On ne nait pas père, on le devient… … Et c’est au cœur de la forêt sombre et a priori inhospitalière, dans une cabane abandonnée ou au pied d’un arbre que Nikolaï le mesure réellement. Surnommé « Mowgli » par les autres jeunes de centre pour mineurs qu’il fréquente depuis toujours, ce jeune homme, rescapé d’un accident de voiture qui a vu disparaître ses deux parents, est un être solitaire, un adulescent sans repère qui n’a que comme refuge, une caravane délabrée au milieu d’une forêt qui a tant à lui raconter. Entourant les arbres de ses bras, écoutant la sève et la respiration forestière, Nikolaï n’est connecté qu’à deux choses : la nature et Camille, fraîchement débarquée dans le centre pour jeunes qui leur offre de nombreuses libertés. Porteuse d’une dernière chance pour rentrer dans le rang au risque de repasser devant la justice, cette dernière est attirée par l’étrange Nikolaï qui, comme elle, porte son passé familial en bandoulière… Il veut un bébé, elle tombe enceint : ensemble, ils vont tenter de créer, contre vents et marées, dans la débrouille et la précarité, une famille dont ils ont tous les deux été privés. Reprenant un thème déjà abordé dans le cinéma belge (« Keeper ») et étranger, « Le cœur noir des forêts » le fait avec un regard neuf et une vraie finesse et une jolie fébrilité. Partageant avec nous un double regard sur la rencontre qui va bouleverser leurs vies, le film de Serge Mirzabekiantz plante savamment son décor (magnifiquement capturé par sa photographie délicate) et la psychologie des deux héros incarnés à la perfection par le débutant Quito Rayon Richter et la très juste Elsa Houben avant de nous entraîner dans un deuxième volet dramatique et pudique certes convenu mais enrichi d’une réelle intensité émotionnelle.
Durée du film : 1h34 Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 28 septembre 2022 De Serge Mirzabekiantz – Avec Elsa Houben et Quito Rayon Richter
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Avis : Ce n’est peut-être pas le film le plus original qui soit mais « Maria rêve » a été pour nous une découverte lumineuse et une histoire « baume au cœur », un métrage classique qui, par sa douceur, le jeu de son casting et sa teneur se révèle être au final être un petit coup de cœur. Parce qu’il est en effet possible de reconnaître qu’un long-métrage banal peut faire l’effet d’un bonbon savoureux qui nous reste en mémoire des jours après sa vision, « Maria rêve » est, pour nous, un petit film sans prétention qui est parvenu à nous faire vivre de belles émotions… Je passe toujours deux fois… Après s’être essayés aux courts-métrages et avoir foulé les tournages en tant qu’acteurs, Lauriane Escaffre et Yvo Muller passent le cap du long et associent leurs écritures et leur sensibilité pour nous offrir un « Maria rêve » positif et enjoué. Appelé dans un premier temps « Le déhanché d’Elvis », ce premier essai est la parfaite occasion de retrouver un tandem apprécié : Karin Viard et Grégory Gadebois, touchants et d’une authenticité que nous avons énormément appréciée. Dans ce film, Karin Viard incarne une femme de ménage d’une bonne quarantaine d’années, installée de façon très pépère dans sa vie aux côtés de son mari transparent et marqué par le départ de sa fille avec un homme de son âge. Quittant le « privé » pour intégrer une équipe de nettoyage d’une école de Beaux Arts, Maria découvre un univers nouveau, où œuvres improbables, amitiés et dépassement de soi sont au rendez-vous. Bouleversant sa vie et donnant un nouveau sens au quotidien dans lequel elle s’était enfermée, cette opportunité va lui donner une impulsion de vie qu’elle avait enfouie, lui permettre de se (re)découvrir, se surpasser et s’aimer. Joli rôle taillé sur mesure pour une comédienne que nous avons toujours appréciée, celui de Maria lui va comme un gant et lui offre la possibilité d’incarner un personnage extrêmement touchant… Et il en va de même pour Grégory Gadebois qui quitte, ces dernières années, les seconds rôles pour prendre une jolie place sur nos écrans, nous émouvoir, nous toucher en plein cœur avec son regard « bonhomme » et sa sincérité. Ici encore, le comédien (que l’on a adoré dans « Le jeu », « J’accuse » ou encore « Délicieux ») s’impose à nous à travers les traits d’un Hubert que l’on aimerait tous croiser, un personnage truculent et attendrissant qui évolue au contact des étudiants qu’il côtoie et de la nouvelle arrivée dans l’équipe d’entretien, Maria. Tantôt drôle, tantôt plus terre à terre, « Maria rêve » est une comédie romantique feel good très traditionnelle et peu révolutionnaire mais un film qui séduit par la tendresse qui s’en dégage et l’authenticité de ses personnages.
