Note du film : 8/10 (par Sally) Résumé du film : Gerda et Einar Wegener forme un couple d’artistes danois. Mariés depuis six ans, ils voient leur quotidien basculer lorsque Gerda demande à son mari de poser pour elle en tenue de danseuse. Pour Einar, c’est le déclic… la féminité qui sommeillait en lui depuis toujours se réveille et il n’a plus qu’une obsession en tête : devenir une femme, devenir Lili. Avis : Emouvant, instructif et très remarquable visuellement, « The Danish girl» soulève une problématique très controversée au début du siècle et encore marginalisée de nos jours : le transgenre. Mais ce qui marquera les esprits des spectateurs, c’est la sublime histoire d’amour dont ils sont les témoins privilégiés. Tom Hooper nous a déjà emmené dans de nombreuses époques et aux côtés de personnages emblématiques : « Le Discours d’un roi », « Les Misérables », c’était lui ! Ici, il choisit de planter le décor des années 30 et d’aborder un sujet sensible : celui du transgénérisme. Exploité à plusieurs reprises au cinéma, le thème nous fera forcément à l’histoire de « Laurence Anyways » de Xavier Dolan, plus contemporaine mais tout aussi difficile à aborder dans une société dite tolérante et pourtant encore réticente... Ici, l’histoire présente la vie de deux personnages extraordinaires. Celle de Gerda, la femme de Einar, qui voit sa carrière de peintre décoller lorsqu’elle prend son mari féminisé comme modèle. Mais lorsque la gloire lui sourit, c’est son univers amoureux qui s’obscurcit. Par amour pour lui, elle acceptera son besoin de transformation, celui d’entrer dans la peau d’une femme en revêtant tous les apparats d’une dame de son temps. Einar, lui, délaisse sa passion pour l’art pictural et n’a plus qu’un but en tête : devenir la femme qui sommeillait en lui et laisser Lili, son double féminin, s’exprimer au grand jour. D’abord taxé de schizophrénie, Einar parviendra à imposer son souhait de quitter le corps masculin duquel il a été trop longtemps prisonnier. Et ce n’est pas aisé à concrétiser lorsque le transgenre est encore trop méconnu et perçu comme une perversion voire une maladie grave à « éradiquer ». Le duo de comédiens qui œuvre dans « The danish girl » est magistral. Le travail de préparation des deux acteurs est réel et mérite vraiment d’être souligné. Alicia Vikander (« Agents très spéciaux code U.N.C.L.E », « Ex-Machina », « Royal Affair ») est sublime ! Touchante, aimante, courageuse, elle est une alliée incroyable, une amoureuse inconditionnelle et saura épauler son mari tout au long de son parcours. Eddie Redmayne (bientôt à l’affiche des « Animaux Fantastiques », le « spin-off » d’Harry Potter), de son côté, a fait un énorme travail d’interprétation et fait vivre son personnage avec beaucoup de sensibilité. Incroyable, il ne lésine pas sur les moyens et on assiste à sa transformation tout au long du film au point de nous faire oublier qui il était au départ. Pour parfaire son rôle, le comédien n’a pas hésité à donner de sa personne, changeant son physique et perdant de nombreux kilos pour les besoins du film. Lorsqu’il sourit, c’est le visage de Lili qui s’illumine et le bonheur de son personnage transcende tout et nous atteint droit au cœur. Les émotions sont fortes et ne manqueront pas de vous toucher. Autre très belle surprise : Matthias Schoenaerts qui, en mode dandy, deviendra un soutient indéniable pour le couple et offrira son amitié sans juger. Reparti bredouille des Golden Globes et de la Mostra de Venise, le film tentera encore sa chance aux BAFTA Awards. Nommé dans deux catégories aux Oscars 2016 (Meilleure actrice dans un second rôle pour Alicia Vikander et meilleur acteur pour Eddie Redmayne), « The Danish Girl » n’a pas fini de faire parler de lui et peut toujours faire l’objet d’une jolie récompense. S’il souffre de quelques longueurs, le film vaut vraiment la peine d’être vu, pour la reconstitution de l’époque, pour ses costumes incroyables, sa musique qui nous porte et pour son histoire (vraie) magnifiquement mise en images. Date de sortie en Belgique et en France : 20 janvier 2016 Durée du film : 2h00 Genre : Biopic
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Note du film : 9/10 (par Sally) Résumé du film : 1823. Hugh Glass, trappeur expérimenté accompagne un groupe de pionniers en quête de peaux de qualité. Père d’un jeune homme mi-Américain, mi-indien, sa situation est plutôt mal vue et ses méthodes ancestrales controversées. En route, il est attaqué par un grizzli et très gravement blessé. Quasiment laissé pour mort par un bon nombre de ses compagnons de fortune, Glass décide de se battre pour vivre. Affaibli, il n’aura de cesse de penser à sa vengeance et prendra la route pour retrouver celui qui l’a trahi. Avis : Il a tant fait parler de lui que son arrivée dans les salles en ce début d’année nous apparaissait comme une bénédiction. « The Revenant », grand favori des Oscars, déjà récompensé aux Golden Globes, a vraiment de quoi cueillir un large panel de spectateurs. Mais attention s’il a énormément de raisons d’attirer les foules, il faut aussi vous avertir que le film, dur à voir, n’est pas non plus un film familial tout public. En effet, le long-métrage propose une thématique bien précise : celle d’une survie dans des contrées sauvages en proie à un hiver glacial. Et la réussite est telle que nous frissonnons avec nos héros, tant à cause des températures extrêmes qui les assaillent que par les mésaventures qui les attendent. Prenant, le film se veut aussi totalement immersif : il prend son temps et fait des nous les spectateurs privilégiés d’une ahurissante épopée. Basé sur une histoire vraie, celle de Hugh Class et adapté du roman « Le revenant » de Michael Punke , « The revenant », le film, nous emmène dans les tréfonds d’une Amérique