Résumé du film : Le récit de l'escalade par Tommy Caldwell et Kevin Jorgenson de la montagne El Capitan, haute de plus de 900 mètres et située dans la vallée de Yosemite aux Etats-Unis. Note du film: 8/10 ( par François) Avis : Après dix-neuf jours d’efforts, un exploit surhumain s’est produit le 14 janvier 2015 dans la vallée du Yosemite. Deux alpinistes : Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson arrivaient au sommet du Dawn Wall, une paroi de 900 mètres de granit dont une grande partie parfaitement lisse. Jusqu’alors, cette performance n’avait jamais été considérée par les alpinistes tant le parcours est difficile. Contre tous les avis et pronostics, ces deux hommes ont réalisé l’impossible et ainsi gravir ensemble cette montagne jusqu’ici imprenable. Cette véritable prouesse de dépassement de soi a été immortalisée dans le film « The Dawn Wall » proposée sur la plateforme Netflix. Ne jamais présumer des capacités d’autrui Au vu des éléments relatés dans le film, on peut dire que la vie de Tommy n’a rien eu de simple. Petit déjà, un instituteur lui a collé une étiquette en affirmant qu’il souffrait d’un retard mental. Afin de combattre la timidité de son fils, le père de Tommy l’emmène faire de l’escalade avec lui. Très vite, ce loisir deviendra sa passion. Sortant de sa coquille, Tommy rencontre sa compagne lors d’une compétition d’escalade qu’il remporta. Ensemble, ils décidèrent de s’attaquer aux parois du Kirghizstan. Après plusieurs jours d’escalade, ils se font tirer dessus par des islamistes les obligeant à descendre. Convaincus qu’ils allaient mourir, Tommy n’aura d’autre choix que de pousser son ravisseur dans le vide depuis le sommet, ce qui le marquera à vie… L’impossible ascension Quelques temps seulement après la rupture de son couple, Tommy se lance un challenge jamais réalisé jusqu’ici : être le premier à gravir ce « Dawn Wall », un bloc rocheux de Californie nommée « El Capitan ». Se rendant compte qu’il lui serait impossible de réaliser cet exploit seul, Kevin Jorgeson le rejoindra dans ce projet fou. Passionné, cet alpiniste n’a pas réellement d’expérience de cette ampleur mais témoigne d’un mental d’acier. Pendant des mois, les deux alpinistes analysent les cartes et cherchent les meilleurs passages qui leur permettront d’arriver au sommet. Durant l’hiver 2014/2015, les deux compagnons se lancent dans cette formidable ascension. Enchainant les passages techniques extrêmement difficiles, les compagnons de cordée sont rapidement suivis par les médias américains qui s’enflamment autour de ce projet un peu fou. La beauté du reportage filmé par Peter Mortimer et Josh Lowell tient en grande partie au fait que, jamais, Tommy n’a renoncé à son envie de gravir le sommet sans la présence de son partenaire et ce, malgré les difficultés de ce dernier. Le dépassement de soi et l’adrénaline procurée par un relais difficile poussera d’ailleurs Kevin Jorgeson à réussir un passage que Tommy n’a pu accomplir. Véritable émulation, l’escalade de ces deux amis est parfaitement retranscrite à l’écran. Quand on lui demande pourquoi il a choisi de se lancer dans une telle aventure, Tommy Caldwell ne répond pas mais à travers son silence nous entendons tout : son enfance étiquetée, sa passion naissante pour l’escalade, la perte de son index lors d’un accident de bricolage et ces médecins lui demandant de changer de passion… Date de sortie sur Netflix : Mars 2019 Durée du film : 1h55 Genre : Aventure/documentaire
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Résumé du film : Un critique redouté, une galeriste glaçante et une assistante ambitieuse s'emparent des tableaux d'un peintre récemment décédé... avec des conséquences funestes. Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Avis : Cinq ans après son très réussi « Night call », Dan Gilroy retrouve l’excellent Jake Gyllenhaal et la talentueuse Rene Russo (que le réalisateur a épousée en 1992) dans un thriller horrifique déstabilisant. Prometteur dans sa première moitié, le film change radicalement de ton dans sa deuxième heure pour le moins originale. Sans jamais rien expliquer, donnant de plus en plus d’angoisse à ses spectateurs désabusés, « Velvet Buzzsaw » assume son côté décalé, parfois kitch et propose même quelques scènes impressionnantes. Dénonçant les dérives du travail de critique dans un passage mémorable et très maîtrisé, le film parvient aussi à nous rendre familier avec le monde de l’art contemporain et avec ses métiers de l’ombre qui font rêver certains ou laissent de marbre les autres. Il met en lumière avec cynisme l’appât du gain, la concurrence qui déchire les galeristes, l’angoisse de la toile blanche ou la capacité de réduire à néant le travail d’un artiste à travers un article virulent. Sous-exploités, certains personnages viennent prendre part à la vente et l’exploitation d’œuvres découvertes dans l’appartement d’un artiste décédé tragiquement et qui avait émis le souhait de les voir disparaitre. Mais quel sera le prix à payer pour avoir ainsi mis en lumière un peintre qui semblait quelque peu dérangé. On trouve ainsi, outre Morf Vandewalt , LE critique populaire interprété par le toujours très juste (et caricatural) Jake Gyllenhaal, la responsable d’une grande galerie Rhodora Haze (Rene Russo) sa collaboratrice Josephina (la moins convaincante Zawe Ashton) ainsi que son assistante Coco (Natalia Dyer, découverte dans « Stranger Things »). Viennent s’ajouter à ce casting principal Toni Collette (habituée à ce genre d’univers étrange), Daveed Diggs (vu dans « Wonder » et l’excellent « Blindspotting ») ou encore John Malkovitch, trois faire-valoir totalement dispensables au propos général du film. Tous entrent dans la danse macabre de l’histoire délurée de Dan Gilroy et tentent de donner vie à ses personnages saugrenus. Mais avoir un casting efficace et une maîtrise évidente de la mise en scène suffisent-ils à faire de « Velvet Buzzsaw » une réussite ? Pas vraiment, d’autant plus que le rythme inconstant et le changement de ton du récit viennent brouiller les pistes et lassent les spectateurs dans une seconde mi-temps bien moins passionnante que la première. Nous inspirant autant que le bleu de Klein, le film de Dan Gilroy s’avère finalement bien creux, et à l’image de la sphère mortelle de Damrish nous donne envie d’enfoncer notre main dans ce scénario alambiqué qui, au final, ne fait que détruire toutes les aspirations que nous espérions trouver. Peu mémorable, ce nouveau film original Netflix n’est pas un incontournable de son catalogue, que du contraire. Date de sortie sur Netflix : 1er février 2019 Durée du film : 1h52 Genre : Thriller/Horreur Résumé du film : Alors qu'une mystérieuse force décime la population mondiale, une seule chose est sûre : ceux qui ont gardé les yeux ouverts ont perdu la vie. Malgré la situation, Malorie trouve l'amour, l'espoir et un nouveau départ avant de tout voir s'envoler. Désormais, elle doit prendre la fuite avec ses deux enfants, suivre une rivière périlleuse jusqu'au seul endroit où ils peuvent encore se réfugier. Mais pour survivre, ils devront entreprendre ce voyage difficile les yeux bandés. Note du film : 7/10 (par François) Avis : Amateurs de thriller horrifique, Netflix vous propose depuis le 21 décembre dernier son fameux « Bird Box » vu par 45 millions de personnes en à peine sept jours ! Du jamais vu sur la fameuse plateforme qui semble toujours trouver les bons filons. Décryptage d’un joli succès mais d’une demi-déception. Avec « Bird Box », la réalisatrice Danoise Susanne Bier (« Serena », « Love is all you need ») lorgne méchamment sur le cinéma de Mr. Night Shyamalan et son fameux « Phénomènes », ou plus récemment