Pardonner n’est pas oublier Avec « Corpus Christi », le réalisateur Jan Komasa nous fait entrer de plain- pied dans un centre de détention pour jeunes adultes où la violence fait partie de leur quotidien. Daniel semble un peu différent des autres. Il est mû par une foi profonde et rêve de revêtir le col romain. Sauf que ses antécédents l’en empêchent. Qu’à cela ne tienne, trop heureux de pouvoir quitter le centre pour aller travailler dans une menuiserie, un coup du sort le rattrape et lui offre ce à quoi il aspire. En effet, un concours de circonstances va l’amener à se faire passer pour un jeune prêtre dans un petit village. Et comme dans toutes les petites communautés rurales, les non-dits sont très présents et des émotions enfuies venant du passé ne demandent qu’à déferler. Endeuillé par un accident de la route entre villageois qui a fait de nombreux morts, le petit village est toujours déchiré par ce drame. C’est précisément dans ce contexte tendu que Daniel tentera d’apaiser les consciences et d’insuffler le sens du véritable pardon. Sa démarche singulière et son approche moderne surprennent les fidèles, et, très vite, leur méfiance se dissipera tant celui qu’ils pensent être prêtre sait trouver les mots qui apaisent. Avec ce film, le chemin de la réconciliation et de la rédemption sont en ligne de mire ! Un « sacré » casting ! Bien que la mise en scène sache se montrer intime, voire intimiste par moment, la véritable surprise est à aller chercher du côté de l’interprétation magistrale des comédiens, dont l’acteur principal réellement saisissant ! Bartosz Bielenia est totalement investi dans le rôle de cet usurpateur au grand cœur et à la carapace très dure ! Il porte totalement le film sur ses épaules même si les autres acteurs ne déméritent pas. Aussi, il forme à l’écran un beau duo avec sa partenaire à l’écran Eliza Rycembel. Même si nous déplorons une romance dispensable entre ces deux écorchés vifs, notre plaisir de les voir ensemble est intact ! A travers l’œil de sa caméra, le réalisateur nous invite à contempler cette Pologne à la fois si belle dans le portrait de ses habitants et si meurtrie dans une foi parfois asphyxiante. D’ailleurs, le film nous laisse réfléchir librement à la pratique religieuse et nous fait poser la question de la croyance, du doute, de la quête de la vérité, des péchés et de la rédemption ! Un sacré programme ! Bien sûr, à la lumière du passé de cet anti-héros, nous nous doutons que son avenir semble compromis… Pourtant, toute la force du récit est de détailler un large spectre d’étapes et de nuances, lorgnant tour à tour sur des références de film engagé, de polar, de film spirituel, afin de proposer un tout harmonieux et un cheminement positif. A la lumière du Christ, Daniel se relève malgré les épreuves de la vie pour vivre pleinement sa foi et proposer une aide sincère à ceux qui le demandent. De notre côté, nous sommes heureux d’avoir répondu à son appel et vous invitons à en faire autant ! Date de sortie en salle : 8 octobre 2020 Durée du film : 1h58 Genre : Drame Titre original : Boże Ciało
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Avis : A l’approche du congé d’automne et de la célèbre fête d’Halloween, « Petit Vampire » pourrait bien être l’occasion toute trouvée de passer un bon moment en famille et au ciné. Du neuvième au septième art Fidèle en tous points à la bande dessinée parue aux éditions Rue des Sèvres, « Petit vampire » est une aventure haute en couleur comme on aurait aimé en découvrir lors de notre propre enfance. Adapté sur le grand écran par son auteur et dessinateur Joann Sfar, le sujet du film a déjà connu une déclinaison télévisuelle dans les années 2000. Mais parce que format s’y prêtait et que l’histoire originale de l’illustrateur français pouvait