sauvage où pionniers et indiens se battent pour les ressources de territoires immenses. Dans son précédent film « Birdman », adulé par la critique et récompensé à maintes reprises (notamment aux Oscars), Alejandro González Iñárritu nous servait un film dense et très dynamique. Ici, il prend un contre-pied total et offre un film contemplatif où la survie prend le pas sur tout le reste. On le croyait à la quintessence de sa réalisation mais « The Revenant » est la preuve que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Et quelle surprise, quelle claque ! Au-delà de l’histoire personnelle des personnages et de l’injustice dont ils sont parfois victimes, le film d’Iñárritu nous interroge : l’hostilité vient-elle de la nature ou de l’Homme qui l’envahit ? Jusqu’où peut-on puiser notre énergie par asservir une vengeance ? Leonardo DiCaprio excelle à nouveau dans un genre radicalement différent de ce à quoi on est habitué. Mais dans quel rôle ne l’est-il pas ? De Gasby à Jordan Belfort (« Le loup de Wall Street ») en passant par J. Edgar Hoover ou Teddy Daniels (« Shutter Island ») , l’acteur fétiche de Martin Scorsese nous a toujours démontré que son talent était réel et encore jamais égalé à ce jour! Il ne fait pas exception ici et crève véritablement l’écran ! Léo est grandiose, oui, mais les autres comédiens aussi ! Tom Hardy est méconnaissable. Nommé comme meilleur acteur dans un second rôle aux Oscars 2016, il est l’égal de DiCaprio et un Némésis extraordinaire. Barbu, rustre, il se fond dans son personnage avec un talent incommensurable et nous contraint à le détester tant son jeu est parfait. Le réalisateur a eu l’excellente idée de faire s’affronter deux vedettes incontestées de notre époque ! Pour que la réussite soit totale, il fallait un casting secondaire de qualité et Iñárritu a su le trouver : dans les seconds couteaux, qui n’en sont pas réellement, Domhnall Gleeson, vu tout récemment dans le rôle du Généra Hux dans « Star Wars VII » , Will Poulter, jeune acteur de 23 ans, découvert dans le premier volet du « Labyrinthe » de Wes Ball ou encore Forrest Goodluck , le jeune Hawk, fils de Glass. Face à ces « Américains », des Indiens sont tout aussi crédibles (Duane Howard, Melow Nakehk’o, Arthur Redcloud) Issus de multiples univers, ils ont cependant un point commun. Tous ces acteurs intègrent l’immensité de la nature qui les entoure avec empirisme, ils luttent contre le froid, contre leurs ennemis et défendent leur peau comme c’était la leur qui était en péril, pas celle de leur personnage. Le ton est donné, le pari hautement relevé ! Les décors glacés impressionnent. On quitte véritablement le XXIème siècle pour se retrouver au beau milieu d’une taïga des années 1820. C’est le deuxième point fort du film. Le réalisateur maîtrise la technique mais jamais on ne devinera tout ce qu’il a dû déployer pour obtenir une résultat si réaliste : les mouvements de caméra se font oublier au profit des événements qui se déroulent sous nos yeux comme si nous étions nous aussi au cœur de cette nature époustouflante. Iñárritu nous présente une diversité impressionnantes d’environnements, plus beaux les uns que les autres et parfois à les rendre menaçants (ou rassurants) la nuit comme le jour. Vous l’aurez compris, « The revenant » est un grand film. Grand comme l’acteur en tête d’affiche, grand comme le territoire que son héros arpentera au péril de sa vie, grand comme le nombre de récompenses qu’on lui souhaite et grand comme le moment cinématographique que nous venons de vivre et que nous vous souhaitons à notre tour. Date de sortie en Belgique : 27 janvier 2016 Durée du film : 2h36 Genre : Western / Drame Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film : Zach vient de s’installer avec sa mère dans la ville de Delaware. Alors qu’il tente de retrouver une vie normale après le décès de son père, le jeune homme découvre que la maison d’à côté est habité par un homme mystérieux et une adolescente privée de sortie. La curiosité le titille et notre héros découvre que son voisin n’est autre que R.L Stine. En poussant la porte de la maison attenante, il ne s’attend pas à être confronté à un univers fantastique et angoissant et à donner la vie aux créatures du célèbre écrivain… Avis : Si vous étiez enfant ou adolescent dans les années 90, vous avez inévitablement croisé la route de R.L Stine. Par ses livres de la série « Chair de Poule » ou par les adaptations télévisées qui ont occupé nos petits écrans un petit temps (sur France 2 notamment). Si tel est le cas, l’univers de l’écrivain américain n’a aucun secret pour vous… Rob Letterman a-t-il réussi à faire revivre les monstres de notre jeunesse dans son long métrage ? En bonne partie oui et avec humour en plus ! Le réalisateur des « Voyages de Gulliver » ou de « Monstres contre Aliens » a l’habitude de mêler aventure et humour avec habileté. Alors on s’attendait à retrouver cette touche de légèreté dans son dernier film « Chair de poule » et c’est plutôt réussi. Les amateurs de films d’horreurs seront déçus. Pour peu qu’ils ne connaissent pas les romans de R.L Stine ou l’univers de Rob Letterman, ils s’attendront à vivre une aventure d’épouvante et pas une comédie potache. Et c’est pourtant une succession de gags, de répliques cocasses et des héros foireux qui nous attendent dans cette épopée burlesque. La parodie fonctionne, le divertissement est au rendez-vous… voilà un film pour ados et adultes nostalgiques en demande de péripéties comiques affublées d’effets spéciaux et de maquillages totalement réussis ! Dans la même veine que « Mars Attack », "Ghostbusters" ou « Evolution », il saura conquérir un public large et peu exigeant. S’il fallait un acteur barge pour se glisser dans cet univers farfelu, Jack Black était tout désigné pour s’y