sur le très réussi « Sans un bruit » de John Krasinski. Sauf qu’ici, le film de la réalisatrice vient peut-être un peu trop tard et l’effet de surprise est forcément moins présent… Dans le rôle principal nous retrouvons la toujours convaincante Sandra Bullock qui remplit parfaitement son rôle de mère battante pour sa propre survie et celle de ses enfants. Au rayon des bonnes surprises poursuivons avec Trevante Rhodes (« The Predator », « Song to song ») qui joue de manière habile et appliquée. Cependant, nous émettons quelques réserves quant au personnage incarné à l’écran par le pourtant génial John Malkovitch. Vil salaud dans les actes, le paradoxe du film tient du fait qu’il aura au final raison ! Les autres acteurs ne sont pas en reste et seront globalement attachants. Hélas, on ne peut s’empêcher de penser qu’ils auraient mérités à être davantage développés. Bon point pour le casting en somme. Au niveau des critiques adressées à « Bird Box », épinglons une fin qui laissera beaucoup de personnes sur leur faim justement. Cela ne nous a pas perturbé outre mesure puisque nous aimons les fins ouvertes. Cependant, là où le bât blesse, c’est que de belles idées jaillissent pour ne jamais être développées. Nous en voulons pour preuve les malades psychiatriques et autres psychopathes qui regardent sciemment les créatures responsables de cette folie collective. Intéressant scénaristiquement, nous aurions aimé en savoir plus sur cette capacité à épouser la folie qui était déjà la leur…Il y a comme un goût de trop peu évident. Un autre défaut plus accentué tient du rythme. L’intrigue part d’une bien belle façon mais est hélas plombée en cours de route par des ellipses temporelles franchement dispensables. Dès lors, le spectateur se perd inutilement dans ces méandres temporels. Pour conclure, et même si la fin est assez convenue, on ne peut s’empêcher de repenser à ce film sympathique avec une certaine affection même s’il n’a su tenir ses promesses. Date de disponibilité sur Netflix : 21 décembre 2018 Durée du film : 2h04 Genre : Science fiction Résumé du film : Un jeune orphelin élevé par des animaux au cœur de la jungle prend en main son destin en affrontant un dangereux ennemi... et sa propre nature humaine. Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Avis : « Mowgli : la légende la jungle » de Andy Serkis trouve enfin une date de sortie. Après de nombreux reports et diverses embûches, la première réalisation du célèbre acteur (dont la carrière en motion capture n’est plus à présenter) a trouvé sa place dans le catalogue Netflix en ce début du mois de décembre. Si nous avons déjà pu découvrir « Breathe » sur nos grands écrans (film entrepris durant la post-production de « Mowgli ») et mesurer combien Serkis était sur la bonne voie en matière de réalisation en solo, son adaptation de l’œuvre de Rudyard Kipling nous a quelque peu déçue. Beaucoup plus sombre, beaucoup plus effrayant que les autres versions ciné du célèbre « Livre de la jungle », « Mowgli » reste pourtant fidèle au roman paru en 1894 (!). Si nous avions adoré la version de Jon Favreau et assumé ce plaisir du retour en enfance, la version de Serkis semble s’adresser à un public plus adulte, plus enclin à mesurer la portée intrinsèque du récit. Ne trouvant sa place ni au sein de la meute ni dans le village humain qu’il intègre à l’adolescence, ce petit garçon sauvage a pourtant toujours cherché à intégrer les valeurs et le mode de fonctionnement des siens. Mais comment peut-on se construire lorsqu’on sait pertinemment que la place qui nous est attribuée n’est que temporaire ? Comment adhérer au mode de vie des humains lorsqu’on a côtoyé au plus près la nature, respectueuse des chaînons de la vie ? Classique dans sa réalisation, décevante dans l’intégration de ses effets spéciaux (bien trop visibles, la motion capture se voulant trop omniprésente et peu réaliste), « Mowgli : la légende de la jungle » est pourtant un divertissement des plus correct, de ceux qu’on l’on apprécie découvrir sur nos petits écrans en famille. Oui mais… attention aux plus petits d’entre nous qui risqueraient fortement d’être impressionnés à chaque apparition du glaçant Shere Khan ou déçus de voir que Baloo et Bagheera ne sont pas les gentils complices présentés dans la version Disney. Plus proche du récit originel, le film d’Andy Serkis a cependant de très belles qualités, à commencer par son casting vocal performant dans lequel on retrouvera Andy Serkis, Christian Bale, Cate Blanchett ou encore Benedict Cumberbatch. Côté live, le petit Rohan Chand se veut convaincant mais ne nous bluffe pas autant que le jeune Neel Sethi. Souffrant peut-être trop de la comparaison avec la version de Jon Favreau, ce nouveau « Livre de la jungle » remplit son contrat, présentant sous un angle plus réaliste le recueil de nouvelles signées Kipling et ses messages parfois moralisateurs. Ainsi, la quête d’identité et le droit à la différence, la domination de l’homme sur la nature, la prédestination et la recherche de repères sont autant de sujets abordés subtilement dans ce nouveau récit moderne d’un conte qui l’était déjà en son temps. Vous l’aurez compris, ce « Mowgli » 2018 (pour public averti) est efficace dans son ensemble mais un peu en-deçà de ce qu’on espérait y trouver. Mais puisque le film est disponible sur une plateforme de VOD à environ 10€ par mois, il est difficile de rechigner… Date de disponibilité sur Netflix : 7 décembre 2018 Durée du film : 1h44 Genre : Aventure Titre original : Mowgli: Legend of the Jungle Résumé du film : Oscillant entre absurdité et profondeur, ce western en six volets des frères Coen retrace les aventures des bandits et des colons du Far West. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Très inégal au niveau de ses récits, « La ballade de Buster Scruggs » a pourtant une belle constante : sa sublime photographie. La lumière des grands espaces américains, la profondeur de champs, les couleurs chatoyantes des sols arides ou des réserves boisées sortent de nos petits écrans pour installer ces décors plus vrais que nature dans nos salons. Car oui, le dernier film des frères Coen est accessible au plus grand nombre grâce à une distribution made in Netflix. Entre génie et lassitude, notre cœur balance mais une chose est certaine : « La ballade de Buster Scruggs » est un beau condensé du cinéma de la plus célèbre fratrie de cinéastes américains. I’m a poor lonesome cowboy Son ouverture avec le héros éponyme Buster Scruggs donne d’emblée le ton. Décalé, décomplexé, ce western revisité se veut humoristique autant que dramatique. Les grands drames de l’Ouest, nous allons justement les mesurer à travers six récits subtilement amenés. En ouvrant le livre de ces histoires originales, comme le faisaient les grands cinéastes oeuvrant pour les studios Disney en leur temps, les téléspectateurs s’immergent dans le Grand Ouest, à l’époque où prospecteurs, voyageurs, bandits et indiens se côtoyaient dans les grandes plaines de cette Amérique en construction. Récompensé par le Prix du scénario à la dernière Mostra de Venise, le film d’Ethan et Joel Coen surprend. La prédominance de chants poétiques, l’importance du verbe, l’humour de leurs bandits mais aussi la dramaturgie qui habite chacun de leurs récits sont autant de petites pépites collectées dans le tamis de notre cinéphilie. Mais la recherche peut s’avérer laborieuse et les résultats parfois décevants. C’est le cas ici aussi. Si les quatre premières histoires touchent le cœur de notre cible, les deux dernières nous semblent un peu trop étirées, nous perdant parfois dans les méandres d’un récit toujours joliment imagé mais moins équilibré. Tim Blake, James, Liam, Zoe