Conseillère matrimoniale improvisée, Joana a elle aussi connu sa traversée du désert et avance le cœur en peine vers d’autres qui s’apprêtent à être mis sous clé une fois leur dossier complété. C’est que dans cette société devenue impersonnelle, seuls semble compter l’amour et la maternité, deux cadeaux dont la jeune femme semble privée. Et qu’existe-t-il de plus fort que la foi inconditionnelle et totale de cette citoyenne dévouée pour l’aider dans son chemin de croix ? Si Dieu ne semble pas entendre ses prières, celles adressées à son couple et à tous ceux que la vie a mis sur son chemin l’aide pourtant au quotidien. Sombre dans son propos, le film sait pourtant le rendre lumineux par sa photographie fluorescente et son clair-obscur photographique de grande qualité: sa palette chromatique composée par Diego Garcia se décline d’une pénombre accablante aux bleu et rose électriques alors que la lumière, parfois stroboscopique diffusée lors de la fête de l'Amour Suprême (où la techno soulève et exalte les foules) et les réunions du Divino Amour dynamise et défibrille les coeurs qui s'enlisaient dans leur torpeur. Perdere l'amore Mais qu’est-ce que ce « Divino Amor » évoqué dans le titre ? Ce programme pour couples au bord de la rupture accueille dans la foi et le partage toute personne désireuse de retrouver le chemin de l’amour autrefois partagé, permettant ainsi aux mariés en crise de vivre des expériences inédites et de se retrouver sous le regard bienveillant d’une communauté et d’un dieu que l’on a parfois tendance à oublier. Ce que l’on ne peut éviter cependant, c’est le contrôle de cette société devenue impersonnelle au point de voir émerger des confessionnaux en forme de drive in, des bureaux où seul compte le travail et où est exclu tout rappel de sa vie personnelle ou intime et où chaque portique de lieux publiques trace l'ADN des visiteurs et indique le stade d'une grossesse ou l’enregistrement du fœtus au service d’état civil (ce dernier point nous questionnant alors sur la possibilité d'un avortement ou d'un abandon). Guidés dans un quotidien banal par son héroïne principale (incarné par l’efficace Dira Paes), nous découvrons une vision pessimiste d’une société aux valeurs ultra-évangéliques aseptisée, une nation où la fête de l’Amour Suprême a supplanté le Carnaval et toutes les autres célébrations laïques. « Divino amor » est un film où le sexe et la religion occupent le devant de la scène, où la vitalité de Joana, ses croyances en la vie et l’amour se fracassent sans cesse dans son quotidien. Un film à première vue défaitiste mais où chaque petite victoire, chaque main tendue est le gage d'une nouvelle lueur d'espoir. Particulier, le film de Gabriel Mascaro donne à réfléchir, nous délecte de sa photographie, nous laisse perplexes à l’écoute de sa voix off enfantine et au final, laisse une porte ouverte sur une multitudes de peut-être qui ont marqué de nombreux êtres. Date de sortie en VOD : 29 avril 2020 Durée du film : 1h43 Genre : Drame
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Durant une petite heure trente, le réalisateur chilien revient sur les souvenirs des premières années qu’il a passées à Santiago, avant de la quitter, de lui consacrer une vingtaine de films et de garder, par ce biais, un lien avec ce pays qui est le sien. Cette fois, Patricio Guzman s’appuie sur la solide cordillère des Andes pour entrer dans son fabuleux album constitué de vues sereines des rochers ou des images d’archives montrant la révolte d’un peuple qui n’a pas peur de gronder. Les fantômes de la révolution, l’arrivée au pouvoir de Pinochet, les combats menés contre la répression politique, les manifestations d’hier et d’aujourd’hui, le fossé entre la pauvreté et l’opulence, la crise économique locale et la perte de l’exploitation du cuivre vendue aux étrangers lorsque la dictature était en place sont autant de sujets survolés entre deux hommages à ce colosse de pierre qui occupe presque 80% du territoire chilien. Une chaîne de montagnes ancestrales qui a vu de nombreux peuples s’installer à ses pieds, dans des plaines où chaque homme peut la contempler... Son odeur portée par le vent, sa ligne d’horizon brisée marquant à jamais l’esprit de ceux qui ont la chance de pouvoir la côtoyer. Sa voix posée et chacun de ses mots particulièrement bien articulé, ses souvenirs mélancoliques, les témoignages qu’il a pu récolter font de ce voyage vers « La Cordillère des songes » un hommage personnel mais aussi universel d’un coin de notre terre qui, pour beaucoup, s’apparenterait presque à un lien maternel. Date de sortie en VOD : 3 mars 2020 Genre : Documentaire Durée du film : 1h25