coller. Et ça tombe plutôt bien puisque l’acteur s’est prêté au jeu avec un plaisir apparent. Et ce n’est pas une mince affaire car nous freinons plutôt des deux pieds quand il s’agit de retrouver ce comédien mais il faut reconnaître qu’ici, il remplit le contrat avec brio et aura gagné notre cause, ce qui était loin d’être évident ! Alors bien sûr, il en fait des tonnes, il ne se prend pas au sérieux et ce n’est que tant mieux car le contraire aurait pu être gênant et hors propos. Il en va de même pour ses jeunes compagnons de route : Dylan Minnette, Odeya Rush et Ryan Lee. Responsables bien malgré eux du chaos qu’ils ont créé, ils partent à l’aventure et tentent de remettre les choses en ordre du mieux qu’ils peuvent. Inconnus du grand public, les trois ados se prêtent au jeu et parviennent à nous décocher quelques sourires, surtout le personnage de « Champ » qui est un anti-héros par excellence et qui nous régale de ses maladresses. En face d’eux, une kyrielle de monstres issus de bestiaire Stinien : Slappy le pantin maléfique, le loup-garou des marécages, le garçon invisible par exemple peuplent les décors des célèbres romans : un sous-sol glauque, un parc d’attraction, une maison de l’horreur, nombreuses sont les références à la littérature enfantine. Ce que l’on retiendra du film: le petit caméo de R.L Stine, les touches d’humour, l’ambiance bon enfant, la musique de Dany Elfman et les effets spéciaux bien intégrés. On aimera moins le côté un peu « too much », l’intrigue convenue et déjà vue. Bref, « Chair de poule » est un film à voir si vous êtes hyper fan des bouquins, si vous avez reçu des chèques ciné et qu’il vous en reste en stock ou si vous êtes fada des films parodiques ou de Jack Black tout simplement… Date de sortie en Belgique : 27 janvier 2016 Date de sortie en France : 17 février 2016 Durée du film : 1h43 Genre : Comédie Titre original : Goosebumps Note du film : 6,5/10 (par Stanley) Résumé du film : Bien des années après son dernier combat, Rocky mène une vie paisible dans son restaurant quand vient frapper à sa porte, le fils illégitime d’Apollo Creed, son ancien rival et néanmoins ami. Il est désormais temps pour Rocky de remonter sur le ring mais cette fois à côté de son poulain, Adonis Creed… Avis : Ressentez-vous encore la bête qui se tapit dans l’ombre tout au fond de votre être ? Ce dragon qui sommeille en vous en quête d’adrénaline, de rage et de reconnaissance ? Si tel est le cas, faites comme le fils d’Apollo, remettez les gants et surtout écoutez les conseils avisés du plus grand champion de boxe de tous les temps : Rocky Balboa. Gants de boxe ou serviette d’entraîneur ? Après le sixième film « Rocky Balboa », nous pensions que le champion avait définitivement raccroché. N’oublions pas que l’acteur affiche fièrement ses 69 ans (70 ans en juillet). C’est en partie vrai mais pas entièrement. Ecrire sur Rocky c’est un peu comme renouer avec les conseils positifs d’un coach de vie ! Cette saga « culte » de l’histoire du cinéma américain possède son identité propre, sorte de métaphore de la vie avec ce qu’il faut de dépassement de soi, d’honneur, de lutte pour un idéal et d’amitié. C’est ainsi qu’à travers les sept films (« Creed » étant le dernier représentant après dix ans d’attente depuis « Rocky Balboa »), notre champion mènera (avec nous, retenant notre souffle), un âpre combat et traversera (dans le désordre) l’adversité, le doute, la souffrance avec ce qu’il faut de larmes et de sang. Mais Rocky c’est aussi un vieil ami, un grand frère, un père que l’on prend plaisir à retrouver au fil des années et qui, au fond, n’a pas changé. On aime cet ami là qui semble nous guider avec bienveillance sur le chemin de la vie. Son humanité, sa naïveté et paradoxalement sa fragilité en font quelqu’un à part. Quelqu’un qui compte pour le spectateur. Oui, Rocky est éternel. Cependant, aujourd’hui notre ami se fait vieux. Aussi, il prodiguera ses conseils à une jeune étoile montante, le fils d’un astre du noble art : Apollo Creed. Il est d’ailleurs surprenant de constater que toute la première partie du film est assez lente. Il s’agit là du premier point négatif. Alors bien sûr, les fans penseront au premier Rocky. D’ailleurs, nous retrouverons par la suite avec un certain plaisir tout ce qui fait partie de son quotidien : les tortues, les poules (lors de l’entraînement), la course à pied en survêtement gris dans les rues de Philadelphie, etc. Sauf qu’ici, le héros n’est plus Rocky mais bien Adonis. Néanmoins avant cela, nous devrons d’abord traverser cette mise en bouche où il ne se passe pas grand chose. Bien sûr, nous comprenons la lenteur du premier Rocky car nous étions en 76, époque où le temps du récit ne correspondait pas aux standards actuels… mais à présent la pilule est plus difficile à faire passer. Petit problème de rythme donc. Dès lors, Sylvester Stallone passe en second plan pour nous permettre de découvrir Adonis Johnson (très convaincant Michael B Jordan), le fils illégitime d’Apollo Creed (ce dernier étant décédé peu de temps avant la naissance d’Adonis).Très vite, nous partons à la rencontre d’un jeune garçon bagarreur qui fut recueilli par la veuve d'Apollo. Nous retrouvons donc le jeune homme en proie au changement. En effet, bien que possédant un poste important dans une entreprise financière, il choisira la voie de la boxe. Ce n’est pas un novice pour autant puisqu’il la pratique dans de petits combats au Mexique. Et ce, malgré l’avis défavorable de sa mère adoptive. Le soir, il mime les combats de feu son père contre Rocky. Sa décision est prise, seul ce dernier peut lui apprendre à devenir le meilleur et à renverser le numéro 1 ! Direction Philadelphie. Le film s’envole enfin...Adonis est sur son petit nuage et nous aussi ! La rencontre se veut touchante