et les autres En plus de nous servir une imagerie qui laisse rêveurs bon nombre d’entre nous, le tandem Coen nous offre une belle brochette de comédiens, tous performants qu’ils soient au premier ou second plan. Mention spéciale cependant à Tim Blake Nelson (déjà présent à l’affiche de « O’Brother »), le fameux Buster Scruggs, Harry Melling (le méconnaissable Dudley Dursley dans la saga Harry Potter), l’auteur- compositeur- chanteur Tom Waits et Grainger Hines. Donnant vie aux protagonistes de façon convaincante, mordant la poussière ou la traversant dans des convois de différentes natures, le casting tout entier fait un voyage dans le temps et nous transporte près de deux cent ans en arrière pour notre plus grand bonheur. Si le genre western redore ses lettres de noblesse ces derniers temps (on pense aux excellents « Brimstone », « Hostiles » ou « Les Frères Sisters »), le voir abordé sous cet angle, plus caricatural ou bédéesque n’est pas pour nous déplaire, dans une certaine mesure du moins. Mélangeant les thèmes chers à nos deux cinéastes, puisant ça et là dans leur indéniable savoir-faire « La ballade de Buster Scruggs » est un des meilleurs divertissements qu’il nous ait été donné de voir dans le catalogue Netflix ces derniers temps. Date de sortie sur Netflix : 16 novembre 2018 Durée du film : 2h13 Genre : Western Titre original : The Ballad of Buster Scruggs Résumé du film : Lorsque Simone trouve enfin le courage d'annoncer à sa famille juive conservatrice qu'elle est lesbienne, elle se trouve attirée par un chef sénégalais... Note du film : 4/10 (par Margaux) Avis : « Les goûts et les couleurs », un des premiers films français produit par Netflix est-il à la hauteur de nos attentes ? Pas vraiment non. Réalisé par Myriam Aziza « Le goûts et les couleurs » nous raconte le parcours de Simone, jeune femme tiraillée entre l’amour qu’elle porte à sa colocataire et compagne et son attirance pour un beau jeune homme cuisinier dans un restaurant où elle a ses habitudes. Mais au-delà de ce choix, Simone devra trouver le courage de dire à sa famille très conservatrice qu’elle est homosexuelle. Dans les rôles principaux, on trouve un beau casting français : Sarah Stern (vue dans « Les Tuches »), débordée par certaines scènes et habitée d’un ton tellement faux qu’on a parfois du mal à la croire, Jean-Christophe Folly (« Jeune femme ») et Julia Piaton ( « Qu’est ce qu’on a encore fait au bon dieu ») mais aussi Catherine Jacob et Richard Berry. Située à Paris, l’intrigue permet d’aborder plusieurs sujets comme l’homosexualité féminine, la tolérance, les problèmes familiaux, le racisme ou encore la recherche d’identité. Le problème principal du film de Myriam Aziza, c’est qu’il a des petits airs de remake de « Qu’est ce qu’on a encore fait au bon dieu ? » où stéréotypes, blagues lourdes et situations vues et revues se succèdent à tout va. De plus, l’esthétisme malheureusement peu soigné, les plans sont très basiques, et on déplore un manque de recherche au niveau de la mise en scène. A cela, on ajoute un scénario est un peu « facile » et une fin plus que décevante tant elle est trop peu recherchée. Bref, « Les goûts et les couleurs » nous laisse sur notre faim et avec le sentiment que le scénario de Myriam Aziza et Denyse Rodriguez Tomé reste inachevé. Dommage ! Ceci étant dit, certains passages du long métrage pourront vous décrocher quelques petits moments de rire. Mais niveau qualitatif, on est encore loin de celui de certaines productions américaines estampillées Netflix, comme par exemple le film « Annihilation » sorti en début d’année 2018 et agréable surprise que l’on vous avait conseillé! En une phrase, concernant « Les goûts et les couleurs », nous ne pouvons que dire : peut bien mieux faire ! Date de disponibilité sur Netflix : 24 juin 2018 Durée du film : 1h35 Genre : Comédie Résumé du film : De faux médiums spécialisés dans les phénomènes paranormaux se retrouvent victimes de leur propre escroquerie quand une mission tourne soudain au cauchemar. Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Avis : Adapté à cette période de l’année où les amateurs de frissons sont en quête de film d’horreur, « Les mauvais esprits » d’Olaf de Fleur Johannesson remplit son petit rôle sans non plus entraîner ses spectateurs dans de vilains cauchemars. Drôle, angoissant et aussi décevant, le film tire une ficelle déjà bien exploitée mais trouve peu de résistance de l’autre côté. Retour sur ce « Malevolent » sans doute plus efficace auprès des adolescents. Esprit es-tu là ? N’est pas chasseur de fantômes qui veut. Cela, Jackson et Angela, un frère et une sœur, orphelins et jeunes adultes l’ont bien compris. Surfant sur le succès de leur mère médium, qui s’est suicidée à force d’être sollicitée par les esprits et leurs cris, ils montent leur petite entreprise fallacieuse et se jouent des familles peinées par la perte de leurs proches ou hantées par diverses entités. Aidés de leurs amis Elliott et Beth, nos jeunes enquêteurs paranormaux ultra équipés risquent bien de voir leur petite arnaque se transformer en une expérience traumatisante. Appelés par Madame Green, ancienne directrice d’un orphelinat où des jeunes filles ont été assassinées il y a de nombreuses années, notre équipe de chasseurs de fantômes vont se trouver confronter à des phénomènes paranormaux plus vrais que nature. Victimes d’un jeu cruel ? Vrais médiums ? Nos jeunes amis vont peu à peu découvrir ce qui s’est passé au siècle dernier et cela, au péril de leurs propres vies… Florence Pugh dans un rôle inédit. Si l’histoire de « Mauvais esprits » manque cruellement d’originalité et la réalisation de l’Islandais de tension dramatique, le casting du film lui, s’en sort avec les honneurs, Florence Pugh la première. La jeune comédienne britannique de 22 ans nous avait bluffé dans son rôle de Katherine dans le long-métage « Lady MacBeth » il y a deux ans de cela. La retrouver ici dans un rôle à contre-emploi démontre qu’elle ne cantonne pas à des rôles dramatiques et historiques et peut changer de registre en conservant son charisme évident. Bientôt à l’affiche d’une autre production Netflix, « Outlaw King : le Roi Hors-la-loi », où elle tiendra le rôle d’Elisabeth de Burgh, reine d’Écosse, la jeune actrice s’accorde une petite pause et le fait plutôt bien. Entourée de Ben Lloyd-Hugues, Georgina Bevan et Scott Chambers, Florence Pugh tient le premier rôle avec détermination et conviction et s’adapte au jeu de ses compagnons sans les écraser. Sympathique mais peu révolutionnaire, « Les Mauvaises Esprits » trouvera sa place dans une petite soirée adolescente d’Halloween et fera sursauter les plus impressionnables d’entre eux. Mais malgré ses bonnes intentions, le film d’Olaf de Fleur Johannesson ne parvient pas à mettre le trouillomètre assez haut que pour vous faire vivre un moment de pur horreur comme on en trouve peu ces derniers temps. Try again… Date de sortie sur Netflix : 5 octobre 2018 Durée du film : 1h28 Genre : Horreur Titre original : Malevolent Résumé du film : À 55 ans, la retraite lui donne soudain des ailes. Mais après avoir quitté sa femme et déménagé, Anders réalise que le secret du bonheur est peut-être derrière lui. Note du film : 5/10 (par Véronique) Avis : Ben Mendelsohn, futur shérif de Nottingham, a ponctué ses trente années de carrière de multiples rôles, dans des genres très différents. Il a été le George VI, Nolan Sorrento (« Ready Player One »), a tourné pour Ryan Gosling, Ridley Scott, Steven Spielberg, Christopher Nolan et a fait de nombreuses apparitions dans des blockbusters ou dans des films d’auteur. Le découvrir en tête d’affiche d’une comédie dramatique du catalogue