Si ses quelques scènes cocasses et son humour parfois bien balancé ne parviendront pas à faire de « Forte » une comédie incontournable, elle aura eu le mérite de nous distraire le temps d’une soirée. Show girl Aidée par sa coach Sissi (excellente Valérie Lemercier) et entourée par des amis attachants mais tout aussi paumés dans leur sexualité, Nour n’a pas de grandes ambitions si ce n’est celle de devenir féminine et plaire à un joli garçon pour qui elle est tombée en pâmoison. Son caractère bien trempé et son aversion pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’univers girly, son attitude « brut de décoffrage » et son franc parler nous font comprendre que la mission à accomplir est loin d’être une formalité. Loin d’être un remake de « Ugly Betty », le film de Katia Lewkowicz nous démontre que l’on peut rester soi-même tout en se lançant quelques défis, se libérer de son carcan et mettre à mal les préjugés qui ont la dent dure et ne cessent de nous accabler... Un défi de taille que Nour est prêt à surmonter. Mais lorsque ses proches commencent à s’inquiéter et fouillent pour découvrir ce qui lui donnent ce petit air léger, c’est une série de quiproquos qui commencent à s’inviter. Tantôt drôle, tantôt lourdingue, la comédie portée par l’humoriste Melha Bedia (la petite sœur de Ramzy, présent dans le film) est loin d’être la réussite de l’année. Cependant, on apprécie le traitement léger des préoccupations ancrées dans une partie de notre population, celle des jeunes gens en quête d’identité sexuelle, des mères célibataires qui craignent d’être cantonnées dans ce rôle et ne plus vivre d’histoire d’amour ou encore des jeunes filles loin des standards prônés dans les magazines et qui méritent de rayonner et de croire que la beauté n’est pas qu’un emballage que l’on prend plaisir à regarder. Très convenu, « Forte » est une comédie peu audacieuse, une petite distraction qui se regardera sans déplaisir sur sa télé mais qui n’aurait peut-être pas fait un carton dans nos salles ciné… Un vite vu vite oublié qui aura occupé une de nos soirées confinées. Date de sortie en VOD : 15 avril 2020 (initialement prévu en salles le 18 mars 2020) Durée du film : 1h35 Genre : Comédie
Léo, ce frère qui vous veut du bien Mal à l’aise dans sa vie, marqué par un accident de voiture dont il a été victime, Tom fait ses premiers pas dans un lycée où il peine à se faire accepter. Ami avec JB, le jeune extravaguant de sa classe, le nouvel arrivé va peu à peu se révéler, grandir et se démarquer de ce passé qui lui collait à la peau et le suivait à la trace. Admirateur de son frère Léo, Tom a besoin de ses conseils pour aller de l’avant, s’affranchir et devenir celui qu’il a toujours été, emprisonné dans un carcan de douleurs et de traumatismes qui les ont profondément marqués. Replié dans une tristesse solitaire, oublié par son père (Laurent Lucas) très occupé à travailler et cajolé par sa mère (Isabelle Carré) enceinte d’un petit dernier, Tom a besoin de respirer, de vivre et d’aimer. Teen movie sympathique « Un vrai bonhomme » convoque bien sûr tous les codes liés à ce genre mais y distille aussi un aspect dramatique bienvenu pour évoquer le deuil et les difficultés d’accepter le départ d’un frère omniprésent dans les pensées et dans sa réalité. Sa chambre intacte qui n’a jamais été rangée, l’ombre de ses succès sportifs que le cadet n’a jamais pu égaler sont autant de piqûres de rappel qui n’aident pas à avancer. Benjamin Voisin (Léo) est un guide charismatique, un exemple à suivre, un conseiller de choix pour le jeune Tom discret et maladroit. La complicité qui les anime est réellement fraternelle et les échanges entre les deux protagonistes riches en sentiments et d’une belle authenticité aident à illustrer une connivence qui ne va pas toujours durer. Thomas Guy (aperçu dans « L’heure de la sortie ») tire joliment son épingle du jeu, portant sur ses frêles épaules une histoire solide et cohérente que l’on suit avec grand intérêt. Tantôt drôle, tantôt touchant, le film de Benjamin Parent utilise quelques petites facilités que nous ne pourrons lui reprocher. Son film, jolie chrysalide qui montre comment un adolescent sans relief peut développer ses capacités et rayonner, mélange réel et imaginaire et constitue une jolie teen dramédie qui donne à réfléchir malgré son apparente naïveté. Date de sortie en VOD : 14 avril 2020 Durée du film : 1h28 Genre : Drame
Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : S’adressant aux plus petits spectateurs, « Bonjour le monde ! » est une adaptation sur grand écran du programme court diffusé il y a quelques temps sur France Télévision. Réalisé avec des matériaux originaux (parmi lesquels des textes de divers auteurs), les petits animaux du monde fantastique de Anne-Lise Koehler et Éric Serre nous fait partir à la découverte de la nature, en se mettant à la hauteur de petits yeux curieux venus au monde il y a peu. Ainsi, durant une petite heure, nous suivons le destin de multiples petits animaux de chez nous, voués à se croiser, à se questionner sur ce qu’ils sont, ce qu’ils vont devenir et le rôle qui sera le leur dans cette grande histoire de la vie. Ponctuées d’un humour bienvenu, les petites saynètes nous questionnent sur notre place dans la nature, et celle du regard que l’on porte sur son étendue. En ouverture, nous entendrons cette phrase si réaliste : « Le monde qui peut paraitre vaste ou minuscule, tout est une question de point de vue »… Celui favorisé par le tandem de Koehler/Serre aborde le cycle de la vie, depuis l’éclosion ou le premier regard sur son environnement jusqu’à la saison des amours et des futures naissances, une façon efficace de rappeler que tout n’est que recommencement et que notre place ne tient qu’à un fil. Ludique et pédagogique, l’apprentissage de la vie des animaux éveillera très probablement la curiosité des enfants de plus de 5 ans pour les espèces présentées autant que pour la technique d’animation en « papier recyclé ». Le travail colossal effectué pour donner vie à nos petits héros du jour (qu’il s’agisse d’un castor, d’une salamandre, une tortue, un brochet, un martin pêcheur, une chauve-souris, un hibon, un héron, une chouette, une libellule ou encore d’un grèbe huppé) est admirable à observer. Si l’on regrette la redondance des situations et des propos tenus par les doubleurs, on ne peut que vivement recommander ce « Bonjour le monde ! » dont le sujet va assurément plaire à nos petits confinés. « A quoi servent les rêves si on ne peut pas les réaliser ? A donner l’audace d’essayer » s’exclamait l’un des protagonistes. Durant une heure, Anne-Lise Koehler et Éric Serre nous ont permis de le faire et pour ça, on peut déjà les en remercier ! Date de sortie en VOD : 25 mars 2020 (pour la France) Durée du film : 1h01 Genre : Animation
Avis : Film noir basé sur le roman éponyme de Frank Bill sorti en 2013, « Donnybrook » est une capture d’écran d’une Amérique laissée pour compte où de nombreuses familles tentent le tout pour le tout pour survivre. Battle royale Nouveau long métrage du réalisateur et scénariste Tim Sutton, « Donnybrook » livre une image peu reluisante d’une frange de la société du Midwest américain, zone délaissée par les dirigeants et où la violence est légion, qu’elle soit physique ou morale. Pour sortir la tête de l’eau, quelques fortes personnalités se mettent à rêver combats, primes et victoire. Parmi elles, Earl, un ancien militaire père de deux enfants, marié à une junkie qui peine à stopper la fuite en avant que lui procure ses doses récurrentes. Vivant dans un parc de caravanes, le jeune homme s’entraîne comme un forcené pour tenter de gagner le plus célèbre et risqué des combats humains, le « Donnybrook »… L’occasion idéale de voir ses petits rêves se concrétiser et de mettre à l’abri sa famille qui s’est toujours privée. Mais Earl n’est pas le seul à vouloir suivre ce chemin. Chainsaw Angus, un trafiquant de drogue ultra violent se met en tête de damer le pion de cette petite tête brûlée, le traquant sans relâche jusqu’au célèbre lieu de rassemblement où éclate une violence latente issue des quatre coins d’un pays en perdition. Si le tournoi de « Donnybrook » n’est que le but ultime d’un parcours semé d’embuches, Tim Sutton illustre la vie de trois grands protagonistes noircis par la vie, les mauvais choix et les rencontres douteuses. Il y a bien sûr notre duo de tête mais aussi Donnie, un policier peu commode dont on ne comprend pas réellement l’intérêt de sa présence à l’écran… C’est d’ailleurs le reproche principal qui pourrait être fait au film de Sutton. S’éparpiller, prendre le temps d’installer des récits de vie, des quêtes et cheminements, sans comprendre ce qui les relient réellement. Hommage évident à quelques grandes oeuvres des décennies antérieures, « Dannybrook » a une photographie des plus plaisantes mais une bande son étourdissante. Calibré comme un film de série B, le métrage, particulièrement sombre, a quelques enjeux intéressants mais se perd dans un montage peu concluant. Porté par un casting de qualité (Jamie Bell, Frank Grillo, Margaret Qualley, sont totalement investis dans les rôles peu évidents de ces Américains détruits par la dureté de la vie), il se regarde comme un film d’auteur évoquant les dérives de notre société plus que comme un film de fight prenant place dans un monde régit par la criminalité... Un film qui montre que la violence, les coups et les chocs sont peut-être la seule façon de se sentir vivant... et parfois d'exister ou de se libérer. Date de sortie en VOD : 25 mars 2020 Durée du film : 1h41 Genre : Drame/thriller
