu les déstabiliser d’autant plus que Gordo ne semble pas toujours sincère. Mais il n’est pas le seul à manquer de franchise et cette nouvelle « amitié » va mettre à jour bien des secrets difficiles à supporter. Avis : Joel Edgerton, scénariste et comédien, passe derrière la caméra pour la première fois et nous propose un thriller psychologique finement réalisé. Vu dans de nombreux rôles tels que celui de Ramses dans « Exodus », Owen Lars dans « Star Wars », épisodes II et III et à l’affiche d’« Animal Kingdom », de « Warrior » ou encore de« Gatsby le magnifique », Edgerton ajoute une corde à son arc, sans pour autant toucher la cible en plein cœur. Si l’idée générale du film est intéressante et le long-métrage bien présenté, sa longueur voire sa lenteur nous a quelques fois faits décrocher. Par contre, au-delà du divertissement qu’il nous offre, il nous interpelle et nous questionne sur le rôle de victime ou d’oppresseur, sur les relations machiavéliques aux reproches insidieux, à la capacité de faire table rase du passé, de l’ampleur que peut prendre une vengeance, de la peur qu’une situation banale peut engendrer… Mais parlons du casting qui, à l’inverse de la dynamique du film est véritablement impeccable : Jason Bateman (« Comment tuer son boss ») incarne un Simon sûr de lui, heureux en affaires comme en amour, un bosseur au job valorisant et en quête d’une super promotion qui se profile à l’horizon. Mais derrière les apparences de gendre parfait, se cache un opportuniste capable de tout pour obtenir ce qu’il veut. Tantôt affectueux et inquiet, tantôt odieux, le comédien jongle avec ses sentiments avec beaucoup d’aisance. On a d’ailleurs adoré le détester et on découvre une autre facette de son jeu d’acteur et de sa personnalité. Pour interpréter la femme de Simon, Edgerton a fait confiance à Rebecca Hall et il a eu raison. Les cheveux courts, l’actrice vue dans « Transcendance », « Une promesse » ou encore dans « La maison des ombres » évolue dans son rôle avec beaucoup de sincérité et d’intensité. Peinée à l’idée de devoir rejeter cet ami un peu trop omniprésent, elle percera le mystère qui entoure son mari et son copain d’avant. Accablée par des problèmes personnels importants, elle devra garder la tête froide et ne pas retomber dans les déviances du passé. Enfin, parlons du rôle de Gordo. Non content d’être le scénariste et le réalisateur du film, Joel Edgerton revêt le costume du pote oppressant, généreux mais on ne peut plus étrange. Si on connaît peu de choses de sa vie et de son passé, on sait par contre qu’il n’est pas totalement doté de bonnes intentions. Pour quelles raisons entre-t-il dans la vie de ce couple fraîchement arrivé ? Pourquoi veut-il déterrer le passé ? Jusqu’où peut-il aller ? Toutes ces questions sont au centre de l’intrigue que l’acteur a imaginée et cela fonctionne ! Son personnage, inquiétant et ambivalent est présenté de telle sorte qu’on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre. Si on se doute des desseins qui l’animent, on ne sait par contre pas ce qu’il est capable de provoquer. Et çà marche ! « The gift » qui a reçu un bon accueil cet été aux USA a également engrangé une belle recette commerciale. Plus discret chez nous, le film est cependant bien programmé dans nos salles ciné. Faut-il pour autant le voir dans nos complexes préférés ? Sans doute. Le scénario est intéressant, bien que (trop ?) convenu et l’ambiance prenante. Les longueurs et le rythme un peu lent font de ce premier long-métrage un cadeau empoisonné : on aime le déballer mais on reste malgré tout sur un peu sur notre faim… Date de sortie en Belgique : 18 novembre 2015 Durée du film : 1h48 Genre : Thriller Note du film 7,5/10 (par Sally) Résumé du film : 1990, Minnesota, Etats-Unis. Bruce Kenner, inspecteur de police, est en charge d’un dossier particulièrement houleux : Angela, jeune adulte, accuse son père d’avoir abusé d’elle à plusieurs reprises. Chargé de l’enquête, il prend vite conscience que le prétendu violeur accepte de plaider coupable sans se souvenir d’avoir commis l’acte dont il est accusé. Bien décidé à mettre à jour la vérité, il fait appel à un psychologue capable de réactiver les souvenirs de ses patients grâce à une méthode d’hypnose : la régression. Ce qu’il découvre lors de son enquête est bien plus compliqué qu’il ne le pensait et impliquerait de nombreuses autres personnes dont il ne connaît pas encore