Netflix était une occasion d’aborder une nouvelle facette de sa personnalité. Avec « Au pays des habitudes », Nicole Holofcener lui offre un rôle de quinquagénaire en proie à une crise existentielle démentielle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que autant le comédien australien est convaincant dans ce costume taillé sur mesure, autant le film semble, lui, manqué d’épaisseur. Pour son sixième long métrage, Nicole Holofcener adapte le roman éponyme de Ted Thompson sorti quatre ans plus tôt. Présenté au Festival de Toronto, « Au pays des habitudes » raconte l’histoire de Anders, un homme d’affaires à qui tout semblait réussir : boulot, vie de famille, charmante villa, amis fidèles, il ne pouvait espérer mieux. Sauf que, blasé par son quotidien d’une banalité affligeante, Anders décide de tout plaquer, de partir à la retraite de façon anticipée et de tout recommencer. Mais le bonheur réside-t-il dans la nouveauté ou dans le traintrain confortable qu’il risque de regretter ? A travers son dernier long-métrage, la réalisatrice américaine dresse le triste portrait d’un quinqua errant dans sa vie. A la recherche d’un petit sursaut qui le ferait sentir vivant, Anders passe de femme en femme, fume des substances illicites avec les enfants de ses amis, se lie d’amitié avec des adulescents, bref, tente de vivre en dehors de son temps quitte à s’attirer les foudres du cercle d’ami duquel il s’est exclu. Bien écrits, les dialogues sont parfois amusants mais se perdent dans un film trop plat que pour marquer nos esprits. Se laissant regarder, cette tragicomédie n’a pas non plus de quoi révolutionner le genre et n’existe d’ailleurs que grâce à un casting concluant dans lequel on retrouve, outre Ben Mendelsohn, Edie Falco, Thomas Mann (« This is not a love story », « Kong, Skull Island »), Elizabeth Marvel ou encore Charlie Tahan (« Wayward Pine »). Divertissant mais loin d’être transcendant, le film est comme la façade de la nouvelle demeure d’Anders : joliment décorée mais terriblement vide à l’intérieur. Pas de quoi s’enthousiasmer donc… Genre : Comédie dramatique Durée du film : 1h38 Titre original : The Land of Steady Habits Date de sortie sur Netflix : 14 septembre 2018 Résumé du film : Dans un avenir sombre, un soldat ayant subi une transformation génétique radicale pour tenter de sauver l'espèce humaine semble peu à peu perdre son humanité. Note du film : 3/10 (par Margaux) Avis : « Le titan », sorti récemment sur la plateforme Netflix aurait mieux fait de s’intitulé : « Titan, ou comment être déçu » En effet, le film n’est, dans un premier temps, pas aidé par son scénario, et agace par ce sentiment de vu, revu et réchauffé. Ne proposant aucune surprise, le film est entièrement prévisible à tel point que les quinze premières minutes suffisent à en connaître la fin ! Titan, c’est le satellite naturel de Saturne. Endroit qui pourrait potentiellement sauver l’humanité. Nous sommes en 2046 et dans ce monde futuriste, la planète Terre est surpeuplée, les vivres manquent et une solution doit être mise en place pour sauver l’humanité. Heureusement, Rick (Sam Worthington, vu dans « Avatar ») et vingtaine d’hommes sont choisis par l’organisation de l’OTAN afin de subir des transformations génétiques leur permettant de vivre sur Titan et son atmosphère glaciale. Seul bémol : si le début de la transformation se passe plutôt bien, certains meurent ou deviennent fous au fil des expérimentations. Mais sommes nous vraiment en 2046 ? Ce n’est pas l’impression que nous donne « Le titan » tant rien n’a changé. Mis à part la « lampe à étoiles », seul objet futuriste détenu par le fils de Rick et d’Abigail, on pourrait tout à fait croire que nous sommes restés en ... 2018 ! En trame de fond, on trouve une petite cause environnementale mal exploitée et à peine évoquée. L’intrigue est vide et on la suit sans réelle motivation. Aucune évocation de la dégradation de la situation planétaire, rien ne permet de donner de l’importance à cette mission de sauvetage ni même une quelconque priorité à nos yeux. Sans profondeur, fait de rafistolage, le film en devient ridicule à tel point que nous ne pouvons réprimer un gloussement en découvrant sa fin. Si nous voulons être objective, nous dirons que les premières minutes se tiennent, grâce à une bonne introduction, qui permet de suivre l’installation d’un couple amoureux et solidaire dans leur nouvelle habitation : Rick et Abigail. La batterie de test et le changement génétique de Rick sont assez prometteurs à tel point qu’on pense pouvoir être surpris par ce « Le titan » … avant de se rendre compte que plus rien ne se passe ! Tout le film repose sur la transformation de son héros, déjà presque surhomme puisqu’il a survécu dans le désert durant trois jours, sans boire ni manger. Et les aberrations s’enchaînent : Abigail (Taylor Schilling) refuse, un peu tard, de laisser partir son mari sur Titan en mission (mais ne pouvait-elle pas y réfléchir avant ?), pensant qu’il oubliera sa famille une fois sur place. De même, lorsque la NASA récupère le projet de la mission de l’OTAN, on se rend compte (attention spoil) que Rick vit désormais bel et bien sur Titan et que, de là où il est, regarde l’horizon, pensant à sa famille, et se lance dans le vide telle une chauve-souris… On ne nous avait pas prévenu que nous assisterions à un film de super-héros ?! Esthétiquement, « Le titan » n’est pas à la hauteur de « Annihilation » (vu dernièrement sur Netflix). La colorimétrie et les effets spéciaux n’ont rien d’incroyable, le découpage technique est plutôt banal malgré ses mouvements de caméra. Le maquillage de Rick n’est pas plus réussi : un coup de coton démaquillant et le blanc de son visage disparaîtrait… Vous l’aurez compris, « Le titan » est loin de mériter notre intérêt et vous n’aurez pas raté grand-chose si vous décidez de passer à côté du film de Lennart Ruff. A bon entendeur… Date de sortie sur Netflix : 30 mars 2018 Durée du film : 1h37 Genre : Science fiction Titre original : The Titan Résumé du film : Lorsque son mari disparaît au cours d'une mission secrète, une biologiste se joint à une expédition dans une région mystérieuse, bouclée par le gouvernement américain. Note du film : 8/10 (par Margaux) Avis : « Annihilation » est le nouveau film de science fiction produit par Netflix avec la jolie Natalie Portman et le charismatique Oscar Isaac. L’histoire en quelques lignes ? C’est celle d’une biologiste qui, suite au retour de son mari militaire après une mission secrète, s’interroge sur son comportement étrange. Dans l’espoir de trouver des réponses à ses questions, elle signe pour la même mission mais ne s’attend pas à rentrer dans une zone où la loi de la nature ne s’applique pas. « Annihilation » c’est aussi un beau quatuor de femmes présentées comme des figures fortes grâce à leur courage (et leur tenue vestimentaire), mais qui met en évidence une complexité et une fragilité en lien avec leurs passés. Chaque femme manifeste un trait de caractère et une réponse à un potentiel comportement face à d’étranges phénomènes. En effet, alors que l’une d’elle abandonne la mission et préfère « disparaître », une autre devient paranoïaque et se réfugie dans la colère alors que chez les deux dernières, l’une semble prête à tout pour arriver à ses fins et l’autre semble réagir de façon sereine en camouflant ses angoisses. Alex Garland, qui signe ici son deuxième long métrage en tant que réalisateur après « Ex Machina », nous peint donc une aire où la loi de la nature n’existe plus, où tout est chamboulé. Mal à l’aise, nous perdons nos repères, remettons tout en question au point d’avoir parfois des difficultés à suivre l’intrigue. Et pourtant… il