entre « papy » Rocky et ce jeune en pleine quête identitaire et en recherche de sens. Vous vous en doutez, Rocky se montera d’abord réticent (les fantômes de l’épisode 5?). Pourtant, très vite le jeune Adonis saura se servir de la culpabilité ressentie par son aîné dans la mort d’Apollo pour le convaincre. Stallone se montrera d’ailleurs émouvant, seul parmi ses souvenirs, dans son restaurant/musée: le Adrian's. Pas de là à nous faire décrocher une larmichette mais quand même. Personnellement, nous avons été plus sensible à son jeu dans Balboa mais c’est une affaire de goût. Sly est nominé dans la course aux Oscars en février prochain pour son second rôle dans « Creed ». Si cela devait se produire, l’Académie réparerait une profonde injustice. Nous verrons bien. Aux rayons des seconds couteaux, nous ne pouvons passer sous silence la très bonne performance de Tessa Thompson, très convaincante dans son rôle de petite amie d’Adonis. Belle, sensible et forte à la fois, elle ajoute pas mal de profondeur au récit. A la cloche on s’accroche ! Comme nous le disions cette deuxième partie est beaucoup plus dynamique et fera la part belle aux clins d’oeil que les puristes reconnaîtront. Nous en venons donc tout naturellement à une des marques de fabrique de la licence : la musique. Une nouvelle fois, il s’agira ici de la seconde grosse déception. Les mélodies sont reprises mais retravaillées, modernisées et cela gâche notre plaisir. Assis à côté de fans de la première heure, j’ai pu mesurer leur désillusion devant ce sacrilège.. Mais après tout, le film dépeint un autre temps, une autre légende en devenir et donc une autre couleur aux notes de musique. Chacun se fera sa propre opinion. La réalisation bien que classique se veut efficace. Les combats apparaissent plus « crédibles » que par le passé. Le temps des frappes surpuissantes, surréalistes et sans aucune posture de défense est enfin révolu. Place au réalisme (tout relatif cependant car dans un vrai match, n’importe quel coup porté dans le film mettrait KO le plus grand des champions actuels). Cadré à mi-épaule, les coups pleuvent, le sang gicle et la douleur est bien perceptible. Le réalisateur, Ryan Coogler (âgé de seulement 29 ans, avait déjà réalisé « Fruitvale Station » avec… Michal B Jordan !) nous livre avec « Creed » un film honnête, plus dynamique et efficace dans sa seconde partie. Amis de la première heure ou nouveaux venus, laissez-vous séduire par ce divertissement de bonne facture. En définitive, « Creed » sait se montrer percutant quand il le faut. Date de sortie en Belgique : 20 janvier 2016 Date de sortie en France : 13 janvier 2016 Durée : 2h13 Genre : Drame Titre original : Creed Note du film : 7,5/10 (par Sally) Résumé du film : Qui ne connaît pas la célèbre expérience de Milgram ? Abordée dans les cours de sociologie, sciences sociales ou en psychologie, ses résultats étonnants n’ont laissé personne indifférent. « Experimenter » nous parle de cette étude sociale, mais aussi de l’homme qui se trouve derrière ce projet : on aborde sa vie personnelle, ses différentes expériences, l’époque dans laquelle il évolue. Bref, on devient un observateur critique d’une société de moins en moins responsable. Avis : Projeté une première fois dans le cadre du Festival Américain du Film de Deauville, « Experimenter » fait une sortie discrète dans les complexes cinématographiques français. Et pourtant, le biopic de Michael Almereyda mériterait une promotion un peu plus importante. Pour son casting, sa thématique mais surtout pour la réalisation remarquable dont il fait preuve ! Si le sujet central du film est la vie de Stanley Milgram et sa célèbre expérience testée dans les années 60, c’est aussi l’occasion de découvrir le personnage qui se cache derrière les statistiques, d’aborder les différentes autres études qu’il a menées (et qui sont sans doute moins populaires) et d’en tirer les conséquences qui s’imposent. Vulgarisées, imagées, elles prennent un sens nouveau qui saura enrichir notre culture générale. Bien sûr, sa célèbre expérience n’a de secret pour personne et ceux qui la connaissent n’apprendront rien de nouveau mais saviez-vous que le psychologue américain avait concocté d’autres tests tout aussi surprenants ? Controversé à l’époque, il a néanmoins révolutionné son temps et présenté des constats interpellants, évoqués çà et là dans cette biographie savamment réalisée. En effet, Michael Almereyda (« Hamlet », « Anarchy », deux de ses long-métrages dont Ethan Hawke est la vedette) change son mode de réalisation et sa photographie selon les époques filmées. On assiste ici à un exercice de style quasiment inédit s’approchant du documentaire cinématographique. Impressionnant, le travail effectué par le metteur en scène à de quoi faire parler de lui. Mais passons outre de la technique car à côté de tout ce savoir et savoir-faire, on trouve deux comédiens hors pairs. Tout d’abord, Peter Sarsgaard, étoile montante du cinéma américain. Vu de nombreuses fois ces dernières années dans des interprétations remarquables (« Strictly criminal », « Le prodige »), il s’immisce dans la vie de Milgram avec une certaine décontraction. Sa physionomie ne se rapproche pas plus que cela du personnage qu’il incarne mais qu’importe : il assume son rôle à la perfection. Par son attitude, son look, son détachement, il démontre qu’il fait partie des grands de son époque. Et Winona Ryder le suit haut la main. Annoncée à l’affiche de « Beetlejuice 2 », la comédienne incarne la classe et l’intelligence de façon concluante. Le duo s’est trouvé et on ne peut que l’approuver. Mais trêve de compliments. Bien que recelant de jolies qualités, le film a cependant un défaut majeur : sa lenteur ! Intéressant et très beau visuellement, sa dynamique gagnerait à être repensée