L’antichambre de la création Film sensoriel et captivant, « Shirley » de Josephine Decker est une expérience de cinéma comme on aime en vivre de temps en temps. Sombre et mystérieux, le biopic de la réalisatrice américaine se veut complexe et intelligent, féministe et intriguant, un croisement efficace entre l’histoire d’une écrivaine misanthrope et antipathique et celles d’une jeune colocataire en qui se fond l’héroïne de son nouveau roman. En poussant la porte de la demeure du couple Hyman/Jackson, Rose et Fred, deux jeunes mariés naïfs et enjoués ne se doutent pas une seule seconde qu’ils deviendront des objets d’étude privilégiés et des invités pervertis et manipulés… Lent et particulièrement prenant, le récit de « Shirley » s’articule autour de différents axes. Celui de la rencontre entre quatre personnages radicalement différents (Stanley et Shirley qui représentent l’excellence et la création alors que Fred et Rose la fraîcheur et l’ambition), aux caractères forts mais oscillants mais aussi de l’angoisse d’une écriture qui se veut de moins en moins inspirée, de la réclusion et le déni ou encore de la création d’une intrigue qui puise son inspiration dans la vie et le présent. Porté par une Elisabeth Moss qui crève l’écran, « Shirley » joue à la fois la carte du thriller psychologique, du drame et du récit biographique, mélange probant dont le résultat devient hypnotique et angoissant, à l’instar de l’univers littéraire de son héroïne acariâtre. Installé au début des années 50, moment où Shirley Jackson se lance dans l’écriture de son deuxième roman « Hangsaman », le récit permet de découvrir les mécaniques d’une écriture incertaine et bientôt frénétique mais aussi de cerner les événements qui permettront à deux femmes que tout oppose de se reconnaître l’une dans l’autre et de s’affranchir des rôles dans lesquels les hommes de la maisonnée les ont peu à peu enfermées. Tortueux, l’esprit de Shirley est magnifié par les traits et expressions d’une Elisabeth Moss qui se révèle dans l’un de ses meilleurs rôles. Admirable de bout en bout (de la rencontre de son personnage lors d’une fête où elle bouscule chacun de ses invités à son final formidablement amené), la comédienne parvient à se fondre physiquement dans la peau de l’inquiétante Shirley Jackson et à insuffler une folie, un génie créatif et un charisme des plus remarquables. Face à elle, la tout aussi concluante Odessa Young, reflet du miroir aux alouettes brandit par l’écrivaine, une jeune femme lumineuse prête à tout sacrifier pour exister et s’intégrer… La relation ambigüe qui se tisse entre les deux jeunes femmes et l’atmosphère malsaine qui plane par moments, à l’image des volutes de fumée qui embrume les pièces de vie, la fascination réciproque qui amène chacune d’elles vers un asservissement ou une libération de chaque instant révèlent tant de choses sur ces destins romancés (ou inventés) et les intentions dissimulées derrière cette biographie de grande qualité ! L’atmosphère gothique du métrage et sa sublime bande son, ses dialogues piquants et la mise en images fantasmagorique du roman démontrent ainsi tout le savoir-faire qu’est celui de Josephine Decker, une cinéaste que l’on découvre avec curiosité au même titre que son drame intime et lent mais totalement maîtrisé. Date de sortie en Belgique : 2 septembre 2020 Durée du film : 1h47 Genre : Drame/Biopic
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La petite fille et son ours… Il y a une légende amérindienne qui dit que nous naissons avec deux ours en nous. Un qui est le symbole de l’amour, la compassion, l’autre qui représente le mal et la peur. Au fil des ans, l’ours prend de plus en plus de place, mais lequel des deux aller vous « nourrir » et faire grandir… Si la légende est jolie à lire et à découvrir, vous comprendrez qu’en vous plongeant dans ce « Nouveaux Mutants » que cette métaphore va prendre tout son sens. En se réveillant dans un hôpital psychiatrique où Danielle va faire la connaissance de quatre autres jeunes mutants, la jeune fille est loin de s’imaginer que le potentiel enfoui en elle risque bien de créer un sacré bordel. Amateurs des films de la lignée d’ « X-Men », bienvenus dans la pouponnière austère des films de super-héros Marvel. « Les nouveaux mutants » ont certes l’air sympathique, leurs super-pouvoirs risquent bien de faire de jolis dégâts s’ils ne sont pas maîtrisés par les adolescents qui subissent leur drôle d’état. Pour ce (premier) volet des aventures de nos cinq mutants en devenir, Josh Boone s’appuie sur les récits inventés par le Britannique Chris Claremont, papa des X-Men de 1976 à 1991 mais aussi créateur de séries dérivées. Ayant déjà collaboré avec la Fox il y a quelques années, le réalisateur prend la direction d’un film de super-héros flairtant avec l’horreur, dont les sorties dans nos salles ont moultes fois été reportées. Frappé de la malédiction Deadpool, X-Men, Covid et…Tenet, le film a-t-il de solides arguments pour se frayer un chemin dans le cœur des spectateurs ? Oui… et non. Du côté des sujets qui fâchent, évoquons les