Après la clôture de sa trilogie quelque peu poussive et en deçà de ce qu’on pouvait en espérer et une adaptation du « Château de sable » bien trop expliquée, le réalisateur américain revient avec ce qu’il sait faire de mieux : proposer un climax anxiogène et prenant, une ambiance qui fait ouvrir nos yeux en grand, redoutant la scène suivante le cœur battant, bref, immerger le spectateur au plus près de son intrigue, de ses personnages et son monde dérangeant. Excellent raconteur et illustrateur minimaliste d’un genre bien trop absent de nos écrans, M Night Shyamalan montre, avec « Knock at the cabin », qu’il a encore tout des grands ! Huis clos palpitant au casting époustouflant, le film est adapté d’un roman au titre interpellant (« The Cabin at the End of the World») mais semble tout droit sorti de l’imaginaire d’un metteur en scène qui sait décidément y faire et l’adapter à merveille pour le grand écran. Ecrit sur mesure pour son œil affuté et ses propositions que l’on a adoré découvrir il y a quelques années, le livre de Paul G. Tremblay était le terreau idéal pour voir renaître le Phénix de ses cendres et marquer durablement le spectateur qui pousserait la porte de cette cabane isolée. S’il est difficile de parler du 16ème long-métrage sans le spoiler, on peut néanmoins dire que le sujet « sauverez-vous votre famille ou l’humanité » n’a jamais été si bien exploité. Thriller psychologique intense sur fond d’horreur « humaine » mais jamais gratuite, « Knock at the cabin » nous tient en haleine, nous renvoie à nos peurs et nos craintes les plus profondes et nous fait tressaillir durant moins de deux heures palpitantes où rien ne semble jamais couru d’avance. Magistral dans sa réalisation et sa spatialisation sonore, impeccable dans la tenue de son casting hétéroclite (cochant toutes les cases des représentations ethniques, sociales et sexuelles de notre société actuelle) où l’on croise Rupert Grint, Dave Bautista, Nikki Amuka-Bird ou encore la toute jeune Kristen Cui, « Knock at the cabin » marque sans conteste le retour gagnant d’un Shyamalan qui nous avait manqué, celui qui parvenait à nous faire trembler tel un enfant enfoui sous sa couverture lorsqu’une histoire effrayante lui était racontée… A ne pas manquer !
Petit plaisir coupable dont on perçoit un extrait dans le résultat final, cette « réclame télévisée » est l’occasion de permettre à Night Shyamalan de réaliser son traditionnel caméo, ce qui paraissait plus difficile (de par le choix du huis clos) et pourtant ! Son intervention dans la petite lucarne via le téléshopping, est une excellente façon de venir faire son traditionnel coucou et le découvrir en entier est un petit régal ! « Faire les bons choix : dans les coulisses de Knock at the Cabin » (23’38) est LE bonus à visionner si vous manquez dedans. Dans cette vingtaine de minutes, on reçoit toutes une mines d’informations parmi lesquelles comment Shyamalan a découvert le livre qu’il a adapté, les acteurs de celle du script, le questionnement que le film suscite en nous, la présentation de l’histoire par ses protagonistes et le producteur du film, combien l’intrigue est proche d’un récit biblique transposé à notre époque mais aussi comment elle a enthousiasmé Shyamalan autant que l’idée de prendre une nouvelle dynamique avec cette famille homosexuelle. Les points de vue opposés de la même situation par les membres du couple formé par Eric et Andrew, la direction d’acteur de Shyamalan, l’importance du rôle phare de Dave Bautista pour guider les autres personnages et acteurs qui représentent tous une partie de l’humanité, le point de vue de tous (et surtout de Dave Bautista) sur le travail de Shyamalan, sa minutie, sa pensée du film (via son story board) et les couleurs qui y seront associées ou encore l’inclusion des spectateurs dans le sujet… Tout ça et bien plus, c’est ce que l’on découvre dans ce bonus qualitatif digne d’une leçon de cinéma. « Les outils de l’apocalypse » (5’03) est un bonus mettant en lumière la technique et la conception des outils qui représentent l’esprit et l’ambiance du film. Cagoules et armes sont en effet des éléments importants qui doivent donner l’impression qu’ils ont été faits mains pour les besoins de la mission. Les confidences de la costumière, du producteur designer et du concepteur des armes en différents matériaux pour les cascades ou prises de vue sont mis en avant durant 5 minutes copieuses et très instructives. « Story board » (3’36) complète assez bien le bonus « Faire les bons choix ». Evoquée précédemment, l’excellence de Night est autant présente dans ses films que dans son story board. En effet, en quelques minutes, on comprend combien les moindres phrases sont détaillées et pensées et combien tout est tellement préparé à l’avance que son story board apprend énormément de choses sur son film. Night travaille des mois en amont, pense les textures, couleurs, cadres, comme l’évoque son chef décorateur et le style visuel changeant à chaque film, c’est un médium précieux pour comprendre ce qu’il veut. Tout est millimétré et les acteurs ne font finalement plus qu’une chose à faire : donner vie à ce qui a été pensé et lui faire honneur.
