Note du film : 10/10 (par François et Véronique) Résumé du film : Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au "miracle sur l'Hudson" accompli par le commandant "Sully" Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière Avis : Difficile de ne pas donner la note maximale à « Sully », le dernier film de Clint Eastwood tant l’exercice de style est réussi au plus haut point ! Si son talent n’est plus à démontrer, à 86 ans, Clint parvient une fois de plus à réaliser un numéro de haute voltige en offrant un « biopic » de très grande qualité. Basé sur le roman « Highest Duty », écrit par Sullenberger et son co-pilote, l’histoire sait nous tenir en haleine durant la bonne heure trente de film sans jamais nous lasser. Relativement court, « Sully » a su trouver le bon timing (notion très importante dans le film, vous le comprendrez en le voyant) pour nous présenter à la fois les événements du 15 janvier 2009 et l’enquête qui a suivi. Eastwood aurait pu faire dans la facilité en jouant la carte du film d’action en huit-clos dans un Airbus prêt à se crasher. Et pourtant… le réalisateur américain a fait fort en offrant une enquête trépidante au sein de laquelle nous sommes précipités pour notre plus grand plaisir ! Le metteur en scène a l'idée brillante de nous proposer une lecture des événements au travers différents protagonistes. Des passagers aux contrôleurs aériens en passant par les habitants de la ville de New York, rien n'est laissé au hasard et cette dynamique nous permet d'avoir une vision panoramique de cet amerrissage osé et pourtant réussi. « Sully » est une belle représentation du cinéma sans concession auquel Clint Eastwood nous a déjà habitué. Une fois encore, la réalisation est à la hauteur du projet. Sans aucun pathos, nous suivons le Commandant Sullenberger, héros malgré lui, après un acte de bravoure incroyable. Mis à mal par une commission voulant accabler le pilote, Sully devra faire la lumière sur ses choix et ses réactions de professionnel des airs. En effet, la NTSB (The National Transportation Safety Board, une agence responsable des enquêtes lors des accidents sur le territoire US) fait fi de ses quarante ans d’expérience, de sa carrière irréprochable, des 155 personnes sauvées et n’a qu’un seul but : prouver qu’il aurait pu éviter un amerrissage périlleux sur l’Hudson River. Pour les besoins du film, Sullenberger n’a d’ailleurs pas hésité à venir en aide à l’équipe de tournage et à assister les comédiens lors des simulations de vol. Car en effet, c’est l’incroyable Tom Hanks qui prête ses traits au héros national. Collaborant pour la première fois avec Clint Eastwood, le comédien fait preuve ici de ce qu’il sait faire de mieux : incarner un personnage dense, se faire oublier au profit de celui qu’il interprète, toucher le public par les émotions qu’il livre toute en retenue. Il offre ici une prestation qui comptera dans sa carrière au même titre que d’autres qui nous ont touchés jadis (Forrest Gump, le Soldat Ryan ou encore Viktor Navorski dans « Le Terminal »). Son co-équipier, n’est pas en reste : Aaron Eckhart, Jeff Skiles dans le film, colle au personnage de façon ultra-réaliste. D’ailleurs l’acteur a suivi de nombreux cours de pilotage et a obtenu sa licence de pilote privé, gage de son investissement dans son rôle. Véritable partenaire à l’écran, il fait jeu égal avec Tom Hanks sans jamais l’effacer, ni se mettre en retrait. Habituée au cinéma de Eastwood, on retrouve Laura Linney dans un rôle sensible, celui de la femme de Sullenberger, happée par les médias et éloignée physiquement de celui qui a sauvé tant de vies. Sa perception des événements est altérée par l’engouement qu’à la population pour son héros. Pourtant, humble et reconnaissant face à l’aide incroyable que cet amerrissage a sollicité (plus de 1200 personnes sont venues prêter main forte dans le secourisme des passagers accidentés), Sullenberger n’aura de cesse de rappeler qu’il n’a fait que son travail. Celui d’Eastwood pour réhabiliter l’image du Commandant est tout aussi probant. Après les vrais héros ne restent-ils pas toujours dans l’ombre ? 12…. 9…. Obstacle ….. 6 ….. Remontez … 3 … Impact. Nous voilà posés en douceur, après une bonne dose d’adrénaline, sur un chef d’œuvre qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte ! Date de sortie en Belgique : 30 novembre 2016 Durée du film : 1h36 Genre : Biopic
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Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : A bord d’un petit rafiot, Homer et Joé, la cinquantaine, remontent un fleuve vers des chutes d’eau en Croatie. Jusqu’au décès, récent, de leur père, ils ignoraient l’existence l’un de l’autre. Pourtant, ils sont demi-frères. Sean, un baroudeur irlandais énigmatique et menteur se joindra à eux. Avis : Le jour de sa sortie officielle, Marion Hänsel est venue présenter son tout dernier long-métrage, « En amont du fleuve », dans le cadre de l’ouverture du nouveau cinéma de Charleroi : le Quai 10. Déjà projeté lors du Festival International du Film Francophone de Namur, le long-métrage de la réalisatrice belge, met en scène un duo d’exception : Olivier Gourmet et Sergi Lopez. A l’image de son cinéma, qui met en avant les liens du sang, « En amont du fleuve » est un joli voyage au cœur de la Croatie où le temps reste en suspens. Si vous connaissez l’univers cinématographique de Marion Hänsel, vous savez qu’en entrant dans ses réalisations, vous en sortirez un peu changé, chargé d’une réflexion sur les liens qui unissent ses personnages, et qui nous renvoie souvent à nos propres relations personnelles. Qu’il s’agisse d’un couple à la dérive, d’une famille en quête d’une eau précieuse, d’amis ou de parents, le cinéma de la réalisatrice belge est un cinéma social, familial où les non-dits, les rapprochements, les questionnements sont omniprésents. Ici encore, on assiste à la rencontre de deux demi-frères, radicalement opposés, en quête de vérité sur le décès de leur père qu’ils ont tout deux mal connus : qui était-il ? Que faisait-il au fin fond des montagnes croates ? Quel père a-t-il été pour l’un alors qu’il était absent pour l’autre ? Les questions sont nombreuses. Et pourtant, ce qui est au centre de ce périple, ce n’est pas tant cette figure paternelle mais la découverte de l’autre, du frère inconnu dont on sait