nous est impossible de décrocher nos yeux du petit écran. Esthétiquement, le film est très réussi, aussi bien par son étalonnage que par sa composition du cadre alors que la mise en scène est cohérente notamment grâce à l’utilisation efficace du suspense et des moments de surprise. Malgré l’absurdité de certaines situations (on pense ici au cri de l’ours ou la transformation d’une scientifique en végétal), nous ne pouvons que réfléchir à ces questions : de quoi la nature est-elle capable ? « Annihilation » tente-t-il d’apporter une réflexion sur la cause environnementale? A ces questions, on ajoute la thématique du double abordée dans l’intrigue, qui nous interpelle sans cesse que ce soit à propos de cette zone où les espèces subissent des mutations ou concernant le destin du personnage de Lena. Natalie Portman et Oscar Isaac sont-ils devenus « la chose », cet « alien » étrange qui recopie à la perfection leurs physiques ou est-ce seulement un étrange phénomène dû à leur évolution dans la zone ? Toutes ces questions restent sans réponse et c’est peut-être l’un des plus grands reproches faits à « Annihilation » toute comme les différentes possibilités d’interprétation. Mais on ne peut pas lui enlever ses qualités principales, parmi lesquelles celle de nous faire réfléchir aux différentes analyses du film. Si Alex Garland nous laisse un océan d’indices dont il est difficile de recoller les morceaux, on aime se dire qu’on finira par tout comprendre à la deuxième vision, chose que l’on ne peut s’empêcher de faire une fois la première terminée. Date de sortie sur Netflix : 12 mars 2018 Durée du film : 1h55 Genre : Science fiction Résumé du film : Quatre amis de longue date dont les relations se sont peu à peu tendues s'aventurent dans la nature sauvage de Suède au risque de ne jamais en revenir. Note du film : 3/10 (par Véronique) Avis : Ah Netflix, ses petites pépites, ses séries extraordinaires, ses films distrayants et ses productions commerciales sans intérêt… On ne le répétera pas assez, la plate-forme de vidéo à la demande est capable du meilleur comme du pire. Et à en croire l’accroche du film, « Le rituel » devrait se trouver dans la première catégorie. Sauf que, à la fin de l’heure trente de péniples aventures hallucinantes, on se dit que tout est relatif et qu’on aurait mieux fait de ne jamais cliquer sur « play »… Notre avis est bien sûr tout aussi subjectif mais croyez-nous, à moins d’avoir un temps précieux à perdre, on vous déconseille ce petit périple dans la forêt suédoise où monstre improbable et peuple adorateur se côtoient dans un thriller/horreur maintes fois vus. Sorte de mix entre « Le projet blair witch » (les ballottements de caméra embarquée en moins) et « The witch », « Le rituel » est aussi risible que convenu. Quatre amis entreprennent une longue randonnée de plusieurs jours quand éclate un terrible orage. Par chance, une cabane abandonnée (mais affublée de symboles et objets de sorcellerie dont personne ne semble s’inquiéter) leur tend les bras. Qu’à cela ne tienne, nos aventuriers amateurs passent la nuit dans cette étrange demeure et s’endorment comme des poupons malgré les frissons que leur prodigue la maisonnée. Cauchemars, agissements étranges, crissements et grondements dans la forêt affolent enfin nos amis sous tension (produite par l’environnement auquel ils se confrontent autant que par les discordes qui les opposent dès les premières minutes du film) qui décident, il était temps, de fuir au plus vite cette forêt hostile. La suite, on pourrait vous la résumer en deux minutes mais ce serait gâcher le plaisir de certains amateurs du genre qui se lanceront peut-être dans la vision du film. Ce que l’on peut dire, c’est que le scénario s’emmêle très vite les pinceaux et qu’on lèvera plusieurs fois les yeux au ciel à défaut d’appuyer sur la touche « stop » de notre télécommande. Monstre mi-cerf démoniaque, mi-dieu, tribu mystérieuse recluse dans la forêt, offrandes et empalements de chairs animale et humaine ponctueront la deuxième partie du récit à notre grand dam. Ce n’est malheureusement pas le casting correct (mené par Rafe Spall, Arsher Ali, Robert James-Collier et Sam Troughton) et la réalisation classique qui sauveront le propos du film téléphoné et franchement tiré par les cheveux. David Bruckner, pourtant habitué à ce genre d’univers, ne parvient pas à nous passionner ni à nous intéresser. Après « Southbound », « V/H/S » ou « The signal », l’Américain nous perd dans cette forêt et une histoire abracadabrante à laquelle, comme ses héros, nous aurions préféré ne pas prendre part. Un conseil, si vous cherchez un film de genre réussi, évitez celui-ci car il ne comblera probablement pas vos attentes… Next ! Date de sortie sur Netflix : 9 février 2018 Durée du film : 1h34 Genre : Horreur Titre original : The ritual Résumé du film : Une mère et son fils emménagent dans la maison de vacances d'un parent à la suite d'une tragédie, mais des forces mystérieuses semblent se liguer contre eux. Note du film : 5/10 (par Véronique) Avis : A l’heure où Netflix nous offre des films traitant de tout et n’importe quoi à travers des réalisations maîtrisées ou totalement foirées, « The open house » fait son entrée et pique à vif notre curiosité. Amateurs de thriller horrifique, nous ne pouvions pas passer à côté du long-métrage de Matt Angel et Suzanne Coote (inconnus au bataillon) et souhaitions, à notre tour, nous faire notre petite idée. Qu’en est-il de ce film décrié sur la toile pour son manque d’ingéniosité ? Loin d’être aussi mauvais ou accablant qu’on ne le lit, « The open house » n’a en effet pas toutes les tares qui lui sont reprochées et parviendra même, l’espace d’une petite heure, à nous captiver. S’il donne un gros coup de cutter dans la fin de l’intrigue et lâche son public dans une dernière partie improbable, le film n’est pas la totale déconvenue à laquelle nous nous étions préparés. En effet, après une présentation des personnages et de leur tragique destin, le film nous entraîne dans une atmosphère pesante où les nerfs de Logan et Naomi sont mis à rude épreuve (les nôtres aussi). Récemment installés dans une belle villa isolée en pleine montagne, la mère et le fils sont la proie d’événements étranges. Point de fantôme, d’esprit frappeur ou de monstre improbable à l’horizon (comme le laisse supposer le résumé officiel) mais des disparitions d’objets, des coupures d’eau chaude et des claquements de portes produits essentiellement la nuit… Il semblerait qu’ils ne soient pas les seuls à squatter cette grande maison cosy mais il est impossible de mettre la main sur cet intrus que nous voyons, nous spectateurs, arpenter les couloirs la nuit. Installés petit à petit, les beaux effets de surprise fonctionnent, du moins dans les premiers temps. Les habitants du village, sympathiques ou inquiétants deviennent peu à peu nos suspects et interpellent par leurs agissements trop francs. Qui pourrait bien vouloir s’introduire dans la vie de cette famille ? Quelles sont les raisons de ces acharnements? Où se cache-t-il ? Ce sont autant de questions qui nous assaillent durant les deux tiers du film. Pour justifier cette intrusion, les scénaristes ont mis en place une astuce (trop) facile : tous les dimanches, Logan et Naomi doivent quitter les lieux afin que des visites de la maison (mise en vente par l’heureuse propriétaire, à savoir la sœur de cette dernière) puissent s’organiser au mieux. Les « portes ouvertes » permettent à chaque futur acquéreur ou curieux de faire le tour de la maisonnée en toute liberté. On le comprend aisément, n’importe qui, doté de bonnes ou mauvaises intensions, peut ainsi repérer aisément les entrées et sorties de la