se vivre en grand, quoi de plus normal que de la transposer sur nos grands écrans ? Après avoir réalisé « Gainsbourg une vie héroïque » et proposé un autre long métrage animé intitulé « Le chat du Rabbin », Joann Sfar se plonge dans un univers qui lui est forcément familier, celui de Petit Vampire, Michel, Fantomate, le Gibbous, le Capitaine des Morts et la délicieuse Mme Pandora. Attachant, tout ce petit monde évolue avec malice et humour dans une aventure où pirates, monstres gentils, humains et bestiaire issu de la mythologie se côtoient dans une aventure pas piquée des vers. Après un prologue palpitant et une installation efficace de son contexte, Joann Sfar nous entraine dans une quête d’amitié, d’amour et de solidarité où un jeune garçon orphelin se lie d’amitié avec un vampire et un chien défaitiste et où la fidélité est le maître-mot d’un premier chapitre dans lequel on s’est agréablement plongé. Le graphisme, différent de celui proposé dans la bande dessinée, les dialogues truculents et le joyeux mix entre légendes, mythes et histoire convenue, mais particulièrement bien amenée, font de ce « Petit vampire » une belle petite réussite qui tombe à pic à ce moment de l’année. Monstrueusement attachante, l’adaptation version longue de l’univers de Joann Sfar est à découvrir sans hésitation et modération par nos petites têtes blondes en quête d’aventure et de mini frissons. Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2020 Durée du film : 1h21 Genre : Animation
Après « La chasse », le grand Mads (qu’on ne doit plus présenter) retrouve son compatriote dans une nouvelle histoire surprenante dans laquelle il s’investit sans compter. Il faut dire que l’idée d’expérimenter la théorie selon laquelle chaque être humain retrouve son équilibre « naturel » en comblant le manque d’alcool de son sang laissait présager du meilleur en termes scénaristiques et d’interprétation… Banco ! Crédible de bout en bout, dans son mal-être permanent et ses inhibitions, Mads Mikkelsen ne surprend pas, il confirme l’immense étendue de son talent ! Là où d’autres se seraient sans doute cassés la gueule à vouloir trop en faire et être dans la surenchère, le comédien charismatique fait montre de retenue et de légères exhibitions au fur et à mesure que les fioles et bouteilles s’enchaînent, le manque ou le besoin d’exulter par l’ivresse primant sur tout le reste.
Mais jusqu’où peut-on aller une fois une telle spirale enclenchée ? Comment arrêter la mécanique huilée de vodka et autres spiritueux quotidiennement ingérés ? Voir le verre à moitié plein En traitant le sujet de l’alcoolisme à travers le prisme de la philosophie et l’expérience scientifique, Thomas Vinterberg ne juge pas, il tente de comprendre. L’impact comportemental et sociétal d’agissements condamnables, les conséquences dramatiques d’une addiction sur l’entourage et le besoin presque vital de trouver un substitut pour mieux aborder la triste monotonie d’un quotidien s’illustrent à merveille à travers l’évolution de chaque personnage principal ou secondaire, des sujets aux contours savamment dessinés lors d’une scène introductive prolixe où tout est dit, compris et intériorisé avant de laisser la place aux silences intérieurs et à l’artificielle sensation d’enfin oser être ce qu’ils ont trop longtemps laissé sommeiller. La réalisation impeccable de Vinterberg et l’évolution de ses personnages, les corps tanguant et les sensations anesthésiantes proposées à l’écran servent le propos de façon magistrale, un thème qui infuse et finit par s’évaporer de tout côté, enivrant son public par sa majestuosité. Après quelques petits détours dans un cinéma plus formaté (on pense notamment au très dispensable au « Kurk » sorti dans nos salles il y a quelques années), Thomas Vinterberg revient à une