Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : La Fontaine fait son cinéma est un nouveau programme de « La Chouette du cinéma ». Cette fois, La Chouette du cinéma est partie récolter six courts métrages en forme de fables, de petites histoires, avec des animaux, qui contiennent une leçon de vie. Avis : Comme dans son précédent volet, « la chouette du cinéma » nous propose un ensemble de courts métrages et une jolie interaction avec le jeune public. Instructif et varié dans le fond comme dans la forme, l’ensemble de ces petits films saura parler aux jeunes spectateurs avides d’aventures cinématographiques. Ainsi, dans ce nouvel opus, la chouette explique aux enfants ce qu’est une fable et l’illustre à travers cinq exemples. Et quoi de plus normal que de commencer par une revisite de la fable « Le corbeau et le renard » de Pascal Adant, où les deux animaux se retrouvent sur un plateau de tournage pour mettre en scène la célèbre histoire de Jean de La Fontaine. Après cette petite incursion, en enchaîne avec « Rumeurs » de Frits Standaert, où trois petits lapins parviennent à faire courir un bruit et effrayer tous les animaux sauvages. Comme toujours, la chouette fait des petits apparitions entre chaque extrait, afin d’expliquer les histoires aux plus petits ou de leur apporter des explications complémentaires. Le troisième court métrage, « La loi du plus fort » de la belge Pascale Hecquet, présente une histoire célèbre en Afrique et en Inde, où un tout petit singe parvient à user de sa ruse pour défendre son dû. Autre fable célèbre adaptée à nouveau par Pascal Adant, celle de « La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf ». Coup de cœur personnel, cette fable use d’un humour bienvenu et opte pour une présentation sympathique du personnage principal : la rainette. Très joliment illustrée, elle s’adressera peut-être aux plus grands et à leurs parents. Pour ses fables en délire, Fabrice Luang-Vija présente « La poule, l’éléphant et le serpent » dans une version un peu loufoque. Et pour terminer en beauté, Pascale Hecquet remet le couvert et propose une chansonnette toute mignonne sur des images épurées, nous contant ainsi l’histoire d’un pingouin touchant. Avec son timing court, « La fontaine fait son cinéma » est à nouveau une belle entrée en matière dans le monde du 7ème art pour les plus jeunes spectateurs. Cinq courts métrages, tous très différents dans leur style artistique mais tous au service d’une fable d’ici ou d’ailleurs. A découvrir en famille, les petites saynètes seront l’occasion d’aborder des morales distillées derrière des images de qualité. Date de sortie en Belgique : 29 mars 2017 Date de sortie en France : 22 mars 2017 Durée du film : 40 minutes Genre : Animation
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Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans cette nouvelle aventure 100% animée des Schtroumpfs, la Schtroumpfette trouve une mystérieuse carte menant à un village perdu. Avec ses meilleurs amis le Schtroumpf à lunettes, le Schtroumpf costaud et le Schtroumpf maladroit, elle se lance à travers la Forêt Interdite, où vivent des créatures étranges. Les Schtroumpfs espèrent atteindre le village perdu avant que le sorcier maléfique Gargamel ne le trouve à son tour. Lors de leur voyage rempli d'action et de dangers, les Schtroumpfs risquent de faire la plus grande découverte dans l'histoire des Schtroumpfs! Avis : ♫ « Il y a longtemps loin d’ici, vivait dans un pays, des petits êtres bleus, vivant toujours heureux » ♫ Lorsque l’on regarde l’affiche des « Schtroumpfs et le village perdu », on ne peut s’empêcher de chantonner le générique du dessin animé de notre enfance. Curieux de découvrir les nouvelles aventures de nos petits lutins préférés, nous nous sommes introduits avec un plaisir certain dans l’univers de Peyo et de Kelly Asbury et en sommes ressortis enchantés. Dans la même veine que « Les Trolls » (sorti en octobre dernier), le long-métrage d’animation nous entraîne dans un monde coloré où petits et grands trouveront leur bonheur. Après deux adaptations en live motion (plutôt décevantes pour notre part), les studios d’animation Sony Pictures nous proposent une version bien plus proche des dessins animés des années 80. Kelly Asbury (réalisateur de « Spirit » ou de « Shrek 2 ») a su allier les technologies modernes et l’esprit bon enfant des bandes dessinées de Peyo pour nous offrir un résultat époustouflant. Son esthétique incroyable est sans aucun doute l’atout majeur du film. Entièrement pensé en 3D, son film fonctionne avec ou sans lunettes. L’immersion est totale et le spectacle prenant. Extrêmement coloré et positif, le film sert à merveille une histoire aux valeurs nobles : celles du courage et de l’amitié. En effet, après quelques pérégrinations, la schtroumpfette, le schtroumpf costaud, le schtroumpf maladroit et le schtroumpf à lunettes découvrent qu’un village existe de l’autre côté d’un mur défendu. Alors que Gargamel décide de se lancer à la recherche de ce village où pourraient vivre d’autres petits schtroumpfs, les quatre compagnons partent prévenir les mystérieux occupants du danger à venir. Il est vrai que le scénario n’a pas grand-chose d’original et laisse peu de place aux surprises (c’est sans doute le seul défaut du film) mais il est surtout l’occasion de partir à l’aventure à travers des contrées jusqu’ici inexplorées. Et ce que nos petits aventuriers s’apprêtent à rencontrer est au-delà de ce qu’ils pouvaient s’imaginer. Avec son humour bienveillant, le film fera rire un grand nombre d’enfants. Le deuxième degré n’est, contrairement à d’autres films, pas véritablement présent. Cependant, les nombreux gags sauront aussi amuser les plus grands. Dès la présentation du village des Schtroumpfs, le ton est donné : nous sommes partis pour 1h30 de film joyeux et gentil où les seuls méchants sont Gargamel, Azraël et le Cracoucass, c’est dire que le niveau d’animosité n’est pas très élevé. Totalement réussis, tous les petits personnages sont fidèles à ceux que l’on connaît dans les bandes dessinées de Peyo. Et pour s’assurer que l’esprit sera fidèle à celui du dessinateur belge, on remarque que Véronique Culliford est créditée comme productrice du film d’Asbury. Si l’univers de Peyo est en tout point respecté, on retrouve une autre madeleine de Proust dans ce long-métrage d’animation : la voix du Grand Schtroumpf ! Dès les premières répliques, on identifie avec bonheur le timbre de Gérard Hernandez (qui œuvre actuellement dans la série « Scènes de ménage »), celui qui berçait déjà notre enfance dans les dessins animés de la même licence. Quant à la schtroumpfette, c’est Laetitia Milot (de « Plus belle la vie ») qui prête sa voix à la blondinette un peu rebelle. Côté musique, on a droit à un beau panel de chansons dance ou techno. La bande originale, orchestrée par Christopher Lennertz, fera dandiner les plus jeunes sur leur siège alors que leurs parents tapoteront gentiment du pied. Il y a d’ailleurs de fortes chances pour que l’album du film trouvent acquéreurs auprès des petits spectateurs. Réussi, punchy, le dernier film des aventures des Schtroumpfs vous fera très certainement passer un bon moment en famille. Et pour les sceptiques, qui s’étaient détournés de l’univers des lutins bleus après les deux premiers films de Raja Gosnell, on peut déjà parier que le long-métrage de Kelly Asbury parviendra à reconquérir leur cœur et à réveiller leurs souvenirs d’enfant. Date de sortie en Belgique : 29 mars 2017 Date de sortie en France : 5 avril 2017 Durée du film : 1h30 Genre : Animation Titre original : « Smurfs: The Lost Village » Note du film : 4/10 (par Véronique) Résumé du film : Ruben, Durex et Nora sont tous les trois étudiants en dernière année de fac. Par manque de confiance en lui, Ruben a déjà raté une fois ses examens. Même problème avec Nora, à qui il n'ose avouer ses sentiments. Et ce n'est pas Durex son ami d’enfance, le type le plus gênant au monde, qui va l’aider…Lorsqu’il découvre que Nora est aussi dealeuse et qu’elle part pour Amsterdam afin de ramener un tout nouveau type de drogue, Ruben prend son courage à deux mains et décide de l’accompagner. Ce voyage à Amsterdam, c’est le cadre idéal pour séduire enfin Nora, dommage pour lui que Durex s’incruste dans l’aventure. Alors que tous les trois découvrent la capitale la plus dingue d’Europe, leur vie va franchement se compliquer quand ils vont réaliser que la drogue qu’ils viennent de récupérer appartient aux plus grands criminels d’Amsterdam…Très vite Ruben, Durex et Nora vont comprendre que pour retrouver leur vie d’avant, ils vont devoir cesser d’être des blaireaux, pour devenir de vrais héros. Avis : Dans la série des comédies françaises lourdingues, je demande « Gangsterdam ». Un peu moins accablant que « Going to Brazil » dont on vous parlait dernièrement, le deuxième long-métrage de Romain Lévy a tout de même de quoi faire tiquer les spectateurs un tant soit peu exigeants. Cliché, dégoulinant de gags douteux, mal interprété, la comédie de Lévy ne nous a pas fait rire du tout... Enfin, presque pas, car malgré tout ce qu’on pourra lui reprocher dans les prochaines lignes, on doit tout de même plaider coupable pour quelques rires honteux tirés de situations abracadabrantes. Fort de son premier succès « Radiostars », un film plutôt abouti sur le monde de la radio, Romain Lévy revient sur nos écrans avec « Gangsterdam », un long-métrage déjanté dans lequel trois étudiants en droit se retrouvent coincés à Amsterdam et à la merci d’un gang peu commode. Si son humour décomplexé et son originalité avaient fait les belles heures de son premier film, Lévy pousse un trop loin l’exercice de style qui lui avait réussi et devient une caricature grossière de la comédie de genre. Les dialogues, peu naturels, sont à l’image du jeu théâtral de la plupart des protagonistes. Sans doute volontaire, l’interprétation sonne faux et nous donne l’impression d’assister à un pastiche d’une comédie plus qu’à une comédie à proprement parler. On retrouve le sens de l’énergie de Lévy dans ce film d’action rocambolesque mais il est bien trop nerveux et franchement « too much » pour parvenir à nous convaincre. Proche du génie audacieux avec « Radiostars », Romain Levy s’embourbe dans une histoire invraisemblable où cartels et règlements de compte fusent ici et là sans que l’on ne comprenne toujours pourquoi. Des bas-fonds d’Amsterdam aux péniches cossues, « Gangsterdam » nous entraîne dans un voyage agité qu’il est difficile d’apprécier. Parmi cette succession de gags indigestes, on parvient tout de même à relever une mise en scène maîtrisée où l’esthétique tient une place de choix. Sorte d’hommage aux films des années 80-90, le générique, le grain de l’image et la bande son viennent orner agréablement l’heure quarante de film. Si les références ne sont pas explicites, on reconnaît la qualité du travail qui a été faite sur la forme, afin de donner une touche vintage aux images. Mais assez parlé de l’apparat, évoquons le casting du film, sur lequel a misé le réalisateur français. On le sait, les ados adorent Kev Adams. Star montante de ces dernières années, le jeune comédien est passé du stand up au cinéma sans faire de grand écart. Fidèle à lui-même, Kev nous livre une interprétation correcte et fait... du Kev Adams ! Sans que cela ne marque totalement les esprits, on peut le dire, sa fraîcheur et sa bonhomie habituelle se prêtent plutôt bien au contexte du film. Par contre, là où la bat blesse, c’est dans l’interprétation de Côme Levin, qui donne l’impression de