Les nostalgiques du premier volet, véritable pépite indétrônable, se lamenteront une nouvelle fois de l’orientation que prend la série. Comment pourrions-nous qualifier ce dernier épisode ? Assurément toujours (voire plus) violent et versant une nouvelle fois dans la surenchère… Vous voilà prévenus ! Kramer contre Kramer Se déroulant entre « Saw » et « Saw II », ce nouvel opus voit forcément le retour du tueur au puzzle (toujours incarné par Tobin Bell) et son assistante toute aussi machiavélique Amanda (Shawnee Smith). Tourné au Mexique pour les besoin de son histoire, il est cocasse de constater que le tueur (cherchant à tout prix à guérir de sa maladie) se retrouve être dupé par des pseudos médecins présentant bien peu de morale ! Et si ces derniers lui ont fait miroiter sa guérison, imaginez la réaction que pourrait être celle du psychopathe ! Bien sûr, vous serez encore très loin d’imaginer du sort qu’il leur réserve et c’est là que se trouve le plaisir coupable ! Le réalisateur, Kevin Greutert (déjà réalisateur de « Saw 6 » et « Saw 3D ») s’est certainement entouré de scénaristes retors pour nous présenter les séquences de tortures qui feraient passer Jack L’Eventreur pour un enfant de cœur ! Cependant, il est à noter que la première partie située au Mexique prend son temps et nous montre un John Kramer extrêmement vulnérable face à sa maladie avant qu’il ne retrouve du poil de la bête lors de sa vengeance. D’ailleurs, la mise en scène toujours aussi efficace épouse parfaitement les choix opérés et s’inscrit parfaitement dans la mécanique bien huilée d’une réalisation fidèle aux autres volets déjà présentés. Mais que l’on rassure les nouveaux venus ! Ils ne sont pas obligés de se farcir les neuf premiers épisodes pour comprendre l’histoire puisque celle-ci a été pensée pour être relativement indépendante même si les nombreux clins d’œil raviront les amateurs du genre.
Durée du film : 1h 58min Genre : Epouvante-horreur Date de sortie en Belgique : 25 octobre 2023 De Kevin Greutert - Avec Tobin Bell, Shawnee Smith, Synnøve Macody Lund
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A travers son dernier long-métrage, il scrute la société occidentale (et anglaise plus particulièrement) à travers le prisme de familles syriennes venues en Europe pour fuir les bombes et les conflits qui détruisent leurs villes mais aussi leurs vies de famille. Installée dans un village frappé par le chômage et la pauvreté, cette communauté va très vite être jugée, exclue, incomprise et injustement accusée de tous les maux. Mais fort heureusement, dans ce petit microcosme, s’élèvent quelques voix et se tendent quelques bras, ceux d’un tenancier de bar solitaire et d’une bénévole pour qui la nationalité, l’histoire et le parcours importent peu. Dans un marasme économique et sociétal qui touche le plus grand nombre naîtra une formidable amitié, celle qui touche au cœur et fait ressortir le meilleur de celles et ceux qui outrepassent les préjugés… The old oak and the new hope Si on reconnaît d’emblée la patte de Ken Loach et de son acolyte scénariste Paul Laverty, « The old oak » parvient à prendre un angle nouveau pour dépeindre notre société dans ce qu’elle a de plus pessimiste ou de magnifique. Juxtaposant comme toujours détresse et espoir, le nouveau film du tandem joue certes en terrain connu et reste dans un cadre répétitif mais il le fait, comme toujours, avec une humanité qui réchauffe le cœur. Par son sujet, son approche et son évolution scénaristique tout d’abord, mais aussi comme toujours avec un casting de parfaits inconnus on ne peut plus proche des personnes qu’ils incarnent et arborant une sincérité évidente qui ne peut que nous toucher. Ici, on se prend de sympathie pour les protagonistes campés par Dave Turner, Ebla Mari et Laura Lee Daly pour ne citer qu’eux, on aime pousser la porte de ce pub qui sent bon l’Angleterre profonde, celle qui n’a rien à offrir que des rencontres et des expériences de vie marquées par la fermeture d’une mine qui faisait autrement fois vivre des familles entières. Comme toujours, on croit au cinéma de Ken Loach, on chemine aux côtés de ses héros ordinaires que sont TJ Ballantyne et Yara et on sort grandit d’une expérience humaine qui nous a, pendant un peu moins de 2h, enrichie.