effets spéciaux un peu foutraques et grossiers par moments que pour faire de ce spectacle un show de grande qualité. Le scénario est super convenu, son final se pointe à l’horizon dès la scène d’ouverture et le chemin a beau être agréable, il n’en reste pas moins, à l’image de sa bande originale (signée Mark Strong), d’un classicisme évident. Passé la présentation de nos six protagonistes, le film démarre enfin et s’offre quelques jolies scènes d’action appréciables en tous points, il est temps de découvrir qui/que sont ces nouveaux mutants. A la qualité de cette deuxième partie plus dense et davantage tournée vers l’action, nous ajoutons un casting de jeunes vedettes montantes qui excelle dans ce rôle peu évident d’adolescents en proie au questionnement et particulièrement charismatiques. En tête, la brillante Anya Taylor-Joy qui, une fois de plus, nous en met plus la vue et se démarque du reste par son aura et son jeu nuancé. A ses côtés, Charlie Heaton (Jonathan Byers dans « Stranger Things »), Maisie Williams (Arya Starck dans « Game of thrones »), Henry Zaga ou encore Blu Hunt, quatre jeunes comédiens tout aussi convaincants, le seul personnage « adulte » étant l’ambigu docteur Reyers, interprété par Alice Braga (bientôt à l’affiche du nouveau « Suicide Squad » de James Gunn). Abordant des sujets aussi divers et variés que la découverte de la sexualité, le racisme et les préjugés, la difficulté de se faire une place dans la société mais aussi l’importance de la peur et de l’appréhension d’une partie de soi que l’on ne choisit pas vraiment, « Les nouveaux mutants » s’adresse autant aux adultes qu’aux adolescents. Plutôt tourné vers un jeune public friant d’aventures de ce genre, le film de Josh Boone coche toutes les cases du cahier de charges inhérent à ce style de métrage mais le fait de façon plutôt efficace. Si on est à mille lieux de « Brightburn », on abord malgré tout la face sombre du super-héroïsme, un thème quelques fois développé dans la licence X-Men et abordé ici avec ingéniosité. Date de sortie en Belgique/France : 26 août 2020 Durée du film : 1h33 Genre : Super-héros/ Thriller/ Horreur Titre original : The new mutants
On fera l’impasse sur de nombreuses improbabilités scénaristiques (vitre qui ne se relève plus, smartphone non verrouillé mais hyperconnecté, etc.) pour retenir l’essentiel du propos. Russel Crowe est absolument inquiétant dans la peau de ce détraqué du volant. Gladiator se métamorphose en Exterminator pour le plus grand plaisir de ses fans. La pauvre Caren Pistorius est aussi convaincante dans le rôle de la proie sans cesse dans la ligne de mire de son bourreau. La tension monte au fur et à mesure que les coups deviennent de plus en plus violents…et mortels ! Quelques ellipses temporelles discrètes ne gâchent pas notre plaisir ou plutôt notre angoisse tout au long de l’évolution « en live ou presque » de ce véritable cauchemar. Le cinéphile se remémorera sans doute le bon vieux « Duel » de Steven Spielberg jouant sur le même terrain. Mais là où Spielberg avait réussi un thriller anxiogène basé surtout sur les non-dits et non-vus, cet « Enragé » qui surfe sur la même vague – une course poursuite sans fondement qui vire au cauchemar - triche un peu plus en usant de mille artifices et rebondissements qui ne sonnent pas toujours très juste. Cet « american movie » séduira les amateurs d’action et rebutera les plus terre-à-terre. Quoiqu’il en soit, vous ne prendrez plus la route de la même manière après avoir vu ce film ! Date de sortie en Belgique/France : 19 août 2020 Durée du film : 1h30 Genre : Action, thriller Titre original : Unhinged
Un pour tous… Marie, Christine et Bertrand, habitent tous les trois le même lotissement cosy. Prenant soin les uns des autres, habitués à de petits rituels et partageant chaque jour des moments de confidences, nos trois voisins partagent pourtant bien plus que leur lieu de résidence. Obnubilés par les apparences, ils se réfugient derrière de petits mensonges pour se donner bonne figure et embellir leur morne quotidien : Marie refuse d’avouer sa séparation, le départ de son fils et le chantage odieux dont elle est la victime, Christine sous-loue son logement pour obtenir des petites rentrées d’argent (son emploi de conductrice de luxe étant menacé par les mauvaises appréciations des clients) alors que Bertrand se surendette et drague les démarcheuses de vente à domicile… Au point mort dans leur vie affective, notre trio de choc, qui s’est formé lors d’une manifestation de gilets jaunes au rond-point du zoning commercial local, cumule les bourdes et se sent à la fois pris au piège de la société de (sur)consommation mais aussi d’une vie numérique qui ne leur sourit pas vraiment. Privés de tout et même de leurs données privées, nos trois compagnons d’infortune vont tenter de renverser le système et de reprendre le pouvoir sur un monde virtuel qui leur pourrit la vie… Libérés dans leur écriture, audacieux dans leur discours, Kervern et Delépine n’ont jamais fait dans la demi-mesure. « Mammuth », « Louise-Michel », « Saint-Amour » ou