Pas certain non tant la symbolique de cette plante se retrouve dans chaque recoin du film. Autobiographique dans une grande partie de son récit, « Minari » est un long-métrage touchant à découvrir enfin dans nos salles. Présenté en ouverture du Festival du Cinéma américain de Deauville, « Minari » de nous avait touché en biens des points et notamment grâce à la pudeur et l’amour extraordinaire qui se dégagent de ce film a priori anodin. Petit coup de cœur de la sélection festivalière, le film met en avant les connexions qui existent entre les différentes générations d’une même famille mais aussi celles qui s’établissent entre les natifs américains et les migrants qui tentent d’apporter leur pierre d’achoppement dans une société multiculturelle. En suivant la famille de Jacob Yi (formidable Steven Yeun – « Okja », « Burning »), on découvre la difficulté de suivre les rêves de l’un, de s’intégrer pour d’autres, de faire cohabiter trois générations dans un petit espace clos coupé de tout ou de dialoguer et se projeter dans un futur incertain. Durant près de deux heures, on s’enthousiasme et on rit, on s’inquiète et on s’émeut de cette d’histoire dont on sort le cœur illuminé et le sourire aux lèvres. A la poursuite du bonheur Perdus au beau milieu de l’Arkansas et retroussant ses manches, Jacob et son précieux ouvrier agricole Paul (excellent Will Patton) tentent de dompter les caprices de la terre et de la météo pour concrétiser le projet fou de faire pousser des légumes coréens dans le Centre-Est des Etats-Unis. Mais rien n’est simple quand on s’installe à quelques kilomètres d’un village conservateur, que l’on a tout quitté et tout investi dans un rêve un peu risqué, que l’on est sexeur de poussin et un fermier inexpérimenté. Mais qu’importe si le défi est grand, la famille Yi au complet vit au rythme de cet incroyable projet, sort de l’enfermement du quotidien et nous donne à voir deux histoires en une : celle d’un rêve à accomplir et le récit d’une rupture culturelle parfois difficile à vivre. C’est que, une fois l’intrigue principale installée, « Minari » de Lee Isaac Chung prend une tout autre tournure lorsque grand-mère Soon-ja vient s’installer en Amérique et vivre au cœur de l’humble maisonnée. David, le fils cadet de la famille âgé de 7 ans, va découvrir des traditions qui lui sont inconnues et surtout, devoir composer avec la présence de cette mamy qui n’en a pas les traits et encore moins le caractère. Amusantes et cocasses, les situations qui rassemblent David et Soon-Ja sont d’une tendresse et drôlerie solaires, des moments de partage atypiques qui montrent combien la fracture entre l’héritage familial et la modernité est parfois colossale. Basés sur les souvenirs d’enfance du réalisateur, le récit se révèle alors être un magnifique hommage à l’insouciance et l’innocence de l’enfance, à la quête d’identité et à l’amour familial qui nait de situations parfois conflictuelles. C’est beau, c’est tendre et cela fait un bien fou dans cette période où l’on a été longuement privé de ces connexions favorisées. Sa photographie qui transcende les espaces et les êtres qui les peuplent, son humour délicat et sa tendresse infinie font de « Minari » un joli film qui fait la part belle à la transmission des valeurs familiales, à l’importance de trouver sa place dans un pays d’adoption tout en gardant au fond de soi les héritages des autres générations, un métrage que l’on vous conseille de découvrir en salles et à savourer sans modération.
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