Durée du film : 1h53
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 25 octobre 2023 De Ken Loach – Avec Dave Turner, Ebla Mari et Debbie Honeywood
Et comme on peut s’y attendre, cet or noir faisait de nombreux jaloux parmi les Américains blancs trop désireux de comploter pour leur voler leurs parcelles, voire de les tuer. Quant aux arnaques mises en place, elles se faisaient au moyen de mariages d’intérêt entre les Amérindiennes et ceux qui profitent d’elles sans vergogne afin de jouir des droits payés pour l’exploitation du pétrole. Et en ce qui concerne la gestion des revenus des Amérindiens, elle revenait à des tuteurs blancs qui s’enrichissaient de manière « légale » sur les profits ! Mais le plus effroyable (oui, le propos du film est tout simplement monstrueux) sont les nombreux assassinats qui ont eu lieu afin que les profiteurs touchent en héritage les fruits de leurs mariages d’intérêt. Décidément, l’âme humaine est bien sombre et le cinéma de Scorsese la dépeint parfaitement. La réunion des anciens Fort de son casting, « Killers of the Flower Moon » offre des retrouvailles aux acteurs iconiques du réalisateur ! En effet, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio se donnent à nouveau la réplique après « Blessures secrètes » (1994) et « Simple Secrets » (1998). Et en voyant Robert De Niro à l’écran, on ne peut être que bluffé par la performance de l’acteur, qui, du haut de ses 80 ans en impose toujours autant ! Sans dévoiler des éléments de l’intrigue, l’acteur marquera à coup sûr les esprits avec ce rôle ! Mais la véritable surprise vient de l’actrice Lily Gladstone - qui a d’ailleurs quitté une réserve indienne pour suivre des cours de théâtre. L’actrice crève littéralement l’écran ! Parfaite dans le rôle de l’épouse de Leonardo DiCaprio, son personnage de femme dévouée et de mère aimante dégage à chaque instant une sincérité désarmante ! La comédienne parvient à nous toucher fortement en plein cœur. S’effaçant totalement devant son personnage d’une grande dignité, l’actrice ne joue pas… jamais, elle est et incarne à la perfection toute la fragilité de son personnage. Quelle claque d’interprétation ! Les mythes du western Armé de sa caméra, Martin Scorsese filme donc l’Amérique des années 20 avec maestria. Et si nous retrouvons sa formidable patte dans ce thriller/western crépusculaire, c’est aussi grâce à ses fidèles qui le suivent dans ses réalisations. Nous retrouvons avec un plaisir (visuel) évident Rodrigo Prieto, son directeur de la photographie, mais aussi la monteuse Thelma Schoonmaker qui a eu fort à faire avec les 3h26 de matière du film ! Si d’aucuns pourraient reprocher au film des longueurs inutiles qui ralentissent le rythme, nous en avons une perception différente. Martin Scorsese laisse tourner sa caméra pour capter la vie et les rites des Amérindiens comme ce scènes de funérailles, de mariages et même d’attribution des prénoms des nourrissons qui révèlent une culture aux antipodes de celle de l’homme blanc, désormais déconnecté d’une nature qu’il cherche à domestiquer. Finalement, « Killers of the Flower Moon » est une fresque d’une extrême noirceur qui se veut la synthèse du cinéma de Martin Scorsese. Mais cette toile révèle surtout les mauvais côtés de l’homme. Envieux, jaloux, violent et jouissant de tellement peu de morale, l’homme blanc se veut plus proche de l’animal faussement civilisé que d’un homme moderne rompant avec la violence sociétale des années précédentes.
