Le Croque-mitaine

Résumé du film : Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté par sa propre douleur, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni le soutien ni l’affection qu’elles tentent de lui réclamer. Lorsqu'un patient désespéré se présente à l'improviste à leur domicile pour demander de l'aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.
 
Note du film : ★★ (par Véronique)

Avis : Issue d’une nouvelle éditée dans le recueil « Danse macabre » de Stephen King, « Le croque-mitaine » joue avec ce qu’il y a peut-être de pire : nos peurs liées à l’enfance. 

Les monstres qui se cacheraient sous nos lits ou dans nos placards, les ombres qu’ils laisseraient échapper et les bruits inquiétants qui leur sont associés, la crainte de les voir surgir lorsque notre attention est détournée et le besoin de dormir une petite lumière allumée comme si cette faible lueur pouvait les chasser sont autant de petites choses qui nous ont tous accompagnés lorsqu’on ne pouvait rien rationnaliser… C’est précisément cela que met en scène le film de Rob Savage, un jeune réalisateur qui avait déjà su créer la tension avec son « Host » très immersif.

​Champion du jumpscare et de l’ambiance plus qu’inquiétante, Rob Savage s’attèle cette fois à l’exercice difficile de nous faire rencontrer l’objet de nos pires cauchemars, de le personnifier et de lui donner une singularité. Le pari est-il réussi ? En partie seulement. En effet, si son premier tiers très suggestif est parvenu à nous rendre mal à l’aise et à nous impressionner, son choix d’entrer dans la démonstration (et la démesure) dans un second temps dessert le film et le rend plus risible qu’inquiétant. Son jeu de lumière et la spatialisation du son, les prises de vue tantôt larges pour mieux perdre nos repères quand la nuit s’impose et plus rapprochées pour partager les émotions délivrées permettaient d’entrer dans son sujet, son histoire et de s’y enfermer pour quelques instants de flippe bien maîtrisées … mais c’était sans compter sur le besoin de monter d’un cran et de perdre ainsi toute l’ingéniosité  qui avait été installée.
 
Ses personnages féminins sont plutôt intéressants (Vivien Lyra Blair et Sophie Thatcher sont plutôt convaincantes), la figure paternelle un peu trop caricaturale et l’origine de la « créature » plus bancale, l’histoire intéressante mais parfois difficilement cohérente, bref, ce « Boogeyman » version 2023 s’avère par moments être un tantinet trop poussif et maladroit et en fait un film finalement peu mémorable et dispensable. 

​Dommage car nous étions plutôt acquis à sa cause et nous aurions bien aimé continuer de trembler comme dans ces premières trente minutes émotionnellement éprouvantes et jouissives pour qui aime les films d’épouvante.  ​

Durée du film : 1h38
Genre : Horreur/Fantastique
Date de sortie en Belgique/France : 31 mai
Titre original : The Boogeyman
De Rob Savage – Avec Chris Messina, Vivien Lyra Blair, Sophie Thatcher, David Dastmalchian, Lisa Gay Hamilton