C’est que les excellents « Que Dieu nous pardonne », « La isla minima » ou « La colère d’un homme patient » nous avaient captivé des heures durant si bien que les réalisations ibériques de cet acabit obtenaient généralement toutes nos faveurs. Mais force est de constater que n’est pas Rodrigo Sorogoyen qui veut… Après un premier tiers intéressant dans lequel on plonge avec engouement et réel intérêt, Calparsoro opte pour un changement de point de vue et se place du côté des fans de l’inspecteur Columbo, nous livrant l’identité du tueur en série tant redouté et mettant à mal tout le suspense qui avait jusqu’ici impeccablement installé. Si on ne connait pas les motivations ni le lien que notre tueur en série entretient avec l’enquête initiale (dossier bouclé 20 ans plus tôt), notre meurtrier scrupuleux joue au chat et à la souris avec l’inspecteur principal chargé de l’enquête et s’amuse d’une situation qui semble tous les dépasser, lui y compris. Cela aurait pu fonctionner si tout l’intérêt du film n’avait pas été sacrifié à la fin d’un premier tiers jusqu’ici bien calibré et au-delà duquel, on se met (comme l’enquête) à piétiner. Indices trop appuyés, liens évoqués et lourdement illustrés, la deuxième partie du film rompt totalement le ton de la première qui était, elle, beaucoup mieux maîtrisée. Parfois confus, le déroulement du fil scénaristique s’entortille à diverses reprises, nous bloquant ou nous déconcertant par les choix opérés dans l’intrigue tant dans sa mise en scène que dans ses intentions… Certes nous avons bien compris que le « Tueur des endormis » court toujours dans la nature et que le premier meurtrier qui croupis derrière les barreaux n’est qu’un bouc-émissaire. Mais pourquoi a-t-il laisser filer autant de temps entre sa première période de chasse et la suivante ? Pourquoi a-t-il attendu la libération du premier condamné pour se remettre à tuer ? Quel lien entretient-il avec les protagonistes qu’il semble déjà bien cerné ? Ces questions, qui trouveront peu à peu leurs réponses, tardent à venir à tel point que l’on s’impatiente vraiment durant la dernière partie du métrage et détournons notre attention, comme le ferait les amateurs de sieste partis piquer un roupillon après l’ouverture des dernières aventures de Peter Falk… S’il est loin d’être à son premier coup d’essai, Daniel Calparsoro s’embourbe dans les marais d’une adaptation de laquelle il semble difficilement se dépêtrer. Pourtant son casting exemplaire (dans lequel on trouve Javier Rey, Aura Garrido ou Belén Ruedo) se donne corps et âme pour faire vivre les personnages du roman de Eva García Sáenz de Urturi avec crédibilité et profondeur, des comédiens qui tentent vaille que vaille de sauver ce qui peut l’être sans jamais pourtant y arriver… Décevant à plus d’un titre, « Le secret de la ville blanche » ne continuera pas à faire briller les lettres de noblesse des thrillers espagnols dont Sorogoyen, Amenabar ou Balaguero ont le secret. Vite vu, vite oublié, son secret ne se trouve que dans son titre… dommage ! Durée du film : 1h50 Genre : Thriller Date de sortie sur Netflix : 6 mars 2020 Titre original : El silencio de la ciudad blanca
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