pour éviter aux spectateurs de décrocher. Date de sortie en France : le 27 janvier 2016 Durée du film : 1h37 Genre : Biopic Note du film : 6/10 (par Sally) Résumé du film : Bill Bryson est un écrivain à succès, qui a arpenté les sentiers du monde par le passé. Après une petite réflexion, il décide de se lancer dans le trail des Appalaches pour une longue randonnée. Pour l’accompagner, un ami qu’il a perdu de vue il y a quelques années, Stephen Katz, qui n’a rien perdu de sa rusticité. Avis : Loin des superproductions américaines qui s’affichent depuis quelques semaines dans tous les complexes cinés, on trouve des petits films sympathiques qui sentent bon l’air frais. « Randonneurs amateurs » fait partie de cette deuxième catégorie. Léger, ce petit feel good movie se veut divertissant sans pour autant nous en mettre plein la vue. Rempli de bonne humeur, il saura contaminer ses spectateurs le temps d’un instant. Ken Kwapis n’en pas un novice en matière de réalisation. C’était déjà lui qui mettait en scène « Ce que pensent les hommes », « Miracle en Alaska » ou encore « Permis de mariage » mais malgré cela, nous ne connaissions pas vraiment son cinéma avant de le suivre sur les sentiers de son dernier film. Basé sur le roman de Bill Bryson, le personnage principal de son film, il nous conte comment deux septuagénaires vont prendre la route pour 3500 Km de marche. Ce qui nous a attiré ? Le plaisir de retrouver deux monstres sacrés du 7ème, à savoir Robert Redfort et Nick Nolte. Nul besoin de les présenter, la lecture de leurs noms doit forcément vous évoquer quelques grands films mémorables (et celui-ci n’en fera peut-être pas partie…). On appréciera aussi retrouver Emma Thompson qui, malgré un rôle discret, trouve sa place dans cette histoire correcte. Le retour des deux briscards fait un bien fou. Aperçus çà et là ces dernières années, réunir le tandem dans un long-métrage était une brillante idée car, il faut le dire, la complicité entre Redfort et Nolte est savoureuse à souhait ! Canailles, drôles, atypiques, nos deux septuagénaires font le show pour notre plus grand bonheur. Radicalement opposés, ils sauront nous amuser par leurs échanges complices et leurs répliques parfois osées. On marche aux côtés de deux amis (dans la vie comme à l’écran), et on apprécie le moment… sans réfléchir, sans rien attendre, juste en profitant. Après, le casting n’est parfois pas suffisant pour faire d’un film un petit bijou et c’est bien là le problème. Après un décollage tonique, le film prend un rythme de croisière pépère avant de piquer du nez… sans pour autant s’écraser. A l’image des deux acteurs qui ont vieilli, l’histoire plane gentiment et ne prend pas de grands risques. « Randonneurs amateurs », « Youth », même combat ? D’un certain côté oui… On prend deux figures emblématiques du cinéma et on les place dans une situation rocambolesque qui offre un joli ping-pong amical et artistique. Par contre, là où Paolo Sorrentino nous entraînait dans une réflexion sur le temps qui passe, Ken Kwapis ne fait que l’aborder en surface sans permettre une introspection de la part de ses personnages. C’est sans doute le sentiment général du film : c’est joli, mais çà manque de profondeur… Si l’on rit de bon cœur et que le divertissement est total, on peut aussi tomber dans quelques clichés et dans une histoire un peu trop conventionnelle. Pire, on est arrêté au milieu de notre périple qui pourtant avait bien commencé. On serait bien resté un petit moment encore dans ces décors somptueux car la randonnée est un joli prétexte pour nous faire découvrir l’immensité des paysages verts des Appalaches, moins bien connues que les célèbres Montagnes Rocheuses et qui pourtant, valent vraiment le détour ! On reviendra à notre réalité en se disant que si on n’a pas perdu notre temps, nous n’avons pas gagné non plus le ticket pour un grand film bouleversant. Si vous aimez les deux comédiens Robert Redfort et Nick Nolte, vous vous attendrissez et les suivrez avec plaisir. Sinon, passez votre chemin et préférez d’autres grands sentiers plus balisés Date de sortie en France : 13 janvier 2016 Date de sortie en Belgique : 2 mars 2016 Durée du film : 1h44 Genre : comédie Titre original : A walk in the woods Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film. Thérèse Belivet est vendeuse dans le grand magasin Franckenberg de New York. Simple et introvertie, elle fait la rencontre d’une cliente élégante : Carol Aird. Cette dernière, venue acheter une poupée à sa fille pour Noël, est marquée par la rencontre avec la jeune employée et en oublie ses gants. Thérèse voit alors la possibilité de recontacter cette stupéfiante cliente et ne se doute pas un seul instant que sa vie prendra un tournant inattendu. Mais dans les années 50, la société n’est pas prête à tout accepter et la complicité qui naîtra entre les deux femmes bouleversera entièrement leur vie et leurs repères de façon considérable… Avis : « Carol » a déjà fait couler beaucoup d’encre lors des différentes projections de presse avant-première ou festivals en tous genres. En lice pour les Golden Gobe dans de nombreuses catégories, nous attendions de pied ferme sa sortie dans nos salles. Impatients de découvrir le dernier film de Todd Haynes, nous n’avons pas hésité une seule seconde à entrer dans l’univers new-yorkais des années 50 et dans la vie des deux héroïnes. En sommes-nous sortis marqués ? Pas autant qu’espéré. Car si « Carol » reste un bon film savamment réalisé et interprété, nous n’avons jamais réussi à nous immerger totalement dans cette romance pourtant audacieuse. Avec « Carol », Todd Haynes a choisi d’adapter le roman (quasiment autobiographique) de Patricia Highsmith, publié dans les années 1952. Auteur du « Talentueux Mr.Ripley » (lui-même adapté au cinéma), on