démarche plus audacieuse, plus développée et montre qu’il n’a rien perdu de son génie, surtout lorsqu’il est si bien entouré ! Parfois lent mais formidablement joué, sobre dans sa réalisation et dense dans ce qu’il a à nous proposer, « Drunk » est une belle réussite et un film à ne pas manquer, un métrage qui parviendra à nous faire sentir vivants, à l’image du dernier pas de danse que le (très) grand Mads Mikkelsen prend réellement plaisir à faire sur notre grand écran. Date de sortie en Belgique : 28 octobre 2020 Durée du film : 1h55 Genre : Drame Titre original : Druk
"Les cons gagnent toujours, ils sont trop." - François Cavanna Il arrive que la vie nous « réveille » malgré nous et nous pousse vers une voie que nous n’aurions jamais prise auparavant. Ce constat, c’est celui de Suze Trappet à qui on apprend une maladie incurable. Par un hasard de circonstances, elle croise la route de JB, véritable crack de l’informatique en proie à des idées noires. Ensemble, leurs quêtes respectives vont s’entremêler et les deux écorchés vifs vont alors mener une belle aventure de vie aux côtés de Monsieur Blin, un aveugle travaillant dans les archives de l’administration française… Présenté comme cela, le film pourrait laisser un lecteur peu habitué au cinéma d’Albert Dupontel dubitatif. Et pourtant, le plaisir que nous ressentons à voir les trois acteurs à l’écran est tout bonnement énorme ! Virginie Efira est parfaite dans le rôle de cette coiffeuse voulant retrouver son fils qu’elle a dû abandonner lorsqu’elle avait 15 ans. Albert Dupontel a bien fait d’incarner le rôle de JB car il possède en lui les clés du personnage. Et que dire de la performance désopilante du fantastique Nicolas Marié, parfait dans le rôle de Monsieur Blin ! Dans ce film, nous retrouvons toute la tendresse que peut porter Albert Dupontel pour les écorchés de la vie et les marginaux. Bien que les situations soient tragi-comiques, l’émotion sincère n’est jamais très loin derrière les rires fort nombreux. Ce trio magique parvient à sublimer des situations burlesques et mémorables grâce aux trouvailles du réalisateur ! Esthétiquement réussi, le film profite de l’expertise de son metteur en scène pour proposer des plans surprenants, poétiques et souvent chargés d’émotion alors que ses dialogues absolument délicieux participent aux éclats de rire spontanés et irrésistibles. Changeant sans cesse de registre, le film oscille entre « road trip », satire sociale et comédie burlesque pour toujours captiver le spectateur. A travers son dernier film, l’intelligence d’Albert Dupontel et son expérience lui permettent de poser avec beaucoup de justesse sa patte singulière, reflet d’une vraie liberté créatrice ! Et lorsque l’on sait qu’il a choisi de sortir son film pendant cette période troublée, on se dit qu’en plus d’un talent évident, Albert Dupontel est un homme qui prend ses responsabilités vis-à-vis du milieu culturel qu’il soutient et ça, c'est courageux ! A la fois drôle, poétique, burlesque, engagé et poignant, « Adieu les cons » est un cri parfaitement adressé qui saura conquérir le cœur de ceux qui iront le voir en salle. La mise en scène à la fois belle et maitrisée, la galerie de personnages attachants et les ressors comiques de cette histoire un peu folle font un bien fou ! Bien que le film soit aussi une célébration de la vie et des plus faibles, il parvient à donner des coups bien placés à ce monde injuste… Mais, tout comme dans la vie, certains combats ne se terminent pas toujours bien. Il en va de même pour nous, spectateurs pour qui il arrive de ne pas sortir toujours indemnes d’une expérience de cinéma aussi belle et sincère. « Adieu les cons » est un petit joyau à la lumière fragile dont on se souvient de l’éclat, des jours après l’avoir contemplé… Foncez !
