Note du film : 6/10 (par François) Résumé du film : Ex-interrogatrice de la CIA, Alice Racine est rappelée par son ancien directeur, Bob Hunter, pour déjouer une attaque imminente sur Londres. Face à un adversaire brutal et tentaculaire, Alice reçoit l’aide providentielle de son ancien mentor, Eric Lasch et d’un membre des forces spéciales, Jack Alcott. Mais elle réalise rapidement que l’agence a été infiltrée. Trahie et manipulée, elle va devoir inventer de nouvelles règles pour faire face à cette conspiration. Avis du film : Sorti dans nos salles mercredi 31 mai, « Conspiracy » nous avait pas mal intrigué. La faute à une bande annonce ultra convaincante, bien rythmée et au casting fort alléchant. Jugez plutôt : Noomi Rapace, Orlando Bloom, Michael Douglas, et le désormais le trop rare John Malkovitch, excusez du peu ! Sur le papier, nous étions en droit d’attendre un petit bijou du film d’espionnage sur fond de terrorisme. Mais dans les faits ? Ne tergiversons pas, c’est clairement la douche froide ! La cause ? Un scénario hautement improbable fait d’invraisemblances, et pire, d’une grossièreté dans son traitement. Pourtant le film commence vite et bien mais rapidement, nous sommes les témoins impuissants d’une paresse d’écriture, d’une simplification outrancière afin de garder un rythme constant. Le réalisateur Michael Apted sacrifie la complexité inhérente à l’histoire de son film sur l’autel de la rapidité et de l’efficacité. Et tout le problème du film réside dans ce constat. Soit le réalisateur a en tête de réaliser un film d’action où on ne s’attarde pas trop sur scénario, soit c’est l’inverse. Vous aurez compris le problème ! Ici, Michael Apted semble changer très vite de trajectoire au détriment de la qualité générale. C’est d’autant plus dommageable que l’histoire met en lumière l’extrémisme radical sous un jour moins conventionnel et avons apprécié la vision du réalisateur qui sort clairement des sentiers battus... Enfin ça c’est avant la scène finale qui tourne en grand n’importe quoi ! En effet, nous ne comprenons pas bien les motivations du « grand méchant ». Et lorsque nous regardons l’ensemble, les pièces de ce puzzle cinématographique ne semble pas toutes s’emboiter. À la clé, avec des choix scénaristiques différents, nous aurions pu avoir un film assez éloigné des productions habituelles cent fois vues, sans pour autant perdre en dynamisme. Pour le reste, nous n’avons pas grand-chose à reprocher à ce film d’action dont la distribution solide se met au service d’une réalisation efficace… Mais l’efficacité aurait été totale si l’intrigue n’était pas tombée dans un ramassis de clichés et une paresse scénaristique aussi flagrante. « Conspiracy » est le film idéal pour une sortie ciné de relâche totale où la réflexion restera au placard, au risque de regretter la dépense et la perte de temps… A bon entendeur. Date de sortie en Belgique/France : 31 mai 2017 Durée du film : 1h38 Genre : Thriller Titre original : Unlocked
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Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Nassim est en première dans un grand lycée parisien et semble aussi insouciant que ses copains. Personne ne se doute qu’en réalité, il vient de perdre sa mère et rentre chaque soir dans un foyer. Malgré la bienveillance de la directrice, il refuse d’être assimilé aux jeunes de ce centre. Tel un funambule, Nassim navigue entre ses deux vies, qui ne doivent à aucun prix se rencontrer... Avis : « De toutes mes forces » est sans aucun doute la bonne surprise de cette fin de mois de mai. En effet, si Yolande Moreau n’y tenait pas un rôle principal, il y aurait de fortes chances pour que l’esquive et que l’on passe a côté. Quelle erreur cela aurait été ! Le film de Chad Chenouga, scénariste et réalisateur de plusieurs courts métrages, est en réalité l’adaptation revue et corrigée de sa pièce « La niaque ». Après « 17, fleur bleue », sorti en 2001, le cinquantenaire propose un deuxième long-métrage maîtrisé et percutant. A travers l’histoire de Nassim, on porte un regard affûté sur la vie des foyers pour jeunes en détresse. Dès son arrivée, l’adolescent se voit confronter à une bande de jeunes en perte de repères, portant tous un lourd passé sur leurs frêles épaules. D’apparences robustes, ces fortes têtes ont pourtant de nombreuses failles, à commencer par une adaptation difficile dans une société où ils peinent à trouver leur place. Pour Nassim, il est difficile de faire son deuil, d’entrer dans une nouvelle vie, de « devenir » quelqu’un d’autre et de le cacher à ceux qu’il connaît depuis toujours. Mais peut-on toujours avancer masqué dans la vie ? Rempli de culpabilité et de colère refoulée, l’adolescent qui avait déjà beaucoup (trop) de responsabilités, va à présent devoir se gérer « seul » et affronter un univers qu’il n’était peut-être pas prêt de rencontrer. C’est au jeune Khaled Alouach, totalement inconnu des grands écrans, qu’a été confié ce rôle délicat et tellement fort. Totalement impliqué dans son rôle, l’acteur en devenir nous offre une justesse de jeu et des émotions véritables qui marqueront très certainement un grand nombre de spectateurs. Le film vaut d’ailleurs le détour ne fut-ce que pour assister à cette belle révélation ! Yolande Moreau, très humaine, est le visage amical du film, notre argument phare parce qu’il faut l’avouer, on l’adore! Ici encore, la comédienne et cinéaste belge incarne la douceur, la justesse, la justice et tient un joli rôle d’envergure, taillé sur mesure pour cette actrice exceptionnelle. Vraie valeur ajoutée, elle constitue un bel appui face à ces jeunes acteurs débutants mais déjà très convaincants. Directrice du centre, elle aura pour mission de maintenir le cap auprès de nombreux de ses petits protégés et inculquer des règles qu’il est tentant d’enfreindre. Dans la même veine que le très joli et remarquable « Ma vie de courgette », « De toutes mes forces » nous propose une authenticité réelle, tant dans les propos du film que dans le jeu tous ses acteurs : Daouda Keita, Sabri Nouioua, Myriam Mansouri, Laurent Xu ou encore Jisca Kalvanda nous font vivre de belles émotions ! Tous ces jeunes en difficultés se renferment, cohabitent difficilement et, comme dans la vie, partagent avec nous leurs petites joies ou leurs grandes peines, leurs satisfactions et leurs déceptions, leur solitude et leur entraide. Pourtant, quelques uns d’entre eux, dont Nassim, refusent les aides qui leur sont proposées car elles renvoient sans doute à une précarité affective, sociale, familiale ou éducative. Sa fuite en avant, Nassim la trouve dans le mensonge ou dans la douleur du souvenir de sa maman. Le point de rupture de son équilibre n’est pas loin… parviendra-t-il à le maintenir ? Le film de Chad Chenouga est un film sur la vie, les difficultés que rencontrent certains jeunes démunis. On s’en sort, on survit ou on se laisse vivre et on s’enlise… Certaines scènes, très impressionnantes, nous renvoient d’ailleurs à une certaine réalité. Film choc, il est presque d’une utilité publique et ouvrira peut-être les portes d’une compréhension, d’une tolérance plus importante à l’égard de ces jeunes « déstabilisés »… Dur mais terriblement humain « De toutes mes forces » nous offre une belle réalisation et un moment de cinéma intense, même si le scénario est plutôt attendu. On fera fi de ces quelques défauts mineurs pour se laisser porter par ce film où de liens forts se tissent entre les personnages mais aussi avec les spectateurs… Et si en prime, on a la possibilité de découvrir de nouveaux acteurs prometteurs (dont le performant Khaled Alouach), pourquoi s’en priver ? Date de sortie en Belgique : 31 mai 2017 Durée du film : 1h38 Genre : Drame Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Antonia Santiago Amador a été l'une des plus grandes stars mondiale du flamenco. Dans les années soixante et soixante-dix elle a défrayé la chronique avec son style innovant et des rythmes à couper le souffle. Mais au plus haut de sa carrière, elle a soudainement disparu de la scène. « La Chana » donne un aperçu dans le cœur et l'âme de la danseuse gitane qui, après deux décennies, est de retour sur le podium, assise, mais toujours avec le jeu de jambes impressionnant. Dans cette histoire fascinante sur la créativité, le temps qui passe et la persévérance, « La Chana » montre le contraste entre l'artiste sur scène, et la femme dans sa vie quotidienne. Avis : Des talons qui frappent le sol dans une cadence incroyablement rapide, voilà ce qui ouvre le documentaire