Qu’il s’agisse de patients en détresse, hospitalisés de leur propre gré ou par décision judiciaire ou du personnel médical d’un service où l’empathie est totale, le film de Paule Muxel et Bertrand de Solliers met en lumière le désarroi de quelques citoyens et le travail d’encadrement, d’apaisement, d’écoute et de prise en charge d’hommes et de femmes en blouse blanche mais au cœur d’or. La solidarité des équipes, distillée entre quelques confidences de patients, face caméra ou éloignées d’un objectif jamais intrusif ni jugeant, ponctuent une heure trente de témoignages respectueux et adroits quand il s’agir d’illustrer la démarche de « Qu’est-ce que je fais là ». Bien loin des émissions au ton léger qui dévoilent les coulisses de certains métiers et le quotidien de certains d’entre nous, le travail de Paule Muxel et Bertrand de Solliers est d’une humanité qui force le respect, un tableau positif d’un environnement dans lequel des infirmières et des médecins oeuvrent pour maintenir le cap chez des patients qui ont depuis longtemps quitter la barre d’un navire un peu trop grand. Au fil de quelques jours du printemps 2019, ce sont des instantanés de vie, des larmes ou des projets de vie qui se dessinent à travers des images qui créent une proximité sans jamais envahir l’espace de ceux qui sont filmés. Enrichissant et nécessaire en cette période où l’on oublie parfois la pression et le quotidien du personnel soignant en milieu psychiatrique, « Qu’est-ce que je fais là » montre que la prise de conscience et l’écoute sont les plus importants des médicaments. Date de sortie en VOD : 31 mars 2020 Genre : Documentaire Durée du film : 1h30
Un film qui en repose que sur des ruines…
« Les hommes peuvent être les artisans de leur ruine dans la réussite comme dans la déconfiture » écrivait le romancier Pascal Bruckner. Le premier long-métrage du tandem formé par John Shank (« L’hiver dernier ») et la chef décoratrice Anna Falguères n’aurait pas pu mieux porter son titre au vu de l’histoire qu’il nous a proposé. Vestige d’idées qui auraient pu être bien mieux valorisées, « Pompéi » aborde, à travers les yeux d’une jeunesse délaissée, le passage à l’âge adulte, le poids des responsabilités, la fidélité (à un engagement ou une personne aimée) et la débrouille dans un milieu où les adultes ont, semble-t-il, tous démissionnés. Rassemblée au milieu d’une étendue aride et désertique, une bande d’enfants perdus, sans occupation, sans repère, évolue tant bien que mal dans l’attente de meilleurs lendemains. Petits larcins, débrouillardises sont les seules activités de leur maigre quotidien. Fumant des cigarettes, matant les ébats amoureux des plus âgés, cette jeunesse française n’a aucun objectif, aucune occupation, juste l’ennui et l’impatience d’effectuer un rituel à l’aube de leurs 13 ans. Et l’ennui, c’est précisément ce qui guette aussi les spectateurs venus découvrir l’histoire de Billie et Victor, une romance qui s’efface et revient laisser quelques traces à mesure que l’intrigue passe. Triangle amoureux un peu scabreux mis en scène dans des décors de western poussiéreux, « Pompéi » semblait avoir de nombreuses choses à nous conter mais finit par nous perdre et avec nous, toutes ses idées. Tels des archéologues amateurs, nous grattons désespérément la surface et espérons découvrir une piste, un trésor… en vain. Même le trio de tête (Garance Marillier, vue dans « Grave », Vincent Rottiers et Aliocha Schneider) ne semble pas croire à l’histoire qu’ils doivent intégrer, évoluant de façon totalement détachée dans un cercle duquel ils semblent prisonniers. Trop superficiel et plat que pour nous passionner, « Pompéi » nous a déçu et décontenancé par sa désolation scénaristique et cinématographique. Un film que l’on n’est pas près de se remémorer… Date de disponibilité en VOD : 25 mars 2020 Durée du film : 1h30 Genre : Drame
Par le biais du procès de Lise, une jeune fille de 18 ans accusée du meurtre de sa meilleure amie, c’est toute notre société, nos cadres, nos réalités qui sont évoqués. C’est l’histoire d’une famille, bouleversée par un fait divers monstrueux, un événement qui ébranle la petite communauté dans laquelle ils ont évolué et devant laquelle se présente à présent leur fille, suspectée. Passionnant de bout en bout, le premier long-métrage de Stéphane Demoustier a le ton qu’il faut, une intelligente réalisation et un casting qui ne fait preuve d’aucun défaut. Qu’il s’agisse d’Anaïs Demoustier, avocate générale énervante à souhait, de Melissa Guers qui tient son premier rôle principal avec brio, Roschdy Zem et Chiara Mastroianni en parents anéantis ou encore Annie Mercier, avocate redoutable