n’être là que pour mettre en lumière son partenaire de jeu, tant il est ridicule et excessif. Et nous ne parlons même pas des répliques et des scènes qui lui sont confiées, juste de l’insupportable prestation qu’il nous livre dans le film. Loin d’être un novice en matière de cinéma, on se demande franchement la raison de ce choix d’acting. Pour compléter le trio, la très jolie Manon Azem (la doubleuse française officielle d’Emma Watson) qui remplit le contrat sans en faire des tonnes. Mais ils ne sont pas les seuls à se donner la réplique dans le film. Dans les figures plus emblématiques, on retrouve le fidèle Manu Payet (déjà à l’affiche de « Radiostars »), Hubert Koundé, l’actrice belge Mona Walvarens, le charismatique néerlandais Rutger Hauer ou encore Patrick Timsit qui joue un improbable père juif, professeur de chimie. Preuve qu’ici encore, on surfe sur le mélange de genres… Popcorn movie par excellence, « Gangsterdam » plaira peut-être aux adolescents en soif de comédie d’action où Kev Adams tient un rôle phare. Il n’y a qu’à voir les foules incroyables qui se bousculent aux avant-premières pour comprendre que le réalisateur a fait mouche en lui confiant le rôle principal. Pour notre part, nous avons essayé d’entrer dans l’univers déjanté de Romain Levy mais nous en sommes sortis déconfis, déçus de voir que le manque de sobriété avait saboté une histoire qui méritait d’être mieux traitée. Oui, la photographie et la mise en scène sont intéressantes. Mais c’est bien triste de ne relever que ces qualités dans une comédie excessive où l’humour borderline peut très vite nous faire passer des rires à la contrariété. Comme souvent, le meilleur se trouve dans la bande annonce. Et au vu de celle-ci, on peut aisément comprendre qu’il n’est absolument pas indispensable de se rendre dans les salles pour découvrir les péripéties de Kev Adams et compagnie… Date de sortie en Belgique/France : 29 mars 2017 Durée du film : 1h40 Genre : Comédie Note du film : 2/10 (par Véronique) Résumé du film : La folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil. À peine arrivées à Rio, elles tuent accidentellement un jeune homme trop insistant. Dès lors, tout s'emballe..! Avis : « Going to Brazil ». Voilà un film sur lequel nous avons bien du mal à écrire. Vu dans le cadre du Festival de la Comédie de Liège où il a reçu le Grand Prix du Jury en novembre dernier, le long-métrage de Patrick Mille s’annonçait comme un « Very Bad Trip » féminin. Mais une seule chose est sûre : le film n’est absolument pas à la hauteur de la comparaison et son équipe s’est en effet pris un mauvais trip qu’il aurait mieux valu ne jamais porter à l’écran. On a beau apprécier Patrick Mille, on ne peut pas tout lui pardonner : pour sa deuxième réalisation, il s’est fameusement planté… Actuellement en pleine promotion de son film, Patrick Mille reçoit çà et là de jolis éloges pour ce film couillu, punchy, génial et franchement drôle. Vraiment ? De deux choses l’une. Soit nous n’avons pas vu le même film, soit les animateurs qui le reçoivent ne l’ont pas encore vu. Toujours est-il que si certains lui accorderaient volontiers une poignée d’étoiles, la seule que nous pourrions décerner au film filerait fissa se planter contre le tronc d’un palmier brésilien et s’autodétruire sur le champ. Car mis à part nous offrir des images d’un Brésil tantôt ultra- riche, tantôt extrêmement pauvre, on ne voit pas trop ce que l’on pourrait en tirer d’autres. Le scénario, l’interprétation, la réalisation, la prise de vue... tout laisse à désirer, exception faite des petits mix sympathiques de la fameuse soirée où tout bascule, c’est dire ! Convenu, le film manque totalement d’originalité. Calqué sur le suspense d’un épisode de l’inspecteur Derrick, on comprend dès le départ vers où Patrick Mille, Sabrina Amara et Julien Lambroschini (les trois scénaristes), veulent nous emmener. Les dialogues sonnent creux, les mises en scène sont caricaturales, nous ne sommes plus très loin d’assister à une parodie d’une pseudo comédie américaine lourdingue. Mais le plus insupportable, est sans aucun doute le (sur)jeu des comédiens. On ne sait d’ailleurs pas qui des quatre actrices principales (Vanessa Guide, Alison Wheeler, Margot Bancilhon et Philippine Stindel) ou des personnages secondaires (on pense à la belle famille oppressante de Katia- finalement très à l’image du film : écrasante et excessive) en fait le plus de tonnes. On ne croit pas une seule seconde aux personnages qui nous sont présentés et on ressent presque de la peine pour le casting qui a accepté de s’embarquer dans une telle aventure tant tout cela nous parait mauvais… L’exagération est telle que nous avons déclaré forfait vingt minutes avant la fin de la séance, jurant un peu trop tard, qu’on ne nous y prendrait plus… Nous ne saurons jamais comment nos quatre jeunes filles se sortiront du pétrin dans lequel elles se sont mises. Ce qui importait le plus pour nous, c’était de sortir de celui dans lequel nous nous étions (volontairement) mis ! Tout au long du film, la sauce (Brazil, faisons à notre tour un peu d’humour pour détendre l’atmosphère) peine à prendre au niveau scénaristique : tout est totalement prévisible et ahurissant. On déballe l’intrigue sans finesse et si on peut exagérer encore un peu le « comique » de situation, alors pourquoi s’en priver ? Si on a droit ici et là à quelques sympathiques prises d’images version clip survitaminé, on regrette que la matériau de base ne permette pas une mise en scène plus épurée. A l’heure où les places de cinéma coûtent leur pesant de cacahuètes (ou de pop-corn, c’est selon), on ne saura trop vous conseiller d’éviter de prendre un billet last minutes pour « Going to Brazil ». Notre ressenti est tel que nous n’aurions jamais dépensé le moindre euro dans cette comédie exubérante et accablante ! On continue de rester sans voix devant les louanges que peut recevoir le film et ne cessons de penser que l’idée de monter ce film aurait du rester un délire entre potes, histoire d’épargner les courageux spectateurs qui s’envoleront vers une comédie navrante… On nous dit qu’il en faut pour tous les goûts. C’est sûr, celui-là, ne nous a pas plus du tout ! Date de sortie en Belgique/France : 22 mars 2017 Durée du film : 1h34 Genre : Comédie Note du film : 8/10 (par François) Résumé du film : Alors que la ville de Boston est sous le choc de multiples explosions, le sergent de police Tommy Saunders rejoint les enquêteurs sur le terrain dans une course contre la montre pour traquer et arrêter les auteurs avant qu'ils ne frappent à nouveau. Croisant les parcours de l'agent spécial Richard Deslauriers, du commissaire Ed Davis, du sergent Jeffrey Pugliese et de l'infirmière Carol Saunders, ce récit sans concession évoque la chasse à l'homme la plus complexe jamais mise en œuvre par la police américaine – et rend un vibrant hommage aux héros du quotidien Avis : Le dernier film de Peter Berg (« Deepwater », « Battleship » et « Hancock » pour ne citer qu’eux) se propose de nous faire vivre de l’intérieur, caméra à l’épaule, les attentats du marathon de Boston. Extrêmement efficace dans sa réalisation, celle-ci se veut à la fois nerveuse et mixe à certains moments (avec succès) les prises de vues réelles lorsque la situation l’exige. Tantôt plus posée, la caméra prendra le temps de suivre les différents protagonistes qui constituent une mosaïque de destins. Quand la célèbre course vire à l’apocalypse sous nos yeux, nous ne pouvons que retenir notre souffle et espérer que cela impacte le moins de personnes possibles. Hélas, nous sommes vite rattrapés par la réalité. Réunissant une belle brochette d’acteurs confirmés, « Traque à Boston » rend hommage au courage d’hommes et de femmes qui ont œuvré dans l’ombre pendant cette tragédie. Comme dans un épisode de NCIS, Peter Berg met en lumière le quotidien de policiers, d’agents du FBI, de pompiers, d’ambulanciers de façon extrêmement réaliste. C’est bien simple, l’action ne démarre pas tout de suite. De cette façon, le spectateur « s’invite » dans le foyer d’hommes et de femmes qui seront concernés/impliqués de façons différentes. Nous suivons leurs journées, entrons véritablement dans leurs vies et sommes les témoins privilégiés d’un drame à venir qui prendra fin plusieurs jours plus tard. Oui, pendant, 2h09 nous retiendrons notre souffle aux côtés des policiers Tommy Saunders (Mark Walhberg), Jeffrey Pugliese (J.K. Simmons : excellent acteur, passé au premier plan dans « Whiplash ») et du commissaire Ed Davis (John Goodman). Ces policiers travailleront de concert sous la houlette de l’agent spécial du FBI Richard DesLauriers (impeccable Kevin Bacon) pour appréhender les deux terroristes responsables de l’attentat. Mais les véritables héros sont des anonymes, comme le jeune Dun Meng (Jimmy O. Yang) qui s’est échappé de l’emprise des terroristes pour alerter la police. Ou bien encore les victimes qui devront vivre avec le handicap et le regard des autres. « Traque à Boston » ne souffre véritablement d’aucune critique préjudiciable. Le film prend certes le temps d’installer un cadre, mais c’est pour ne pas perdre le spectateur en cours de route et l’accompagner véritablement tout au long de cette chasse à l’homme des frères Tsarnaev. Le saviez-vous ? Le double attentat (deux bombes ont explosé) du marathon de Boston en avril 2013, résultant de l'action terroriste de deux individus ayant grandi aux Etats-Unis, a fait trois morts et 264 blessés. Le commissaire de la police de la ville Ed Davis (joué dans le film par John Goodman) explique : "Le Patriots Day est un événement majeur dans la vie de Boston. Nous le fêtons depuis fort longtemps, fiers de faire partie d’une ville qui a joué un rôle majeur pendant la Révolution. Nous avons vécu l'attaque de ces deux individus comme une insulte personnelle, si bien que nous avons riposté avec la même force." Date de sortie en Belgique : 15 mars 2017 Durée du film : 2h09 Genre : Action Titre original : « Patriots day » Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Fin du XVIIIè siècle, dans un petit village français. Belle, jeune fille rêveuse et passionnée de littérature, vit avec son père, un vieil inventeur farfelu. S'étant perdu une nuit dans la fôret, ce dernier se réfugie au château de la Bête, qui le jette au cachot. Ne pouvant supporter de voir son père emprisonné, Belle accepte alors de prendre sa place, ignorant que sous le masque du monstre se cache un Prince Charmant tremblant d'amour pour elle, mais victime d'une terrible malédiction. Avis : Précédé d’une belle promotion et de bandes annonces en tous genres, « La Belle et la Bête » de Bill Condon est indéniablement le rendez-vous Disney du printemps. Au centre de nombreuses avant-premières, le long-métrage intriguera bon nombre de spectateurs. Alors, faut-il pousser la porte de votre cinéma préféré ou fuir à grandes enjambées ? Pour notre part, nous vous recommandons vivement d’entrer dans la féerie Disney et de laisser votre âme d’enfant vibrer au-dedans. En effet, le film plaira à coup sûr aux trentenaires qui étaient petites filles lors de la diffusion du dessin animé en 1991 sur les grands écrans. Mais il séduira aussi les grands-parents qui les avaient emmenées à l’époque dans les salles ciné. Et puis, nous l’avons constaté, il fera briller les yeux des petites filles qui (re)découvriront la magie de ce conte romantique. Néanmoins, soyons francs, le film déplaira très certainement à tous ceux qui n’adhèrent pas au principe de remasterisation des dessins animés de notre enfance. Car oui, on le