peu choses. L’un est patron d’une entreprise de transport routier, l’autre un écrivain globe-trotter. Homer est bourru, alcoolique à ses heures, emporté et adepte de la clope alors que Joé est toujours positif, discret et serviable. Homer, c’est l’excellent comédien belge Olivier Gourmet. En plein dans le registre qui lui sied le plus, l’acteur incarne une fois de plus un personnage antipathique aux premiers abords mais tellement sensible à l’intérieur. Homer n’a jamais connu son père, il a quitté sa mère lorsqu’elle était enceinte. Il a donc imaginé le père qu’il aurait pu avoir, ne se raccrochant qu’à une vieille photographie d’un homme qui lui ressemble si peu. Lorsqu’il rencontre son frère, Joé, il entrevoit la possibilité de savoir comment était celui qui a toujours manqué à sa vie. Lui ressemble-t-il ? Aurait-il était fier de ce qu’il a accompli ? Quel père était-il ? Les questions le taraudent mais son frère y apporte peu de réponses. Absent, il ne connaît pas plus celui qui les unit et c’est ensemble qu’ils découvriront ce qu’il est devenu et quelles ont été les circonstances de sa mort. « J’écris pour ne pas devoir parler » Ces mots sont ceux de Joé, l’écrivain de la famille, interprété par le touchant Sergi Lopez, l’ami qui nous veut du bien. A elle seule, cette phrase résume la relation instaurée entre les deux hommes. Leur voyage, ils le font dans un silence ponctué de quelques phrases, quelques rares échanges. Les non-dits sont omniprésents mais ne sont en rien gênants. Les silences sont parfois plus parlants que les mots et c’est bel et bien le cas ici. Néanmoins, s’ils échangent peu verbalement, les deux frères s’entraident, évoluent ensemble dans cet environnement aux apparences hostiles ou sur la rivière tranquille qu’ils remontent jour après jour. Si les dialogues sont peu fréquents, l’univers du film est sublimé par une photographie impeccable, des lumières et des atmosphères merveilleuses. Marion Hänsel fait le choix d’abandonner ses précieuses pellicules de 35mm pour utiliser le digital d’une bien belle façon. Le visuel final est d’une luminosité incroyable, les personnages et les décors sublimés par l’œil de la caméra. Car la metteur en scène aiment ses comédiens et cela se voit sur l’écran ! Qu’il s’agisse d’Olivier Gourmet, de Sergi Lopez ou de John Lynch, elle sait les mettre en scène et en valeur au travers des traits de caractère très différents. En retenue mais totalement impliqués, les trois comédiens assurent leur rôle haut la main et font vivre leurs personnages avec talent. Aidée dans l’écriture de son scénario par l’auteur Hubert Mingharelli, Marion Hänsel a su trouver un équilibre parfait entre la parole et le silence, la sobriété des comédiens et la grandeur des décors naturels. Linéaire et aussi très littéraire, son dernier long-métrage est un bel exemple de cinéma vrai, immersif et réflexif. Certains spectateurs regrettent la lenteur présente à certains moments. Il est vrai que le temps peu sembler long à quelques reprises mais n’est-ce pas intentionnel ? N’est-ce pas un bon moyen pour s’imprégner un peu plus de l’histoire des personnages, de les approcher de plus près? De comprendre les sentiments qui les animent ? Film véritablement immersif, excessivement bien réalisé, « En amont du fleuve » saura toucher le public amateur du cinéma authentique de la réalisatrice. Belle entrée en matière pour son cinéma d’auteur, il sera peut-être moins apprécié par les spectateurs amateurs de films plus dynamiques et en quête de grands divertissements. Avec son casting de luxe, le film nous entraîne dans un voyage au cœur des gorges croates et dans la vie de deux hommes en quête de repères et de reconnaissances. Date de sortie en Belgique : 30 novembre 2016 Durée du film : 1h30 Genre : Drame Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1 aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de « Gigi l’Amoroso » en 1974, le film « Dalida » est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire. Une femme moderne à une époque qui l’était moins. Malgré sa disparition tragique en 1987, Dalida continue de rayonner de sa présence éternelle. Avis : « Dalida », le biopic de Lisa Azuelos fera l’objet d’une grande avant-première le mercredi 30 novembre prochain. Diffusé en direct de l’Olympia, le film sera au centre d’une soirée présentée par Nikos Aliagas retransmise dans deux cents grands complexes de cinéma belges et français. Mais que vaut le dernier long métrage de la réalisatrice française ? S’adresse-t-il à un large public ou à une poignée de fans ? Adepte des musiques de la chanteuse, nous portions un intérêt certain au film « Dalida ». Mais très vite, nous nous sommes rendus compte qu’il ne tenait pas toutes ses promesses. S’adressant davantage à un public de télévision plutôt qu’à un public de salles, le long-métrage nous plonge dans l’histoire de cette femme adulée et pourtant terriblement seule. Frappée par la mort à plusieurs reprises, la belle italienne n’a cessé de suivre un chemin pavé de succès et de drames. Très documenté, le film veut être un hommage vibrant à la femme forte qu’elle était. Si le sujet et le matériel de base avaient de quoi servir un grand film, le constat est malheureusement tout autre : la réalisation bancale et les dialogues improbables auront tôt faits de décevoir les cinéphiles dont nous faisons partie. Le biopic musical use et abuse d’une présentation clichée de la vie de Iolanda Gigliotti. Les allers et retours dans différentes époques de sa vie auraient pu dynamiser le film mais l’impression générale de lenteur et de coupures est malheureusement plus forte. Pire, on se retrouve parfois noyés dans une histoire fouillie, allant de sa tentative de suicide à son enfance, de ses débuts de carrière à son succès « olympien ». Tantôt linéaire, tantôt rétroactive, sa biographie est telle qu’il aurait fallu faire des choix, ce qui est loin d’être le cas. Seule constante ? Les illustrations musicales de ces périodes de vie par le biais des grands succès de l’immense chanteuse. La bande originale (de la vraie Dalida), très présente, est plaisante à entendre : on tapote du pied, on murmure les paroles des tubes entendus maintes fois… enfin, ça c’est pour les amateurs de son univers parce que pour les autres, il y a fort à parier qu’ils en seront vite blasés. Et il y a de quoi