consacré à la Chana. Durant près d’une heure trente, Lucija Stojevic nous fait entrer dans l’univers de la plus grande danseuse de flamenco. Impressionnante et si modeste, Antonia Santiago Amador est au centre d’un film prenant et particulièrement bien mis en scène. Des doigts, des mains, des pieds, La Chana continue de chercher (et donner) le rythme de sa vie, de son art. Cette reine des Gipsys partage sa passion avec sa famille, ses amis, son public. Des plus grandes scènes aux shows télé, elle a su s’imposer en tant que « star » internationale du flamenco. Son talent était tel que les meilleurs guitaristes peinaient à suivre son rythme impressionnant. Née avec un don incroyable, Antonia n’a jamais arrêté de le travailler. Dali, Peter Sellers, nombreux sont les hommes célèbres à s’être d’ailleurs intéressés à son talent. Sellers s’est penché sur son savoir-faire et l’a filmée plusieurs jours durant lesquels elle dansait plus de huit heures par jour, donnant le meilleur d’elle-même. Aussi belle que talentueuse, La chana a commencé la danse à 15 ans, est devenue mère à 18 et a connu le succès avant de tomber dans l’anonymat durant de longues années. De son désir de danse (acquis par les fêtes de famille où rumba et seguirillas étaient courantes) à son rendez-vous manqué avec Hollywood en passant par l’exceptionnel show TV du 8 février 1977 qui lui a ouvert les portes du succès international, « La chana » nous dépeint le parcours personnel et artistique de cette star incontestée du flamenco. Vidéos et photos viennent illustrer et dynamiser le récit biographique d’Antonia. On apprend ainsi que c’est son oncle qui lui a donné cette incroyable chance de danser pour la première fois au rythme effréné de sa guitare. Persuadée d’être née pour danser, la jeune femme n’a jamais pris de cours et n’a cessé de donner le rythme avec son âme et ses émotions. En tapant des pieds et des mains, elle a tracé les premières lignes de son destin. Mais si elle parait aujourd’hui heureuse de son parcours, Antonia a vécu des choses difficiles, comme les coups reçus du père de sa fille colérique et envieux. Il l’a asservie durant des années où parallèlement à cela, elle vivait ses plus beaux succès sur scène, seul endroit elle ne se sentait libre, vivante et entourée oubliant la solitude de sa triste sa vie. Si ses genoux ne la portent plus aujourd’hui, sa volonté de danser est restée infaillible. Depuis toujours, la danseuse impressionne tant elle parait être une vraie force de la nature une fois sur scène. Assise sur une chaise, elle parvient à démontrer on talent, encore et encore et à communiquer son savoir-faire à qui veut partager son âme avec le public. Inépuisable, elle a autant de vigueur (sinon plus) que les jeunes danseurs en soif d’apprendre. Sa persévérance restée intacte (même après plusieurs années sans avoir danser), Antonia transmet sa passion et ses émotions pour qu’elles deviennent les nôtres et son âme parvient à faire vibrer une petite corde sensible qui sommeillait au fond de nous. Magnifique hommage à l’artiste exceptionnelle qu’est La Chana, le documentaire poignant de Lucija Stojevic est à voir si on aime le flamenco. Les confidences collectées de la principale intéressée ou de ses amis nous font côtoyer cette artiste incroyable de plus près, durant 1h30 et on entre dans son univers, hypnotisé par cette femme déterminée. Si par contre, on ne connaît pas grand-chose au monde du flamenco, « La Chana » constitue une belle entrée en matière et parviendra à vous toucher, que vous aimiez ce type de musique, la danse ou qu’au contraire, vous y étiez imperméables… jusqu’ici ! Date de sortie en Belgique : 31 mai 2017 Durée du film : 1h23 Genre : Documentaire Note du film : 7/10 (par François) Résumé du film : Les temps sont durs pour le Capitaine Jack, et le destin semble même vouloir s’acharner lorsqu’un redoutable équipage fantôme mené par son vieil ennemi, le terrifiant Capitaine Salazar, s’échappe du Triangle du Diable pour anéantir tous les flibustiers écumant les flots… Sparrow compris ! Le seul espoir de survie du Capitaine Jack est de retrouver le légendaire Trident de Poséidon, qui donne à celui qui le détient tout pouvoir sur les mers et les océans. Mais pour cela, il doit forger une alliance précaire avec Carina Smyth, une astronome aussi belle que brillante, et Henry, un jeune marin de la Royal Navy au caractère bien trempé. À la barre du Dying Gull, un minable petit rafiot, Sparrow va tout entreprendre pour contrer ses revers de fortune, mais aussi sauver sa vie face au plus implacable ennemi qu’il ait jamais eu à affronter Avis: Cela fait quatorze ans que la franchise vogue sur les écrans du monde entier. Aujourd’hui sort le cinquième opus avec un nouveau méchant très… ténébreux et une histoire mythologique que ne renierait pas Percy Jackson. Doit-on pour autant embarquer dans cette nouvelle aventure ? Oui mais sous certaines conditions. La première partie du métrage fait inévitablement penser au premier Pirates des Caraïbes. Au programme : beaucoup d’humour, une certaine légèreté et une vraie folie assumée. Pourtant, au regard de l’ensemble, on ne peut s’empêcher de penser que le film ne tient pas toutes ses promesses. La principale raison est à chercher du côté du scénario, très (trop ?) léger. Certaines scènes sont poussives et le tout manque de rythme. Cependant, malgré ces quelques écarts, la grosse force vient des effets spéciaux. Souvent, nous nous somme émerveillés par l’audace de la technique ! Javier Bardem qui incarne le grand méchant Salazar a la peau craquelée et ses cheveux semblent léviter : bluffant ! Les effets sont au service de la cruauté et du charisme de ce grand méchant, chapeau ! Il en va de même pour Jack, le héros incarné une nouvelle fois par le (trop ?) cabotin Johnny Depp. Sans trop dévoiler, son personnage rajeunit grâce à l’ordinateur et le résultat est très impressionnant. Nous retrouvons avec un plaisir certain le malicieux Geoffrey Rush dont la qualité du jeu n’est plus à démontrer. Les fans d’Orlando Bloom (Will Turner à l’écran) resteront certainement sur leur faim tant ses minutes à l’écran sont comptées. Au rayon des nouvelles recrues, nous découvrons Brenton Thwaites vu notamment dans le très discutable « Gods of Egypt » ainsi que "Maléfique". Son personnage sera accompagné d’une bien belle façon par une nouvelle héroïne : Carina Smyth (interprétée par Kaya Scodelario). Tel un diamant, elle brillera à l’écran. La qualité de son jeu et son charme devraient faire tourner bien des têtes. Vous l’aurez compris, malgré ses qualités indéniables (humour, effets spéciaux, jeu des acteurs), l’ensemble prend du plomb dans l’aile. En cause, le manque d’audace scénaristique, le rythme parfois trop lent, certaines scènes poussives et inévitablement un air de déjà vu. Pour autant, doit-on bouder notre plaisir ? Absolument pas mais à condition d’avoir ces éléments en tête.. La véritable question est de savoir si, à présent, la saga possède assez de ressources pour continuer à se développer ? Faisons confiance aux réalisateurs et scénaristes qui semblent désireux de repartir pour un tour ; à l’image de….la dernière image justement (post-générique). Date de sortie en Belgique/France : 24 mai 2017 Durée du film : 2h09 Genre : Aventure Titre original : “Pirates of the Caribbean: Dead Men Tell No Tales” Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne. Avis : « Rodin », présenté dans la Compétition Officielle du Festival de Cannes, est un film attendu. Il faut dire qu’avec Jacques Doillon à la réalisation et Vincent Lindon dans le rôle principal, il y avait de fortes chances pour que le « biopic » soit une vraie réussite. Est-ce pour autant le cas ? Plutôt oui ! Malgré une lenteur parfois un peu trop présente (et pesante ?), le dernier film du septuagénaire à de quoi ravir les amateurs du genre. Avec sa mélodie subtile jouée par un seul violon, l’ouverture du film donne le ton : la sobriété aura une place de choix dans cet univers artistique du siècle dernier. Nous voilà donc emportés en quelques minutes en 1880, dans l’atelier parisien de Rodin, époque où le maître- sculpteur réalise sa « Porte de l’enfer » inspirée de Dante. Qu’importe si on connaît l’œuvre de Rodin, le film ne se gausse pas dans une présentation indigeste de son art, loin de là : on approche l’artiste dans son intimité, on assiste en spectateurs privilégiés à son travail de préparation, à ses moments de doute, de satisfactions personnelles. Car Rodin a 40 ans et si son ouvrage peine à être