Résumé du film : Toute la famille Verdi est aux petits soins pour s'occuper de Roland, le grand-père, qui perd un peu la boule ces derniers temps. Tous sauf JB, l'ado de la famille, qui n'a qu'un seul but : monter à Paris pour disputer sa finale de basket. Mais ses parents, bloqués ce week-end-là, lui demandent d'y renoncer pour surveiller son grand-père. JB décide alors de l'embarquer avec lui. Pendant ce voyage, rien ne se passera comme prévu... Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Les comédies françaises ne sont pas ce qui nous attire le plus au cinéma, il faut bien l’avouer. Mais il arrive parfois qu’une après-midi pluvieuse nous pousse à nous rendre dans notre complexe ciné pour apporter un peu de lumière dans le ciel gris de notre quotidien. Et c’est sur le joli tandem composé de Thierry Lhermitte et Rayane Bensetti que notre choix s’est porté. Retrouver notre splendid(e) Thierry en grand-père qui décaroche (comme on dit chez nous) était plutôt désarçonnant. Comédie potache ou film sensible ? La réponse se situe quelque part entre les deux et s’il peine à décoller, le film finit par nous emporter et nous émouvoir. Plutôt convenu, le premier long métrage de Robin Sykes surfe en effet sur la vague de buddy/road movie et nous emmène sur les routes de France en compagnie d’un papy atteint d’Alzheimer et un jeune sportif angoissé à l’idée de louper son importante finale. C’est qu’ils ne font pas ce trajet de gaieté de cœur et que le week-end ne s’annonçait pas aussi épique. Si l’un semble avoir une vraie bienveillance à défaut d’avoir un peu de mémoire, le second est impatient et se révolte contre son aîné. Néanmoins, quand on se retrouve coincé à l’extérieur de chez soi, à des centaines de kilomètres du lieu du tournoi, on n’a pas d’autres choix que de se serrer les coudes et d’aller de l’avant. C’est ce que JB (comme le whisky) et Roland s’apprête à faire envers et contre tout. Résolument positif et foncièrement gentil, le film démarre plutôt faiblement. Surjouées et téléphonées, les pertes de mémoire de Roland nous paraissent peu crédibles. Au même titre que les pseudo révolutions d’un JB incompris. Fort heureusement, le film quitte assez vite ce registre et nous emmène dans une histoire exponentielle où révélations, attachements et émotions viennent ponctuer une intrigue attendue mais plaisante à suivre. Passé la première demi-heure, la densité des personnages devient plus importante et la relation qui les unit permet de jolis moments de complicité et de (sou)rires. Quiproquos et (més)aventures s’enchaînent dès lors pour notre petit plaisir à tel point que l’on s’étonne de se faire cueillir aussi facilement dans un final émouvant. Le tandem Lhermitte/Bensetti s’accorde finalement assez bien dans les dissonances et approximations autant que dans les émotions. Si le premier a une carrière impressionnante et une réputation qui n’est plus à faire, le second s’en tire avec les honneurs et lui donne la réplique sans jamais passer au second plan. L’équilibre du duo est parfait et bien moins bancal que leur interprétation générale. Plaisant sans non plus être un incontournable (nous émettons d’ailleurs quelques réserves sur les citations présentées sur les affiches promotionnelles), « La finale » a le mérite de nous faire passer un joli petit moment bien qu’il ne soit pas indispensable de le voir sur nos grands écrans. Si cette fin d’hiver vous pèse et que vous voulez prendre une petite bouffée d’oxygène, le film de Sykes fera l’affaire. Autrement, vous pouvez largement attendre sa diffusion sur nos chaînes télévisées. Date de sortie en Belgique : 28 mars 2018 Date de sortie en France : 21 mars 2018 Durée du film : 1h25 Genre : Comédie
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Résumé du film : 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS. L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant… Note du film : 8,5/10 (par Véronique) Avis : Attendu comme le messie par une communauté de fans impatients, « Ready Player One » marque le tournant de cette année 2018 au cinéma. Tel un bolide vrombissant sur un circuit hallucinant, le projet fou du sieur Spielberg atteint sa ligne d’arrivée et livre un bébé tant chéri et porté de nombreuses années sur nos grands, très grands écrans. D’ailleurs, le film ambitieux du célèbre réalisateur a déjà fait couler beaucoup d’encre et nombreux sont ceux qui n’attendent que le top départ pour se précipiter dans leur salle obscure. Les premières projections organisées aux quatre coins du pays avec succès sont d’ailleurs la preuve que le public répond présent. Il était donc difficile de ne passer à côté de ce film événement ! Si l’histoire, inspirée de « Player One » de Ernest Cline (par ailleurs co-producteur et co-scénariste du film) n’est pas entièrement respectée, l’hommage à l'univers du roman de science-fiction est grandement réussi. Bien sûr, comme souvent dans une adaptation cinématographique, il manque une multitude de détails par rapport à l’histoire originale et les (nombreuses) libertés prises sont parfois déroutantes mais il fallait faire un choix : se lancer dans un diptyque (voire triptyque) commercial et insérer une multitude de détails (en prenant le temps de planter le décor, le quotidien du Wade, étudiant et super geek) et rester minutieux au risque de perdre une partie du public moins "gamer" ou aller à l’essentiel, se désencombrer de certaines scènes littéraires et se lancer dans un hommage plus "populaire". Spielberg a, nous semble-t-il, choisi la bonne option en nous présentant l’épopée de Wade et ses