Durée du film : 1h33
Genre : Comédie/romance Date de sortie en Belgique/France : 28 septembre 2022 De Lauriane Escaffre et Yvo Muller– Avec Karin Viard, Grégory Gadebois et Noée Abita
Mais est-ce qu’un excellent sujet de départ et de très bons comédiens suffisent à en faire un film marquant ? Rien n’est moins sûr… « Tiens, il me semble avoir entendu pleurer un enfant » Pour qui regarderait le film de Jean-Marc Peyrefitte sans connaitre les troubles mentaux dont souffrait l’ancien président de la République, il y aura une sacrée surprise à la clé ! Resté dans l’Histoire de France pour sa fameuse chute d’un train en marche après quelques mois de mandat, Paul Deschanel (joué par un Jacques Gamblin investi) est un vrai personnage romanesque ! Et cela tombe bien car la volonté du réalisateur était de réhabiliter l’homme d’Etat tant il était en avance sur son temps. Jugez plutôt : nous sommes en 1920 et Paul Deschanel voulait donner le droit de vote aux femmes (elles obtiennent le suffrage universel en 1948), abolir la peine de mort (il faudra attendre 1981 en France), mais aussi développer l’amitié franco-allemande. Quand on sait aujourd’hui que le Traité de Versailles défendu par Georges Clémenceau a été vécu comme une humiliation sans nom par toute une génération d’Allemands et que cette rancœur a mené le pays à de profonds troubles sociétaux dont a émergé la figure d’Adolf Hitler, on se dit effectivement que l’homme était visionnaire ! Car de ce traité, une génération d’enfants a été sacrifiée sur l’autel du nationalisme exacerbé. Aussi, il était logique que le réalisateur mette en scène le Tigre incarné avec force par André Dussollier bien grimé pour l’occasion. D’emblée, le réalisateur nous prévient : oui les faits sont historiques mais afin de tisser cette œuvre, de petites libertés ont été prises. Le problème est que de notre point de vue, le film glisse un peu trop dans la comédie outrancière. Un entre-deux plus mesuré aurait donné plus de puissance au film et c’est bien dommage car il se dégage du film « Le Tigre et le Président » une sorte de farce surréaliste qui s’appuie certes sur le réel mais dont on a l’impression qu’il a été tordu pour nous parvenir en caricature… Alors oui, le Président souffrait d’un état anxio-dépressif associé au syndrome d’Elpénor (qui se traduit par un réveil incomplet après un sommeil profond) mais le résultat à l’écran est, selon nous, un peu trop appuyé. Pourtant, le réalisateur s’est bien documenté sur le sujet puisqu’il se base sur des biographies mais aussi l’intégrale des discours de Paul Deschanel pour réaliser l’ensemble de son intrigue. Un bon point revient à la réalisation qui ne souffre d’aucune critique, pas plus que le jeu des comédiens ou encore des décors ! L’équipe a obtenu des autorisations rares pour renforcer le réalisme des lieux montrés à l’écran. Le Ministère des affaires étrangères, le Congrès de Versailles, une chambre du Quai d’Orsay mais aussi les extérieurs de l’Elysée renforcent une très belle impression ! Hélas, cela n’a pas suffit à nous convaincre car si ces éléments sont épatants, le film s’oublie vite. La faute à un réalisateur qui fait du surplace en seconde partie de métrage. Nous avons la fâcheuse impression d’assister souvent aux mêmes scènes rendant le temps particulièrement long ! Heureusement, quelques scènes truculentes et bien amenées finissent pas nous sortir de notre torpeur mais cela ne suffit pas à nous embarquer totalement dans cette proposition pourtant originale.