savait, le film de Bill Condon est un très joli copier-coller de la version animée de 91. Sublimé par les techniques modernes des Studios, le scénario (de Stephen Chbosky) prend quelques libertés mais reste généralement fidèle à ce que l’on connaissait déjà. Même les chants sont repris et réinterprétés par le nouveau casting. Dès les premières notes de musique, notre mémoire d’enfant refait surface et les souvenirs des paroles nous font fredonner tout bas ces morceaux que l’on connaît par cœur. Certes, certaines d’entre-elles ont légèrement changé mais quel bonheur de réentendre ce qui a marqué nos oreilles de petite fille. Le plaisir de partager cet instant musical avec Emma Watson (ou Léopoldine Serre selon la version choisie) et cie est incommensurable. Par contre, le long-métrage va encore plus loin dans le principe de comédie musicale et ajoute des titres inédits dont on se serait franchement passé. On a beau avoir apprécié l’expérience, on émet quelques petites réserves sur ces courts ajouts musicaux dispensables. L’autre petit bémol est le choix d’Emma Watson pour incarner Belle. Son jeu, plus que correct et son implication ne sont pas à remettre en cause, loin de là. Le souci est que, pour nous, elle ne parvient pas à nous faire oublier qu’elle est Emma Watson et non pas Belle. Mis à part dans les films « Régression » ou « Colonia », elle se fond difficilement dans les costumes de ses personnages, au risque de leur faire perdre un peu de crédibilité. Ses émotions restent quasiment impassibles et ne font donc pas vibrer la corde des nôtres… Cependant, on comprend qu’elle ait refusé le rôle féminin phare de « La La Land » pour celui-ci où chant et danse sont également au rendez-vous : qui ne rêverait pas de revêtir la sublime robe de bal et danser au bras de la bête (le très bon Dan Stevens). Et ils ne sont pas les seuls acteurs connus du casting, loin de là ! On retrouve, entres autres, des comédiens d’envergure tels que Kevin Kline (le touchant Maurice), Luke Evans (le formidable Gaston) ou encore Josh Gad (Le fou). Et pour incarner nos objets animés préférés, l’équipe a eu l’excellente idée de faire appel à Ewan McGregor (Lumière), Emma Thompson (Mrs Samovar), Gugu Mbatha-Raw (Plumette), Stanley Tucci (le piano Cadenza) et… sir Ian Mc Kellen (Big Ben). Aux commandes de ce divertissement familial : Bill Condon, le réalisateur du dernier chapitre de la saga « Twilight », le joli « Mr Holmes » ou encore « Le cinquième pouvoir ». Autant dire que le metteur en scène varie les genres mais parvient très souvent à faire mouche auprès de ses spectateurs. Ici encore, il relève le défi d’adapter le célèbre conte en prise de vue réelle. Notamment grâce à des décors hallucinants de beauté, des costumes incroyablement colorés, des effets spéciaux bluffants (abstraction faite du torse poil de la Bête…). La magie opère en tous points et tout est mis en œuvre pour que le divertissement soit total ! De la première séquence, qui nous conte la malédiction du château (illustrée autrement que par les vitraux du dessin animé), au générique final très théâtral (kitsch ? Non, sympathique !), on prend un plaisir fou à (re)voyager dans cet univers enchanteur, pour peu qu’on se laisse porter par la magie et par l’enfance qui sommeille en chacun de nous… Vous l’aurez compris, nous avons été conquis par la version 2017 de « La belle et la bête » car on y retrouve tout ce qui transparaissait dans les diverses bandes annonces. Alors oui, on peut se demander s’il était judicieux d’offrir une nouvelle version? Ou si celle de Christophe Gans (avec Léa Seydoux et Vincent Cassel) ne suffisait pas à elle-même? Mais il n’y a pas de mal à se faire du bien et à faire ressurgir nos émotions, non ? Date de sortie en Belgique : 22 mars 2017 Durée du film : 2h09 Genre : Romance musicale Titre original: "Beauty and the Beast" Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : À 16 ans, Tim est un jeune homme timide, brillant, et doté d’un talent sportif naturel. Mais la pression qu’il subit le poussera jusque dans ses derniers retranchements, là où les limites humaines atteignent le point de non-retour. Avis : Sorti dans les salles françaises mercredi dernier, « 1 :54 » est un film qui mérite toute votre attention. Proposé lors du dernier Festival International du Film Francophone de Namur, le long-métrage de Yan England n’a malheureusement pas fait grand bruit chez nous. Il faudra dès lors passer la frontière ou attendre sa sortie DVD pour vous plonger dans l’univers délicat du harcèlement que subissent certains adolescents. En effet, le réalisateur canadien a su mettre en images la dure réalité qui frappe chaque jour, des centaines d’écoliers. Quelque soit leur âge, des jeunes sont la proie de harceleur sans scrupule qui n’hésitent pas une seule seconde à user de tous stratagèmes possibles pour leur mener la vie dure. Et à l’heure où les réseaux sociaux connectent et diffusent des milliers d’internautes, on peut aisément imaginer les dégâts que cela peut causer. D’utilité publique, le film montre les dommages que peuvent provoquer les moqueries, la prolifération des vidéos, le « bizutage » et les rumeurs. Malheureusement, le sujet est bien trop actuel et Yan England met en lumière ce qu’il est difficile d’exprimer quand on est une victime. Surtout que de nos jours, les jeunes ne se déconnectent jamais et que leurs problèmes prennent de l’amplification et laisse cette amère sensation que le répit est impossible. Et cette douleur croissante peut mener à des actes parfois irréversibles, comme nous l’a déjà démontré l’actualité. Par l’angle choisit et son scénario franchement bien écrit, le film sensibilise et questionne les adolescents sur cette thématique. Et pour qu’il leur parle, le réalisateur a su faire appel à un casting de choix, à la fois proche des spectateurs et extrêmement professionnel. En tête, les acteurs québécois Antoine Olivier Pilon (qui a collaboré à deux reprises avec Xavier Dolan) et Lou-Pascal Tremblay, qui tiennent les rôles difficiles de victime et harceleur. Sophie Nélisse, mise en avant sur les affiches, ne tient qu’un rôle secondaire pourtant important. Seule figure internationale du casting, la comédienne a été vue dans des films tels que « La voleuse de livres », « Le prodige » ou encore « L’histoire de l’amour ». Leq relations d’amitié qui unissent Tim, Jeff et Jennifer fonctionnent et donnent une vraie crédibilité à cette histoire fictive mais pourtant actuelle. A côté des railleries et des déviances omniprésentes, on découvre de belles valeurs de fidélité, d’écoute et de compassion. Néanmoins, on comprend qu’il est difficile de faire le choix entre la dénonciation ou le silence (par peur de représailles) et de prendre les mains qui sont tendues pour aller de l’avant. Le titre, très suggestif, évoque le choix que fait Tim de se réfugier dans le sport et de donner le meilleur de lui-même pour exister autrement qu’en tant que victime ? S’en sortira-t-il ? C’est là toute la question. Très appréciable même s’il est dur, le film de Yan England vaut la peine d’être vu. Bien réalisé, « 1 :54 » sait soulever les bonnes questions, mettre en images le ressenti de nombreux de nos adolescents marginaux et en proie aux moqueries quotidiennes. A l’image de sa bande son (où le synthé donne le rythme), le film se veut dynamique et moderne et ouvrira peut-être les portes d’un dialogue sur un sujet malheureusement actuel. Date de sortie en France : 15 mars 2017 Durée du film : 1h46 Genre : Drame Note du film : 5,5/10 (par Véronique) Résumé du film : Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables. Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre. Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins… Avis : Oui oui, vous avez bien lu notre note : 5,5/10. En tant que fan inconditionnelle du cinéma de Claude Lelouch, c’est le cœur lourd que cette note faiblarde est attribuée au dernier film du cinéaste français. D’autant plus que nous nous faisions une joie de nous asseoir dans les sièges du cinéma français le plus proche de chez nous, à défaut de pouvoir le faire dans notre plat pays (le film n’est en effet pas distribué en Belgique pour l’instant). Le verdict est difficile à admettre mais réel : avec « Chacun sa vie », Claude Lelouch ne nous propose pas son meilleur film et tend le bâton à ses détracteurs pour qu’ils le battent. Le problème principal du film est que l’on sent dès le départ que nous sommes dans l’univers lelouchien sans en reconnaître vraiment le cadre. Lui qui nous a habitué à nous offrir une histoire liénaire (trop diront certains) part ici dans tous les sens, délaissant sa sobriété légendaire pour des scènes « comiques » poussées et parfois sans réel intérêt. On en veut pour preuve le rôle de Jean-Marie Bigard en médecin du rire franchement lourdingue. Pincez-nous… ce n’est pas possible que ce réalisateur que nous chérissons tant soit tombé dans la facilité… Et pourtant ! Le constat est alarmant. L’explication de ce désappointement est à chercher dans les propos tenus par le cinéaste lors de la promotion du film. Instigateur d’une école de cinéma à Beaune, Lelouch a voulu utiliser son dernier film pour enseigner le cinéma aux treize étudiants de ses Ateliers. Il explique d’ailleurs que « le mélange entre les stars et ces débutants contribue à la magie et à la réalité dynamique du film. Ce sont ainsi des gens de 18 à 41 ans qui ont complètement participé à la fabrication de Chacun sa vie, de l'écriture au montage en passant par tous les postes, y compris devant la caméra ». Voilà ce qui explique cela ! On se disait bien qu’il ne pouvait pas condenser dans son film, toutes les erreurs qui lui sont reprochées depuis tant d’années! Quelques éléments nous avaient d’ailleurs mis la puce à l’oreille. Dans le générique final, Claude Lelouch crédite très rapidement les étudiants de ses Ateliers du cinéma pour finir par ces mots, figurant déjà sur l’affiche : « filmé par Claude Lelouch ». Malheureusement, s’il a un casting de feu de Dieu, son idée originale perd une bonne partie de sa substance dans un scénario abracadabrantesque, instable et parfois ennuyeux. Le pitch était pourtant intéressant : découvrir que les membres du jury et les représentants d’un tribunal sont peut-être mal placés pour juger un des leurs quand on sait de quoi est constitué leur propre vie. Le souci, c’est que Claude Lelouch nous propose un très (trop ?) long prologue où de multiples saynètes s’enchaînent les unes après les autres. Si la scène de la place de Beaune nous rappelle vaguement celle du plateau de « La nuit américaine » de Truffaut, on est un peu trop embarqué ici et là, passant d’un personnage à l’autre dans un tourbillon nerveux. Tout est découpé, assemblé, rapiécé et le patchwork de vies qu’il nous présente perd le spectateur en chemin. Et c’était sans compter sur une poignée de scènes dispensables car très peu utiles à l’intrigue principale. Vous l’aurez compris, on a beau être un fervent défenseur du réalisateur, on a bien du mal à continuer notre plaidoyer cette fois… Mais assez parler de ce qui fâche, il y a tout de même de jolies chose à tirer de « Chacun sa vie », à commencer par son excellent casting. A l’instar de « La belle histoire » ou « Les uns et les autres », Claude Lelouch nous propose de retrouver un large panel de comédiens qui sont passés devant sa caméra : Jean Dujardin, Francis Huster, Elsa Zylberstein, Johnny Hallyday, Mathilde Seigner en sont quelques exemples. Impossible de les lister tous ici tant le nombre d’acteurs qui se succèdent est impressionnant. Certains