Car qui connaît le travail de Michel Ocelot sait combien l’artiste français apporte de jolies touches de tendresse dans ses récits, nous éclaire sur la vision de notre monde, nos émotions ou encore les étapes de notre vie. De « Kirikou » à « Dilili à Paris » en passant par « Azur et Asmar » ou « Princes et princesses », nombreux sont les exemples de longs-métrages magnifiques et touchants dans lesquels on se plonge avec délice, que l’on soit petit ou grand. Et « Le pharaon, le sauvage et la princesse » ne déroge pas à la règle. Mieux, il continue la lignée d’un travail entrepris il y a quelques années déjà, avec la même passion et le même souhait de nous faire rêver ! Autodidacte, Michel Ocelot pense ses histoires, les illustre, les anime avec un savoir-faire et une innocence intacte, faisant de l’animation une porte vers l’évasion et les rêves. Ici encore, en s’inspirant d’histoires existantes (« La stèle du songe », « Le conte du beau sauvage » de Henri Pourrat ou « La princesse des roses et le prince des beignets », issus de contes orientaux ), le cinéaste nous fait voyager dans l’Egypte antique, le Moyen-Age et le XVIIIème siècle, nous fait traverser le Soudan, un château et des forêts d’Auvergne ou encore des ruelles et palais turcs, nous fait rencontrer un futur pharaon, des reines et princesses, un petit garçon aimable ou encore un vendeur de beignets et le fait avec la finesse de ses traits, sa patte reconnaissable entre toutes et une douceur remarquable ! Réunissant trois histoires dans un seul film, « Le pharaon, le sauvage et la princesse » change de points de vue (on applaudit l’idée de jouer sur les profils égyptiens, les textures de ronds de verre du palais auvergnat, les ombres du « Beau sauvage » et les dorures ou autres éclats de l’univers ottoman), les références et les sujets en gardant une suite logique dont on se satisfait.
Durée du film : 1h23
Genre : Animation Date de sortie en Belgique/France : 19 octobre 2022 De Michel Ocelot – Avec les voix de Aïssa Maïga, Oscar Lesage, Serge Bagdassarian, Didier Sandre, Michel Elias et Patrick Rocca
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Et en effet, « L’innocent » est un vrai régal pour les yeux (la photographie très Nouvelle Vague de Julien Poupard est sublime), pour les oreilles (la bande originale dépote et propose une playlist constituée de « Une autre histoire » de Gérard Blanc, "Pour Le Plaisir" de Herbert Léonard ou "Le Lo Lay" de Nosotros associés à de grands thèmes de musique classique) et pour les zygomatiques et le cœur tant nous rions et nous émouvons à tour de rôle. Véritable hommage au septième art, le quatrième long-métrage de Louis Garrel est truffé de références aux décennies qui l’ont précédé, au travail de ses congénères (les thèmes de Grégoire Hetzel – « Roubaix, une lumière », « La prochaine fois je viserai le cœur » ou « Les fantômes d’Ismael » - n'en sont-ils pas la preuve ?) et aux genres qui peuplent les sorties en salles depuis des années déjà : policier, comédie, drame, film social, etc. Sublimé par un quatuor principal qui ferait mourir de jalousie plus d’un réalisateur contemporain, le scénario original et parfaitement mené de Louis Garrel et Tanguy Viel nous emmène sur de fausses pistes, vers des scènes remarquables (on pense à celle de la mise en peinture de la boutique de fleurs ou celle du restoroute) et mémorables et un final qui réjouit ses spectateurs. Louis Garrel, Noémie Merlant, Anouk Grinberg et Roschdy Zem ne sont pas que les garants du bon déroulement des événements, ce sont les porteurs de rôles solaires et positifs, d’émotions contradictoires et exaltantes, d’une histoire comme on aime se la faire raconter, illustrée à la perfection par un savoir-faire qui n’est plus à démontrer.