Et si des retombées ne se font pas ressentir jusqu’à la salle Pleyel des Césars…alors on pourra s’exclamer en choeur: « Salut, les cons » ! Célébrant avec justesse l’injustice humaine, cette mise en lumière des plus faibles à la fois cynique et poétique nous montre ce que la vie a de plus cruel sans jamais sombrer dans le pathos. Osons ce clin d’œil à Audiard puisque l’élève Dupontel n’est, comme le maître, jamais avare de bons mots : Dupontel ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait ! Des expectorations sanguinolentes de Virginie Efira, qui trouve probablement ici son meilleur rôle, jusqu’à la conduite d’un véhicule par un aveugle. D’un malade d’Alzheimer qu’il pousse aux souvenirs jusqu’à un jeune timide à qui il oblige une déclaration d’amour dans un ascenseur, l’auteur n’est jamais en manque d’inspiration tandis que l’acteur vit son propos avec jouissance. Du rire à l’émotion, ce Dupontel grand cru 2020 est sans aucun doute le meilleur vaccin contre la morosité. Date de sortie en Belgique/France : 21 octobre 2020 Durée du film : 1h27 Genre : Comédie
Avis : Sous-titré « Une enfance de Martha Jane Cannary », « Calamity » de Rémi Chayé revisite allégrement l’histoire de la jeune Martha Jane, une des figures emblématiques du western américain mieux connue sous le nom de … Calamity Jane. Anticonformiste, fonceuse et déterminée, la jeune fille va non seulement apprendre à grandir et à lutter contre sa condition (économique et féminine) mais aussi tenter de s’affirmer en construisant peu à peu l’identité forte qu’on lui connait, en enchainant les défis personnels et les rencontres bouleversantes. Après « Tout en haut du monde » avec lequel il partage une véritable filiation dans les dessins et la (re)présentation des grands espaces, le nouveau film de Rémi Chayé nous invite à découvrir le Grand Ouest américain, celui des années 1860 durant lesquelles des convois de voyageurs et rêveurs faisaient route au milieu des étendues désertiques en vue d’atteindre l’Eldorado. Si la route était chaotique et parfois semée d’embuche, la solidarité et la survie ont permis à de nombreux personnages populaires de s’affirmer et devenir des figures emblématiques dont on oublie parfois l’origine. Joliment dessiné et destiné à un jeune public, « Calamity » est un sympathique film familial qui saura compenser un petit manque de psychologie de ses personnages (et une réécriture totale d’une enfance dont on sait peu de choses) par des traits d’humour bien pensés et de petites aventures vécues à hauteur des yeux d’un enfant tout en laissant une part considérable à l’évocation des stéréotypes liés à une époque pas si lointaine... Court et dynamique, réussi dans son fond comme dans sa forme, « Calamity » de Rémi Chayé n’a pas démérité son Cristal reçu au Festival d’Annecy et saura divertir les grands comme les petits et les amateurs de westerns en culotte courte ou de métrages animés. Date de sortie en Belgique : 21 octobre 2020 Date de sortie en France : 14 octobre 2020 Durée du film : 1h22 Genre : Animation
Portrait complet d’une adolescente qui n’a de limite que la fatigue découlant de son combat, le documentaire de Nathan Grossman est une jolie mise en lumière d’un personnage public souvent controversé et dont on découvre le quotidien, les combats et l’incroyable ténacité avec une empathique proximité. Greta Thunberg, phénomène de foire ou voix de l’espoir ? Tout commence fin de l’été 2018. S’asseyant face au parlement suédois, une pancarte posée contre le mur, la jeune fille de 15 ans prend son courage à deux mains et montre aux passants curieux et interpellés que la jeunesse a une place à prendre, une voix à faire entendre auprès des dirigeants. La sienne, Greta l’a mise en sourdine durant des années parce que les autres enfants ne la comprenaient pas, la stigmatisaient, ne s’y intéressaient pas. Alors, quand les journalistes récupèrent son combat et le relaient aux quatre coins de la planète, c’est la vie entière d’une famille suédoise qui se voit bouleversée et un périple incroyable qui va peu à peu s’installer. Suivant la jeune activiste de ses premiers sittings à son incroyable traversée de l’Atlantique, « I’m Greta » brosse le portrait de Greta Thunberg mais pas seulement. A travers son regard, nous croisons ceux de Svante, son papa, de Malena, sa maman, des