► Je t’aime moi non plus Il n’est pas facile d’aborder et d’illustrer une thématique comme celle présentée dans « Le consentement ». Ça l’est d’autant plus quand on ne veut pas vraiment prendre parti et rester factuelle comme le fait sa réalisatrice en présentant les événements tels que Vanessa Springora les écrivaient dans son détonnant livre du même nom. Très scolaire dans sa mise en scène, le film joue sa prise de risque l’illustration sans détour de certaines scènes « choquantes » et déstabilisantes où l’emprise de Matzneff se fait de plus en plus pesante sur l’esprit et le corps d’une adolescente fébrile. La fascination de Vanessa pour cet homme qui a posé son regard sur elle, la manipulation de la fille mais aussi de sa mère, flattées et arborant une certaine fierté à s’attirer les faveurs d’un écrivain renommé ne peuvent que nous interpeller, nous qui évoluons dans une société en total décalage avec cette époque où ce genre de relation ambigüe et toxique était tolérée et acceptée. Ce qui frappe le plus dans cette adaptation du « Consentement », ce n’est donc pas sa forme, très basique, mais son fond, dérangeant, son climax qui nous colle à la peau comme la réputation de Vanessa, adolescente inconsciente et follement amoureuse, dont les actes sont à jamais figer dans la littérature et pour qui le droit à l’oubli sera très difficile à revendiquer. Evoluant dans deux univers dans lesquels elle ne semble jamais trouver sa place, la jeune fille de 14/16 ans délaisse la naïveté de sa jeunesse pour la maturité d’une maîtresse qu’on arbore comme un trophée, le faisait briller de mille feux avant de le ranger sur une étagère à côté d’autres, qu’un homme de l’âge de son (grand)père ne cesse de collectionner pour alimenter les carnets et romans écrits à la pointe d’une « plume trempée dans le sang du cœur »… Mensonges, trahisons, révolutions et bouleversements internes s’enchainent dans un tourbillon dévastateur magnifiquement illustré par la psychologie de personnages qu’on a l’impression d’avoir réellement côtoyés. Et ce rendu n’est possible que par le jeu sans faille et sans retenue de Jean-Paul Rouve et l’hypnotique Kim Higelin mais aussi de Laetitia Casta qui révèle une nouvelle teinte de sa palette de jeu. Sensible, le sujet du film de Vanessa Filho nous semble plus que jamais d’actualité, tant les révélations faites dans les médias montrent que Vanessa Springora n’est pas une « victime » isolée de ce genre de prédateurs qui évoluent sous les projecteurs.
Durée du film : 1h58
Genre : Drame Date de sortie en Belgique/France : 11 octobre 2023 De Vanessa Filho – Avec Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta et Elodie Bouchez
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