qui en impose niveau charisme, tous font preuve de grande implication dans ce drame judiciaire de très belle facture. Amie, amante ou meurtière ? La question se pose tout au long de cette heure trente pour le moins efficace. Chaque minute, notre point de vue change. Les rebondissements s’enchaînent, l’ambiance devient tendue, l’issue semble inexorable et pourtant… L’intrigue, inspirée de celle d’un film argentin (« Acusada ») est tortueuse mais jamais confuse, audacieuse et pas convenue. L’éclairage donné sur les mœurs de nos jeunes, les débats animés qui font ragent dans le tribunal et les petits instants d’intimité d’une famille somme toute banale forment l’alliance parfaite d’un métrage que l’on reverrait bien une nouvelle fois. Chronique judiciaire passionnante, « La fille au bracelet » est assurément le film à voir en ce moment. Stéphane Demoustier nous fait de très belles promesses cinématographiques avec ce nouveau long-métrage concluant. Espérons que le prochain en fera tout autant. Date de sortie en VOD : 20 mars 2019 Durée du film : 1h36 Genre : Drame
Véritable ovni cinématographique, « Jumbo » n’est pas une romance fantastique comme les autres, c’est une fable où la magnétique Noémie Merlant (aussi efficace que dans « Portrait d’une jeune fille en feu ») se prend d’amour pour un colosse de métal qui communique avec elle avec les moyens qui sont les siens, une histoire de passion, de déraison qui obsède Jeanne et la bouleverse au plus profond de son être ou encore la découverte de sentiments nouveaux provoquée par une idylle incongrue et incomprise par les proches de cette adolescente marginale et qualifiée d’ « anormale ». Mais où est la norme dans le film de la scénariste et réalisatrice belge ? La mère de Jeanne (Emmanuelle Bercot) n’a pas de relation stable et ne vit que pour séduire des hommes de passage dans sa vie. Marc, le patron du parc où elle travaille, s’impose dans sa vie sans la connaître vraiment… Les représentations de l’amour qui se manifestent autour de Jeanne semblent aseptisées, mécaniques, rigides et ne contiennent aucune tendresse, aucune chaleur humaine, rien qui ne laisse rêveur. Ces ressentiments, opposés à ce que vit l’adulescente avec un objet sans âme, n’ont finalement rien de plus acceptables si ce n’est qu’ils sont partagés avec des êtres constitués de chair et d’os et entrent dans un cadre dicté et accepté par la société. Introvertie, Jeanne ne s’ouvre vraiment que lorsqu’elle se retrouve seule, la nuit, face à son amant de fer pour qui elle voue une vraie passion, le reproduisant fidèlement dans son autre refuge : sa chambre où personne n’entre sans son consentement. Et si la thématique générale du film peut cela peut paraître totalement délirante, il suffit de se renseigner un peu pour comprendre que l’objectophilie est pourtant un phénomène qui existe vraiment. Hors norme, « Jumbo » de Zoé Wittock est un film qui s’adressera peut-être davantage aux adolescents, un métrage qui, à l’instar de « La forme de l’eau » de Guillermo Del Toro ou de « Elle s’appelle Ruby » de Jonathan Dayton et Valerie Faris montre que l’amour se trouve là où on le projette, là on se sent vivre vraiment, qu’il soit standard ou différent. Date de sortie en Belgique : 20 mars en VOD (initialement le 18 mars en salles) Durée du film : 1h33 Genre : Drame
Avis : Dédié « à nos mères », le dernier documentaire de Yann Arthus Bertrand et Anastasia Mikova continue de suivre la voie ouverte avec « Human » (sorti en 2015) et fait la part belle non pas aux grands espaces de notre planète mais de ceux qui la peuplent et y évoluent chaque jour. Cette fois, ce sont des femmes de tous horizons, de tous âges, de toutes cultures qui se succèdent devant le fond sombre de son décor et devant la caméra toujours hypnotique du réalisateur français. Les paroles sincères, livrées en toute confiance à des spectateurs attentifs aux récits de vie de ces femmes témoins de leur époque, de leurs souvenirs, de leurs passés et de leurs espoirs sont entrecoupées d’images de leur lieu de vie et percutent, éveillent, s’adressent à chacun d’entre nous, que nous soyons des hommes ou des femmes, jeunes ou non. Leur définition de la féminité, leurs victoires, leurs combats, leurs joies ou leurs peines, leurs fêlures, leurs violences ou leurs délivrances diffusées dans la langue de leur pays deviennent universelles, durant presque deux heures, on entre dans l’intimité de ces femmes en découvrant leur témoignage personnel de sujets bien féminins révélateurs de leur condition. Leurs premières règles ou débats amoureux, leur excision, leur boulot ou leur éducation, nombreux sont les sujets exploités, introduits et associés à d’autres, sans réelle transition afin de rendre le tout