A parked life

Résumé du film: A Parked Life dresse le portrait intime de Petar qui exerce depuis neuf ans un métier qu'il exècre: camionneur. Il fait partie des centaines de milliers de chauffeurs de poids lourds originaires d'Europe de l'Est qui sillonnent l'Europe 46 semaines par an, du nord au sud et d'est en ouest. Ils vivent des mois d'affilée dans leur cabine où sur les aires de repos des autoroutes. Les trajets sont monotones, les moments d'attente interminables. Alors qu'il est traité partout de manière inamicale, son couple bat de l'aile et son enfant reste un étranger pour lui. Pourquoi exerce-t-il ce métier ? Où en est-il par rapport à ce qu’il rêvait d’avoir comme vie ? Comment voit‐il son avenir ? les relations avec sa famille ? L'autoroute le mène-t‑elle vers une vie meilleure ? Ou est‑ce une voie sans issue ?

Note du film : ★★ (par François)

Avis : Véritable road trip documentaire, « A parked Life » dresse le portrait touchant de Petar, routier mais aussi père d’un fils qu’il voit très peu... Comment concilier vie de famille et vie professionnelle lorsqu’on part 46 semaines par an ? A cette question essentielle, le réalisateur Peter Triest ne propose pas de réponse et encore moins de jugement. Seulement un beau portrait d’une réalité partagée par beaucoup de camionneurs.

​La force du documentaire est de filmer une histoire humaine (et donc quelque part tragique) finalement « commune », à hauteur d’homme. Car ce que vit Petar au quotidien, ce sont des milliers de camionneurs qui en font l’expérience chaque jour qui passe. Une vie de routes, de solitude, mais aussi d’espoir : celle de rentrer à la maison pour enfin voir les siens.          
 
Cette vie, pourtant dynamique, éloigne, de sa famille et ses amis, la personne qui s’y engage. En filigrane, ce sont de vraies questions qui sont judicieusement posées par Peter Triest : Comment concilier un travail extrêmement exigeant (et prenant) avec l’envie de fonder un foyer ? Comment peut-on, en tant que père, voir grandir son enfant par le biais d’un smartphone ? Est-il possible créer du lien ; ou du moins de ne pas le perdre, avec ceux qui nous sont proches en nous éloignant d’eux ? Toutes ces questions, et bien d’autres, sont posées par un réalisateur qui se veut le plus proche possible de son sujet. Jamais nous ne jugeons la vie de Petar. Cependant, nous sommes les témoins attristés de sa chute familiale. Paradoxalement, partir sur les routes pour subvenir aux besoins de sa famille ne le lui permet pas réellement tant il manque de temps passé ensemble. Et c’est ce propos que « A Parked Life » projette avec une grande intelligence sur grands écrans.
 
Et puis, s’il le fait si bien d’un point de vue scénaristique, l’aspect visuel n’es pas négligé, bien au contraire ! La caméra épouse la vie de solitude de Petar qui traverse inlassablement cette Europe si belle mais paradoxalement si vide de sa famille. Chaque jour, ce sont les mêmes routines qui s’installent : chargement, déchargement, voyages, pauses, et heureusement, la rencontre avec les collègues qui partagent une même existence avec des angles spécifiques.  

Les paysages filmés offrent de superbes panoramas qui raviront sans aucun doute le spectateur amateur de beaux décors ! Au final, il reste une certaine tristesse provoquée par le dilemme moral de Petar comme cette séquence où il mange seul dans le sud de la France, le long d’une route avec pour seuls compagnons les palmiers et le soleil. Et ces éléments « chauds » nous font ressentir un peu plus fort encore la solitude d’un camionneur qui ne conduit plus vraiment sa propre vie…   ​

Durée du film : 1h27
Genre : Documentaire
Date de sortie en Belgique : 14 décembre 2022