Durée du film : 1h40 Genre : Comédie Date de sortie en Belgique/France : 12 octobre 2022 De Louis Garrel – Avec Louis Garrel, Noémie Merlant, Roschdy Zem et Anouk Grinberg
Réunissant à l’écran Laure Calamy, Jacques Weber, Doria Tillier, Suzanne Clément ou encore Dominique Blanc, ce huis clos dramatique joue les roller coaster et nous entraîne dans un scénario et une mise en scène admirables, dans la lignée des autres films du même réalisateur. En effet, nous ne sommes pas surpris de découvrir un film atypique où rien ni personne ne semble être ce qu’il dissimule vraiment… Après « L’heure de la sortie » au climax inquiétant, voici venir « L’origine du mal », un thriller tendu très théâtral qui joue en permanence sur les préjugés et les faux semblants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sébastien Marnier a le don de décrire ses personnages, leur donner une réelle profondeur, les faire vivre à l’écran dans des traits de caractère bien marqués, accentués par des tenues dont l’apparence est entièrement calculée. Ainsi, le personnage de Louise (Dominique Blanc) est aussi excentrique dans ses discours, son attitude que ses robes singulières, celui de Stéphane (Laure Calamy) est fluide, léger, enjoué, comme les tissus de ses robes d’été alors que Georges (Doria Tillier) revêt des costumes plus droits et cintrés, plus étriqués et moins colorés, à l’image de cette femme d’affaires au caractère bien trempé. Très égratigné, le personnage de Jacques Wever, Serge, est probablement le plus énigmatique de tous. Convoquant chez nous une panoplie de ressentis, il incarne le patriarcat dans ce qu’il a de détestable, jouant tantôt la carte de la victime, sortant à d’autres moments du bois pour croquer les femmes de son entourage à pleines dents… Peu élogieux, le rôle du seul homme de la distribution autour duquel gravite une bonne partie de l’intrigue principale évolue de révélation en révélation et fait tomber tous les masques portés au sein de sa grandiose maison. Accordant une grande importance à la villa dans laquelle se joue presqu’un huis clos suffocant et angoissant, « L’origine du mal » nous fait quelque peu penser à « Huit femmes » de Ozon (l’aspect musical en moins) ou à « De grandes espérances » de Alfonso Cuaron, deux films où chacun révèle son vrai visage en évoluant dans un espace restreint, contraint de côtoyer les autres, fautes de recoins où se cacher. Mystérieuse et tendue, l’intrigue de Sébastien Marnier nous réserve bien des surprises que nous préférons réserver.
Durée du film : 2h05
Genre : Thriller Date de sortie en Belgique : 12 octobre 2022 Date de sortie en France : 5 octobre 2022 De Sébastien Marnier– Avec Laure Calamy, Suzanne Clément, Doria Tillier, Jacques Weber, Dominique Blanc et Céleste Brunnquell
Beau comme un camion, vraiment ? La première surprise de taille qui a déconcerté le fan nostalgique dont nous faisons partie est le recours aux effets spéciaux ! Hélas, pour élargir le public, le réalisateur a décidé de fabriquer ce film entièrement en image de synthèse. Bien sûr, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu les fabuleux coups de crayon d’Akira Toriyama mais le choc reste… brutal. Et pour être honnête, nous avons eu besoin d’un sérieux temps d’adaptation pour se faire à cette drôle d’idée voulue par le metteur en scène Tetsuro Kodama. C’est dans les vieilles marmites… Et si le dessin ne nous a pas totalement convaincu (mais on s’y fait..), l’histoire, elle, a pour seule vocation de tirer la corde du fan-service et le fait plutôt bien ! Reprendre le premier ennemi déjà rencontré dans « Dragon Ball » a quelque chose de réconfortant… C’est un peu comme remettre nos vieilles pantoufles après une journée de marche intense et douloureuse. Ici, nous apprenons que l’Armée du Ruban Rouge a survécu en vivant dans l’ombre au sein d’un conglomérat pharmaceutique. Et lorsque le fils du Général Red (le fondateur de l’armée) et le petit-fils du docteur Gero (les cyborgs dans DBZ c’était lui !) décident de s’allier pour rétablir leurs noms et dominer le monde, on se dit que Son Goku et Vegeta ne seront pas trop de deux pour venir à bout des cyborgs ultimes que sont Gamma 1 et Gamma 2. Sauf que, par une amusante pirouette scénaristique, c’est finalement le duo Sangohan et Piccolo qui s’y collent et ça fonctionne bien ! En effet, si ces deux personnages ont eu leurs moments de gloire dans les années 90, ils étaient passés au second plan dans la suite de l’histoire. Et les voir évoluer et se transformer en des guerriers surpuissants tient du plaisir coupable ! D’ailleurs, ces transformations leurs permettent même, de l’avis d’Akira Toriyama, de revenir dans la course et d’égaler l’indéboulonnable tandem Goku/Végéta. Gohan et Piccolo- duo bestial Alors que la transformation du premier est sobrement intitulée : Gohan Beast (Bestial en VF), Piccolo déverrouille ce qui semble être sa dernière transformation pour une puissance également explosive. Le film fait d’ailleurs la part belle à une seconde partie extrêmement dynamique alors que la première prenait le temps d’exposer ses personnages avec humour et bienveillance. Les combats durent et sont également très intenses pour un plaisir bien réel ! C’est d’ailleurs à ce moment que nous avons oublié la technique. De même, il est difficile de compter les nombreux clins d’œil faits à la série mais sachez que les références sont extrêmement nombreuses et beaucoup sont franchement drôles ! On rit de bon cœur et il faut bien avouer que nous nous sommes laissés emportés par ses combats gigantesques ! Et surtout, ne partez pas trop vite car le fan-service continue dans une scène post-générique bien sentie !
