Note du film : 6,5/10 (par Thomas) Résumé du film : L’historienne Deborah Lipstadt est l’auteure de livres défendant la mémoire de l’holocauste. Au cours d’une conférence, elle est interrompue par David Irving, auteur de thèses controversées sur le régime nazi, qui la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Sûr de lui, le négationniste assigne en justice Deborah Lipstadt, qui va devoir prouver l’existence des chambres à gaz. Avis : Le sujet s’annonçait passionnant et original, ne fut-ce que pour sa thématique sortant des chemins traditionnels empruntés par les films consacrés à la seconde guerre mondiale. Quand on sait qu’il retrace l’histoire de l’authentique procès opposant Lipstadt à Irving, ce film passionne encore davantage. Le public se pose alors la question de savoir comment une telle absurdité que représente la remise en question de l’holocauste puisse être portée devant un tribunal. Ce à quoi il obtient très vite une réponse au début du film : Si ce procès était initié en Amérique, Irving devrait apporter la preuve de ce qu’il avance. Or, en Grande-Bretagne, la justice est différente. C’est donc Lipstadt qui devra prouver qu’elle n’a pas commis la diffamation dont l’accuse Irving. Les falsifications de Irving, joué par Timothy Spall, seront alors démontées par différents avocats engagés par Lipstadt, incarnée par Rachel Weisz. Une grosse partie du film retrace méticuleusement les grands moments de cette affaire judiciaire, ce qui explique probablement les longueurs et la mise en scène assez académique. Les prestations des principaux protagonistes sont justes, Timothy Spall étant particulièrement convainquant dans le rôle de ce sombre personnage de mauvaise foi. Le plus gros du travail d’un point de vue de la réalisation fut probablement de canaliser les émotions qu’engendre un sujet aussi sensible. Le réalisateur Mick Jackson (« Bodyguard ») s’en tire plutôt bien et dans la dignité. On retient en particulier les séquences tournées dans le camp de la mort à Auschwitz, filmées avec tout le respect qui s’impose. On peut cependant regretter l’aspect linéaire et un peu trop procédurier de ce volet judiciaire dont l’adaptation aurait mérité quelques aérations par l’incursion de flash-backs, par exemple lorsque surgissent des témoins de l’holocauste dont la voix ne peut être entendue par le tribunal. Par sa conception très technique, le réalisateur réussit sans doute une œuvre fidèle sur le plan historique mais un peu décevante d’un point de vue cinématographique. Date de sortie en Belgique : 26 avril 2017 Durée du film : 1h50 Genre : Historique/thriller Titre original : Denial
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Note du film : 7/10 (par Véronique et François) Résumé du film : Qui a dit que les animaux n'avaient pas d'âme ? Sûrement pas le petit Ethan, 8 ans, qui en 1962 s'embarque dans une aventure hors du commun en recueillant un chiot nommé Bailey. Au fil des années, Ethan noue des liens très forts avec son chien, présent à chaque étape importante de sa vie. Jusqu'au jour où, dévasté, il doit se résoudre à laisser partir Bailey, âgé et malade. Et si le départ de l'animal n'était en fait qu'un commencement ? Réincarné tour à tour en berger allemand, golden retriever ou labrador, vivant des aventures palpitantes comme chien de sauvetage ou la destinée sereine d’un petit chien de compagnie, Bailey va se découvrir, existence après existence, un but : retrouver son maître Ethan coûte que coûte… Avis : Jolie comédie familiale, « Mes vies de chien » gagnera le cœur d’un large public. En effet, grâce à son scénario riche en idées, sa réalisation efficace et son univers résolument optimiste, le dernier long-métrage de Lasse Hallström est un feel good movie à côté duquel il serait dommage de passer. Le nom de Lasse Hallström ne vous dit peut-être rien mais lorsque l’on sait qu’il est le réalisateur du très touchant « Hatchi », nous savons d’avance que nous entrerons dans un cinéma de qualité où les émotions sont vives et justement dosées. Loin de vouloir offrir des films larmoyants, le réalisateur suédois, parvient toujours à nous mettre en émoi et ce, d’une bien belle façon. Ici encore, il nous propose un scénario intelligent, faussement naïf dans lequel un chien essaie de trouver un sens à sa vie et a pour mission de rendre ses maîtres heureux. Dynamique et variée, l’intrigue se renouvelle sans cesse grâce à la mosaïque d’histoires indépendantes qui se jouent sous nos yeux. Et pourtant, si elles paraissent distinctes, ces petites aventures canines ont un objectif commun que vous découvrirez au fil de la vision. Par sa bande originale très plaisante et sa reconstitution de décors minutieuse, le film nous transporte des années 60 à nos jours en toute subtilité. Ce voyage temporel est l’occasion de faire la rencontre du jeune Ethan, du maître-chien Carlos (John Ortiz), ou encore de Maya. Quels que soient les interprètes du propriétaire du chien, ils assument tous leur rôle avec conviction. Mentions spéciales à Dennis Quaid et à K.J Apa (Archie dans la série Netflix « Riverdale ») qui partagent avec nous leurs émotions de façon touchante. « Mes vies de chien » est un film qui fait du bien. Il faut dire qu’en terme de comédie canine, on pensait que tout avait déjà été fait. Lasse Hallström relève le défi d’offrir une nouvelle version où philosophie de vie et bonne humeur se conjuguent pour notre plus grand bonheur. Date de sortie en Belgique : 26 avril 2017 Date de sortie en France: 19 avril 2017 Durée du film : 1h41 Genre : Comédie familiale Titre original : A dog’s purpose Note du film: 8,5/10 (par François) Résumé du film : Musicalement accompagné de la "Awesome Mixtape n°2" (la musique qu'écoute Star-Lord dans le film), Les Gardiens de la galaxie 2 poursuit les aventures de l'équipe alors qu'elle traverse les confins du cosmos. Les gardiens doivent combattre pour rester unis alors qu'ils découvrent les mystères de la filiation de Peter Quill. Les vieux ennemis vont devenir de nouveaux alliés et des personnages bien connus des fans de comics vont venir aider nos héros et continuer à étendre l'univers Marvel. Avis : Trois ans se sont écoulés depuis l’opus originel signé James Gunn. Le réalisateur signe ce volume 2 avec un panache certain ! Explications. La désormais célèbre franchise de Marvel surfe sur la pop culture ambiante avec un rare brio ! Evitons tout de suite de tourner autour du pot, cette suite fait aussi bien voire mieux que son illustre ainé ! Pourquoi ? Tout simplement parce que tout ce qui avait fonctionné dans le premier métrage se trouve ici exposé au carré ! Comment cela se traduit à l’écran ? Un maximum d’autodérision, des effets spéciaux plus que jamais démesurés, une mise en scène ultra rythmée et un humour totalement décomplexé et barré ! On rit tellement nous sommes surpris par l’audace des gags qui s’enchainent ! Toutes les strates de l’humour y passent : gags visuels, comique de situation, répliques et effets visuels kitch totalement assumés. C’est bien simple, nous sommes les témoins d’une folie permanente qui sera présente dès les premières minutes et qui ne se clôturera qu’après le générique de fin. (Restez quelques minutes car cinq scènes sont présentes). Quel plaisir de retrouver nos gardiens préférés libérés du poids de la présentation nécessaire qui incombait à leurs personnages ! Le réalisateur a maintenant tout le champ libre pour explorer la psychologie (extrêmement tordue) de ceux-ci ! On s’attache à baby Groot (LE ressort comique du film), à Drax et aux autres car nous avons l’impression d’appartenir à leur famille. Et justement, le film se concentre sur la relation filiale entre Peter Quill alias Star-lord et son père (le toujours impeccable Kurt Russell). Esthétiquement convaincant et musicalement jouissif, ces gardiens multiplient les scènes cultes humoristiques, les