Résumé du film : Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent. Note du film: 6/10 (par Véronique) Avis : Dix ans après « Louise Michel », comédie sociale dans laquelle évoluait déjà Yolande Moreau, le tandem Kervern/Delépine revient avec une nouvelle satire de notre société, mettant en lumière les petites gens, celles qui ont toujours été chères à leur cœur et qui ont une place de choix dans leur cinéma. Mais cette fois, ce n’est pas Gérard Depardieu qui tient le rôle principal masculin. Pour incarner Jacques, un réac pas comme les autres, les deux scénaristes/metteurs en scène ont fait appel à Jean Dujardin, qui ne recule devant rien et n’hésite pas une seule seconde à égratigner son image. « C’est pas Karl Marx qui va t’aider à avoir un jacuzzi et une pergola » Très plaisant dans son premier tiers, « I feel good » ne tient malheureusement pas la route et finit par mal négocier son virage dans sa dernière ligne droite. Fonçant droit dans le mur du grotesque, le long-métrage du duo de « Groland » avait pourtant de très beaux arguments et une liberté de ton qui fait plaisir à entendre en ces temps de censure dérangeante. Dénonçant les dérives de notre société individualiste, « I feel good » avait l’ingénieuse idée de confronter deux visions d’une même réalité. Celle de Jacques, véritable sangsue économique, incapable de s’impliquer dans quoi que ce soit, si ce n’est ses rêves de richesse et celle de Monique, responsable d’un centre Emmaüs où entraide et responsabilité sont les maîtres mots. Après avoir tenu un rôle de directrice de home pour jeunes dans « De toutes mes forces », Yolande Moreau reprend du service et livre un jeu tout en pudeur et tendresse à côté de ceux qui n’ont (plus) rien. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le social lui va bien ! Offrant le gîte et le couvert à qui veut se réinsérer dans la société après un passage à vide, Monique donne sa chance à tout un chacun. Et même à son frère, qui ne pense qu’au profit et à son futur projet d’entrepreneur… Mais son idée obsédante va avoir des répercussions sur la communauté entière, celle qui l’a accueilli à bras ouverts et toléré malgré son manque d’implication… Son faux polo Lacoste, ses belles paroles et l’importance qu’il accorde aux apparences parlent d’ailleurs pour lui. Mais qu’importe : Jacques gagne peu à peu la confiance de ces anciens démunis pour qui il n’y a désormais plus rien de plus beau que les rêves et… la vie ! « Fini le temps des cerises, maintenant c’est le temps des noyaux, t’as pas vu la crise ? » Cette crise, Kervern et Delépine l’évoquent à de nombreuses reprises, de façon détournée ou clairement affichée, dans leurs différents longs-métrages : « Saint-Amour », « Louise-Michel » ou « Mammuth » en tête. « I feel good » s’inscrit dans cette lignée et ne renie absolument pas sa paternité. La patte du duo facétieux se fait ressentir dans chaque scène du film, à travers ses répliques cinglantes et son humour cynique dont eux seuls ont le secret. Sous le couvert de la comédie, ils abordent des thématiques graves et actuelles comme l’égoïsme, l’individualisme, les chimères de la richesse convoitée, la surconsommation, etc. Mais leur nouveau film engagé a, comme ses prédécesseurs, un cruel manque de constance. Le génie des débuts s’essouffle peu à peu et disparaît totalement au profit d’une satire outrancière qui nous fait lever les yeux au ciel. Les braises du libéralisme incarné par le personnage de Jacques refroidissent et s’éparpillent dans un final que l’on aurait aimé bien moins excessif… Dommage, c’était pourtant si bien parti ! Alors certes, on apprécie les situations incongrues, l’intelligence des propos de Jacques, le comique de situation, les dialogues écrits au cordeau et les hors champs qui nous font nous recentrer sur l’essentiel. Mais on regrette aussi les scènes peu ragoûtantes qui, comme toujours dans l’univers Kervern/Delépine, viennent ternir leurs propos intéressants et desservir leur film, lui conférant par moments un statut de comédie sociale borderline. Les gros plans sur les visages de ses comédiens autant que sur ceux de ces anonymes que l’on croise en début et fin de film prouvent le réel intérêt que porte le tandem sur tout ce qui fait le sel de leurs (loufoques) idées. Mais l’inconstance à, de nouveau, raison de leur ingénieuse idée et fait de « I feel good » une comédie passable où Yolande Moreau et Jean Dujardin prennent des risques bien plus grands que ceux de leurs metteurs en scène, trop habitués à surfer entre comédie grotesque et film sociétal. Date de sortie en Belgique/France : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h43 Genre : Comédie
0 Commentaires
