Celui qui nous avait scotché avec son « Harry, un ami qui vous veut du bien » revient avec un film noir où faux semblants, révélations, mystères et disparations se côtoient dans la ruralité austère du plateau des Causses. Hasards et coïncidences Evelyne Ducat (formidable et glaciale Valeria Bruni Tedeschi), riche habitante par intermittence d’un chalet des Causses, disparait un soir d’hiver durant laquelle s’abat une importante tempête de neige. Si son corps n’a jamais été retrouvé, la gendarmerie mène des recherches ponctuelles auprès des habitants de la région parmi lesquels on trouve Stéphane, éleveur de moutons bourrus et isolé ou encore le couple bancal formé par Alice et Michel Farange. Si rien ne semble les relier, la détresse affective de ces trois personnages va peu à peu révéler des failles qui risquent bien de compromettre leur moralité. Les personnages campés avec brio par Damien Bonnard (vu dernièrement dans l’excellent « Les Misérables » de Ladj Ly), Laure Calamy (« Nos batailles ») et Denis Ménochet (« Grâce à Dieu », « Jusqu’à la garde », « Marie Madeleine ») sont-ils aussi lisses qu’il n’y parait ? Ne dissimulent-ils pas tous un lourd secret ? Quel lien les unit à la victime ou aux autres arrivants venus s’installer dans leur région ? Si le responsable et la cause de la disparition ne sont pas les plus grandes de nos préoccupations, c’est parce que très vite, le scénario adapté du roman de Colin Niel nous entraine dans un cheminement en spirale qui nous fait entrer au plus profond de l’âme (et de la détresse) humaine, brouillant les pistes ou, au contraire, les éclairant tout au long de son intrigue. Efficace, très structuré car chapitré intelligemment du plus petit récit au plus long, « Seules les bêtes » nous emporte dans son tourbillon noir, dans son thriller labyrinthique où chaque recoin nous emmène finalement un peu plus loin dans les révélations de chacun. Son histoire à tiroirs nous fait voyager de la morosité d’un ciel gris à la poussière d’un autre plus ensoleillé, liant peu à peu des éléments qui nous avaient peut-être un peu échappés. Ses matriochkas scénaristiques s’emboitent dans un rythme haletant et mêlent ainsi la plus petite scène anecdotique à sa vue d’ensemble forcément très logique. Ponctuée d’hasards et de coïncidences, son histoire sur grand écran se découvre tel un roman où chaque pas en avant tend vers un rebondissement, une révélation ou une explication, finissant par nous faire comprendre que tout était écrit dès ses débuts captivants. Si on regrette l’utilisation de ficelles un peu grossières pour rendre son scénario et son final beaucoup trop cohérents, on se délecte de ce film noir impeccablement interprété et réalisé mais aussi de ses thèmes abordés, des traitements qui, en substance, révèlent beaucoup des états d’âme des personnages secondaires ou principaux tous foncièrement solitaires ou en manque de reconnaissance. S’il n’est pas totalement à la hauteur de nos espoirs, « Seules les bêtes » de Dominik Moll est, à ne pas un douter, une belle adaptation du matériau initial, un film qui parvient à créer le trouble et qui démontre qu’en matière de film noir, la France a encore quelques belles cartes à jouer. Date de sortie en Belgique : 1er janvier 2020 Durée du film : 1h57 Genre : Thriller
1 Commentaire
Darmon André
8/2/2021 05:05:52 pm
Je ne comprends pas du tout la fin. Quel rapport entre la noire et la maison de la morte??? Merci
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