le récent « I feel good » suffisent à démontrer combien l’univers des deux scénaristes et réalisateurs est à mille lieues de toutes conventions et combien les deux compères n’ont jamais eu peur de faire preuve de dérision, au même titre que les comédiens qui les ont suivis depuis quelques années déjà dans leurs histoires absurdes et néanmoins attachantes. Car c’est bien de cela dont il s’agit : de films attachants, tantôt drôles, tantôt dramatiques, des métrages assez proches de notre quotidien pour que l’on s’y reconnaisse et assez caricaturaux que pour nous permettre de rire des situations abracadabrantes de notre quotidien (il suffit d’ailleurs de voir quelques scènes du film pour mesurer les démarches et gestes ridicules qui alimentent notre vie de consommateur et d’accro au numérique). Durant une heure trente, on rit de bon cœur, on se reconnait et on prend également conscience que notre société n’est décidément plus ce qu’elle était : sérivore, collectionneur de crédits à la consommation, revendeur professionnel sur sites de secondes mains, fan de data, victime de l’obsolescence programmée et des abonnements surpayés, nos propres visages désabusés apparaissent sous les traits de ces Marie, Christine et Bertrand terriblement réalistes et parfaitement dessinés. Il faut d’ailleurs reconnaître que le trio de tête (novice dans le cinéma de Kervern et Delépine au contraire d’habitués venus faire un petit coucou aux spectateurs amusés que nous sommes – coucou Benoit Poelvoorde, Bouli Lanners, Vincent Lacoste et Michel Houellebecq) a une réelle capacité à se fondre dans leurs personnages excentriques et à leur donner vie de façon empathique et concluante : Corinne Masiero, Blanche Gardin et Denis Podalydès sont tellement taillés pour ces rôles qu’on les quitterait presque le cœur remplit de chagrin tant leur complicité temporaire nous a fait énormément de bien. Finement joués, les dialogues truculents particulièrement bien amenés, nos trois personnages sont tellement plus que l’incarnation des dérives de notre société… Parfois tiré en longueur et versant par moments dans un excès qui frôlerait presque le carton rouge (reproche que l’on a déjà fait à d’autres métrages du duo infernal), le film parvient pourtant à jongler entre drôleries et tristesse, entre caricature et délicatesse. Son humour caustique et décapant, ses personnages tendres et émouvants, sa critique assumée de notre société et des déviances de notre époque font de ce « Effacer l’historique » une jolie réussite qui fait du bien, un film que l’on a envie de défendre et de recommander. Pas étonnant d’ailleurs qu’il ait été récompensé d’un Ours d’Argent particulier en février dernier ! Envie d’un peu de fraîcheur et de découvrir une comédie dramatique décomplexée ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire et où vous rendre cette dernière semaine de vacances d’été. Date de sortie en Belgique/France : 26 août 2020 Durée du film : 1h45 Genre : Comédie
Mais à force de faire saliver les plus impatients d'entre nous, la pièce maîtresse livrée aux aficionados du grand Nolan, objet de toutes les convoitises, de toutes les espérances ne finirait-elle pas en soufflé ? Nous sommes au regret d’écrire que si le grand Chef britannique a toujours su nous surprendre avec sa cuisine moléculaire, nous nous sommes cette fois peu rassasiés. Le produit est magnifique visuellement, maîtrisé de bout en bout, il n’en reste pas moins trop artificiel et compliqué que pour pleinement le savourer. Retour sur ce « Tenet » beaucoup trop et inutilement alambiqué... Un principe qui dépasse tout entendement Prononcer le célèbre palindrome estampillé Nolan suffisait à lui-même pour faire tressaillir ses nombreux fans … et ses plus fervents détracteurs. N’appartenant ni à l’une ni à l’autre de ces catégories, nous n’avons pour autant pas boudé notre plaisir lorsque nous avons franchi la porte de la salle Imax qui allait nous emporter dans 2h30 de voyage temporel dont seul Christopher Nolan a le secret (et les explications qui vont avec). Mais force est de constater qu’une fois de plus, le scénariste et metteur en scène multirécompensé a voulu faire montre d’un savoir-faire et d’une inventivité extrême en oubliant l'essentiel: s’adresser à ses spectateurs et à les inclure dans son procédé. Alors que l'on pensait découvrir un film d’espionnage sur fond de Troisième guerre mondiale (nucléaire ou pire encore…), Nolan nous emporte à nouveau dans une spirale infernale qui nous retourne la tête (et nos neurones) dénuée d’émotions. Il faut dire que le curseur de la limite des possibles est à nouveau poussé au maximum et nous sortons de la séance éprouvés, déroutés et particulièrement partagés. Si on ne remet absolument pas en cause le casting quatre étoiles qui nous en met plein la vue et assure le show de bout en bout (mention spéciale à John David Washington qui n’a plus à prouver qu’il a tout des grands, Robert Pattinson qui trouve ici un nouveau rôle d’envergure et à Elizabeth Debicki qui parvient à exister et s’imposer dans cet univers masculin et labyrinthique) ni