Adolf, un ami (imaginaire) qui vous veut du bien Comparé parfois à « La vie est belle » de Roberto Benigni ou « Le gamin au pyjama rayé » de Mark Herman pour son traitement allègre de l’horreur perpétrée durant la Seconde guerre mondiale, « Jojo Rabbit » allie en effet humour et drame dans un film familial savamment interprété. Décalé, absurde, drôle, tendre ou émouvant, le dernier long-métrage de Taika Waititi n’apporte pas que son lot de gags amusants et parvient même à faire taire nos rires dans quelques scènes mémorables bien loin de la satire amusante dans laquelle nous nous trouvons une bonne partie du métrage. L’entrainement dans les camps de la jeunesse hitlérienne, l’omniprésence de la Gestapo, les drames personnels vécus par Jojo (exceptionnel Roman Griffin Davis !) sont autant de moments clés dans un film qui ne se veut pas que léger. Petite escalator émotionnel mettant en marche nos sentiments les plus divers, « Jojo Rabbit » déconcerte autant qu’il amuse. S’il tourne bien sûr Hitler en ridicule, l’Adolf du film n’est finalement que la projection qu’en fait le jeune Johannes, petit garçon sans père et jeune fanatique de l’état militaire ainsi que de ses dirigeants austères. Cet ami imaginaire, est non seulement l’occasion parfaite d’illustrer les bouleversements du garçonnet de 10 ans mais constitue aussi le miroir de sa propre vie, de ses projections, de ses doutes et de ses questions. Omniprésent, intégré dans son quotidien insouciant, Hitler (incarné par Taika Waititi himself) a quelque chose d’exubérant, entre dans la caricature que l’on s’en fait mais s’en détache aussi allégrement. Et si sa présence rassurance aide le petit Jojo à accepter la trahison de sa mère (Scarlett Johansson qui trouve ici un nouveau rôle taillé à la mesure de son talent), il permet aussi à l’enfant d’entrer peu à peu dans les réalités d’un monde de moins en moins blanc et où la naïveté n’a plus sa place dans celui de cet enfant qui, par ses récentes expériences, est devenu un peu plus grand. En découvrant la présence d’Elsa dans les combles de sa maisonnée, ce sont toutes ses certitudes, toute sa haine envers les juifs qui sont ébranlées. Partagé entre le sentiment amoureux et la peur de voir sa vie basculer, Johannes doit faire preuve de détachement mais aussi d’humanité envers l’adolescente que sa mère a décidé de cacher. Le duo formé par Thomasin McKenzie (vue dans « Leave No Trace ») fonctionne et ouvre un deuxième pan de l’histoire de ce jeune Jojo avec une tendresse et une dérision peut-être plus adaptée ou plus fine que celle préalablement installée. Le monde impitoyable de Jojo Les couleurs chatoyantes du film, son ton sarcastique et désinvolte, sa bande originale décalée et les scènes enfantines délectables particulièrement drôles, le surjeu burlesque de ses comédiens (Sam Rockwell en fait des caisses et ça marche) viennent pigmenter et ensoleiller un sujet qui au final, se veut bien plus sombre qu’il n’y parait. Parfois trop caricatural que pour toucher au cœur, « Jojo Rabbit » nous permet d’aller à la rencontre de formidables jeunes acteurs (Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie ou encore le mignon Archie Yates), de s’offrir un joli petit divertissement ou un petit hommage à un cinéma qui s’est déjà positionné en son temps pour dénoncer les absurdités du fanatisme et du nazisme (on pense ici au formidable travail de Charlie Chaplin) et de parcourir, telle une bande dessinée pour enfants ou adolescents, l’histoire fantasque de Taika Waititi, librement adaptée du roman “Le ciel en cage” de la belgo-néo-zélandaise Christine Leunens. Un feel good movie un tantinet décevant mais qui parvient à dénoncer intelligemment et ironiquement l’absurdité de l’endoctrinement. Durée de sortie en Belgique/France : 29 janvier 2020 Durée du film : 1h48 Genre : Comédie
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