cascades et autres poursuites en tous genres. Truffé de références provenant de la culture populaire, les "Gardiens de la galaxie" en mettent plein les yeux et ce sera aux spectateurs de pouvoir décoder toute cette folie ! Nous sortons de la séance heureux d’avoir participé à cette joute spatiale démesurée. Vous l’aurez compris, les retrouvailles avec nos bras cassés préférés augurent un avenir radieux ! Date de sortie en Belgique/France: 26 avril 2017 Durée du film : 2h 16min Genre: Science-Fiction/Action Note du film : 8/10 (par François) Résumé du film: Aurore Tabort a déjà encaissé une rupture quand elle avait 40 ans, se retrouve à 50 grand-mère et sans emploi. Mais Aurore entre en résistance et se met alors en quête de son prince charmant. Avis : Présenté en avant première dans le cadre du Festival International du Film d'Amour, en février dernier, « Aurore » apporte un vent de fraîcheur et pas mal de lumière dans la grisaille ambiante. Explications. Sur le papier, nous nous attendions à voir un petit drame se jouer à l’écran…Et bien pas du tout ! En effet, même si la thématique soulève un problème de société dont on parle peu : la solitude de la femme de 50 ans. Oui, mais pas seulement ! Comme ci cela ne suffisait pas, la vie d’Aurore est ankylosée par la rupture d’avec son mari, le chômage, le départ conjugué de ses deux filles, et comme ci cela ne suffisait pas : la ménopause avec toute ses joies ! Malgré tout ce qu’il entend dépeindre, ce film se veut résolument positif et ça c’est réjouissant ! Dans le rôle titre, nous retrouvons Agnès Jaoui en mère de famille en quête d’amour et de stabilité (affective et financière). L’actrice est parfaite dans ce registre et jamais le spectateur ne s’ennuie. Au contraire, nous suivons ses mésaventures avec jubilation. Celles-ci sont d’ailleurs teintées d’humour : on rit, on est touché et nous sommes les témoins privilégiés de ses instants de vie. Pendant 1h40, nous suivons avec un plaisir indéfectible cette maman qui souhaite redevenir Femme et continuer à trouver un sens à sa vie. Dans ce microcosme hautement coloré, nous croisons Thibault de Montalembert (le comédien de la série de France 2 « Dix pour cent ») qui incarne son amour de jeunesse ainsi que son amie ultra pétillante et farceuse Pascale Arbillot (« Juillet Août », « La Folle Histoire de Max et Léon »). Aux commandes de ce beau projet : Blandine Lenoir, réalisatrice de « Zouzou » et d’ «Il était une fois » qui réunissait à l’écran ses deux courts-métrages (« Vita Di Giacomo » et « Monsieur l'Abbé » jouissant d’un joli succès critique). Sa réalisation est efficace et témoigne de l’amour qu’elle porte à ses personnages. Vous l’aurez compris, la particularité de cette comédie est d’aborder un problème existentiel avec légèreté sans tomber dans les travers attendus : dose excessive de moralité, superficialité ou encore pathos. Pour ce faire, le casting est très solide. Chacune des personnes qu’Aurore rencontrera apporte une véritable plus value à ce récit. C’est bien simple, nous ne nous ennuyons jamais ! Tous les protagonistes sont savoureux et très différents les uns des autres. C’est une réussite ! Mention spéciale pour les septuagénaires qui témoigneront à Aurore de leurs expériences de vie. Même les anciens copains du bahut qui se remémorent le bon temps sont dépeint avec beaucoup de justesse. C’est tendre, drôle et touchant à la fois. Oui, « Aurore » souffle le chaud dans le registre de la comédie française. Positif, drôle, bien écrit et parfaitement joué par Agnès Jaoui et cie, nous serions désireux de traverser la cinquantaine avec autant de panache ! Date de sortie en Belgique/France: 26 avril 2017 Durée : 1h30 Genre : Comédie Note du film: 6/10 (par Véronique) Résumé du film: Nadine et Krista découvrent le monde merveilleux du lycée. Mais leur belle amitié est mise à mal lorsque la première apprend que la seconde sort avec son grand frère... Avis : Avec « The edge of seventeen », Kelly Fremon Craig nous plonge dans l’univers impitoyable de l’adolescence. Acné, peine de cœurs, jalousie, défis, premiers baisers, tout le cocktail détonant de la puberté est servi à la sauce « teenager » durant moins de deux heures. Drôle et plutôt bien amené, le film peine toutefois à garder le rythme. Sans doute parce que l’intrigue n’a rien de bien original et condense tout ce qu’on a pu voir dans les séries du US pour adolescents. Peut-être aussi parce que tout ce que Nadine va traverser durant quelques semaines est plutôt prévisible. Distrayant bien que très académique, « The edge of seventeen » convaincra peut-être le public adolescent en manque de comédie dramatique et de séries à la « Frères Scott», « Gilmore Girls » ou à la « Dawson » pour les plus nostalgiques (on y retrouvera d’ailleurs Meredith Monroe). Pour son premier film en tant que réalisatrice, Kelly Fremon Craig (scénariste de 36 ans) a choisi de toucher un public cible relativement jeune, peinant parfois à faire entrer les adultes dans le monde de Nadine. Nadine (la convaincante Hailee Steinfeld) est une adolescente de 17 ans (d’où le titre) en perte totale de repères. La petite sœur de Darian n’a en effet personne à qui se confier, si ce n’est Krista, sa meilleure amie de toujours, devenue traîtresse en chef lorsqu’elle a débuté une histoire d’amour avec… son frère ! En colère et plus esseulée que jamais, Nadine va trouver refuge auprès de son Mr Bruner, son professeur plutôt cash. Si l’histoire générale est plutôt plane, les rencontres entre Nadine et Mr Bruner sont délicieuses et constituent finalement le seul véritable intérêt du film. Porté par un Woody Harrelson plus drôle que jamais, le professeur incarne tous les clichés que l’on peut se faire de la profession et Nadine ne se gêne pas pour le lui rappeler ! Efficace dans sa réalisation, « The edge of seventeen » passera plutôt inaperçu dans nos salles cette semaine par manque d’originalité, par lassitude du sujet ou par manque d’intérêt pour ce « teenager movie ». Plutôt adapté à une sortie télé ou en DVD/Blu-ray, le premier long métrage de Kelly Fremon Craig saura-t-il se frayer une place dans le cœur de son public ? Difficile de l’attester. Date de sortie en Belgique : 26 avril 2017 Durée du film : 1h48 Genre : Comédie dramatique Note du film : 7/10 (par Thomas) Résumé du film : Pierre est veuf et retraité, il ne sort plus de son appartement parisien et est brouillé avec sa petite-fille. Sa fille cherche à l’occuper et engage Alex, son nouveau gendre, pour lui apprendre les bases de l’informatique. Grâce à lui, Pierre découvre les joies d'internet. Sur un site de rencontre, il va nouer contact avec une ravissante jeune femme qui sera séduite par son romantisme. Le hic, c’est qu’il a usurpé la photo d’Alex pour son profil et qu’il va devoir convaincre ce dernier de se rendre au premier rendez-vous… Avis : Stéphane Robelin rêvait d’un nouveau film avec Pierre Richard, qu’il avait dirigé dans « Et si on vivait tous ensemble ? » en 2011. Après plusieurs années de maturation de son scenario, le réalisateur a servi un sujet « hi-tech » à l’icône de la comédie française des années 70. L’acteur, cantonné depuis plusieurs années dans des personnages de seconds plans au cinéma, retrouve ici un premier rôle spécialement écrit pour lui. Ses admirateurs détecteront quelques références à son univers cinématographique comme le prénom « Pierre » porté par son personnage dans de nombreux films ou encore la bande originale signée Vladimir Cosma, le compositeur fidèle à l’œuvre du « grand blond » qui sait le mettre en musique mieux que personne. Pour les inconditionnels de l’artiste, le film de Robelin vaut donc déjà le détour. Ceux que sa gestuelle et son énergie agaçaient auparavant apprécieront sans doute ici sa sobriété. Aujourd’hui âgé de 82 ans, Pierre Richard laisse dans ce film ses prouesses physiques au vestiaire