Cinéaste de l’authenticité, le jeune canadien nous a ravi, en quelques années, de films de qualité. Si nous n’avons pas pu découvrir son dernier long métrage (Ma vie avec John F. Donovan), sa filmographie a toujours éveillé en nous des sentiments sincères et une réelle empathie pour ses héros et ses sujets traités. Sa finesse d’écriture, son sens de la mise en scène et de la rythmique font que de chacune des plongées dans son univers, une quête des sentiments enfouis dans ses métrages comme dans nos propres vies. Avec « Matthias et Maxime », Dolan revient à ses premières amours, livre une part de lui-même et éveille une partie de la nôtre, nous marque au fer rouge en évoquant l’essentiel : l’amitié vraie, le partage, le soutien indéfectible de ceux qui sont petit à petit devenus une vraie famille de cœur. Lumineux, son film obtient les faveurs d’un automne qui nourrit joliment une série de plans que l’on contemple avec quiétude et infinie tendresse ou celles de soirées animées qui rappellent celles de nos propres jeunesses. Et parce qu’il est exempt de démonstrations futiles, son métrage se savoure de bout en bout et finit par nous faire un bien fou. Gabriel, Xavier et les autres Amis depuis de longues dates et complices à l’écran, Gabriel d’Almeida Freitas et Xavier Dolan prêtent leurs traits à Matthias et Maxime, deux potes qui ont tout traversé ensemble, ont grandi côte à côte et ne sont jamais quittés. L’un vit une existence pépère et une relation de couple stable alors que l’autre gère une mère colérique dont les dures paroles glissent sur la carapace de son indifférence. Mais derrière cette armure se cache un garçon fragile, affectueux et en souffrance, un ami fidèle qui vit par les rires de sa bande et les rencontres qui le nourrissent et le font se sentir aimé. Aussi, lorsqu’une amie exubérante demande à Matthias et Maxime de la dépanner pour le tournage de son court métrage, les deux copains, un peu réticents, acceptent de relever le pari. Mais le baiser échanger furtivement devient objet de troubles chez les deux amis d’enfance. Non pas qu’ils ressentent une quelconque attirance, mais parce qu’ils découvrent que leurs sentiments sont sans doute plus forts que ceux qu’ils ne se sont jamais avoués. S’ensuit une série de questionnement, d’interprétations et de dissensions, de tensions mais aussi de distances qui rassurent et mettent à rude épreuve l’amitié pure que chacun a toujours nourrie, chérie et alimentée. Occultant la souffrance de Maxime pour mieux cacher sa propre fragilité, Matthias va changer. Et avec lui, c’est tout l’équilibre d’un groupe soudé qui se voit ébranlé. Film choral dans lequel on évolue avec délice, « Matthias et Maxime » permet à chacun de trouver sa place et d’exister. Il y a certes les rôles phare de Gabriel d’Almeida Freitas et Xavier Dolan, mais aussi tous ceux qui gravitent autour de ce tandem efficace et d’une belle sincérité. Terriblement touchants, les deux compères font battre nos cœurs, de bonheur mais aussi de douleurs et parviennent, sans en faire des tonnes, à nous impliquer et nous interroger sur cet événement que l’on aurait pu nous aussi difficilement gérer. Toujours soignés, incisifs et d’une ingénieuse efficacité, les dialogues spontanés de Dolan bétonnent une histoire simple (mais loin d’être simpliste) et rendent sa structure d’une solidité exemplaire, preuve incontestable que le jeune trentenaire est décidément un cinéaste surdoué. Hyperactif ou tout simplement passionné, on ne compte plus les rôles tenus dans l’ombre ou la lumière des caméras par ce jeune artiste engagé mais ce qu’on lui préfère, c’est le rôle de narrateur dont il nous a, aujourd’hui encore, formidablement comblé. Nombreux sont ses films à nous émouvoir, nous questionner, nous ouvrir sur d’autres réalités mais ceux qu’on lui préfère sont ceux où transparaissent un peu de ce qu’il est ou a été. « Matthias et Maxime » fait partie de ceux qu’on prend plaisir à voir et redécouvrir, un petit bijou qui brille dans son fond comme dans sa forme et que l’on aime contempler comme s’il avait appartenu à notre propre passé. Un film comme on les aime et qu’on n’a pas vu passer, un métrage pour lequel on ne peut que le remercier. Date de sortie en Belgique : 12 février 2020 Durée du film : 1h59 Genre : Drame
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