Durée du film : 3h 26min Genre : Drame historique Date de sortie en Belgique/France : 18 octobre 2023 De Martin Scorsese - Avec Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone, Robert De Niro, Jesse Plemons et Brendan Fraser
Après « Sous les nuages » (4’) où un mouton veut préserver sa fleur (tiens, coucou le Petit Prince) ! mais se la fait voler/manger… l’Allemand « Somni » (3’30), un joli film d’animation fluorescente sur la chute dans les songes les plus sombres avant de retrouver les bras rassurants de sa maman, « Dos pajaritos : la fiesta » une combinaison d’animations colombienne de trois minutes où deux oiseaux veulent s’inviter à la fête de petits congénères et utilisent tous les subterfuges pour le faire (c’est très drôle et le twist final adresse un joli message sur fond humoristique), voici venir « Les tourouges et les toubleus », un court métrage d’un peu moins de 30 minutes. Doublé en VF (ce qui nous empêche de nous délecter de l’intervention de Sally Hawkins), ce tout mignon petit film nous présente la vie de Jeannette (rouge) et Edouard (Bleu), deux enfants évoluant dans des peuples opposés et séparés par une frontière de pierre. Transgressant la règle qui leur interdit de jouer avec les uns avec les autres, nos ados, lassés des traditions de chez eux, s’évadent chacun de leur côté pour voir « autre chose » et finissent par se rencontrer dans la forêt de Merlinpinpin. La suite, vous la devinez ? Nos petits camarades vont finir par nourrir leur complicité, ce qui déplaît à leurs familles respectives. Mais le plus beau reste à venir et vous découvrirez comment l’histoire finira par trouver un dénouement positif et fédérateur. Même si l’issue manque de surprise, la morale reste jolie et la réalisation appréciable.
Durée du film : 37 minutes
Genre : Animation Date de sortie en Belgique : 18 octobre 2023
Tout en légèreté et profondeur, Ambrosioni aborde le quotidien difficile d’une mère, Toni (Camille Cottin), élevant seule ses 5 enfants. Faite de douceur et de naturel, cette comédie dramatique nous rassure dans la routine de nos vies. Des cris, des rires, des pleurs et, surtout, le regard magnifique de Cottin qui transmet tellement à l’écran dans son rôle de mère solo. D’une détermination presque inébranlable, son personnage nous rappelle qu’on a tous encore la possibilité de changer le cours de notre vie, même lorsqu’on a 40 ans, et que la société s’entête à nous faire reculer. Toni s’affranchit des règles sociétales, une réelle bouffée d’espoir !
Durée du film : 1h36 Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique : 11 octobre 2023 De Nathan Ambrosioni – Avec Camille Cottin, Léa Lopez, Louise Labèque, Oscar Pauleau, Thomas Gioria et Juliane Lepoureau
► Je t’aime moi non plus Il n’est pas facile d’aborder et d’illustrer une thématique comme celle présentée dans « Le consentement ». Ça l’est d’autant plus quand on ne veut pas vraiment prendre parti et rester factuelle comme le fait sa réalisatrice en présentant les événements tels que Vanessa Springora les écrivaient dans son détonnant livre du même nom. Très scolaire dans sa mise en scène, le film joue sa prise de risque l’illustration sans détour de certaines scènes « choquantes » et déstabilisantes où l’emprise de Matzneff se fait de plus en plus pesante sur l’esprit et le corps d’une adolescente fébrile. La fascination de Vanessa pour cet homme qui a posé son regard sur elle, la manipulation de la fille mais aussi de sa mère, flattées et arborant une certaine fierté à s’attirer les faveurs d’un écrivain renommé ne peuvent que nous interpeller, nous qui évoluons dans une société en total décalage avec cette époque où ce genre de relation ambigüe et toxique était tolérée et acceptée. Ce qui frappe le plus dans cette adaptation du « Consentement », ce n’est donc pas sa forme, très basique, mais son fond, dérangeant, son climax qui nous colle à la peau comme la réputation de Vanessa, adolescente inconsciente et follement amoureuse, dont les actes sont à jamais figer dans la littérature et pour qui le droit à l’oubli sera très difficile à revendiquer. Evoluant dans deux univers dans lesquels elle ne semble jamais trouver sa place, la jeune fille de 14/16 ans délaisse la naïveté de sa jeunesse pour la maturité d’une maîtresse qu’on arbore comme un trophée, le faisait briller de mille feux avant de le ranger sur une étagère à côté d’autres, qu’un homme de l’âge de son (grand)père ne cesse de collectionner pour alimenter les carnets et romans écrits à la pointe d’une « plume trempée dans le sang du cœur »… Mensonges, trahisons, révolutions et bouleversements internes s’enchainent dans un tourbillon dévastateur magnifiquement illustré par la psychologie de personnages qu’on a l’impression d’avoir réellement côtoyés. Et ce rendu n’est possible que par le jeu sans faille et sans retenue de Jean-Paul Rouve et l’hypnotique Kim Higelin mais aussi de Laetitia Casta qui révèle une nouvelle teinte de sa palette de jeu. Sensible, le sujet du film de Vanessa Filho nous semble plus que jamais d’actualité, tant les révélations faites dans les médias montrent que Vanessa Springora n’est pas une « victime » isolée de ce genre de prédateurs qui évoluent sous les projecteurs.