pour se consacrer davantage aux bons mots véhiculés par cette comédie sentimentale. Son registre est plus tendre, son œil plus pétillant et la gaffe fait moins mal. Vous l’aurez compris, on est loin des situations délirantes de « la chèvre », du « distrait » et des « fugitifs » même si dans l’une ou l’autre séquence, on retrouve quand même son tempérament burlesque. Son duo avec Yaniss Lespert (dont il s’agit du premier grand rôle au cinéma) s’accorde bien mais ce dernier semble s’aligner un peu trop sur son partenaire. La mécanique comique aurait sans doute gagné en mordant si son costume de clown blanc avait été un peu mieux taillé. Mais la distinction des opposés n’est pas aussi évidente que dans les films de Francis Veber qui restent aujourd’hui encore des références dans la carrière de Pierre Richard et on aurait tort de vouloir tirer des comparaisons. Le synopsis s’apparenterait à un drame s’il n’était destiné à faire rire. Pierre est dévasté par le décès de son épouse et se repasse en continu les films 8mm de famille. Lorsqu’il découvre Internet et les sites de rencontres, il croit à nouveau en l’amour et vit une histoire passionnée par procuration. Fanny Valette, premier rôle féminin, illumine par sa seule présence. Pour le reste du casting féminin, Stéphane Robelin a pu compter sur deux talents bien de chez nous. Stéphane Bissot, la célèbre Madame Astrid de la série Melting Pot Café, incarne la fille de Pierre et garde un œil protecteur sur son vieux père. Pour l’actrice, le rôle est un peu plus consistant que ses précédentes collaborations cinématographiques et on dit tant mieux ! La petite-fille de Pierre est quant à elle jouée par une autre de nos compatriotes, Stéphanie Crayencour, révélée par Eric Rhomer dans son film « Les Amours d'Astrée et de Céladon ». Ces trois femmes, auxquelles viendra s’ajouter Macha Méril en « guest », sont les agents de liaison de cette comédie amenant quiproquos, séduction et tendresse. Dans l’ensemble, cette métaphore contemporaine de Cyrano à l’heure du numérique fonctionne bien même si elle plaira sans doute à un public plus indulgent et moins terre à terre. Les aficionados du distrait regretteront peut-être que leur idole ait, d’un point de vue comique, manqué un peu de nez – pour un vigneron, quelle enseigne ! – mais seront tout de même heureux de le voir évoluer dans un univers nouveau fleurant la jeunesse. Date de sortie en Belgique : 26 avril 2017 Durée du film : 1h39 Genre : comédie sentimentale Note du film : 10/10 (par Véronique) Résumé du film : L’Argentin Daniel Mantovani, lauréat du Prix Nobel de littérature, vit en Europe depuis plus de trente ans. Alors qu'il refuse systématiquement les multiples sollicitations dont il est l’objet, il décide d'accepter l'invitation reçue de sa petite ville natale qui souhaite le faire citoyen d'honneur. Mais est-ce vraiment une bonne idée de revenir à Salas dont les habitants sont devenus à leur insu les personnages de ses romans ? Avis : « El ciudadano ilustre » (« Le citoyen d’honneur ») fera assurément partie de notre top 5 de l’année 2017. Inattendu, ce film argentin nous a cueilli de bout en bout et constitue une vraie pépite cinématographique ! Si vous ne l’avez pas encore vu ou que vous ne vous êtes pas (encore) intéressé au phénomène, on ne saurait trop vous conseiller de le faire… Pour nous, le dernier film de Gastón Duprat et Mariano Cohn représente à la perfection tout ce que nous aimons dans le Cinéma avec un grand C ! Messi, le Pape, Maradona, la Reine des Pays-Bas sont tous issus de l’Argentine... mais il y a surtout Daniel Mantovani, grand écrivain international ! Cinq ans après avoir reçu son prix Nobel de littérature (et prononcé un discours choc), Daniel vit reclus dans sa maison moderne de Barcelone. Alors qu’il refuse systématiquement toutes les distinctions internationales et soirées en son honneur, il reçoit une invitation de son village natal à être décoré « citoyen d’honneur » et à participer à plusieurs jours de festivités. Arrivé là-bas, il se rend compte qu’il sera difficile de se faire discret tant l’accueil qui lui est réservé est énorme. En revenant au pays, dans le village qui l’a vu grandir et qu’il a quitté il y a 40 ans déjà, il retourne à ses valeurs de l’enfance, celles de la simplicité et du partage. Les premiers instants sont agréables, l’accueil des plus chaleureux. Décoration, lecture publique, rencontre sont autant d’occasion pour ses anciens amis et les habitants du village de côtoyer celui qui a réussi ! Mais au fil des heures et des jours passés à Salas, certaines hostilités naissent et l’enfant prodigue devient presque indésirable… La salle, remplie le premier jour, se vide peu à peu au fil des événements. Le succès, la réussite, le prix Nobel font des envieux et les demandes d’aides ou de reconnaissance se font de plus en plus nombreuses. Cependant, dans ses livres, Daniel décrit son village de façon peu flatteuse et certains ne se gênent pas pour le rappeler et les choses commencent à dégénérer… Filmé comme un documentaire, le film nous cueille dès les premières minutes et ne nous lâche que dans le générique de fin, et encore… Les dernières images continueront à nous hanter longtemps encore une fois l’histoire refermée. La thématique qu’il met en lumière est particulièrement intéressante : « El ciudadano ilustre » démontre que la réussite et la célébrité de l’un peut susciter l’envie, l’attraction et la jalousie de la part des autres. Certains habitants sont touchés de voir leurs proches se retrouver au centre de ses romans alors que d’autres dénoncent cette facilité de faire de leurs histoires des objets de vente en Europe. Mais le film est aussi une description admirable d’une petite communauté rurale, de ses mentalités, ses dérives, sa politique, ses copinages et ses tensions. Agrémentée d’un bel humour et des dialogues truculents, la réalisation est impeccable et ne s’enlise jamais dans les facilités, que du contraire ! Quoi de plus normal d’ailleurs que de découper l’histoire en cinq chapitres lorsqu’on conte celle d’un écrivain ? Ces différents découpages permettent d’installer un climax dans chacun d’eux, de faire évoluer l’intrigue de façon exponentielle, créant une tension qui tirera son apogée dans un final génialissime. De « l’invitation » à « la chasse », on se plait à suivre les (més)aventures de Daniel, un personnage haut en couleurs auquel on s’attache dès le début de son histoire. De plus, « El ciudadano ilustre » une très belle occasion de faire la rencontre d’un comédien exceptionnel : Oscar Martinez. Attachant, (et même émouvant même par moments), il est aussi un peu bourru. Ce trait de caractère est d’ailleurs tout à fait délectable et lui donne une épaisseur bienvenue. Intelligent, attentif mais aussi prudent, Daniel évoluera dans son passé avec aisance et curiosité. Il n’est d’ailleurs pas le seul personnage dont on saisit très vite la main : Ramon, Cacho le maire de la ville, Renato, ils sont tous plus truculents les uns que les autres ! La force de ce film, c’est que jusque dans les dernières secondes, on ne sait où est la part de fiction et la part de vérité. Sa réalisation impeccable nous tient en haleine de bout en bout et ne pourra que vous passionner. Tout est magnifié par un savoir-faire certain : la réalisation, le casting, le scénario, le rythme, les prises de vue, la musique… Todo es perfecto ! Vous l’aurez compris « El ciudadano ilustre » est, pour nous, un incontournable de l’année à côté duquel, il serait dommage de passer Date de sortie en Belgique : 19 avril 2017 Durée du film : 1h51 Genre : Comédie dramatique Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Depuis qu'il est petit, Checco rêve d'une chose : devenir fonctionnaire comme son père, et ainsi profiter de ce statut privilégié, qui impose le respect de son entourage et lui promet une vie