car, c’est vrai que ce schéma « narratif » est redondant et que cet appui musical systématique sur les moments clés de sa vie peut agacer. C’est d’ailleurs dans sa réalisation et dans ce genre de choix scénaristique que le film perd de nombreux points. On peine à comprendre pourquoi la mise en scène est à ce point bancale ou maladroite, car Lisa Azuelos n’en est pas à son premier essai : la réalisatrice française se trouvait déjà derrière la caméra de « Comme t’y es belle » ou encore de « LOL » et de « Une rencontre » deux films avec Sophie Marceau. A cela, ajoutons des dialogues hors propos ou parfois en décalage et on obtient une trame branlante où clichés et incompréhensions se succèdent sans fin. Durant près de deux heures, on se plonge dans l’album souvenirs de la chanteuse, de son enfance au Caire jusqu’à son appartement de Montmartre, partageant ses joies mais surtout ses peines. Car la vie de Dalida, on le savait déjà, était loin d’être facile et la mort n’a cessé de marquer son empreinte depuis son plus jeune âge. Très aimée et bien entourée, la star a cependant toujours eu l’impression d’être passé à côté de sa vie. Quand on lui dit que « toutes les femmes ordinaires veulent être comme toi » elle a cette douloureuse réponse : « Moi je veux tellement être comme toutes ces femmes ordinaires, avoir un enfant, un mari », ce qu’elle n’a finalement jamais eu. « Une star ne peut pas avoir d’enfant, ça casserait le mythe » mais derrière ce mythe se cache une femme remplie de rêves, jamais véritablement concrétisés. Oui, Dalida a eu une belle carrière, mais a-t-elle eu une belle vie ? C’est à cette question que Lisa Azuelos tente de répondre. Et pour trouver les réponses, la réalisatrice a eu la curieuse idée de faire dire aux personnages du film les ressentis de Dalida, tout ce qui a jalonné sa vie. Après une présentation dans les règles, on assiste à des échanges dans le bureau d’un psy (suite à sa première tentative de suicide) où chacun énonce ce qui a marqué l’enfance, la vie de Iolanda et ce qui l’a amené à ce redoutable choix. Il est justement temps d’évoquer les personnages et le casting qui porte le film. Correct dans son ensemble, il met surtout en avant une mannequin novice dans le monde du cinéma : Sveva Alviti. Convaincante et juste dans son rôle, la comédienne a beaucoup de point commun avec celle qu’elle incarne : Italienne, elle a un sourire ravageur et un regard pénétrant, une classe folle et une aura indéniable. Brune ou blonde, cette comédienne en devenir (?) assure dans le rôle de Dalida et ne nous fait pas regretter le déplacement. A ses côtés, une pléiade d’acteurs, du cinéma français ou international : Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Patrick Timsit, Vincent Perez, Nicolas Duvauchelle, Niels Schneider ou encore Brenno Placido se succèdent au bras de la belle. Toutes ressemblances avec des personnages réels étant volontaires, on reconnaît les traits de chaque personnage, exception faite de Bruno Coquatrix, interprété par un Patrick Timsit (trop) fidèle à lui-même Avec sa bande originale très présente, « Dalida » nous plonge dans la vie de son héroïne éponyme durant plus de deux heures. Tiré quelque peu un longueur, le film aurait gagné à être pensé autrement. Parfois caricatural, il n’atteint peut-être pas le but escompté. Si nous sommes acquis à la cause de l’admirable star, on regrette cependant le choix scénaristique et la mise en scène de Lisa Azuelos. A qui s’adresse le film ? Aux fans ? Aux curieux ? Un tel biopic était-il indispensable ? Nous nous posons toujours la question et nous ne pouvons faire abstraction de la déception qui nous poursuit à la sortie de la projection. Date de l’avant-première en France/Belgique : 30/11/2016 Date de sortie : 11/01/2017 Durée du film : 2h04 Genre : Biopic Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Los Angeles, 1965. Alice Zander et ses deux filles, Paulina et Doris, spécialisées dans les sciences occultes, décident d'utiliser une planche Ouija pour « arnaquer » les clients désireux de parler avec leurs proches décédés. Mais quand un véritable esprit prend possession du corps de la petite Doris, la famille s’inquiète et espère le renvoyer de l'autre côté. Avis : Alors que le premier « Ouija », sorti en 2014, nous avait déjà un tantinet déçu, ce deuxième opus (qui est en réalité une préquelle au précédent) a-t-il su nous surprendre ? Pas vraiment. Si les amateurs de frissons voient dans la sortie d’un nouveau film d’horreur une occasion rêvée de sursauter dans les fauteuils de leur ciné, « Ouija : les origines » risquent de les désenchanter. En effet, après un petit suspense amené crescendo au bout de la première demi-heure, on tombe dans les mécanismes habituels des films du genre : couverture qui bouge « toute seule », ombre inquiétante, reflet dans le miroir vachement flippant : tout y est ou presque. Ajoutez à cela une petite touche de « The grudge » et vous obtenez un alignement de clichés horroresques à la limite du kitsch. Et le mot kitsch est peut-être un tantinet léger. Après une première moitié intéressante où Mike Flanagan plante le décor (on y reviendra plus tard), le film part en vrille avec l’arrivée d’un démon mal réalisé (est-ce volontaire d’user d’effets spéciaux cheap ?) qui prend possession d’une gamine déjà marginale. Comme souvent, c’est un enfant qui est choisi comme canal et on doit le dire, la petite deviendra vite très inquiétante avec ses yeux révulsés. L’histoire suit la ligne de conduite habituelle, surprend peu et abouti sur un final manquant cruellement d’originalité. Si l’air de déjà vu nous titille durant toute la durée de « Ouija 2 », tout n’est pas à jeter non plus. A commencer par Doris, interprétée par la toute jeune Lulu Wilson. Celle que l’on retrouvera l’an prochain dans « Annabelle 2 » (une suite indispensable ?), a déjà fait preuve de son talent de comédienne dans « Délivre-nous du mal », film d’horreur de Scott Derrickson. Il est loin d’être évident de trouver une enfant convaincante pour des rôles aussi difficiles que celui de Doris : matérialiser la peur, la possession, l’étrangeté, ce n’est pas donné à tout le monde et Lulu se débrouille plutôt bien ! Figure centrale du film, son personnage évolue au fil de l’heure trente passant de la curiosité à l’animosité avec une facilité déconcertante. Dans