lui reconnaît une plume de qualité et une inspiration importante pour les metteurs en scène hollywoodiens. Si le réalisateur américain a opéré ce choix c’est sans aucun doute parce qu’il est totalement impliqué dans la défense de l’homosexualité. Dans sa vie privée tout d’abord, mais aussi dans son cinéma puisqu’il abordait déjà le même sujet (et la même époque) dans son film « Loin du paradis » (sorti en 2002 et dans lequel jouaient Julianne Moore, Dennis Haysbert, Dennis Quaid et Patricia Clarkson). La thématique, abordée quelques fois au cinéma, montre combien le monde de l’Après-guerre tolérait mal la « différence » et considérait l’homosexualité comme une déviance, une maladie à soigner voire un danger pour l’équilibre familial inculqué à l’époque. Rappelez-vous la triste fin d’Alan Turing, magnifiquement mis en scène dans l’excellent « Imitation Game » de Mortem Tyldum. Mais ne nous éloignons pas trop du sujet qui nous occupe. Todd Haynes s’est entouré d’un casting hautement performant pour mettre en images son adaptation. Dans les rôles principaux, on peut applaudir Cate Blanchett (avec qui il a déjà tourné dans « I’m not there »), qui interprète avec une classe inouïe, le rôle délicat de Carol, bourgeoise au mariage triste. Très ancrée dans l’époque où elle évolue, la comédienne nous bluffe tout au long des deux heures, passant de la certitude à la tristesse, de la colère au dépit avec une aisance remarquable. Celle qui nous avait déjà éblouie dans « Blue Jasmine » montre combien la palette d’émotions qui est la sienne n’a pas fini de nous étonner. A ses côtés, la tout aussi performante Rooney Mara, bien plus pudique et introvertie que sa nouvelle amie. Vue dans l’adaptation de « Millénium » de David Fincher (où elle campait le rôle de Lisbeth Salander) ou dans plus récemment dans « Pan » (Lili la Tigresse, c’est elle !), la comédienne de tout juste trente ans envoie du lourd et se synchronise au jeu de Cate Blanchett avec un professionnalisme déconcertant. Elle a d’ailleurs été récompensée dans ce rôle par le prix de l’interprétation féminine lors du dernier festival de Cannes. Si elles occupent le devant de la scène de façon probante, on déplore cependant le manque d’émotions réelles. Voulue ou non, la froideur (ou la pudeur exacerbée) des deux jeunes femmes créent un blocage et nous empêche d’entrer totalement dans leurs histoires personnelles de telle sorte que l’on reste spectateurs de la situation sans jamais réellement croire en leur romance. L’immersion superficielle et les petits problèmes de rythme nous font émettre quelques réserves sur la réalisation de Todd Haynes. La « rupture » créée à la moitié du film, vient redonner un peu de boost à une histoire qui semblait un peu trop lisse dans un premier temps. Cette fracture est d’ailleurs double : au niveau scénaristique, on entre dans un road-movie où les sentiment vont prendre une ampleur que l’on ne percevait pas jusque là. Mais elle s’observe aussi au niveau de la vie des deux femmes qui laissent leur famille et leurs projets derrière elles pour se consacrer pleinement l’une à l’autre. Cela fonctionne une dizaine de minutes et l’on retrouve ensuite un rythme ordinaire pour parvenir jusqu’au dénouement. Par ses petites failles notoires, « Carol » nous a donc laissé un peu de côté à différents moments et bien qu’il soit intéressant, interprété brillamment et très beau visuellement (les décors et les costumes sont d’un réalisme époustouflant), il n’est pas totalement à la hauteur de nos espérances et nous regrettons que la ritournelle ne nous ait pas emporté comme on l’avait imaginé. Date de sortie en Belgique et en France: 13 janvier 2016 Durée du film : 1h58 Genre : Romance Note du film : 8/10 pour Stanley, 7,5/10 pour Sally Résumé : Wyoming, quelques années après la guerre de Sécession. Une diligence traverse un paysage enneigé. A son bord, John Ruth, un chasseur de primes et Daisy Domergue, une criminelle emmenée à l’échafaud. Sur la route, ils croisent le Major Marquis Warren et Chris Mannix, nouveau shérif de Red Rock. Tout ce petit monde fait un bout de voyage ensemble avant de faire escale dans une mercerie, espérant y trouver refuge et se protéger du blizzard menaçant. En poussant la porte du relais, ils se retrouvent face à quatre occupants : Bob, le tenancier, Oswaldo Mobray, Joe Gage et le Général Sanford Smithers. La neige bat son plein et les doutes naissent au cœur du refuge de fortune… Avis : Huit salopards… huit comme le nombre de longs-métrages réalisés par Quentin Tarantino. (On vous invite à faire un petit break et à essayer de trouver le titre de ses sept réalisations précédentes…c’est bon, vous avez trouvé ? ;-) ). Huit… soit la note que Stanley accorde à ce huit-clos époustouflant, oppressant et palpitant. On le savait en se rendant dans notre salle de cinéma préférée : en entrant dans l’univers des « Huit salopards », nous serions immergés dans un univers sombre, une intrigue aux multiples rebondissements et à la rencontre de personnages hors normes. On s’en doutait mais on n’imaginait pas que ce serait à ce point là. Au carrefour d’œuvres telles que « Reservoir dogs » (avec Michael Madsen et Tim Roth justement) et « Django Unchained » pour la violence qui s'en dégage, on ne peut que s’exclamer « Dieu que c’était bon ! » à la sortie de la projection. Avec sa dernière réalisation, Tarantino rend un bel hommage aux westerns purs et durs. Les décors, l’ambiance, les personnages, les répliques cinglantes ne sont pas sans rappeler les grands classiques du western spaghetti. D’ailleurs, on songe forcément à Sergio Leone, d’autant plus quand la bande originale est signée… Ennio Morricone himself. Mais il n’est pas le seul à signer les titres du film : les White Stripes, Roy Orbison et David Hess ajoutent