l’identité. L’affaire ne fait que commencer… Avis : Nombreuses critiques du film étaient sévères et c’est donc avec quelques appréhensions que nous avons poussé la porte du cinéma. Bien qu’Alejandro Amenábar ait déjà livré quelques longs-métrages de qualité (« Les Autres », « Ouvre les yeux », « Mar Adentro ») celui-ci ne semblait pas entrer dans la même lignée. Le verdict est-il sans appel ? Pas du tout ! Alors que le générique défilait encore sur nos écrans, nous devions nous rendre à l’évidence : « Régression » ne mérite absolument pas la volée de bois verts dans il a été l’objet et reste, dans l’ensemble, un très bon film ! Voici notre petit débriefing : L’intrigue, peu dévoilée dans les bandes annonces et autres résumés, semble simple mais s’avère au final plus complexe qu’il n’y parait. Au départ de l’enquête, une accusation de viol qui tournera bien vite à une affaire de plus grande ampleur. A tel point que Bruce Kenner peinera à distinguer le vrai du faux et à avancer dans son enquête avec certitude. Nous-mêmes ne cessons d’imaginer ce qui s’est vraiment passé et qui sont les vrais coupables. Bien qu’au final, nous soyons peu surpris, nous aurons tout de même été en proie aux mêmes doutes que notre héros. Manipulation, mensonges, souvenirs flous et témoignages contradictoires s’associeront pour nous noyer dans une intrigue savamment ficelée et bien amenée. Le réalisateur espagnol montre une fois l’étendue de son talent et offre une atmosphère prenante et une histoire surprenante basée sur de faits réels. Avec « Régression », on apprend que le processus psychologique qui a donné son nom au film, est « un retour à des formes antérieures du développement de la pensée, des relations d’objet et de la structuration du comportement » et que l’hypnose a parfois été utilisée autrefois pour faire émerger les souvenirs enfuis et à comprendre les comportements de certains individus. Très critiquée, la méthode a montré de nombreuses failles et a fini par être discréditée. C’est ce que le film tentera de mettre en exergue. Notre véritable regret, parce qu’il y en a, a été le choix d’Emma Watson dans le rôle d’Angela. Peu convaincante, on ne parvient pas à faire abstraction de son jeu et à entrer dans l’histoire de son personnage. Les larmes coulent mais n’ont aucune sincérité et c’est bien dommage quand on sait que l’intrigue repose sur ses frêles épaules. Heureusement, Amenábar a une fois de plus choisi de mettre en avant un grand acteur dans le rôle principal. Après Nicole Kidman, Javier Bardem ou Rachel Weisz, il a fait l’excellent choix de confier l’enquête à un Ethan Hawke au sommet de sa forme. Vu récemment dans le très bon film « Good Kill » où il tenait un rôle profond et psychologiquement dense, ou dans « The Purge » en père de famille complètement dépassé par les évènements, il revient dans un tout autre registre et incarne un inspecteur de police très investi dans son enquête et en proie à de sérieux doutes. Il a certes perdu un peu de son charme d’antan mais a gagné en profondeur de jeu et nous embarque sans détour dans l’histoire qui est la sienne. Le casting secondaire est lui aussi dans le ton : Dale Dickey est une grand-mère déboussolée, le suédois David Dencick le père accusé, Devon Bostick un frère démissionnaire, même le psychologue consultant (David Thewlins) et les policiers du Minnesota s’impliquent dans le film autant que dans le scénario. Le cinéma d’Amenábar est souvent lent, on le sait. Il laisse souvent l’occasion de se plonger dans les atmosphères, de chercher la clé de ses intrigues, de suivre les personnages dans leur quotidien et il ne fait pas exception ici. Une fois de plus, on assiste à un film étiré à la différence que cette lenteur n’est pas nécessaire au récit et pourrait chloroformer certains spectateurs amateurs d’action. Oui, il aurait pu davantage dynamiser son film en balayant quelques scènes. Oui, on aurait pu se passer de certains échanges presque pompeux mais, on ne le blâme pas et on sait à quoi s’attendre en se plongeant dans ses réalisations. Accompagnés d’adolescents, nous avons pu constater que « Régression » leur avait beaucoup plu et les avait même interpellé. Inquiétant, stressant, moralisateur, il a été bien accueilli par ce public exigeant. Preuve qu’Amenábar peut toucher un public large et non asservis à sa cause. Nous restons donc sceptiques sur la raison des critiques parfois trop négatives et nous vous recommandons de vous forger votre propre opinion et d’aller voir ce film qui interpelle et vous ne laissera pas indifférent ! Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2015 Durée du film : 1h47 Genre : Thriller Titre original : Regression Note : 6,5/10 (par Sally et Stanley) Résumé du film : Lors de sa mort, M lui confie une dernière mission : traquer et tuer Sciarra, un membre d’une organisation criminelle dénommée SPECTRE. Alors qu’il œuvre sur le terrain de façon officieuse, le programme double zéro disparaît et Bond ne pourra compter que sur lui-même. Avis : « Spectre », le très attendu dernier opus de l’agent 007 fait beaucoup parler de lui et divise les adeptes des films d’espionnage…à raison. Sam Mendes, qui ne manque pas de ressources, propose un long métrage en demi-teinte et laissera les fans de la saga sur leur faim. Entre surprises et déconvenues, le nouveau volet peut laisser circonspect. Et si nous commencions par ce qui plaît ? Daniel Craig, qui revêt le smoking pour la quatrième fois, n’a rien perdu de sa superbe. Marqué par les âges, il évolue dans le film avec beaucoup d’énergie et de prestance. Rappelé à de nombreux souvenirs, il gardera la tête sur les épaules et mettra tout en œuvre pour mener sa mission à bien. Léa Seydoux est convaincante dans son rôle de James Bond Girl. Sensuelle sans être femme fatale, elle sait charmer l’espion autant que le spectateur. Habituée à des rôles plus en retenue, elle entre exponentiellement dans la danse avec beaucoup de classe et de professionnalisme. Au contraire de Monica Bellucci qui, bien que toujours très élégante, offre une prestation peu marquante. Mais là encore c'est une histoire de goût, d’autres ne seront pas de cet avis. Sam Mendes rend hommage à différents opus précédents et ce, dès le début du film où l’on assiste à la Fête des morts mexicaine qui pourrait nous faire songer au « Baron Samedi », l’ancien ennemi vaudou de Bond. De nombreuses références ponctuent régulièrement le long-métrage : la veste mao de Blofeld, son chat blanc angora, sa cicatrice, et sa volonté de récolter des informations secrètes en temps de paix (et de guerre) afin de les revendre au plus offrant. Ici, le problème étant qu'à l'heure de l'information et la désinformation, de nombreux films traitent de cette problématique de façon beaucoup plus précise. Nous avons eu l'impression qu'il s'agit ici d'un prétexte. On reste en surface et c'est bien dommage. Dans le même registre, le réalisateur britannique s'inspire clairement d'un autre James Bond : « Bons baisers de Russie » et filme, lui aussi, une scène de castagne entre Bond et un colosse dans un train semblable à celui de l'Orient Express. On sent l'hommage appuyé. Trop ? On retrouve ainsi les visages du Chiffre, de Dominic Greene ou encore de Silva, qui, on l’apprendra, appartenaient tous à la même organisation criminelle : SPECTRE (le Service Pour l'Espionnage, le Contre-espionnage, le Terrorisme, la Rétorsion et l'Extorsion). Cette organisation est apparue sur la toile en 1962 et était incarnée par différents acteurs dont le talentueux Donald Pleasence ; pour disparaître dès 1971 avec « Les diamants sont éternels » en raison d'un différend sur les droits réglé il y a deux ans. Dans le genre nostalgique, Vesper Lynd ou l’ancienne M. viendront aussi hanter la mémoire de Bond. A côté de cela, on a en effet un goût de trop peu, de déception à la sortie de la projection. Et pour de multiples raisons. Dès les premières minutes du film, on s’interroge sur l’orientation que Sam Mendes donnera à son film. Ainsi, le clip/générique de début laissera certains spectateurs dubitatifs. Sur fond de thème « Writing's On The Wall » de Sam Smith (bien moins prenant que d’autres mélodies bondesques), s’entremêlent des images suggérées et symboliques. Réussi techniquement, il sort un peu du contexte et peine à nous immerger dans l’univers tant apprécié de Ian Fleming. Notre plus gros regret vient sans doute du manque de carrure et de psychologie du Némésis de Bond. Un James Bond sans vrai méchant ? On ne croyait pas cela possible et pourtant ! Christoph Waltz (qu’on aime beaucoup d’ordinaire), incarne ici un Ernst Stavro Blofeld en mocassin et sans charisme. Rien à comparer avec le spectre des années 60. Ici, il se dresse de façon ridicule face à un Bond déterminé. Il ne nous apparaît pas menaçant, pas effrayant. Il traverse ce film en n'imprimant pas