demeure et cartographier ses moindres recoins. Astucieux mais un peu trop gros quand même ! Comme nous l’écrivions plus haut, ce n’est pas l’atmosphère ni le jeu des acteurs (Dylan Minnette – vu dans le bien meilleur « Don’t breathe » - et Piercey Dalton en tête) qui dérangent mais la façon étonnante dont le duo de réalisateurs et scénaristes expédient la fin de leur histoire… Le dernier tiers, abracadabrant, ôte tout engouement pour ce film prometteur mais au final décevant. Laissés sans réponse et totalement hagards, les abonnés Netflix se diront sans doute qu’ils ont bien fait de voir « The open house » sur leurs petits écrans plutôt que dans les salles. C’est d’ailleurs un avantage de la plate-forme VOD car on peut se consoler de notre déception en se disant que si le film est mauvais ou en dessous de nos attentes, nous n’avons au final perdu qu’une petite heure trente de notre temps… Le peu concluant « The open house » trouvera donc sa place dans la liste des petits films qu’on peut voir si on en a le temps et qui plaira au public impressionnable du moins, dans une partie de son traitement. Date de sortie sur Netflix : 19 janvier 2018 Durée du film : 1h35 Genre : Thriller horrifique Résumé du film : À Los Angeles où les tensions entre espèces font rage, un flic humain et son partenaire orque tombent sur un objet puissant et se retrouvent mêlés à une guerre de territoires Note du film : 5/10 (par Véronique) Avis : 90 millions de dollars de budget de film, une belle promo de la part de Netflix, un casting enviable (Will Smith, Noomi Rapace et Joel Edgerton), David Ayer aux manettes (après un « Suicide Squad » en demi-teinte)… on s’attendait à voir dans « Bright » un film ingénieux décalé et totalement assumé. Mais après la vision du film, notre constat est malheureusement tout autre : le dernier long métrage du réalisateur américain ne fait pas longtemps mouche et loupe totalement sa cible. S’il attirera peut-être un public adolescent, il n’est pas certain que les amateurs de Fantasy adhèrent totalement à cet univers loufoque et fouillis aux faux airs du jeu vidéo « Of Orcs and Mens ». Et pourtant, l’idée de base était intéressante. La vision fantastique de la société américaine et de ses quartiers urbains avaient de quoi intriguer : des ghettos dorés pour les elfes, des quartiers délabrés pour les orcs et des humains évoluant dans une classe sociale moyenne, il s’en fallait de peu pour que la réussite de cette caricature habile soit atteinte. Mais après une (trop) courte présentation, l’idée de base s’essouffle et laisse (malheureusement) place à une histoire franchement peu intéressante. Une bright et une baguette magique sont découvertes par le tandem policier formé par Will Smith et Joël Edgerton et l’avenir du monde, prêt à basculer dans les ténèbres, est à présent dans leurs mains. Racisme et moqueries, intolérance envers les autres espèces, le ton est donné dès les premières minutes. S’ils sont contraints de cohabiter, elfes, orcs et humains ne font que se tolérer. Et lorsque l’existence d’une baguette magique se faire connaître de tous, les règlements de comptes et autres convoitises se mêlent et s’entremêlent à tel point qu’on ne sait plus qui tient le bon bout. Jacoby (Joël Edgerton), le co-équipier orque de Ward (Will Smith), est certes un représentant de la loi mais chaque gang ne fait-il pas la sienne? Parviendra-t-il à rester loyal et amical sans prêter allégeance à la loi du Clan (des Orcs) ? Avec ses effets de ralentis et ses fusillades en veux-tu en voilà, « Bright » s’éparpille et, plutôt que de nous proposer un scénario intéressant, ne nous livre que des miettes d’idées dispersées ici et là, nous laissant sur notre faim. Son humour (trop) léger et parfois scabreux ne nous fait pas souvent rire et l’action du film ne nous emporte pas plus. Pire, les effets spéciaux et les maquillages cheap, nous font penser que Ayer s’est offert un beau délire sur le compte de Netflix sans penser à ceux et celles qui suivront ses pérégrinations. Mais la plus grosse question concerne la participation de Noomi Rapace et du tandem Smith/Edgerton à cette aventure burlesque. S’ils sont loin d’être mauvais, ils ne parviennent pas à sauver ce brouillon de film fantastique dénué d’intérêt et dont une suite est déjà envisagée… « Oh my god » ! Max Landis et David Ayer associent ici leurs idées pour former un « Bright » bien en deçà de ce qu’on pouvait imaginer. On est finalement bien loin de la fable politico sociale à laquelle on s’attendait. Gros délire ou gros ratage ? Notre cœur pencherait entre les deux, bien que le second degré dont le film semble faire preuve n’a pas du tout fonctionné à nos yeux. Une chose est certaine : heureusement pour nous, « Bright » a trouvé la voie de notre salon et pas de nos salles de cinéma grâce à une distribution Netflix savamment teasée. Il n’est pas certain que son accueil ciné aurait été très populaire. Le résultat en vaut-il la chandelle ? Pas vraiment. Mais à l’approche des congés de fin d’année, on se dit qu’on aurait bien une petite après-midi grisâtre devant nous pour le visionner… et aussi vite l’oublier ! Date de sortie sur Netflix : 22 décembre 2017 Durée du film : 1h57 Genre : Aventure/fantastique Résumé du film : Coincés dans une boutique d'alcool lors d'un cambriolage le soir de Noël, des inconnus créent des liens inattendus en partageant leurs plus grands secrets. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Après de nombreux rachats pour étoffer son catalogue de vidéos à la demande, Netflix s’est lancé dans la production de films « originaux » exclusivement réservés à sa plate-forme. De la science fiction à la comédie en passant par le thriller ou l’horreur, tous les genres sont au rendez-vous. Et en ce mois de décembre, quelques nouveautés ont pointé le bout de leur nez. Parmi elles, l’intriguant « Un Noël à El Camino » dont le pitch nous faisait déjà rêver… Un « El bar » version US ? On pouvait tout s’imaginer pour peu qu’on s’arrête aux lignes de son résumé. Mais à la vision du film (et de sa bande annonce) on se rend compte qu’on est bien loin de l’originalité supposée et on assiste finalement à un film distrayant, drôle mais au final peu marquant. A nouveau, on regrette que l’idée de départ des scénaristes Chris Wehner et Thodore Melfi ne soit pas plus exploitée au point de découvrir minute après minute un scénario peu complexe voire presque téléphoné. Si la première heure a de quoi garder l’intérêt de ses téléspectateurs, la dernière demi-heure tombe à plat et n’offre plus grand-chose à se mettre sous la dent. Prévisible et franchement peu couillu, « Un Noël à El Camino » aurait mérité qu’on exploite un peu plus son potentiel quitte à sortir des balises déjà installées en amont. A la réalisation, on découvre David E. Talbert qui signe ici son quatrième long métrage après « Presque Noël », « Baggage Claim » et « Premier dimanche », des films passés totalement inaperçus sur nos radars. Autant dire que ce n’est pas avec « Un Noël à El camino » que le réalisateur américain se fera un nom. Mais restons objectifs, le film n’est pas non plus totalement dénué d’intérêt… A commencer par son histoire. Eric (joué par Luke Grimes), jeune inconnu sympathique, débarque dans la ville d’El Camino (située dans le Nevada) pour retrouver son père dont il ne sait rien. Suspect aux yeux de deux agents de police, le jeune homme se fait suivre et se retrouve accusé de trafic de drogue en deux temps trois mouvements. Les suspicions et l’interrogatoire musclé dont il sera la victime ne sont que le début d’une longue suite de quiproquos qui l’amèneront vers une prise d’otages peu ordinaire. Les bavures policières et la bêtise