Durée du film : 1h36 Genre : Comédie, Histoire Date de sortie en Belgique : 21 septembre 2022 Date de sortie en France : 7 septembre 2022 De Jean-Marc Peyrefitte – Avec Jacques Gamblin, André Dussollier, Christian Hecq, Astrid Whettnall, Anna Mouglalis
Meilleur film, meilleurs effets visuels, meilleur maquillage ou encore meilleure production sont venus récompensés un audacieux long-métrage, une fable fantasque sur fond de Deuxième Guerre, un drame fantastique aux personnages attachants et à la dystopie déstabilisante. Bref, un méli-mélo étrange et efficace qui évoque la douleur des rafles, la cruauté de la Guerre et son dénouement fatal… Un petit régal ! Où sont les véritables monstres ? Réalisateur italien méconnu de notre cinéphilie, Gabriele Mainetti se révèle à nous à travers un excellent long-métrage constitué de drame, de film de guerre, de fable, de fantastique et d’aventure… Un métrage qui, à travers ses personnages principaux, nous font (re)vivre un épisode sombre de notre Histoire sous le prisme du conte et d’intrigues singulières qui se rejoignent pour le meilleur et pour le pire. Au centre de son récit, on trouve Matilde, une jeune fille « électrique » incapable de gérer son pouvoir, une adulescente attachée à une troupe de cirque itinérant constituée d’autres talents atypiques : il y a Mario, l’Homme aimant, Fulvio, l’homme-chien et Cencio, celui qui parle à l’oreille des insectes mais aussi et surtout Ismaël, un père de substitution qui lui promet le succès en Amérique et la prise sous son aile depuis de nombreuses années. Alors, lorsqu’arrivés à proximité de Rome, notre quatuor voit disparaître Ismaël (probablement emmené vers les camps par les Nazis installés dans la région) c’est l’équilibre d’une belle amitié qui se voit menacé… Et c’était sans compter sur l’attirance qu’exerce le cirque allemand de Franz où la promesse de mille monts et merveilles se fait savoir de bouche à oreilles et où la popularité pourrait bien tout changer… Magnifié par de beaux effets spéciaux et une photographie superbe sublimant des décors impressionnants, « Freaks out » est non seulement un film étonnant mais l’occasion de découvrir un casting italo-allemand des plus convaincants. En tête, Aurora Giovinazzo (Matilde), une jeune femme dont le registre d’émotions parvient à nous toucher au plus profond et Franz Rogowski alias Franz, son Némésis à l’écran. La petite fille aux étincelles… Franz Rogowski, découvert dans « Ondine » ou « Une vie cachée » de Terrence Malick, assure haut la main dans son rôle de Franz, nazi frustré de ne pas participer activement à cette guerre et d’une implacable cruauté. Recherchant coute que coute une bande de « quatre fantastiques » qui permettraient à l’Allemagne de gagner ce combat sans fin, Franz, pianiste d’excellence a des visions : celles d’un futur plus ou moins proche, des bribes d’innovations du XXIème siècle (les smartphones, manettes de Playstation, hand spinner et autres grands tubes pop/rock que l’on adore redécouvrir au piano) mais aussi des images du suicide d’Hitler, de la chute de sa patrie ou encore du procès de Nuremberg, autant de frayeurs qu’il veut fuir en changeant le destin. Alors, lorsque son chemin croise celui de Matilde et lui fait entrevoir la concrétisation de ses projets les plus fous, l’Allemand déjanté ne recule devant rien, quitte à se ridiculiser… Fable fabuleuse mettant en exergue la cruauté de la guerre et celle des pratiques nazies, « Freaks out » montre bien que les monstres ne sont pas ceux auxquels on s’attend. Si la nature façonne parfois des êtres singuliers, les parcours de vie, eux, peuvent distiller au plus profond des Hommes une intolérable cruauté.
