Bien que le film s’intitule « Elvis », Baz Luhrmann (« Moulin Rouge », « Gatsby le magnifique ») s’est intéressé avant tout à la relation que le chanteur entretenait avec son imprésario, le colonel Tom Parker. D’ailleurs, c’est son interprète, le génial et méconnaissable Tom Hanks qui prend en charge la narration pour nous conter l’ascension de son protégé et sa poule aux œufs d’or. Véritable « enfumeur » (pour paraphraser les personnages eux-mêmes), la figure paternaliste du Colonel cache un personnage avide d’argent et qui, par de sombres manipulations, est parvenu à se rendre indispensable et à revêtir la figure du père spirituel d’Elvis Presley pour le garder durablement sous sa coupe. Roller Coaster musical Visuellement somptueux, le film ressemble même à certains moments à un documentaire tant dans sa forme (le recours à de fausses images d’archives) que dans la pertinence des évènements relatés. Et pourtant, nous assistons pendant 2h39 à un spectacle à la fois éblouissant et renversant ! La mise en scène flamboyante se veut à la fois moderne quand la situation l’exige mais aussi d’une précision redoutable ! Nous reconnaissons sans mal la patte baroque du réalisateur qui possède réellement une vision singulière et une volonté de reconstituer (et de sublimer) le passé sans le travestir. Tout y passe : l’enfance d’Elvis mais aussi la découverte de ses influences musicales, et bien sûr, sa rencontre avec le Colonel qui le mènera au firmament mais l’enfermera aussi dans une cage dorée dont jamais il ne s’échappera. Et bien que nous en connaissions l’issue, ce destin n’en demeure pas moins tragique. Pour parvenir à ce résultat, le réalisateur s’en est donné les moyens. Car à part quelques décors naturels, le film a entièrement été réalisé dans d’immenses studios situés en Australie. Et pour reproduire l’extérieur de Graceland, l’équipe technique a mis 10 semaines grâce aux archives de la fondation. C’est dire la volonté de coller au plus près de la réalité. Et que penser des clubs de Beale Street situés à Memphis et où Elvis allait voir des spectacles de BB King et d’autres fameux chanteurs ? Eux aussi sont parfaitement reconstitués, comme à l’identique ! Quant aux costumes, sans un travail colossal, nous n’aurions pu nous émerveiller des trois décennies représentées ici ! Balayant les années 50,60 et 70, les tenues les plus marquantes d’Elvis participent à la reconstitution et au plaisir ressenti. Mais cette recherche de la vérité ou du moins de la préservation du réel se retrouve aussi dans la qualité des dialogues et des situations. Comment ne pas être sensible à l’évolution des mœurs de cette Amérique puritaine des années 50 ? Comment ne pas, grâce aux images, comprendre et revivre le côté révolutionnaire d’Elvis et la fascination que son déhanché exerçait sur la jeunesse ? Sans être connaisseur, le récit se veut nuancé, certainement bien documenté et absolument pas un procès à charge de ce flibustier de Colonel Parker (qui n’était même pas colonel). On apprend énormément sur eux mais aussi sur les circonstances qui ont fait qu’Elvis est devenu le King ! La résurrection d’Elvis S’attaquer à la mythologie du rock’n’roll aurait pu effrayer un bon nombre de réalisateurs, mais pas celui-ci. Outre la formidable reconstitution déjà évoquée, la réussite tient aussi du casting exemplaire! Et à ce petit jeu, difficile de ne pas être ébahi par la transformation de Tom Hanks (qui est prodigieux) dans le rôle du colonel Parker. Méconnaissable, l’acteur caméléon n’a pas hésité à passer de nombreuses heures quotidiennes entre les mains expertes des maquilleurs. Mais surtout, il est surprenant de le voir sortir de son rôle de gentil de service pour épouser celui du manipulateur sans scrupule ! L’autre révélation concerne l’acteur principal. C’est bien simple, même s’il n’est pas la copie conforme d’Elvis Presley, l’acteur Austin Butler le devient progressivement au point qu’on oublie très vite qu’on regarde un (très beau) film. Vocalement au top, on lui doit les chansons de la période antérieure aux années 60, avec parfois, un mélange entre sa voix et celle d’Elvis. Cela participe au fait que nous avons plutôt l’impression de revivre un passé que nous n’avons pas connu. Nous nous immisçons même dans sa vie privée aux côtés de son épouse-courage Priscilla Presley incarnée à la perfection par Olivia Dejonge De même, de nouveaux talents ont été castés pour prêter leurs traits à ceux qui, à un moment où à un autre, ont influencé Elvis. Alors que Kelvin Harrison Jr est convaincant dans le rôle de B.B. King ; Alton Mason est parfait dans celui de Little Richard. Et même Shonka Dukureh dont c’est le premier rôle, joue parfaitement celui de Big Mama Thornton. Les réussites s’enchainent à tous les niveaux et il ne faudrait pas oublier la bande-originale qui marque les esprits grâce aux talents conjugués de Doja Cat, Kacey Musgraves, Jazmine Sullivan, Jack White et Måneskin.
Durée du film : 2h39
Genre : Biopic Date de sortie en Belgique/France : 22 juin 2022 De Baz Luhrmann – Avec Austin Butler, Tom Hanks, Olivia Dejonge, Kelvin Harrison Jr, Alton Mason et Shonka Dukureh
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