Avis : Mon coup de cœur de ce mois va à ce film belge du réalisateur Tim Mielants à qui l'on doit « De Patrick », qui a coréalisé « L'ombre d'un mensonge » avec Bouli Lanners et qui a également œuvré sur la série de la BBC « Peaky Blinders ». On retrouve ici un ton proche de cette dernière avec ce drame en temps de guerre. L'action se passe en 1942 à Anvers pendant l'occupation allemande, nous suivons deux jeunes recrues de la police, qui faisait office de figuration plus qu'autre chose, au service de l'occupant. Wil et Lode se retrouvent dès leur première nuit de service face à une situation inhumaine et ils agissent selon leur morale qu'ils ont encore intacte. Leur quotidien va être pourri par cette situation. Entre suspicions, trahisons et intimidations, comment garder sa boussole morale dans la bonne direction ? Une très belle reconstitution historique qui ne prétend pas dénoncer les comportements, mais on se doute bien que c'est dur comme sujet. Passage à tabac, rafle des Juifs, collaborateurs à chaque coin de rue, parfois même au sein de sa propre famille. On nous montre tout ça sans tomber dans le voyeurisme. Un film qui provoque pas mal de réactions et de questionnements sur les notions d'héroïsme et de sacrifice en temps de guerre, même loin des zones de combat reconnues comme telles puisque les villes sous l'occupation étaient prisonnières.
Durée du film : 110 minutes
Genre : Drame/guerre Date de sortie en Belgique : 27 septembre 2023 De Tim Mielants – Avec Stef Aerts, Matteo Simoni, Annelore Crollet, Kevin Janssens, Jan Decleir.
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On a beau le savoir, on aime se plonger dans son cinéma, aller à la rencontre de ses personnages masculins à côté de leurs pompes, des femmes plus fortes, dans ses décors savamment choisis, suivre ses dialogues et ses situations rocambolesques… Si « Coup de chance » parait plus sage que certains grands classiques de sa filmographie, on apprécie voir Niels Schneider, Lou de Lâage, Melvil Poupaud et encore Valérie Lemercier entrer dans la danse du plus célèbre des New Yorkais. Et puis, Woody Allen et son directeur de la photographie Vittoria Storaro filment les lieux et les acteurs comme personne, sublimant la banalité, donnant du contour et de l’épaisseur à des histoires classiques. Ici, il change de ton, se balade dans le triangle amoureux, la comédie romantique, le thriller… Woody Allen n’a plus grand-chose à prouver et ne cherche plus à le faire, il se (com)plait , dans ce qu’il sait faire de mieux et peu importe finalement, l’histoire qu’il va nous raconter parlera probablement aux spectateurs et aux amateurs qui, comme nous, ne manquent jamais le rendez-vous… Car s’installer dans le fauteuil confortable d’un cinéma pour visionner le dernier Woody Allen, c’est comme s’asseoir à la table d’une réunion de famille… Il y a quelque chose de rassurant, de redondant mais de plaisant. Rien qu’à voir les cartons noirs à écriture blanche qui font défiler le nom des acteurs et des techniciens dans un ordre toujours établi, entendre raisonner les petites notes de jazz qu’il affectionne nous donnent le ton : celui d’un octogénaire qui a probablement été plus inventif par le passé mais dont la nostalgie et la recette nous fait toujours apprécier ce qu’on est venu retrouver…
Durée du film: 1h36
Genre: Thriller/Drame Date de sortie en Belgique: 27 septembre 2023 De Woody Allen - Avec Niels Schneider, Lou de Lâage, Melvil Poupaud et Valérie Lemercier