Genre : Thriller psychologique/Horreur Durée du film : 1h40 Durée des bonus : 40 minutes dont un making of de plus de 20 minutes
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Surprenant à quelques reprises ses spectateurs déstabilisés par les tournants scénaristiques qui sont pris dans un dernier tiers inouï, « Dont’ worry darling » est surtout l’occasion rêvée de voir Florence Pugh offrir une palette de jeu exceptionnelle, déterminée et sensuelle, faisant de la jeune actrice le phare de cette histoire sur laquelle va être faite toute la lumière. Associée à Harry Styles, tout aussi efficace de la peau de Jack (son époux attentionné) ils forment un tandem crédible et audacieux, un duo mémorable qui évolue dans les 50’s avec fluidité et un vrai plaisir de jeu. Car il faut le dire, un des points forts du film est sans conteste son univers, ses décors et ses costumes, sa reconstitution exceptionnelle d’une ville créée sur mesure dans le désert Palm Spring pour les besoins du film. Inspirée de Manhattan Projet, cette banlieue cossue où tout semble possible et dirigée par Victory recèle un secret que personne n’a jamais percé : où se rendent chaque jour ses employés ? Qu’y font-ils ? Quels sont les objectifs de Victory ? Se questionnant sur les attitudes de ses voisines et attirée par un accident dans la seule zone interdite de la ville, Alice (Florence Pugh) va finir par basculer et se retrouver de l’autre côté du miroir, acceptant difficilement le revers offert par cette cage dorée dans laquelle elle semble enfermée depuis tant d’années. De l’American Way of life à l’American Nightmare, il n’y a qu’un pas, Alice l’aura fait, n’en sortira probablement pas indemne tout comme ceux qui auront suivi cette proposition de cinéma, le cœur battant… ou pas. Thriller psychologiquement plutôt bien ficelé, le long-métrage de Olivia Wilde aborde des thématiques fortes (Sommes-nous maître de nos destins ? Quels sont les carcans dans lesquels nous nous emprisonnons au quotidien ?), tacle le patriarcat, réinvente le féminisme bref, donne de la matière à une réflexion qui se prolonge après le dernier souffle d’Alice. Son principal bémol ? La confusion des genres qui, au tournant de son twist final, nous fait nous interroger sur les motivations de ses protagonistes et nous perd dans un dédale de justifications expéditives succédant à une mise en scène globale plus lente et immersive. Techniquement maîtrisé, le film nous offre également une photographie époustouflante et s’inscrit dans les films qui, s’ils ne seront peut-être pas une seconde fois, marqueront durablement leurs spectateurs et auront déroulé un tapis rouge à leur casting de haute voltige (ici, Chris Pine, Olivia Wilde, Florence Pugh et Harry Styles en tête) ► Les bonus D’un gros quart d’heure, le « making of » du film est un beau continuum à la vision du film et l’occasion rêvée d’assister à la force créatrice d’une équipe qui a tout mis en œuvre pour donner corps et vie au film que nous venons de visionner. Porté par Florence Pugh et la réalisatrice Olivia Wilde, cet add on vaut largement le coup d’œil tant les pistes abordées sont nombreuses et particulièrement bien illustrées.