Durée du film : 2h21
Genre : Aventure, Drame Date de sortie en Belgique : 21 juin 2022 De Gabriele Manietti – Avec Aurora Giovinazzo, Franz Rogowski , Claudio Santamaria, Pietro Castellitto
Avis : Il y a quelque chose de mystérieux, de brut, d’inexplicable dans le premier plan du film « Les cinq diables » de Léa Mysius. Cette image d’Adèle Exarchopoulos démunie devant un brasier, habillée dans une tenue pailletée, nous hante et trouve un éclaircissement au fil de cette heure trente hybride où se mêle fantastique, drame et romance… Un mélange étonnant qui fonctionne pourtant et qui permet à son trio de femmes de s’imposer à l’écran. C’est que, il faut le reconnaître, « Les cinq diables » est un véritable cadeau interprétatif pour Adèle Axarchopoulos qui n’a pas fini de nous surprendre par son implication dans différents registres. Véritable caméléon, capable de rajeunir d’un changement de coiffure, la comédienne habite ses personnages comme personne, leur insufflant une dramaturgie par moments et une vraie joie de vivre à d’autres. Solitaire, cette mère de famille (mariée à un pompier absent), élève sa fille dans une organisation rituelle qui la voit beurrer les tartines de son enfant de 11 ans, travailler le jour dans une piscine municipale (appelée « Les cinq diables » dont est tiré le nom du film) et finir par s’entraîner à nager dans l’eau fraîche d’un lac niché au cœur des montagnes du Vercors… Déconnectée de la réalité, elle ne voit pas le don inouï qu’à Vicky (épatante Sally Dramé dont c’est le premier rôle) de recréer et identifier des odeurs ni le harcèlement dont elle est la victime, ne se bat pas pour sauver son couple et ne mesure pas la détresse dans laquelle évolue sa meilleure amie, défigurée par un incendie. Mais lorsque Julia, la sœur de son mari et amie de longue date ressurgit dans sa vie, Joane tourne son regard vers le passé et ne vit plus dans le présent aseptisé qu’elle a peu à peu façonné. Troublant, doté d’une qualité d’image évidente (l’utilisation du 35mm y est pour beaucoup), « Les cinq diables » est difficilement classable et « notable » tant il oscille entre fascination et déception. Fascination pour son approche inédite (comme l’utilisation des odeurs comme médium entre le passé et le présent et les observations des souvenirs ayant un impact sur le déroulement des événements) et l’interprétation très juste du trio d’actrices (Adèle Exarchoupolos, Sally Dramé et Swala Emati). Déception par sa lenteur, sa redondance et ses invraisemblances…
Durée du film : 1h35
Genre : Drame fantastique Date de sortie en Belgique : 21 septembre 2022 De Léa Mysius – Avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati, Daphné Patakia et Moustapha Mbengue
Ingénieux, touchant et rempli d’une belle humanité, « Tout le monde aime Jeanne » convainc notamment grâce à son duo complice formé par Blanche Gardin et Laurent Lafitte, deux comédiens au diapason qui, bien que fidèles à eux-mêmes et prenant peu de risque dans leur interprétation, nous font vivre de belles émotions. Et pourtant, le défi n’était pas gagné d’avance tant le film de Céline Devaux semblait ordinaire et similaire à tant d’autres… Nous contant l’histoire d’une Jeanne paumée, en deuil et mal dans sa peau, « Tout le monde aime Jeanne » aurait pu jouer sur les stéréotypes, être une énième illustration des préoccupations actuelles et de la déshumanisation de notre société ultra-connectée. S’il y a un peu de cela (mais on en rit plutôt que de s’en accommoder), c’est surtout dans l’approche des émotions intérieures de son personnage principal, dans son regard sur une frange de la population préoccupée par l’image renvoyée, dans l’appréhension des souvenirs laissés dans un appartement vide de la présence de sa mère mais chargé de réminiscences souvent négatives et dans son cheminement vers une délivrance et un épanouissement personnel que le film brille de mille feux. Empathique et drôle, l’histoire personnelle qui se déroule devant nos yeux laisse aussi la place à un brin de folie apporté par le personnage de Jean (Laurent Lafitte) tout aussi seul mais comblé par les mensonges qu’il se raconte et les coups foireux qu’il aime perpétrer et une jolie solidarité et entraide incarnées par le frère de Jeanne, Simon (Maxence Tual, tout aussi bon)…