le reste du casting, on retrouve, entre autres, Annalise Basso, vue dernièrement dans l’excellent « Captain Fantastic » de Matt Ross et Elizabeth Reaser (Esmée Cullen dans « Twilight »). L’histoire se déroulant dans les années 60, on assiste à une reconstitution d’époque intéressante. Le générique d’ouverture prend d’ailleurs des allures des films d’autrefois. Durant les vingt premières minutes, on plante le décor, on découvre le fonctionnement de la famille, les petites arnaques que mère et filles ont mise en place pour attirer les âmes en peine et tout cela en délicatesse. Même les petites émotions que ressentent les trois femmes suite au décès du mari/père sont bien amenées. La démarche de faire entendre le discours des morts à ses clients est même honorable car Alice use de son « don de communication » pour rassurer les gens, les aider à faire leur deuil et non pas pour une raison exclusivement pécuniaire. La psychologie des personnages installée, les scénaristes Mike Flanagan et Jeff Howard trouvent un élément déclencheur pour faire entrer le mal dans la maison familiale. Mike Flanagan n’est pas seulement scénariste du film, c’est également le réalisateur de « Ouija : les origines » et ce n’est pas la première fois qu’il porte cette double casquette puisqu’il avait fait de même pour ses autres longs métrages : « The mirror » et « Absentia ». Prolifique dans ce domaine, l’Américain a d’ailleurs deux films en post-production : « Before I wake » et « Hush ». Il se murmure même qu’il a accepté d’être la plume du film « Souviens toi l’été dernier », un nouvel opus de la saga de notre adolescence. Par ailleurs, être abonné aux films d’horreur ne signifie pas pour autant performer dans cette catégorie et les amateurs du genre que vous êtes peut-être, sont de plus en plus exigeants en la matière, il faut donc assurer haut la main pour convaincre. « Ouija les origines » est donc un film de plus dans la lignée « horreur qui surprend peu ». Les inconditionnels du genre pourront être déçus ou amusés d’y retrouver ce que l’on a déjà vu ailleurs mais quoiqu’il en soit, en matière de frissons, c’est sûr, on a déjà vu bien mieux ! Il a fort à parier que vous frissonnerez bien plus dans une soirée entre potes, une boîte de Ouija (des éditions Hasbro tant qu’à faire) entre les mains plutôt qu’à la vue de ce film... Date de sortie en Belgique : 23 novembre 2016 Date de sortie en France : 2 novembre 2016 Durée du film : 1h39 Genre : Horreur Titre original : Ouija: Origin of Evil Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Layla est une jeune femme d’origine marocaine. Perturbée par la mauvaise image des Marocains, de la foi islamique et contre les idées libérales de ses parents, elle décide de rejoindre un groupe de jeunes musulmans qui se battent pour l’acceptation et la pratique de leur foi. Avis : Projeté en avant-première belge dans le cadre du « Festival International du Film de Bruxelles », « Layla M », a marqué de nombreux esprits. Par sa réalisation, bien amenée et immersive mais aussi et surtout par son sujet, très actuel et ô combien sensible ces derniers temps. « Mon Islam n’est pas politique, je te laisse ça ». (Younes, frère de Layla) Durant une bonne heure trente, nous suivons le parcours de la jeune Layla Mourabit, lycéenne très impliquée dans sa foi musulmane. Excédée par le manque de considération de sa religion, la jeune femme se radicalise, s’investissant politiquement (par des manifestations, un site Internet et des flyers aux messages chocs) et personnellement (elle entre régulièrement en conflit avec ses parents). Sa vie familiale est d’ailleurs bouleversée par les choix qu’elle réalise. Son père va à la mosquée, sa mère est très ouverte, son frère l’accompagne dans la découverte du Coran et de l’Islam et tous les quatre partagent la passion du football. Totalement intégrée dans la société néerlandaise qui l’a accueillie, la famille vole en éclats lorsque Layla décide de revendiquer sa foi et de la vivre à fond, n’hésitant pas à défier son père à la sortie de la mosquée ou sa mère lors des repas de famille. Si le manque de dialogue est clairement visible, la non réaction des parents l’est tout autant. Face à cette fille qui change, qui s’isole, qui porte le niqab, personne ne sait rien dire. Les vidéos qu’elle consulte dans sa chambre, les interactions qui se font via les réseaux sociaux avec d’autres extrémistes, sont autant de supports où la jeune femme puise une force, des idées que personne ne semble vouloir remettre en cause. Une conviction à toute épreuve. Layla est de plus en plus en rupture avec la société « laïque » dans laquelle elle évolue. Chaque altercation, chaque événement est l’occasion de renforcer un peu plus ses convictions religieuses et très vite, la jeune femme se radicalise. Le port du voile est mal vu ? Elle porte le niqab. La femme n’a pas droit à la parole ? Elle hurle haut et fort ses revendications. Peu à peu, l’adolescente se coupe du monde et se renferme dans sa religion, fréquentant d’autres musulmans radicaux, préférant couper les ponts avec ceux qui ne vivent pas leur foi à sa façon. Son père la renie, sa meilleure amie ne la reconnaît plus, la Layla d’avant n’est plus, par choix et non par mauvaises influences. Pire, c’est elle qui mène le combat et qui s’enfonce jour après jour dans une idée que l’Islam est grand, qu’il a toute sa place dans cette société qui le brime. Désireuse de fuir ceux qui ne la comprennent pas et d’aller plus loin encore dans sa bataille pour une reconnaissance de sa religion, elle se marie avec Abdullah et l’accompagne dans un voyage l’emmenant dans un camp djihadiste ardennais (à Malmedy) puis à Amman (en Jordanie), attendant de gagner la Syrie, but ultime de quelques unes de ses fréquentations. Abdel la respecte, accepte son indépendance, son combat, c’est d’ailleurs ce qui les a longtemps unit. Mais lorsqu’ils arriveront au Moyen-Orient, Layla se rendra compte que sa place de femme est à la maison et que son avis compte peu. Elle qui a bataillé pour sa liberté de culte et d’expression se voit emprisonnée et de moins en moins considérée. La chute est brutale, les convictions toujours présentes mais la pratique plus difficile. L’équipe du film. Excessivement timide lors de l’avant première, Nora El Koussour (Layla) est complètement investie dans son