la réalisation minutieuse et le montage finalisé au cordeau, on déplore cette manie qu’à Nolan de vouloir créer des arcs et des spirales dans un scénario principal dont les contous sont déjà compliqués à cerner. « Inception » vous avait déjà perdu en chemin ? « Interstellar » avait créé le débat auprès de vos amis ? Attendez de découvrir « Tenet » et ses improbables et interminables matriochkas scénaristiques qui se téléscopent et s'emboîtent sans jamais en finir. Tantôt cohérents, tantôt incompréhensibles, les choix de Christopher Nolan auraient gagné à plus limpides, plus lisibles, épurés et moins prétentieux… car à force de vouloir trop en faire, à en mettre plein la vue, on se détache d'un élément vital : offrir un spectacle magistral grandeur nature mais nous y inclure ! Si les deux premiers tiers du film nous permettent de nous raccrocher à quelques corniches branlantes mais assez solides que pour ne pas tomber dans l’incompréhension totale, son final trop WTF nous rappelle que Nolan aime décidément montrer qu’il sait, qu’il fait autrement que les autres, poussant l’expérience cinématographique à un paroxysme qui demandera maintes visions pour en maîtriser tous les tenants et aboutissants. Oui mais voilà… On sort de la séance la tête tellement retournée qu’on n’a pas spécialement envie d’y retourner et que notre expérience restera unique et que l'on n'aura pas envie de la réitérer. On parie d’ailleurs que de nombreux tutos ou autres articles viendront nous donner des clés de lecture nécessaires à l’appréciation totale du métrage, add on qui prouveront une fois de plus que Nolan a préféré se faire plaisir et aller au bout de son délire plutôt que de considérer ses spectateurs et les impliquer dans ce film d’action so huge. « N’essayez pas de comprendre. Ressentez-le » Comme souvent, on reproche au métrage d’être trop long, de ne pas avoir su trouver un juste milieu entre performance et plaisir (bien que l’on comprenne clairement que Nolan n’a pas boudé le sien au point d’y inviter un Michael Caine totalement dispensable et de transformer Kenneth Brannagh en vilain méchant russe). Faut-il être Docteur ou doctorant en physique nucléaire et quantique pour cerner tous les contours de son nouveau film ? Il semblerait oui. Mais que l’on se rassure, les spectateurs que nous sommes apprécions malgré tout les jolies trouvailles en matière d’effets spéciaux (dommage que Nolan en use et en abuse) qui permettent à l’originalité de son intrigue d’être portée de bout en bout dans un crescendo allant vers une apothéose numérique confuse… mais de grande, grande qualité ! De même son montage, confié ici par Jennifer Lame (et non plus à Lee Smith avec qui Nolan a longuement collaboré) permet au film de gagner en intensité, à éclaircir l'enchevêtrement narratif et à rendre ce film de scénariste plus abordable du moins, dans une grande partie. C'est que "Tenet" n'est pas seulement un condensé des principes chers à Christopher Nolan (la dualité et la notion de double est à nouveau présente, de même que la perception du monde altérée pour ses protagonistes comme pour ses spectateurs, les règles qu'il ne faut pas enfreindre et l'importance des objets, artefacts d'un monde qui subsiste ou se révèle selon le point de vue qu'on leur accorde), c'est l'apothéose d'un processus mis en place film après film, d'une vision cinématographique expérimentale et propre à son auteur, un objet cinéphile qui se contemple plus qu'il ne se comprend... Onzième long-métrage de Nolan (y avait-il meilleur symbole pour appuyer le palindrome du titre?), "Tenet" se vit sur grand écran (de préférence en Imax pour mesurer pleinement les proportions choisies minutieusement) si l'on veut mesurer toute la technicité de son artisan. Si l’on préfère très nettement taire le principe de la machinerie « Tenet » (en toute honnêteté, serions-nous d’ailleurs capable de vous la résumer), ses quelques éléments survolés et dispensables ainsi que son final (déjà vu et aux limites et appréciations diverses et variées), on ne saura néanmoins que vous conseiller de vous lancer dans ce bain à remous sans fond dans lequel œuvre magistralement un cast que l’on salue grandement tant la performance vaut à elle-seule le détour par nos salles, et de vous munir d’une bonne dose de courage et d’une aspirine (ou deux) pour affronter ces 2h30 de film qui, pour notre part, nous a finalement déçu par son manque d'empathie et d'émotion. Et si Christopher Nolan se sortait un peu la main du pantalon et nous la tendait pour que l’on puisse réellement apprécier ses innovations ? Date de sortie en Belgique/France : 26 août 2020 Durée du film : 2h30 Genre : Espionnage/Action
