Après la clôture de sa trilogie quelque peu poussive et en deçà de ce qu’on pouvait en espérer et une adaptation du « Château de sable » bien trop expliquée, le réalisateur américain revient avec ce qu’il sait faire de mieux : proposer un climax anxiogène et prenant, une ambiance qui fait ouvrir nos yeux en grand, redoutant la scène suivante le cœur battant, bref, immerger le spectateur au plus près de son intrigue, de ses personnages et son monde dérangeant. Excellent raconteur et illustrateur minimaliste d’un genre bien trop absent de nos écrans, M Night Shyamalan montre, avec « Knock at the cabin », qu’il a encore tout des grands ! Huis clos palpitant au casting époustouflant, le film est adapté d’un roman au titre interpellant (« The Cabin at the End of the World») mais semble tout droit sorti de l’imaginaire d’un metteur en scène qui sait décidément y faire et l’adapter à merveille pour le grand écran. Ecrit sur mesure pour son œil affuté et ses propositions que l’on a adoré découvrir il y a quelques années, le livre de Paul G. Tremblay était le terreau idéal pour voir renaître le Phénix de ses cendres et marquer durablement le spectateur qui pousserait la porte de cette cabane isolée. S’il est difficile de parler du 16ème long-métrage sans le spoiler, on peut néanmoins dire que le sujet « sauverez-vous votre famille ou l’humanité » n’a jamais été si bien exploité. Thriller psychologique intense sur fond d’horreur « humaine » mais jamais gratuite, « Knock at the cabin » nous tient en haleine, nous renvoie à nos peurs et nos craintes les plus profondes et nous fait tressaillir durant moins de deux heures palpitantes où rien ne semble jamais couru d’avance. Magistral dans sa réalisation et sa spatialisation sonore, impeccable dans la tenue de son casting hétéroclite (cochant toutes les cases des représentations ethniques, sociales et sexuelles de notre société actuelle) où l’on croise Rupert Grint, Dave Bautista, Nikki Amuka-Bird ou encore la toute jeune Kristen Cui, « Knock at the cabin » marque sans conteste le retour gagnant d’un Shyamalan qui nous avait manqué, celui qui parvenait à nous faire trembler tel un enfant enfoui sous sa couverture lorsqu’une histoire effrayante lui était racontée… A ne pas manquer !
Petit plaisir coupable dont on perçoit un extrait dans le résultat final, cette « réclame télévisée » est l’occasion de permettre à Night Shyamalan de réaliser son traditionnel caméo, ce qui paraissait plus difficile (de par le choix du huis clos) et pourtant ! Son intervention dans la petite lucarne via le téléshopping, est une excellente façon de venir faire son traditionnel coucou et le découvrir en entier est un petit régal ! « Faire les bons choix : dans les coulisses de Knock at the Cabin » (23’38) est LE bonus à visionner si vous manquez dedans. Dans cette vingtaine de minutes, on reçoit toutes une mines d’informations parmi lesquelles comment Shyamalan a découvert le livre qu’il a adapté, les acteurs de celle du script, le questionnement que le film suscite en nous, la présentation de l’histoire par ses protagonistes et le producteur du film, combien l’intrigue est proche d’un récit biblique transposé à notre époque mais aussi comment elle a enthousiasmé Shyamalan autant que l’idée de prendre une nouvelle dynamique avec cette famille homosexuelle. Les points de vue opposés de la même situation par les membres du couple formé par Eric et Andrew, la direction d’acteur de Shyamalan, l’importance du rôle phare de Dave Bautista pour guider les autres personnages et acteurs qui représentent tous une partie de l’humanité, le point de vue de tous (et surtout de Dave Bautista) sur le travail de Shyamalan, sa minutie, sa pensée du film (via son story board) et les couleurs qui y seront associées ou encore l’inclusion des spectateurs dans le sujet… Tout ça et bien plus, c’est ce que l’on découvre dans ce bonus qualitatif digne d’une leçon de cinéma. « Les outils de l’apocalypse » (5’03) est un bonus mettant en lumière la technique et la conception des outils qui représentent l’esprit et l’ambiance du film. Cagoules et armes sont en effet des éléments importants qui doivent donner l’impression qu’ils ont été faits mains pour les besoins de la mission. Les confidences de la costumière, du producteur designer et du concepteur des armes en différents matériaux pour les cascades ou prises de vue sont mis en avant durant 5 minutes copieuses et très instructives. « Story board » (3’36) complète assez bien le bonus « Faire les bons choix ». Evoquée précédemment, l’excellence de Night est autant présente dans ses films que dans son story board. En effet, en quelques minutes, on comprend combien les moindres phrases sont détaillées et pensées et combien tout est tellement préparé à l’avance que son story board apprend énormément de choses sur son film. Night travaille des mois en amont, pense les textures, couleurs, cadres, comme l’évoque son chef décorateur et le style visuel changeant à chaque film, c’est un médium précieux pour comprendre ce qu’il veut. Tout est millimétré et les acteurs ne font finalement plus qu’une chose à faire : donner vie à ce qui a été pensé et lui faire honneur.
Genre : Thriller psychologique/Horreur Durée du film : 1h40 Durée des bonus : 40 minutes dont un making of de plus de 20 minutes
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