Durée du film : 1h39 Genre : Animation Date de sortie en Belgique/France : 5 octobre 2022 De Tetsuro Kodama
L’automne meurtrier Rappelez-vous, c’était il y a bientôt 7 ans ! La soirée du 13 novembre 2015, Paris devient le témoin d’attentats glaçants au stade de France, dans les rues du 10ème et 11ème arrondissements et au Bataclan. Trois commandos de terroristes sèment la panique dans la capitale et partout ailleurs, une ville de lumière qui, en quelques heures, va sombrer dans les ténèbres. Le silence, le choc, des images impressionnantes se succèdent dans les médias et sur les réseaux sociaux… L’Europe est sonnée devant tant de cruauté et encore plus lorsque l’on comprend que, même si certains d’entre eux ont été appréhendés et tués, les responsables de ces infamies courent encore dans la nature. Très vite, des visages et des noms sont relayés dans le monde entier, ceux de Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam, ennemis publics numéro 1 activement recherchés. Cette histoire, on la connaît. On sait son dénouement, son déroulement, ses rebondissements… Mais ce que l’on connaît moins, c’est la façon dont la piste de ces djihadistes a été remontée, les coulisses des arrestations ou exécutions qui ont suivi dans les heures et les jours de cet événement tragique et mémorable. C’est cela que Cédric Jimenez va nous raconter dans ce « Novembre » ultra dynamique et sans temps mort… Un film qui nous happe dans la traque livrée par des centaines d’hommes et de femmes, ceux et celles qui œuvrent dans l’ombre, des techniciens, des policiers, des enquêteurs et des brigades de terrain mis en lumière à travers les personnages incarnés par de sacrés bons comédiens : Jérémie Renier, Anaïs Demoustier ou encore Jean Dujardin. Le moins que l’on puisse dire de « Novembre », c’est qu’il s’agit d’un film haletant. Avec son rythme soutenu, intensifié par de magnifiques mouvements de caméra qui nous font vivre son histoire au plus près de ses protagonistes, le dernier long-métrage de Cédric Jimenez est « tendu », soutenu, réellement bien foutu ! D’une intervention ratée en Grèce à son épilogue connu de tous, « Novembre » nous entraîne dans une poignée de jours interminables où toutes les ressources mobilisées dans cette affaire n'ont rien lâché : écoutes téléphoniques, recueils de témoignages, enquêtes sur le terrain, analyses d’images de caméra de surveillance, fouilles dans les dossiers S,… tout est passé au crible. Assistant comme des témoins privilégiés à cet affairement (grâce à la réalisation sans faille de Cédric Jimenez et la photographie de Nicolas Loir), nous vivons de l’intérieur les étapes d’une enquête houleuse qui aurait pu être bien plus compliquée qu’elle n’y parait si certains citoyens ou enquêteurs n’avaient pas pris le risque de tout donner, quitte à mettre son poste ou sa vie en danger. Thriller nerveux qui nous emporte sans nous laisser reprendre notre souffle, « Novembre » est une très belle réussite cinématographique, un film fort sous tension qui répond à de nombreuses interrogations.