rôle et nous donne une belle leçon de cinéma ! Agée de seulement 22 ans, la comédienne a une maturité, une force d’interprétation impressionnante et nous fait vibrer tout au long du film. Ses joies, ses peines, ses larmes, ses colères se matérialisent par un jeu tiré à quatre épingles. Ses partenaires à l’écran sont tout aussi convaincants et en particulier Ilias Addab, son époux dans le film. Inconnu du public belge, le comédien a beaucoup de qualités et se met au service de son personnage de façon on ne peut plus convaincante. Son rôle est loin d’être évident, mais le jeune homme assume, sans en faire des tonnes. Côté technique, le scénario de Jan Eilander est réfléchi, bien amené et nous tient en haleine malgré quelques lenteurs. Le choix de Mijke de Jong de nous présenter le personnage féminin de Layla, fort et convaincu, est judicieux. Il ne réhabilite absolument l’extrémisme religieux mais montre les mécanismes mis en place par ses adeptes pour devenir des soldats d’Allah, de leur propre chef. En ces temps d’incompréhension et de jugements hâtifs, il est bon de se plonger dans un univers finalement si méconnu et en sortir rempli de questionnements. D’ailleurs, le « FIFB » était une belle opportunité pour rencontrer l’équipe du film. Jan Eilander, Mijke de Jong et Nora El Koussour avaient fait le déplacement. Malheureusement, nombreux sont les spectateurs qui ont quitté la salle une fois le film terminé. Non pas par désintérêt du sujet, que du contraire, le long-métrage a remporté son petit succès mais tout simplement parce que l’échange entre la réalisatrice, la comédienne et le scénariste n’a eu lieu qu’en néerlandais et il était difficile de comprendre l’importance des propos tenus par l’équipe du film… Pourquoi faut-il voir « Layla M »? Parce que sa thématique, l’angle abordé et la découverte d’un sujet sensible sont traités de manière intelligente et neutre. Il vaut également la peine si l’on veut découvrir un jeu de comédiens exceptionnels et s’immerger un instant dans le cinéma de nos voisins du Nord, encore trop méconnu. Jolie ouverture vers les discussions portant sur la foi, le radicalisme et ses dérives potentielles, « Layla M » vaut véritablement la peine d’être vu. Date de sortie en Belgique : 23 novembre 2016 Durée du film : 1h37 Genre : Drame Note du film : 7/10 (par François et Véronique) Résumé du film : 1926, New York. Norbert Dragonneau rentre à peine d'un périple à travers le monde où il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques. Il pense faire une courte halte à New York mais une série d'événements et de rencontres inattendues risquent de prolonger son séjour et va le mener face au terrible mage noir qui sème alors la terreur dans la communauté des sorciers, Gellert Grindelwald... Avis : Premier d’une série de cinq long-métrages, « Les animaux fantastiques » nous entraine à nouveau dans l’univers de J.K. Rowling. Loin de Poudlard et des jeunes apprentis sorciers, cette nouvelle intrigue nous plonge dans la ville de New York où débarque l’excentrique Norbert Dragonneau et ses étranges créatures. Le dernier long-métrage de David Yates (réalisateur des quatre derniers films de la saga Potter) est un joli prétexte pour présenter un bestiaire varié, surprenant et amusant, à l’image du titre : « fantastique ». Davantage pensé pour les adolescents, il ravira aussi les fans de l’univers d’Harry Potter, venus remplis la salle par nostalgie. François, véritable adepte de l’œuvre littéraire y a aussi trouvé son compte. En effet, s’il ne présente pas les personnages de l’univers d’Harry, le scénario fait quelques timides références à celui-ci (les elfes de maisons, Dumbledore, la famille Lestrange, Grindelwald, l’écharpe de Poudlard en sont quelques exemples). Cependant, il regrette le manque de noirceur, d’intensité et espère voir trouver une intrigue plus obscure dans sa suite, au même titre que celle apportée dans la saga initiale. Véronique, « non maj » (ou moldue c’est selon), a apprécié le voyage malgré l’intérêt relatif qu’elle porte au monde de JKR. Une chose est sûre, Warner Bros propose ici un film familial qui plaira sans aucun doute aux petits comme aux grands et qui émerveille par l’imaginaire qu’il présente. Côté déceptions, il y a malgré tout quelques points à relever. A commencer par un déséquilibre de rythme entre une première partie qui plante le décor d’une bien belle façon, mais cependant un peu trop longuement, et une deuxième plus prenante par l’action et la noirceur qu’elle présente. Les enjeux deviennent d’ailleurs plus conséquents dans la seconde partie du film où l’intrigue se développe plus profondément. Autre inégalité notoire : la 3D. Une fois de plus, il est dommage de constater qu’on accorde autant d’importance à des effets dispensables juste pour réjouir les porteurs de lunettes noires. Du logo Warner à la balade dans les airs de New York, on comprend que les concepteurs se sont faits plaisir et (ab)usent de leur savoir-faire pour en mettre plein les mirettes. Si de manière générale, les effets spéciaux sont bien réalisés nous avons eu quelques surprises face à des créatures un peu plus grossières… Les fadas de magie trouveront sans doute que les personnages prennent trop de libertés dans le code de la magie propre aux USA ( ?) : rares sont les noms de formule cités (alors que dans la saga Potter, c’est d’une importance capitale) et que dire des pouvoirs extravagants usés par les magiciens américains (de la télékinésie, vraiment ?) Par contre, il y a de très bonnes choses à retenir de ce premier volet « fantastique », à commencer par le cadre où se déroule l’action. Quelle bonne idée de transposer cette aventure dans le New York des années 1920 ! C’est l’occasion d’entrer dans un univers de décors et de costumes époustouflants. Mais pas seulement, c’est aussi une belle opportunité de comprendre ce qui s’est passé quelques années avant le coup de projecteur sur l’école de Poudlard, en Angleterre mais aussi partout dans le monde. On apprend ainsi qu’il y a une paix insidieuse entre sorciers et « moldus » (appelés ici « non-maj ») alors que les futures aventures de Rowling démontreront le contraire. Notons d’ailleurs ici que ce scénario n’est pas une adaptation d’un roman de l’écrivaine mais une idée originale bien que le manuel des animaux fantastiques existe puisqu’il a