Un film qui ne séduira que par son atmosphère et son casting et qui laissera les amateurs du genre perplexes et frustrés. A louer : Magnifique villa avec vue sur la mer Très classique dans son approche et dans sa réalisation, « The rental » se laisse regarder mais n’est absolument pas le film d’horreur de l’été. Présenté comme tel, le film de Dave Franco s’apparenterait plutôt à une parodie comico-thriller-horrifique tant ses changements de ton oscillent entre stress et situations comiques. Le réalisateur américain foire-t-il sa mise en scène ou désire-t-il vraiment la rendre légère et décalée ? Difficile de se prononcer… A l’instar de son scénario très simple et peu surprenant, le film offre finalement peu d’intérêts à se mettre sous la dent. Impliqués pour on ne sait quelle raison dans une histoire de règlement de comptes sadique, deux couples de jeunes américains voient leur week-end de rêve se transformer en cauchemar éveillé alors qu’ils louaient une somptueuse villa des plus sympathiques. Si les premiers contacts avec le responsable de la location sont plutôt frileux et tendus, ce n’est rien à comparer avec l’accueil qui leur sera réservé et aux événements qui attendent nos quatre locataires de plus en en plus tendus. Mené tambour battant par un casting des plus correct (Dan Stevens, Sheila Vand, Jeremy Allen White, Alison – Franco – Brie, épouse de… et Toby Huss) le film déroule son intrigue de façon très linéaire… sans que l’on ne comprenne jamais les motivations et les raisons du carnage qui nous attend. Passable mais loin d’être un must see, « The rental » offre une belle vue sur la côte mais déçoit par ses installations et le soin accordé à ses occupants… Suivant ! Date de sortie en Belgique/France : 19 août 2020 Durée du film : 1h28 Genre : Thriller/Horreur
La maîtrise technique assure mais on ne prend aucun plaisir à découvrir les aventures de nos cinq acolytes catapultés dans un monde à mille lieues de ce qu’on a toujours aimé. On a perdu la Mystery Machine sur la route de la modernité… Retrouver Scooby Doo, Sammy, Fred, Véra et Daphné dans de nouvelles folles aventures, cela faisait rêver. Mais passé les premières vingt minutes (qui laissaient présager le meilleur), « Scooby ! » se prend les pieds dans un tapis et ne cesse de dégringoler vers un puit sans fond de stupidité. L’apparition d'autres personnages issus de l’univers d’Hanna-Barbera, celle de Simon Cowell (le célèbre juré de Britain’s Got talent) et les imbroglios scénaristiques qui nous font hausser les yeux à de (trop) nombreuses reprises desservent le monde si loufoque qui nous est cher, désacralisant totalement ce qui faisait le sel de notre enfance ou celle de nos parents. La rencontre entre Scooby et Sammy/Shaggy, la première enquête de notre jeune team font peu à peu place à une intrigue remplie de robots menaçants, de super-héros décevant, de faux méchant, de rebondissements qui n’en sont pas vraiment, une histoire psychédélique qui amuseront peut-être les plus jeunes mais qui dérouteront les fans de la première heure, les fausses bonnes idées s'enchaînent sur une grosse heure trente qui n'en fini pas de passer. Bien sûr, on retrouve avec délice le célèbre générique « Scooby-Doo, where are you », la mythique Mystery Machine, Fred, Daphné, Véra/Velma et notre tandem un peu foireux mais les madeleines de Proust sont vite avalées et la suite nous écœure tant les mauvais choix s’entassent comme la viande d’un triple cheeseburger que seul Scooby et Sammy pourraient inlassablement ingéré par simple gourmandise… Esthétiquement réussi, « Scooby ! » allonge la liste des nombreuses adaptations du comics créé il y a plus de 50 ans mais n’est pas parvenu à négocier une approche moderne d’un sujet qui avait tant à donner. Le lifting est beau mais, à l’image de certains visages de star trop fake et sans émotion, ne séduit pas assez par son fond. Bref... vite vu, vite oublié. Date de sortie en VOD : 6 août 2020 Durée du film : 1h34 Genre : Animation
Aussi, « L’affaire Collini » nous apparaît comme étant un choix judicieux pour qui se passionne par les affaires judiciaires de qualité… mais pas que, car le film va plus loin ! Il permet d’aborder des thèmes aussi variés que les fautes d’un système judiciaire qui peine à se reconstruire et qui ne se range pas toujours du côté des victimes ; et la réhabilitation d’une Mémoire qu’on ne peut oublier. Le droit de se venger ? Il nous est très difficile de vous parler de ce film sans gâcher la surprise. Et c’est d’autant plus dommageable que même la bande annonce et l’affiche française du film en montrent trop, puisque l’enjeu majeur du film repose sur cette incompréhension : Pourquoi Fabrizio Collini - après s’être fait passer pour un journaliste-, a-t-il assassiné Hans Meyer, un industriel de la haute société allemande de quatre balles dans la tête et d’une agression violente post-mortem ? Proche d’un excellent épisode de Columbo dont on sait pertinemment qui est le meurtrier, le véritable enjeu ici est de découvrir le mobile de celui qui s’est lui-même dénoncé ! Adaptation sur grand écran du roman de Ferdinand von Schirach, « L’affaire Collini » offre à son réalisateur Marco Kreuzpaintne la possibilité de croiser habilement la grande Histoire, la fiction et une disposition juridique allemande abominable qui porte le nom de loi Dreher (1968) et dont nous tairons la portée afin de préserver les enjeux. Car oui, à moins de s’intéresser au livre déjà paru, le début du film se montre