Souvenez-vous ! En 1991, « Terminator 2 » déferlait sur les écrans du monde entier et parvenait à semer l’effroi auprès d’un public qui n’avait jamais assisté à un tel déluge numérique ! Révolutionnaire sur le plan technique, le film de James Cameron mentionnait les dangers de l’intelligence artificielle avec l’entité Skynet dont le plan était d’éradiquer l’humanité. Depuis, l’IA n’appartient plus au registre de la science-fiction et les progrès réalisés dans le domaine est tout simplement époustouflant. Et entre les mains du réalisateur Gareth Edwards (« Godzilla » et surtout l’excellent « Star Wars Rogue One »), le sujet est très bien traité ! Mêlant des influences aussi diverses que « Blade Runner », « Akira », « Star Wars » (pour sa prophétie qui fait d’un enfant hybride, un réconciliateur entre les humaines et les robots) et forcément « A.I. Intelligence artificielle », le film parvient à transcender ces modèles pour se forger une identité très forte ! Visuellement somptueux pour un budget assez faible par rapport aux cadors du genre, « The Creator » offre aux spectateurs un plaisir de tous les instants ! C’est que la caméra du réalisateur couplée à des effets spéciaux parfaitement modélisés et intégrés participent à ce spectacle si rare. On sent que le réalisateur (et ici également scénariste) affectionne le genre et nous le rend bien ! Sa vision est assez inédite et se veut assez singulière dans son approche humaniste. Pour parvenir à ce résultat, le cinéaste a fait de nombreux repérages dans divers pays d’Asie pour mêler traditions et dystopie. Sans trop dévoiler de l’intrigue, les tensions entre l’Asie qui prône le recours à l’I.A et l’Occident représenté par les USA (et farouche opposant) sont assez bien restituées à l’écran. Mais le film va plus loin que cette simple opposition et parvient même à nous parler d’amour. Amour entre une épouse et son mari mais aussi entre un père et sa fille. Les personnages possèdent l’épaisseur nécessaire pour rendre le récit captivant et la nuance apportée par le traitement renforce encore un peu plus notre enthousiasme ! « The Creator » recèle en lui des préoccupations que nous connaissons et qui secoue l’actualité. A la lumière du développement du transhumanisme, et, dernièrement cette « peur » que la situation n’échappe à notre contrôle comme le suggère cette lettre ouverte par 1300 PDG de la « tech » (dont Elon Musk) qui demandent une trêve dans la course à l’I.A afin d’y voir plus clair. Gareth Edwards se sert de ce formidable terreau pour en faire une œuvre folle mais crédible qui nous terrifie et nous subjugue à la fois. Ajoutez à cela une belle audace faite de courage politique, et vous obtiendrez une relecture moderne de la guerre du Vietnam ! Nous l’écrivions, si le scénario se veut diablement efficace, les personnages attachants qui peuplent ce monde apportent de belles émotions. Et à ce petit jeu, le duo formé par John David Washington et la jeune Madeleine Yuna Voyles crèvent littéralement l’écran tant leur alchimie fonctionne !
Durée du film: 2h 13min
Genre : Science fiction, Drame, Aventure Date de sortie en Belgique/France : 27 septembre 2023 De Gareth Edwards - Avec John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan, Ken Watanabe
Alors que le personnage joué par Franck Dubosc est épris de sa femme comme au premier jour, on ne peut en dire autant de celle-ci, incarnée à l’écran par Karin Viard. Aborder au cinéma la passion qui finit par s’étioler, ça n’a rien de nouveau. Et pourtant, le sujet est bien actuel. En effet, de plus en plus d’hommes et de femmes mûres se retrouvent dans une situation inconfortable dès le départ des enfants de la maison. Jusque là, dans certains cas, ces derniers cimentaient la cellule familiale. Mais le réalisateur va plus loin puisqu’il a décidé de placer l’action au moment précis où aimer son compagnon ou être aimé ne suffit plus car trop d’interrogations submergent un des membres du couple. Dès lors, comment réinventer son couple et retrouver la flamme ? Bien sûr, si le film se veut le reflet de notre société (les réseaux sociaux sont évoqués, de même que les couples gays ou même la PMA) l’angle qu’a choisi Philippe Lefebvre pour traiter son sujet est beaucoup trop classique et ne laisse, hélas, aucune place à la surprise. Et si les situations sont convenues, le réalisateur parvient à éviter de justesse notre ennui grâce au jeu de ses comédiens. Alors que nous croyons au couple joué par Franck Dubosc et Karin Viard - tous deux excellents - nous accordons une mention honorable pour les seconds couteaux (Youssef Hajdi et Tom Leeb). Quant aux apparitions de Clotilde Courau, celles-ci sont souvent l’occasion d’une franche rigolade !