Durée du film : 1h58
Genre : Drame Date de sortie en Belgique/France : 11 octobre 2023 De Vanessa Filho – Avec Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta et Elodie Bouchez
Plus court que sa version danoise (« Dronningen » dans sa version originale), le long-métrage de Catherine Breillat est tout aussi efficace même s’il souffre d’un manque de surprise auprès de ceux qui retrouvent plan par plan une intrigue encore récente dans nos mémoires. Audacieuse, l’exploitation de l’attirance interdite entre deux êtres qui ne devraient pas succomber à leurs pulsions se veut captivante, troublante, marquante. Le cadre est vite installé, les relations entre les protagonistes savamment amenées, la tension palpable et son intrigue glaçante. Les scènes de sexe sont explicites et aucun des acteurs ne se brident dans son interprétation, permettant ainsi à son personnage d’exister réellement, dans les non-dits comme dans les actes répressibles. Trait d’union entre un père dépassé et deux demi-sœurs totalement fascinées, Anne a longtemps tenté de mettre en place une cellule familiale que beaucoup pourraient lui envier. Mais manipulations et déraisons ont pris le dessus sur cette saine relation et est venue envenimer toutes les bonnes intentions au point de précipiter deux amants interdits dans une chute qui ne semble pas avoir de fond. Théo, lui, n’a (on le comprend très vite) aucune limite et se réfugie derrière sa naïveté adolescente, sa fausse candeur pour sortir d’une relation compliquée qu’il a précipitée. Tout aussi haletant dans sa construction que l’était « Queen of hearts », le film est également l’occasion de plonger dans un drame psychologique dense qui nous poursuivra encore des heures après sa vision… pour peu que l’on soit vierge de toute autre représentation.
Durée du film : 1h44
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 11 octobre 2023 De Catherine Breillat – Avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin
C’est simple, on se croirait téléporté dans cette Cour, qui durant des jours, a vu défiler témoins, contre-témoins et experts, dans le but de faire la lumière sur le double homicide dont était accusé Pierre Goldman. Glaçant, le film, d’une autre « époque », démontre combien la présomption d’innocence ne semble pas s’appliquer lorsqu’on est un braqueur juif polonais évoluant à l’ère de Giscard. Réalisé sans flash-back, avec pour seules illustrations les dires des témoins se succédant à la barre, « Le procès Goldman » fascine tant dans sa mise en scène que dans son propos. La personnalité de Goldman détonne au milieu de cette procédure clairement à charge, les réactions du public dynamise le tout, le spectateur est pris au cœur de son intrigue et la quitte le cœur battant, ne connaissant pas d’avance l’issue de ce grand cirque judiciaire où clowns et Monsieur loyal se succèdent. La verve de Goldman, les doutes et les affirmations rendent l’exercice de style passionnant, ce huis-clos ne lâchant jamais notre intérêt et nous faisant nous questionner en permanence sur l’issue qui sera la sienne. Arieh Worthalter, méconnaissable, force notre respect par son jeu si habité, si vrai, si remplit de rage de faire écho aux mots de celui qu’il incarne.
Durée du film : 1h55
Genre : Drame, policier Date de sortie en Belgique : 4 octobre 2023 Date de sortie en France: 27 septembre 2023 De Cédric Kahn – Avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin et Nicolas Briançon |
Légende
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