petits compagnons de route, de façon simple, actuelle et efficace. Nul besoin donc d’avoir lu les centaines de pages de l’imaginaire de Cline pour comprendre les enjeux de Wade et les secrets de la fameuse OASIS. Introduite à la perfection, la quête n’attend qu’une chose : pouvoir commencer réellement ! Si notre souhait est de vous laisser la découverte totale de la trame générale de l’histoire, nous pouvons cependant dire que les aventures fantastiques de nos jeunes héros se mêlent à un imaginaire impressionnant et bien plus riche qu’on ne l’imaginait. Si la bande annonce nous donnait un petit aperçu du spectacle promis, il est bon d’affirmer qu’il est tellement plus dense que ce qui nous était déjà donné à voir. En effet, toute la pop culture des dernières décennies est rassemblée dans le shaker spielbergien, secoué, agité et servi pour former un cocktail coloré et savoureux dont on se délecte encore et encore. Un petit refill ? Pourquoi pas ! Il serait en effet bienvenu de revoir le film afin de déceler tous ces petits détails parsemés ça et là dans les arrière-scènes ou au premier plan, tels des petits morceaux de sel sur un TUC qu’on ne refuse pas. C’est que l’apéritif est copieux et que ces deux heures (presque trente) de show nous calle pour un bon petit moment. D’Overwatch à Halo en passant par Mortal Kombat ou Final Fantasy, nombreux sont les clins d’œil à l’univers vidéoludique d’hier et aujourd’hui, normal pour un tel film nous direz-vous. Mais ce n’est pas tout, les grands standards musicaux prennent une place de choix dans une bande originale des plus agréables, mêlant les genres selon l’ambiance du moment. Petit regret cependant: l’original soundtrack ne ravira pas nos oreilles de cette fabuleuse mélodie présentée dans la bande annonce. Le désormais célèbre « Come with me» de Stephanie Tarling n’est qu’une invitation à l’aventure, qui comme le lapin blanc de Matrix, n’est que le déclencheur d’une épopée fantastique qui se transforme sous nos yeux de spectateurs ébahis. Ca scintille et ça brille, ça dépote, nous envoie des gammes de couleurs et des tonalités en veux-tu en voilà, assombrissant les décors de la planète Doom, illuminant celles des autres mondes. Et ce, dès les premières minutes où nous sommes plongés dans une présentation de l’OASIS à nous couper le souffle. Et que dire de cette première épreuve dont on sort bouche bée et la tête retournée ? Grandiose ! C’est en effet le point fort du dernier film de ce cher Steven : nous faire vivre de l’intérieur, une histoire renversante, dans des décors somptueux et hyper minutieux. Agrémentée d’un humour savoureux et de dialogues finement écrits, l’histoire nous fait évoluer aux côtés de héros profondément humains et aux valeurs honorables. C’est que nous nous attachons à Wade, Aech, Artémis, Shoto et Daito et que leur quête, qui devient la nôtre, nous prend aux tripes jusqu’au « ouf » de fin. Hommages au 7ème art (King Kong, Jurassic Parc, Retour vers le Futur, le Géant de Fer, Shining en tête) s’associent à de nombreux autres clins d’œil, nous faisant sourire à la vue d’Hello Kitty ou Chucky, de David Bowie ou de Duran Duran… Ce savant mélange de références truculent vient ponctuer la mission de nos jeunes héros avec délice ! A la recherche de trois clés très convoitées, nos chercheurs intrépides auront finalement peu de répit et mobiliseront toutes les ressources possibles et imaginables pour atteindre le but ultime : aider Wade à trouver l’Easter egg et devenir l’heureux héritier de l’OASIS. C'est qu'en 2045, la vie virtuelle a pris le pas sur celle qui est plus réelle, plus morne aussi . Mais dans le monde tant convoité de James Halliday, tous les rêves sont permis et obtenir ce précieux artefact donnera un fameux coup de pouce au destin de ces jeunes marginaux en quête d'avenir plus radieux. Tournée vers le passé, l'histoire se veut aussi remplie d'espoir et pousse ses jeunes héros dans leur plus profond retranchement et dans leur plus franche solidarité. L'adage "si tu veux aller vite pars seul, si tu veux aller loin sois accompagné" n'a jamais eu tant de sens, vous le comprendrez. « Ready player one », c’est un savoir-faire technologique de grande ampleur, une juxtapositions de fabuleux effets spéciaux et une 3D exemplaire mais c’est aussi un jeu d’acteurs modeste et tellement efficace ! On apprécie tant retrouver le touchant Mark Rylance dans le rôle du créateur de l’Oasis, James Halliday, ou Simon Pegg qui prête ses traits à Ogden Morrow, son complice et co-créateur du jeu, bien plus présent dans le roman. On frémit devant les dangers qu’affrontent Wade (Tye Sheridan, Cyclope dans la nouvelle saga « X-Men »), Artémis (Olivia Cooke) ou encore Aech (notre chère Lena Whaite, découverte dans la série « Master of none »). On maudit Nolan Sorrento (Ben Mendelsohn) et son entreprise méprisable (IOI) et on rit de « méchant » I-Rok. Et quand on vous dit que Spielberg a fait dans le détail, c’est que même dans les micro rôles, on reconnaît des figures montantes comme Lulu Wilson ou encore McKenna Grace, c’est dire ! Réfugiés derrière nos lunettes 3D IMAX, nous vivons l’aventure au cœur de l’Oasis, comme si nous avions nous aussi franchi le portail, évoluant dans un univers parallèle incroyable et mémorable. L’expérience virtuelle est totale, et satisfera les adeptes de la VR domestique comme les novices en la matière. A ne pas en douter, il est préférable, voire indispensable, d’écouler quelques piécettes à la caisse de votre ciné pour vivre l’expérience IMAX. C’est qu’il ne faut reculer devant rien pour suivre le grand