Durée du film : 1h45
Genre : Thriller/Policier Date de sortie en Belgique/France : 5 octobre 2022 De Cédric Jimenez – Avec Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier et Lyna Khoudri
Donne-moi ta main et prends la mienne Une histoire de mains tendues… voilà la sous-titre que l’on pourrait ajouter à l’affiche sobre de ce « Sixième enfant » qui nous a cueilli dès ses premiers instants. Intrigués par le pitch, curieux de voir se conjuguer quatre incroyables talents, nous avons poussé la porte du film de Léopold Legrand et l’avons refermé les larmes aux yeux, le cœur battant… Et pour cause, en moins de deux heures, le réalisateur âgé de 30 ans nous emporte dans le tourbillon de la vie de Anna et Julien, deux avocats brillants sans enfant et en peine de ne pas pouvoir devenir parents. Alors, lorsqu’ils croisent la route de Franck et Mériem, deux « gitans » qui ne peuvent accueillir et garder leur sixième enfant, ils entrevoient une possibilité de concrétiser leur rêve, quitte à s’exposer aux terribles conséquences d’un « trafic d’être humain » et payer chèrement un souhait qui pourrait enfin être exaucé. A l’affiche de ce premier long-métrage brillant et maîtrisé de bout en bout dans ses dialogues, sa mise en scène et son dénouement, nous retrouvons Sara Giraudeau et Benjamin Lavernhe du côté du couple d’avocats et Judith Chemla et Damien Bonnard pour représenter deux parents démunis et sans le sou, contraints de vivre sur un terrain vague et dans des caravanes de fortune… Brillant de mille feux, ce quatuor équilibré est d’une justesse impressionnante : tantôt froids tantôt illuminés par l’espoir de se voir sortir de situations étriquées dans lesquelles ils sont tous enfermés, ces personnages principaux existent tous à l’écran, aucun des rôles n’effaçant celui des autres, aucun comédien ne prenant le pas sur ses camarades de jeu. Totalement habités par les héros qu’ils ont incarné, nos quatre acteurs crèvent littéralement l’écran et nous font vivre des émotions diverses, démontrant à nouveau toute l’étendue de leur talent !
Durée du film : 1h32
Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 5 octobre 2022 Date de sortie en France: 28 septembre 2022 De Léopold Legrand – Avec Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla, Damien Bonnard et Marie-Christine Orry
Hélas, leur fameux « Batgirl » bien que tourné entièrement a été annulé pour cause de changement de direction des studios mais aussi d’une politique interne centrée sur la restriction budgétaire. Heureusement, les deux metteurs en scène reviennent plus forts que jamais dans un film à la fois singulier et choc et qui risque de marquer les esprits ! Aussi loin et tellement proche… Du point de vue des réalisateurs, 2014 marque un tournant pour l’Etat Islamique (EI). En témoignent les attaques terroristes que nous avons connues en 2015 et 2016. Et c’est précisément ce cadre qui nous est donné à voir dans le film où un jeune Belge d’origine marocaine se fait radicaliser. Les auteurs diront d’ailleurs avec beaucoup de justesse : "On ne voyait jamais des Belges, des Flamands dans cette région du monde. C’était vraiment nouveau par exemple de voir des films de propagandes d’organisations terroristes avec des gens qui nous ressemblaient, parlant le français qu’on parle ici, qui venaient de nos quartiers." D’ailleurs, les réalisateurs n’expliquent pas pourquoi la radicalisation s’est faite davantage chez nous (nous aurions eu deux ou trois fois la norme des départ vers la Syrie). L’endoctrinement bien présent est bien rendu dans ce film à la fois très beau et à la patte artistique audacieuse. Et la vraie intelligence des auteurs est de proposer des enjeux multiples. Tout d’abord, nous suivons Kamal, un jeune marocain (éblouissant Aboubakr Bensaihi) emporté dans une spirale de violence qui va totalement le dépasser. Mais aussi sa maman (incarnée à l’écran de manière prodigieuse par Lubna Azabal, vraie mère courage) qui transit de voir son plus jeune fils Nassim (très convaincant malgré son jeune âge Amir El Arbi) basculer dans la radicalisation. Et c’est précisément ces enjeux qui font de ce film une œuvre nuancée et toujours juste. Aucun manichéisme n’est à déplorer et nous retrouvons même une belle galerie de personnages féminins aux rôles très forts ! Ancré géographiquement entre la Belgique, avec un tournage à Molenbeek, et la Syrie (mais un tournage en Jordanie), le film est visuellement très réussi et dispose d’une vraie patte graphique. On sent que les réalisateurs maitrisent la caméra pour nous offrir un spectacle sinistre mais grandiose. Enfin, on pourrait même qualifier le film de tragédie musicale car, à certains moments clés, le film se transforme en œuvre musicale où le personnage principal danse et chante sur fond de rap ou de Rnb...Des choix déconcertants qui paient toutefois ! Car ces musiques occidentales forcément interdites par l’EI reflètent toujours les pensées noires du protagoniste. Mais la bande sonore laisse aussi la place à une formidable musique traditionnelle si spécifique à la culture arabo-musulmane, un mix surprenant mais réellement au service d’une œuvre qui dénonce les choses autrement.
Durée du film :2h15
Genre : Drame (musical) Date de sortie en Belgique : 5 octobre 2022 De Adil El Arbi et Bilall Fallah – Avec Aboubakr Bensaihi, Lubna Azabal, Amir El Arbi, Tara Abboud et Younes Bouad |
Légende
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