Durée du film : 1h37
Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique : 21 septembre 2022 De Céline Devaux – Avec Blanche Gardin, Laurent Lafitte, Maxence Tual, Nuno Lopes et Marthe Keller
« A peine eut-elle commencé à frotter cette lampe, qu'en un instant, en présence de son fils, un génie hideux et d'une grandeur gigantesque s'éleva et parut devant elle ». Les Mille et Une Nuits Il est de ces films originaux que nous n’attentions pas spécialement et qui, à leur vision, créent la surprise. Et à ce petit jeu, « Trois mille ans à t’attendre » remporte la palme ! Très intéressant à suivre dans sa première partie, le film possède l’intelligence de jouer avec le genre qu’il insuffle. En effet, le long-métrage s’ouvre sur le personnage d’Alithéa, incarnée à l’écran par la talentueuse Tilda Swinton. Narratologue renommée, elle est appelée à voyager aux quatre coins du monde pour donner des conférences sur les techniques et les diverses structures narratives mises en œuvre dans les formes littéraires que nous connaissons tous… Parmi lesquelles les récits mythologiques et autres légendes qui n’ont plus aucun secret pour elle ! Après tout, ces écrits renferment en eux l’Histoire de l’Humanité et ce que l’Homme ne pouvait expliquer jadis, il le fait aujourd’hui par la science. Depuis toujours donc, l’Homme s’est raconté des histoires pour expliquer ce qui lui échappait alors. Dieux, héros, Djinns et monstres étaient les seules manifestations inventées par nos ancêtres pour appréhender le monde dans lequel ils vivaient. Et lorsque Alithéa voit des visions de personnages antiques qui semblent la suivre, elle se dit qu’elle est un peu surmenée (et on la comprend !). Faisant un peu de shopping dans un souk, la spécialiste solitaire tombe sur une ancienne petite bouteille décorative qui abrite…un gigantesque génie (Idris Elba qui tient impeccablement son grand rôle). Classiquement, le Djinn lui demande trois vœux afin qu’il soit libéré de ses obligations. Sauf qu’Alithéa est une femme d’une grande rationalité qui dit posséder tout ce qu’elle souhaite mais surtout qui connait le revers de la médaille. Car dans tous les contes et légendes, les conséquences sont toujours présentes (et ce n’est pas toujours pour un mieux !). Commence alors le véritable voyage et la meilleure partie du film, celle où le Djinn raconte son existence, ses espoirs mais aussi ses errances. Visuellement magnifique, les décors et le soin apporté à la reconstitution mythologique mise en place par George Miller favorisent notre propre voyage ! Les rencontres avec Salomon, la reine de Saba et les autres figures entrées dans la légende participent à la richesse du film ! Et nous sommes véritablement téléportés aux côtés de ce génie bienveillant qui aspire plus que tout à accomplir sa raison d’être. Habile mélange de romances, de film « historique », mais aussi d’une belle réflexion sur l’accomplissement de l’humain, « Trois mille ans à t’attendre » souffle davantage le chaud que le froid ! Au pire, nous avons trouvé sa seconde partie plus convenue car elle n’évite pas les longueurs, clichés et autres déjà-vus inhérents à son genre. Cependant, il serait dommage de bouder un plaisir bel et bien présent !