ont de petits rôles discrets, d’autres de plus imposants mais quelque soit la place qui est la leur, chacun d’entre eux sait livrer ce qu’il a de mieux et se mettre au service du metteur en scène avec brio. Et parmi eux, il y en a quelques-uns qui retiendront notre attention. A commencer par Christophe Lambert, totalement perdu et extrêmement touchant. Déjà (re)mis en lumière dans « Un + Une », le comédien français tient sans aucun doute le rôle le plus difficile du film. Et puis il y a Eric Dupond-Moretti, grand pénaliste français et comédien débutant. Véritable révélation du casting, le célèbre avocat impressionne par sa justesse et son charisme cinématographique ! Complice de toujours, Francis Lai signe une petite partie de la bande originale du film dans laquelle on retrouvera aussi des morceaux de Johnny et un duo Stéphane de Groodt/Nadia Farès étonnant. La réalisation, tantôt maîtrisée, tantôt confuse ne convainc pas toujours et résume à elle seule le tangage de « Chacun sa vie ». Les adeptes du cinéma lelouchien lui pardonneront ce petit pas de côté après une belle lignée de films colorés. Les autres, prendront sans aucun doute un malin plaisir à relever tout ce qu’ils n’ont jamais vraiment aimé. Il est tout à son honneur que Claude Lelouch ait offert une situation réelle à ses étudiants pour qu’ils fassent leurs premières armes. On salue sa générosité mais on regrette tellement que « Chacun sa vie » ne soit pas un aboutissement mais un brouillon difficilement défendable. La bonne humeur qui se dégage des promotions télés en tous genres et de l’équipe complète du film n’est pas proportionnelle à celle que nous avons ressenti lors de la vision du film, que du contraire. On reconnaît que l’idée de base était intéressante, la musique toujours bien ajustée au propos, les comédiens hors pairs… mais le reste peine à suivre et nous laisse un petit goût amer. On se dit que le prochain long-métrage des Films 13 nous permettra peut-être de retrouver ce qui nous est cher chez Claude Lelouch…Du moins, on l’espère. Date de sortie en France : 15 mars 2017 Durée du film : 1h53 Genre : Comédie Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : La vie de l’auteur à succès Jan Meerman est bouleversée lorsque sa mère est soudainement victime d’une attaque d’apoplexie. Cette flamboyante et très énergique dame perd lentement l’usage de la parole. Son langage se résume, dès lors, à des cris et à un incompréhensible charabia. Dans cette difficile période, l’écrivain doit également respecter le délai de livraison de son nouveau roman à son éditeur. Cet accident dans la vie de sa mère entraîne Jan dans un questionnement sur sa propre existence et ses priorités littéraires. Avis : Avec « La langue de ma mère » (« Sprakeloos » en néerlandais), Hilde Van Mieghem parvient à relever le défi d’aborder une thématique difficile (la maladie d’une mère de famille âgée) à travers un film émouvant, tendre mais pas véritablement triste. Il faut dire que Hilde Van Mieghem s’est battue pour porter ce film à l’écran. La réalisatrice a découvert le roman de Tom Lanoye lors de vacances au soleil. Il l’a tellement émue que l’adapter au cinéma est devenu une évidence. Oui mais… elle n’était pas la seule à vouloir obtenir les droits. Après quelques échanges, Tom Lanoye a jeté son dévolu sur le projet de Hilde car elle était la seule à aborder l’histoire du point de vue du fils, auteur lui-même. Et après cinq ans de préparation, voilà « Sprakeloos » sur les grands écrans. Très agréable à suivre, l’intrigue bascule dans des temporalités différentes sans anicroche. Le passé vient se fondre dans la réalité du quotidien, les flash back dynamisent l’histoire familiale bref, le spectacle est total et la réalisation particulièrement maîtrisée. Sans doute parce que Hilde Van Mieghem n’en est pas à son premier film. Sans doute aussi parce que la réalisatrice anversoise garde une belle constante dans son cinéma. Lorsque la comédienne passe derrière la caméra et réalise ses films, elle choisit de mettre en scène le rapport parents/enfants. Avec « La langue de ma mère », c’est en effet la biographie de Tom Lanoye qu’elle met en images mais pas seulement, le film évoque bien un panel de thèmes tels que la relation de couple, le carriérisme, les relations familiales, l’admiration ou la jalousie, l’importance des souvenirs, le pardon, le deuil, la maladie, la vieillesse. D’ailleurs, la musique, est volontairement plutôt discrète voire absente. La raison ? La réalisatrice souhaitait que la force du film prime sur le reste. Pour certains longs-métrages, la bande originale est une occasion de prendre le spectateur par la main et l’emmener vers les émotions voulues mais ici, l’histoire et le jeu des acteurs suffisent à eux-mêmes. « Les mères ne sont plus jamais des personnes, elles sont restent toujours des mères ». Cette phrase, on la retrouvera à plusieurs moments du film et elle résume véritablement son idée générale. Quand Jan apprend l’accident cérébral de sa mère, il décide de mettre entre parenthèses sa carrière littéraire et de renouer des liens avec celle qu’il a écarté de sa vie au profit de son succès. Sans son casting extraordinaire, il y a de forte chance que le résultat aurait été tout autre. Ici, on applaudit la prestation incroyable de Viviane de Muynck la mère de Jan. Mais aussi celle de Stany Crets, l’incroyable comédien principal (dont la carrière TV et ciné n’est plus à faire), qui se prend de tendresse pour sa mère malade. Jusqu’ici, la relation tendue empêchait tout échange, les incompréhensions et les non-dits altérant leur rapport filial. L’ambiance familiale s’installe dès les premières minutes du film et on comprend que rien ne sera simple. A côté de ces deux comédiens admirables, on recense une longue liste de seconds rôles parmi lesquels figurent six comédiens « amateurs ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de faire la distinction entre chacun d’eux tant l’harmonie est totale ! « Un caillot de sang et on est coupé de tout ». La dure réalité à laquelle Jan doit faire face est aussi l’occasion pour lui de revivre le passé de sa mère à travers le prisme des souvenirs. Mais pour ne pas rendre le film lourd ou pesant, Stany Crets a eu la bonne idée d’y apporter un peu d’humour, créant ainsi des petites bouffées d’air frais dans une histoire peu évidente. Dans « La langue de ma mère », les émotions sont belles et toujours justes permettant ainsi de rendre un bel hommage au livre. Difficile d’ailleurs de mettre des mots sur le trouble qui nous habite à la sortie du film. Ce qu’on retiendra surtout, c’est qu’il y a énormément de modestie dans la réalisation et la mise en scène, d’autant plus qu’aucun d’acteur n’efface un autre. L’équilibre scénaristique se retrouve dans l’attribution des rôles et des temps de parole. Il reste juste tout au long du film : le compagnon, le père, la mère, le frère et la sœur… même lorsqu’ils sont en retrait, les personnages gravitant autour de Jan l’accompagnent dans sa quête, de façon plus ou moins investie. On le sait, le public francophone a soif de découvrir le cinéma flamand et on regrette de n’avoir que de faibles connaissances de ce qui se fait dans le Nord du pays et on se rend compte combien le vivier est important et le talent évident. Heureusement, certains cinémas nous permettent de découvrir d’incroyables longs-métrages flamands comme celui-ci. « Sprakeloos », le livre est très lu en Wallonie. Malheureusement, le film, lui, sera peu distribué et ne sera projeté que dans une poignée de cinémas wallons (Quai 10, Plaza Art, Caméo de Namur par exemple). Intéressés par le sujet ? Il vous faudra faire un peu de route vers un de ces cinémas de proximité afin de découvrir une histoire touchante dont vous ne sortirez assurément pas indemnes. Date de sortie en Belgique : 15 mars 2017 Durée du film : 1h45 Genre : Drame Note du film : 9/10 (par François) Résumé du film : En pleine crise économique, dans l’ombre de Wall Street, une institution qui représente une autre tradition américaine est en pleine croissance. C’est la coopérative alimentaire de Park Slope, un supermarché autogéré où 16 000 membres travaillent 3 heures par mois pour avoir le droit d’y acheter les meilleurs produits alimentaires dans la ville de New York aux prix on ne peut moins chers. Avis du film : L’affiche du documentaire l’annonce : « La plus belle expérience sociale des Etats-Unis ». Alors ? Bon coup de pub ou élan de sincérité ? A la sortie de notre vision, nous répondons sans hésitation par la deuxième ! Il s’agit véritablement d’un film engagé à voir de toute urgence ! Quel plaisir de visionner ce documentaire d’à peine 1h37 ! Notre voyage au pays du « bien manger » met en lumière un véritable projet citoyen (qui se développe aussi dans notre beau pays !), basé sur la bonne volonté de chacun. Le principe ? Les personnes intéressées par le projet consacrent 2h45 de leur temps par mois pour venir travailler dans le magasin. A la clé, pouvoir acheter des produits de qualité à un prix défiant toute concurrence. Car oui, c’est la main d’œuvre qui coûte cher mon bon monsieur, c’est bien connu. Vous l’aurez compris, dans le cas présent, plus important encore que l’argent, se trouve le temps ! Dans cette coopérative, chacun fait ce qu’il peut en fonction de ses capacités et de ses disponibilités. Une belle mesure sociale contre l’ogre capitaliste ! En cas d’empêchement, il y aura la possibilité de rattraper ses heures. Et si vous resquillez, le comité de discipline vous rappellera à l’ordre. C’est indispensable lorsque l’on sait qu’aux Etats-Unis, 16000 membres-travailleurs s’exécutent dans la joie et la bonne humeur afin de jouir d’aliments de qualité, même des produits bio ! D’un point de vue purement pécunier, faire ses courses au Park Slope revient à 40% moins cher qu’ailleurs. Un couple peut donc économiser jusque 3000 euros par an ! Historiquement, la coopérative comptait 10 membres en 1973 et atteint maintenant 17000 membres et donc 17000 travailleurs, 17000 propriétaires dont 80 employés permanents ! Mais ce n’est pas tout ! La dimension humaine est une des composantes essentielles du magasin. La preuve avec le service « walker ». Le principe ? Une personne vous accompagne ainsi que votre chariot jusqu’à la bouche de métro la plus proche, puis, repars avec votre chariot vide. Le trajet avec cette personne sociable semble beaucoup moins long ! Et si on repensait le lien social ? La vision du film de Tom Boothe nous a littéralement happé tant les personnages représentés défendent leurs valeurs. Point d’acteur en vue, pas de situation fictive décrite, rien que la (belle) réalité narrée. Nous ressortons fasciné de cette projection, heureux d’avoir pu prendre part à ce beau projet collectif. En effet, le documentaire met en lumière une mosaïque de belles personnes sans aucune dimension moralisatrice. Ce film ouvre véritablement les portes de nos habitudes et nous questionne sur notre propre pratique quotidienne. En filigrane, il nous donne les clés pour consommer autrement. Et si on regardait la première étape d’une belle responsabilisation? Date de sortie en Belgique : 15 mars 2017 Durée du film : 1h37 Genre : Documentaire Note du film : 7,5/10 (8/10 pour François et 7/10 pour Véronique) Résumé du film : Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong… Avis : Le moins que l’on puisse dire, c’est que « Kong, Skull Island » nous a pas mal divisé. Alors que François n’attendait rien de particulier du film et qu’il est sorti conquis de la projection, Véronique espérait être