Résumé du film : Ce conte magique et familial suit Lewis, un orphelin de 10 ans qui s'installe dans la mystérieuse demeure de son oncle Jonathan, avant de découvrir que ce dernier est un sorcier. Derrière ses murs se cachent de nombreuses créatures et secrets dont une horloge qui aurait le pouvoir de déclencher la fin du monde. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Eli Roth est un réalisateur de génie en matière de thriller ou de film gore. Alors, quand celui à qui on doit « Hostel », « Knock Knock », « Green Inferno » ou encore « Death Wish » se lance dans un film pour enfants, on ne peut que s’interroger. Quelles ont été les motivations de l’Américain? Pour comprendre sa démarche, nous nous sommes plongés à la fois dans le roman de John Bellairs et dans son adaptation sur grand écran. Conclusion ? « La prophétie de l’horloge » est aussi désappointant qu’intéressant. Retour sur ce film familial où magie et aventures s’entremêlent pour le pire et… le meilleur. La nostalgie de l’enfance Pour qui connaît un tant soit peu l’univers d’Eli Roth, il n’est nul besoin de rappeler que le réalisateur signait à 34 ans le terrible « Hostel » avant de s’adonner à d’autres films d’horreur mémorables. Il y a quelques années, il nous proposait un « Knock Knock » totalement crazy où Keanu Reeves se faisait homejacker par deux belles jeunes femmes totalement délurées. En l’espace de quelques mois, Eli Roth change totalement de registre et propose, après un « Death Wish » correct bien que peu marquant, un film pour enfants : troublant ! Avec son casting alléchant et son imagerie féerique, on s’attendait à une totale maîtrise d’un récit qui avait tout pour plaire à son jeune public. Et de fait. Lors de la projection, les petites têtes blondes étaient à la fois amusées et effrayées par l’histoire qui se déroulait sous leurs yeux. Car, si son générique très rétro (n’étant pas sans nous rappeler les vieux films Disney ou Amblin Entertainement, est-ce vraiment un hasard ?) et son contexte installé dans les 1950 pourraient parler aux adultes, c’est bel et bien le tout jeune public qui est visé par cette adaptation dantesque de « La prophétie de l’horloge ». Minutieuse jusque dans ses moindres détails (on reconnaît aisément le jeu de cartes décrit dans l’œuvre de Bellairs servant aux soirées poker ou le porte-manteau « magique »), l’adaptation se veut aussi distrayante que flippante pour ses petits spectateurs. Le petit récit initiatique mis en place, les aventures du jeune Lewis vont permettre à nos jeunes adolescents de passer une petite heure trente dans un univers fantastique où tout semble excessif. Drôle tout en étant effrayant, ambitieux mais aussi décevant « La prophétie de l’horloge » est un film déroutant. Ne vient-il pas un peu trop tard après une kyrielle d’autres métrages de la même veine? Sans aucun doute et il semblerait d’ailleurs qu’il n’ait pas grand-chose de neuf à proposer. De trop nombreuses libertés Si certains dialogues sont repris mot pour mot dans le métrage de Eli Roth, nombreuses sont les divergences d’avec le roman de Bellairs, publié en 1973 ! Lewis est un jeune garçon bizarre et rachitique alors que le héros littéraire est un petit grassouillet mal dans sa peau. L’oncle Jack Jonathan Black a certes quelques reflets roux, il reste bien loin du personnage décrit dans les pages de « La pendule d’Halloween ». Il en va de même pour Florence Zimmerman, bien plus âgée et ridée que la belle Cate Blanchett. Mais qu’importe les apparences si le récit fonctionne… Et là aussi, il nous faut remettre les pendules à l’heure. Bien moins monstrueux que le film de Roth, l’histoire de l’écrivain américain est bien plus prenante que sa version cinématographique. Le jeune Lewis utilise la magie à ses dépens et ne reçoit aucune éducation prodigieuse de la part de ses hôtes, nulle trace d’un placard interdit dans la maison ou de phases lunaires dessinées dans de nombreuses pièces de la demeure. Quant aux horloges, il y en a bien une dans chaque pièce mais on est loin de la collection de l’oncle Jonathan. Plus importante que les petites quêtes présentées dans le long-métrage, la pendule enfermée dans les murs de la maisonnée du 100 rue Haute est inquiétante et moins infernale que dans le film. Et que dire de l’histoire abracadabrantesque de Isaac Izard revue et dénaturée ? Relayé dans le domaine des souvenirs, il n’apparaît que trop peu dans l’histoire originale et sa présence dans l’adaptation laisse songeurs… Au même que les petits monstres ajoutés ici pour que le spectacle soit plus impressionnant. A force de se permettre de nombreuses libertés, « La prophétie de l’horloge » vue par Eli Roth dénature fortement le récit fantastique de Bellairs, dont on conseille la lecture aux jeunes adolescents amateurs de récits dans la veine de « L’épouvanteur » de Joseph Delaney. Très théâtralisé, le jeu des acteurs accentue cette sensation de « show » démesuré que l’on voudrait plus épuré. Dommage car le matériau de base offrait de nombreuses possibilités et le résultat aurait pu être tout autre avec une dose de sobriété. Un casting adapté S’ils n’ont pas totalement les traits de leurs personnages originaux, Jack Black, Cate Blanchett et Owen Vaccaro (« Very Bad Dads ») forment un trio qui fonctionne plutôt bien à l’écran. Sir Black nous sort son meilleur jeu, celui auquel nous sommes habitués depuis de nombreuses années (et qui colle relativement bien au récit revisité de Roth) alors que Cate Blanchett est à la fois froide, mystérieuse et complice. Quant au tout jeune Owen Vaccaro, il porte le film sur ses frêles épaules et parvient presque à nous faire oublier le Lewis de Bellairs, bien plus pleurnichard et dodu que son personnage. Dans les surprises du casting, on notera la présence de Kyle MacLachlan qui ne recule devant rien pour donner vie (ou mort) au méchant de service et Eli Roth qui s’accorde un petit cameo sympathique. Et comme toujours, Lorenza Izzo, l’épouse du réalisateur, vient rejoindre le casting pour un second rôle créé de toutes pièces pour les besoins de