reconnu, il n’y accorde pas beaucoup d’importance. Pour lui, seul compte l’amour qu’il porte à son élève (devenue sa maîtresse) : Camille Claudel. Orgueilleuse, la jeune artiste (incarnée par l’extraordinaire Izïa Higelin) a beaucoup de caractère et exige beaucoup de son maître et amant. « Je t’aime Camille mais en Claudel, tu me fais peur ». Amour porteur, amour destructeur ? La passion qui naît chez Rodin est primordiale et devient son seul moteur, à tel point que loin de celle qu’il aime, le talent de Rodin se meurt… mais très vite, le rapport entre le maître et l’élève devient tendu : le besoin de reconnaissance et de créativité qui anime les deux artistes « maudits » pendant des années, permet-il une relation saine et complice ? Les sculptures (célèbres ou moins populaires) sont des personnages à part entière, des réminiscences du passé, avec ses joies et ses peines. Pour leur donner vie, Vincent Lindon, qui a pris des cours de sculpture pour être au plus près de son personnage, applique des gestes nets, précis et presque chirurgicaux. De la terre naîssent des reproductions des œuvres, plus vraies que natures. Vincent Lindon ne tient pas le rôle de Rodin, il le devient ! Les nombreux silences qui ponctuent le film, permettent d’ailleurs aux spectateurs de contempler le maître à l’œuvre : on se glisse dans les coulisses de son art et de sa vie sur la point des pieds et on le quitte aussi discrètement que nous sommes venus. Rodin, comme Jacques Doillon, accorde beaucoup d’importance à la lumière. Celle utilisée par le réalisateur est plutôt discrète et illumine, comme un projecteur, les scènes qui se jouent sous nos yeux avec une finesse et une douceur indiscutables. La mise en scène est minutieuse, tout comme le souci de reconstitution qui se fait à travers des intérieurs d’époque superbes. Cette minutie se retrouve d’ailleurs dans les dialogues, travaillés et denses, ponctués de petites pauses durant lesquelles les pensées et les citations de Rodin prennent sens. « Dante est un sculpteur mais il sculpte avec les mots ». Jacques Doillon, qui scénarise le film aussi, l’est tout autant : par ses textes, son histoire et ses images, le réalisateur parvient à nous initier à cet art sensuel (et sexuel), révolutionnaire et choquant pour les bien pensants de l’époque. Son savoir-faire se met au service de la lumière, animant ainsi les corps de chair et ceux de pierre. Entouré d’érudits, Rodin restera d’ailleurs longtemps incompris. Mirbeau disait, à juste titre, « Notre Dame s’élève bien dans le ciel malgré les chiens qui pissent à ses pieds ». Rodin a intégré cette idée et n’a jamais cessé de faire ce qui animait son talent. Durant deux heures, on vole d’œuvre en œuvre pour comprendre ses tourments, les étapes majeures de sa vie et de son art, des petites commandes à d’autres plus controversées. On en veut pour preuve son « Balzac » si décrié à l’époque. La scène finale, un peu hors du sujet mais en même temps totalement raccord avec les dernières paroles de Rodin, clos la valse lente de ces quelques années dans la vie du sculpteur. Sorti dans le cadre du 100ème anniversaire de la mort de Rodin, ce biopic divise. Le public sera-t-il d’ailleurs au rendez-vous dans nos salles ? A qui s’adresse-t-il ? Quel accueil lui sera réservé ? Pour notre part, nous avons apprécié entrer dans l’atelier du sculpteur l’espace de quelques heures même si, en toute honnêteté, nous laisserons passer un temps certain avant d’y retourner… Date de sortie en Belgique/France : 24 mai 2017 Durée du film : 1h59 Genre : Biopic Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Alors que son père vient de partir pour la Deuxième guerre mondiale, Pepper, petit garçon de huit ans, reste inconsolable. Avec la naïveté de son âge, il est prêt à tout pour faire revenir son père coûte que coûte… Avis : Sorti en catimini il y a presque 15 jours de l’autre côté de la frontière, « Little Boy » vaut la peine qu’on s’y attarde quelques instants. En effet, ce film familial coloré est très agréable à regarder. Sous ses petits airs de « T.S Spivet », le long métrage d’Alejandro Monteverde porte de belles émotions que l’on prendra plaisir à partager. Préparez vos mouchoirs… O’Hare, en Californie. Pepper a huit ans quand son père part pour la guerre. Partenaires de folles aventures depuis des années, le père et le fils partagent tout ensemble et n’imaginaient pas être séparés un jour. C’est donc un vrai drame qui se joue dans la vie de ce petit garçon privé de son papa, son ami, son confident. D’autant plus que sa petite taille lui vaut de nombreuses moqueries de la part des autres enfants de son village. « Ce n’est pas stupide de croire, c’est courageux » A la suite d’un spectacle de magie, Pepper est persuadé d’avoir un don, celui de déplacer les objets et quitte à le faire, autant déplacer les montagnes pour faire revenir son père de la guerre. Sa volonté est telle qu’il ne recule devant rien du haut de son petit mètre. A tel point que lorsqu’un Japonais arrive dans le village, le jeune Pepper n’hésite pas à lui causer bien du souci. Le Père Oliver qui voit en lui une vraie détresse, contraint ces deux « parias » de la petite ville d’O’Hare à passer du temps ensemble et de dépasser les préjugés du jeune garçon. L’acceptation de la réalité (aussi douloureuse soit-elle) sera-t-elle plus facile si on fraternise avec un représentant de l’ennemi ? Même si certaines mises en scène sont parfois excessives, nous prenons le film pour ce qu’il est : un joli divertissement sur la foi, l’amour, la volonté, l’amitié. Belle leçon de vie, le long métrage d’Alejandro Monteverde (qui l’a également scénarisé) est une petite bouffée d’air frais dans notre paysage cinématographique. Légère aux premiers abords, l’histoire est aussi et surtout l’occasion de montrer la cruauté des gens envers les personnes « différentes » de nous. Quelle soit issue d’une autre culture ou quelle soit physiquement « hors norme », il est facile de s’en moquer, mais tellement plus laborieux de les accueillir telles qu’elles sont. Prenons ce bel exemple : celui de l’acceptation difficile de l’« ennemi », incarné par Hashimoto (l’acteur japonais Cary- Hiroyuki Tagawa), descendant de Japonais, ayant toujours été loyal envers les USA et libéré des camps où il était enfermé après Pearl Harbor. Ce message de tolérance (ou de jugement, c’est selon) est donc mis en scène à travers une jolie fable colorée, agrémentée d’une musique remplie d’allégresse, très adaptée au film. Les vues du village sont magnifiques, les tons chauds sublimés par une photographie impeccable (mention spéciale à cette petite scène clin d’œil à la « liste de Schindler » avec ce champs de ruines et Little Boy en rouge) « Crois-tu que tu peux le faire » ? La devise paternelle résume finalement très bien l’ensemble de l’intrigue. Persuadé qu’il peut faire revenir son papa (le touchant Michael Rapaport) de l’autre bout de la terre, le petit garçon s’adonne chaque jour à la démonstration de son pouvoir… et les résultats vont, sans le savoir, changer radicalement sa vie. En l’espace de quelques semaines, Pepper passe du statut de victime à celui de mascotte. Mais n’est-ce pas un rôle trop ambitieux pour un garçon de 8 ans ? Peut-on porter si jeune, de vains espoirs ? Ce jeune garçon, c’est Jakob Salvati, qui l’interprète avec une grande justesse. Mais gare à la version que vous choisirez. Si on recommande régulièrement de voir les films en version originale, l’appréciation totale de ce film ne pourra se faire que de cette manière. La bande annonce francophone (qui nous a fait dresser les poils) montre combien le doublage est ici totalement râté et peu élogieux pour les acteurs du film… Dans la langue de Shakespeare, les émotions du jeune Pepper, nous transpercent et font vibrer notre corde sensible à plusieurs reprises. On ne peut d’ailleurs pas s’empêcher de verser une ou deux larmes… même si le film est loin d’être larmoyant mais simplement juste et d’une tendresse véritable. D’aucuns pensent que Alejandro Monteverde ambitionnent de devenir le nouveau Spielberg. L’influence du travail du maître américain est peut-être bien présente mais laissons les qualités des uns et des autres là où elles sont. Son univers propre n’a d’ailleurs rien à envier aux autres cinéastes. Malheureusement pour les spectateurs belges, « Little Boy » n’est pas (encore ?) distribué chez nous. Pour découvrir les aventures de Pepper, deux solutions s’offrent à eux : passer la frontière pour s’offrir une séance de ciné ou attendre la sortie du film en DVD/Blu-Ray. Quoi qu’il en soit, « Little Boy » est une jolie découverte que nous avons appréciée à sa juste valeur. Date de sortie en France : 10 mai 2017 Durée du film : 1h46 Genre : Familial Note du film : 6/10 (par François) Résumé du film : Nous sommes en 2104, soit 10 ans après les mésaventures de l’équipe de Prometheus. Les membres d’équipage de colons du vaisseau Covenant à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore intouché. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une terrible menace. Ils vont tout tenter pour s’échapper. Avis : Alors, ce nouveau Alien ? Chef d’œuvre tant attendu ou nanar intersidéral ? Ni l’un ni l’autre, cependant, nous avons été bien déçus. C’était mieux avant ? Oui, assurément…Explications. Que se passe-t-il Monsieur Ridley Scott ? On vous sent tiraillé et même peut-être dépassé par votre propre création. Un peu à l’image des ingénieurs dont on ne se soucie plus...ou si peu. A la sortie de ce nouvel opus, on ne peut s’empêcher de penser que le réalisateur veut véritablement inscrire son œuvre dans un mythe plus grand en proposant aux spectateurs plus de sang, plus de créatures, mais au détriment de la cohérence de l’ensemble des œuvres. Paradoxalement, « Alien : Covenant » commence bien, très bien même. Il est d’ailleurs plaisant de suivre l'équipage du vaisseau Covenant, véhiculant plus de 2000 terriens cryogénisés ainsi qu’un paquet d’embryons vers une planète qu’ils espèrent hospitalière. Seulement voilà, au cours d’une réparation d’urgence du vaisseau, l'équipage reçoit un étonnant signal provenant d’une planète jusque là passée inaperçue mais dont les conditions de vie s’annoncent prometteuses… enfin ça c’est s’avancer un peu vite. De microscopiques organismes contaminent certains membres d'équipage. Sommes-nous toujours dans « Alien », là ? Oui, à l’instar des créatures nouvellement formées, nous voilà au contact d’une version hybride des films précédents. Et c’est précisément là que repose le problème majeur ! A une première partie efficace, suit une succession de maladresses horrifiques. En y regardant de plus près on remarque que Damon Lindelof (« Lost ») scénariste de « Prometheus » ne rempile pas sur ce nouvel opus. Il laisse la place à Michael Green (« Green Lantern », « Logan »), John Logan (« Skyfall », « Spectre ») et Jack Paglen (« Transcendance »). Et tout ce beau monde semble perdre quelque peu les pédales ! En témoigne quelques scènes assez dispensables parmi lesquelles celle de la douche horrifique façon film de série Z et une séance de Kung Fu spéciale « androïdes en furie ». A la sortie de cette projection, nous ne pouvons nous empêcher de nous poser la question suivante : à qui s’adresse « Alien : Covenant » ? Aux fans de la première heure ? Certainement pas ! Trop d’incohérences, de choix nouvellement pris en contradiction la plus totale avec la franchise d’origine. Mais alors, s’adresserait-il aux enthousiastes de « Prometheus » ? Ici encore, la réponse est négative. Nous avons la désagréable sensation que le réalisateur a renié le film précédent, balayant d’un revers de main ses questionnements existentiels. Qui sont les ingénieurs ? Pourquoi voulaient-ils nous éliminer ? Comment s’est passé la création de leur arme biologique qui prendra la forme des créatures sanguinaires puis la perte de leur contrôle ? Qui était le dénommé « Space Jockey » d’ « Alien » premier du nom et comment s’est-il retrouvé sur la planète désolée LV-426. Autant de questions fascinantes posées précédemment et qui resteront sans réponse. C’est d’autant plus frustrant que le réalisateur semble s’être renié et s’être égaré en cours de chemin. A-t-il eu peur d’attaquer de front son sujet ? S’est-il laissé influencer par les quelques fans qui voulaient retourner vers une ambiance digne du premier opus ? Mais alors pourquoi les invraisemblances liées aux mutations ? Nous sommes les témoins, impuissants, d’un changement de genre. De huit clos anxiogène (« Alien le 8ème passager »), au film d’action intense (« Aliens, le retour »), en passant par le film philosophique (« Prometheus »), nous arrivons au film gore et…risible. Ridley Scott n’aime plus les personnages de son film, en témoigne leur décimation successive. Pourtant, le survival n’est plus présent et l’angoisse non plus. L’équipage sert de chair à canon et ont des réactions étranges, un peu bêtes parfois… Dommage ! Cela plaira sans doute aux amateurs de sensations fortes peu regardants mais les autres ? Le véritable héros du film n'est pas Katherine Waterston (« Les animaux fantastiques »), qui nous offre pourtant une très belle performance, mais Michael Fassender qui a un double rôle d'androïde (David et Walter). Ridley Scott a choisi son camp, ce sera l’androïde et les bestioles hideuses. Pourtant « Alien : Covenant » est visuellement attrayant (les vaisseaux) et offre de beaux paysages. Hélas, il est aussi de mauvais goût. Le gore ne parvient pas à rendre la menace crispante. Déluge sanguinolent en mode CGI, la primauté de l’histoire amorcée par « Prometheus » est sacrifiée sur l’hôtel de la violence gratuite. Espérons que Ridley Scott se ressaisisse pour ne pas porter trop préjudice à sa filmographie. Heureusement pour nous, il ne sera pas aux commandes de « Blade Runner 2049 ». On vous le disait…c’était mieux avant ! Date de sortie en Belgique: 17 mai 2017 Durée du film: 2h03 Genre: Science-fiction/Horreur Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Emilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante responsable des Ressources Humaines, une « killeuse ». Suite à un drame dans son entreprise, une enquête est ouverte. Elle se retrouve en première ligne. Elle doit faire face à la pression de l’inspectrice du travail, mais aussi à sa hiérarchie qui menace de se retourner contre elle. Emilie est bien décidée à sauver sa peau. Jusqu’où restera-t-elle corporate ? Avis : Avec « Corporate », Nicolas Silhol signe un premier long-métrage audacieux. Imparfait, son film évoque les méthodes de management douteuses régissant certaines grosses entreprises. Très actuel, le sujet interpelle et malgré quelques erreurs de débutant, on doit admettre que le pari (risqué) est dans l’ensemble plutôt bien relevé. Porté par une Céline Sallette (vue dernièrement dans "Cessez-le-feu") implacable, froide et distante, « Corporate » présente, avec une tension palpable, un univers managé où l’humain à de moins en moins sa place. Ce genre de dénonciation sociétale ne peut qu’interpeller les potentiels spectateurs en quête de cinéma sans concession. Stéphane Brizé avait d’ailleurs ouvert la voie brillamment avec son mémorable « Loi du Marché ». Mélange savant entre drame et thriller, le film de Nicolas Silhol amène une pression évidente, reflet impeccable ce que vivent des centaines (voire des milliers) de travailleurs… La phrase d’ouverture ne pouvait être plus explicite : « Les personnages du film sont fictifs mais les méthodes de management réelles… » nous voilà avertis ! Malgré des débuts instables et jeu bien trop théâtral (à la limite du crédible), l’histoire nous prend petit à petit et parvient à occulter totalement ces défauts mineurs et nous faire entrer de plain pied dans le quotidien d’Emilie Tesson-Hansen. Détestable, cette « killeuse » voit son univers osciller lorsqu’un drame survient sur son lieu de travail. Sa responsabilité étant mise en cause, la jeune DHR n’a d’autres solutions que de se prémunir d’éventuelles représailles. Soutenue dans un premier temps par le patron d’Esen (un Lambert Wilson crédible mais un peu trop en retrait), elle se voit aculée par les preuves et soudainement lâchée par tous ses collaborateurs, ou presque. L’enquête menée par l’inspectrice du travail (Violaine Fumeau) permettra de faire la lumière sur une affaire houleuse où conditions de travail déplorables, pression morale et jeu de dupes montreront combien l’entreprise mise en cause était gangrenée depuis quelques années déjà. Peu convaincant dans ses premières minutes, le ton du téléfilm qui se jouait sous nos yeux bascule vers un thriller efficace et prenant dont on ne sortira pas indemne. Les « défauts » de scénario et de réalisation s’effacent au profit d’une histoire, dure, incroyable et pourtant si réaliste. Dynamique et intéressant, « Corporate » constituait un terreau intéressant qui mériterait d’être un peu mieux maîtrisé. S’il ne correspond pas à la claque à laquelle on s’attendait, il vaut néanmoins la peine d’être vu, ne fut-ce que pour soulever les consciences et donner un coup de