Durée du film : 1h40 Genre : Comédie/ romance Date de sortie en Belgique : 27 septembre 2023 De Philippe Lefebvre - Avec Franck Dubosc, Karin Viard, Clotilde Courau, Youssef Hajdi, Tom Leeb
Zélée, excessive, marquée par une histoire personnelle qui part à volo, la jeune femme va, un jour, commettre l’irréparable, de sang froid et sans reproche… Un acte glaçant qui, comme à l’image de son héroïne, nous fait nous interroger sur ces pratiques de « cowboys » encore usitées dans une partie des Etats-Unis. Après deux films forts qui ont marqué le public et la critique (« Le jour où Dieu est parti en voyage » et « une famille syrienne »), Philippe van Leeuw nous revient avec un nouveau long-métrage engagé, dénonçant l’horreur de notre société (in)humaine, ses actes répressibles mais passés sous silence, illustrant un sujet ô combien d’actualité à travers une personnification qu’on aime détester, celle du personnage de Vicky Krieps qui nous bluffe par son jeu admirablement efficace ! Il nous interroge frontalement, nous implique dès ses premières minutes et parvient à créer à nouveau un climax oppressant où on sent poindre le drame. Sa réalisation chirurgicale et hautement appréciable, Philippe Van Leeuw la développe formidablement dans son récit manichéen, ses intrigues annexes, ses interrogatoires et scènes d’action minimalistes mais tellement immersives. Nul doute qu’ici plus encore qu’avant, le réalisateur use de ses expériences tirées de son passage Outre-Atlantique, là où le cinéma peut aussi bien offrir des films mainstream de grande envergure ou des films d’auteur engagés qui nous font déchanter sur la vision tronquée des USA que le monde entier a longuement envié.
Durée du film : 1h36
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 27 septembre 2023 De Philippe Van Leeuw – Avec Vicky Krieps et Simon Sears
Que ce soit dans la complicité qui réunit Gloria et Cléo lorsqu’elles se retrouvent à Paris, après l’école de la petite ou la découverte de la vie de sa nounou sur son île du Cap vert, le film de Marie Machoukli a un aspect quasiment documentaire qui confère une belle authenticité à cette histoire très courte mais aussi très dense en émotions.
Durée du film : 1h24
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 27 septembre 2023 De Marie Amachoukeli – Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Abnara Gomes Varela, Fredy Gomes Tavares, Arnaud Rebotini
Bien entendu, il sera vite confronté à une nouvelle situation compliquée et même s’il souhaite savourer un repos bien mérité, il ne peut s’empêcher de se poser en sauveur, se mettant à dos la Camorra, la mafia locale, l'action principale du film se déroulant en effet dans la région de Naples. Moins laborieux que le premier film mais heureusement plus simple à appréhender que le second chapitre qui se perdait un peu en figures de style, ce nouveau film se suffit à lui-même et ne nécessite finalement pas d'avoir vu les deux premiers. Washington joue un McCall vieillissant et fatigué, en plus diminué par une vilaine blessure, il va pourtant vite être embarqué dans une histoire de corruption mafieuse dans le petit village côtier où il est soigné et va même recréer du lien social, lui jusque-là si solitaire. Tous les poncifs du genre western répondent à l’appel : les bons et les méchants, le gentil shérif (ici un carabinieri), le médecin du village, les actes de violence gratuite, la vengeance… le tout servi par de beaux plans de ces paysages d'Italie qui sentent bon l'été, le vin et le farniente. Le film d'Antoine Fuqua évite par bonheur le thème éculé de la demoiselle en détresse qui va tomber amoureuse du héros, et ça fait plaisir de voir que l'on ne verse pas dans cette facilité scénaristique qui ne serait plus du tout prise au sérieux de nos jours dans ce type de films. Ce bon vieux Denzel (68 ans tout de même) se glisse avec toujours autant de naturel dans la peau de cette machine à tuer qui n'en a pas l'air et qui ne laisse aucun "bad guy" vivant derrière lui, utilisant tout ce qui lui tombe sous la main pour se débarrasser des individus qui sont sur son chemin. Cet homme a une mission personnelle qui va le remettre sous les radars de la CIA via l'analyste Emma Collins (Dakota Fanning) qui travaille aux crimes financiers, déclenchant ainsi une enquête révélant une sombre affaire de drogues et de terrorisme. C'est ce pan du scénario qui est peut-être un brin simpliste, et en même temps il a le mérite de brosser un portrait réaliste par certains côtés de cette Italie moins glorieuse, loin de la carte postale touristique, paralysée par des problèmes de corruption et de racket. Le film marque en tout cas les retrouvailles des deux acteurs 20 ans après « Man on Fire » de Tony Scott dans lequel le personnage de la toute jeune actrice à l'époque était protégé par un ex-agent de la CIA déjà interprété par Washington. On peut d'ailleurs voir une certaine filiation thématique entre les deux longs métrages qui sont aussi violents et choquants l'un que l'autre. Car « Equalizer 3 », malgré ses moments de calme pendant la convalescence de notre tueur à la retraite (l'acteur réussit à capter toute notre attention rien qu'en prenant son thé), possède son lot de scènes d'action à la violence graphique assumée, la séquence d'introduction dans un vignoble de Sicile donne subtilement le ton avant que les multiples chorégraphies de combat (à mains nues, à l'arme blanche ou revolver au poing) ne viennent éclabousser de sang chacun des endroits où McCall passe (séquences que ne renieraient pas John Wick lui-même).