Durée du film : 1h49 Genre : Fantastique, romance Date de sortie en Belgique : 14 septembre 2022 Titre original: Three Thousand Years of Longing De George Miller – Avec Tilda Swinton et Idris Elba
Avis : La sortie sur nos écrans de « Moonage Daydream » est l’occasion de se pencher sur cette fameuse question : « C’était quoi ou plutôt c’était qui David Bowie » ? Que l’on aime ou pas l’univers proposé par le chanteur, le moins que l’on puisse écrire, c’est que l’artiste ne laissait personne indifférent. Sous la direction du réalisateur Brett Morgen (très renommé dans l’univers du documentaire et multi-primé), « Moonage Daydream » se propose d’approcher la personnalité éminemment complexe de l’artiste mais aussi d’enlever son ou plutôt ses nombreux masques. En route vers un voyage visuel et auditif exquis ! Changes Se présentant sous la forme d’un documentaire très ambitieux, le film révèle aux spectateurs les archives inédites du chanteur. C’est bien simple, la volonté du réalisateur est de parcourir la carrière de David Bowie sous le prisme de son identité. Qui était il ? Croyait-il en Dieu ou à une instance supérieure ? Que signifiaient ses costumes et son maquillage pour lui ? Quelles étaient ses rêves ? Comment se percevait-il ? Let’s Dance Nous avons été sidérés de découvrir tant d’images inédites (et dépoussiérées car visuellement très belles), mais aussi de voir les poèmes de David Bowie ou encore ses peintures. Véritable touche à tout, l’artiste se livre comme jamais, soit dans des interviews classiques, soit en voix off sur des images judicieusement choisies. Et quand on sait que Brett Morgen a mis quatre ans pour monter les images, puis dix-huit mois pour concevoir l’univers sonore, l’animation mais aussi la palette chromatique du film-documentaire, on mesure davantage la chance de découvrir sur grand écran un des artistes les plus prolifiques et les plus mystérieux que l’on connaisse ! De plus, revoir aujourd’hui les fameuses interviews de Ziggy Stardust parlant ouvertement de bisexualité dans les années 70 a quelque chose d’éclairant. Car oui, si l’immense artiste qu’il représentait, paraissait étrange aux yeux de certains, c’était parce qu’il s’était constitué, avant tout le monde, une identité très libre pour l’époque. Voulant diffuser l’amour et la paix à travers ses chansons, il est le premier à évoquer les questions de l’identité ou plutôt des identités multiples qui dépendaient de son humeur. « Moonage Daydream » , c’est avant tout un objet filmique d’une incroyable richesse qui tente de percer, avec beaucoup d’adresse d’ailleurs, la figure de David Bowie. Ce dernier dira d’ailleurs de lui qu’il est avant tout un collecteur de son temps. En effet, il était parvenu à capter l’essence de la société dans laquelle il vivait pour la projeter dans son art. Chant, peinture, écriture, personnages scéniques inventés, tout participe à enrichir la galaxie Bowie ! Véritable pionnier, le chanteur a toujours été en avance sur son temps, et le film en témoigne parfaitement. La seule fois où David a choisi d’écouter son public et d’aller à la rencontre des souhaits de ce dernier, c’était dans les années 80 avec des titres comme Let’s Dance ou Ashes to Ashes qui touchaient directement le cœur des fans en proposant des chansons joyeuses mais aussi plus simples… Brett Morgen a construit son film pour nous proposer des clés de lecture pertinentes de cet immense artiste et on s’en régale, tant par ses images que par ses choix sonores! Au montage souvent très rapide, sont greffés des effets visuels qui prennent vie sous les pulsations vocales du chanteur. Ce voyage poétique, visuellement magnifique doit aussi beaucoup au soin accordé au son. Pour les besoins du film, Tony Visconti (collaborateur, ami et producteur musical de Bowie) mais aussi le mixeur Paul Massey, ont remasterisé et adapté les titres pour le cinéma en proposant du 5.1, 7.1 ou du Dolby Atmos en fonction des possibilités offertes par les salles. Prodigieux !