la pellicule. Contrairement à Javier Bardem (excellent dans « Skyfall »), il ne marquera pas les esprits ici. La faute à un ou des scénariste(s) paresseux ne comprenant pas bien quelle figure du mal Blofeld fut jadis. Nous assistons impuissants à un film extrêmement convenu, sans tension particulière : on taille une petite bavette avec notre héros, on le titille un peu, on lui promet de lourdes représailles… en vain ! Et que dire de cette fin ? Sans trop la dévoiler, elle manque de hargne, de tension dramatique… Elle est à l'image de ce manque d'ambition créatrice. Ensuite, le rythme du film nous donne une sensation de longueur. A plusieurs reprises, le spectateur se voit entraîner dans des scènes lentes et dispensables à l’intrigue. Avec ce tiers de temps en moins, on tiendrait peut-être une dynamique plus adaptée au genre du film. Ce Bond s'ouvre bien mais se perd en bavardages inutiles. Peut-être est-ce encore cette intention de rendre hommage… aux vieux films ? Enfin, les touches d’humour appréciables d’ordinaire sont parfois ici excessives et hors de propos. On s’approche par moment de la caricature du personnage de Bond et on regrette de voir Daniel Craig parodier le héros qu’il est censé incarner. Après l’excellentissime « Skyfall », il était difficile de faire aussi bien mais ne nous lançons pas dans une série interminable de comparaisons car chaque opus à ses forces, ses faiblesses et il faut prendre « Spectre » pour ce qu’il est : une sorte de bel hommage aux aventures de l’espion britannique et un bon divertissement rempli d’actions. Décevant, il garde néanmoins ce petit aura cher à notre agent secret. Le réalisateur, tout comme son acteur, ne souhaiteraient pas renouveler l'expérience. D'ailleurs, Sam Mendes déclara avoir terminé « un cycle » d'une façon appropriée. Jugez plutôt : «Il y a un sens d'achèvement qui n'était pas là avec « Skyfall » et c'est ce qui rend celui-là différent. J'ai le sentiment qu'il y a une justesse, que je suis arrivé à la fin d'un parcours». Cela s’en ressent d’ailleurs à regret, dans son dernier long métrage. Daniel Craig, lui, reste incertain sur la suite des aventures de James. Auront-elles toujours autant de saveur ou continueront-elles vers une chute ponctuée de heurts ? Seul l’avenir nous le dira ! Date de sortie en Belgique : 4 novembre 2015 Date de sortie en France : 11 novembre 2015 Durée du film : 2h28 Genre : Espionnage Note du film : 7,5/10 (par Sally) Résumé du film : « Le royaume des singes » est le tout dernier documentaire Disneynature. Ici, le décor choisi est la cité abandonnée de « CastleRock » (située au Sri Lanka) récupérée par une dynastie de macaques à toque. Régie par la loi de la jungle et par celle des singes, cette région d’Asie est le lieu privilégié d’une jolie histoire, celle de Maya. Née il y a 7 ans, tout en bas de l’échelle, cette jeune macaque donne naissance à un petit « garçon », (Kip) et devra tout mettre en œuvre pour le protéger et conserve sa place au sein du système. Avis : Sorte de « Jardin extraordinaire » pour petits et grands, « Le royaume des singes » est un documentaire instructif et magnifiquement filmé. Dixième à porter le label « Disneynature », le dernier long métrage de Mark Linfield et Alastair Fothergill vaut le détour. En effet, il présente une nature authentique et nous invite dans le monde des singes et des autres peuples de la jungle asiatique de façon immersive et ludique ! Les deux réalisateurs ont déjà collaboré sur des films du même genre : « Chimpanzés », « Un jour sur Terre», « Félins », ils sont loin d’être des novices en la matière. Avec « Le Royaume des singes », ils continuent dans la même lignée et offrent des images de grande qualité. Il leur a d’ailleurs fallu trois ans pour tourner filmer ce groupe de macaques et le résultat est vraiment impressionnant. En effet, présenté comme une histoire linéaire, ce documentaire est l’occasion d’en apprendre beaucoup plus sur l’organisation de ces petits singes. Ainsi, on découvre que leur rang social conditionne l’endroit où ils dorment, ce qu’ils peuvent manger, les privilèges auxquels ils ont droit. Raja, le roi du royaume des singes est entouré de trois reines particulièrement directives. Prioritaires dans de nombreux domaines, elles n’hésitent pas à empêcher les autres singes de profiter de leurs avantages. Le film, très instructif, décrypte les attitudes des petits animaux, leur organisation