l’adaptation cinématographique. En effet, comme nous l’indiquions plus haut, nombreuses sont les digressions et pour que les folles aventures du jeune Lewis tiennent dans un format acceptable, il fallait mettre en place de sacrés raccourcis, forcément préjudiciables par rapport à l’esprit du roman. S’adressant essentiellement au jeune public, « La prophétie de l’horloge » n’a en soit pas grand-chose de condamnable, si ce n’est un scénario totalement revisité et bien moins engageant que son récit initial. Néanmoins, les enfants y trouveront leur compte et excuseront ce que les adultes pourront reprocher au long-métrage. Si certaines scènes restent impressionnantes pour les plus jeunes d’entre eux, nos spectateurs en culottes courtes devraient apprécier ce film d’horreur réalisé à leur portée. Gothique et comique, too much à de nombreux moments, le dernier long-métrage d’Eli Roth déconcertera les adaptes de son univers mais prouvera qu’il est capable de sortir de ses sentiers battus et de créer un univers féerique de toutes pièces, un monde magique et malicieux proche du visuel d’un certain « Crimson Peak ». Date de sortie en Belgique/France : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h40 Genre : Fantastique Titre original : The house with a clock in its walls Résumé du film : Un officier d’élite du renseignement américain tente d’exfiltrer un policier qui détient des informations compromettantes. Ils vont être traqués par une armée d’assassins tout au long des 22 miles les séparant de l’avion qui leur permettra de quitter le pays. Note du film : 7/10 (par François) Avis : Amateurs de films gonflés à la testostérone, bienvenue ! Il vous suffit de lire le petit résumé pour avoir une idée assez précise de ce que vous allez voir pendant un peu plus d’une heure trente. Et cela tombe plutôt bien car étant nous-même amateur d’explosions, d’infiltrations et d’exfiltrations, nous avons apprécié les débuts tonitruants du film ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que notre attention n’a jamais été détournée avant le grand final ! Heureuses retrouvailles ! Entre le réalisateur Peter Berg et Mark Wahlberg, c’est une histoire d’amour de Cinéma qui dure depuis 2014 (avec « Du sang et des larmes ») et qui se traduit avec beaucoup de réussite d’ailleurs ! On se souviendra de l’angoissant « Deepwater » (2016) et du tout aussi efficace « Traque à Boston » (2017). Alors quand les deux hommes collaborent ensemble, on se dit à raison que l’on ne risque pas de s’ennuyer ! Aller voir « 22 Miles » au cinéma, c’est surtout s’offrir un petit plaisir coupable ! C’est aussi l’occasion d’apercevoir le toujours sympathique John Malkovich qui revêt ici une coiffure…pour le moins surprenante ! Quant à Lauren Cohan (Mais si voyons ! Maggie Greene dans la série « The Walking Dead »), c’est un vrai plaisir de la retrouver sur grand écran ! Tout ce beau monde semble s’en donner à cœur joie dans ce gros film d’action, et ce, pour notre plus grand plaisir ! Mention spéciale pour Mark Wahlberg, l’acteur principal qui joue un haut potentiel dont les nerfs sont facilement irritables (et irrités !). Histoire déjà vue pour film efficace ! En lisant le scénario, on a comme l’intuition que Mark Wahlberg et ses petits camarades ne sont pas tombés à la renverse. L’histoire (ou d’importantes variantes) a (ont) déjà été traitée(s) de nombreuses fois à l’écran (on pense notamment au très maitrisé « 16 blocks » avec Bruce Willis). Pourtant ici, le scénario fait la part belle aux agences d’espionnages/contre-espionnage afin de brouiller les pistes et cela fonctionne plutôt bien. Sans vous spoiler, le monde dépeint dans « 22 Miles » est fait de faux semblants, de gouvernements corrompus et d’agents menant des actions « non-reconnues » par les Etats. De ce chaos ambiant nait une certaine complexité et cette difficulté de compréhension se retrouve hélas aussi dans les mouvements de caméras lors des scènes d’action. Comme souvent, la lisibilité à l’écran s’en trouve perturbée lorsque les bombes explosent ou les coups de poings fusent ! Dommage. Pour le reste, le réalisateur fait un sans faute dans sa réalisation et l’on prend plaisir à suivre le film. Même si nous nous amuserons toujours de l’utilisation « facile » de la technologie qui semble ouvrir toutes les portes comme par magie, son emploi permet d’apporter beaucoup de dynamisme à l’ensemble. Au final, « 22 Miles » est la bonne surprise de ce mois de septembre et même s’il ne révolutionnera pas le genre, ni ne marquera durablement les esprits, il devrait vous divertir honnêtement. Avis aux amateurs… Date de sortie en Belgique : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h34 Genre : Action Titre original : Mile 22 Résumé du film : Dans une petite ville des Etats-Unis, Stéphanie, une bloggeuse, cherche à découvrir la vérité qui se cache derrière la disparition soudaine de sa meilleure amie Emily. Aidée par le mari d’Emily, Stéphanie découvre peu à peu les secrets enfouis de cette histoire entremêlée entre amour et loyauté, meurtre et vengeance. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Intriguant par ses affiches pop colorées et énigmatiques « L’ombre d’Emily » n’est pas un thriller de facture classique. Mêlant humour, énigme, twist et jeu de dupes, le dernier film de Paul Feig est aussi alléchant qu’un cup cake que l’on aurait abondamment décoré. Mais comme ce dessert hyper tendance, le long-métrage est aussi édulcoré dans ses débuts que léger dans ses dernières bouchées. L’équilibre entre génie et classicisme opère et remplit le job mais ne nous fait pas l’effet « waouw » escompté. Intrigue à Wisteria Lane Minutieusement installé dès ses premières minutes, le décor de « L’ombre d’Emily » est très travaillé, léché et coloré, à l’instar des célèbres séries qui ont fait la réputation de Marc Cherry. Et étonnamment, aussi artificiel soit le cadre, aussi agréable est-il à côtoyer. On y évolue comme dans de l’ouate, charmé par ses héroïnes autant que par son histoire qui se révèle au fil de ces presque deux heures. De la rencontre entre Stéphanie et Emily à la mystérieuse disparition de cette dernière, nous nous laissons conter un récit étrange, livré par le biais de la narration en ligne de Stéphanie, chroniqueuse d’un v-blog tendance pour les « mamans » au foyer. Livrant ses secrets de parfaite ménagère mais aussi les rebondissements de sa vie à ses nombreux followers, la jeune femme se prête très vite au jeu d’une enquête aux multiples rebondissements, livrée quotidiennement à son audience grandissante. Théâtrale, très travaillée au niveau de ses dialogues, l’intrigue se déroule en plusieurs actes, chacun apportant son atmosphère propre, ses questions mais aussi ses réponses. Qui est vraiment Emily? Pourquoi livre-t-elle peu de choses sur sa vie d’avant ? Pourquoi Stéphanie, radicalement opposée à cette working girl est-elle aussi attirée par la belle Emily ? Paul Feig (l’indigeste « Ghostbusters » féminin, « Spy » ou encore « Mes meilleures amies ») nous apporte ses petites réponses, noyant le poisson ou détournant notre regard des merveilleuses toilettes glamour de ses héroïnes pour nous relancer dans une enquête pas si évidente que cela. Miss Marple en talons hauts et trench coat Gucci Si le film aurait très bien pu s’appeler « A l’ombre d’Emily » tant le personnage incarné par Blake Lively est séduisant, charismatique et magnétique, le scénario alambiqué de Jessica Sharzer laisse pourtant une place de choix à celui de Anna Kendrick (vue dans les sagas « Twilight », « Pitch Perfect ») cantonnée très souvent à des rôles moins riches que celui-ci. Le duo formé par les deux comédiennes fonctionne à merveille et on applaudit ce thriller bien ficelé où des femmes fortes tiennent le haut du pavé, le personnage de Ian Ho étant un faire valoir plus qu’un élément central, du moins, dans sa première partie. Intitulé « A simple favor » dans la langue de Shakespeare, le titre original fait référence aux nombreuses faveurs demandées par Emily à cette jeune mère célibataire dévouée. Mais du dévouement à la méfiance, il n’y a qu’un pas et cela, le spectateur curieux le vérifiera à diverses reprises. S’amusant des multiples rebondissements que nous réserve cette histoire (issue du roman « Disparue » de Darcey Bell), les détectives en herbe que sont Stéphanie et son audience, nous balade de révélations en mensonges, de twist attendu en réelles surprises, tout en tentant de discerner le vrai du faux. Agréable, tant par sa mise en scène que par sa bande originale, menée par deux comédiennes de talent, « L’ombre d’Emily » est un bon divertissement. Néanmoins, ses caricatures, ses excès et son côté trop théâtral viennent gâcher une partie de notre plaisir, nous divertissant sans non plus se démarquer foncièrement des sorties de ces dernières semaines. Date de sortie en Belgique/France : 26 septembre 2018 Durée du film : 1h58 Genre : Thriller / Policier Titre original : A simple favor Résumé du film : Henri Charrière, dit "Papillon", malfrat de petite envergure des bas-fonds du Paris des années 30, est condamné à la prison à vie pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Il est envoyé sur l'île du Diable, en Guyane. Il va faire la connaissance de Louis Dega qui, en échange de sa protection, va aider Papillon à tenter de s'échapper... Note du film : 7/10 (par François) Avis : « Papillon », c’est l’adaptation d’un livre écrit en 1969 par le protagoniste principal Henri Charrière qui fut emprisonné dans des conditions extrêmes en Guyane pour un crime qu’il n’a pas commis. Certains se souviendront d’ailleurs peut-être du précédent film sorti en 1973 avec Steve McQueen dans le rôle titre et avec Dustin Hoffman dans le rôle de son complice. L’évasion du « Papillon » est-elle toujours aussi belle ? Fort classique dans son approche, le film remplit pourtant bien son contrat. Vieille histoire pour propos actuel Bien que l’histoire du film couvre la période 1931-1945, la portée du film se veut beaucoup plus large car très contemporaine. Michael Noer, le réalisateur le dit d’ailleurs parfaitement en ces termes : « Malheureusement, Papillon est toujours actuel car de nombreux hommes et femmes sont incarcérés dans des conditions épouvantables, et qu'on a recours à l'isolement comme moyen de torture. C'est le cas dans le monde entier, si bien que ce qui m'a intéressé dans ce projet, c'était la possibilité d'aborder ce sujet dans un contexte historique, tout en montrant qu'il est extrêmement actuel. » Dans le rôle de Henri Charrière, nous retrouvons l’acteur Charlie Hunnam, que nous avons vu récemment dans le film « Le Roi Arthur : la Légende d’Excalibur ». Dans les deux longs métrages, l’acteur incarne des hommes à la forte personnalité, mais