leur petite touche musicale et équilibre le tout, tantôt de façon moderne, tantôt de façon plus « traditionnelle ». On sait combien la musique est importante pour le réalisateur qui la choisit toujours avant la prise de vue… Dès les premières minutes du générique, on frissonne à l’écoute du thème d’ouverture. Les grands noms défilent sous une écriture proche de celle des sixties et on comprend que Tarantino s’est fait plaisir et soigne son film jusqu’au bout des lettres… D’ailleurs, la réalisation en 70mm traduit la volonté du réalisateur d'imprimer avec authenticité sur pellicule un genre jadis extrêmement populaire en le rendant (paradoxalement) extrêmement moderne car totalement décomplexé d'une quelconque « morale ». Pour parfaire la dynamique de son scénario, qu’il a lui-même écrit et vu « fuiter » sur le net à son grand désarroi, Quentin Tarantino a décomposé son histoire en cinq chapitres distincts : Dernière escale à Red Rock ; Le fils de putois ; La mercerie de Minnie ; Les quatre passagers ; Homme noir, enfer blanc. Une voix off un peu rétro (et surprenante) viendra d’ailleurs se calquer sur quelques enchaînements et rafistolera le tout sous des faux airs de parodie. Cinq chapitres pour près de trois heures de film… La durée du film conséquente divisera l'opinion tout comme elle nous a divisé. Elle peut paraître un peu longue pour certains (Sally en fait partie et raboterait bien 30 minutes du film pour qu’il soit parfait), d’autres s’étonneront de voir la fin venir et en redemanderait bien encore (n’est-ce pas Stanley ?). Ces derniers savoureront ces 2h46 en s'imprégnant d'une ambiance (le chalet parfaitement reconstitué façon western crépusculaire), des joutes verbales ultra jouissives où l'humour côtoiera notre indignation devant un racisme et une monstruosité révélée. Pari risqué et étrangement réussi. Un tel scénario ne pouvait réellement s’épanouir qu’à travers des décors dignes de son intrigue. Tourné au cœur des Rocheuses, il fallait construire un environnement hostile et typique pour que l’immersion soit totale et c’est plutôt réussi ! Yohei Taneda a d’ailleurs fait un travail extraordinaire et nous plonge dans une mercerie ultra réaliste où chaque détail a sa place. De la boîte de conserve aux raquettes en bois en passant par les planches ajourées des fenêtres aux peaux de bête suspendues, tout est net et précis. Il en va de même pour les costumes de Courtney Hoffman, qui permettent d’identifier chaque personnage en un coup d’œil. Chapeau bas à l’équipe technique qui a du sacrément bosser pour offrir un tel résultat ! Ensuite, le film n’aurait pas été aussi abouti s’il n’était pas interprété par un casting de rêve. Les acteurs et leurs personnages ont d’ailleurs été fortement mis à l’honneur via une collection d’affiches très différentes les unes des autres. On a ainsi pu croiser le regard de tous les protagonistes à maintes reprises avant de les rencontrer dans le long-métrage. Raison pour laquelle ils nous semblaient presque tous familiers une fois les présentations réalisées. Les acteurs, excellents pour la plupart, jouent à l'unisson. La palme reviendra cependant à Kurt Russell qui nous livre ici sa meilleure prestation depuis... quelques temps déjà. Méconnaissable, apparaissant « vieux » il nous fera presque penser à Jeff Bridges. Sincère dans son jeu, il vous éblouira véritablement ! Dans cette fameuse équipe, on trouve également Samuel L. Jackson (qui tourne pour la 4ème fois avec Tarantino après « Pulp Fiction », « Jackie Brown » et « Django Unchained ») qui joue ce qu'on lui connaît. Jamais en difficulté, il remplira parfaitement le contrat. Tim Roth quant à lui divisera la rédaction. Stanley a aimé sa prestation même si elle lui rappelle le « jeu » de Christoph Waltz par sa verve et son cabotinage. Quant à Sally, elle émettra une petite réserve sur son jeu trop « clean » et moins profond que celui de ses partenaires. Preuve que là aussi, chacun aura sa perception des choses. Michael Madsen possède un rôle qui, à notre avis, est sous-exploité. Figure discrète, il ressemblera visuellement davantage aux cowboys tels que nous nous les imaginons. Notre palme va à l’étonnante et magistrale Jennifer Jason Leigh, seule figure féminine de la bande… et quelle figure ! Nous ne souhaitons pas vous en dire trop sur son personnage mais sachez qu’elle vous glacera le sang par ses regards sombres ou ses réactions de folie plus vraies que nature : incroyable !! En lice pour le Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle, on espère sincèrement que la profession ne s’y trompera pas et la récompensera telle qu’elle le mérite ! Belle découverte en la personne de Walton Goggins, qui incarne le nouveau Sheriff de Red Rock. Intelligent derrière ses airs de benêt, son personnage ne fera qu’évoluer tout au long du film et ne cessera de nous surprendre. Dans les seconds couteaux, qui n’en sont pas vraiment : Bruce Dern, acteur formidable et hautement convaincant (on l’avait adoré dans son rôle de vieux sénile dans l’excellent film « Nebraska ») et Demian Bichir qui accueille tout ce petit monde avec une hospitalité relative. Notre petit regret est de l’avoir vu en version française (notre cinéma de quartier ne proposant pas la version originale) car il y a fort à parier que tout ce petit monde a poussé l’interprétation jusque dans leur accent. Cependant, le doublage est plutôt bon et ne gâche en rien notre plaisir tant il est soigné. Vous l’aurez compris, nous sommes loin des films d'antan mettant en lumière la figure du juste, du chevalier blanc. Celui qui jadis se battait pour la veuve et l'orphelin et qui, jamais, ne déviait de la route. Nous le savons, Tarantino préfère les vilains, les cabossés, les tourmentés. Ici, les contours ne sont jamais dessinés. A l'instar de ce blizzard