stable. Mais c'était sans prévoir une réforme des administrations publiques sur le redécoupage des régions. Pour conserver son poste et lutter contre le système, Checco accepte une série de mutations insolites pour finalement atterrir au Pôle Nord, où il est chargé de protéger des chercheurs des éventuelles attaques d'ours polaires... Avis : Véritable vedette en Italie, Checco Zalone est pourtant plutôt méconnu chez nous. Sorte de Franck Dubosc, il incarne un personnage foireux mais tendre et est le héros de plusieurs grosses comédies italiennes dont « Quo vado » est la dernière en date. Gros succès populaire dans son pays, « QuoVado » a déclassé Star Wars en quelques semaines à peine avec ses plus de neuf millions d’entrées. C’est dire combien chacune de ses sorties est attendue comme le Messie. Avouez qu’il y avait de quoi s’interroger. Dès lors, lorsque nous avons vu que le dernier film de Gennaro Nunziante était proposé dans le cadre du FIFA de Mons, l’occasion était toute trouvée pour s’intéresser au phénomène. Vraie réussite ou gros flop ? Difficile de trancher. S’il y a de véritables trouvailles dans cette comédie hors norme, on regrette aussi le manque de retenue dont le scénario (écrit conjointement par le comédien et le réalisateur) fait preuve. Il est vrai que l’affiche du film donnait le ton. Volontairement kitsch, elle propose un petit jeu de mot basé sur l’expression latine « Quo vadis », qui signifie littéralement, « Où vas-tu ? » car Checco va fameusement bourlinguer durant l’heure trente de films. Depuis son plus jeune âge, notre héros veut être fonctionnaire. Non pas parce qu’il manque d’ambition mais parce que travailler dans l’administration nationale est synonyme de beaux avantages : dessous de table, avantages en nature, joli salaire et reconnaissance familiale, que demander de plus ? Après avoir réussi à obtenir un poste privilégié (il délivre notamment les permis de chasse à la population locale), Checco apprend que toute l’administration italienne va être restructurée. Si certains de ses petits camarades peuvent conserver leur poste, ce n’est malheureusement pas le cas de Checco à qui on propose un joli chèque en contrepartie de sa démission. Mais pour le fonctionnaire célibataire, c’est hors de question ! Plutôt être muté ailleurs que de quitter ce poste pour lequel il a travaillé dur toute sa vie (enfant, il s’entraînait à tamponner les formulaires administratifs)… Qu’à cela ne tienne, Checco va être muté encore et encore, du Sud au Nord, dans l’espoir de le faire craquer. Si la comparaison avec « Bienvenue chez les Chtis » est facile à faire, le film de Gennaro Nunziante est aussi et surtout l’occasion de présenter une série de clichés sur l’administration italienne et la politique nationale. Sa première partie est d’ailleurs un vrai régal et les rires foisonnent dans la salle. Le bonheur fou que trouve Checco à découvrir d’autres régions d’Italie (et même la Sicile qui, vous vous en doutez, sera le prétexte de multiples stéréotypes) nous fera sourire aussi. Mais lorsqu’on le retrouve dans le fin fond de la Norvège à protéger une scientifique italienne, rien ne va plus. L’excès nuit à tout et surtout au plaisir de la comédie. Le film aurait gagné à être plus épuré dans sa dernière partie et on gardera malheureusement en tête les derniers gags lourdingues de notre ami Checco. Sympathique bien que peu transcendant, « Quo vado » est distribué dans quelques-uns de nos salles et fera très certainement des heureux. Si notre avis général est plutôt mitigé, on peut tout de même reconnaître que nous avons trouvé un intérêt certain dans la découverte du personnage Checco Zalone et qu'on ne boude pas notre plaisir dans une première partie franchement bien maîtrisée. Date de sortie en Belgique : 19 avril 2017 Durée du film : 1h26 Genre : Comédie Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : 1971. António Lobo Antunes est mobilisé par l’armée portugaise pour servir comme médecin en Angola, où la guerre coloniale bat son plein. Loin de tout ce qui lui est cher, il écrit des lettres d’amour à sa femme tandis qu’il est immergé dans un environnement de plus en plus menaçant. Face à l’absurdité de la guerre à laquelle Antonio se confronte de jour en jour, seules les lettres lui permettent d’avancer. Avis : Plus qu’un film sur la guerre d’Angola, « Cartas da guerra » est un film qui montre comment ladite guerre peut bouleverser de l’intérieur un médecin amoureux parti aider les militaires et la population locale. A travers son œil incisif, Ivo M. Ferreira nous plonge dans un quotidien marqué d’alertes et d’explosion de mines, de festivités au camp militaire et de rencontres avec les tribus locales. Imagée à la perfection par une photographie en noir et blanc extraordinaire, la vie d’Antonio est aussi décrite par les lettres qu’il envoie chaque jour à sa femme enceinte de leur première fille et restée au pays. Linéaire, la trame montre le manque qui se ressent un peu plus chaque jour et la métamorphose de l’esprit de cet écrivain en devenir. Confronté chaque jour à la peur et à la découverte de nouveaux territoires et modes de vie, « Cartas da guerra » est un film d’amour poétique et profond. En effet, à travers les extraits de lettres qui nous sont contés par la voix off de son épouse, on comprend le changement que la guerre a sur Antonio et combien sa vision de la vie ne sera plus jamais la même après ce qu’il aura vu et vécu. Médecin, il évolue dans la guerre coloniale d’Angola avec un statut privilégié, le même que celui des officiers, mais n’en oublie pas pour autant la traite des femmes angolaises, les cruautés de la guerre, l’horreur qu’elle peut laisser sur les corps décharnés. Ecrivain à ses heures, il rédige un roman ainsi que de nombreuses lettres (plus de deux cents en 102 semaines de mobilisation) et s’évade ainsi quelques heures pour rejoindre sa bien aimée et lui clamer tout l’amour qu’il lui porte. La voix de la femme d’Antonío, presque monocorde et chuchotante s’adapte à merveille sur certaines images sensuelles… mais peut anesthésier le plaisir de l’image à d’autres reprises. Calme et lent, le récit de cet échange épistolaire peut s’enliser dans une certaine torpeur et plombera le rythme à plusieurs moments. De plus en plus enfermé dans un mutisme certain, Antonío a de moins en moins de contact avec ses camarades de route et ce silence ne se rompt que par ses courriers, laissant peu de dialogues à son comédien principal Miguel Nunes, correct dans son jeu, mais manquant toutefois d’intensité due à l’absence de verbiage. La double lecture que donne Ivo M. Ferreira permet de découvrir les émotions de son héros mais aussi celles de sa femme, restée au pays. Son attente et son ennui, dans leur maison portugaise sont particulièrement bien mis en scène et nous évade nous aussi dans de furtifs instants de ce climax de guerre parfois pesant. Certaines images sont d’ailleurs difficilement supportables (prenons l’exemple des militaires déchiquetés par une mine) et certains récits ahurissants. Mais la monochronie choisie par le réalisateur estompe la dureté de ces événements. Les images en noir et blanc offrent, nous l’avons déjà souligné, un esthétisme de grande qualité. La description que fait Antonío de son environnement donne des couleurs à ces images teintées de gris. Il parvient à s’émerveiller des étendues herbeuses, de la vie dans les villages traditionnels malgré la misère ambiante et trouve de l’espoir dans la désolation. « Cartas da guerra » fait preuve d’authenticité. Sans aucune doute parce qu’il est tiré du livre « D'este viver aqui neste papel descripto: cartas da guerra » du véritable António Lobo Antunes (publié en français en 2006 sous le titre Lettres de la guerre : de ce vivre ici sur ce papier décrit d’ici-bas). Sorte de « Lettres persanes » où un seul correspondant décrit l’environnement