fluide et semblable à une discussion que l’on aurait pu partagée. Les vues extérieures lumineuses qui apportent une réelle bouffée d’air frais nous font entrevoir de sublimes paysages avant de retrouver la noirceur de certains récits ou leurs larges sourires qui s’affichent petit à petit. Et si cette mosaïque si riche a pu se constituer et offrir tout un camaïeu de paroles libérées et livrées en toute impunité, c’est grâce au travail d’une équipe empathique et attentive, aux face à face réalisés aux quatre coins de la planète auprès de près de 2000 femmes de conditions très différentes. « Personne ne nous donne de place. On la prend » disait l’une d’entre elles. Anastasia Mikova et Yann Arthus Bertrand leur en a pourtant donné une de choix sur nos écrans géants des salles de cinéma et ça, ça ne s’oublie pas ! Notez que tous les bénéfices du film seront reversés à l’association Woman(s) (Women On Media and News (School) » qui a pour mission de former des femmes et jeunes filles du monde entier aux métiers des médias et puissent à leur tour faire entendre leur voix. Date de sortie en Belgique : 11 mars 2020 Durée du film : 1h48 Genre : Documentaire
C’est que, dans « La bonne épouse » nous poussons la porte de l’école ménagère Van der Beck, installée en Alsace et partons à la rencontre d’un microcosme reflétant à la perfection le quotidien et la candeur de la moitié du siècle dernier mais aussi les espoirs et désillusions des (jeunes) femmes de l’époque. Décors grandioses, reconstitutions de la maisonnée et des salles de classe à couper le souffle, costumes et attitudes made in 60, tout est rassemblé pour emballer une histoire légère mais agréable dans le plus beau des apparats. A quelques jours de la journée internationale des droits de la femme, on ne pouvait pas mieux demander. Théâtral et rempli d’humour, le dernier long-métrage de Martin Provost fonctionne par son rythme soutenu et ses dialogues couillus, ses situations cocasses et les interactions de ses personnages drôles et attachants. C’est que, il faut bien le dire, la comédie sied plutôt bien au réalisateur français dont la filmographie hétéroclite ne cesse de nous étonner. Habitué à défendre la cause des femmes, le cinéaste s’offre cette fois le luxe de mettre en scène un trio détonnant dans une comédie féministe engagée : Juliette Binoche se fond avec délice dans le moule d’une directrice en quête de renouveau, Noémie Lvovsky amuse la galerie avec son personnage austère de Marie-Thérèse et Yolande Moreau nous touche dans ce nouveau rôle taillé sur mesure. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, Martin Provost n’en oublie pas pour autant la jeunesse ( Marie Zabukovec, Anamaria Vartolomei, Lily Taieb et Pauline Briand l’illustrent à merveille) ni la modernité (non genrée puisque les hommes ont eux aussi quelques figures modernes pour défendre leurs nouvelles idées, coucou Edouard Baer) et préfère conférer un ton léger et accessible au grand public plutôt que de tomber dans la caricature ou l’engagement trop dénoncé. Si on regrette quelques négligences de thèmes trop superficiellement abordés, on se délecte de ces grossissements de traits d’une époque pas si lointaine où les femmes, en quête d’indépendance et de liberté, n’étaient pas malheureuses mais pas non plus extrêmement bien considérées. Si de l’eau a coulé sous les ponts depuis et que les bouteilles à la mer ont fini par atteindre leur rivage, on découvre, avec, stupeurs, drôleries et bonne humeur, ce qu’était le quotidien des (futures) bonnes épouses avant que ne souffle le vent de la modernité. « La bonne épouse », petit bonbon acidulé qu’on prend plaisir à déguster, n'est pas le meilleur film de Martin Provost mais est un métrage lumineux et joyeux qui fait du bien, un nouvel essai qui évoque une situation dont on ne savait presque rien et qui le fait avec malice et un amusement certain. Date de sortie en Belgique/France : 11 mars 2020 Durée du film : 1h49 Genre : Comédie
Dans cette version 2020, Griffin est un pervers narcissique usant d’une technologie de haut vol pour martyriser l’esprit de sa belle incarnée par une Elisabeth Moss au sommet de son art. Mais à force de vouloir faire dans le sensationnel, Leigh Whannell en oublie quelque peu certains détails scénaristiques un peu foireux. Entre coup de génie et révélations en toc, son « Invisible man » ne nous met pas totalement en état de choc. L’homme invisible selon Leigh Whannell Il a scénarisé trois « Saw » et quatre « Insidious », réalisé deux autres longs-métrages et joué dans de nombreux films sous tension… c’est donc tout logiquement que nous attendions de Leigh Whannell qu’il mette toute son expérience en la matière pour faire de cet « Invisible Man » des temps