des agents de l’ordre sont dépeintes de façon humoristique. Les clichés ont la part belle et ce n’est pas pour nous déplaire. Les journalistes présents sur place (parmi lesquels Beth Flowers interprétée par Jessica Alba) le mettront d’ailleurs particulièrement bien en lumière. Incompréhension, quête d’identité (et de vérité) ou encore notion de sacrifice viendront agrémenter cette comédie dramatique conventionnelle mais malgré tout distrayante. Notamment grâce au personnage truculent de Larry Roth, incarné par un Tim Allen étonnant. Ce vétéran de la guerre du Vietnam, alcoolisé et un peu parano est la vraie valeur ajoutée du long métrage. Tout comme Vincent D’Onofrio qui endosse l’uniforme de l’agent Carl Hooker, méprisable à souhait. Emilio Rivera, Kimberley Quinn, Dax Shepard ou encore Kurtwood Smith viennent compléter l’affiche sympathique de ce téléfilm sans prétention. Divertissant, « Un Noël à El Camino » n’est pas un grand film non plus mais sort un peu des sentiers battus. Pas au point de nous dépayser totalement, n’exagérons rien, mais assez que pour remplir une partie de son contrat. Original mais pas transcendant pour autant, le film de David E. Talbert propose une histoire amusante qui se laisse voir et apprécier à sa juste valeur, ni plus, ni moins. Date de sortie sur Netflix : 8 décembre 2017 Durée du film : 1h29 Genre : Comédie dramatique Titre original : El Camino Christmas Résumé du film : Après qu'Addie et Louis, deux voisins veufs, commencent à dormir ensemble afin d'oublier un peu leur solitude, ils se font surprendre par une véritable histoire d'amour. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Gentil téléfilm, prévisible mais pas déplaisant, « Nos âmes la nuit », se laisse regarder un dimanche après-midi pluvieux, une tasse de chocolat chaud à la main. Loin d’être un incontournable, le film de Ritesh Batra a néanmoins le mérite de nous faire retrouver deux grands acteurs plutôt absents de nos écrans ces derniers temps: Jane Fonda et Robert Redfort. Le réalisateur du très joli film « The lunchbox » et de « A l’heure des souvenirs », nous entraîne, comme souvent, dans un récit tout en délicatesse. Le tandem Fonda/Redfort se retrouve ici dans une histoire touchante, bien que totalement convenue, où chacun tient un rôle raffiné dans une adaptation gentillette du roman de Kent Haruf « Our Souls at Night ». C’est que ces derniers temps, le cinéma nous permet de retrouver de beaux duos dans des films guillerets et lumineux, de ceux qui font du bien au moral. Ici, la petite romance attendue prend un tournant différent lorsque Gene, le fils de Addie (l’ extraordinaire Matthias Schoenaerts) , lui demande de garder son fils quelques jours, le temps de régler quelques soucis personnels. Le récent couple d’octogénaires retrouve une jeunesse au contact de ce petit Jamie adorable mais aussi méfiant. La rédemption, l’amitié, la solitude, l’amour sont autant de sujets abordés dans ce petit film familial de Ritesh Batra. Simple et à la fois multiple, le long métrage nous montre, avec beaucoup de pudeur, la réalité que vivent chaque jour de nombreux veufs : manger seul, regarder la télévision, partager quelques mots avec des compagnons de toujours, rentrer à la nuit tombée et s’endormir dans un lit de deux personnes bien trop grand et bien trop vide On comprend dès lors qu’Addie et Louis aient envie de se réchauffer à une âme humaine, à un compagnon de sommeil qui est aussi un voisin réconfortant. Touchant dans son interprétation comme dans son propos, « Nos âmes la nuit » est à l’image de sa romance : calme et platonique. Si on ne sait pas vraiment quel public se sentira concerné par le dernier film du réalisateur indien, ses têtes d’affiche attireront sans doute les nostalgiques ou les amoureux de cette Amérique profonde et authentique, où seuls les ragots se fraient un chemin dans un quotidien morose. Présenté en sélection officielle de la Mostra de Venise, le film est surtout l’occasion de retrouver deux figures amicales du 7ème art dans un monde de douceur et de solidarité. Date de sortie sur Netflix : 29 septembre 2017 Durée du film : 1h41 Genre : Romance/ Drame Titre original : Our Souls at Night Résumé du film : Dans ce film inspiré d'un livre de Stephen King, un fermier confesse par écrit le meurtre de sa femme, première mort d'une série d'un conte macabre. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Adapté de la nouvelle du même nom, parue dans le recueil « Nuit noire, étoiles mortes » de Stephen King, « 1922 » recèle de nombreuses références à l’univers du maître du suspense. Sombre et sinistre, le film de Zak Hilditch nous entraîne dans une propriété fermière du fin fond des Etats-Unis, où vit la famille James. Alors que les récoltes sont bonnes, Arlette, la femme de Wilfred, hérite des terres paternelles et souhaite les revendre pour pouvoir s’installer en ville. Pour Wilfred, véritable homme de la terre, il n’en est pas question. Mis au pied du mur, il n’a qu’une solution pour rétablir son équilibre: faire disparaître sa femme. Ce meurtre conjugal va très vite marquer au fer rouge notre personnage principal. Confiant ses ressentiments et les événements qui se sont écoulés durant cette fatale année 1922, Wilfred nous fait entrer dans un huit clos macabre où la culpabilité vient s’immiscer peu à peu. Rongé au plus profond de son être, le fermier doit faire face à une invasion de rats (réelle ou imagée, à chacun de se faire sa propre idée), douloureuse piqûre de rappel du tragique incident mortuaire. Si l’atmosphère installée est captivante et l’histoire de plus en plus prenante, on regrette le manque de consistance du récit général. Il faut dire que l’épaisseur du récit initial est déjà peu volumineuse. Difficile dans ce cas de tenir sur la longueur… La lenteur (voire la torpeur) gagne peu à peu les spectateurs, jusqu’au dernier tiers du film qui prend une direction plus effrayante. La folie de Wilfred prend alors une ampleur de plus en plus importante et les visions le terrifient chaque jour un peu plus. Incarnant l’horreur de son acte et ses conséquences, ces apparitions nous oppressent peu à peu et nous rappellent chaque jour un peu plus que le temps passe mais que la culpabilité reste incurable. Dès le départ, on sait vers où Zak Hilditch veut nous emmener. Son héros écrit d’ailleurs : « Je pense qu’une autre personne sommeille à l’intérieur de nous, un étranger. Une créature s’embrase et cette créature sournoise en a tiré profit ». La bête qui sommeille en lui, celle qui le ronge petit à petit de l’intérieur, c’est le remord d’avoir tué sa femme de sang froid et d’y avoir associé son jeune fils. Peu de surprises donc durant cette bonne heure trente mais une réalisation au cordeau (appuyée par la musique stressante de Mike Patton) vient sauver ce manque de profondeur scénaristique. Autre point fort : son casting. Wilfried James est formidablement interprété par Thomas Jane, un acteur à la carrière impressionnante. Bourru et coriace, l’agriculteur nous glace. Ses confessions, particulièrement bien amenées, sont l’occasion de comprendre les événements, retraçant une chronologie macabre du meurtre de sa femme (Molly Parker, vue aussi dans « House of cards ») jusqu’à sa propre perte. On peut difficilement se prendre de sympathie pour son personnage, mais on évolue à ses côtés avec curiosité. 