oloré, pop, solide et décomplexé, le long-métrage de Cathy Yan négocie largement le virage entamé par le décevant « Suicide Squad » de David Yate sans non plus totalement s’en détacher. Spin off de qualité, « Birds of prey » est la bonne surprise estampillée DC Comics « Derrière chaque homme se trouve une fille badass » Cet homme, c’est « J », « poussin », celui qui a fait chavirer le cœur du Dr Harleen Quinzel, devenue Harley Quinn par amour pour son Joker. Jeté aux oubliettes et totalement absent des rues de Gotham City dans la version de notre chère Cathy, son ombre plane pourtant sur le cœur de notre joyeuse midinette à couettes, en pleine crise existentielle post rupture et en quête, comme le nom du titre en version originale l’indique, d’émancipation. Son château de cartes effondré et les vils coups bas du tandem de choc n’étant plus que des bribes de souvenirs, notre écervelée préférée s’expose à de nombreuses représailles et doit faire preuve de ténacité face aux ennemis et aux difficultés que sa nouvelle vie va lui apporter. Mais qu’importe le défi, Harley Quinn a plus d’un tour dans son sac et fonce tête baissée dans une nouvelle aventure étourdissante où bastons, humour, décalage et action sont légion. A l’image de ses cartouches de paillettes et de fumigènes colorés, l’histoire fantabuleuse que notre héroïne décide de nous livrer entre dans le moule du cartoon et de ses croquis colorés avec une aisance et un esthétisme qui ne cesse d’émerveiller son public médusé. Exit les rues sombres et crasseuses de Gotham, Harley Quinn nous entraîne dans son Chinatown où l’air fleure bon les sandwiches œufs/fromage/bacon et où la mode décontractée aurait fait surkiffer Warhol et ses adeptes de la Factory. De son appart surréaliste aux docks embrumés en passant par une fête foraine où on aurait aimé se balader, l’univers d’Harley Quinn est à l’image de son personnage principal : déjanté ! Si la menace de Black Mask (Ewan McGregor décidemment très à l’aise dans les superproductions de cet acabit) pèse sur notre attachiante Harley, ce petit détail n’est là que pour nous rappeler que rien ne s’acquiert sans effort et que sa liberté, Miss Quinn va la payer au prix fort. Accompagnée dans sa quête par trois autres héroïnes en devenir (Black Canary, Huntress et Renee Montoya, les Birds of Prey du titre) et de la toute jeune pickpocket Cassandra Cain, Harley Quinn enchaîne les missions risquées sans jamais se décourager. Girlpower ! Si le film repose essentiellement sur la prouesse d’une Margot Robbie toujours plus surprenante et bluffante (ici comme dans « Moi, Tonya ») son scénario, ses dialogues, sa réalisation et sa bande originale viennent conforter les premières bonnes impressions d’un film qui aurait pu s’avérer casse-gueule. Le pari est relevé et ce « Birds of Prey » s’avère être un film d’action mené avec panache et dérision. Si on lui préfère nettement (et comme toujours) la version originale, c’est que le doublage français risque bien d’altérer l’interprétation sans faille de Margot Robbie, dans ses présentations en voix off comme dans celles faites face caméra. Introduite avec malice et humour, l’intrigue du film est riche et ne manque pas de mêler plusieurs histoires a priori indépendantes avant de se voir connectées dans un ensemble judicieux mis en lumière par un jeu de va et vient conté par notre narratrice de premier choix, dont la folie manque cependant parfois d’un tantinet d’audace. Côté réalisation, rien à redire : tout s’articule de façon fluide. La violence est certes au rendez-vous et l’hommage à l’univers tarantinesque appuyé, « Birds of prey » n’en reste pas moins un film grand public aux contours comics magnifiquement dessinés. Les décors sont grandioses et les scènes d’action (dont certaines sont totalement hallucinantes et chorégraphiées à la perfection) lisibles à l’écran et le feu d’artifice proposé de grande qualité. Petit bémol cependant… Si on apprécie pleinement les petits clins d’œil aux tubes It's a Man's Man's Man's World de James Brown et Diamonds are a girl’s best friend de Marilyn Monroe ou que l’on se délecte des morceaux pop et rock d’une playlist originale bien achalandée, on regrette que la partition du génial Daniel Pemberton (auteur de la bande originale de « Brooklyn Affairs» ) soit reléguée au second plan, rendant par moment le film un peu trop bruyant et prégnant que pour l’apprécier pleinement. Totalement décomplexé, ultra coloré et savamment maîtrisé, « Birds of prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn » de Cathy Yan n’est pas qu’un film féministe estampillé DC Comics. C’est un pop corn movie des plus appréciables où rayonne une Margot Robbie au sommet de sa forme et de son art. Un incontournable qui réhabilite d’une bien belle façon ce que « Suicide Squad » avait rendu abscons …
► Les bonus Comme souvent dans cette collection, beaucoup de bonus de qualité sont au programme de sa version blu-ray, à commencer par "Vue en mode Harley Quinn" qui est, en réalité, une relecture complète du film grâce à la vision du film entrecoupée de différentes interventions. Alors que des vignettes de bandes dessinées renseignent le spectateur sur les anecdotes liées aux personnages ou à son univers, les actrices interviennent à certains moments stratégiques pour nous livrer leurs impressions du tournage. Mais c’est aussi le cas de l’équipe technique du film ! Aussi, de nombreuses et riches interventions concernent les responsables des décors, des costumes, des cascades, et même de la production. Très instructives, ces anecdotes nous apportent de nombreuses informations le processus créatif du film. Dans les plus petits contenus additionnels, une série de petits chapitres tout aussi sympathiques. "Birds of Prey : qui se ressemble s’assemble" se veut beaucoup plus classique dans son approche puisque cette séquence donne surtout la parole aux actrices et à la réalisatrice qui expliquent la manière dont elles ont apporté des éléments personnels dans la construction du film alors que "Romanesque" est centré sur le rôle du vilain Roman Sionis interprété par Ewan Mcgregor. On y voit avec plaisir les improvisations et propositions du comédien qui s’est véritablement approprié le rôle de ce dandy du mal ! "L’ Amour à la roulette" revient, comme son nom l’indique, sur la fameuse scène du roller derby avec la responsable des cascades. Margot Robbie a suivi un entrainement intensif pour être crédible dans les nombreuses scènes d’action du film. "Crasse et crimes" quant à lui, met en lumière le chef décorateur K.K Barrett qui se confie sur sa vision de l’univers coloré présent dans le film. L’équipe technique intervient sur les différentes ambiances conçues et qui témoignent de la personnalité trouble d’Harley Quinn. "La santé mentale c’est has been" nous informe sur les costumes et la manière dont ils ont été pensés pour être conformes aux personnages qui les revêtissent. L’avant-dernier bonus est intitulé "Les Geeks sauvages" et il épingle les principales trouvailles qui donnent à voir sur la folie de son personnage principal, et plus largement, sur l’univers décrit. Cela va des séquences d’attaque du commissariat avec un flash ball produisant des paillettes aux tenues flashy, en passant par l’intégration en 3D d’une hyène appliquée au berger allemand présent sur le plateau ! Enfin, le court "bêtisier" vient clôturer cette partie déjà très riche. Genre : Action/aventure Durée du film : 1h49 Durée des bonus: 2h de bonus donc une relecture fun du film Titre original : Birds of Prey (And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn)
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