qu’il vient de découvrir, le film est un bel exercice de style et saura trouver son publie. Néanmoins, l’esthétique et la double lecture ne suffisent pas. Il manque une dynamique et une profondeur au récit qui, bien que formidablement illustré, piétine et peut finir par lasser le spectateur peu enclin à ce genre d’univers cinématographique/littéraire. Présenté en sélection officielle à la Berlinale et au Film Fest Gent de 2016, « Cartas da guerra » est un film à part, un long-métrage qu’il faut découvrir pour peu que l’univers qu’il nous présente nous parle au fond de nous… Date de sortie en Belgique : 19 avril 2017 Durée du film : 1h49 Genre : Drame Note du film : 6,5/10 (par Thomas) Résumé : Même le jour des funérailles de son fils, disparu dans un accident de la route, Loïc Le Tallec a manqué son ultime rendez-vous avec ce dernier dont il ne s’est jamais vraiment occupé. Dévasté, il sombre dans la dépression et n’a plus qu’une idée en tête : retrouver celui qui vit désormais avec le cœur de son fils. Grâce à l’aide d’un ami médecin, il retrouve la trace d’Hugo, un jeune totalement incontrôlable et inconscient. Au départ explosive, leur rencontre va progressivement changer leurs vies respectives. L’avis : Huit années se sont écoulées depuis le décevant « Rose et noir » réalisé par Gérard Jugnot. Pour son retour derrière la caméra, l’acteur- réalisateur a misé sur la corde sensible et a choisi d’inclure l’émotion au cœur de la comédie, sa marque de fabrique, en utilisant un sujet peu exploité au cinéma : la perte d’un enfant et le don d’un de ses organes. Le cinéaste évite intelligemment un excès de « pathos » que pourrait engendrer sa thématique, amenant l’émotion au bon moment et sans exagération, entre quelques sourires. Même s’il ne s’agit pas d’une franche rigolade, on sourit aux quelques vannes de Jugnot et à certaines situations dans lesquelles sont embarqués ses personnages dans la première partie du film. A ses côtés, le jeune François Deblock fait des étincelles et leur relation, au départ électrique puis de plus en plus amicale au fur et à mesure du récit, reste crédible. Il en est de même pour la relation « je t’aime moi non plus » entre Loïc (Jugnot) et Lisa, interprétée par Isabelle Mergault. Côté décors, le cinéaste Jugnot nous emmène du midi à la Bretagne, sans faire l’impasse sur quelques clichés locaux. La pluie abondante, le cidre et la crêperie dans laquelle Hugo va tomber amoureux, tout y passe pour évoquer le pays breton, sans oublier le menhir en bord de route. Ses plans sont soignés et nous donnent même à voir quelques jolies transitions au début du film, notamment dans le passage souligné par une chanson (Knockin on heavens door) de circonstance. Là où le bât blesse, ce serait plutôt dans le dernier quart du film, un peu bâclé et manquant de crédibilité. Cette mise en scène finale s’apparenterait même à celle d’un téléfilm où s’enchaînent pseudo-frayeurs et happy end. A mille lieues d’ « Une époque formidable » et de « Monsieur Batignole », les deux réussites de Jugnot cinéaste, mais bien meilleure que sa comédie précédente, cette œuvre se laisse regarder comme une gentille fiction. A l’inverse d’ « Intouchables », dont le genre nouveau semble avoir inspiré le réalisateur, ce film ne laissera pas une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma français. Date de sortie en Belgique : 12 avril 2017 Durée du film: 1h35 Genre : comédie dramatique Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Dresseur d’aigles, c’est un métier d’hommes en Mongolie. Depuis l’enfance, Aisholpan assiste son père qui entraîne les aigles. L’année de ses 13 ans, elle décide, avec la complicité de son père, d’adopter un aigle pour en faire un chasseur de renards. Parviendra-t-elle à briser les traditions et à se faire accepter par les anciens du village? Avis : Depuis des siècles, les nomades de Mongolie élèvent des aigles pour leur apporter la nourriture dont ils ont besoin, perdus dans ces immenses plaines, parfois hostiles. Cette tradition de chasse se perpétue de père en fils et est régit par le code de la Guilde. Aisholpan, jeune adolescente va casser ces habitudes ancestrales par sa seule volonté, celle de devenir la première chasseuse ! Otto Bell nous propose un documentaire poignant avec « La jeune fille et son aigle ». Récompensé par le Prix du documentaire au Festival de Valenciennes le mois dernier et présenté dans les festivals de Sundance et de Toronto, le documentaire du réalisateur anglais nous fait littéralement voyager des plaines aux montagnes enneigées de la Mongolie profonde. Aisholpan vit dans une yourte, au milieu des plaines herbeuses de Mongolie. Quand elle n’est pas à l’école, elle suit son père partout. Depuis toute petite, la jeune kazakh est fascinée par les aigles et veut faire comme son père et son grand-père : chasser le renard avec un aigle. Elle rêve d’ailleurs d’être la première femme de Mongolie à faire comme les hommes de sa famille. Mais les chefs de la Guilde refusent qu'Aisholpan devienne une chasseuse. Parce que les femmes sont trop fragiles pour aller dans les montages à cheval ou parce qu’elles ne supporteront pas le froid. Parce que les ancêtres ne le tolèreraient pas et que leur place est à la maison, à préparer le repas et le thé, ou dans les campagnes, pour traire les vaches pendant que les hommes partent chasser. Toutes les excuses sont bonnes pour refuser la demande d’Aisholpan. Mais ce n’est pas parce qu’ils s’y opposent que son père ne l’aide pas à accomplir son rêve, que du contraire. Pour lui, les filles et les garçons sont égaux et il n’y a aucune raison pour qu’Aisholpan n’ait pas son propre aigle. Ils vont donc lui en chercher un et entament la formation indispensable pour devenir un bon chasseur. « La jeune fille et son aigle » n’est pas seulement un documentaire sur les chasseurs mongoles. C’est aussi l’occasion de voir la persévérance d’une famille face aux traditions ancestrales clivantes et la volonté d’une toute jeune femme à devenir ce pour quoi elle se sent destinée. Durant une petite heure trente, on découvre ainsi que la complicité entre l’aigle et son maître est très dense. Un vrai rituel entoure cette relation et il est très bien illustré par la caméra d’Otto Bell , notamment via la scène d’ouverture où on assiste au sacrifice d’un mouton pour constituer le dernier repas de l’aigle libéré. En effet, les rapaces ont parfois l’envie de retrouver leur vie sauvage et accomplir le cercle de la vie. Raison pour laquelle, les maîtres libèrent leurs aigles après de nombreuses années de bons et loyaux services. Leur utilité principale ? Chasser des renards dans les hautes montagnes de Mongolie lorsque l’hiver vient. Leurs peaux permettent de fabriquer des chapeaux et des vêtements chauds et la chair est donnée en repas au courageux volatile. Si les scènes du film sont en général très impressionnantes, celle de la chasse nous cloue dans notre siège et montre la force incroyable dont sont dotés les volatiles ! Les paysages présentés dans le documentaire sont superbes. Pour nous faire voyager, Otto Bell nous propose des vues aériennes époustouflantes ou des scènes plus rapprochées selon le sujet présenté. On se retrouve même spectateur de la descente de la jeune femme vers le nid où elle choisira son aigle, grâce à une caméra rapprochée. On frémit à l’idée de la chute mais pas Aisholpan qui évolue avec aisance entre les rochers. D’autres scènes nous montrent aussi la rudesse de la vie dans ces contrées : celle de la tanne de la peau ou de la vie en yourte en sont quelques exemples. Otto Bell nous livre ainsi un instantané de la vie de la famille de Aisholpan, isolée de tout et pourtant si moderne dans ses pensées… Les images sont impressionnantes rendant hommage à la force physique de l’aigle mais aussi la ténacité de l’adolescente. On est au plus près