rendant prisonniers les protagonistes (et nous avec eux), nous ne se savons pas qui est le plus dangereux, le plus crapuleux, le plus violent. La seule certitude, au crépuscule de cette déferlante de violence, c'est qu'aucun des personnages n'est tout blanc. Tarantino oblige, l'injustice sera également présente comme étant un « code » du réalisateur… comme pour nous montrer que la vie peut l'être aussi. « Les huit salopards », (« The Hateful Eight » dans sa version originale) a été comparé à plusieurs reprises dans la presse aux « dix petits nègres » d’Agatha Christie.. . A raison car nous sommes dans l’expectative de découvrir qui sera la prochaine victime, qui appuiera sur la gâchette. Le sang gicle, les têtes explosent : on est bel et bien dans un film de Tarantino ! On passe de l’humour (noir) au cynisme avec une aisance presque déconcertante. Si on ne peut réprimer des rires et s’amuser des répliques cinglantes des différents protagonistes, on doit admettre qu’elles sont parfois « trash », racistes ou misogynes (aucune considération pour la seule femme « criminelle » présente), le langage très sudiste embaumera profondément le chalet de ce huit clos du mal … On trouve l’excuse que ce ton devait être usité à l’époque…oui mais quand même, en 2016, ça peut tout de même soulever quelques indignations. Même choses pour quelques scènes écoeurantes « borderline » qui marqueront l’esprit du spectateur et risquent de créer la polémique… Mais après tout, le film en lui-même ne la crée-t-elle pas déjà ? Âmes sensibles s’abstenir, « Les huit salopards » n’est pas à mettre entre toutes les mains. Les plus jeunes devront encore attendre quelques années avant de découvrir l’univers violent (physiquement et verbalement) du réalisateur américain. Violent (voire gore), emprunt d'une folie macabre et furieuse, la haine tapisse l'intérieur des principaux protagonistes et se révélera pour emporter tout sur son passage lors d'effusions de sang mémorables. Nommé dans deux catégories aux Golden Globes 2016 (Meilleure actrice dans un second rôle pour Jennifer Jason Leigh et meilleur scénario), le film ouvre l’année 2016 d’une bien belle façon ! Date de sortie en Belgique : 6 janvier 2016 Durée du film : 2h46 Genre : Western Titre original : The Hateful Eight Note du film : 7/10 (par Sally) Résumé du film : Tracy, jeune fille débrouillarde, part pour New York afin de mener des études universitaires en lettres. Alors que sa vie semble monotone, elle apprend que la fille de son futur beau-père vit près de Times Square. Décidée à la rencontrer, Tracy prend contact avec elle. L’amitié pour Brooke est immédiate. Délurée, haute en couleurs et la tête remplie de projets, Brooke devient une référence pour la jeune Tracy qui en fait l’héroïne d’une nouvelle et passe de plus en plus de temps en sa compagnie… Avis : Sorti dans le cadre du Festival du Film de Gand en octobre dernier, « Mistress America » débarque sur les écrans français ce 6 janvier. Loin d’être le film de ce début d’année, il n’en reste pas moins très agréable à regarder. La mission était d’autant plus difficile que nous avions été fortement déçu par la dernière réalisation de Noah Baumbach. En effet, « While we’re young », était une comédie à l’idée originale... mais mal exploitée. Pour rappel, Ben Stiller et Naomi Watts y rencontraient les jeunes Adam Driver (qui se révèle pleinement dans son rôle de Kylo Ren dans le dernier opus de Star Wars) et Amanda Seyfried et cherchaient à retrouver leur jeunesse oubliée. Avec « Mistress America », on se plonge à nouveau dans la thématique de la quête d’identité mais aussi dans celle de la reconnaissance. A la différence près que ce film-ci est plus aboutit que le précédent et insuffle un coup de jeune à la carrière du réalisateur américain. Cependant, nous sommes un peu dubitatifs sur la quantité d’étoiles et d’excellentes critiques dont le long-métrage fait l’objet car bien que léger, drôle et sympathique, il ne marquera pas non plus l’année 2016 d’une pierre blanche, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Alors, quels sont les points forts du film ? Sa bonne humeur assurément ! Si vous avez envie d’un film agréable et d’une bonne comédie potache, « Mistress America » fera votre bonheur. Son casting au poil en est grandement responsable. Greta Gerwig (seule grande figure connue de l’équipe) est excellente dans son rôle de Brooke. Barrée, prolifique, amusante, instable et ambitieuse, la trentenaire est véritablement le personnage central de l’histoire, et quel personnage ! La tempérance est incarnée par Tracy (la prometteuse actrice Lola Kirke), jeune étudiante en lettres avide d’expériences, de fun et de reconnaissance littéraire. Et pour compléter ce duo féminin savoureux, nous croiserons la route de Matthew Shear (déjà présent dans « While we’re young »), jeune étudiant écrivain en herbe, Jasmine Cephas Jones (qui interprète de façon savoureuse une petite amie hyper jalouse), Cindy Cheung (que l’on avait déjà rencontrée dans le conte « La jeune fille de l’eau » de M. Night Shyamalan) enceinte jusqu’aux yeux pour les besoins du film ou encore Michael Cernus et Heather Ling qui forment un couple improbable et truculent. Ces derniers se retrouveront d’ailleurs tous lors d’une scène mémorable qui ne pourra laisser vos zygomatiques indifférentes. La dynamique du film ne laisse jamais place à l’ennui. Difficile de souffrir de longueurs quand on sait que le « long » métrage ne dure qu’à peine 1h30 me direz-vous mais on l’a déjà vu… Belle bouffée d’énergie et divertissement on ne peut plus correct, « Mistress America » sent bon le « fun » mais n’est pas la pépite annoncée… Date de sortie en France : 6 janvier 2016 Durée du film : 1h24 Genre : comédie |
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