cette fois, l’acteur arbore le fameux "Papillon" au niveau de ses pectoraux ! Un bon film à la facture très (trop ?) classique Les principales forces du film tiennent à deux éléments distincts. Tout d’abord, la minutie apportée à la reconstitution du fameux bagne qui parvient à créer l’illusion de l’extrême dureté de la condition de vie des détenus. Lors des repérages, l’équipe de tournage a trouvé son bonheur en Europe de l’Est et à Malte. Quant à la colonie pénitentiaire, il la trouvera au Monténégro dans une région montagneuse. A cela s’ajoute le soin apporté aux costumes qui conférera à l’ensemble un cachet authentique. Aussi, le deuxième élément concerne du jeu de ses acteurs. Outre Charlie Hunnam qui s’est beaucoup impliqué dans la préparation de son personnage, son acolyte Rami Malek (qui incarne Louis Dega à l’écran) se montre également très convaincant. Le duo fonctionne à merveille et nous n’avons aucun mal à croire en la relation qui les unit ! D’abord intéressé par l’argent, « Papillon » créera véritablement une belle amitié avec son ami Louis qu’il refusera de trahir même quand il était en isolation. Pour apporter un maximum de réalisme et de crédibilité aux conditions épouvantables décrites, l’acteur Charlie Hunnam donnera beaucoup de sa personne. Cela se traduira par une métamorphose physique extrêmement contraignante pour le corps puisque l’acteur perdra 18 kg en à peine dix semaines ! Et pour prendre conscience de ce que devait vivre les bagnards, l’acteur a tenu a rester cinq jours dans une cellule sans parler ni manger. Il se souvient : "C'était très dur de ne pas avoir d'eau. Je n'avais que deux petites bouteilles pendant ces cinq jours sans nourriture. C'est devenu un peu dingue et très éprouvant sur un plan émotionnel. J'ai même pleuré une ou deux fois quand je me suis retrouvé seul." Mais malgré tout, le film de Michael Noer n’est pas parfait…car à côté de ces belles qualités, d’aucuns pourraient reprocher au film une certaine lenteur. Mais n’est-ce pas pour permettre au spectateur de s’immerger dans l’enfer que représentait le bagne de Guyane et l’île du Diable ? Peut-être… D’autres pourraient reprocher au film un certain classicisme dans son approche et son traitement ainsi qu’un manque d’audace manifeste...Et là, on serait tenté d’être d’accord avec eux ! Cette nouvelle adaptation de « Papillon » permettra aux spectateurs vierges de toute autre représentation de cette histoire incroyable de découvrir les aventures de Henri Charrière, tandis que les nostalgiques se replongeront peut-être dans la version de 1973… Date de sortie en Belgique : 19 septembre 2018 Durée du film : 1h57 Genre : Drame/Biopic Résumé du film : Paris, 1982. Patrons d’un peep show, Le Mirodrome, criblés de dettes, Franck et Serge ont l’idée de produire des petits films pornographiques avec leurs danseuses pour relancer leur établissement. Le succès est au rendez-vous et ne tarde pas à attirer l’attention de leurs concurrents. Un soir, des hommes cagoulés détruisent le Mirodrome. Ruinés, Franck et Serge sont contraints de faire affaire avec leurs rivaux. Mais ce que ces derniers ignorent, c’est que nos deux « entrepreneurs » sont des enquêteurs chargés de procéder à un coup de filet dans le business du « X » parisien. C’est le début d’une aventure dans le cinéma pornographique du début des années quatre-vingt qui va les entraîner loin. Très loin… Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : « L’amour est une fête », le dernier film de Cédric Anger, n’est pas une énième comédie française au sujet banal. Son affiche rétro pop donne d’ailleurs le ton : la silhouette inclinée d’une belle jeune femme un peu dénudée invite le spectateur à admirer ses courbes délicates. Cette délicatesse est d’ailleurs au centre de cette ode à l’univers pornographique du début des années 80. Loin d’entrer dans les codes de l’industrie mercantile, la pornographie a connu de belles heures, permettant à tout un chacun de se lancer dans cet univers sans complexe, sans crainte de faire mauvaise route, sans exploitation sexuelle malveillante. On le comprend très vite, Serge et Franck, les patrons du Mirodrome, ont énormément de respect pour leurs hôtesses, aussi belles que complices. Mais c’est peut-être parce que les deux lascars ne sont pas taillés pour ce milieu et que leur infiltration dans le monde du blanchiment d’argent aux portes de Pigalle les obligent à se fondre dans un monde du travail by night. Qui sait si leurs pratiques sont légion. Cédric Anger nous livre sa propre vision de l’univers de la pornographie avec un amour tendre et surtout, sans moralisation. Avec « L’amour est une fête », Cédric Anger retrouve Guillaume Canet, qu’il a déjà brillamment mis en scène quelques années auparavant dans « La prochaine fois, je viserai le cœur ». Mais parce qu’à deux, c’est mieux, Canet se voit accompagner de son comparse Gilles Lellouche pour mener l’enquête dans ce milieu très particulier qu’est la pornographie. Peep show, sex shop, cinéma coquin et tournage de films classés X, tout y passe. Et plutôt que de livrer un polar graveleux, Cédric Anger préfère nous proposer une comédie quelque peu déjantée sur fond d’une enquête qu’on a malheureusement tendance à oublier. C’est là notre plus grand regret. La couverture installée, les plans échafaudés et les enjeux de cette enquête sont vite présentés voire