Avis : Teen movie féministe de plutôt bonne facture, « Moxie » pourrait susciter quelques réactions auprès des jeunes et leurs parents après un visionnage offert par la plateforme VOD Netflix. Plus profond qu’il n’y parait, le discours tenu par l’humoriste et actrice Amy Poehler dans sa nouvelle réalisation est l’occasion idéale d’interroger notre société actuelle sur bien des aspects : harcèlement, sexisme, viol, liberté de parole, discrimination sont ainsi au centre d’un long-métrage plutôt maîtrisé. En dénonçant l’inégalité des sexes derrière un ton léger mais aussi plus dramatique qu’attendu, « Moxie » prend certes parti pour la jeunesse et les femmes en général, mais le fait habilement et sans trop de manichéisme. En s’adressant directement aux adolescents, génération chouchoutée en mal de vivre, une frange importante de notre société qui n’a pas toujours su trouver les armes pour se faire entendre et se faire respecter, Amy Poehler tente de montrer que rien n’a véritablement changé depuis mai 68 (n’avons-nous d’ailleurs pas régressé ?) et que l’engagement n’est pas réservé aux lanceurs d’alerte et aux défenseurs du mouvement #metoo, il peut être partout ! « Entre agacer et agresser, il n’y a qu’un pas » Employant les canaux les plus utilisés par les générations Z et Alpha (parmi lesquels Netflix et les réseaux sociaux) « Moxie » parvient à imposer son discours sans trop d’encombre, dans un métrage maîtrisé tant au niveau de son interprétation et son format que dans ses dialogues et son rythme soutenu. Très vite, les clichés et la course à la popularité font place à une mise en lumière des préoccupations de nos adolescents, à savoir la difficulté d’assumer ses choix, sa personnalité alors qu’ils sont sans cesse brimés, peu entendus ou jugés par leurs pairs. Si les adultes ne sont pas épargnés (on en veut pour preuve la dénonciation du manque de réaction de la part de la direction du lycée face au harcèlement moral et sexuel), le cœur du sujet se situe bien dans les couloirs et la vie intime des collégien(ne)s en manque de repères et biberonnés aux clichés qui ont la dent dure depuis de nombreuses années. Aussi, lorsqu’un magazine/fanzine vient libérer la parole et bousculer les rangs, nombreuses sont les jeunes filles (et autres sympathisants) à mettre un mouvement en marche et faire entendre le cri et le SOS d’adolescentes en détresse. Grâce à ses profils bien étudiés et l’attachement que l’on porte à ses personnages de premier et second plans, « Moxie » parvient à créer le lien entre les spectateurs de tous âges et les réalités dénoncées. Peu jugeant, le point de vue proposé par Amy Poelher se veut « réaliste » et non défaitiste, pluriel et progressiste. L’homosexualité, le racisme, le sexisme, le patriarcat et le harcèlement sont taclés de façon presqu’élégante, rendant le film agréable à suivre, à l’instar d’autres teen movies engagés comme « Eight grade », « The hate u give », « Lady Bird », « 1 :54 » ou encore « Booksmart ». En optant pour un casting hétéroclite dans lequel on retrouve notamment Hadley Robinson (l’héroïne que l’on a découvert dans « Little women » ou récemment dans « I'm Thinking of Ending Things » également sorti sur Netflix), Alycia Pascual-Peña (Aisha Garcia dans la nouvelle version de « Sauvez par le Gong »), Lauren Tsai (qui a participé à l’émission de télé réalité « Terrace House: Aloha State »), Nico Hiraga (« Booksmart ») ou encore Patrick Schwarzenegger (le fils de), « Moxie » risque bien de faire mouche auprès de son jeune public friand d’intrigues se déroulant sur les campus des lycées.
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