assez mystérieux. Puisque tout individu est juridiquement innocent avant le jugement de son procès, c’est l’avocat commis d’office Caspar Leinen (très convaincant Elyas M'Barek) exerçant au barreau depuis à peine trois mois qui sera chargé de faire la lumière sur cette affaire. Sauf que l’avocat connaissait la victime et c’est probablement un des seuls reproches du film (certainement inhérent au roman) tant on se dit que les « coïncidences » font bien les choses. Malgré le caractère extrêmement violent de l’affaire et la proximité du jeune avocat avec la victime, ce dernier ne tarde pourtant pas avant d’enfiler sa robe pour défendre celui qui ne veut pas être défendu. Bien sûr, le réalisateur de ce film de deux heures balade tout de même un peu inutilement le spectateur puisqu’il se penchera longuement (trop ?) sur l’enfance et l’adolescence de l’avocat au contact direct de la victime afin de bien nous faire comprendre l’ascenseur émotionnel que son héros emprunte. Vous le comprenez aisément, un des nombreux enjeux concerne le va-et-vient entre l’Histoire et la fiction à travers le prisme de la vie personnelle de Leinen. Quand le passé laisse une cicatrice dans le présent Ce film, très réussi sur le plan de la réalisation, doit beaucoup à sa très belle photographie et à la caméra qui sait magnifier ses personnages et capter les décors et l’environnement parfois oppressant lié à la Mémoire. Aux côtés de l’excellent premier rôle, nous retrouvons la talentueuse Alexandra Maria Lara dans le rôle de la petite fille de Hans Meyer, mais aussi Franco Nero dans le rôle périlleux de Fabrizio Collini. Tous ces acteurs, et les autres qui appartiennent à la distribution, permettent au film de gagner en épaisseur. Il nous est difficile d’en dire plus. D’ailleurs, nous vous recommandons de ne pas trop investiguer sur le sujet car vous compromettriez l’effet de surprise ! « L’affaire Collini » est un film visuellement beau de par ses voyages intérieurs et extérieurs. De plus, il doit beaucoup aux talents conjugués de ses acteurs qui délivrent aux spectateurs une belle émotion. Et comme si cela ne suffisait pas, il a en lui les germes d’un formidable plaidoyer contre l’oubli... nouvelle preuve que le cinéma allemand n'est jamais aussi bon que lorsqu'il nous parle de son Histoire et réalise un devoir de mémoire. Date de sortie en Belgique : 12 août 2020 Date de sortie en France : 25 novembre 2020 Durée du film : 1h56 Genre : Drame/Thriller Titre original : Der Fall Collini
Les points communs entre ces deux métrages ? Ce sont tous deux des films pensés par des femmes et présentant des destins féminins, des rencontres entre deux générations différentes qui se complètent et permettent une nouvelle vision des choses. Mais cette fois, ce n’est pas l’univers de la télévision qui plante le décor de ce « High Note » plutôt réussi. Grâce à Nisha Ganatra et sa scénariste Flora Greeson, c’est dans le monde des labels musicaux et des tournées que nous entrons avec curiosité. Moi je veux mourir sur scène… Grace Davis est une grande chanteuse ultra populaire. Enchaînant les concerts et attirant les foules à chacun de ses déplacements, la vedette vit à 100 à l’heure entre Los Angeles où elle réside dans une sublime villa et les scènes (inter)nationales qui continuent de s’offrir à elle. Oui mais voilà, Grace a beau avoir une liste énorme de succès notoires derrière elle, cela fait 10 ans qu’elle n’a plus enregistré un seul nouvel album (si ce ne sont des live ou best of commerciaux), ses producteurs et agents préférant la voir reprendre ses standards réclamés par ses fans et les propriétaires de lieux mythiques comme la salle du Caesars Palace où se produisent les plus grandes stars. Icône de la musique américaine, Grace se complaît dans ce rôle de chanteuse à succès jusqu’à ce que les rêves de son assistante Margaret lui ouvrent la porte d’autres possibles. Maggie, première fan de la chanteuse et au service de la diva depuis près de 3 ans, a toujours évolué dans le monde la musique. Sa culture impressionnante dans ce domaine et son indéniable savoir-faire en matière d’arrangement la confirment dans cette envie de produire le prochain album d’une Grace Davis dont le talent s’éteint à force de répéter l’inlassable et indémodable show. Les grandes lignes du scénario sont écrites et on se doute d’emblée que le chemin sera difficile et le final plutôt classique. Résolument positif, tantôt drôle ou dramatique, « La voix du succès » est un film de belle facture même s’il sort finalement peu du lot des films du genre. Facilités scénaristiques, happy end, obstacles, réussites et déceptions viennent ponctuer le métrage d’une Nisha Ganatra que l’on a vue plus inspirée. Si la réalisation reste maîtrisée et le casting de qualité, on regrette le manque de prises de risque et le côté très conventionnel de cette histoire déjà vue maintes fois. Par chance, le tandem composé par Tracee Ellis Ross (la fille de Diana Ross) et Dakota Johnson fonctionne à merveille. La relation entre l’assistante et la vedette est loin d’être conflictuelle et