expédiés. Reléguée au troisième plan, l’excuse principale dans cette incursion dans le monde de la nuit brille par son absence. Mais fort heureusement pour lui, le scénariste et réalisateur parvient à captiver notre regard par sa photographie ultra soignée et sa reconstitution bluffante des années 80. Beau mais creux, « L’amour est une fête » est assurément un bel objet cinématographique à défaut d’être un bon film mémorable. La nostalgie de ces années où l’insouciance régnait encore en maître et la décontraction des tournages où metteur en scène, acteurs pro et amateurs construisaient ensemble leur rêve de donner du plaisir aux futurs spectateurs, nous montrent combien les choses ont changé. A l’heure où les #Metoo et autres combats féministes font encore rage, il est plutôt osé de livrer un film où la place de la femme peut être controversée. Etonnamment, on découvre que les a priori que l’on avait de l’exploitation de la femme comme objet de plaisir sont loin d’être réels. Les filles embauchées par Franck et Serge dans leur Mirodrome ou dans leurs petites productions pornographiques semblent y trouver leur compte et s’épanouir dans cet univers si particulier. On s’amuse d’ailleurs des réflexions faites avec humour sur le monde de l’érotisme et de la pornographie. « Prends un bel acteur et c’est un film érotique. Prends-en un moche et c’est un film pornographique » en est un bel exemple. L’humour cocasse distillé tout au long de ces presque deux heures de film à tiroirs fuse de toute part. Que ce soit grâce au tandem de choc Canet/Lellouche ou aux personnages barrés de Michel Fau et Xavier Beauvois, on s’amuse et on prend un plaisir certain à découvrir ce feel good movie atypique. Néanmoins, la farce a beau être de qualité et l’esthétique irréprochable, on finit par se lasser et on s’attend à découvrir un final téléphoné… qui finit par arriver. Les nez poudrés, les coulisses porn, le manque de surprise et une enquête supplantée au profit d’une humanisation d’un milieu que l’on connaissait peu ont finalement raison de cette originalité que Cédric Anger a mis du cœur à nous apporter. Jamais moralisateur, « L’amour est une fête » a quelques belles qualités mais n’a peut-être pas le génie que l’on voulait lui prêter. Date de sortie en Belgique/France : 19 septembre Durée du film : 1h59 Genre : Policier Résumé du film : Dans ce thriller rural, un étranger trouve refuge dans un petit village. Tandis qu'il s'intègre peu à peu dans la communauté, il s'avère qu'il n'est pas le seul à avoir un passé à cacher. Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Tout droit venu de ce petit pays nommé Luxembourg, « Gutland » est un thriller à l’atmosphère inquiétante sur lequel nous avons beaucoup de mal à nous prononcer. Le duo Frederick Lau et Vicky Krieps assure, au même titre que la photographie et l’oppression croissante d’un mystère qui s’épaissit peu à peu. Mais malgré toutes les belles intentions de Govinda Van Maele, nous avons trouvé ce long-métrage efficace sans être non plus révolutionnaire. L’étranger de Govinda Van Maele C’est la fin de l’été dans la région rurale luxembourgeoise de Gutland. Jens, un Allemand tout droit sorti de la forêt est en quête d’un petit travail saisonnier. D’abord rejeté par les propriétaires terriens qu’il a croisés, le jeune homme va trouver une épaule sur laquelle s’appuyer : Jos (Marco Lorenzini), un ancien du village visiblement influent. Embauché dans la ferme des Kleyer, Jens va tâcher de s’intégrer dans cette communauté austère où il est difficile de faire sa place. Mais grâce à Lucy, la fille du maire qui s’est éprise de cet étranger, l’insertion se fera avec plus de facilités. Frederick Lau (vu dans « L’usurpateur ») est taillé pour ce rôle ambigu qu’il porte avec conviction. Dès les premières minutes, on se doute que celui-ci cache un important secret et que son arrivée de ce village isolé de tout n’est pas anodine. En découvrant progressivement son récent passé, nous nous prenant de pitié par cet homme exclu malgré tous les efforts consentis pour se fondre dans la masse. Charmé par Lucy, (toujours impeccable Vicky Krieps – « Phantom Thread », « Le jeune Karl Marx »), l’Allemand est déstabilisé par son accueil chaleureux mais aussi par les distances que la jeune femme continue de garder. Celui dont tout le monde se méfiait commence à comprendre que le village lui-même recèle de lourds secrets qu’il n’est peut-être pas bon de découvrir. Le jeu de dupes peut commencer. Qui en sortira indemne ? Confronté à l’animosité des habitants du village, à leur éducation à la dure et à leurs liens forts qu’il est impossible de dénouer, Jens aura fort à faire pour s’intégrer. Les nombreuses tâches imposées, les relations denses qu’il n’a finalement jamais initiées encerclent et étouffent un peu plus notre héros. Du moins, durant une bonne partie de l’intrigue portée à l’écran. Secrets dans la brume En plus de sa métaphore assumée, « Gutland » ouvre de nombreuses portes qui restent parfois béantes sans que l’on ne comprenne pourquoi, du moins, dans un premier temps. Si toutes les pièces du puzzle finissent par se mettre en place dans un dernier tiers plus dense et malsain, la première partie du film nous semble plus lente qu’inquiétante. On stagne, on attend et on suit l’histoire de la réalisatrice luxembourgeoise sans réelle implication, attendant un final