Jouant sur les apparences et la double temporalité, « Antebellum » dénonce le racisme qui fait encore rage aux Etats-Unis d’une brillante façon, nous immergeant tantôt en pleine Guerre de Sécession, tantôt dans la pénible réalité qui est celle d’Afro-américaines qui ont réussi mais doivent encore se battre pour être tolérées. Parfaitement réalisé, oppressant par moments, usant de proximité et de plans rapprochés pour révéler l’horreur et la souffrance d’opprimés, le film n’a en soit que peu de défaut si ce n’est celui de s’installer un peu trop longtemps avant de tout faire exploser. En s’ouvrant sur une citation de William Faulkner (« Le passé ne meurt jamais. Il n'est même pas passé ») qui se rappelle à nous à divers moments, le ton du métrage en donné. Produit par ceux qui avaient déjà financé les films « Get out » et « Us » de Jordan Peele, « Antebellum » surfe sur la même vague que ses cousins prodiges et aborde les mêmes dysfonctionnement la société américaine contemporaine. Formidable pamphlet politique porté avec brio par sa comédienne principale (l’actrice et chanteuse Janelle Monae), le film ne fera certainement pas l’unanimité, loin de là. S’il nécessite d’être lu comme une parabole et de ne pas être abordé au premier degré, le métrage souffre par moments de dialogues peu raffinés et de situations dispensables qui rallongent sa durée dans grande nécessité. Lent, « Antebellum » prend tout son temps pour installer son intrigue et présenter les nombreuses pièces de puzzle qui s’emboitent pour offrir un résultat final des plus bluffants. Nous poursuivant après sa vision, le film de Gerard Bush ouvrira les débats, se partagera sans que l’on ne puisse au préalable en dire quoique ce soit ni faire des références à d’autres films audacieux de la même lignée de peur de dévoiler ce qui ne pourrait l’être et tout divulgâcher. Car plus que l’histoire d’une auteure piégée dans un monde où l’horreur humaine est effroyablement présentée, « Antebellum » est une vraie et intelligente réflexion sur les travers de notre société, un film qui saura se faire apprécier par ceux qui auront laissé la chance au film de totalement se révéler et à propos duquel nous n'avons qu'une envie: échanger avec ceux qui auront répondu présents à l'invitation lancée. Date de sortie en Belgique/France : 9 septembre 2020 Durée du film : 1h46 Genre : Horreur/Epouvante
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