sociale, leur adaptation au climat, la recherche ingénieuse de leur nourriture… la société simiesque, à l’image de la nôtre, à ses règles, ses habitudes, sa hiérarchie propre et c’est avec grand étonnement que l’on assiste au déroulement de leur histoire. La relation mère - bébé incarnée par Maya et Kip est extrêmement touchante. Elle l’éduque, le protège des prédateurs, lui fait découvrir le monde qui les entoure. La tendresse qui s’en dégage est presqu’humaine. Et en parlant d’humains, les petits simiens n’hésitent pas à se rendre les Hommes et à provoquer des dégâts considérables… la cohabitation des espèces n’est pas toujours facile, qu’elle se fasse entre les animaux ou avec notre civilisation. Le petit bémol du film est certainement la voix off. Souvent utile pour donner des explications intéressantes, elle peut être aussi trop présente et devrait davantage laisser la place aux musiques et aux images. Mais cela reste du détail car pour le reste, on trouve véritablement ce qu’on est venu chercher. Un film documentaire de qualité et des images remarquables sur un fond musical très plaisant ! A voir pour tous les amoureux de la nature ! Sortie en Belgique : 4 novembre Durée du film : 1h21 Genre : Documentaire Titre original : Monkey kingdom Note du film : 6,5/10 (par Sally) Résumé du film : Becca et Tyler partent pour la Pennsylvanie afin de passer une semaine de vacances chez leurs grands-parents. Pour eux, c’est une grande première car ils n’ont jamais rencontré les parents de leur mère, en froid avec eux depuis très longtemps. Alors qu’ils pensent passer un séjour ordinaire et se rapprocher de leur famille, les deux enfants se rendent vite compte que leurs grands-parents agissent de façon anormale une fois la nuit tombée. Avis : Lors de ses premiers films, M. Night Shyamalan nous avait habitué à des films denses, originaux et non conventionnels. Alors qu’il s’était plutôt fait rare ces derniers temps, nous espérions renouer avec un univers intriguant... mais rien n’y fait. Son génie est une fois de plus en veille et « The visit » peine à nous tenir en haleine. Pour son dernier film, Shyamalan opte pour la technique du found footage fort prisée en ce moment. La méthode qui consiste à immerger le spectateur dans l’intrigue grâce à la caméra embarquée est plutôt bien adaptée au scénario et lui donne un ton plus grave. Malheureusement, loin d’être original, le procédé a tendance à vite lasser et aurait pu être utilisé de façon ponctuelle et non systématique. Si l’intrigue est plutôt bien écrite, il faut reconnaître que les scènes stressantes sont plutôt absentes ou très vite démontées par des explications rationnelles. On tourne davantage autour de la folie plutôt que du paranormal. Tradition oblige, M.Night Shyamalan ne manque pas de nous servir un petit twist surprenant mais bien moins important que dans le « 6ème sens », dans « Incassable » ou encore dans « Le village ». Plutôt bien amené, ce changement de situation donnera un coup d’impulsion au dernier quart d’heure de film, sans pour autant nous bouleverser outre mesure. Mais assez parlé de la réalisation, évoquons à présent le casting qui dessert le film. Les enfants, très matures et investis dans leurs rôles, sont interprétés par Ed Oxenbould (la jeune vedette du film « Alexandre et sa journée épouvantablement terrible, horrible et affreuse») et la méconnue actrice australienne Olivia DeJonge. En face deux, un couple de grands-parents peu ordinaires et inquiétants, joués magistralement par Deanna Dunagan (habituée à de petits rôles dans des séries) et Peter McRobbie (le Juge Walter Bradley dans la série « New York Police Judiciaire »). La seule figure relativement connue est Kathryn Hahn, qui cumule pas mal de rôles secondaires depuis les années 2000 et que l’on a vue récemment dans l’excellent film « Brodway Therapy » Si les fans apprécieront retrouver leur réalisateur, ils risquent cependant d’être peu marqués par ce nouveau long-métrage. En effet, présenté en avant-première de certaines nuits « Halloween », le film n’a rien d’horrifique. Au mieux, c’est un bon thriller sur brin de folie, au pire, une comédie stressante… il faut l’admettre avec « The visit », on rit plus qu’on ne tremble et c’est bien dommage… Date de sortie en Belgique : 11 novembre Date de sortie en France : 7 octobre 2015 Durée du film : 1h34 Genre : Horreur |
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