Steven Spielberg dans son projet ambitieux mais totalement réussi et à l’issue duquel nous ne pouvons dire que merci ! Vivez une expérience sensorielle de grande ampleur, entrez dans l'OASIS! Date de sortie en Belgique/France : 28 mars 2018 Durée du film : 2h20 Genre : Science fiction Résumé du film : Après avoir survécu à une blessure à la tête qui aurait pu lui être fatale, un jeune cowboy entreprend la quête d'une nouvelle identité et découvre ce que cela signifie d'être un homme au cœur de l'Amérique. Note du film: 8/10 (par François) Avis : Fort de deux prix, un au Festival du Cinéma Américain de Deauville (Grand Prix) et un lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Canne (Art Cinema Award), « The Rider » s’inscrit en effet comme étant une épopée dans l’Ouest contemporain. Flirtant presque avec le genre « western », ce film est une ode aux grands paysages sauvages de l’Ouest et à cette jeunesse sacrifiée sur l’autel des illusions perdues et d’une quête identitaire qui broie tout sur son passage. Attention, film ambitieux et parfaitement maîtrisé en approche ! Véritable coup de cœur personnel lors de la 43e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, « The Rider » est avant tout une histoire vraie d’ailleurs jouée par ceux qui ont été les protagonistes de cette histoire. D’emblée, nous sommes agréablement surpris par le jeu de ces acteurs débutants tout en nuance et en conviction ! Ici, on joue en famille : Brady Jandreau est le héros du récit et évolue aux côté de sa sœur Lilly Jandreau et de son père Tim. Une vraie force pour ce film. Chloé Zhao, la réalisatrice, s’était déjà faite remarquer en 2015, à Cannes ainsi qu’à Deauville, avec son premier film : « Les Chansons que mes frères m’ont apprises ». Presque unanimement saluée par la critique, la réalisatrice/scénariste enchaîne ici avec un film crépusculaire sur une population Redneck omnibulée par l’héritage des cowboys. En effet, les jeunes aspirent à percer et à amasser beaucoup d’argent en risquant leur vie dans les tournois de rodéo. Excessivement dangereux, notre héros Brady a échappé au pire lors d’une de ces compétitions. Marqué dans sa chair et dans sa tête, tout lui rappelle qu’il se doit de remonter sur une selle. Chaque rencontre, chaque discussion engagée par Brady se termine par ce constat cinglant : qui serait-il s’il ne montait plus ? Que deviendrait-il ? Hormis le père et la sœur du héros, aucun ne semble mesurer la dangerosité d’une telle discipline. Seules les paillettes provoquées par les retransmissions incessantes sur le câble semblent avoir raison de la lucidité de cette communauté encore rêveuse des gloires d’antan. Et il s’agit là véritablement d’une autre force de ce film : le traitement psychologique des personnages. Tous les jeunes semblent n’avoir d’yeux que pour le rodéo même si beaucoup meurent ou se retrouvent paraplégiques (à l’image de l’ancien champion Lane Scott dont la spécialité était de tenir le coup et de résister face à la rage des taureaux). Lors d’une très belle scène ou la photographie rend véritablement hommage aux paysages, nous retrouvons la bande d’amis de Brady et nous comprenons le dilemme moral auquel cette génération est confrontée : tout faire pour réussir à dompter les purs-sangs car beaucoup refusent l’autre voie, à savoir devenir fermiers. Magnifiant la beauté des grands paysages et des chevaux, « The Rider » est un film courageux à la portée plus large qu’il n’y parait. Entre quête identitaire et hymne à l’Amérique profonde, il nous donne à voir et à réfléchir sur le fonctionnement d’une société rurale américaine. Aussi, il nous paraissait juste que ce film soit récompensé à Deauville. Le président du jury Michel Hazanavicius avait d’ailleurs déclaré : «Ce film nous a paru extrêmement puissant avec un mélange de poésie, beaucoup d'humanité et une réflexion politique». Assurément un beau et bon film : tout est dit ! Date de sortie en Belgique/France: 28 mars 2018 Durée du film : 1h44 Genre : Drame Résumé du film : Orphelin à la naissance, Ricky croit dur comme fer qu’il est une cigogne, comme tous les membres de sa famille d’adoption. Mais quand arrive le moment de la migration, ces derniers doivent lui avouer la vérité : Ricky n’est qu’un petit moineau, qui ne survivrait pas au long voyage vers l’Afrique. Ils doivent donc partir sans lui. Abandonné dans la forêt, Ricky reste déterminé à prouver aux yeux de tous qu’il est une vraie cigogne. C’est ainsi qu’avec l’aide d’Olga, une chouette excentrique flanquée de son ami imaginaire, et de Kiki, un perroquet narcissique chanteur de disco, il entame son propre voyage vers le Sud, périlleux et semé d’embuches… Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Avis : Après Vaillant, Blue et Gus voici Ricky, petit moineau courageux ! Le nouveau volatile vedette a d’ailleurs beaucoup de points communs avec le petit Gus, lui-même issu de studios européens. En quête d’identité, les deux oiseaux entreprennent un long voyage semé d’embûche. Ici, cette coproduction allemande, belge, luxembourgeoise et norvégienne nous entraîne dans les voies aériennes à la recherche des cigognes parties pour l’Afrique. C’est que Ricky, joli petit moineau, est persuadé qu’il est lui aussi un élégant échassier, sauf qu’il n’a pas fini sa croissance… mais ça ne saurait tarder ! Le petit piaf, qui ne comprend pas pourquoi ses congénères et parents adoptifs sont partis sans lui se met une quête en tête : les rattraper et migrer lui- aussi. Si on retrouve de nombreuses idées vues ça et là, « Le voyage de Ricky » est avant tout un film