Durée du film : 109 minutes
Genre : Action Date de sortie en Belgique : 30 août 2023 De Antoine Fuqua – Avec Denzel Washington, Dakota Fanning, David Denman, Gaia Scodellaro, Remo Girone, Andrea Scarduzio et Eugenio Mastandrea.
En effet, tous les films qui s’ajoutent depuis dix ans à cet univers cinématographique lancé avec « Les Dossiers Warren » de James Wan développent ses personnages horrifiques de film en film, la poupée Annabelle et la Llorona (alias la Dame Blanche) ayant également eu droit à leur(s) suite(s). À la réalisation, on retrouve justement le réalisateur de deux autres films de la franchise, Michael Chaves, qui après « La Malédiction de la Dame Blanche » et le 3ème « Conjuring », se glisse avec aisance derrière la caméra d’un genre qu’il semble affectionner. Si le premier « La Nonne » était un peu léger en frissons, l’atmosphère créée en huis clos étant le réel point d’intérêt du long métrage, cette suite relève un peu le niveau du “froussomètre”, sans pour autant casser les codes ou bouleverser les attentes. Cette fois l’action est déplacée dans le sud de la France, entre Tarascon et Aix-en-Provence, où l’on retrouve la jeune Sœur Irène (Taissa Farmiga) et Maurice “Frenchie” (le Belge Jonas Bloquet) aux prises avec de nouvelles possessions et autres joyeusetés cléricales alors que le pauvre Maurice, possédé par l’immonde Valak à la fin du premier film, a ramené le parasite démoniaque avec lui dans le pensionnat pour filles où il travaille maintenant comme homme à tout faire. Irène est appelée bien malgré elle par ses supérieurs hiérarchiques à enquêter sur la résurgence de troubles similaires à la tragédie de l’abbaye de Saint-Carta dont elle est une survivante. Le principe de la relique apte à stopper Valak est repris ici à l’identique : après le sang du Christ, cette fois ce sont les yeux de Sainte Lucie que nos protagonistes devront retrouver afin de vaincre le démon. Bruits étranges, portes qui claquent, apparitions dans l’ombre, la nonne à la mine patibulaire aime toujours autant jouer au chat et à la souris avec ses proies et prend son temps pour en venir au fait ! Si les sursauts ne surprendront que les moins aguerris au genre, là où ce nouveau film réussit mieux que pour le premier chapitre, c’est dans les ponts jetés entre « The Conjuring » et « La Nonne », à travers Maurice possédé comme on le savait déjà, mais aussi via la filiation déjà devinée et quasi avouée ici entre Sœur Irène et Lorraine Warren (Vera Farmiga), ce qui explique qu’elles aient toutes deux ces visions qui les hantent (et les deux actrices étant elles-mêmes sœurs, rappelons-le).
Durée du film : 1h50
Genre : Horreur Date de sortie en Belgique : 13 septembre 2023 De Michael Chaves – Avec Taissa Farmiga, Storm Reid, Anna Popplewell, Bonnie Aarons, Jonas Bloquet et Katelyn Rose Downey.