été écrit par un certain Newton Scamander (le nom de Nobert Dragonneau dans la version anglaise). Autre point fort, son casting ! Si beaucoup de personnages sont haut en couleurs, le héros du film, Norbert Dragonneau est un peu plus en retrait. Candide et timide, il arbore un air canaille qui lui sied à merveille mais reste le plus souvent au second plan, allant presque jusqu’à manquer de charisme (contrairement au personnage de Colin Farrell). C’est une très bonne idée d’avoir demandé à Eddie Redmayne, acteur fabuleux, d’incarner Norbert Dragonneau, car son personnage « naïf » et attentionné lui va comme un gant ! A ses côtés, un excellent second couteau, Dan Fogler, qui interprète Jacob Kowalski : le pâtissier mais pas seulement : Katherine Waterston et Alison Sudol sont deux sœurs sorcières charmantes, Colin Farrell un Percival Graves inquiétant voire troublant et Johnny Depp... non non, on ne vous le dira pas, on vous laisse la surprise ! La liste de comédiens est importante et ils s’investissent tous de façon convaincante dans leurs personnages, usant de leur force pour les faire vivre véritablement. Du côté des suites, on sait déjà que les deux volets suivant sont prévus pour 2018 et 2020 et seront également réalisés par David Yates. Les deux autres devraient lui être confiés mais côté agenda, il faudra encore patienter. Gentille entrée en matière dans une nouvelle saga, « Les animaux fantastiques » est un film familial sympathique qui ouvrira très vraisemblablement la voie vers d’autres incroyables aventures plus sombres qui nous amèneront peu à peu vers le regretté univers « Potter ». Date de sortie en Belgique : 16 novembre 2016 Durée : 2h13 Genre : Fantastique. Titre original : Fantastic Beasts and Where to Find Them Note du film : 7,5/10 (par Véronique et François) Résumé du film : Quelques années après la Première Guerre mondiale en Australie. Tom Sherbourne, ancien combattant encore traumatisé par le conflit, vit avec sa femme Isabel, sur la petite île inhabitée de Janus Rock dont il est le gardien du phare. Mais leur bonheur se ternit peu à peu : Isabel ne peut avoir d’enfant… Un jour, un canot s’échoue sur le rivage avec à son bord le cadavre d’un homme et un bébé bien vivant. Est-ce la promesse pour Tom et Isabel de fonder enfin une famille ? Avis : « Une vie entre deux océans » est une très jolie romance dramatique. Le sujet, grave, est intelligemment mis en image par Derek Cianfrance, un réalisateur américain de 40 ans. Le rythme du film, très justement dosé, nous permet de prendre le pouls, de nous poser aux côtés de Tom et Isabel. Le metteur en scène humanise ainsi chaque protagoniste, de l’enfant tant attendu aux différents adultes touchés par une douleur imprévue. Tout au long du film, on évolue au plus près du quotidien de ce jeune couple, partageant leurs joies, leurs peines et appréhendant la psychologie de chacun d’eux. Si l’histoire a des airs de déjà vu (et est à certains moments un peu convenue), elle réussit le pari de nous emporter malgré tout. Par contre, malgré sa très jolie photographie et ses excellents comédiens on ne se laisse garde une petite distance face à certaines émotions et restons, par moment, extérieurs à l’histoire malgré toutes les qualités qu’elle recèle. Le paysage désolé, l’isolement du phare sur cette île loin de tout dramatisent un peu plus l’histoire singulière des jeunes époux qui voient dans l’arrivée de cette enfant apportée par la mer, la possibilité de fonder enfin une famille. Et on le sait, le thème de la famille est cher au réalisateur. Derek Cianfrance, a déjà mis en scène cette thématique à travers deux autres longs métrages (le thriller « The place beyond the pines » en 2013 et la romance « Blue Valentine »), tous deux avec Ryan Gosling. Ici, il fait appel à un autre grand comédien de notre époque : Michael Fassbender. De « X-Men » à « Steve Jobs », l’acteur a déjà démontré qu’il savait se fondre dans des univers radicalement différents et le fait ici encore. Bientôt à l’affiche de « Alien : Covenant », « Assassin’s Creed » ou encore de « Weightless » de Terrence Mallick, le comédien enchaîne les tournages et les performances sans jamais décevoir son public. Marqué par la guerre, son personnage se retrouve gardien d’un phare et doit faire face à des états d’âme importants. L’acteur au parcours impressionnant sait tout faire et nous le prouve une fois encore avec ce rôle sensible et totalement assumé. Tiraillé par des non-dits, l’homme ressent une grande souffrance palpable tout en étant pudique, et doit faire face à des responsabilités qu’il ne peut qu’assumer. Le rôle de Tom sied comme un gant au comédien de talent et fera chavirer le cœur de bon nombre de spectateurs. Alicia Vikander, elle aussi très sollicitée ces dernières années, se fondra prochainement dans la peau de Lara Croft. En attendant, elle s’investit dans des rôles délicats comme celui de Isabel, cette jeune femme qui espère être mère, mais que le destin décide de mettre à l’épreuve. La jolie suédoise qui nous avait déjà bluffé par sa sensibilité dans « Danish Girl » (pour lequel elle a obtenu l’Oscar du meilleur second rôle), sert ici encore des émotions fortes et touche le public en plein cœur. Ses bonheurs, sa détresse deviennent les nôtres et sa performance, louable, montre un investissement total et réaliste. Sa palette de rôles est si vaste que nous ne sommes assurément pas au bout de nos surprises… Pour la jeune femme, chaque retour sur le continent est synonyme de désillusions, de bouleversements dans sa vie devenue enfin stable après une série de drames et qui a mis son couple à l’épreuve. Mais le poids de la culpabilité semble l’emporter sur la conscience de Tom et mettra à mal leur projet de bonheur entaché par un lourd secret. Le suspense est total, l’issue difficilement devinable et l’histoire agréable à suivre. Le couple Fassbender/Vikander est totalement crédible mais ce n’est pas étonnant car on nous souffle que depuis le tournage du film, le tandem à l’écran a, semble-t-il, décidé de l’être à la ville également ! A côté de ces deux figures fortes, une autre comédienne de renom, Rachel Weisz, plus discrète dans le film mais tout aussi performante. Veuve et dévastée par la perte de sa petite fille, elle n’a jamais cessé d’être en quête de vérité jusqu’au jour où le passé refait surface