les petits apartés révèlent les sentiments et les ambitions profondes des deux femmes de caractère. De même que l’apparition de personnages secondaires (celui de David interprété par Kelvin Harrison Jr. et du père de Maggie – on est heureux de retrouver ici Bill Pullman) permettent de cerner un peu plus les contours du personnage principal qu’est celui de Margaret et de donner un peu de profondeur à son histoire personnelle. Hormis cela, difficile de dire ce qui ressort du lot tant le film est lisse et plutôt téléphoné. Tourné à Los Angeles (on reconnait d’ailleurs certains lieux mythiques comme le bâtiment de la maison Capitol Records ou le Sunset Strip), le film nous immerge dans un univers encore confidentiel où les enjeux économiques ou égocentriques prennent le dessus sur les initiatives artistiques. Un film plutôt classique bien que très agréable à suivre où création, bienveillance et ambitions se coordonnent autour d’une voix. Date de sortie en Belgique : 12 août 2020 Date de sortie en France : 14 juillet 2020 Durée du film : 1h54 Genre : Comédie, Musical Titre original : The High Note
Toujours aussi intrigante et merveilleuse, l’histoire nous entraîne dans le domaine de Misselthwaite où Mary vient de s’installer après avoir vécu quelques années en Inde aux côtés de ses parents à présent défunts. La demeure austère et la dureté de Mrs. Medlock (Julie Walters) minent le morale de la petite Mary (la jeune Dixie Egerickx ) au caractère bien trempé, une enfant solitaire qui a toujours su s’évader dans les rêveries et les histoires qu’elle aimait conter à ses poupées. Alors, lorsque la fillette rencontre Hector, un chien errant qui la guide jusqu’au seuil d’un jardin magnifique où les peines et la tristesse s’oublient le temps d’un instant, son monde s’illumine, tout comme son petit cœur qui semble se remettre à battre. C’est le début des aventures extraordinaire de Mary dans le fameux jardin secret… Si on se base sur les souvenirs de la version de 1994, on distingue très vite quelques différences majeures qui ne sont pas dénuées d’intérêt. Donnant un peu plus de profondeur au drame familial et aux conséquences qu’il a eu sur la famille de Mary et de son oncle Archibald Craven (Colin Firth), ce choix permet aussi une belle évolution des sentiments de chacun et un final plus émouvant. Les effets spéciaux sont largement réussis et la magie opérée par le jardin se transpose aisément à l’écran, illuminant le récit et nos visages à chaque entrée dans cet espace enchanteur et charmant. En se liant d’amitié avec Dicken (un jeune garçon très proche de la nature) et son cousin Colin (dont la maladie ronge son corps et les derniers espoirs qui lui restent), la petite fille s’ouvre au monde, découvre la joie d’être en vie et de partager de jolies aventures où les adultes sont totalement absents, si ce n’est dans les souvenirs (douloureux) des trois amis. Efficace, le film aurait pu exploiter davantage les personnages de Martha, Mrs Medlock ou Archibald mais n’en reste pas moins une nouvelle relecture agréable d’un récit que l’on connaissait déjà. Joli divertissement s’adressant aux plus jeunes membres de la famille, le film de Marc Munden apporte un peu de fantaisie et de couleurs dans nos salles un peu tristes par le manque de fréquentation de son public et nous permet de nous évader à notre tour dans un monde imaginaire que l’on aimerait à notre tour pouvoir explorer. Date de sortie en Belgique : 12 août 2020 Durée du film : 1h40 Genre : Familial Titre original: The secret Garden
Basé au cœur d’un Madrid en léthargie sous le poids de la chaleur estivale, le récit de Jonas Trueba se centre sur l’histoire de Eva, une jeune madrilène restée « au pays » pour découvrir sa ville sous un angle neuf. Habitué à conter des intrigues plutôt masculines, le réalisateur s’est tourné vers sa comédienne principale (la brillante Itsaso Arana) pour écrire à quatre mains l’histoire particulière d’une Eva attirante en proie au renouveau et cela fonctionne merveilleusement bien ! Alors que tous les résidents locaux ont pris la poudre d’escampette, Eva s’installe dans un petit appartement prêté par un ami pour une quinzaine de jours, le temps nécessaire pour la jeune trentenaire de faire le tour de sa vie, de découvrir avec un regard neuf cette ville qu’elle croit si bien connaître. Rythmée par les fêtes religieuses qui attirent la foule, Madrid devient l’espace d’un instant un grand village dans lequel on croise les mêmes regards, les mêmes personnes, des amis éphémères ou d’anciens amants, on l'on se perd dans des expériences artistiques intrigantes ou des rencontres pour le moins étonnantes. Plus que l’histoire d’Eva, c’est la ville et la vie avec un grand V qui sont au cœur du cinquième long-métrage de Jonas Trueba, un metteur en scène dont on ne connaissait rien mais qui éveille notre curiosité et nous incite à nous plonger dans les récits dans lesquels on aimerait errer. La proximité des lieux de vie et l’accueil chaleureux des personnages rencontrés, l’évolution nonchalante d’Eva dans une ville qu’on découvre pas à