en accéléré qui condense tout ce qu’on avait espéré. Souvent gris, le ciel pèse autant que les secrets de la communauté et entassent un peu plus le spectateur dans son fauteuil, inquiet pour la destinée de ce Jens en quête d’intégration. Le grain de la pellicule, la lumière, les décors presque intemporels apportent une jolie touche à ce tableau de Millet un peu délavé, mais l’ensemble, aussi beau et travaillé soit-il ne parvient pas à nous toucher. Ni bon ni mauvais, « Gutland » ne se démarque pas de ces thrillers un peu noirs aux identités fortes et on peine d’ailleurs à comprendre pourquoi le film de Govinda Van Maele entre en lice pour l’Oscar du Meilleur Film étranger. Date de sortie en Belgique : 12 septembre 2018 Date de sortie en France : 9 novembre 2018 Durée du film : 1h47 Genre : Drame / Thriller Résumé du film : L'acteur britannique Michael Caine a donné sa voix à un documentaire sur la culture pop des années '60. Réalisé par David Batty, My Generation est une immersion auprès des icônes anglaises, des Rolling Stones au célèbre mannequin Twiggy. Soutenu par des images d'archives, Michael Caine nous emmène au cœur de la culture pop du Londres des années '60. Note du film: 8/10 (par François) Avis : Découvert au cinéma Quai 10 côté Parc lors du cycle « Ciné Docu », nous avons eu la chance de prolonger ce petit plaisir des yeux et des oreilles grâce au DJ El Delicuente qui nous proposait un set 100% vinyles spécial « London 60’s ». Mais la nostalgie nous gagnait déjà dans la salle obscure avec ce documentaire pour le moins pertinent ! Explications… De Maurice Joseph Micklewhite à Michael Caine ou la mémoire d’une époque Qui mieux que ce grand acteur, issu de la classe ouvrière et à l’ascension prodigieuse pouvait nous conter les mutations artistiques londoniennes ? C’est sur le ton de la confidence que Maurice Joseph Micklewhite alias Michael Caine nous livre ses souvenirs et interroge ceux des artistes tels que Paul McCartney (chanteur), Twiggy (mannequin), Roger Daltrey (chanteur des Who), Marianne Faithful (chanteuse), David Bailey (photographe) ou encore Mary Quant (une des créatrices de la minijupe). C’est d’ailleurs au moyen d’images rares que nous voyageons dans le temps pour retourner dans cette période folle et colorée où la jeunesse n’avait peut-être pas conscience d’imprimer un nouveau mouvement. Pourtant, la révolution était belle et bien en marche. Quant à Michael Caine, sa verve a été captée par une caméra qui apportera beaucoup de dynamisme aux échanges. La musique porteuse de changements sociétaux En France, la nouvelle vague avait su retranscrire l’évolution de la société et les jeunes s’identifiaient davantage à Belmondo en Pierrot le fou qu’en Charles de Gaulle. Quant aux anglais, ce sont les Beatles, les Rolling Stones, les Troggs et autres Kings qui déferlaient sur les ondes de radio Caroline afin d’émerveiller la jeunesse par cette audace musicale ! Ce vent de changement, porté par la musique, insufflait une liberté nouvelle et secouait toutes les strates de la société. La libération sexuelle accompagnait cette audace musicale et il en valait de même pour la mode et les arts plastiques. D’ailleurs, le reportage est ponctué par les notes et les paroles de ces grands noms du rock dont la force des paroles donne du sens aux images. En témoin de son temps, Michael Caine nous explique les révolutions successives qu’il a vécu, à commencer par la sienne. Car avec son accent cockney et son origine modeste (sa maman était femme de ménage et son papa était marchand de poissons), il était inimaginable qu’un réalisateur anglais lui offre le rôle d’un aristocrate ou d’un officier de haut rang. Ce ne sera que grâce à l’œil d’un réalisateur américain Cy Endfield qu’il a eu la chance d’apparaitre en haut de l’affiche en incarnant un prestigieux militaire anglais dans « Zoulou ». Sa carrière lancée, le documentaire mettra en tension certains de ses rôles les plus emblématiques (on pense à Alfie) avec les transformations de la société anglaise. Intéressant et instructif, ce documentaire de David Batty fait la part belle aux images inédites et aux précieux entretiens, sans oublier cette locomotive transformatrice qu’a été le rock ! Alors installez-vous confortablement pour profiter du spectacle et gageons que vous ressortirez vos vieux vinyles, car oui, le rock est immortel ! Date de sortie en Belgique: 12 septembre 2018 Durée du film: 1h25 Genre: Documentaire Résumé du film : Antoine entame sa troisième « première année » de médecine. Benjamin arrive quant à lui directement du lycée. Dans un environnement compétitif, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions, les deux étudiants vont s’acharner et tenter de trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et leurs espérances. Note du film : 8/10 (par Thomas) Avis : Voici un sujet bien maîtrisé qui, par sa justesse et la précision de ce qu’il véhicule, en fait un film tout à fait convainquant. Rien ne sonne faux dans cette intrigue de Thomas Lilti qui connaît son sujet par cœur pour avoir fréquenté les bancs universitaires. Après “Hippocrate” et “Médecin de campagne”, l’auteur, qui pratique toujours la médecine en parallèle à ses activités de cinéaste, a choisi de s’immiscer dans la vie estudiantine en s’inspirant sans doute de sa propre expérience. Il raconte l’amitié et les déboires de deux étudiants