projecteur sur les dérives d’une société de plus en plus déshumanisée… Date de sortie en Belgique : 17 mai 2017 Durée du film : 1h35 Genre : Drame/Thriller Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : A la veille du tournage de son nouveau film, la vie d'un cinéaste est chamboulée par la réapparition d'un amour disparu... Avis : Le réalisateur français Arnaud Desplechin a obtenu le privilège d’ouvrir le 70ème Festival de Cannes avec son dernier film « Les fantôme d’Ismaël ». Membre du jury l’an dernier (aux côtés de George Miller), le quadragénaire a réuni un casting de choix pour animer son scénario original. Dans une interview accordée au Figaro, Desplechin expliquait qu’il avait vraiment envie de tourner avec Marion Cotillard « qui ne cesse de s’inventer à chaque film » et Charlotte Gainsbourg autour de laquelle il tournait depuis 15-20 ans. A ce duo d’actrices admirables, on ajoute le talentueux Mathieu Amalric, son complice de toujours. Ce triangle amoureux, Desplechin le filme avec beaucoup de tendresse et d’amour, à l’image des sentiments qu’il porte à ses comédiens. La photographie et la réalisation constituent d’ailleurs d’autres points forts du film : on se plonge dans les souvenirs à travers l’œil du passé et on va et vient dans la vie des trois protagonistes avec une vraie aisance, bien que… Très confus au départ, le film de Desplechin nous présente en réalité plusieurs histoires distinctes qui s’entremêlent et se démêlent au fil de l’intrigue : celle d’Ismaël, son héros éponyme ; celle d’Ivan, le frère d’Ismaël, diplomate ou espion ( ?) ; celle de Carlotta, la femme d’Ismaël disparue depuis 21 ans et enfin, une histoire d’amour compromise par la réapparition du passé. Si la lumière ne se fait pas sur chacune d’entre elle, la narration entrecroisée nous questionne en permanence sur la part de fiction et de réalité. L’atmosphère plantée brillamment dans ses débuts se terni peu à peu et s’efface au profit d’un enchaînement trop rapide entre différentes situations, sans rapport apparent les unes avec les autres. Cet enchevêtrement intelligent ne devient plus que l’ombre de lui-même, à l’image des dialogues, très travaillés, qui habillaient une histoire ordinaire d’une bien jolie façon avant de tomber en désuétude. Seule la musique de fond, douce et subtile, continue de nous amener ce petit effet dramatique bienvenu dans ses premières minutes. Récompensé par un César, un Swann d’Or et un Prix Lumière pour la réalisation de « Trois souvenir de ma jeunesse », Arnaud Desplechin s’est peut-être senti pousser des ailes mais ne nous a pas fait totalement décoller. La faute à un scénario un peu trop complexe et désarçonnant, affublé de multiples (auto)références? A des univers trop marqués et faussement imbriqués ? S’il est d’une beauté incontestable, « Les fantômes d’Ismaël » nous a malgré tout laissé pantois et n’a pas gagné notre cœur autant que nous l’espérions… Date de sortie en Belgique/France : 17 mai 2017 Durée du film : 1h49 Genre : Drame/ thriller Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Le film documentaire « David Lynch : the art life » est un portrait inédit de l’un des cinéastes les plus énigmatiques de sa génération. De son enfance idyllique dans une petite ville d’Amérique aux rues sombres de Philadelphie, David Lynch nous entraîne dans un voyage intime rythmé par le récit hypnotique qu’il fait de ses jeunes années. En associant les œuvres plastiques et musicales de David Lynch à ses expériences marquantes, le film lève le voile sur les zones inexplorées d’un univers de création totale. Avis : On ne s’en cache pas, l’annonce d’une troisième saison de « Twin Peaks » nous a véritablement enchantée. En attendant de découvrir les premiers épisodes de la série tant attendue, nous nous sommes penchés sur le documentaire de Olivia Neergaard-Holm, Rick Barnes et Jon Nguyen, qui ne sont pas trop de trois pour rendre un hommage vibrant et vraiment intéressant à ce réalisateur populaire et extraordinaire. En effet, avec « David Lynch, the art life », on suit le cinéaste de son premier coup de crayon à son premier clap de cinéma, en toute humilité, dans une certaine proximité et avec un plaisir non dissimulé. Pour David Lynch, The art life c’était boire du café, fumer et peindre. Depuis tout petit, il dessine, sur n’importe quel support et à propos de n’importe quel thème. Sa mère ne lui donnait d’ailleurs pas des livres de coloriage afin de ne pas contenir sa créativité et lui laisser une grande liberté. Liberté… Voilà un mot qui revient inlassablement dans son récit autobiographique : liberté de mouvement, liberté artistique. Cette biographie originale est d’ailleurs contée par David Lynch lui-même, à travers des souvenirs marquants, des histoires de famille et d’amitiés, sur fond d’images de ses dessins, de ses esquisses et de ses peintures, mélangées à des archives vidéos familiales ou des photographies d’autrefois. David Lynch a beaucoup déménagé, de Philadelphie à Los Angeles. Il est allé ainsi de rencontre en rencontre, et en a faites des plus décisives, comme celle de Burshnell, qui lui a offert le livre « The art spirit », sa Bible, sa référence absolue… Si l’esprit de liberté est une constante dans la vie de Lynch, celle de la créativité l’est tout autant. Au fil de sa vie, le réalisateur a eu beaucoup de projets, de constructions diverses avec son père. Il a d’ailleurs très vite eu conscience que construire était amusant et il n’a plus jamais cessé de le faire. La création s’est ancrée en lui et a été son moteur, à chaque étape de sa vie. Comme Maurice Pialat ou Tim Burton, David Lynch est un artiste dans l’âme. Voilà pourquoi il exploite le 7ème mais aussi (et surtout) le 3ème art. D’une grande simplicité, il semble s’extasier de tout ! Des petits oiseaux mécaniques sur son établi au soleil de Californie… Lynch croque la vie et l’esquisse ensuite sur ses tableaux ... et sur sa pellicule. La mise en scène du documentaire qui lui est consacré, est très travaillée et à l’image de sa créativité. On entre dans son atelier, où règne un désordre, un fouillis sans nom au milieu duquel son univers artistique se fraye un chemin. Les images et les peintures que l’on découvre peu à peu à travers la caméra de Neergaard-Holm, Barnes et Nguyen s’inspirent de son vécu et nous obtenons une lecture privilégiée de son art contemporain grâce aux clés autobiographiques que Lynch nous livre, montre jaune au poignet et cigarette au bord des lèvres. De son art pictural et visuel, il est passé au 7ème avec « L’alphabet » (dont on découvre les images) après avoir essuyé une tentative vaine puisque la pellicule est ressortie vierge du tirage... Mais qu’importe, pour Lynch « quelque chose de raté amène toujours quelque chose de bon »… Quelques clins d’oeil cinématographiques viennent ça et là ponctuer son récit jusqu’à ce que l’on découvre comment, alors qu’il n’était qu’un jeune réalisateur en herbe, Lynch a obtenu une bourse à l’American Film Institute et a été porté par Tony Velani, à qui il a montré son « Grandmother » artisanal et familial. S’il ignore ce qui se serait passé s’il n’avait pas eu cette bourse (ni fait cette rencontre), nous, nous en connaissons la suite. Après l’évocation d’« Erasehead » qu’il qualifie de plus belle expérience cinématographique (par l’espace de création qui se livrait à lui, son univers qu’il affectionne et la possibilité de faire ce qu’il voulait faire sans que cela ne coute cher), nous tournons la page et laissons le maître dans son atelier. Ce documentaire, digne de plus jolies expositions organisées à la Cinémathèque, est très plaisant à suivre, même s'il est redondant dans la forme. La musique de Jonatan Bengta vient dynamiser le tout et rompre cette petite monotonie passagère. Totalement adapté à Arte, dans le cadre d’un cycle Lynch, le film s’adresse aux fans du cinéaste et aux amateurs d’art mais les autres spectateurs se laisseront porter par le sujet ? C’est là toute la question… Date de sortie en Belgique : 17 mai 2017 Durée du film : 1h24 Genre : Documentaire Note du film : 9/10 (François) Résumé du film : L'histoire vraie de Jan Zabinski, gardien d'un zoo de Varsovie, et de son épouse Antonina, qui sauvèrent 300 juifs emprisonnés dans le ghetto de Varsovie suite à l'invasion des Nazis. Avis: Au-delà de l’importance du travail de mémoire à réaliser dans nos sociétés démocratiques, le film de Niki Caro nous livre sur grand écran une page méconnue de notre histoire. Attention, grand film ! En ces temps de repli sur soi, de peur, voire de rejet ; il est inspirant de découvrir la vie d’hommes et de femmes qui ont été jusqu’à mettre leur propre vie en péril pour protéger l’autre : le persécuté, le diabolisé, le déshumanisé ; le Juif. D’ailleurs, la fin des années 90’ et le début des années 2000 ont vu la prolifération de films de guerre ancrés dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Jugez plutôt : « Amen », « La Chute », « Le Pianiste », « Le Garçon au pyjama rayé » ou encore « La Rafle » sont autant d’exemples du genre. En 2017, la réalisatrice Niki Caro nous livre avec « The zookeeper’s Wife » ("La femme du gardien de zoo" en français) un film touchant, à l’émotion toujours juste. Absolument pas moralisateur dans son traitement et aux antipodes de toute sensiblerie malvenue, le long métrage nous emporte aux côté de la famille Zabinski. Antonina Zabinski (formidable Jessica Chastain qui a travaillé son accent polonais de façon impressionnante) et son mari Jan (très convaincant Johan Heldenbergh) décident d’utiliser leur zoo -en partie détruit par la guerre, les bombes et la cruauté des nazis- pour cacher des juifs. C’est ainsi que pendant près de 2h, nous vivons au rythme des Juifs du ghetto de Varsovie, des craintes de la famille Zabinski et des nombreux sauvetages effectués aux mépris du danger. Doit-on s’attendre à un film maitrisé ? La réponse tient en trois mots : oui oui oui ! La réalisation est maitrisée. Bien que classique dans son approche, elle offre quelques fulgurances lorsque le scénario l’exige. Les acteurs principaux sont totalement investis ; un peu à l’image du jeu de Daniel Brühl dans le rôle du SS Lutz Heck. Et que dire de la prestation des seconds rôles ? Ici, le terme est peu adéquat tant leur jeu passe au premier plan. Nous en voulons pour preuve Michael McElhatton (Jerzyk) ou encore de la jeune Shira Haas (Urszula) dont la performance ne vous laissera pas indifférent ! Gageons que nous entendrons bientôt parler de cette actrice ! La composition musicale du film n’est pas en reste et les notes jouées au piano sauront nous faire vibrer longtemps encore. Somme toute, nous ne pouvons que vous recommander ce film qui a l’audace de révéler le meilleur comme le pire présent en l’Homme, et ce, de façon très adroite. Cette histoire vraie est éclairante et nous apprend beaucoup sur nous-même. C’est par l’amour que l’on combat les ténèbres du présent, par la solidarité que nous affrontons la part d’ombre des Hommes et par l’espoir que nous permettons aux autres d’avancer. Alors ? Qu’attendez-vous ? Date de sortie en Belgique : 10 mai 2017 Durée du film : 2h08 Genre : Drame/Biopic Note du film : 6,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Après vingt-sept ans de services à l’armée, David est démobilisé. Il retourne chez lui et retrouve sa famille après de longues et récurrentes séparations, et tente de s’ajuster à sa nouvelle vie de civil. Il est persuadé que, comme ses amis partis plus tôt que lui de l’armée, lui aussi va faire carrière dans le privé. C’est sans compter sur le « nouvel Israël », rythmé par une compétitivité hors norme et une fascination pour l’argent et la réussite sociale. David passe ses journées seul, à regarder la télévision. Lorsqu’un ami lui propose un job de VRP pour des compléments alimentaires, David y voit une opportunité pour pénétrer le business et s’y faire un nom. Mais David et sa famille vont vite être pris au piège des forces obscures qui règnent sur la vie israélienne… Avis : Peu habitués au cinéma israélien, nous nous sommes plongés dans « Au-delà des montagnes et des collines » sans appréhension et ravi de retrouver l’univers d’Eran Kolirin, que nous avions découvert grâce à son film « La visite de la fanfare ». « Au-delà des montagnes et des collines » croise les histoires individuelles de quatre membres d’une même famille. David (Alon Pdut), le père, vient de perdre son travail de militaire et devient vendeur/démonstrateur. Rina (Shiree Nadav-Naor), la mère, est une enseignante au lycée. Séduite par un de ses élèves, elle dépasse les limites déontologiques de son métier et risquent de provoquer des conséquences désastreuses. Omri (Noam Imber), le fils, n’accepte pas l’idée que sa mère puisse « aimer » un jeune de son âge, au point de commettre l’irréparable. Enfin, Ifat (Mili Eshet) la fille, se lie d’amitié avec un jeune homme dont elle ne sait rien. Cette rencontre l’amènera à fréquenter un milieu particulier et des gens à la réputation douteuse. Quatre personnages, chacun avec ses lourds secrets qu’il pense dissimuler aux autres. Ces destins croisés bouleverseront la vie des uns et des autres sans qu’ils n’en aient forcément conscience. Secrets, non-dits, actes condamnables sont autant de poids qui viennent alourdir en quelques jours, cette vie de famille ordinaire. Cette succession de drames qui, sans le savoir, provoque une chute digne d’un effondrement de dominos, transformera à jamais les valeurs familiales. La réalisation classique d’Eran Kolirin, maîtrisée mais conventionnelle, permet aux acteurs israéliens de trouver leur place et d’offrir un jeu efficace (mention spéciale à Mili Eshet , qui figure d’ailleurs sur l’affiche). Le réalisateur prend le temps, marque des pauses et se calque sur un quotidien véritable… « Au-delà des montagnes et des collines » est une belle manière de présenter les différentes cultures d’un même pays, d’en montrer les quartiers et les modes de vie radicalement opposés. L’incursion dans cette famille n’est pas anodine. Si on ne comprend pas très bien dès le départ vers où cela va nous mener, on les suit, curieux, jusqu’à un final des plus surprenants. Discret, « Au-delà des montagnes et des collines » est une belle entrée en matière dans ce cinéma qui nous est étranger. Si ses codes sont un peu différents de ce qu’on a l’habitude de voir, il n’empêche que le moment ciné n’est pas désagréable. La question est : « qui poussera la porte des salles pour le découvrir » ? Parviendra-t-il à titiller la curiosité des cinéphiles ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite ! Date de sortie en Belgique : 10 mai 2017 Durée du film : 1h40 Genre : Drame Titre original : Me'Ever Laharim Vehagvaot (Beyond the moutains and hills) Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : En 1943 pendant l’occupation allemande, le tsigane Django Reinhardt, véritable “guitare héros”, est au sommet de son art. Chaque soir, il fait vibrer le tout Paris aux Folies Bergères avec sa musique swing alors qu’en Europe, ses frères sont pourchassés et massacrés. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, il sent le danger et décide de s’évader en Suisse aidé par une de ses admiratrices, Louise de Klerk. Pour passer, il se rend à Thonon-les-Bains, sur les bords du lac Léman, avec sa femme enceinte, Naguine et sa mère Negros. Mais l’évasion est plus compliquée que prévue, Django et ses proches se retrouvent plongés dans la guerre. Pendant cette période dramatique, il n’en demeure pas moins un musicien exceptionnel qui résiste avec sa musique, son humour, et qui cherche à approcher la perfection musicale. Avis : Les fans de Django Reinhardt se frottent sans doute les mains à l’annonce d’un film sur leur musicien favori. Attention cependant, si Django est bien le héros du film d’Etienne Comar, le sujet central n’est pas la carrière du musicien prodigue, son enfance, son évolution artistique. Non, « Django » est surtout un prétexte pour aborder la Deuxième Guerre mondiale sous un angle inédit : présenter le sort réservé aux tsiganes sous le joug Nazi. On le constate dès le début, Reda Kateb n’a pas vraiment les traits de son personnage Django Reinhard. Il n’empêche, la prestation impeccable du comédien est peut-être l’un des seuls réels intérêts du film car, malgré toute la volonté du monde, nous avons eu bien des peines à entrer dans cette histoire et à ne pas voir le temps passer. Long, lent et plutôt plat, le premier film du producteur français Etienne Comar nous a plutôt déçu : nous qui nous attendions à taper du pied durant des heures au son reconnaissable du plus célèbre des manouches, nous sommes sortis annihilés de la projection. Pire, nous avons la sensation amère d’avoir été trompé sur la marchandise. La bande annonce du film, musicale et audacieuse, nous annonçait ces mots « Django Reinhardt, un guitariste de légende, résiste par sa musique »… si seulement! Plutôt fuyant, Django se terre et erre dans l’attente de prendre une décision réelle alors que notre côté, nous errons dans nos pensées faute d’entrer véritablement dans