emportée dans une aventure singulière et en est sortie plutôt mitigée. Avant de présenter ce qui nous a divisé, évoquons ce qui nous met d’accord : - Le casting : un des points forts du film, c’est sans conteste son casting solide et hétéroclite. Du côté des explorateurs scientifiques, on trouve John Goodman (fidèle à lui-même), Jing Tian, Toby Kebbell et John Ortiz. Et comme dans tout bon King Kong, il faut une figure féminine phare au casting. Ici, c’est Brie Larson (remarquable dans « Room ») qui suit les traces de l’équipe d’explorateurs, l’œil vissé à son appareil photo. Son rôle n’a pourtant rien de commun avec celui des autres femmes de la saga Kong mais on vous laissera le découvrir par vous-même. Mais ces explorateurs ne seront pas seuls. Assistés par l’armée et un capitaine mercenaire expérimenté, ils foulent le sol de « Skull Island » presque confiants. En tête de cette équipe, le capitaine James Conrad (Tom Hiddleston, vu dans « Crimson Peak » ou « Avengers » et « Thor ») dont le charisme seul permettrait à rassurer n’importe quel individu à le suivre dans cette jungle très peu accueillante. Dans sa suite, une belle brochettes d’acteurs de tous horizons parmi lesquels Corey Hawkins ou encore Shea Whigham et Jason Mitchell qui apportent leur petite touche d’humour bienvenue. Notre petit regret vient d’un taulier du 7ème art : un Samuel L. Jackson trop caricatural. Il en fait des caisses en haut gradé fanatique qui décaroche… Dommage. Les acteurs remplissent le contrat et un autre sort clairement du lot : John C. Reilly, qui incarne un personnage truculent et parvient encore à nous surprendre. Nous sommes en effet heureux de le voir s’éloigner de plus en plus des personnages de « noeud nœud » pour proposer des rôles à la mesure de son talent ! - La photographie : Jordan Vogt-Roberts (que l’on découvre ici) s’est entouré d’une belle équipe de décorateurs et a fait appel au talent de Larry Fong (la saison 1 de « Lost », « Super 8 », « Insaisissables ») pour offrir une photographie appréciable. Des reconstitutions d’époques (on voyage dans les années 1940 et 1970), aux prises de vue de l’île, le spectacle est époustouflant et mérite d’être souligné. - Les apparitions de Kong sont soignées. De la première image à chacune de ses interventions, le gorille de près de 30 mètres de haut vient magistralement s’insérer dans l’histoire qui se déroule au sol et prend une place gargantuesque sans reléguer au second plan les héros humains. Les effets spéciaux des différents animaux sont d’ailleurs impeccablement maîtrisés et le spectacle est total ! Touchant, le singe (qui prend forme grâce à la célèbre technique de performance-capture) montre que le monstre n’est finalement pas celui que l’on croit et que l’homme peut être bien pire que n’importe quel animal sauvage. Mais évoquons à présent nos différents ressentis : Pour François, le constat est simple : n’y allons pas par quatre chemins, nous n’avons jamais été conquis par les films centrés sur le grand singe. Tout simplement parce que la recette ne magnifie pas ses ingrédients. Jugez plutôt : mettez en place une opposition simpliste entre les hommes et Kong, saupoudrez-la par une femme faisant le pont, chauffer le tout et vous obtiendrez une implacable injustice. Cette formule, nous la connaissions depuis la version de 1976 avec Jessica Lange et Jeff Bridges. Puis vient celle de Peter Jackson ; certes très belle techniquement mais également convenue… Que pouvait-on trouver de nouveau ici ? D’ailleurs, est-on en droit d’attendre quelque chose de novateur sur une histoire répétée inlassablement et tenant sur un ticket de métro ? (Et encore…nous ne sommes pas trop pressé de voir le combat des titans Godzilla versus Kong mais passons). La mouture 2017 sonne une fois de plus comme un gros film d’action bien rythmé, dans l’ensemble bien interprété et doté d’une bande son des plus agréables ! Mais cette fois, le scénario sans être très original dans le fond parvient à créer quelques surprises (de taille) ! Peut-être que les scénaristes ont voulu changer quelque peu les ingrédients, ou sortir d’un canevas que l’on commençait à connaître par cœur. Cela change (un peu) et nous, on est ravi ! En définitive, nous savons ce que nous trouverons mais c’est sans doute pour cela que nous franchirons la porte de notre ciné préféré. Le film est efficace dans sa forme et parvient à casser le « code » des précédents métrages….et ça, ce n’est finalement déjà pas si mal ! Pour Véronique par contre, le « Kong » nouveau cru n’a rien de bien novateur. En entrant dans l’univers du grand singe, on s’attendait à retrouver les mêmes ficelles habituelles mais quand même. Un peu de psychologie et un scénario un peu plus dense n’auraient pas été du luxe. A l’heure où les scénaristes tentent d’apporter leur petite touche, on regrette le manque d’originalité dont Max Borenstein, Dan Gilroy et leur discrète clique ont fait preuve. Malgré quelques rebondissements et scènes impressionnantes, on se dit que l’histoire tient sur deux lignes : des hommes débarquent sur une île hostile dans un but inavoué et se trompent sur ce qu’il pense voir, au risque de commettre des impairs quasiment irréparables… A quoi pensait-on s’attendre d’autre ? A un bel hommage certes, mais à quelque chose d’un peu plus « couillu », sortant des sentiers battus… Pour la bande originale, même chose. Les introductions sont audacieuses mais trop vite esquivées. A l’image de la sensation générale ressentie à la vue du film : inconstante sur la longueur. En bref, un grand show sur un fond scénaristique un peu creux. Vous aimez les autres « King Kong » ? Vous voulez retrouver tout ce que vous avez apprécié dans les autres opus ? Alors, celui-ci est pour vous. Si par contre, vous vous êtes laissés emporter par les effets d’annonce et que vous souhaitez découvrir un angle neuf d’une histoire déjà contée, vous resterez un peu sur votre faim… On le sent (et on le sait d’ailleurs), « Kong, Skull Island » annonce un peu trop la suite « attendue » où le gorille démesuré affrontera un godzilla surpuissant. Impossible à l’heure actuelle de savoir sur qui miser tant les roustes du grand singe sont impressionnantes. Ses combats avec le lézard géant donne le ton : Kong n’a pas l’intention de baisser la garde, quelque soit la taille du reptile qui menace ses terres. Quoiqu’il en soit, Jordan Vogt-Roberts a tout mis en œuvre pour offrir un spectacle de grande envergure où l’action et les tirs de mitraillettes sont au quatre coins du script. Les amateurs du genre en auront pour leur argent et ne sortiront pas déçus de ce nouveau film estampillé Kong. Date de sortie en Belgique/France : 8 mars 2017 Durée du film : 1h58 Genre : Action/Aventure Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu'il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l'objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu'il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique. Avis : Tahar Rahim et Olivier Gourmet côte à cote dans un long-métrage franco-belgo-japonais ? Ca a de quoi intriguer, non ? D’ailleurs, c’est sans doute parce que nous apprécions véritablement le duo de comédiens que nous attendions tant de ce film. A-t-il été à la hauteur de nos espoirs ? Pas totalement. Avec son atmosphère proche du film « Les Autres », « Le secret de la chambre noire » suggère les choses plus qu’il ne les montre, plante une atmosphère particulière où l’on se perd, dans un premier temps, avec délice. Sauf qu’au contraire du célèbre film d’Amenabar, la surprise n’a pas vraiment lieu tant on la voit venir… Son manque de suspense et son histoire convenue gâchent une bonne partie du plaisir cinématographique. Par contre, le savoir-faire du metteur en scène Kiyoshi Kurosawa et l’exploitation qu’il fait de la photographie nous laissent bouche bée. La lumière est très étudiée, le clair-obscur formidablement amené. Il n’y a rien à dire tant la mise en avant du travail d’image est totale et la photographie très belle. Les cinéphiles amateurs de cet art apprécieront très probablement le travail technique à sa juste valeur. Il faut dire que le sujet central du film est d’ailleurs la photographie au sens premier du terme. Dans « Le secret de la chambre noire » (entendez ici la pièce où l’on développe les photographies), met en lumière un procédé photographique assez particulier : l’utilisation du daguerréotype, inventé par Louis Daguerre en 1837. Le daguerréotype permet de saisir une image sans négatif sur une surface d'argent polie comme un miroir. Révolutionnaire, cette procédure nécessite un temps de pose allant de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures. Et pour que son modèle reste impassible, une structure articulée immobilise son corps, permettant ainsi au daguerréotype de fournir son formidable rendu. Cette technique, le photographe Stéphane Hégray (le formidable Olivier Gourmet) la maîtrise depuis de nombreuses années. Et son modèle favori n’est autre que sa propre fille, Marie (Constance Rousseau). Avide de s’émanciper et de partir loin de la demeure familiale (où seules sa serre et ses plantes lui permettent un moment d’évasion), la jeune femme ne sait comment faire comprendre à son père que ces (trop) longues heures de pose finissent par la lasser. Obsédé par les portraits d’époque en taille réelle, Stéphane est peu enclin à l’écoute. Heureusement, Jean (le talentueux Tahar Rahim) vient au service du père et permettra à la fille de trouver, en ce nouvel ami, une certaine écoute. Sans en dévoiler davantage, nous pouvons dire que l’arrivée de Jean est le prétexte, pour le spectateur, d’entrer dans l’atelier du maître et de découvrir les multiples secrets (de polichinelle) qui l’entourent. En effet, le principal souci du film est que sa longueur et sa lenteur excessives nous emmènent pas à pas vers un final trop convenu. Nous ne sommes pas contre l’idée de perdre notre temps dans les salles obscures mais dans ce cas, on finit presque par subir les deux heures de film tant le dénouement est prévisible. Le casting est beau, la photographie superbe mais les répliques et mises en scène sont trop théâtrales au point de gâcher une partie du talent des trois comédiens principaux. Ce n’est pas que leur jeu est exagéré, mais il y a beaucoup de trop blancs, de temps entre deux répliques. La prestation est très académique et on reste donc imperméable aux émotions des protagonistes… A sa décharge, lorsqu’on se renseigne un peu sur le film, on comprend tout de suite que la prouesse des comédiens a été de se faire diriger par un réalisateur japonais ne parlant pas français. Kiyoshi Kurosawa (qui signe des films internationaux tels que de « Cure », « Tokyo Sonata » ou « Jellyfish ») a eu recours à un interprète pour donner ses instructions de tournage. Pour la première fois, le sexagénaire a décidé de planter sa caméra en France et la rencontre entre son univers particulier et les comédiens francophones fonctionne plutôt pas mal. Habitué à inscrire une présence fantôme dans son œuvre cinématographique, le réalisateur dira d’ailleurs : « S’il y a souvent des fantômes dans mes films, c’est parce qu’ils sont une représentation de la mort aisément compréhensible, et qu’ils permettent de rendre le passé visible dans le présent. Mais il est aussi vrai que j’ai du mal à croire que les morts soient totalement dénués de substance et n’aient aucune relation avec nous autres vivants ». Nous aurions aimé que Kurosawa ait une relation plus directe avec ses spectateurs et qu’il ne les perde pas en route. Malheureusement, malgré toutes les bonnes intentions dont elle s’est dotée, on reste un peu trop insensible à l’histoire qui s’est jouée sous nos yeux et déçu de voir que le film n’a pas tenu toutes ses promesses. Date de sortie en Belgique/France : 8 mars 2017 Durée du film : 2h11 Genre : Drame Note du film : 8/10 (par Véronique et François) Résumé du film : Elizabeth Sloane est une lobbyiste impitoyable réputée pour ses relations, son talent hors pair et sa capacité à toujours avoir un coup d’avance sur ses adversaires. Elle est prête à tout pour gagner jusqu’au jour où elle se trouve confrontée au lobby des armes. Un ennemi puissant et sans scrupules qui dispose de budgets qui semblent presque intarissables. Avis : Depuis fin février, nombreuses sont les sorties ciné de qualité. « Miss Sloane » ne déroge pas à la règle. Avec son univers impitoyable et son casting cinq étoiles, le dernier film de John Madden plaira très certainement aux fans des séries « House of Cards » ou « Damages ». Instructif et intelligent, le film relève le défi difficile de nous immerger dans l’univers des lobbys sans nous perdre dans un jargon incompréhensible et hermétique. Précis, le scénario ne laisse cependant rien au hasard et apporte son lot de termes techniques sur un fond d’enquête digne d’un bon thriller. Au centre de toutes les attentions : Elisabeth Sloane. La jeune femme déterminée et expérimentée n’œuvre que pour la gagne, au point de délaisser totalement sa vie personnelle tant son opportunisme prime sur tout le reste. C’est qu’elle a la dent dure notre Miss Sloane. Comme le dit très bien le pitch, « plus le risque est grand, plus grande est la victoire » et elle est prête à tout mettre en œuvre pour obtenir gain de cause. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du film : voir les stratégies utilisées, les contrecoups réalisés face à ses concurrents. Et quand il s’agit du lobby des armes, on surfe à la fois sur la réalité et la fiction pour arriver à un résultat cinématographique vraiment intéressant ! L’atout principal du film, c’est Jessica Chastain. La jolie rousse (vue entre autre dans « Crimson Peak » ou « Interstellar ») tient ainsi un tout grand rôle qui la propulse dans le panthéon des acteurs de grande envergure. Impeccable, la comédienne revêt le rôle d’une lobbyiste austère et résolue à mener à bien sa campagne de façon mémorable ! Prête à tout, elle use et abuse de n’importe quel renseignement, quitte à mettre sur la sellette certains collaborateurs. Elisabeth Sloane, une femme sans cœur ? Pas tout à fait. L’évolution de l’intrigue permettra de comprendre ce qui se cache derrière cette apparence froide et distante. Dans la suite de Miss Chastain, un casting secondaire de toute grande qualité : Mark Strong et Gugu Mbatha-Raw en tête ! John Madden, le réalisateur d’« Indian Palace » ou de films tels que « Shakespeare in love » nous propose ici un film d’un registre bien différent de ce qu’on lui connaît et ça marche ! Si on se demande quel public est visé par son dernier long-métrage, on ne lui reconnaît que des qualités. Exception faite d’une fin un peu prévisible, on se laisse entraîner dans le tourbillon de son histoire, ne reprenant notre souffle qu’une fois le générique de fin entamé. Jamais lassé, la complexité de la tactique de « Miss Sloane » se reflète dans la complexité de son scénario qui n’a pourtant rien d’indigeste, bien au contraire ! Les deux heures quart de film passent comme une flèche et ne nous fait ressentir aucune longueur. Savamment pensé, on devient des spectateurs privilégiés d’une campagne sensible et d’un procès houleux. Les deux histoires distinctes et pourtant complémentaires servent à merveille un film dramatique proche du thriller. Les amateurs de films de grands procès des années 90 prendront assurément un grand plaisir à suivre les aventures de l’équipe de Sloane and cie. Bien trop absent de nos salles, ce genre de films a pourtant encore de belles choses à nous offrir ! Par son jeu de dupes et la découverte des coulisses d’un pouvoir US peu connues, le scénario (de l’ancien avocat Jonathan Perera) nous permet d’entrer à pieds joints dans une histoire maîtrisée et d'en ressortir impressionné par son casting, par sa qualité… Date de sortie en Belgique/France : 8 mars 2017 Durée du film : 2h12 Genre : Drame Résumé du film : Zahira, belgo-pakistanaise de 18 ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu'au jour où on lui impose un mariage traditionnel. Écartelée entre les exigences de ses parents, son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté, la jeune fille compte sur l'aide de son frère aîné et confident, Amir. Note du film : 7,5/10 (par Véronique) Avis : Laissant une empreinte indélébile auprès des nombreux festivaliers qui ont déjà pu entrer dans son histoire, « Noces » a en effet de quoi bouleverser son public. Inspiré de faits réels et librement adapté par son auteur/réalisateur Stephan Streker, le film belge interpelle et donne à réfléchir. En effet, « Noces » nous fait indéniablement penser àce fait divers qui, il y près de dix ans de cela avait marqué l’opinion publique : l’affaire Sadia Sheik. Une jeune carolo aux origines pakistanaises avait été tuée par son frère car elle refusait de se marier de force à un homme qu’elle n’avait pas choisit d’aimer. Le film de Streker fait forcément écho à cette triste affaire, qui avait soulevé une indignation de la part de la population locale, partie dans les rues pour témoigner de l’affection qu’elle avait pour cette jeune femme en devenir. Ses camarades de classe, ses professeurs, ses voisins ou de simples citoyens avaient marché dans les rues pour dénoncer ce poids des traditions qui fut fatal à la famille Sheik. S’il plante sa caméra dans une autre région de notre plat pays, l’ancien journaliste Stephan Streker respecte néanmoins le cadre de ce douloureux fait divers et livre une fiction poignante dont on ne sort pas indemne. Zahira est une jeune fille pleine de vie, amoureuse et insouciante. Ses mésaventures la conduisent à un avortement difficile au moment où sa famille lui demande de se trouver un époux. Trois photos, trois visages, trois contacts Skype au beau milieu desquels se trouve son futur mari. Du moins, c’est ce que souhaite la famille de la jeune pakistanaise. Déterminée à être maître de sa vie, Zahira ne l’entend pas de cette oreille et refuse de se plier à cette tradition. Si sa mère et sa sœur l’ont acceptée, elle décide de la contester. Là où on pense découvrir une émancipation annoncée et concrétisée, on assiste finalement au choc des cultures : celle de l’Orient et ses mariages forcés et celle de l’Occident où la femme se veut libérée. Quand à la moitié du film, le professeur de littérature demande à ses élèves de réfléchir en quoi le personnage interprété plus tôt par Zahira (Antigone) est une héroïne tragique et moderne, on comprend que son destin ne pourra être que tragique. Cette subtile réplique et cette petite mise en abîme, prennent tout leur sens quand on sait que l’instant suivant, tout bascule. Le père de Zahira vient à l’école pour exprimer (avec force) son désaccord avec le choix de sa fille et la préfère voir morte que source de déshonneurs. A cet instant précis, sa destinée vient de se sceller, sans qu’elle ne le sache, sans que personne, ni même le spectateur, n’en prenne pleinement conscience. Après « Michael Blanco » et « Le monde nous appartient », le réalisateur Bruxellois revient sur le devant de la scène avec un film choc mais indispensable. L’absence de musique dans son générique de fin (mais aussi de début), nous renvoie d’ailleurs à une réflexion sur ce que l’on vient de voir. On reprend son souffle durant les longues minutes de silence pesantes où les noms des comédiens et de l’équipe technique défilent sur un fond noir : on réfléchit, on se recentre et étonnamment, on prend également conscience qu’à aucun moment du film, nous n’avons rejeté un camp, un argument. Nous n’avons été que les témoins indécis d’une tragique histoire familiale, ni plus, ni moins. Par cette démarche, Stephan Streker nous montre ainsi qu’il nous laisse la liberté de condamner ou non, de comprendre, de se positionner par rapport à une histoire dont il est l’auteur mais dans laquelle il n’a lui-même aucun parti- pris. Il ne nous impose jamais son regard sur son intrigue, que du contraire. Et c’est sans doute là la véritable force de son film. Le spectateur, comme son personnage principal – Zahira -, sont pris en étau entre la volonté de liberté ou d’émancipation et la déception et la honte dont souffre sa famille. On aborde deux regards différents sur une même réalité : un plus moderne et un plus traditionnel. L’innocence de la jeunesse rencontre le poids des décisions, des responsabilités et des coutumes. Et le medium, le trait d’union entre ces deux mondes que tout oppose, c’est Zahira (la formidable Lina El Arabi) qui le fait. Parfaitement maîtrisé de bout en bout, « Noces » est un des films belges qui comptera, qui nous poursuivra et qui, à ne pas en douter, continuera à séduire un large public tout en le sensibilisant à une réalité encore peu connue. Un film pédagogique qui ne se veut pas donneur de leçon mais qui veut juste entrouvrir une porte sur une jolie réflexion. A voir ! Date de sortie en Belgique : 8 mars 2017 Durée du film : 1h38 Genre : Drame Note du film : 8/10 (par Véronique et François) Résumé du film : Comment Sarah et Victor ont-ils fait pour se supporter pendant plus de 45 ans ? Qui était vraiment cette femme énigmatique vivant dans l'ombre de son mari ? Amour et ambition, trahisons et secrets nourrissent cette odyssée d'un couple hors du commun, traversant avec nous petite et grande histoire du dernier siècle Avis : Présenté en avant-première et en ouverture du Festival International du Film d’Amour de Mons, « Monsieur et Madame Adelman » avait reçu un franc succès auprès de la salle comble. A raison car derrière le tourbillon de folie apparent, se cache un film intelligent, drôle et parfaitement maîtrisé par son réalisateur : Nicolas Bedos. Plus qu’une comédie dramatique, « Monsieur et Madame Adelman » est en réalité un drame comique. En effet, tout au long des deux heures de film, nous suivons l’histoire de deux personnes qui ne parviennent pas à s’aimer au même moment. Après une rencontre fracassante et un début de vie complice, Sarah et Victor se perdent dans les aléas de la vie, son quotidien et ses heurts. A tel point qu’après 40 ans de vie commune, Sarah décide de livrer sa vérité sur leur couple auprès d’un journaliste curieux de connaître un peu plus l’auteur à succès Victor Adelman. Le point de départ du film et l’angle choisi par nos deux scénaristes de talent (Doria Tillier et Nicolas Bedos), est l’occasion toute trouvée pour présenter l’histoire du couple Adelman mais pas seulement. Il est aussi l’excuse adaptée pour nous faire réfléchir sur la notion du couple en général, sur celle de l’amour et de la complicité qui peuvent naître (ou s’atténuer) entre deux personnes aux cultures et ambitions radicalement différentes. Certaines scènes, excessivement drôles, nous renvoient d’ailleurs à une triste réalité et interpellent. Derrière leur propos humoristique, les deux auteurs sont parvenus à distiller des brefs instantanés de vie d’un couple qui part à la dérive… et notamment grâce aux dialogues remarquables de Nicolas Bedos. Sa plume affûtée a marqué au fer rouge la vie de ses personnages et cela se ressent à travers le cynisme et la sensibilité qu’y a mis l’écrivain réalisateur. Ses lecteurs et ses fans aimeront d’ailleurs le film car il révèle à