d’une situation étonnante et on vit le parcours d’Aisholpan avec énormément d’empathie, de son apprentissage à sa première chasse, en passant par le Festival de l’Aigle auquel elle participe fièrement. Et pour donner une intensité à son documentaire, le réalisateur l’a doté d’une musique superbe ! Notamment la chanson « Angel by the Wings » de Sia (Furler) qui clôture le documentaire avec beaucoup d’émotions. Impressionnant, « La jeune fille et son aigle » nous offre un magnifique voyage dans les contrées de l’Est et dans la vie d’une adolescente téméraire et tenace. Ses regards, ses réussites sont autant de petites joies pour le spectateur que nous sommes, que nous en oublions la réalité qui nous occupait jusqu’ici. Sorti ce mercredi dans nos salles, nous invitons tous les amateurs de belles images à faire eux-aussi ce magnifique voyage. Date de sortie en Belgique/France : 12 avril 2017 Durée du film : 1h27 Genre : Documentaire Titre original : The eagle huntress Note du film : 9/10 (par Véronique) Résumé du film : 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible. Avis : Issu du monde du théâtre, le metteur en scène William Oldroyd nous offre, avec « Lady Macbeth », son premier long-métrage. Fort de son expérience des planches, le cinéaste nous plonge dans un huis clos tendu et extrêmement efficace dont personne ne sortira indemne ! Basé sur le roman « Lady MacBeth de Mtsensk » de Nikolai Leskov, le film se trouve à mi-chemin entre le drame et le thriller d’époque. Avec ses petits airs de « Crime et châtiment » ou de « Madame Bovary », le film ne présente pas juste l’histoire de Katherine, jeune femme mariée à un époux absent, mais aussi et surtout la psychologie de son héroïne et l’évolution de ses sentiments aussi divers soient-ils. L’illustration de ceux-ci est d’ailleurs habilement amenée : l’endormissement de la jeune femme dévoile son ennui et sa lassitude, son euphorie celle d’une aisance acquise petit à petit. Devenue la caricature de son mari lorsqu’il s’agit de réprimander quelqu’un, Katherine gagne une assurance inquiétante au fil des jours qui passent et de l’amour qu’elle porte à Sebastian. Mais jusqu’où est-elle prête à aller pour préserver ses acquis? La réussite incontestée du film vient très probablement de l’interprétation magistrale de sa comédienne principale Florence Pugh. A seulement 21 ans, cette actrice, qui a peu d’expérience dans le monde du 7ème art (elle tient ici son deuxième rôle après d’Abigail dans « The falling » de Carol Morley), nous donne une vraie leçon de cinéma dont on se souviendra longtemps encore ! Totalement habitée par son personnage, la jeune anglaise dévoile un charisme et un panel d’émotions que beaucoup peuvent lui envier ! Florence Pugh incarne donc Katherine, une jeune épouse qui, en l’absence de son mari, prend du bon temps avec le palefrenier. Après avoir été « attachée trop longtemps » dans une solitude et un ennui profond, elle prend des libertés dévastatrices pour elle et pour son entourage. Si ses agissements ne restent pas impunis dans un premier temps, Katherine saura prendre le dessus sur les hommes qui l’entourent et imposer sa présence auprès de tous ceux qui la reléguaient dans l’ombre. Au-delà de l’histoire de Katherine, c’est aussi la soumission des femmes et les amours interdits de l’époque qui font le sel du film d’Oldroyd. La retranscription des années 1860 est absolument sublime. La photographie et la réalisation nous plongent réellement dans cette région de Northumberland où la désolation des paysages reflète celle de la vie de Katherine. Le château de Lambton (situé près de Chester) était le lieu idéal pour mettre en scène le drame qui se joue petit à petit sous nos yeux et nous amène vers une fin étonnante, qui nous marquera longtemps encore. La musique de Dan Jones vient d’ailleurs ajouter sa touche subtile de mystère accentuant un peu plus l’inquiétude qui nous habite minute après minute. Plus qu’un bon film, “Lady MacBeth” est aussi et surtout un beau film! La prise de vue des paysages brumeux ou austères, le regard porté par la caméra d’Oldroyd sur les expressions de ses personnages, les costumes d’époque colorés, les décors plus vrais que nature, sont autant d’éléments incontournables qui font la réussite du long-métrage. Et il y a bien évidemment le scénario implacable de Alice Birch qui nous immerge dans cette Angleterre rurale où rien ne se passe comme on l’avait imaginé au départ. Les dialogues et les temps de pause sont écrits au cordeau et donnent une profondeur à chacun des personnages. Le non verbal a lui aussi une part importante dans l’interprétation des comédiens (parmi lesquels on trouve les remarquables Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Christopher Fairbank et Naomi Ackie) et Oldroyd nous le présente bien. Prenant et haletant, le scénario nous surprend de bout en bout car malgré les divers plans échafaudés par les uns et les autres, rien ne se passe jamais comme prévu. Dynamique tout en étant lente, l’histoire parvient même à suspendre le temps et à nous emporter sans que l’on ait jamais eu l’envie de décrocher. Intelligent, le film nous questionnera également : la justice des grands n’est-elle pas faite d’injustices ? Quelle limite pouvons-nous donner à l’impunité ? Récompensé doublement au Festival de Valenciennes (par le Grand Prix du Jury et le Prix de la meilleure interprétation féminine pour Florence Pugh), « Lady Macbeth » fait partie des incontournables de ce mois d’avril. Pour son atmosphère, sa réalisation, son histoire et son casting incroyable, le premier film de William Oldroyd relève le pari difficile de donner un regard neuf sur une histoire aux apparences de déjà vu. Le metteur en scène britannique marque de son empreinte de génie le cinéma d’époque et pose les jalons d’une carrière cinématographique qu’on lui souhaite prolifique ! Date de sortie en Belgique/France : 12 avril 2017 Durée du film : 1h29 Genre : Drame Note du film : 4,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Sud Ouest de la France, hiver 2015. Un motard blessé quitte les lieux d’un carnage. Le mystérieux fugitif trouve refuge chez les Petit, une famille de fermiers qu’il prend en otage. A ses trousses : des barons de la drogue colombiens, le lieutenant colonel Massé du Réaux, et un tueur à gage d’élite, qui sont bien décidés à le neutraliser, par tous les moyens. L'homme a déclenché une vague de violence dont personne ne sortira indemne… Avis : Après quelques beaux succès cinématographiques (on pense à « Maléfique » ou « La proie » sortis à dix ans d’intervalle), le quinquagénaire Eric Valette revient dans nos salles avec un nouveau thriller « Le serpent aux mille coupures ». Sorti en France la semaine dernière, les retours de la presse étaient relativement mitigés. Qu’à cela ne tienne, nous avons poussé la porte du Bozar (où se déroule actuelle le « Brussels International Fantasy, Fantastic,Thriller and Science Fiction Film Festival ») pour nous faire notre petite idée. A la sortie de la projection, nous ne savons pas réellement sur quel pied danser. Premier ou second degré ? On peine à savoir quelle voie Eric Valette a voulu faire emprunter à ses personnages tant ils sont clichés. Si c’est volontaire de sa part et que le quinquagénaire a voulu revenir à ses premières amours (il a en effet mis en scène quelques sketches des Guignols de l’info dans les années 80) en empruntant le chemin de l’humour et de la caricature, on peut en partie adhérer à son dernier travail. Si par contre, le ton donné au film se voulait réaliste et sérieux, on perd le nôtre et ne pouvons que déplorer un tel choix de mise en scène. Jugez plutôt : Des dizaines de morts dans deux dépecés, des milliers de cartouches de tous calibres utilisées et dispersées dans les campagnes toulousaines, des trous de balle… dans les carrosseries, un asiatique