pas, de places rafraîchies par l’air du soir aux bodegas, on se promène dans une vie banale où l’inconnu s’offre à qui se laisse surprendre… et on se délecte de ce métrage délicieux, loin d’être révolutionnaire mais tellement lumineux. En se réappropriant sa vie et en s’ouvrant à des expériences nouvelles, en changeant de lieu de vie et de point de vue, Eva revit, se ressource et se redécouvre, avec simplicité et profondeur, avec délicatesse et énormément de cœur. Belle invitation au voyage dans un Madrid surprenant ou dans un souffle de vie que l’on savoure pleinement, « Eva en aout » est une jolie surprise espagnole qui s’ancre parfaitement dans les sorties ciné du moment. Date de sortie en France : 5 août 2020 Durée du film : 2h02 Genre : Drame Titre original : La virgen de agosto
Sorti il y a près d’un an en Italie, le premier long-métrage de Leonardo d’Agostini avait séduit une large partie de son public et on le comprend aisément : remplie de good vibes, son histoire est une rencontre entre deux mondes que tout oppose, un récit sympathique porté par deux comédiens lumineux duquel ressort une réelle empathie. A la rencontre de Valerio Pour son premier long-métrage, Leonardo d’Agostini nous entraîne dans le monde du football, où gloire, argent et admiration ravagent tout sur leur passage, des artifices derrière lesquels évoluent des vedettes du ballon rond qui n’ont de réelle existence qu’à travers l’image qu’elles renvoient et parviennent rarement à rester fidèles à elles-mêmes. Sous les feux des projecteurs 24h/24, sans cesse sollicité par les fans de l’AS Roma, Christian ne dérobe pas à la règle. Footballeur adulé et vedette de son club, le jeune homme a, semble-t-il, tout ce dont il peut rêver: une jolie carrière, des salaires à faire tourner la tête, des potes omniprésents et débonnaires, une collection de Lamborghini à faire pâlir de jalousie les plus grands millionnaires et une équipe de choc pour gérer ses transferts, … mis à part le bac, il ne manque pas grand-chose à ce sportif de haut niveau. Et c’est justement ce dernier point qui fera l’objet d’un chantage organisé par le président de son club : à force de le voir défrayer la chronique et de lire ses dernières frasques dans tous les tabloïds, le dirigeant lui impose un deal non négociable : Christian adopte une discipline irréprochable et obtient son bac ou il raccrochera ses crampons et sentira le gazon… depuis le banc de touche. Qui de mieux qu’un professeur d’Histoire/philosophie un tantinet désuet dans son mode de vie pourra l’aider à y parvenir ? Christian s’offre les services d’un enseignant aux contours un peu flous, un homme à l’opposé de son univers et qui changera sa vie du tout au tout… Marquée dans notre adolescence par le film de Gus Van Sant « A la rencontre de Forrester », nous chérissons depuis toujours les films où professeur et élève(s) s’accordent pour accomplir un dépassement de soi ou découvrir une nouvelle approche de ce que la vie a de beau à offrir. Particulièrement concernée par cette thématique, nous avons, de ce fait, de nombreuses attentes face à ces métrages qui, dans un fond plus ou moins révélé, ont de belles valeurs à distiller. « Le défi du champion » fait indéniablement partie des réussites du genre. La complicité qui anime Christian et Valerio, l’appréhension qu’ont chacun des protagonistes pour leurs mondes, leurs fêlures ou leurs passés, leurs apparences trompeuses ou leurs réalités fonctionne sincèrement et font du métrage un feel good movie dont on sort ragaillardis. “Qui ne continue pas à apprendre est indigne d'enseigner.” Basée sur l’histoire de Mario Balotello, le joueur de l’AC Milan qui s’était attiré le chaperonnage d’un ancien policier, « Le défi du champion » a beau se dérouler dans le monde du ballon rond, il n’en reste pas moins un thème universel que l’on peut rencontrer à différentes échelles. Ici, Christian et son professeur partagent tellement plus qu’un contrat et quelques leçons que la rencontre en devient riche et belle et la complicité entre les deux personnages principaux essentielle. Si l’éducation a encore de nombreuses missions à remplir, celle de réancrer nos jeunes à la réalité ou de transmettre des valeurs d’empathie et d’accomplissement de soi sont de nos jours certainement les plus difficiles à communiquer et à faire aboutir. Le film de d’Agostino le montre bien. Loin de tout discours moralisateur, il dépeint une réalité, un univers parfois carnassier où il est tentant de devenir quelqu’un d’autre et de combler un vide, une solitude par des subterfuges qui ne pourront malheureusement durer. Porté par deux comédiens de talent ( Andrea Carpenzano que l’on découvre dans un rôle taillé sur mesure et Stefano Accorsi que l’on prend plaisir à retrouver ici), le premier long-métrage de Leonardo d’Agostini est une jolie réussite qui saura amuser et émouvoir, un film que l’on a réellement apprécié voir. Date de sortie en France : 5 août 2020 Durée du film : 1h45 Genre : Comédie dramatique Titre original : Il Campione |
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