2017 est une année propice pour les amateurs de l’univers de King. Entre « La tour sombre », « Ca », « Gerald’s Game » ou encore « The mist » (les deux derniers se trouvent également dans le catalogue Netflix), il y a de quoi assouvir la soif de découvertes des amateurs du genre. Peu marquant, « 1922 » remplit cependant sa part du contrat et nous fera entrer un peu plus dans les méandres de la psychologie houleuse des personnages de King. Date de sortie sur Netflix : 20 octobre 2017 Durée du film : 1h41 Genre : Thriller psychologique / Horreur Note du film : 8/10 (par François et Véronique) Résumé du film : Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s'est occupée sans relâche d'Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l'animal jusqu'à New York où Lucy Mirando, la directrice narcissique et égocentrique de l'entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille. Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu'elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s'emparer du destin d'Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée. Avis : Son affiche sombre donne le ton. « Okja » est loin d’être un film familial où humains et animaux magiques se côtoient dans un univers idyllique. Présenté au dernier Festival de Cannes, le film du génial Bong Joon-Ho (« Snowpiercer, le transperceneige », « The Host » ou encore « Memories of murder » qui ressort en salles cet été) a beaucoup fait parler de lui : pour sa thématique, sa maîtrise mais aussi et surtout pour le support choisi par le réalisateur: Netflix. Si nous ne souhaitons pas revenir sur la fameuse polémique des dernières semaines, nous insisterons sur un point : « Okja » est indéniablement un des films de cet été et peu importe son mode de distribution, espérons qu’il touchera le plus large public possible ! Derrière ses allures de « Peter et Elliott le dragon », « Okja » est un film terriblement conscientisant, sombre et critique envers notre société de consommation. A l’heure où sept milliards d’habitants doivent chaque jour satisfaire leurs besoins primaires, il est bon de se poser la question : quel consommateur voulons-nous être au quotidien ? Sa réponse, le réalisateur coréen nous la fait parvenir, d’abord subtilement et de plus en plus directe au fil de son film engagé. Et pourtant, Bong Joon-Ho n’est un vegan radicalisé, mais un mangeur de viande modéré. En tout cas, depuis le tournage de son dernier long-métrage. En effet, il s’est rendu dans plusieurs abattoirs du Colorado pour les besoins de son film, et s’est renseigné sur les exécutions animales à la chaîne… ce qu’il n’a pas manqué de nous présenter de façon terrible dans un final glaçant. Avec ses scènes franchement choquantes, « Okja » nous fera réfléchir un peu plus encore sur notre mode de consommation et sur les traitements réservés à l’espèce animale. Ames sensibles s’abstenir. Mais ce n’est pas une dénonciation pure et dure du système alimentaire que met en scène Bong Joon- Ho. Par le biais ce drame fantastique, touchant et très beau visuellement, le réalisateur nous inclus dans une réflexion sur la tolérance et les limites de la barbarie faite à l’encontre des animaux, de l’abus des OGM dans notre nourriture quotidienne, du besoin d’acheter des produits à bas prix (incluant dès lors une surproduction démentielle). Et pour dédramatiser un sujet franchement terrifiant, il a eu la bonne idée de faire appel à une panoplie de personnages clichés et décalés, présents pour colorer un peu son univers sombre. On pense notamment au troublion Jake Gyllenhaal qui semble tout droit sorti de Daktari. Véritablement névrosé, il ne lésine par sur le kitsch et nous propose une interprétation totalement déjantée. Bong Joon- Ho nous propose également un double visage du « mal », incarné à l’écran par la talentueuse Tilda Swinton (qu’il retrouve après une première collaboration dans « Snowpiercer »). Quant à l’héroïne, Mija (Ahn Seo-hyeon) celle-ci semble suivre son chemin, son combat mû par l’amour qu’elle porte pour l’animal qu’elle a vu grandir. A travers les yeux de ce super cochon génétiquement modifié, c’est nous que nous voyons. Et par sa vulnérabilité et l’action des Hommes, c’est notre propre comportement de consommateur qui nous est donné à voir. Autre pierre angulaire de l’histoire, les membres de la FLA (Front de la Libération des Animaux, un groupe qui existe réellement) mené par un Paul Dano totalement investi dans son rôle. Ces activistes (ici pacifiques), dont certains écologistes vegan, se battent pour une noble cause mais ne seront malgré tout pas épargnés par la critique. En cela, le film offre véritablement une richesse des points de vue traités à l’écran. Notons au passage que les fans de « The Walking Dead » ne manqueront pas de reconnaître parmi eux le jeune Glenn (Steven Yeun). Fable écologique et économique, « Okja » poursuivra ses spectateurs longtemps encore. Sous ses airs colorés faussement naïfs, le film met le doigt sur notre propre consommation alimentaire de façon très habile. Nullement manichéen et vraiment intelligent, il dresse le portrait d’acteurs de notre société de consommation et nous invite à devenir des consommateurs responsables. L’industrie agro-alimentaire apparaît en ligne de mire et comme nous pouvons nous en douter, est régie par la productivité (mortelle animale). Soulevant les consciences sans non plus les juger, « Okja » invite à la réflexion et il serait dommage de la refuser… Date de sortie sur Netflix : 28 juin 2017 Durée du film : 2h01 Genre : Drame fantastique Titre original : 옥자 Note du film : 7,5/10 (7/10 par Véronique et 8/10 par François) Résumé du film : Remontant le temps jour par jour, ce thriller à l'humour noir suit un shérif local tandis qu'il traque les trois suspects d'un braquage de banque, dont son frère. Avis : « Shimmer lake » d’Oren Uziel est sorti ce début de mois sur Netflix. Pour son premier long-métrage, le scénariste de « 22 Jump Street », « Freaks of nature » ou encore « Mortal Combat rebirth » ne fait pas dans la demi-mesure : une bonne intrigue, un casting convaincant, une réalisation tirée à quatre épingles et un twist final vraiment surprenant, tout est réuni pour que nous faire passer un agréable moment. Avec sa chronologie inversée, « Shimmer lake » nous présente l’histoire de plusieurs protagonistes avec pour point central, le sheriff chargé de l’enquête et frère de l’un des trois braqueurs de banque. En quatre chapitres et quatre jours (de vendredi à mardi) nous comprenons ce qui a amené deux amis de longue date (dont Chris, le naïf de la bande), à suivre un ex-taulard dans une aventure risquée et braquer la bande fédérale de leur village. Les cadavres s’empilent, les fugitifs paniquent, les incompréhensions s’enchaînent… les clés de lecture nous viennent peu à peu et nous permettre de placer toutes les pièces du puzzle à leur place, et nous emportent dès les premières minutes. Autre argument de taille, la durée du film : à peine 1h30. L’occasion de se plonger dans une intrigue policière originale (mais peu révolutionnaire tout de même) à n’importe quel moment de la journée. Concis et bien pensé donc, « Shimmer Lake » fait preuve d’efficacité. Il est aussi la preuve qu’il ne faut pas un casting ultra vendeur pour cueillir les téléspectateurs : Benjamin Walker (« Abraham Lincoln, le chasseur de vampires »), Wyatt Russell (ancien joueur de hockey sur glace) Stephanie Sigman, Rainn Wilson, Ron Livingston (« Conjuring », « La 5ème vague »), John Michael Higgins, Mark Rendall ou encore la jeune et charmante Isabel Dove (Sally) qui est extraordinaire, on en (re)connaît finalement peu. Convenu et original, « Shimmer Lake » vaut donc la peine qu’on s’y attarde. Son histoire à rebours et ses touches d’humour régulières assurent le show et méritent qu’on le sorte du catalogue bien rempli où daubes et petites pépites se côtoient. Le film ne nage dans aucune de ces deux eaux-là mais convaincra. Date de sortie sur Netflix : 9 juin 2017 Durée du film : 1h26 Genre : Policier /thriller |