l’histoire proposée. Mais revenons quelques instants sur Reda Kateb, celui qui aura su nous convaincre de ne pas mettre une note sanction au film grâce à son interprétation. Celui qui s’est révélé dans « Un prophète » en 2009 est parvenu à s’imposer dans le cinéma français au fil des films : « Hippocrate », « L’Astragale » ou « Les chevaliers blancs » en sont quelques exemples. Toujours juste, le comédien français réalise ici encore une prestation mémorable et réussie. Pour l’accompagner, on trouve une Cécile de France correcte mais peu transcendante et un casting « manouche » bien plus convaincant (Beata Palya, Bimbam , Gabriel Mirété ou encore Johnny Montreuil) . On notera également la présence de Patrick Mille, meilleur acteur que réalisateur (on a toujours du mal à digérer « Going to Brazil »). Si l’époque est très bien reconstituée et le sujet intéressant, la réalisation et la dynamique ne parviennent pas à faire décoller le scénario un peu trop plan-plan et peinent à donner de l’envergure à l’enjeu mis en lumière par son réalisateur. Les émotions, présentes mais trop artificielles, sont à l’image du film : anesthésiées… Dommage ! Ce que l’on retiendra de « Django » ? Sa sublime affiche et le jeu de Reda Kateb. Pour le reste, on ne peut pas dire que la sortie ciné est incontournable, si ce n’est pour les fans du génie de la guitare de jazz… Date de sortie en Belgique : 10 mai 2017 Durée du film : 1h57 Genre : Biopic Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : L’histoire inspirante du Champion du Monde de boxe Vinny Pazienza qui, après un accident de voiture quasi fatal, ne savait pas s’il allait encore savoir marcher un jour. Il fit l’un des plus incroyables comeback sportifs. Avis : « Bleed for this » est un film sur la boxe certes, mais pas seulement. A travers l’histoire de Vinny Pazienza, on découvre la détermination d’un homme, dont on a brisé le rêve de victoires par des verdicts médicaux un peu trop hâtifs. En effet, à la suite d’un lourd accident de voiture, Vinny a vu son corps se fracasser tout autant que les possibilités d’entrer dans l’histoire de la boxe, sport dans lequel il était un jeune champion très prometteur. Si le corps ne l’a pas toujours suivi, son esprit, lui, n’a jamais rien lâché. Encadré par son coach controversé, Vinny n’a de cesse de croire qu’il pourra remonter sur un ring et met tout en œuvre pour y arriver. Avec « Bleed for this », Miles Teller revient dans un rôle fort dans lequel il s’implique totalement, à l’image du personnage d’Andrew Neiman qu’il tenait dans « Whiplash » il y a maintenant 3 ans. Persévérance, douleurs, entraînement intensif deviennent les maîtres mots de cette histoire. Le corps et visage marqués par l’effort et les blessures, l’acteur sait faire vivre le personnage réel de Pazienza de façon convaincante, même si la ressemblance physique est peu frappante. Victime lui-même d’un grave accident de la route (qui a coûté la vie d’un de ses amis) lorsqu’il était jeune, Miles Teller se nourrit peut-être de son expérience personnelle douloureuse pour donner de l’épaisseur à son personnage. Toujours est-il qu’il parvient à nous faire oublier son rôle décevant de « War Dogs » et prouve à nouveau qu’il est capable du meilleur ! Dans ce dernier film, le jeune trentenaire retrouve un partenaire de jeu efficace : Aaron Eckhart (le co-pilote de « Sully »). Ce coach mental et sportif suivra sa volonté discutée de réenfiler ses gants de boxe et revenir dans le circuit… La complicité entre les deux personnages (autant qu’entre les acteurs), est indiscutable et le résultat vraiment appréciable ! Si certains autres interprètes ressemblent plus à leur personnage que d’autres, ils parviennent tous à se mettre au diapason, à tel point qu’aucun d’entre eux ne dénotent ou n’effacent la prestation de ses camarades de jeu… tout le casting est totalement équilibré. Se déroulant dans des années 80 très joliment reconstituées, le scénario de Ben Younger retrace fidèlement une étape délicate de la vie de Vinny Pazienza. Le réalisateur américain propose d’ailleurs ici son troisième film en dix-sept ans... Après « Les initiés » et « Petites confidences à ma psy » (sortis en 2000 et 2006), « Bleed for this » serait-il le film de la maturité ? Sa réalisation classique, proche de celle des films traitant du même sujet, apporte néanmoins quelques innovations, notamment au niveau de l’ambiance sonore lors des combats. Par ses mouvements de caméra et ses sons savamment dosés, il parvient à nous immerger dans des affrontements de grande envergure comme si on y était. Long par moments, « Bleed for this » est néanmoins un film efficace sur l’histoire (inconnue) d’une force de la nature: Vinny Pazienza. Instructif, agréable et magistralement interprété, le film de Ben Younger est une des bonnes surprises de ce début du mois de mai. Date de sortie en Belgique : 10 mai 2017 Durée du film : 1h57 Genre : Biopic Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Résumé du film : 1923. Georges, héros de 14 fuyant son passé, mène depuis quatre ans une vie nomade et aventureuse en Afrique lorsqu'il décide de rentrer en France. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet Après-guerre où la vie a continué sans lui, il fait la rencontre d'Hélène, professeure de langue des signes avec qui il noue une relation tourmentée... Avis : Des films traitant de la guerre, ce n’est pas ce qui manque dans le paysage cinématographique. « Cessez-le-feu » pourrait dès lors rebuter certains spectateurs avides de nouveauté. Mais bien mal leur en prendrait de passer à côté du film d’Emmanuel Courcol qui, bien qu’un peu longuet à certains moments, traite de l’après-guerre et de la trace qu’elle peut laisser dans la mémoire et les corps des combattants avec une certaine efficacité. Se déroulant en plusieurs temps et plusieurs lieux, « Cessez-le-feu » permet de comprendre le chemin parcouru par Georges, des tranchées d’Argonne au village natal de la famille Laffont en passant par la région de la Haute Volta (en Afrique occidentale). Capitaine d’infanterie, le jeune Georges voit ses camarades et ses propres frères blessés ou tués au combat. Et la marque de ces images, indélébile et gravée dans son corps, le poursuit de nombreuses années après, même lorsqu’il évolue dans les contrées du Mali aux côtés de Diofo, un compagnon de route extraordinaire. Car Georges a décidé de fuir, de s’exiler dans une colonie française pour vivre au milieu de cette nature sauvage (et sublime), côtoyant ainsi de près les traditions tribales mais aussi les fantômes de son passé guerrier. Près de cinq ans après sa présence au front, Georges fuit un nouveau drame survenu sur ses terres d’accueil et revient en France, retrouvant ainsi sa mère et son frère Marcel, avec qui il a jadis combattu. Devenu sourd après un accident de guerre, Marcel ne parle plus, communique maladroitement par la langue des signes (qu’il apprend au jour le jour) et porte une réelle tristesse dans son regard. Grégory Gadebois, comédien (et pensionnaire de la Comédie Française) à la taille imposante, parvient à donner vie à son personnage avec une douceur et une retenue admirables. Les seules échappatoires de son quotidien sont ses cours de langue de signes et sa jeune fiancée, Madeleine (Julie-Marie Parmentier). C’est donc un retour difficile qui attend Georges, interprété par le talentueux Romain Duris. Sous sa barbe hirsute et ses cheveux longs, on reconnaît sans aucun doute l’efficace quarantenaire qui, à en juger par sa carrière réussie, réalise un parcours sans faute devant la caméra autant que sur scène… Son visage fermé s’ouvre peu à peu au contact d’Hélène, le professeur en signes de Marcel. Le charme et la prestance de Céline Sallette donnent d’ailleurs une épaisseur non négligeable à ce personnage central. Marqué par des stigmates de la guerre, Georges saura-t-il réapprendre à vivre et à se reconstruire ? C’est là toute la question. Pour son premier long métrage, le scénariste et comédien français Emmanuel Courcol choisit un sujet peu évident : celui de montrer la marque indémébile que peut laisser un passage au front auprès de citoyens français, la culpabilité qui peut les ronger mais aussi et surtout l’empreinte psychologique et physique qu’une telle boucherie peut provoquer. Ce scénario original évite la brutalité des choses et le choc des images, privilégiant la délicatesse et les non-dits, le silence aux tirades, le ressenti à l’étalage. Epurée, l’intrigue prend d’ailleurs vie dans des décors somptueux et des paysages