modernes une réussite exceptionnelle. Mené tambour battant par une Elisabeth Moss qui crève l’écran, son dernier long-métrage avait tous les ingrédients pour être LE film à suspense de ce début d’année. Remplissant en grande partie son contrat, son dernier long-métrage a en effet cette tension exponentielle non négligeable et une installation des plus intelligentes qui rendent la suite de son histoire passionnante. Mais c’était sans compter sur quelques twists particulièrement bien amenés mais en dehors de toute logique. Plus bâclé et décevant dans ses approximations qui ne peuvent que nous faire tiquer, son dernier tiers relève davantage d’un souhait de surprendre que de celui de rester dans un tout cohérent frôlant jusqu’ici le sans faute. Efficace dans sa première heure trente (qui gagnerait par ailleurs à être par moment écourtée), « Invisible man » fait palpiter les cœurs et scotche certains spectateurs dans leur fauteuil par des jumpscares savamment amenés. La psychologique de ses personnages principaux se révèlent au fil de son intrigue, le décor est parfaitement amené et les moments de suspenses se densifient à tel point que l’on suit incrédule une histoire savamment pensée et parfaitement illustrée… jusqu’au rebondissement de trop ! Celui qui vient gâcher un final que l’on sentait se profiler et qui ne se montre pas digne de tout ce que Leigh avait imaginé. Cette déception étant à présent évoquée, faisons place à ce qui rend cet « Invisible man » digne d’intérêt. En axant son scénario sur l’instabilité psychologique de Cécilia et les pièges tendus par un Adrian des plus créatifs quand il s’agit de l’accabler, le scénariste et réalisateur australien parvient réinventer le mythe de l’homme invisible et à donner un réel souffle de modernité sur une histoire qu’on a, à de maintes reprises, déjà contée. Ici, Adrian est un manipulateur et pervers narcissique duquel Cécilia tente de se détacher, un mâle dominant soi-disant mort qui ne la laissera jamais en paix. Folie et réminiscence d’un passé qui l’a marquée ou réel ennemi invisible difficile à traquer, tel est l’enjeu principal d’une histoire où son héroïne principale ne se pose plus en victime mais en vengeresse déterminée à faire la lumière sur toute la vérité. Depuis quelques années, Elisabeth Moss s’est faite une place dans le monde du 7ème art et continue à parfaire une filmographie très diversifiée dans laquelle elle semble prendre son pied. Après « Us » de Jordan Peele, la voici à nouveau dans un film où la tension est maximale mais où, de toutes les scènes et tous les enjeux, la belle parvient à tirer son épingle du jeu. Tantôt fragile tantôt forte, maligne et perspicace, Cécilia prend vie de la plus belle des façons grâce à sa réelle et totale implication. Impeccable de bout en bout, la comédienne joue avec les émotions et provoque chez les témoins privilégiés que nous sommes, une réelle empathie et envie de la voir se dépêtrer d’une situation qui ne cesse de la dépasser. Nous faisant oublier les quelques erreurs scénaristiques et effets spéciaux parfois comiques, Elisabeth Moss est à ne pas en douter l’argument phare de cette nouvelle réalisation produite par la maison Blumhouse. Après avoir fait partie de « la Ligue des Gentlemen Extraordinaire », voilà que notre homme invisible retrouve sa place au sein de la famille des Universal Monsters auxquels on offre une nouvelle scène et un nouveau regard afin de donner un coup de pinceau sur les tableaux mettant en scène des créatures mythiques parfois ternies ou tombées dans l’oubli. Après la Momie, c’est au tour de L’homme invisible de rejoindre le « Dark Universe », une franchise estampillée Universal dont on ne sait pas encore si le développement futur est toujours au programme ou au contraire rangé dans les cartons d’un sous-sol mal éclairé qui ne demande que les spots des projecteurs pour être reconsidéré. Quoi qu’il en soit, « Invisible Man » est à prendre pour ce qu’il est, à savoir un bon film à suspense indépendant duquel on sortira peut-être dubitatif mais qui aura aussi fait l’objet d’un sympathique petit kiff ! Date de sortie en Belgique : 4 mars 2020 Date de sortie en France : 26 février 2020 Durée du film : 2h05 Genre : Fantastique/Thriller Titre original : The invisible man