secrétaires d’états, de Présidents, de jeunes solidaires et d’adultes intrigués par son combat. Son premier appel passé depuis le siège des Nations Unies, sa première conférence pour le climat, l’appropriation des médias, les critiques dont elle fait l’objet et les rencontres étonnantes auxquelles elle assiste parfois incrédule, l’inquiétude de son papa et la détermination de l’adolescence d’écrire des discours parfaits, sa solitude et ses désillusions, ses espoirs et ses chagrins, tout est passé au crible dans ce documentaire riche d’enseignements, un métrage qui présente en toute simplicité les coulisses d’un phénomène et d’une notoriété que Greta n’a jamais cherchée. Que l’on apprécie ou non Greta Thunberg, là n’est pas la question. « I’m Greta » présente en toute objectivité le parcours hors norme d’une fille ordinaire, une jeune suédoise téméraire qui veut aller au bout de ses idées, de ses demandes, un tout petit bout de femme qui a montré la voie à d’autres jeunes européens ou américains et à des adultes soucieux de limiter la casse d’un inquiétant destin. Mal à l’aise dans les palais où on l’accueille avec intérêt, fatiguée de lutter dans l’ombre après chaque mise en lumière, déçue par les dirigeants qui écoutent mais n’agissent pas concrètement, Greta Thunberg a ce mérite, celui d’avoir ouverts les yeux sur une réalité que beaucoup cherchent encore à esquiver. Et parce qu’il allie à la perfection l’innocence de l’adolescence et le cri d’alerte des citoyens de demain, le portrait intime de Nathan Grossman est une vraie réussite qui marque les spectateurs et changera peut-être le point de vue de certains sur un incroyable destin. Date de sortie en Belgique : 21 octobre 2020 Durée du film : 1h37 Genre : Documentaire
Un grand blind test musical acidulé Vous les avez aimés dans leur premier chapitre ? Vous les adorerez dans le deuxième ! Les trolls, petits personnages colorés tout droit sortis des 90’s font leur grand retour quatre ans après une première sortie déjà réussie en son temps. Plus drôle et plus maîtrisé scénaristiquement, le nouveau métrage animé de Walt Dohrn (réalisateur du précédent volet) et David P. Smith nous entraîne dans des univers musicaux aussi divers et variés que celui de la country, de la techno, du funk, de la pop, du rock ou encore de la musique classique. Et parce que chaque monde possède ses sonorités, ses couleurs, ses caractéristiques visuelles, ses textures et son imaginaire, « la tournée mondiale » devient une délicieuse façon d’aborder les rythmes, les tubes et les variantes de six genres musicaux différents, à l’instar de « Pierre et le Loup » ou de « Piccolo saxo et compagnie ». S’amusant gentiment des clichés associés à chaque style présenté, le film est un nouveau juke-box géant dans lequel s’enchaîne des tubes planétaires que l’on prend plaisir à redécouvrir. S’intégrant à merveille dans un film pop coloré où petits et grands trouveront de quoi les amuser, la playlist made in Universal est l’occasion de convoquer de nouveaux doubleurs/chanteurs dans un casting déjà bien installé. Ainsi, Mary J. Blige, Anthony Ramos Martinez, Gustavo Dudamel, Kelly Clarkson et Kenan Thompson inscrivent leur nom au générique de sa version originale aux côtés de Gwen Stefani, Justin Timberlake ou Anna Kendrick alors que Vitaa et Matt Pokora rempilent de leur côté pour la version française. It’s all music love La tournée mondiale du titre, c’est celle de Barb, une rockeuse ambitieuse déterminée à récolter les six cordes des tribus musicales trolls afin de répandre sa musique universelle hard rock dans le monde entier… Oui mais, c’était sans compter sur l’optimisme sans limite de Branche mais surtout de Poppy. En découvrant la véritable histoire (écrite ailleurs que dans son scrapbook) et en allant à la rencontre des différences et goûts de chacun, notre jeune héroïne va peu à peu apprendre que c'est le pluralité qui fait la richesse de notre monde et pas le conformisme: brillant! Si on préfère nettement découvrir les titres musicaux en VO et que métrage souffre parfois de petites cassures de rythme, le film n’en est pas moins drôle, dynamique, joliment réalisé et fidèle à l’univers précédemment installé. A l’aube du congé d’automne et au lendemain de belles avant-premières, nous vous conseillons de répondre à l’invitation des« Trolls 2 : tournée mondiale », une belle occasion de se rendre dans nos salles ciné en famille et de prendre une belle dose de couleurs et d’énergie positive. Date de sortie en Belgique/France : 14 octobre 2020 Durée du film : 1h34 Genre : Animation Titre original : Trolls World Tour