et qu’une lueur d’espoir brille dans son quotidien devenu triste et gris. Froide et distante dans un premier temps, elle fait siennes les épreuves de son personnage et évolue avec audace et brio, les traits marqués par le temps et les épreuves. Jamais véritablement absente des plateaux hollywoodiens, elle sait nous surprendre et nous offre ici un rôle mémorable et convaincant tant elle va loin dans l’émotion qu’elle nous procure. La musique du talentueux Alexandre Desplat et la très jolie photographie (de Adam Arkapaw) subliment cette histoire basée sur le roman de M.L Stedman de bien belle façon. Le phare, lieu central de l’intrigue a une place de choix dans la mise en scène et dans le déroulement de l’histoire. Située sur l’île fictive de Janus Rock, il se situe en réalité en Nouvelle-Zélande et montre combien ces terres du Milieu ont encore de jolis recoins à offrir ! « Une vie entre deux océans » est donc un film qui compte en ce mois de novembre. Son interprétation exceptionnelle, sa photographie plaisante et son histoire prenante divertiront sans conteste les romantiques et adeptes de drames subtils. Touchant sans être larmoyant, le dernier film de Cianfrance vaut véritablement le détour. Date de sortie en Belgique : 9 novembre 2016 Durée du film : 2h13 Genre : Drame Titre original : The light between oceans Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Un chauffeur de camion est arrêté sur une petite route par des hommes portant des tenues de protection contre les risques biologiques. Peu après, il percute une biche qui, bien que morte, se relève. A quelques kilomètres de là, Sok-woo et sa fille Soo-ahn, embarquent dans le Korea Train Express, un train rapide qui doit les amener de Séoul à Busan. Juste avant le départ, une jeune femme, qui semble malade, réussit à monter dans le train ; et alors que le train quitte la gare, celle-ci est envahie par un groupe d'individus qui attaquent le chef de quai. Avis : Sorte de « Walking Dead » coréen façon série B, « Dernier train pour Busan » est à la fois surprenant et déstabilisant. Surprenant par la dynamique qu’il installe après le premier quart d’heure du film, déstabilisant par la façon dont le cinéaste mais en scène son sujet. Durant près de deux heures, nous suivons les aventures incroyables de la petite Soo-Ahn et de Sok-Woo, son papa trader. Déçue par son cadeau d’anniversaire, la fillette demande à son papa d’exaucer son vœu : se rendre à Busan et y retrouver sa maman plus tôt que prévu. Malgré les responsabilités liées à son poste de financier, le père accepte et décide de faire le trajet avec sa fille. Mais à peine ont-ils pris place dans le train qu’une jeune femme malade monte à bord. Avec elle, c’est une épidémie redoutable qui entre dans cet endroit confiné… Yeon Sang-ho, le réalisateur sud-coréen n’en est qu’à son troisième long métrage et pourtant, on détecte la maîtrise du genre « épouvante ». Ces deux précédents films « King of pigs » et « The fake » étaient bien loin de ce qu’il présente ici puisqu’ils s’agissaient de deux thrillers présentés sous forme de films d’animation. Ici, il opte pour un style radicalement différent et nous offre un film de zombies sous haute tension. Ponctué de rebondissements et de scènes trash, son dernier- long métrage, savamment maîtrisé manque néanmoins de nouveauté : les courses poursuites dans les lieux publics en vue d’échapper aux morts-vivants, leur séquestration dans des environnements clos, une main qui passe ici, une tête aux dents aiguisées là-bas, on a déjà vu tout ça. Mais en plus de nous offrir un bel hommage aux films du genre, « Dernier train pour Busan » nous apporte son lot d’émotions, de bravoure et de sens du sacrifice. On s’attache aux différents personnages du film et quelque soit leur issue, ils auront su nous faire vibrer, stresser et espérer que la fin de l’histoire leur sera favorable. Dans la longue liste que constitue le casting, nous ne connaissions évidemment personne mais nous ne manquons pas de souligner que le film présente en tête d’affiche Gong Ji-chul, élu 5ème homme le plus beau de Corée du Sud en 2011 et 2012. Saluons la performance de la petite Kim Soo-Ahn, qui assume pleinement son rôle peu évident, et nous transmet ses émotions avec une intensité troublante ! De la première à la dernière scène, la petite aura su nous cueillir et nous emmener dans son univers apocalyptique avec une aisance certaine. On le sait, le cinéma asiatique peut offrir de très bons films d’angoisse : The ring, Dark Water en sont quelques exemples. Ici, Yeon Sang-ho déçoit un peu par son manque de maîtrise total de ce genre de film. Si cette première tentative n’est pas totalement aboutie, elle recèle néanmoins quelques bonnes techniques de stress sur ses spectateurs. Les maquillages sont plutôt réussis, les retour à la « vie » des zombies parfois kitsh, on oscille en permanence entre effet concluant et essai désappointant. Présenté en « Séance de minuit » lors du dernier Festival de Cannes, « Dernier train pour Busan » est à mi-chemin entre la réussite et un film de zombie conventionnel. Peut-on le classer dans la catégorie « nanar »? Pas vraiment. Si l’exploitation du sujet offre quelques longueurs et autres effets attendus, si parfois on est à la limite de rire tant la mise en scène est grotesque, le film se classe davantage dans la catégorie « angoisse » que dans la catégorie « hors propos ». Alors oui, il surfe sur la vague zombies et cie très à la mode en ce moment et l’expérience cinématographique particulière sert ce film plutôt réussi. Ce n’est foncièrement pas le film du mois mais il saura trouver sa place dans des festivals comme celui du BIFF où les spectateurs avertis apprécieront le travail de Yeon Sang-ho et l’univers monstrueux qu’il présente. Date de sortie en Belgique : 2 novembre 2016 Durée du film : 1h58 Genre : Horreur/Drame Titre original : Busanhaeng (부산행) Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée Avis : Ce n’est pas la première fois qu’Oliver Stone traite d’un sujet politique/économique américain. Après « Wall Street », « JFK » ou encore « Nixon », le réalisateur décide de mettre en lumière la vie d’un homme : Edouard Snowden. Si l’idée de base est bienvenue en ces temps d’omniprésence de réseaux sociaux en tous genres, d’élections présidentielles et tergiversations, il faut