animé de qualité. Ses images de synthèses et ses décors sont de toute beauté, l’action dynamique et les rencontres parfois amusantes. Adressé à un (très) jeune public, le film de Toby Genkel et Reza Memari fonctionne mais ne révolutionne pas le genre. A tel point que les adultes présents dans la salle risquent fort bien de décrocher à quelques reprises. Ce n’est pas tant la faute aux gags redondants (et notamment celui de pigeons roucoulants) ni aux rebondissements convenus, mais à un sujet déjà vu et peu original. Et pourtant, la rencontre d’une chouette pygmée et celle d’une perruche mégalo viendront pimenter un peu l’aventure peu originale et apporter son lot de petites émotions. L’anthropomorphisme des personnages et leurs sentiments apportent un plus à ce film d’animation pour petites blondes et les messages de tolérance, d’entraide, de courage et d’amitié, sont les bienvenus. Mais à nouveau, n’étant pas le public cible de ce film pour enfants, nous n’avons pas pu mesurer toute la portée de ces messages. Si « Pierre lapin » ou « Drôles de petites bêtes » ne vous tentent pas et que vous préférez les films d’animation à la jolie 3D, « Le voyage de Ricky » pourrait vous satisfaire. Autrement, pas dit que le moineau parvienne à vous emmener sur son dos frêle et vous faire vraiment voyager. Date de sortie en Belgique : 28 mars 2018 Durée du film : 1h25 Genre : Animation Résumé du film : En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple. Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent. Note du film : 8/10 (par François) Avis :Le nom de Scott Cooper ne vous dit peut-être rien, mais derrière l’homme se cache de grandes fresques américaines dont lui seul a le secret. En 2010 sortait sur nos écrans « Crazy Heart » avec Jeff Bridges dans le rôle d’un chanteur de country sur le retour et plus récemment, en 2015, « Strictly Criminal » avec Johnny Depp en mafieux dans le Boston des 70’s. A chaque fois, ce sont les destinées humaines qui sont au cœur du cinéma de ce réalisateur. Retour du genre crépusculaire A son apogée dès la moitié du XXe siècle, le genre western a brillé deux décennies au soleil en Amérique d’abord, puis en Europe avec le genre spaghetti avant de connaître une longue traversée du désert. Pourtant, de temps à autre, il revient à l’écran avec des films forts. Le dernier film de Scott Cooper est-il dans cette veine ? On vous dit tout ! « Hostiles » n’échappe pas à la sacro-sainte règle du genre : de sublimes paysages du grand Ouest gangrénés par la nature humaine. Avec ce film le réalisateur nous offre un western d’une tristesse lancinante. Celle-ci provient des tourments du héros bien sûr (formidable Christian Bale) mais surtout des Amérindiens qu’il devra escorter chez eux, sur leur terre natale. Des Amérindiens bafoués deux fois En toile de fond nous mesurons ce qui allait devenir un génocide provoqué par l’incompréhension et la cupidité des Hommes. Ce film historique a l’intelligence de regarder le passé pour mieux interroger notre présent. Les peuples indiens ont été bafoués et le sont encore aujourd’hui. Il y a un an, des militants amérindiens et environnementaux ont marché à Washington DC afin de lutter contre la mise en service d'un oléoduc, dans le Dakota du Nord. L’histoire se répète : hier pour les terres fertiles, aujourd’hui pour le pétrole. La grande force de « Hostiles » est de ne pas refaire l’histoire à la John Ford : gentils cowboys et méchants indiens. Ici, la dualité est beaucoup plus complexe car travaillée. Aucun homme n’est intégralement bon ou mauvais mais tous cheminent à leur rythme et suivent leurs convictions. Au cours de leurs périples, ces hommes peuvent transgresser les règles et la morale pour revenir sur le droit chemin car c’est un peu ça la vie. Le réalisme est poussé loin et les dialectes et autres coutumes des tribus indiennes en sont le meilleur exemple. Déchirées par leurs rivalités et la rudesse qui les animent, celles-ci n’ont jamais cohabité durablement. Certaines sont portées vers la guerre et d’autres cultivent le Bien. Rien n’est facile mais toujours un peu douloureux dans ce monde hostile. Et que dire de cette famille Cheyenne qu’escorte notre héros et qui semble désolée d’appartenir à ce monde violent profondément injuste ? Touchant. Ce voyage initiatique du héros se veut lent, assurément trop pour certains car il se fait à pas d’homme. Pourtant, cette histoire est truffée de messages qui font grandir. Alors oui, nous avons affaire à un western sans concession, dur et violent mais terriblement humain à la fois. La réalisation, exemplaire, prend le pouls de son histoire et se veut posée. Les personnages sont capturés par l’œil de la caméra et nous apparaissent comme prisonniers par le poids de leurs propres culpabilités. Christian Bale en tête, exprimera d’ailleurs ses remords et ses colères d’une façon exemplaire ! Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres que nous préférons vous laissez découvrir, « Hostiles » est un film à la facture classique mais efficace. Porté par de brillants comédiens qui parviennent à nous communiquer les conflits qui les rongent, nous sommes également les victimes des décisions politiques de l’époque qui nous heurtent encore aujourd’hui. « Hostiles » est un film à la pudeur émouvante d’une nécessité qui sonne comme un devoir de mémoire. Date de sortie en Belgique : 28 mars 2018 Date de sortie en France : 14 mars 2018 Durée du film : 2h14 Genre : Western Résumé du film : Dans Pierre Lapin, le héros espiègle et aventureux, qui a captivé des générations de lecteurs, prend maintenant le rôle principal de sa propre comédie contemporaine. Dans le film, la rivalité entre Pierre et M. McGregor s'intensifie plus que jamais. Leur lutte pour prendre le contrôle du légendaire potager de McGregor et le cœur chaleureux de l‘amoureuse des animaux qui habite à côté s'étend au Lake District et à Londres. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Si les œufs de Pâques, les poussins et autres décorations printanières sont déjà dans nos rayons de supermarché depuis plusieurs semaines, il y a un autre qui a pris un peu d’avance et fait son apparition dans nos salles quelques jours avant sa sortie officielle : Pierre Lapin ! Tout droit sorti du livre pour enfants de Beatrix Potter, « Pierre Lapin » est fidèle à celui qui a fait rêver ou endormi toute une génération de petits européens. Déjà adaptées pour le petit écran, les aventures du jeune animal intrépide trouvent à présent leur place sur nos grandes toiles blanches, pour le plus grand plaisir des jeunes spectateurs et leurs parents. Car à entendre les éclats de rire du public en culotte courte présent dans la salle, le succès est garanti. Les frasques de Pierre, Mopsaut, Flopsaut et Queue de coton ravissent les jeunes spectateurs venus en nombre découvrir ce film familial optimiste et efficace. Et si nous ne sommes pas le public cible du film de Will Gluck, nous ne boudons pas notre plaisir et apprécions le décalage et l’humour de certaines scènes mais aussi et surtout la beauté des images proposées. En effet, les effets sont intégrés à la perfection dans les images live et le plaisir visuel est total ! Celui qui a réalisé « Fired Up », « Easy A » « Sexe entre amis » ou encore « Annie » (autant de films qui nous ont échappé) renoue avec le cinéma familial et nous entraîne dans un univers fabuleux et délicieux que l’on prend plaisir à découvrir. Oui mais, si les images sont incroyables, le scénario est par moment un peu bancal et ne rebondit que sur les petits gags de bêtes à poil ou à picots et sur les dialogues parfois impertinents. Très beau à contempler, le film s’adresse tout de même essentiellement à un public jeune et se veut, techniquement, un beau concurrent de « Paddington 2 », sorti quelques mois plus tôt. A la croisée de « La ferme des animaux » de G. Orwell et des aventures de Frère Lapin (contée dans « La mélodie du Sud » de Disney), « Pierre Lapin » nous raconte comment les animaux veulent profiter du potager installé sur la terre de leurs ancêtres et accaparée par la famille Mc Gregor depuis des années… Malicieux, inventif, Pierre ne recule devant rien et ce n’est pas le nouveau propriétaire qui l’empêchera de se servir allègrement dans les allées verdoyantes voisines. Thomas McGregor (Domhnall Gleeson – « Star Wars », « Barry Seal ») vient en effet d’hériter de la somptueuse demeure dont il ne sait que faire (enfin si, mais tout révéler gâcherait une partie de la découverte). Voisin direct d’une jolie peintre et illustratrice (interprétée par Rose Byrne, qui avait déjà collaboré avec Will Gluck pour son précédent film), le jeune héritier occupe ses journées comme il peut, attendant de retrouver sa dynamique ville de Londres et sa vie pépère loin de ces satanés envahisseurs. Mais que serait « Pierre Lapin » sans cette petite guéguerre légendaire, ses coups bas, ses esbroufes et ses provocations ? Entre joli hommage à l’univers de Beatrix Potter et film d’aventure dynamique, « Pierre lapin » fait son petit bonhomme de chemin. Parfois sinueuse, parfois longue, la route entreprise aux côtés de ces animaux attachants nous offre de jolis moments d’amitié et d’amour et nous démontre qu’en 2018, on peut encore trouver des petites histoires gentillettes où les méchants n’en sont pas vraiment et la vie rurale parfois belle. Un film familial qui ravira petits et (un peu plus) grands et qui tombe à point à cette vieille de congé de printemps. Date de sortie en Belgique : 28 mars 2018 Date de sortie en France : 4 avril 2018 Durée du film : 1h35 Genre : Aventure / Famille Titre original : Peter Rabbit Résumé du film : Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Il essaie d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant toutes les nuits au pub du village et en s’adonnant à des aventures sexuelles sans lendemain. Quand un saisonnier vient travailler pour quelques semaines dans la ferme familiale, Johnny est traversé par des émotions qu’il n’avait jamais ressenties. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : « God’s own country » sort enfin dans nos salles. Diffusé en France sous le titre de « Seule la terre », le film avait connu un beau succès critique dans l’hexagone. Mais se voir précédé d’une telle réputation peut être dangereux : alors qu’on s’attend au petit chef d’œuvre, la déception peut se pointer au tournant. Il faut dire que « God’s own country » suit une claque cinématographique que nous ne sommes pas prêts d’oublier : « Call me by your name ». Si la comparaison entre les deux films est tentante autant le dire tout de suite, l’histoire et le traitement sont radicalement différents. Là où le film de Luca Guadagnino présentait une histoire d’amour passionnelle entre un adolescent et un beau jeune homme, celui de Francis Lee nous montre une histoire plus brute où les charges de la ruralité prennent le dessus sur la passion humaine. Néanmoins, le récit de « God’s own country » parvient lui aussi à nous émouvoir, à nous faire espérer avant de nous décevoir… Oui, l’ascenseur émotionnel est enclenché et les sentiments nous cueillent à quelques reprises, mais nous peinons aussi à