parfaitement filmés, se déclinant dans une lumière soignée où le souci du détail est savamment gardé. Des costumes aux intérieurs d’époque, des voitures aux langages châtiés, tout est combiné pour rendre cet Après-guerre plus vrai que nature. En définitive, « Cessez-le-feu » recèle de vraies belles qualités malgré un sentiment de lenteur présent par moments. Fans de Romain Duris ou amateurs de film d’époque, nombreux sont les spectateurs qui pourraient se laisser emporter par cette histoire dramatique excessivement bien contée. Date de sortie en Belgique : 3 mai 2017 Date de sortie en France : 19 avril 2017 Durée du film : 1h43 Genre : Drame Note du film : 6,5/10 (par 6/10 pour François, 7/10 pour Véronique) Résumé du film : Mon Ange est un petit garçon doté d’une incroyable singularité : il est invisible. Un jour,il fait la rencontre de Madeleine, une petite fille aveugle dont il tombe éperdument amoureux... Au fil des ans, leur amour grandit, jusqu’au jour où Madeleine lui annonce une nouvelle qui va bouleverser leur vie : elle va retrouver la vue… Avis : « Mon ange » a déjà fait les belles heures de deux festivals belges (le Festival International du Film d’Amour de Mons et le BIFFF, radicalement opposés, vous en conviendrez). De sortie dans nos salles, le dernier film d’Harry Cleven (dont vous pouvez découvrir l'interview) est l’occasion de vivre une expérience cinématographique inédite où la poésie et la photographie transcendent un scénario original dans lequel la fiction et l’imaginaire prennent une place de choix. A l’heure où il est de bon ton d’intellectualiser tous les films qui nous sont proposés, « Mon ange » vient apporter un vent de fraîcheur et une lumière sur un cinéma belge en perpétuelle recherche. Novateur et quasiment inclassable, le film du réalisateur liégeois suspend le temps (le rallongeant à l’excès pour certains spectateurs plus hermétiques) et nous fait entrer dans l’univers de Mon Ange et de Madeleine, deux enfants atypiques qui s’aimeront d’un amour hors normes. En effet, Madeleine est aveugle et cela tombe plutôt bien puisque Mon Ange , lui, est invisible. Né dans un asile, le petit garçon n’a cessé de contempler le monde extérieur (et Madeleine) depuis la chambre de sa mère jusqu’à ce qu’il soit contraint de le découvrir par lui-même. Ce scénario, c’est Thomas Gunzig qui en a eu l’idée. L’écrivain belge (que nous avons rencontré dans le cadre de la promotion du film – interview ici) a en effet proposé les premières lignes de cette romance poétique à Harry Cleven qui se l’est approprié et lui a donné le chemin chimérique que nous emprunterons à ses côtés. Encouragé par Jaco Van Dormael (qui avait réalisé et co-scénarisé lui-même « Le tout nouveau testament » avec Thomas Gunzig et qui nous fait le plaisir d’un petit caméo dans le film), Cleven a su lui faire une confiance aveugle et s’est entouré d’une belle famille issue du cinéma belge et obtenir le meilleur d’elle. Ainsi, Juliette Van Dormael (la fille de Jaco) a rejoint l’équipe et lui a apporté sa touche féminine et sa sensibilité dans la mise en scène d’une photographie sublime et lumineuse. Loin d’être un film naïf, « Mon ange » est même plutôt complexe et offre différents temps de vie de ce couple improbable et pourtant si touchant. L’exercice de style était pourtant loin d’être évident. En effet, la très jolie et convaincante Fleur Geffrier (qui a partagé avec nous ses impressions de cette première expérience ciné – à découvrir ici) fait face à une caméra subjective la plupart du temps. Peu déstabilisée par l’absence d’un partenaire de jeu, la comédienne parvient à nous faire vibrer et à nous captiver par ses yeux clairs. Maya Dory et Hannah Boudru ne sont elles pas en reste. Incarnant Madeleine dans son enfance, les deux jeunes actrices belges relèvent elles aussi le défi de lui donner vie avec brio. Si le personnage de Madeleine évolue concrètement sous nos yeux et capte la lumière et nos regards comme personne, celui de mon ange est totalement suggéré. Certains regretteront d’ailleurs de ne pas le voir se matérialiser par des artifices convenus (maquillage, vêtements). Harry Cleven a préféré user de techniques et d’effets spéciaux pour évoquer sa présence de son héros sans jamais la révéler. Perturbant ? Sans doute oui mais pas au point de nous faire passer à côté de l’essentiel : la jolie histoire d’amour qui naît sous nos yeux, aussi dramatique soit-elle. « Mon ange » déstabilisera plus d’un spectateur, c’est certain. Peu conventionnel, le film d’Harry Cleven existe pour nous faire rêver et nous faire vivre un conte éveillé. Pour que l’expérience soit totale, il vous faudra mettre votre rationalité de côté et prendre cette histoire telle qu’elle vient, avec sa douceur, sa magie, sa tendresse et son savoir-faire certain. Un peu longue par moment, cette histoire fantastique a le mérite de proposer une vision nouvelle du 7ème art, dans le sens premier du terme. Date de sortie en Belgique : 3 mai 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Drame/romance Note du film : 9,5/10 (par François) Résumé du film : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable. Avis: Attention, place à un chef d’œuvre du genre !! « Get out » fait en ce moment l’objet de nombreuses avant-premières et nous nous réjouissons des premiers échos. Pourquoi ? Tout simplement parce que le film de Jordan Peele, cache une vraie intelligence, une maestria certaine dans l’art de donner des frissons ! Est-ce pour autant un film d’horreur ? Non…votre serviteur n’aurait alors pas autant apprécié l’expérience. Pour autant, la tension est palpable dès les premières images et monte crescendo pour tendre vers un final renversant dans lequel le spectateur ne ressort pas indemne. C’est bien simple, nous étions crispé à notre siège, extrêmement éreinté par l’expérience que nous venions de vivre et pas mal secoué. Ce film sent bon les petites perles des 90’s comme « Identity » ou encore la « Porte des secrets ». Haletant, glaçant, le film cueille littéralement le spectateur directement grâce à une réalisation sans faille et à une atmosphère, par moments, ultra angoissante. La caméra parvient à se faire oublier et présente les personnages et certains côtés inquiétants avec beaucoup de justesse. Très vite, on sent que les beaux-parents de l’héroïne cachent quelques lourds secrets. Les acteurs principaux portent le film avec beaucoup de charisme et concourent à installer cette ambiance dont nous devenons les prisonniers forcés. Daniel Kaluuya (Chris Washington dans le film) que l’on verra bientôt dans l’adaptation ciné du comics « Black Panther » crève littéralement l’écran ! Toujours très juste, nous nous prenons immédiatement d’affection pour son personnage qui s’aperçoit très vite que quelque chose de malsain se trame. Sa charmante partenaire à l’écran, la talentueuse actrice Allison Williams (Rose Armitage) participe à ce bel échange. Ensemble, ils devront « survivre » à ce week-end familial qui prendra une tournure des plus surprenantes. Mais que serait le film sans les fameux beaux-parents incarnés à l’écran par la toujours parfaite Catherine Keener dans le rôle d’une femme- médecin qui soigne ses patients par l’hypnose et son époux Dean joué par Bradley Whitford. Très vite, et ce dès les premiers instants, on se rend compte que les personnes de couleur qui gravitent autour de cette famille sont étranges. Ils se comportent un peu comme des zombies, semblent déconnectés de la réalité et de l’instant présent. Nous choisissons ici de ne pas aller plus en avant afin de vous laissez les surprises qui jalonnent ce très bon film ! Et que dire de la performance de l’acteur Lil Rel Howery qui incarne le meilleur ami du héros et apporte une sacrée dose d’humour (bienvenue) à l’ensemble. Etant donné le contexte ambiant, il s’agit là d’un véritable tour de force ! Que peut-on rajouter si ce n’est de vous conseiller de vous ruer dans les salles obscures pour faire le grand huit de vos émotions ?! Quel plaisir d’être happé par cette aventure intrigante, intelligence et tellement stressante ! Nous n’en sommes pas ressorti indemnes et avons pris plaisir à en parler une fois le clap de fin actionné, comme pour évacuer notre surplus d’émoi. Vous l’aurez compris, ce film parvient à nous poursuivre longtemps encore après sa vision, pour nous hanter durablement. Après tout, n’est-ce pas le propre d’un chef d’œuvre ? Date de sortie en Belgique : 3 mai 2017 Durée du film : 1h43 Genre : Thriller/Horreur |
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