dans cette jungle du « un pour tous et chacun pour soi ». Il y décrit l’ambiance des amphithéâtres bondés, les journées et les nuits passées à ingurgiter des tonnes de matière, les examens de masse dans les hangars, etc. Un thème brûlant d’actualité puisque le gouvernement français vient de supprimer le concours de fin de première année pour les étudiants en médecine. Le film respire la jeunesse et parvient à nous transmettre les émotions vécues par les acteurs. On rit et on s’émeut au fur et à mesure qu’avance l’année scolaire jusqu’à la pression finale amenée par le blocus. On vit avec eux l’angoisse des résultats mais aussi du classement qui viendra déterminer en un seul jour leur avenir et conclure une année de sacrifices. L’auteur a de nouveau fait appel à Vincent Lacoste, qu’il avait déjà dirigé dans « Hippocrate », pour incarner Antoine. La jeune vedette montante du cinéma français partage l’affiche avec William Lebghil (« Le sens de la fête », « Cherchez la femme »), dans le rôle de Benjamin. Leur duo forme un parfait alliage de complicité et sert donc parfaitement le propos de Thomas Lilti. Comme pour ses précédents films, le réalisateur a été autorisé à emmener sa caméra dans de véritables salles d’opérations, ce qui apporte davantage d’authenticité au récit. Rappelons au passage que son « Hippocrate » avait été nominé sept fois aux Césars 2015, ce qui avait permis à Reda Kateb d’obtenir le César du meilleur acteur dans un second rôle. Il n’est pas impossible que cette troisième œuvre « médicale » suive la même voie si ses pairs sont conscients de la qualité de son travail. Date de sortie en Belgique/France : 12 septembre 2018 Durée du film : 1h32 Genre : Comédie dramatique Résumé du film : Gabrielle, Elsa et Mao sont frères et sœurs, mais ne se côtoient pas. Surtout pas. La première est « statue » pour touristes, au grand dam de son fils ado. Elsa, elle, est en colère contre la terre entière et désespère de tomber enceinte. Et Mao, game designer de génie chroniquement dépressif, noie sa mélancolie dans l’alcool et la psychanalyse. Quant à leurs parents, Pierre et Claudine, séparés de longue date, ils n’ont jamais rien fait pour resserrer les liens de la famille. Pourtant, au moment de l’enterrement du grand-père, ils vont devoir se réunir, et répondre, ensemble, à la question qui fâche : « Que faire de Mamie ? » Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : « Photo de famille » est, comme son nom l’indique, une petite balade dans le quotidien d’une famille presque ordinaire, des instantanés de vie immortalisés sur une pellicule, des rencontres de personnages au caractère bien trempé, dont les contours sont relativement bien dessinés. Des amours vaches qui animent la fratrie à la complicité intrinsèque qui les unit, le film de Cécilia Rouaud nous offre un petit moment de légèreté ponctué de rires et d’émotions. Un peu à l’image de « Paris » de Cédric Klapisch, « Photo de famille » nous propose des portraits de famille, des bribes d’histoires personnelles qui se mêlent et se démantèlent au fil de semaines. Ici, ce sont Vanessa Paradis, Camille Cottin, Pierre Deladonchamps, Chantal Lauby et Jean-Pierre Bacri qui composent cette tribu disparate. Chargé de nostalgie, de déchirures mais aussi d’amour, le film met surtout en avant l’esprit de famille, créé par les petits-enfants de cette Mamie touchante, perdue dans sa tête mais déterminée à mourir à Saint Julien, village où Mao, Gabrielle et Elsa ont construit leurs plus beaux souvenirs d’enfance. Après « Je me suis fait tout petit », Cécilia Rouaud nous emmène à nouveau dans les tracas d’une famille imposante, tout aussi intrusive et délétère qu’aimante et solidaire. Classique, dans son déroulement autant que dans son dénouement, l’histoire nous fait prendre quelques petits virages amusants, évitant la ligne droite monotone qui pourrait ennuyer ses spectateurs. Attachants, les membres de cette tribu souffrent tous de non-dits, d’absences mais ont aussi le besoin vital de se retrouver en cas de coups durs. Si la sauce prend si bien, c’est avant tout grâce au trio composé par Camille Cottin, Vanessa Paradis et Pierre Delalonchamps, trois comédiens aux yeux clairs. Mais ce n’est pas leur seul point commun : leurs personnages respectifs ont tous un cailloux dans leurs chaussures et il semble difficile pour eux de pouvoir l’ôter et de réellement avancer. Elsa (Camille Cottin) ne parvient pas à tomber enceinte, Gabrielle élève seule un tout jeune ado, honteux de son métier et Mao, jeune homme solitaire et renfermé, peine à rencontrer de jolies jeunes femmes et à se sociabiliser. Mais si c’est trois adultes sont ainsi écorchés, c’est sans doute à cause de leurs parents particuliers interprétés par Chantal Lauby (qui tient ici un rôle à la hauteur de son jeu) et Jean Pierre-Bacri (qui, une fois de plus, nous fait du Bacri). Vacheries et répliques affûtées fusent entre chaque membre de cette famille dysfonctionnant depuis longtemps et qui n’a que pour pilier central que cette grand-mère exceptionnelle, aimée et aimante. Simple, relativement bien écrit, savoureux par son potentiel comique et ses petits moments émouvants, « Photo de famille » est un petit film sympathique qui se laisse découvrir le sourire aux lèvres. Ni plus, ni moins. Date de sortie en Belgique/France : 5 septembre 2018 Durée du film : 1h36 Genre : Comédie |
|