Résumé du film : Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Présenté dans la section « Un certain regard » lors du dernier Festival de Cannes, « Les hirondelles de Kaboul » vient prendre la suite d’autres longs-métrages d’animation éclairant pour adultes. Après « Funan » de Denis Do ou « Another day of life » de Raúl de la Fuente et Damian Nenow, c’est au tour de Zabou Breitman et de Eléa Gobbé-Mévellec de prendre place dans la lignée des métrages animés au sujet dense et grave mais aux tons pastel et crayonnés légers. Rendant ludique ou pédagogique un sujet complexe dont on traite régulièrement dans les médias, « Les hirondelles de Kaboul » suit l’histoire de quatre personnages principaux, évoluant dans une ville tombée aux mains du régime dictatorial des Talibans et où divertissement, intellectualité et liberté de penser n’ont plus leur place. Adapté du roman de Yasmina Khadra, le film a la belle idée de créer une distance avec son dur propos par le choix de l’animation fluide et soignée. Les aquarelles d’Eléa Gobbé-Mévellec, superbes, douces et colorées, contrastent à la perfection avec l’intrigue dramatique faites de des destins saccagés. C’est que rien n’est plus pareil dans la vie de ces deux couples prisonniers de leur statut et de leurs (en)vies. D’une part, il y a la belle artiste Zunaira et Mohsen, deux anciens enseignants reclus dans un petit appartement, deux amoureux qui font face à un régime où tendresse, transmission des savoirs et libertés individuelles sont sans cesse bafouées. De l’autre, il y a Mussarat et Atiq, un couple plus âgé touché par la maladie et la solitude. Si leurs destins ne font que s’effleurer, ils sont pourtant intimement liés et l’évolution de chacun d’entre eux nous entraine vers un final certes convenu mais d’une puissance tragique indéniable. Combattant chacun à leur façon l’obscurantisme mis en place, ils sont pourtant démunis et à la botte de talibans de plus en plus présents. Si la forme est le principal point fort de leur film, c’est parce les deux réalisatrices ont énormément travaillé en amont pour que le rendu soit le plus réaliste possible. Leurs héros, dont les ressemblances avec leurs interprètes (Zita Hanrot, Swann Arlaud, Hiam Abbas, Simon Abkarian, Michel Jonasz etc.) sont évidentes, ne sont pas que le fruit d’un doublage ordinaire. Ils sont le résultat d’une véritable interprétation live qui a ensuite été retransmise sur papier et animée avec délicatesse. Ainsi, la justesse des émotions et des propos est on ne peut plus crédible, bien que le dessin crée malgré tout une distance certaine et une authenticité quelque peu atténuée, notamment par le choix peu judicieux d’utiliser la langue française pour conter un récit se déroulant en Afghanistan… Sommaire, l’animation semble être le choix parfait pour traiter d’un tel sujet sans crouler sous des jets de pierre. Se trouvant à mi-chemin entre fiction et réalité, abstraction et prise de position, « Les hirondelles de Kaboul » n’est peut-être pas le film d’animation de l’année mais a le mérite d’adapter sur grand écran une dure réalité dont le quotidien nous est parfois encore totalement étranger. Date de sortie en Belgique/France : 4 septembre 2019 Durée du film : 1h21 Genre : Animation
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