Après « La chasse », le grand Mads (qu’on ne doit plus présenter) retrouve son compatriote dans une nouvelle histoire surprenante dans laquelle il s’investit sans compter. Il faut dire que l’idée d’expérimenter la théorie selon laquelle chaque être humain retrouve son équilibre « naturel » en comblant le manque d’alcool de son sang laissait présager du meilleur en termes scénaristiques et d’interprétation… Banco ! Crédible de bout en bout, dans son mal-être permanent et ses inhibitions, Mads Mikkelsen ne surprend pas, il confirme l’immense étendue de son talent ! Là où d’autres se seraient sans doute cassés la gueule à vouloir trop en faire et être dans la surenchère, le comédien charismatique fait montre de retenue et de légères exhibitions au fur et à mesure que les fioles et bouteilles s’enchaînent, le manque ou le besoin d’exulter par l’ivresse primant sur tout le reste.
Mais jusqu’où peut-on aller une fois une telle spirale enclenchée ? Comment arrêter la mécanique huilée de vodka et autres spiritueux quotidiennement ingérés ? Voir le verre à moitié plein En traitant le sujet de l’alcoolisme à travers le prisme de la philosophie et l’expérience scientifique, Thomas Vinterberg ne juge pas, il tente de comprendre. L’impact comportemental et sociétal d’agissements condamnables, les conséquences dramatiques d’une addiction sur l’entourage et le besoin presque vital de trouver un substitut pour mieux aborder la triste monotonie d’un quotidien s’illustrent à merveille à travers l’évolution de chaque personnage principal ou secondaire, des sujets aux contours savamment dessinés lors d’une scène introductive prolixe où tout est dit, compris et intériorisé avant de laisser la place aux silences intérieurs et à l’artificielle sensation d’enfin oser être ce qu’ils ont trop longtemps laissé sommeiller. La réalisation impeccable de Vinterberg et l’évolution de ses personnages, les corps tanguant et les sensations anesthésiantes proposées à l’écran servent le propos de façon magistrale, un thème qui infuse et finit par s’évaporer de tout côté, enivrant son public par sa majestuosité. Après quelques petits détours dans un cinéma plus formaté (on pense notamment au très dispensable au « Kurk » sorti dans nos salles il y a quelques années), Thomas Vinterberg revient à une démarche plus audacieuse, plus développée et montre qu’il n’a rien perdu de son génie, surtout lorsqu’il est si bien entouré ! Parfois lent mais formidablement joué, sobre dans sa réalisation et dense dans ce qu’il a à nous proposer, « Drunk » est une belle réussite et un film à ne pas manquer, un métrage qui parviendra à nous faire sentir vivants, à l’image du dernier pas de danse que le (très) grand Mads Mikkelsen prend réellement plaisir à faire sur notre grand écran. Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2020 Durée du film : 1h55 Genre : Drame Titre original : Druk
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Retrouvez aussi nos avis des mois de:
♦ Septembre 2020 ♦ Août 2020 ♦ Juillet 2020 ♦ Mai 2020 ♦ Mars/avril 2020 ♦ Février 2020 ♦ Janvier 2020 |