entrer totalement dans cette histoire d’amour, tendre et délicate, qui unit fébrilement deux jeunes paysans. Très classique, le film nous conte l’histoire de John, jeune homme travaillant dans la ferme familiale, où l’ambiance est loin d’être au beau fixe. Quand arrive Gheorghe, un Roumain compétent dans les travaux ruraux, John ne voit pas en lui un complice mais un concurrent. D’abord rejeté, Gheorghe va peu à peu gagner sa place au sein de l’exploitation mais aussi dans le cœur de John. Isolés dans la campagne anglaise, les deux jeunes hommes ne font pas qu’aider à l’agnelage des brebis et réparer les murets de pierre. Ils découvrent leur corps à l’abri du vent et loin de tous. Mais comme toute histoire d’amour, la passion qui naît peut vite s’étioler au gré du temps. Provocation, jalousie ou admiration, passion et dévotion, aucun des sentiments ne se démarquent ou se développent réellement. Non pas par paresse scénaristique, que du contraire, mais parce que Johnny a tant à faire entre le travail à la ferme, le soutien à sa grand-mère et la convalescence de son père. Vous l’aurez compris, l’homosexualité est bien sûr un sujet central mais pas seulement. La charge mentale, ou physique et la labeur prennent le pas sur les sentiments et « God’s own country » nous le montre joliment. Le travail d’acteurs vient sans aucun doute apporter une belle pièce à l’édifice de Francis Lee: le jeune Josh O'Connor et Alec Secăreanu s’accordent pour donner vie à leurs personnages, apportant rudesse et tendresse dans une histoire d’amour sans lendemain. Bien réalisé, superbement filmé, le long-métrage recèle bien sûr des qualités. Mais sa facture classique et son manque d’audace (abstraction faite des scènes de sexe parfois crues), ne nous ont pas convaincu et même peut-être déçus. Qu’à cela ne tienne, le film trouvera très certainement son public et parlera au cœur de certains spectateurs. Le nôtre était peut-être un peu fatigué et n’a pas réussi à battre au rythme de cette grosse heure trente d’amour/amitié d’une grande instabilité. Date de sortie en Belgique : 21 mars 2018 Durée du film : 1h44 Genre : Drame Résumé du film : Thomas a 22 ans. Pour sortir de la dépendance, il rejoint une communauté isolée dans la montagne tenue par d’anciens drogués qui se soignent par la prière. Il va y découvrir l’amitié, la règle, le travail, l’amour et la foi… Note : 7/10 (par Véronique) Avis : Malgré son titre a priori explicite « La prière » n’est pas un film religieux mais un long-métrage sur la foi, celle que l’on a en les autres ou au fond de soi, spirituelle, quotidienne ou religieuse, celle qui ramène à la vie ceux qui sont tombés un jour au fond du trou ou dans les méandres de l’alcool et de la drogue. Cédric Kahn, qui a pour habitude de présenter un cinéma social centré sur des marginaux, réussit ici un nouveau tour de force : nous inclure dans une histoire face à laquelle nous aurions pu garder une certaine distance. Et pourtant… En arrivant dans la communauté où il va évoluer plusieurs mois, Thomas était rempli de colère. Chaque silence, chaque pardon constituaient des affrontements auxquels il se buttait, alimentant un peu plus la difficulté d’entrer dans le moule ou les règles qui lui étaient édictées. Respect des rituels de travail ou de prière, des autres mais aussi de soi-même dictent quotidiennement la nouvelle vie de Thomas. Pour lui donner un cadre, un rythme qu’il n’avait plus et auquel il doit apprendre à faire face. Mais pourrait-on sortir la tête de l’eau seul ? La fraternité présentée dans « La prière » a une place plus prépondérante que la foi, qui n’est qu’un refuge parmi tant d’autres. D’ailleurs, entre religion et amour, Thomas ne saura plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer. Tentations, rechute, colère et pardon tiraillent donc ce jeune adulte en perte totale de repère. Mais avant de pardonner aux autres ou de demander pardon pour ses excès de colère, ne doit-il pas se pardonner lui-même du chemin qui l’a emmené jusqu’ici ? « La prière » est rempli de contraste, tant au niveau de ses personnages que dans l’environnement qu’il met en lumière. La nature paisible et la sérénité qui entourent le lieu de retraite perché dans la montagne, les chants optimistes repris en choeur sont tantôt des actes réprimés tantôt des refuges qui apaisent la colère. La fraternité qui unit chaque membre de la communauté contraste totalement avec l’accueil très peu chaleureux réservé aux nouveaux venus. Proches des conditions carcérales, les premiers gestes rudes interpellent: on rase les cheveux, on confisque les effets personnels, on invite à travailler de manière austère et à lutter seul contre ses démons. Mais une fois l’intégration faite, on peut compter sur une vraie solidarité qui pourrait déplacer des montagnes et mettre à mal n’importe quelle addiction. Mais le plus bluffant dans « La prière » est sans conteste le jeu d’Anthony Bajon, formidable de justesse et capable de passer de la colère au calme olympien. En rémission totale, le jeune homme se met en marche vers une résilience contre la drogue et sa vulnérabilité. Les témoignages d’autres (anciens) camarades d’infortune, la confrontation avec la Mère fondatrice de ce lieu de repentir en disent long sur les sentiments profonds qui animent le jeune Thomas. De sauvé, il devient sauveur, aidant les petits nouveaux et se réfugiant dans une nouvelle « addiction », sans non plus totalement croire totalement en sa reconversion possible. Jusqu’à ce que… Nous faisons parfois songer au livre autobiographique « La nuit de feu » d’Eric Emmanuel