Retour sur le phénomène Helena Zengel (une comédienne ultra impressionnante pour son jeune âge), et le petit monde de Bernadette Bernie la Super Souris Elle a les traits d’un ange, les cheveux blonds, les yeux revolver et un sacré caractère. Bernadette, qui préfère se faire appeler Bennie car « ça fait moins prétentieux » a 9 ans et ¾ et un passé familial assez houleux. Baladée depuis son plus jeune âge de maisons en centre d’accueil la petite fille n’a jamais réellement été nourrie d’amour et de bons sentiments. Ses colères dévastatrices et ses hurlements, la violence physique dont elle peur faire preuve a découragé bon nombre d’adultes démissionnaires mais pas Madame Bafamé, son assistante sociale ni Micha son accompagnateur scolaire. Ensemble, ils vont tenter de trouver des solutions pour apaiser la tension qui survolte la petite Benni, s’investir comme s’il s’agissait de leur propre fille et tenter le tout pour le tout pour lui rendre un peu le sourire. Ses hurlements et ses cris, ses colères comme moyen d’exprimer son besoin d’exister ponctuent le chemin de croix de la jeune allemande, admirablement interprétée par Helena Zengel, une actrice de 12 ans dont on se souviendra longtemps. Tantôt attendrissante tantôt énervante, la fillette marquée par les violences physiques et morales, souffre d’énurésie nocturne (expression de son stress d’être à nouveau abandonnée ?) et d’un réel manque d’attention maternelle. Une mère, qui élève deux enfants que Bennie envie, et qui a démissionné depuis longtemps et ne semble d’ailleurs prête à permettre à sa fille aînée de se reconstruire et réintégrer le nid. La boule au ventre, nous avançons dans l’intrigue originale de Nora Fingscheidt et craignons que derrière chaque petite accalmie se prépare une nouvelle tempête dévastatrice et de nouvelles crises. Nous nouons la gorge à plusieurs reprises, l’ascenseur émotionnel dans lequel nous embarquons ressemblent davantage à un Dalton Terror duquel on sort les genoux flagellants et le cœur au bord des lèvres. Ici, c’est dans notre poitrine qu’il cogne y faisant résonner la détresse de cette enfant, porte-parole forte d’une multitude d’autres abandonnés gérés par ce « system crasher » qu’on ne voudrait pas voir exister. Nécessaire et particulièrement réalisé, « Benni » s’apparenterait presque à un documentaire, support favori de Nora Fingscheidt. Epaulée par une solide distribution, la réalisatrice offre autant de moments de tendresse et de poésie (les trois semaines en pleine nature en sont un très bel exemple) que d’animosité et de détresse. Aussi brillant que sa jeune comédienne principale, le film de la cinéaste allemande n’est pas près de sortir de notre mémoire ! Date de sortie en Belgique : 4 mars 2020 Durée du film : 2h Genre : Drame Titre original : Systemsprenger
Radicalement différentes, nos deux héroïnes ne sont pas que des voisines de pallier. Leurs portes ouvertes, leurs souvenirs communs, leur complicité révèlent un secret très longtemps enfoui et un amour qui pourrait être incompris. Madeleine (surnommée Mado) est une grand-mère discrète, attentive et compréhensive, une mère de deux enfants qui peines à se comprendre et à s’accorder sur la vision de la vie. Nina, elle, est une vieille jeune fille célibataire un peu austère mais aussi excessivement passionnée. Alors qu’elles s’apprêtent à tout plaquer et à s’installer dans un bel appartement romain situé près du Tibre, nos deux amantes voient leur rêve s’effondrer lorsque Mado accablée par le stress ou la peur de décevoir est victime d’un AVC. S’ensuit une lutte effrénée pour passer quelques minutes ou heures ensemble, à l’abri des regards jugeants et inquisiteurs, incompréhensifs et interrogateurs. Les différents stratagèmes mis en place par Nina pour retrouver celle qu’elle semble avoir toujours aimée, ses tentatives parfois vaines de s’accorder une parenthèse dans la douceur d’un amour passé et consumé, son souhait de se glisser dans le lit de sa compagne et amie une fois le jour tombé touchent autant qu’ils agacent. Car derrière l’apparente impatience et le relatif égoïsme d’une voisine intrusive se cache une réelle envie de faire battre à nouveau le cœur d’une Mado affaiblie par une convalescence difficile. Avec « Deux », le réalisateur italien soulève l’importance de s’aimer sans barrière malgré l’anticonformisme de sa concrétisation. Qu’importe ce que pense l’entourage de Madeleine, l’amour ne peut-il pas triompher et rapprocher deux femmes trop longtemps séparées ? Parce que l’homosexualité féminine n’est pas souvent traitée à sa juste valeur dans certaines œuvres, parce que l’amour que se porte deux femmes très mûres peut déstabiliser, le film de Filippo Meneghetti est un métrage auquel il est bon de s’intéresser. Pour son traitement tout en pudeur, pour son formidable jeu d’acteurs, pour son extrême douceur et ses thèmes qui peuvent nous tenir à cœur, « Deux » vaut la peine d’être vécu, avec, tantôt une distance nécessaire, reflétant le sentiment de ses deux personnages principaux, tantôt avec une proximité chaleureuse et sincère, un sentiment brut mais terriblement beau. Date de sortie en Belgique : 4 mars 2020 Durée du film : 1h35 Genre : Drame |