hispanique aux yeux clairs totalement incompréhensible et une mort on ne peut plus absurde… avouez que ça prête à rire non ? Et pourtant, si l’on relèvera quelques répliques risibles « Montre que tu es un homme, sauve ta fille » et d’autres touches d’humour noir grasses comme du cambouis, on aurait plutôt tendance à rire jaune… Et c’est sans parler de ces scènes de violence gratuites, franchement écoeurantes, qui feront détourner le regard des âmes sensibles (qui auraient mieux fait de s’abstenir, nous avec) et qui donneront une noirceur très appuyée à la trame générale de l’histoire. Côté scénario, le résumé du film dit a peu près tout, en bien plus simple évidemment. Dès le début du film, on assiste à une présentation d’une dizaine de personnages ayant visiblement peu de connexions les uns avec les autres : des membres d’un cartel colombien, un général espagnol, un gendarme (moustachu et proche de la retraite), un viticulteur un peu pompette, des trafiquants perdus en plein champs, des gentils fermiers harcelés par le voisinage et un motard accidenté poursuivi par le GIGN (et dont la police semble avoir perdu la trace, sans trop de contrariété). A cela, venez ajouter un asiatique vengeur polyglotte et un traducteur incrédule sorti de derrière les fagots et vous obtenez une belle galerie des protagonistes du film. Mais vous vous doutez bien que tout ce petit monde va finir par se rencontrer à un moment ou un autre, non ? Mais d’où vient cette histoire ? En réalité, Eric Valette s’est basé sur le livre de DOA (Hervé Albertazzi de son vrai nom, scénariste de la première saison de « Braquo ») pour construire son scénario. Le film porte d’ailleurs le titre que le court roman de 200 pages. Fallait-il donc adapter en long métrage une histoire si courte et confuse ? C’est semble-t-il l’avis du réalisateur qui a pris un plaisir certain à mettre en images (numériques) cette sorte de vendetta aigre où rien ni personne, ne survivra à la rencontre de Tod, le grand méchant du film. Interprété par Terence Yin (un grand acteur de Hong Kong méconnu chez nous malgré sa quarantaine de films), le tueur psychopathe a semble-t-il beaucoup trop regardé « Seven » et devrait ranger sa lame de couteau loin de ses yeux. Inquiétant, le personnage est totalement incompréhensible, en anglais comme en espagnol, et en devient presque grotesque. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il piste un motard tout aussi expérimenté que lui en terme de baston : Tomer Sisley. Fidèle à lui-même, le comédien assure le job et ne sort pas de sa zone de confort. Ca fonctionne, mais on aurait aimé une petite prise de risque, une « Sisley’s touch » un peu plus prononcée : Largo Winch, sors de ce corps ! Et puis, il y a une myriade de comédiens dont on a évoqué les rôles précédemment : Stéphane Debac, Carlos Cabra, Cédric Ido, Erika Sainte ou encore Pascal Gréggory… Si vous aimez les pastiches de thriller noir, « Le serpent aux mille coupures » est pour vous. Si vous comptez le voir dans le cadre du BIFFF où les commentaires des spectateurs donneront du peps au film, faites-vous plaisir. Autrement, croyez-nous ou non, mieux vaut garder votre argent pour une autre sortie cinéma de la semaine. A découvrir (peut-être) sur les petits écrans, le dernier film d’Eric Valette n’a rien de véritablement innovant… Date de sortie en Belgique : 12 avril 2017 Date de sortie en France : 5 avril 2017 Durée du film : 1h46 Genre : Thriller Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Après 8 années passées en prison suite à un braquage raté, Curro n'a qu'une chose en tête : retrouver sa famille et vivre une vie normale. Mais l'arrivée d'un mystérieux étranger va bousculer ses plans et l'entraîner dans un voyage sombre et sans retour vers la vengeance. Avis : Si le titre francophone « La colère d’un homme patient » ne vous dit par grand-chose, son titre original « Tarde para la ira » doit forcément vous mettre la puce à l’oreille. Récompensé par le 4 Goya (dont ceux du Meilleur Film) et le Grand Prix du Festival du Film Policier de Beaune, le film a en effet de quoi marquer les esprits. Est-il pour autant un chef d’œuvre ? Nous n’irons pas jusque là. Mais l’heure trente passée aux côtés de José et Curro ne laissera assurément personne de marbre… Pour « La colère d’un homme patient », le comédien Raúl Arévalo (« La Isla Minima », « Les amants passagers ») passe derrière la caméra et livre un premier long-métrage tendu et parfaitement maîtrisé. Présentée en différents chapitres succincts et linéaires, l’histoire de José, Curro et Ana se verra bouleversée par un désir de vengeance. De la part de qui et pourquoi ? Ne comptez pas sur nous pour vous le révéler car cela ôterait tout le plaisir de la vision du film. Si l’on part sur une première idée, on se rend très vite à l’évidence que tous nos a priori, toutes nos intuitions vont être mises à mal pour nous livrer un scénario bien plus subtil que nous l’avions imaginé. Ce scénario, Arévalo l’a écrit de concert avec le psychologue David Pulido. Leur travail commencé il y a 10 ans et a mûrit pour devenir celui que l’on découvre à présent à l’écran. Après une présentation des protagonistes et un décor intelligemment planté, nous voilà embarqué dans un road movie inquiétant où rencontres et règlements de compte nous crispent à notre fauteuil. La violence, latente et insidieuse, éclate au grand jour sans que l’on ne l’ait vraiment vu venir, nous laissant aussi pantois que le témoin de ces scènes de colère qui font le sel de l’intrigue. En un tour de main, le plus débonnaire des personnages devient cruel alors que celui que l’on redoutait d’emblée devient un otage impuissant. C’est dans ce concept que réside le génie d’Arévalo, qui parvient à mettre en scène ce changement progressif de comportement. Intrigante, l’histoire des personnages prend place dans des décors austères magnifiés par une photographie très 80’s et une musique discrète et pourtant accablante. Tourné en 16mm, le scénario original d’Arévalo prend ainsi forme dans une esthétique originale et presque intemporelle. Mais que serait « La colère d’un homme patient » sans ses trois acteurs principaux ? Très crédibles, Ruth Díaz, Luis Callejo et Antonio de la Torre (vu aussi dans « La isla minima ») deviennent le temps d’un instant, Ana, Curro et José. Leurs tons, leurs attitudes, leurs actions traduisent à merveille la psychologie de leurs personnages. Mention spéciale pour Manolo Solo (la Triana), cliché mais tellement bien interprété. Pas étonnant dès lors qu’il ait été récompensé par le Goya du Meilleur Second Rôle tant sa prestation est mémorable ! Parfois un peu long, le premier film de Raúl Arévalo est assurément un bon thriller. Filmé de près pour donner une certaine proximité et une densité à ses personnages, le premier film de l’acteur espagnol va sans aucun doute trouver sa place parmi les films du genre et défendra les couleurs du cinéma hispanique dans les festivals et autres compétitions avec panache. Date de sortie en Belgique/France : 26 avril 2017 Durée du film : 1h32 Genre : Thriller Titre original : Tarde para la ira Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Portrait d’une femme à quatre âges de sa vie. Petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Adolescente ballottée de fugue en fugue, d’homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Jeune provinciale qui monte à Paris et frôle la catastrophe. Femme accomplie enfin, qui se croyait à l’abri de son passé. Quatre actrices différentes incarnent une seule et même héroïne. Avis : S’il y a un bien un film qui a fait parler de lui ces derniers jours, c’est « Orpheline », d’Arnaud des Pallières. Créant une fausse (?) polémique sur la perception de la femme, le film a également divisé la critique par sa forme choisie. Qu’on aime ou qu’on n’apprécie pas le dernier film du réalisateur français, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a forcément frappé bon nombre d’esprits cinéphiles ! Pour nous, « Orpheline » est une vraie claque cinématographique et on comprend aisément pourquoi le film a été récompensé du Bayard d’Or lors du dernier Festival International du Film Francophone de Namur. Grâce à son traitement impeccable, le film, maîtrisé de bout en bout, permet à un casting incroyable d’évoluer dans une antichronologie étonnante mais franchement peu dérangeante. Novateur, le regard que porte le cinéaste sur le parcours de son héroïne a, il est vrai, de quoi interpeller. En effet, ce qui pourrait décontenancer certains spectateurs, c’est la succession inhabituelle de différents épisodes de la vie d’une même et seule jeune femme, interprétée par quatre actrices distinctes. Les scènes se mêlent et se démêlent, dans un ordre presqu’aléatoire permettant de comprendre comment Karine/Renée est devenue celle que l’on découvre dès les premières minutes du film. Pour donner vie à son personnage principal, Arnaud des Pallières a fait appel à quatre jeunes femmes, aux traits différents, certes, mais aux regards azurs pénétrants. Il y Renée, 27 ans, interprétée par Adèle Haenel (« La fille inconnue »), actrice qui montre toute l’étendue de son talent dans ce rôle (preuve qu’une bonne direction d’acteurs peut faire sortir le meilleur d’eux-mêmes). Sandra, 20 ans, est campée par la fameuse Adèle Exarchopoulos alors que Karine, 13 ans, se fond sous les traits de Solène Rigot (du film « Puppy Love »). Et puis, il y a Kiki, la toute jeune Véga Cuzytek qui nous bluffe par son interprétation tellement juste. Karine ? Sandra ? Kiki ? Renée ? Peu importe le nom qu’elle porte. Cette jeune femme, à quatre visages, n’est qu’une seule et même personne et les deux heures de film sont l’occasion pour nous de le comprendre à travers les prismes des souvenirs qui se révèlent petit à petit. Ce cheminement, même s’il n’est pas linéaire, permet de mieux cerner Renée/Karine et de savoir comment elle s’est forgée son caractère si dur et si distant. Cette jeune femme passe sa vie à aller d’homme en homme à défaut de savoir où aller elle-même. Les rencontres qu’elle fait la protègent ou au contraire, l’entraînent dans des situations dont il est difficile de sortir indemne. Débrouillarde, elle tente de fuir son passé, qui la rattrape à chaque fois. Ces hommes, ce sont Sergi López, Jalil Lespert, Nicolas Duvauchelle ou encore Robert Hunger-Bühler, des rôles relayés au second plan et pourtant tellement importants dans le façonnement de l’identité de Renée. Et puis il y a Tara, la sublime Gemma Arterton qui vient ponctuellement s’inviter dans la vie de notre protagoniste… Quel que soit l’épisode de sa vie ou la comédienne qui interprète Karine, la justesse est toujours là. Pas étonnant dès lors, que le Bayard de la meilleure comédienne ait été attribué conjointement à Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot et Vega Cuzytek au FIFF 2016. Pour porter son héroïne, le Français a su faire le choix de comédiennes qui n’ont pas peur d’assumer et d’interpréter un personnage fort. Arnaud des Pallières les filme de près, pour qu’on accroche à leur regard, leur détresse mais à leur courage aussi. Et pour exprimer les sentiments de la jeune femme, la musique prend une part importante dans le film et notamment via celle du générique qui le clôt de façon émouvante. Oui, « Orpheline » propose un concept original voire déstabilisant mais il est pourtant totalement maîtrisé et ne risque pas de vous embrumer ! Si son sujet et son traitement font polémique, le film vaut véritablement la peine d’être vu. Pour son interprétation et pour son audace très certainement ! Que pouvons-nous reprocher à Arnaud des Pallières sinon de nous offrir une certaine authenticité ? Son histoire, remplie de noirceur et de détresse, est portée à l’écran avec maestria et montre qu’à l’heure où l’on pense que tout a déjà été fait dans le monde du cinéma, il y a encore de la place pour les réalisateurs éclairés que certains ne sont peut-être pas prêts d’accepter. Date de sortie en Belgique : 5 avril 2017 Date de sortie en France : 29 mars 2017 Durée du film : 1h51 Genre : Drame Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Mitsuha, ado coincée dans une famille traditionnelle, rêve de la vie trépidante de Tokyo. Dans ses fantasmes, elle est propulsée dans la vie de Taki, un jeune lycéen tokyoïte, au point d’y croire réellement... Taki, lui, se voit dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle… dans la peau d’une jeune fille ! Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent deux destinées qui ne se sont jamais rencontrées ? Avis : Sous les dessins du manga de Makoto Shinkai se cache une histoire aux multiples facettes. Plus que la découverte de la vie partagée de Mitsuha et de Taki, « Your name » est l’occasion de toucher du bout des doigts leurs rêves, leurs sentiments cachés, leurs joies et leurs quotidiens peu évidents à vivre. Aussi, on découvre les traditions de la campagne japonaise ou l’effervescence de la capitale, voyageant de décors en décors, de vie en vie, sans en comprendre le sens, du moins… dans un premier temps ! Car si l’histoire se plante petit à petit, c’est sans aucun doute pour que l’on découvre, comme les deux héros de l’histoire, ce qui se trame dans la confusion de leurs souvenirs… En effet, plusieurs matins par semaine, Mitsuha et Taki se réveillent dans le corps d’un(e) autre qu’ils ne semblent pas connaître. Tout comme dans « Code Quantum », la série américaine de la fin des années 80, nos héros vont devoir comprendre ce qu’ils sont venus faire dans la vie de leur hôte et faire évoluer le quotidien de celui ou celle dont ils empruntent le corps… Si le scénario nous a paru quelques fois farfelu et le dernier tiers du film trop étiré en longueur, on doit reconnaître que la forme à de quoi faire rougir les studios où oeuvrait un certain Myazaki… « Your Name » serait-il à l’origine de la sortie de retraite du plus célèbre des réalisateurs japonais ? C’est avec ironie que nous nous posons la question. Toujours est-il que les images, les couleurs, les effets de lumière sont tout simplement admirables! La transparence de l’eau, les reflets du soleil ou la splendeur des paysages sont d’un réalisme bluffant. Les traits des personnages dessinés au pinceau et la poésie de l’image se mettent au service d’une histoire romantique où les atmosphères et sonorités sont transcendées par une technique totalement maîtrisée. S’adressant davantage à un public ado/adulescent, « Your name » est un film d’animation très particulier. Et sa singularité aura le mérite de nous sortir des codes habituels, nous offrant un voyage dans le temps et l’espace dont on se rappellera quelques jours encore. Cette distorsion temps/distance est d’ailleurs une des thématiques chères à Shinkai. Précédé d’une belle réputation, le film a connu un succès fulgurant dans son pays d’origine. En effet, le long-métrage Makoto Shinkai a pris la première place du box office japonais dès sa sortie (avec plus d’un milliard de yens comptabilisés en trois jours) et l’est resté durant sept semaine consécutives, performance que seul le studio Ghibli avait réussi à réaliser jusqu’ici ! Mais cet engouement, que l’on comprend, ne nous a pas totalement porté et nous a laissé sur le bas-côté dans un final un peu trop déployé. Son humour, sa quête et son rythme plairont très certainement aux adeptes du genre, d’autant plus qu’on y retrouve une belle finesse, une imagerie propre aux mangas et tout le savoir-faire japonais. Original et très beau à contempler, « Your name » a beaucoup de choses à vous conter ! Date de sortie en Belgique : 5 avril 2017 Durée du film : 1h46 Genre : Animation Titre original : 君の名は。(Kimi no na wa) |
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