Comme si le court-métrage ayant servi de matériau de base n’était plus suffisant pour construire, sur la durée, un objet de fascination filmique qui donne les clés minimales de lecture au spectateur. Oui, comme le héros du film, nous avons perdu nos clés… L’antre de la folie Nous l’écrivions dans notre introduction, s’il est difficile de relater les émotions contradictoires provoquées par un tel film, il nous est impossible de formuler un avis clair sur ce que nous avons vu ! Car pendant près de trois heures, aucune concession n’a été faite par un réalisateur qui a été au bout de sa vision chaotique. Film psychologique par excellence, « Beau is afraid » nous prouve - comme s’il le devait- que Joachin Phoenix est un acteur de génie, parfait dans le rôle d’un homme aux nombreuses fêlures psychologiques! Car durant les trente première minutes, nous suivons son personnage chez lui et plus largement dans son quartier en proie au chaos le plus total !Imaginez une zone de non-droit où vous risquez votre vie à chaque instant et qui n’est absolument pas régi par la raison mais par le non-sens et l’absurde. Imaginez la violence d’un Mad Max ou les quartiers insalubres d’un Judge Dredd où le chaos est la norme. Et en prime, prenez un vieux garçon doux et gentil (ceci n’a rien de péjoratif) prénommé Beau qui a peur de tout y compris de son ombre (et on le comprend après avoir vu l’endroit dans lequel il vit !) Voyage œdipien au centre de la psyché Et pour ne rien arranger, Beau est hypochondriaque mais surtout, il doit se rendre chez sa castratrice de mère en avion. Sauf qu’une succession d’évènements tous plus étranges vont l’amener à revoir ses plans et à affronter ses peurs dans un périple moralement très éprouvant. Oui, Beau devra vivre et affronter un cauchemar éveillé en rencontrant des personnages tous plus étranges les uns que les autres. Mélange de genres, « Beau is afraid » partage de nombreux points communs avec le « Mother! » de Darren Aronofsky. Comme ce dernier, la vision de son auteur jusqu'au-boutiste est abstraite mais aussi hautement symbolique. Le complexe œdipien est inversé, la férocité du monde broie l’individu, tout comme la puissance du collectif présent qui n’aide pas le héros dans sa quête. Pire, tout nous apparait comme déficient, hallucinatoire et véritablement malaisant. D’un point de vue purement technique, le film d’Ari Aster est artistiquement au top grâce à l’utilisation d’effets créatifs originaux pour rendre au mieux sa vision tordue. Car oui, ce périple immense est surtout un dédale psychologique singulier. Finalement, à travers sa mère, Beau est surtout à la recherche de son père dont l’absence lui a pesé toute sa vie. Surréaliste, symbolique et même mythologique, le film se prend hélas les pieds dans le tapis à force de vouloir enchainer les séquences hallucinées et névrosées. Alors que la première heure tient du génie tant la restitution de ce monde fou est dingue, autant la suite du récit, marqué par quelques fulgurances, semble peu à peu imploser sous le poids de sa richesse mal exploitée. Mais le pire est, selon nous, de laisser le spectateur démuni face à un manque d’éléments compréhensibles sur lesquels nous aurions pu nous raccrocher.
Durée du film : 2h59 Genre : Comédie dramatique d’horreur Date de sortie en Belgique : 10 mai 2023 De Ari Aster – Avec Joaquin Phoenix, Parker Posey, Armen Nahapetian et Stephen Henderson
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