Invité à faire la lumière sur la véracité des faits ou à démasquer une arnaque organisée, le jeune retraité va très vite retrouver ses bonnes vieilles habitudes de fin limier et se met à enquêter sur un meurtre perpétré alors qu’il venait lui-même d’être menacé. Comme toujours, le coupable opère sous nos yeux mais nous n’y verrons plus clair que lorsque la déduction sera faite admirablement dans un final comme toujours très théâtral. Fleurtant avec le fantastique, ce nouvel opus nous fait vite oublier l’erreur de parcours qu’était « Mort sur le Nil » et redore les lettres de noblesse (et la réputation) d’un personnage qui avait été quelque peu sous-exploité à force de libertés grossières et inadaptées. Ici, on retrouve tout le sel de la littérature de Agatha Christie, son atmosphère inquiétante, les mécaniques de son écriture et sa capacité à surprendre après nous avoir baladé dans des soupçons et hypothèses qui seront toutes réfutées. Kenneth Brannagh est plus sobre, l’intrigue plus finement amenée, le décor du palazzio sublime les enjeux qui y sont peu à peu dévoilés bref, le plaisir cinématographique est total et le divertissement fonctionne sur un large public à la fois amateur d’enquête policière et de légers frissons. Car de fantômes, il en est question dans ce « Mystère à Venise » et les illusions se fondent dans une histoire plus terre à terre où chaque protagoniste, particulièrement bien décrit et amené, se voit soupçonner du pire : un homicide !
Durée du film : 1h43
Genre : Policier Date de sortie en Belgique : 20 septembre 2023 De Kenneth Branagh – Avec Camille Cottin, Michelle Yeoh, Jude Hill, Kyle Allen, Tina Fey et Jamie Dornan.
Joyeux bric à brac inspiré de sa propre vie, « Le livre des solutions » se regarde comme il se lirait, de scènes en scènes, de page en page, révélant la personnalité fantasque de son auteur, ses inspirations comme ses travers, ses sensibilités et ses amitiés dans une intrigue dont on se demande quelle sera l’issue et si elle adviendra après moultes rebondissements, digressions, changements de vision. Car des points de vue, il y en a de multiples dans son dernier long-métrage. Il y a celui de Denise, sa tante bien aimée et respectée, celui de Charlotte (Blanche Gardin), Silvia (Frankie Wallach) et Carlos, ses assistants et techniciens, celui de Gabrielle dont il est amoureux et le sien, qui oscille en permanence entre génie et folie. Car « Le livre des solutions », au-delà d’être une comédie dramatique plaisante à suivre, est un film sur la bipolarité, l’instabilité, la création artistique dans ce qu’elle peut avoir d’étrange, de contenu ou de démesuré. Loin d’être une page blanche sur laquelle le spectateur doit calquer ses propres idées, le dernier film de Gondry foissonne d’élucubrations, de saynètes tantôt drôles, tantôt déstabilisantes, à tel point qu’on se demande sans cesse quelle est la réelle part biographique de son film. Forcément, dans ce métrage très personnel, on retrouve ce qui fait la particularité du cinéma de Gondry : sa minutie artistique, son côté décalé, un ensemble d’idées à la fois loufoques et bienvenues, une comédie psychologique somme toute, portée par un Pierre Niney qu’on adore regarder évoluer dans ce registre, donnant de sa personne comme jamais et s’effaçant derrière les traits de celui qui l’a inspiré.
Marquant par ses petites punchlines philosophiques qu’on aimerait nous aussi consigner dans un joli carnet, « Le livre des solutions » est un film inclassable dont on ne sait, à sa sortie de projection, dire s’il nous a convaincu ou déçu… Durée du film : 1h42
Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique : 20 septembre 2023 De Michel Gondry – Avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Frankie Wallach, Camille Rutherford et Vincent Elbaz
Utilisant à nouveau le prisme de la famille pour aborder un sujet nécessaire, actuel et sociétal, « Acide » va, comme son nom l’indique, nous emmener aux côtés d’une adolescente en crise identitaire et de ses parents séparés dans une quête de survie et une course contre la montre effrénée. Dans son nouveau long-métrage, Just Philippot nous fait guetter le ciel menaçant duquel se déversent des pluies acides de plus en plus mordantes, tant pour les animaux et les Hommes que pour les infrastructures à priori robustes dans lesquelles nous vivons confortablement sans nous soucier de l’avenir de notre planète. Alternant crise intime (celle de la famille) et mondiale, le point de vue de Just Philippot se développe à travers les yeux de Selma (Patience Munchenbach), 15 ans et son père très impliqué politiquement, un homme de combat qui sait défendre ses causes et sa famille quand il le faut. Cette figure paternelle robuste, c’est celle incarnée avec une force admirable par un Guillaume Canet qu’on aimerait voir plus souvent dans ce genre de rôle. Totalement investi, l’acteur livre une facette rare de son jeu, dynamisant chacune des scènes, transmettant un stress amené autant par ses actions que par les situations pertinemment mises en scène (et élevées par une musique qui crée constamment l’urgence).