« Quand la vie devient un combat, il se livre en famille » Découpé en chapitres temporels s’étirant de la veille du Réveillon de Noël jusqu’au 2 janvier, « Hope » de Maria Sødahl condense en quelques jours ce que d’autres vivent parfois sur plusieurs mois ou années. La révélation d’un diagnostic, l’attente, la douleur de la perte d’un être cher, la peur de l’inconnu ou les espoirs longtemps entretenus s’échelonnent avec pudeur dans le nouveau long-métrage de la réalisatrice scandinave. C’est la caméra visée à l’épaule que nous faisons nos premiers pas dans l’appartement de Tomas et Anja, un lieu de vie tumultueux que partagent le couple, leurs trois enfants et les trois issus du premier mariage du père de famille. Tremblante, l’image va peu à peu se stabiliser à mesure que l’état de santé de Anja va se révéler, se reposant sur l’épaule offerte par compagnon de vie plus âgé mais absent jusqu’à ce que le drame vienne tout changer. D’une implacable authenticité, la relation difficile qui unit Tomas et Anja va nous être exposée à travers les reproches, les rejets, les tentatives d’aide et de réconfort maladroites qui surviennent peut-être un peu trop tard. D’une belle sincérité introvertie, cette relation mise à mal durant tant d’années va se renforcer dans les conflits et les désillusions, à la sortie des entretiens médicaux ou le soir d’un réveillon. Autobiographique, « Hope » fait voler en éclats les tabous liés à la maladie, au cancer, à la crise conjugale et à la banalité d’une vie qui se délite par un quotidien dans lequel plus personne ne s’investit. Offrant une place de choix au formidable tandem créé de toutes pièces par Andrea Bræin Hovig et Stellan Skarsgård, ce drame pourrait être celui de n’importe quel spectateur, si bien que ses personnages, prostrés dans la difficulté de s’exprimer et dans la douleur nous semblent bien familiers. Distants, Anja et Tomas se préoccupent énormément de leurs enfants et tentent de se rapprocher pour vivre une dernière ligne droite plus empathique et attentive envers ces êtres qu’ils ont toujours aimés. La dureté des paroles et la froideur d’Anja, son self contrôle et son approche d’une maladie qu’elle pensait avoir maté sont d’une sincérité bouleversante. Et si la rigidité de la situation s’en ressent parfois dans la réalisation, c’est sans aucun doute parce qu’à travers son film, Maria Sødahl livre ses émotions brutes et son terrible vécu. Date de sortie en Belgique : 14 octobre 2020 Durée du film : 2h05 Genre : Drame Titre original : Hap
Avis : Parler de Lupin III, (« Edgar, le détective cambrioleur » dans la version française de notre enfance) c’est se remémorer d’excellents souvenirs passés devant la télé, des après-midi toujours joyeux où l’on découvrait amusés les épisodes animés. C’est d’ailleurs cette Madeleine de Proust en tête que nous fredonnons le générique au moment nous écrivons ces lignes. Alors quand une version tout en 3D sort pour la première fois sur nos écrans de cinéma (qui plus est dans un contexte de pandémie), nous avons forcément envie d’en parler ! Retour (gagnant) en enfance A l’origine, ce manga datant de 1967 est issu de la plume de Kazuhiko Katō alias Monkey Punch qui nous a quitté le 11 avril 2019 à l’âge de 81 ans. « Un bruit au fond de la nuit, une ombre sur le tapis, une clef tourne sans bruit, un coffre s'ouvre en silence »… C’est sur ces paroles que s’ouvrait le générique de la série télé. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, à commencer par le style graphique totalement remis au goût du jour. L’adaptation proposée ici est réalisée magnifiquement en 3D afin de moderniser les aventures du célèbre gentleman cambrioleur et petit-fils d’Arsène Lupin (crée par Maurice Leblanc). Démarrant sur les chapeaux de roue, l’histoire se déroule en France dans les années 60 même si le sombre passé lié au nazisme est étroitement lié à l’intrigue. D’ailleurs, il est à noter que le film reconstitue de fort belle façon certains lieux mythiques français grâce à la recherche minutieuse de l’équipe du film. Souvent drôle, le film plaira assurément aux petits et grands grâce à de nombreux gags visuels et la transposition à l’écran des personnages que les fans reconnaitront aisément ! Quel plaisir de voir Lupin, Jigen, Magali (Fujoko), Goemon et le tenace inspecteur Zenigata ! Ceux-ci prennent vie à l’écran grâce à une cure de jouvence bienvenue! La technique est hallucinante et offre beaucoup de scènes presque photoréalistes dotées d’une réelle profondeur. C’est beau et surtout respectueux du matériau d’origine ! Seule l’intrigue nous a semblé un peu faiblarde, et c’est bien dommage car le film d’animation est pétri de qualités. Commençant plutôt bien, les choix du scénario font penser à ce qu’a donné « Indiana Jones et le Royaume du crane de cristal » dans son dénouement (auquel nous n’avions pas adhéré). Ici, le ressenti similaire nous fait écrire que les scénaristes ont résolument choisi de plaire un jeune public en quête de sensations, plus qu’aux nostalgiques devant grands. Heureusement, le doublage en français est extrêmement convaincant et même si nous déplorons la mort de celui qui a prêté la voix française d’Edgar (Philippe Ogouz nous ayant quitté le 25 juillet 2019), Maxime Donnay l’actuel doubleur français s’est parfaitement approprié le personnage, au même titre que les comédiens de doublage qui font, eux-aussi, un très bon travail. Enfin, comment ne pas évoquer la sublime composition de Yuni Ono ? Déjà responsable de la musique de presque tous les Lupin, son travail est sublimé par le recours à un orchestre venu lui prêter main forte. Techniquement époustouflant, la première sortie de Lupin en salles en dehors du Japon est une franche réussite ! La technique est au service du matériau d’origine et le rendu des personnages en 3D fait plaisir à voir ! De plus, les voix et la musique participent à ces joyeuses retrouvailles. Finalement, la seule ombre au tableau est à aller chercher du côté de l’intrigue et des ressorts scénaristiques franchement en retrait… Des broutilles ! Date de sortie en France : 7 octobre 2020 Durée du film : 1h33 Genre : Animation
Un crépuscule familial Plongés dès les premières minutes dans le récit original de Natalie Erika James et Christian White, nous découvrons l’arrivée de Kay et Sam (les excellentes Emily Mortimer et Bella Heathcote), une mère et une fille chamboulées par la disparition de Edna, leur aînée. En découvrant la demeure abandonnée, les deux jeunes femmes prennent conscience qu’Edna (impressionnante Robyn Nevin) souffre d’une perte de mémoire importante et d’une solitude qui lui colle à la peau, deux détresses dont elles n’avaient jamais mesuré l’ampleur. Eloignées géographiquement les unes des autres et marquées par des différends ou des occupations accaparantes, nos héroïnes vont tenter de percer le mystère d’une disparition inquiétante qui leur réservera bien des surprises… Si sur le papier « Relic » ne semble rien révolutionner scénaristiquement, la découverte du métrage de la réalisatrice australienne va cependant changer la donne. L’atmosphère angoissante installée au fil du récit, sa photographie superbe et ses petits rebondissements font de ce nouveau film d’horreur un objet des plus intéressants. Et c’était sans compter sur l’approche originale d’une thématique peu exploitée au cinéma, celle de la vieillesse et du poids que peut représenter les responsabilités que l’on a envers nos aînés. Les relations difficiles au sein d’une même famille, la peur de la perte d’un être cher, l’évolution d’une maladie dégénérative et l’impact qu’elle a sur une personnalité chérie pendant des années sont autant de sujets exploités en substance, derrière un aspect horrifique qui n’a absolument rien d’un écran de fumée. Exit les jumpscare insensés, les monstres démoniaques hyper numérisés, « Relic » propose une revisite du film d’horreur traditionnel dans ce qu’il a de plus maîtrisé et recèle un climax justement dosé ainsi qu’une photographie que l’on prend plaisir à contempler. Jolie réussite de ce début d’automne, « Relic » a beau être un peu longuet dans son dernier tiers, il parvient à nous ensorceler et à nous toucher en plein cœur avec un final qui ne peut que nous marquer. A voir et apprécier ! Date de sortie en Belgique/France: 7 octobre 2020 Durée du film : 1h29 Genre : Horreur |
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