Durée du film : 2h20 Genre : Documentaire Date de sortie en Belgique : 14 septembre 2022 Date de sortie en France : 21 septembre 2022 De Brett Morgen – Avec David Bowie
SOS d’une victime en détresse… On lui doit « Maryland », « Augustine » ou encore « Proxima ». Dans ses trois premiers longs-métrages, Alice Winocour s’intéressait au parcours, à la psychologie, au mal-être de femmes en quête d’apaisement, de résilience. Ici encore, la réalisatrice et scénariste française nous plonge au cœur des tourments de Mia, une survivante d’un attentat impressionnant s’étant déroulé dans une brasserie, un soir d’orage, où de nombreux Parisiens ou touristes s’étaient rassemblés pour boire un verre ou diner. Tombée au mauvais endroit au mauvais moment, Mia se voit affectée par le traumatisme qu’elle a subi, cherchant des réponses, des bribes de souvenirs pour comprendre ce qui s’est passé. Trompée par de fausses réminiscences de cette soirée, elle pousse la porte du lieu du massacre en quête de vérité, pour se reconstruire, avancer, se réparer… Mais elle ne sera pas la seule à effectuer cette démarche et rencontrer d’autres victimes ou membres des familles apparentées lui permettra peu à peu de mesurer qu’elle n’est pas seule à porter ce terrible fardeau. A force de creuser le vernis des souvenirs, la vérité prend forme et commence alors une autre quête, celle de l’identité, de la rédemption, de la reconstruction… plus vraie que nature ! Basé sur une approche véritable et très documentée, le film de Alice Winocour tire sa véritable force dans l’interprétation de Virginie Efira et de Benoit Magimel, deux acteurs hors pair qui nous happent et nous installent au plus près des personnages qu’ils incarnent, nous faisant ressentir leurs fêlures, leurs espoirs, leurs émotions diverses… Mais on la trouve aussi dans ses plans rapprochés qui captent les traits fermés de son héroïne, son regard absent ou perdu, ses sentiments enfouis qui transparaissent dans les yeux et les esquisses de ses sourires… des non-dits qui sont figés par la très jolie photographie de Stéphane Fontaine.
Durée du film : 1h45 Genre : Drame Date de sortie en Belgique : 14 septembre 2022 Date de sortie en France : 7 septembre 2022 De Alice Winocour – Avec Virginie Efira, Benoît Magimel et Grégoire Colin.
Si l’affiche et le titre laissent penser que l’on assistera à une comédie potache, il n’en est rien. « Canailles » est une surprise tant dans son histoire que dans l’approche de ses personnages, trois héros aux récits individuels qui vont finir par se croiser, s’appréhender, s’apprécier. Et pour les incarner, on peut compter sur trois acteurs hors pair, chacun bien dans leur rôle, nous touchant par moment, nous agaçant à d’autres mais évoluant au fil du récit qui, même s’il est convenu, tient la route et nous fait vivre 1h30 de comédie dramatique plutôt sympathique. En tête, François Cluzet, surprenant et admirable dans la peau de ce braqueur en fuite bourru et antipathique. Méconnaissable, le comédien nous régale dans chacune de ses interventions et fait face à un José Garcia plus en retenue mais tout aussi convaincant. Doria Tillier, elle, confirme son talent et joue les enquêtrices nymphomanes avec brio.
Durée du film : 1h26 Genre : Comédie dramatique Date de sortie en Belgique/France : 14 septembre 2022 De Christophe Offenstein – Avec François Cluzet, José Garcia et Doria Tillier |
Légende
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