Durée du film : 1h40
Genre : Drame/Fantastique Date de sortie en Belgique/France : 20 septembre 2023 De Just Philippot – Avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach, Marie Jung, Suliane Brahim et Martin Verset
Normal donc qu’il prenne le devant de la scène dans ce dernier long-métrage mémorable, sans doute le moins loufoque de Dupieux et le plus accessible pour un public réticent mais curieux. Excessivement touchant, ce Yannick est maladroit, instable, rêveur, tantôt sympathique tantôt inquiétant, représentant idéal d’une partie de la société française qui vient au théâtre pour se divertir et ne vient pas y trouver ce qu’il était venu chercher. Métaphorique, brut, usant du premier et du second degrés, « Yannick » a les traits des coups de crayon de Dupieux mais ils sont estompés dans une heure dense où on ne s’est jamais ennuyé, parce qu’il est moins poussif, démonstratif, décalé qu’à l’accoutumée. On rit, on s’attendrit, on se laisse prendre avec grand plaisir en otage de cette nouvelle démonstration cinématographique dans laquelle Pio Marmaï tient également une place de choix ! Blanche Gardin et Sébastien Chassagne ne déméritent pas mais ils font davantage office de figurants tant le bras de fer se fait entre deux titans qui crèvent chacun l’écran !
Durée du film : 1h07
Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique : 15 septembre 2023 De Quentin Dupieux – Avec Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne
Brutal est bien le mot puisque la tranquillité du héros, soldat d'élite à la retraite et recyclé en chasseur d'or, va être bouleversée de la manière la plus violente qui soit lorsqu'il va croiser la route de l'ennemi, les nazis ayant la mauvaise idée de l'affronter alors qu'il se mêlait de ses affaires. Ce qu'ils ignorent, c'est que notre "Clint Eastwood" local est une armée à lui tout seul, on le surnommait l'immortel dans les zones de combat et effectivement, rien ne l'arrêtera jusqu'à ce qu'il récupère son or volé par ces Allemands de mauvaise constitution, et sa vengeance sera terrible !
Durée du film : 1h31 Genre : Guerre / action Date de sortie en Belgique: 6 septembre 2023 De Jalmari Helander – Avec Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan, Onni Tommila et Mimosa Willamo.
Avec son atmosphère mystérieuse, ses secrets et ses personnages intrigants, « La bête dans la jungle » (qui fait référence au repère sans nom – du moins dans ses débuts - où May et John se retrouvent presque chaque week-end), a quelque chose de vaporeux, d’étrange, de déroutant. Contemplatif à souhait, peu bavard et poétique, le film de Patric Chiha est particulier, ce qui fait qu’à la fin de sa vision, on ne sait dire si on l’a aimé ou si on est passé à côté. Il faut quelques jours pour le décanter, pour resonger à certains dialogues, à sa finalité. Si on reconnaît aisément qu’Anaïs Demoustier crève une nouvelle fois l’écran, l’adaptation moderne d’un texte issu de la littérature anglaise du début du 20ème, elle, décontenance, intrigue par moments, nous désintéresse à d’autres, à l’image de ce couple qui ne sait sur quel pied il devrait danser. Partant autant à la dérive que ses protagonistes, le récit s’éloigne et se rapproche de nous, nous invitant ici à partager quelques confidences, à tenter de percer le mystère évoqué par May et John (Tom Mercier) , deux êtres singuliers qui évoluent dans l’artifice de la boîte de nuit et expriment leur sincérité à la lueur du jour. Deux jeunes adultes sur lequel le temps n’a pas d’emprise, observés par une narratrice de choix (Béatrice Dalle) qui, dès le départ, sait comment se terminera notre histoire. Contextualisé par des dates ou événements marquants (l’élection de Mitterrand, les attentats du World Trade Center), le récit intemporel de « La bête dans la jungle » se veut moderne dans son approche, universel par son propos et sa finalité, introspectif et contemplatif.
Durée du film : 1h43
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 6 septembre 2023 De Patric Chiha – Avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier, Béatrice Dalle et Mara Taquin |
Légende
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