Schmitt ou au film « Adam’s apple » de Anders-Thomas Jensen, le dernier film de Cédric Kahn évoque bien sûr des thématiques spirituelles mais ouvre aussi la porte de la rédemption personnelle. Celle que l’on acquière en s’entourant d’une famille de substitution bienveillante, capable de porter chaque personne brisée vers une chemin moins cahoteux et lui donner un nouveau souffle de vie. Date de sortie en Belgique/France : 21 mars 2018 Durée du film : 1h47 Genre : Drame Résumé du film : 1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du III ème Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats ivres multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. Pour survivre, un jeune déserteur allemand, Willi Herold, va usurper l’identité d’un capitaine, entraînant dans sa fuite avec lui des soldats pour une mystérieuse «mission spéciale». Note du film : 9/10 (par François) Avis : « L'usurpateur » (Der Hauptmann dans son titre original) est un véritable coup de poing cinématographique qui percutera et marquera durablement le spectateur. Encore groggy par ce que nous avons vu, il nous a fallu un peu de temps pour reprendre nos esprits et pouvoir en parler sereinement. Nous pensions à tort avoir fait le tour des films historiques sur fond de Seconde Guerre mondiale… « L’usurpateur » nous démontre que nous nous étions trompés. Attention film choc en approche ! Le grand écart cinématographique ! Le dernier film du réalisateur et scénariste allemand Robert Schwentke est un de ces films si particuliers, qu’il soulèvera à coup sûr de vraies réactions de la part du public. Tout d’abord parce que le sujet se veut sombre : la débâcle allemande dans tout ce qu’elle comporte de plus odieux pour la population. Ensuite, parce que son traitement est tout bonnement glacial ! Nous retiendrons une photographie affutée au couteau et entièrement en noir et blanc. Bien sûr, ce choix ne fera que renforcer l’aspect réaliste de l’ensemble mais aussi et surtout suggérer l’inimaginable, ce qui reste caché au-delà des larmes et du sang. Cet excellent (et pourtant très dérangeant) film a d’ailleurs reçu plusieurs prix dont celui de la meilleure photographie au festival de San Sebastian. Nous comprenons aisément pourquoi tant le travail du directeur de la photographie Florian Ballhaus est exemplaire ! Le cinéma allemand n’a jamais été aussi bon que lorsqu’il mettait en images sa propre histoire. Pourtant, ici, une orientation nouvelle et dérangeante a été choisie pour prendre le spectateur en otage et le maintenir en tant que témoin impuissant de la tragédie qui allait se dérouler sous ses yeux. Ce choix est assez surprenant car, jusqu’ici, nous connaissions le cinéaste allemand pour ses incursions dans le paysage américain : c’était déjà lui qui en 2005 avait fait tourner Jodie Foster et Peter Sarsgaard dans le thriller « Flight Plan ». On lui doit aussi « Red » avec Bruce Willis, Morgan Freeman, John Malkovich et Helen Mirren en 2011. Plus récemment, il s’est essayé à l’adaptation du comic RIPD : « Brigade fantôme », et enfin la saga des « Divergente 1, 2,3 ». C’est dire si sa dernière réalisation marque un virage à 180 degrés ! La genèse d’un monstre « Le comportement inadmissible d’Herold dans un contexte historique particulier laisse entrevoir un bout de vérité sur la condition humaine en temps de guerre ». confiait Robert Schwentke.
C’est que l’acteur suisse Max Hubacher, du haut de ses 25 ans, nous subjugue littéralement ! Quel talent ! Sa performance mémorable commence lorsqu’il revêt cet uniforme. Alors ce sont ses traits qui semblent changer sous nos yeux ébahis, son maintien n’est désormais plus le même. Déjà se profile un autre homme passant d’ancien prisonnier et déserteur à une figure d’autorité. De victime, Willi Herold est en passe de devenir le bourreau implacable de cette fuite en avant où concours de circonstances, chance et idolâtrie frénétique feront de cet homme une arme de guerre sans mémoire et désormais sans humanité. L’intrigue, complètement ahurissante, fait froid dans le dos puisqu’elle s’inspire de faits réels et révèle un instantané de la vie de Willi Herold qui à 19 ans a berné tout le monde après avoir trouvé et endossé l’uniforme nazi en avril 1945. « La Capitaine », cet anti-« Douze Salopards » Les circonstances feront qu’Herold trouvera vite des alliés sur son chemin. Un soldat loyal d’un certain âge qui ne se pose pas trop de questions (troublant Milan Peschel) et un groupe de déserteurs mené par Frederick Lau. Herold façonnera bien vite ces hommes en perdition en un véritable commando de la mort . Profitant de la peur, des pertes de repères des uns et des aspirations déçues des autres, Herold manipulera, pillera et décimera tout ce qui se dresse devant lui. Mais bien sûr, s’il fait cela, c’est pour le bien de la grande Allemagne. Là où le réalisateur fait très fort, c’est dans sa documentation et sa recherche historique poussées. Ces éléments seront intégrés à une psychologie des personnages finement aiguisée pour nous faire frissonner à chaque instant. On pense notamment à ce que les hauts-dignitaires nazis ont dit lors de leur procès à Nuremberg : « j’ai suivi les ordres ». Cette déshumanisation de l’Homme ne s’est pas établie directement mais est le résultat d’un long processus d’influence, de peur, voire de fascination.