admettre que le metteur en scène de 70 ans a un peu perdu de sa poigne d’antan. Présenter un personnage emblématique tel que Snowden comme un jeune geek talentueux et perspicace près à tout dévoiler, c’est une chose. Mais nous expliquer les enjeux, les écoutes dont fait l’objet la population mondiale, les dérives de ce système, les effractions des règles éthiques, en est une autre. Et c’est ce deuxième angle qui manque un tantinet au dernier film de Stone et nous regrettons que les quelques insertions documentaires réelles ne soient pas plus importantes, que les informations présentées dans le générique final ne s’intègrent pas davantage à l’intrigue principale. Aborder « Snowden » sans connaître un minimum le personnage, c’est comme se retrouver dans le désert du Nevada sans chapeau et sans gourde… Néanmoins, le savoir-faire du réalisateur reste indéniable, la mise en scène tout à fait acceptable et le film aurait gagné à être un peu plus dense et à présenter un peu plus qu’une balade dans la vie d’Edouard Snowden, de 2004 à 2013. Pour un biopic, c’est tout à fait logique nous direz-vous… c’est vrai, sauf qu’ici, on parle tout de même de celui qui a dévoilé à la planète entière que les USA épiaient et exploitaient la moindre petite donnée numérique, quelle soit publique ou privée ! On le sait, le travail d’écriture du film a été fastidieux et est le résultat d’un mix entre le roman « Time of the octopus » d’Anatoli Koutcherena (l’avocat russe de Snowden) et du livre « The Snowden files : the inside story of the world’s most wanted man » écrit par le journaliste Luke Harding. Co-scénariste du film, Oliver Stone a travaillé à nouveau avec Kieran Fidgerald (leur précédente collaboration n’a finalement pas aboutie). Il dit de lui : « Kieran était un scénariste jeune, qui s’y connaissait en informatique et qui impressionnait Snowden. J’ai senti que cette histoire était sans doute la plus importante que j’écrirais jamais, alors j’ai dit oui. Et une semaine plus tard, j’étais à Moscou en rendez-vous avec Edward Snowden ». Cette formidable rencontre était l’occasion toute trouvée pour proposer un nouveau film engagé, Oliver Stone l’a fait… Pour interpréter Edouard Snowden, le choix s’est porté spontanément sur Joseph Gordon-Levitt. Oliver Stone savait dès le départ qu’il voulait travailler avec ce jeune acteur talentueux et le résultat est à la hauteur de l’implication du comédien. Par chance, celui-ci a pu rencontrer le vrai Snowden et s’imprégner de son vécu, de ses actes courageux. Car Gordon-Levitt est admiratif du personnage qu’il incarne : "Qu’il ait fait ce sacrifice, qu’il ait quitté Hawaï où il avait un boulot très bien payé et où il vivait avec la femme qu’il aime, qu’il ait renoncé à tout ça simplement pour défendre ses principes, je trouve ça incroyablement émouvant. Je sais que personnellement, je n’ai jamais rien fait d’aussi risqué et courageux". Cela se ressent à l’écran. Celui qui nous avait déjà tenu en haleine, suspendu sur son fil et jouant le funambules entre les deux Tours Jumelles, réussi ici un nouvel exercice de style : celui de donner vie à un personnage, très différent de lui physiquement, avec une profondeur et un jeu d’acteur convaincant. Pour rendre le film plus abordable et moins technique, le choix a été porté de présenter la vie professionnelle mais aussi privée d’Ed Swowden. Lindsay Mills a toujours supporté son compagnon, dans son travail comme dans ses décisions, fussent-elles difficiles à prendre. C’est pourquoi son personnage, interprété par Shailene Woodley (« Divergente », « Nos étoile contraires ») a une importance capitale dans le long-métrage. Très convaincante, la jeune comédienne apporte sa pierre à l’édifice et forme un tandem complice avec Joseph Gordon-Levitt. Dans leur lignée, on trouve une poignée de seconds rôles importants pour la compréhension de l’histoire. Il y a d’une part les journalistes, qui ont contribué à faire éclater la vérité : Melissa Leo (qui joue la documentaliste Laura Poitras, oscarisée pour son travail sur « Country, country » puis, mise sur écoute par le gouvernement) ainsi que Zachari Quinto et Tom Wilkinson, qui tiennent le rôle des deux journalistes pour la presse britannique « The Guardian ». Dans le camp de la NSA/CIA, on retrouve notamment Rhys Ifans (le big boss de Snowden) mais aussi Nicolas Cage que l’on retrouve avec un plaisir non dissimulé. Si son personnage passe au second plan, les quelques minutes passées en sa présence est une vraie petite bulle d’air frais dans ce monde de non-dits, d’espionnage et de manipulations. Sans l’implication réelle d’Ed Snowden, le film aurait –il été le même ? Sans doute que non. Dans ce monde très fermé qu’est celui de la NSA et de la CIA, rien de filtre, tout reste approximatif. Difficile dès lors d’émettre un jugement sur la véracité des propos portés à l’écran. Néanmoins, le parcours du jeune informaticien montre que de tous temps, les créations d’utilité publique ont été détournées à des fins bien moins louables. Condamné à errer dans le monde, Snowden est en proie à un procès de grande envergure : espionnage, vol de données, violation de la loi américaine, l’ancien agent secret se trouve dans une position bien peu enviable. Mais grâce à son sacrifice, on sait que la toute puissance américaine a abusé de la confiance de millions de citoyens des quatre coins du monde et qu’il est désormais plus compliqué d’outre- passer nos libertés individuelles et notre protection de la vie privée.. Enfin, ça, c’est dans la théorie... Qu’en est-il vraiment dans la pratique ? Si l’on regrette l’angle abordé par Oliver Stone et son engagement moins prononcé que pour certains autres longs-métrages, on ne peut néanmoins pas négliger le travail de documentation et de préparation qui a été fait autour du film , que ce soit par les scénaristes, le réalisateur ou par les acteurs. Instructif, « Snowden » nous distille une longue série d’informations et font de ces 2h15, un vrai marathon pour la vérité. Technique et ambitieux, le film possède quelques longueurs dispensables mais plaira à tous ceux qui se sont intéressés au cas « Edouard Snowden ». Pour les autres, il sera peut-être difficile de tenir la distance… Date de sortie en Belgique : 2 novembre 2016 Durée du film : 2h15 Genre : Biopic |
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