travers son premier long-métrage un panel d’émotions qu’on peut lui (re)connaître. A l’inverse, ceux qui ne portent pas le trublion Bedos dans leur cœur vont découvrir l’étendue de son talent et l’émotivité qu’il dissimule derrière son humour caustique. Les curieux, les détracteurs et tous ceux qui sont acquis à sa cause seront surpris à coup sûr par ce premier long-métrage totalement maîtrisé. « Monsieur et Madame Adelman » est d’ailleurs loin d’être un prétexte pour entrer dans le monde du cinéma, c’est l’aboutissement d’une belle cohésion d’idées émanant de Nicolas Bedos et de Doria Tillier. La rencontre entre ces deux-là, à la ville comme à l’écriture du scénario, était indispensable pour que le ton du film soit celui-là. Bien sûr, Nicolas Bedos a déjà eu l’idée de réaliser un film. Bien sûr qu’il est déjà monté sur les planches ou s’est déjà trouvé devant la caméra. Mais de là à passer derrière l’objectif et de réussir de main de maître à proposer un projet de telle envergure, il n’y avait qu’un pas… il l’a franchi main dans la main avec Doria Tillier et le résultat est là ! D’ailleurs, on le distingue lors de la vision du film, tout est parfaitement maîtrisé, rien n’a été laissé au hasard. On ressent une vraie générosité d’écriture autant pour les personnages principaux que pour les personnages secondaires (campés par Christiane Millet, Pierre Arditi et Denis Podalydès). Le travail des comédiens est tel qu’on arrive à voir la transformation des caractères selon les obstacles traversés par chacun d’eux. Et dans ce jeu, Doria Tillier (qui fait ses premiers pas au cinéma) excelle! Véritable révélation du film, l’ancienne Miss Météo de Canal peut se targuer d’assurer haut la main ce rôle pourtant peu évident. On lui souhaite d’ailleurs une carrière prolifique sur grand écran tant elle a crevé celui qui projetait ses premiers pas assurés avec un talent évident. L’évolution physique et psychologique des deux protagonistes est visuellement impressionnante. Et pour aboutir à un résultat probant, Nicolas Bedos a su recourir à une équipe technique de haute voltige. Les maquillages, les costumes, les décors d’époques sont retranscrits à merveille et aident les personnages à trouver leur place et à nous, spectateurs, de suivre le cheminement temporel sans nous perdre. On est pris dans l’histoire de bout en bout et on se rapproche à chaque fois un peu plus des personnages véritablement attachants. Malgré une maîtrise technique et scénaristique évidente, on regrette que le film soit quelque peu longuet dans son ensemble. Même si les coupes au montage ont été conséquentes, il reste une petite impression d’étiolement qui enlève une toute petite part de plaisir cinématographique. Hormis cela, ne nous pouvons que vanter les mérites de ce premier long-métrage abouti et très agréable à suivre. Oui, Nicolas Bedos a l’habitude de faire le buzz avec ses propos cash/trash mais on espère qu’il le fera ici avec son film ! Avec les belles réactions du public montois, les rires qui ont ponctué la projection, on se dit que le succès en salles sera garanti ! Le personnage de Victor dira « Tout sauf l’ennui ». Avec « Monsieur et Madame Adelman », ce n’est jamais le cas, promis ! Pour prolonger la découverte du film, nous vous invitons à lire l’interview que Nicolas Bedos et Doria Tillier nous ont accordée lors de leur passage à Mons en février dernier : www.ecran-et-toile.com/nicolas-bedos---doria-tillier.html Date de sortie en Belgique/France : 8 mars 2017 Durée du film : 2h Genre : Comédie dramatique Vu en avant-première au Festival de Deauville et sorti en France en octobre 2016, "Willy 1er" débarque enfin dans nos salles belges.
Touchant et authentique, « Willy 1er » est un OFNI (Objet filmique non identifié) dans le ciel cinématographique contemporain. Une bouchée d'oxygène qui montre une réalité, une volonté de s'affranchir, une ambition que beaucoup fuient. Pas Daniel, pas Willy. Comme le dit si bien le personnage « Pour beaucoup, le quotidien, çà les emmerde. Moi, j'aurais bien voulu qu'il continue un peu ». Heureusement pour nous, l'équipe du film nous a fait sortir du nôtre pour nous offrir un moment de ciné sans fioriture, sans artifice, juste avec humilité et un regard décalé sur la vie d'un personnage qui ne pourra que vous toucher. Notre avis est à découvrir ici: "Willy 1er" Note du film : 7/10 (par Véronique) Résumé du film : Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui. Avis : Logan/Wolverine, le plus populaire des Mutants, est de retour dans nos salles pour le plus grand plaisir des fans de l’univers Marvel mais pas seulement. En effet, avec sa gueule bien à lui, ses griffes d’adamantium affûtées et son humour apprécié, Wolverine a su plaire aux comics’addicts comme aux amateurs de films d’action. S’il est toujours bon d’avoir quelques références Marvel en tête avant d’entrer dans le dernier film de James Mangold, les lacunes dont on ferait preuve ne gâcheront en rien le spectacle proposé. Avec « Logan », le réalisateur de « Walk de Line » ou d’« Identity », vient clôturer à merveille la série de films consacrée à Wolverine. Après avoir mis en scène « Le combat de l’immortel », deuxième volet du spin- off consacré au mutant, il a la lourde tâche de rempiler et de devoir faire aussi bien pour satisfaire le public exigeant. Mission réussie ! James Mangold a eu la très bonne idée de réunir dans son film tout ce que l’on apprécié dans la toute première saga « X Men » des années 2000. Une atmosphère presque mélancolique, un humour intelligent et toujours bien amené, un scénario en béton épuré en scènes de combat et… le nonagénaire Professeur Xavier (le toujours aussi brillant Patrick Steward) ! « Logan » est à la fois dans la continué des deux premiers films qui lui sont dédiés et dans la nostalgie de ce qu’on a jadis aimé. Forcément, ce qui fait la réussite de ce film, c’est son casting solide, mené par un Hugh Jackman extraordinaire ! Si on a tendance à confondre l’acteur et son personnage, c’est sans aucun doute parce qu’il l’habite comme personne ! Ici, on retrouve un Wolverine vieillissant et blasé, mais toujours prêt à sortir les griffes si la situation l’exige. Située en 2029, l’intrigue ne révèle pas tout ce qui s’est déroulé depuis « L’affrontement final » (on leur fait confiance, les studios Marvel vont sans doute se pencher sur la question, si ce n’est pas déjà fait !). Tout ce que l’on sait, c’est que le nombre de mutants connus et présents dans ce dernier opus est plutôt maigre… exception faite de Caliban (personnage introduit dans le décevant « Apocalypse »). Mais dans sa nouvelle aventure, Logan devra supporter une jeune demoiselle épatante : Laura (l’incroyable jeune actrice débutante Dafne Keen). Son regard sombre, son attitude fermée et son caractère bien trempé ne sont pas sans nous rappeler le Wolverine des débuts. La rencontre entre les deux personnages promet d’ailleurs bien des rebondissements. Après une première partie originale, où on plante le décor qui amène l’intrigue, où on prend le temps de retrouver les personnages, de voir leur évolution et comprendre qui ils sont devenus, on bascule dans un film d’action plus traditionnel et convenu. C’est d’ailleurs un des reproches que l’on fait à « Logan » : ne pas avoir gardé ce ton du début à la fin… mais cela aurait peut-être déplu aux fans d’action pure et dure qui attendait que Wolverine sorte les griffes et montre toute l’étendue de sa force. Un X-Men sans méchant à punir n’est pas un X-Men ! Ici, c’est Donald Pierce qui s’y colle (interprété par le très crédible Boyd Holbrook, vu dernièrement dans « Morgane »). Pour « Logan », le scénario est très travaillé, les dialogues bien amenés mais le travail technique l’est également. La photographie est superbe, la musique de Cliff Martinez toute adaptée. La prouesse n’est pas que dans le casting, elle est dans toute la conception du film. On en veut d’ailleurs pour preuve cette belle série d’affiches où Wolverine marche au crépuscule (de sa vie ?) dans des couleurs orangées qui nous rappelleront celles du désert qu’il traversera une bonne partie de l’histoire. Bref, « Logan » est un bon film d’action, psychologiquement dense et très agréable à suivre, exception faite de quelques scènes gores à déconseiller aux âmes sensibles. Par contre, si on a apprécié le divertissement, nous ne sommes pas sûre de le regarder à nouveau, à moins d’être un inconditionnel en la matière. Au terme de ces 2h15 (qui se font un peu trop longues dans la deuxième partie), on pourra dire merci à James Mangold de nous avoir permis de faire un bout de route aux côtés de Wolverine. Merci de nous avoir fait renouer avec ce que l’on a aimé et de redonner à l’univers X- Men ses lettres de noblesse. Date de sortie en Belgique : 1er mars 2017 Durée du film : 2h15 Genre : Action Note du film : 8/10 (par Véronique) Résumé du film : Solan veut participer à la grande course au fromage qui opposera son village au village voisin et ainsi montrer à tous qu’il est un vrai champion. En secret, il parie même la maison qu’il partage avec Féodor l’inventeur génial et Ludvig le hérisson timide. Solan et ses amis vont vite découvrir qu’ils auront à affronter de nombreux obstacles et adversaires de taille lors de cette grande aventure ! Pour remporter la course et sauver leur maison, ils vont braver montagnes, lacs gelés et précipices avec un fromage géant. Avis : En cette semaine de congé de Carnaval, nombreuses seront les familles qui partageront un moment cinéma. Et pour les plus jeunes spectateurs, une sortie s’impose : « La grande course au fromage ». Avec son dernier long-métrage, le norvégien Rasmus A. Sivertsen nous propose de retrouver l’univers tendre et enfantin de Ludvig et Solan, déjà proposé en 2013 dans « De la neige pour Noël ». Adapté des livres de Kiell Aukrust, ses films plaisent généralement aux petits comme aux grands. En effet, derrière les aventures hautes en couleurs des deux petits animaux se cachent de jolies valeurs d’amitié, de bravoure et de persévérance. Entièrement réalisé en stop motion, son film est à la fois beau et touchant. Dans ce nouvel opus, notre trio Féodor (l’incroyable inventeur), Ludvig et Solan décident de participer ensemble à une grande course au fromage les opposant au village voisin. Existant depuis le XIIème siècle, cette compétition n’a plus eu lieu depuis 68 ans mais qu’à cela ne tienne, nos héros sont déterminés à défendre le renom de leur fief. C’est ainsi qu’on les verra traverser bois et montagnes au péril de leur vie… et de leur réputation ! Si l’animation est totalement réussie et de grande qualité, le scénario et les dialogues le sont tout autant. Dès les premières images, la salle entière se retrouve aux côtés de personnages attachants et drôles, radicalement différents et pourtant si complémentaires. L’humour est présent de bout en bout, notamment grâce aux frasques de ce bon Ludvig, un hérisson pessimiste et craintif. Totalement abouti, le film de Sivertsen offre un timing parfait ! Et on sait combien le jeune public peut facilement détourner son attention d’un film s’il lui parait trop long. S’adressant aux enfants de plus de 4 ans, le film saura également toucher les parents. Rempli de bonne humeur et de gags en tous genres, le métrage d’animation, pas trop infantile, permettra à coup sûr à la famille entière de passer un bon moment ciné, dans la bonne humeur et le rire… Date de sortie en Belgique : 1 mars 2017 Durée du film : 1h18 Genre : Animation Titre original : Herfra til Flåklypa Note du film : 8/10 (par François) Résumé du film : Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales. Avis : Sorti la semaine passée en France, le nouveau film de Lucas Belvaux suscite de nombreuses polémiques provenant, on l’imagine sans peine, du Front National. Le réalisateur se défend en disant que son film parle avant tout de l’engagement des citoyens dans le monde politique et de l’importance d’ouvrir le dialogue. Il n’empêche... toute ressemblance avec un parti existant (n’)est (pas) totalement fortuite. L’adaptation scénaristique faite à deux mains avec l’écrivain Jérôme Leroy se montre efficace dans sa réalisation. D’ailleurs, comme pour « 38 témoins », Lucas Belvaux prend le temps de planter une atmosphère particulière grâce à sa photographie. Ainsi, la commune fictive d'Hénard (dont l’appellation se veut proche de la commune d’Hénin-Baumont) semble « vivre » autour des personnages qui la composent. Cette ville du Nord véhicule toute l’imagerie propre aux communes ouvrières. Le film a l’intelligence de montrer la détresse des uns, l’envie de changement des autres et les conséquences néfastes des politiques d’immigration. Ainsi, la ghettoïsation menée a enlevé toute chance de multiculturalité dans ce qu’elle avait de plus beau à offrir. La misère a laissé place à la haine et au rejet de l’autre dans une société qui étouffe. Ce film de deux heures prend le temps de développer ses personnages et son intrigue. D’aucuns pourraient reprocher des petites longueurs à l’ensemble ou encore une intrigue secondaire moins judicieuse ; c’est discutable. Nous pensons que ce temps est nécessaire pour comprendre le cheminement de l’héroïne depuis son activité professionnelle auprès des gens jusqu’à une perte identitaire, physique, professionnelle et presque familiale. La grande force du réalisateur est d’éviter les discours haineux. Lucas Belvaux dépeint une situation, apporte des clés de lecture pour laisser ses personnages exister. Si le film est si intéressant – et oserait-on le dire - d’utilité publique, c’est qu’il expose avant tout les techniques de communication propres aux partis extrémistes. Le point de vue est intéressant et plonge le spectateur à l’intérieur d’une grande machinerie parfaitement huilée où le polissage et le blanchissage du parti sont de rigueur. Ici, le parti fixe le cadre des idées et le jeune candidat – quel qu’il soit- endosse l’image du parti. Ce film ambitieux décrit avec brio un phénomène de société. Cela n’aurait pas été possible sans la fantastique prestation des deux acteurs principaux. En tête, Emilie Dequenne (Pauline Duhez) qui prend ce film à bras le corps pour insuffler beaucoup de sincérité à son personnage. De mémoire, nous n’avons jamais été déçus par son jeu. Quant à André Dussollier (Philippe Berthier), nous le retrouvons cette fois en médecin et conseiller du parti extrémiste. Il nous livre un jeu tout en finesse et tel un funambule, il nous offre deux visages. Docteur Jekyll et M. Hyde n’est pas loin et notre fascination pour cet immense acteur non plus ! Notre bémol reviendra à la prestation de Catherine Jacob (Agnès Dorgelle). En effet, celle-ci nous apparaît très vite comme étant une caricature maladroite de Marine Le Pen. Brouillonne dans ses discours politiques, ses gestes ne sont ni canalisés ni posés et participent bien trop maladroitement à une comparaison que le réalisateur voulait éviter. Nous n’y croyons pas une seconde et c’est bien dommage. Les autres comédiens font plus que remplir le contrat et participent tous à cette réalité sociale. Mention spéciale également pour l’excellent travail lié à la musique. Celle-ci se montre discrète et appuie les propos, les découvertes ainsi que les scènes choc. Au terme des deux heures de vision, « Chez Nous » nous apparaît comme étant un film utile pour la société et intelligent dans son traitement. A l’heure du rejet de l’autre, il offre les clés aux spectateurs pour comprendre le contexte politique actuel. Le personnage d’Emilie Dequenne pourrait être n’importe quelle jeune femme désireuse d’aider son prochain et dispose d’un esprit critique qui sert son personnage et l’intrigue (qui est loin d’être manichéenne). Film de faux semblants par excellence, nous retiendrons la phrase de Dussollier qui résonnera longtemps encore dans nos oreilles. S’adressant à un membre violent et raciste d’une branche dissidente du parti, il lui dira de façon posée « tout ce qu’on te demandait… c’était de mettre un costume ». Glaçant. Date de sortie en Belgique : 1er mars 2017 Durée du film : 1h 58min Genre : Drame Note du film : 8,5/10 (pour François et Véronique) Résumé du film : Se laver, s'habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens.... Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s'engueuler, se séduire mais surtout trouver l'énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l'histoire d'une renaissance, d'un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul. Avis : « Patients », voilà un titre de film qui interpelle ! Peut-être un peu plus encore lorsque l’on sait que le long-métrage est réalisé par l’artiste Grand Corps Malade. Et que dire de cette affiche où les personnages nous fixent droit dans les yeux, devant un ensemble de mots rayés ou mis en évidence ? Inattendu, ce premier film offre pourtant tout ce que l’on recherche dans le cinéma d’aujourd’hui : un message, une authenticité, une histoire qui nous touchent en plein cœur et un moment que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Car oui, Grand Corps Malade (Fabien Marsaud à la ville) et Mehdi Idir ont réussi le pari fou d’aborder une thématique peu évidente à travers une légèreté apparente et une densité scénaristique intelligente. Aborder le handicap sans tomber dans le pathos ? Evoquer une quête de mobilité avec ses (dés)espoirs ? Sublimer la force de vaincre une paralysie difficile à accepter sans nous mettre mal à l’aise ? Ils l’ont fait, et d’une bien belle façon ! Dès les premières minutes, nous sommes projetés dans la peau de Benjamin. Par leur caméra subjective, les deux réalisateurs parviennent à nous faire (entre)voir un réveil douloureux où le néon de la chambre d’hôpital est le seul horizon qui s’offre à ce jeune basketteur. Mais cet enfermement va se désincarcérer petit à petit et laisser la place au courage de retrouver une mobilité perdue mais tant rêvée. Durant près de deux heures, c’est le combat pour la vie, pour l’espoir que nous présentent Mehdi et Grand Corps Malade à travers une réalisation audacieuse. L’histoire, on la vit véritablement de l’intérieur sans jamais devenir des voyeurs. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles on ne se sent pas mal à l’aise d’aborder une thématique si dure. Pour nous aider à garder une proximité délicate, la réalisation propose une approche légère en présentant un quotidien contraignant teinté d’humour (noir) efficace. Avec « Patients », on rit beaucoup ! Grâce aux dialogues savoureux qui dédramatisent une situation qui aurait pu l’être davantage ou par la tendresse de ses personnages (Toussaint et Samir en sont deux beaux exemples). Vous l’aurez compris, « Patients » est avant tout un film intelligent et extraordinairement efficace ! Tiré du roman de Grand Corps Malade, le scénario est habilement porté à l’écran ! Si on fait fi d’une dizaine de minutes dispensables, le timing est parfait, nous prenant au jeu de la première à la dernière minute du générique. La musique n’est d’ailleurs pas signée par le célèbre slameur mais Angelo Foley. Mêlant morceaux de NTM et autres références rap, la bande originale s’accorde à merveille au récit principal. Seule la deuxième chanson du générique laisse la place au style reconnaissable entre mille de Grand Corps Malade avec « un espoir inadapté », chanson qui résume à la perfection ce que l’on vient de vivre durant près de deux heures. S’il raconte sa propre histoire à quelques détails près, Grand Corps Malade est pourtant, totalement absent du casting, préférant laisser la place à un Pablo Pauly bluffant et plutôt ressemblant. Totalement valide, le comédien a fait un travail de dingue pour s’accaparer les attitudes de son personnage. Son combat pour la mobilité est à ce point incroyable, qu’on ne peut s’empêcher de se questionner tout au long du film sur la probabilité que Pablo ait lui-même été touché de paraplégie pour réussir à ce point sa performance. Encadré par des kinés et en contact permanent avec les résidents du centre, l’acteur a trouvé une justesse d’interprétation qui force le respect ! Il en va de même pour tous les autres personnages « secondaires », du personnel soignant aux amis de Benjamin, qui apportent leur lot d’émotions et leur pièce à l’édifice d’une rééducation lente. A commencer par Toussaint (Moussa Mansaly) et Farid (Soufiane Guerrab), deux compagnons de route importants dans la reconstruction mentale de Benjamin. Là où l’équipe a opéré un choix intelligent, c’est en choisissant des comédiens incroyables ! Tous inconnus du grand public (ou presque) mais tous totalement investis et à la hauteur du rôle qu’on leur a confié. Et l’identification est d’autant plus aisée qu’on ne reconnaît pas l’acteur qui se cache derrière les traits des personnages. Incarnant des personnalités radicalement différentes, les acteurs parviennent à faire vivre ces « accidentés de la vie » avec un réalisme probant ! Certains se battent pour progresser, d’autres ont laissé tomber depuis un certain temps, ils constituent tous une mosaïque des possibilités face à l’adversité et face à soi-même ! Le regard triste et désespéré de Steeve, l’obstination de Toussaint à ne pas faire ce qu’on lui demande, le positivisme relatif de Farid sont autant de points qui marqueront notre esprit. Tous ces comédiens sont, pour la plupart, valides et installés dans un rôle de composition mais il y a l’exception qui confirme la règle : Samir El Bidabi (Samir dans le film) qui a créé, en Belgique, une vraie association pour les personnes handicapées. Tous les personnages du film sont à l’image de son titre : patients. Mais ce terme peu prendre un double sens. Il peut représenter les patients de l’hôpital ou du centre de rééducation, vivant en sursis en attendant le verdict d’une revalidation possible. Mais c’est aussi l’adjectif qui convient quand, au jour le jour, on se voit progresser un peu, dans l’espoir de recouvrir ses capacités motrices et vivre « normalement ». Toussaint, dira très justement qu’il y a : « des fourchettes adaptées, des sièges adaptés mais il n’y a pas d’espoir adapté… » et pourtant ! Heureusement qu’ils ont gardé cet espoir et qu’ils l’ont fait grandir ensemble, sous le sceau de l’amitié. « Patients » est un film qui nous touche, qui nous donne de l’espoir ainsi qu’une belle leçon de vie. Ses deux réalisateurs (Grand Corps Malade et Mehdi Idir, qui a fait tous ses clips) forment un tandem qui fonctionne à merveille et qui nous offre un tout bon film, rempli d’humour, d’autodérision, allégeant un sujet difficile par des running gags à l’image du film « Un jour sans fin » . On pourrait penser que l’on a besoin de se divertir au cinéma et qu’un tel film va plomber notre moral… que du contraire ! Il changera sans aucun doute le regard des spectateurs sur les para/tétraplégiques. Jamais moralisateur, toujours positif, le film montre la force et le courage qui animent ceux qui ont vu leur vie basculer avec un handicap difficile à appréhender et tout cela, en nous laissant le sourire aux lèvres ! Date de sortie en Belgique/France: 1 mars 2017 Durée du film : 1h50 Genre : Comédie dramatique |
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