Un pays qui se tient sage

Résumé du film : Alors que s'accroissent la colère et le mécontentement devant les injustices sociales, de nombreuses manifestations citoyennes sont l'objet d'une répression de plus en plus violente. 

Avis :  C’est sur une citation de Max Weber (dont l’idée est de dire que « L'Etat détient le monopole de la violence légitime ») que s’ouvre le documentaire de David Dufresne, un film composé d’images amateurs et de témoignages, d’échanges et de constats qui guident notre regard, parfois incrédules, au cœur de manifestations françaises.

Journaliste et auteur du roman « Dernière sommation », David Dufresne s’est déjà fait le porte-parole d’un peuple opprimé par des violences policières à travers son compte Twitter Allô@Place_Beauvau où il relaie des vidéos amateurs prises aux quatre coins du pays. ​

A travers son nouveau film, le réalisateur et écrivain fait un pas de plus en avant pour ouvrir le débat autour de cette violence avérée en donnant la parole à des penseurs et autres acteurs importants de notre société. Face aux images projetées en grand sur une toile tendue à leurs pieds, historiens, sociologues, ouvriers, policiers, auteurs ou sans emploi scrutent les témoignages qui leurs sont proposés, exposent leur point de vue et échangent autour d’une même idée : la violence est-elle banalisée ou cautionnée ?

Parfois orienté, son documentaire nous entraine aux côtés de gilets jaunes matraqués, violentés, mutilés par des flash balls régulièrement utilisés. On découvre la provocation des manifestants, la fuite de policiers ou leur réplique lorsque leurs nerfs, mis à rude épreuve, sont à deux doigts à lâcher. Dans son générique de fin, David Dufresne explique que la main tendue vers les auteurs instances de la police nationale n’a pas trouvé de retour… Et nous comprenons ainsi un peu mieux le parti pris de ce « Un pays qui se tient sage » qui ne cesse de nous le rappeler, par les images choisies, son montage et les faits présentés.
 
Mais qu’importe finalement si le film est totalement subjectif et orienté car le lanceur d’alerte assume de bout en bout la voie qu’il a tracée, nous emmenant sur les chemins de France où les manifestants décontenancés sont bien souvent perçus comme l’ennemi d’une nation. Leurs voix s’élèvent au-dessus du chahut, des bruits assourdissants, des charges et des cris mais elles s’apaisent face à cette caméra qui capte les émotions, les ressentis, jamais de face, mais toujours avec une sincérité dans les opinions. Redondant, le documentaire s’ancre toutefois dans une dure réalité qui risque de perdurer et partage la détresse de citoyens qui, smartphones en main, sont les témoins d’hier et de demain…

Date de sortie en Belgique : 7 octobre 2020
Date de sortie en France : 30 septembre 2020
Durée du film : 1h26
Genre : Documentaire