Véritable ovni cinématographique, « Jumbo » n’est pas une romance fantastique comme les autres, c’est une fable où la magnétique Noémie Merlant (aussi efficace que dans « Portrait d’une jeune fille en feu ») se prend d’amour pour un colosse de métal qui communique avec elle avec les moyens qui sont les siens, une histoire de passion, de déraison qui obsède Jeanne et la bouleverse au plus profond de son être ou encore la découverte de sentiments nouveaux provoquée par une idylle incongrue et incomprise par les proches de cette adolescente marginale et qualifiée d’ « anormale ». Mais où est la norme dans le film de la scénariste et réalisatrice belge ? La mère de Jeanne (Emmanuelle Bercot) n’a pas de relation stable et ne vit que pour séduire des hommes de passage dans sa vie. Marc, le patron du parc où elle travaille, s’impose dans sa vie sans la connaître vraiment… Les représentations de l’amour qui se manifestent autour de Jeanne semblent aseptisées, mécaniques, rigides et ne contiennent aucune tendresse, aucune chaleur humaine, rien qui ne laisse rêveur. Ces ressentiments, opposés à ce que vit l’adulescente avec un objet sans âme, n’ont finalement rien de plus acceptables si ce n’est qu’ils sont partagés avec des êtres constitués de chair et d’os et entrent dans un cadre dicté et accepté par la société. Introvertie, Jeanne ne s’ouvre vraiment que lorsqu’elle se retrouve seule, la nuit, face à son amant de fer pour qui elle voue une vraie passion, le reproduisant fidèlement dans son autre refuge : sa chambre où personne n’entre sans son consentement. Et si la thématique générale du film peut cela peut paraître totalement délirante, il suffit de se renseigner un peu pour comprendre que l’objectophilie est pourtant un phénomène qui existe vraiment. Hors norme, « Jumbo » de Zoé Wittock est un film qui s’adressera peut-être davantage aux adolescents, un métrage qui, à l’instar de « La forme de l’eau » de Guillermo Del Toro ou de « Elle s’appelle Ruby » de Jonathan Dayton et Valerie Faris montre que l’amour se trouve là où on le projette, là on se sent vivre vraiment, qu’il soit standard ou différent. Date de sortie en Belgique : 20 mars en VOD (initialement le 18 mars en salles) Durée du film : 1h33 Genre : Drame
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