Mais est-ce qu’un excellent sujet de départ et de très bons comédiens suffisent à en faire un film marquant ? Rien n’est moins sûr… « Tiens, il me semble avoir entendu pleurer un enfant » Pour qui regarderait le film de Jean-Marc Peyrefitte sans connaitre les troubles mentaux dont souffrait l’ancien président de la République, il y aura une sacrée surprise à la clé ! Resté dans l’Histoire de France pour sa fameuse chute d’un train en marche après quelques mois de mandat, Paul Deschanel (joué par un Jacques Gamblin investi) est un vrai personnage romanesque ! Et cela tombe bien car la volonté du réalisateur était de réhabiliter l’homme d’Etat tant il était en avance sur son temps. Jugez plutôt : nous sommes en 1920 et Paul Deschanel voulait donner le droit de vote aux femmes (elles obtiennent le suffrage universel en 1948), abolir la peine de mort (il faudra attendre 1981 en France), mais aussi développer l’amitié franco-allemande. Quand on sait aujourd’hui que le Traité de Versailles défendu par Georges Clémenceau a été vécu comme une humiliation sans nom par toute une génération d’Allemands et que cette rancœur a mené le pays à de profonds troubles sociétaux dont a émergé la figure d’Adolf Hitler, on se dit effectivement que l’homme était visionnaire ! Car de ce traité, une génération d’enfants a été sacrifiée sur l’autel du nationalisme exacerbé. Aussi, il était logique que le réalisateur mette en scène le Tigre incarné avec force par André Dussollier bien grimé pour l’occasion. D’emblée, le réalisateur nous prévient : oui les faits sont historiques mais afin de tisser cette œuvre, de petites libertés ont été prises. Le problème est que de notre point de vue, le film glisse un peu trop dans la comédie outrancière. Un entre-deux plus mesuré aurait donné plus de puissance au film et c’est bien dommage car il se dégage du film « Le Tigre et le Président » une sorte de farce surréaliste qui s’appuie certes sur le réel mais dont on a l’impression qu’il a été tordu pour nous parvenir en caricature… Alors oui, le Président souffrait d’un état anxio-dépressif associé au syndrome d’Elpénor (qui se traduit par un réveil incomplet après un sommeil profond) mais le résultat à l’écran est, selon nous, un peu trop appuyé. Pourtant, le réalisateur s’est bien documenté sur le sujet puisqu’il se base sur des biographies mais aussi l’intégrale des discours de Paul Deschanel pour réaliser l’ensemble de son intrigue. Un bon point revient à la réalisation qui ne souffre d’aucune critique, pas plus que le jeu des comédiens ou encore des décors ! L’équipe a obtenu des autorisations rares pour renforcer le réalisme des lieux montrés à l’écran. Le Ministère des affaires étrangères, le Congrès de Versailles, une chambre du Quai d’Orsay mais aussi les extérieurs de l’Elysée renforcent une très belle impression ! Hélas, cela n’a pas suffit à nous convaincre car si ces éléments sont épatants, le film s’oublie vite. La faute à un réalisateur qui fait du surplace en seconde partie de métrage. Nous avons la fâcheuse impression d’assister souvent aux mêmes scènes rendant le temps particulièrement long ! Heureusement, quelques scènes truculentes et bien amenées finissent pas nous sortir de notre torpeur mais cela ne suffit pas à nous embarquer totalement dans cette proposition pourtant originale.
Durée du film : 1h36 Genre : Comédie, Histoire Date de sortie en Belgique : 21 septembre 2022 Date de sortie en France : 7 septembre 2022 De Jean-Marc Peyrefitte – Avec Jacques Gamblin, André Dussollier, Christian Hecq, Astrid Whettnall, Anna Mouglalis
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