Renversant ! Kipinski, lui, trouve sa place dans ce monde de chaos qui lui permet d’assouvir ses pulsions mortifères. La légitimation de la violence lui est donnée justement par cette période de troubles et d’incertitudes. Nous ne pouvons d’ailleurs que saluer l’ensemble du casting. Tous les acteurs sont d’une incroyable justesse. Tourner un film aussi dur demande des nerfs d’acier. Mais le réalisateur confiera par ailleurs que tous les acteurs ont craqué pendant le tournage. Pas étonnant lorsqu’on sait que le métrage nous donne à voir une vérité implacable car souvent, les auteurs de crimes étaient des citoyens ordinaires. Rarement nous avons vu autant de déluge de fureur assumée et le caractère inhumain d’Herold marquera profondément le Cinéma de son empreinte. Quand le cinéma rattrape la réalité…De la déshumanisation de l’homme à l’interpellation citoyenne Construit en Pologne, le décor principal (le camp de travail et ses casernes) a été bâtit pour ensuite être dynamité afin d’être conforme au bombardement allié. Si ce film est aussi dérangeant, c’est parce que l’on se dit que ce que nous voyons est romancé, exagéré...Mais pas du tout ! Une des nombreuses scènes marquantes se déroule dans ce fameux camp de travail. Historiquement, cet évènement a eu lieu le 12 avril 1945. A elle- seule, cette scène présente cette figure du Mal qui nous apparaît comme étant la plus odieuse, la plus cruelle car le spectateur entre constamment en résistance face aux choix opérés par ce commando et cette négation de la vie. Quand le divertissement rencontre le travail de mémoire « C’est grâce au passé que nous sommes plus à même de comprendre le présent, et c’est grâce au présent que nous pourrons préparer l’avenir. Ils sont nous, nous sommes eux, le passé est présent ». Arno Schmidt (écrivain)
Le spectre du passé n’est finalement jamais très loin, encore faut-il en prendre conscience… Et que dire de son épilogue dont nous ne nous sommes pas encore remis? Contrastant par l’ajout de la couleur, il illustre le propos du film dans un second degré franchement dérangeant ! "J'ai voulu ce générique de fin car je me suis dit que, si les spectateurs n'avaient pas compris mon film pendant son déroulement, du moins percevraient-ils, à ce moment-là, ce que j'ai voulu dire...". Pari réussi ! Date de sortie en Belgique/France : 21 mars 2018 Durée du film : 1h58 Genre : Drame/Guerre Résumé du film : Lara Croft, 21 ans, n'a ni projet, ni ambition : fille d'un explorateur excentrique porté disparu depuis sept ans, cette jeune femme rebelle et indépendante refuse de reprendre l'empire de son père. Convaincue qu'il n'est pas mort, elle met le cap sur la destination où son père a été vu pour la dernière fois : la tombe légendaire d'une île mythique au large du Japon. Mais le voyage se révèle des plus périlleux et il lui faudra affronter d'innombrables ennemis et repousser ses propres limites pour devenir "Tomb Raider"… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Avec « Tomb Raider », Roar Uthaug introduit une nouvelle saga qui s’annonce juteuse. C’est que gamers et fans de film d’aventure risquent bien d’apprécier ce premier volet porté très justement par la jeune et performante Alicia Vikander. Et pourtant, il n’était pas aisé de nous faire oublier l’incarnation d’Angelina Jolie en Lara Croft pulpeuse. A la croisée des chemins entre adaptation fidèle de la Lara de Crystal Dynamics (qui a repris les manettes de la licence Tomb Raider) et héroïne moderne, cette nouvelle aventurière ne recule devant rien et part à l’outre bout de la Terre pour comprendre ce qui est arrivé à son père. Pop corn movie par excellence, « Tom raider » remplit le contrat et divertit son public dans un film d’aventure où énigmes et action conjuguent leurs efforts pour garder toute notre attention. Mission réussie ? En partie car si la dynamique constante et la bravoure de son héroïne nous en mettent plein les yeux, le manque de surprise, les longueurs et son histoire classique pourraient, par moments, rendre le film ennuyeux. Là où Simon West et Jan de Bont jonglaient savamment entre humour, gun fight et action, Roar Uthaug injecte de la gravité dans un reboot où l’histoire familiale des Croft tient une place centrale dans son intrigue principale. Adapté à l’immersion 3D ou 4DX (selon le budget des spectateurs), le film se suffit à lui-même dans une 2D plus que correcte. Les amateurs d’aventure apprécieront sans doute se perdre dans la jungle hostile d’une île japonaise, et progresser dans cette histoire linéaire (et peu originale) où de gros méchants tentent de s’emparer d’un artefact très précieux alors que de gentils héros improvisés tentent de les en empêcher. En tête, la jeune Lara Croft, incarnée par la sportive Alicia Vikander. L’ancienne danseuse a en effet travaillé dur pour acquérir l’endurance et la musculature de son personnage et le résultat est appréciable. A ses côtés un papa populaire, Dominic West (McNulty dans la série « Sur écoute »), passionné par l’archéologie et soucieux de préserver ce qui doit l’être. Face à ce tendre duo, un méchant glacial interprété par le très crédible Walton Goggins. Et côté tête d’affiche, notons également la présence au générique de Daniel Wu, super vedette sino-américaine, vu dernièrement dans « Geostorm ». Correct dans sa forme, décevant par son fond, ce nouveau chapitre des aventures de Lara Croft est efficace sans non plus être mémorable. Si cette version 2018 remplit le cahier des charges et assure grâce à son casting impliqué, son histoire cousue de fil blanc et son manque de surprise font que ce long-métrage risque de se classer dans la catégorie « aussitôt vu, aussitôt oublié ». Date de sortie en Belgique/France : 14 mars 2018 Durée du film : 1h58 Genre : Aventure, action |
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