Dans ce nouvel opus, contant les origines de cette Esther (dont le vrai prénom est Leena), nous retrouvons les mêmes mécaniques à quelques gros détails près. En effet, cette fois, Esther porte son dévolu sur la famille Albright, des Américains qui ont vu leur fille disparaître quelques années plus tôt, l’occasion rêvée de se faire passer pour elle et retrouver sa place dans l’immense maisonnée. Mais cette fois, rien ne se passe comme prévu et la psychopathe se voit prise au piège de ses propres agissements… Si l’atmosphère reste inchangée et Isabelle Furhman toujours aussi inquiétante, l’aspect téléfilm et les grosses ficelles employées desservent ce nouvel opus censé poser les jalons d’une suite sortie bien plus tôt. Dans les effets positifs, notons la capacité qu’a eu l’actrice principale de revêtir à nouveau le costume d’une adulte atteinte de nanisme et supposée être une enfant. Relevons également la transposition plutôt réussie de l’affaire de Kurim, actualité datant de 2007 dans laquelle on découvrait l’honteuse manipulation de Barbora Škrlová. Pour le reste, il faut avouer que le film de William Brent Bell n’a pas de réelle valeur ajoutée et que ce prequel intéressant est loin d’être immanquable, même si les tensions distillées dans son introduction et sa seconde partie sont plutôt bien maîtrisées.
Il faut dire que si on décortique un peu les noms qui figurent sur sa fiche technique, on sait d’emblée à quoi s’attendre et on ne peut que s’en accommoder. En effet, côté réalisation, on retrouve Baltasar Kormákur qui a déjà signé quelques films du genre parmi lesquels « Everest », « The deep » ou « A la dérive » mais aussi Ryan Engle à l’écriture du scénario, à qui on doit « Non stop » (avec Liam Neeson) ou « Rampage » (l’adaptation du jeu vidéo avec Dwayne Johnson en tête d’affiche)… Comment ne pas s’attendre dès lors à un survival sur fond d’action (parfois improbable) et de scènes stressantes en milieu hostile ? Avec « Beast », on retrouve un peu de tous les éléments qui constituent la filmographie de Kormákur, sauf que cette fois, c’est en Afrique du Sud, lors de joyeuses retrouvailles en pleine savane, que tout va partir en vrille. Nate (Idris Elba), un médecin et père de famille protecteur, emmène ses deux filles sur les traces du passé, dans le village natal de leur mère et une réserve supervisée par Tonton Martin, un ami de longue date qui connaît bien le terrain. Mais alors qu’ils font un petit tour du propriétaire pour apprécier et photographier la faune locale, un lion vengeur se met à les attaquer. Pourquoi ce félin solitaire est-il à ce point assoiffé de sang ? Quelles sont ses motivations et surtout, va-t-il finir par laisser tranquilles ces braves touristes pacifistes ? Les enjeux sont plantés, le jeu du (gros) chat et de la souris peut commencer… Dans son dernier film, Baltasar Kormákur s’amuse à nous terroriser durant une grosse heure d’angoisse qui ne fait que s’accentuer (la première demi-heure sert à planter le décor et à découvrir les protagonistes) et n’hésite pas une seule seconde à abuser des effets de son lion numérisé. Plutôt efficace dans son aspect jump scare et sa tension permanente, « Beast » a cependant un petit côté « trop facile », téléphoné (et même grossièrement monté) qui dessert totalement l’histoire, son aboutissement et son idée première. Pire, les protagonistes feignent la peur de façon parfois grotesque (hormis Idris Elba qui s’en sort à nouveau avec les honneurs) et nous font presque sourire par leur réaction invraisemblable, ce qui place parfois le métrage à la limite du nanar. Divertissant et ancré dans de jolis paysages que l’on aime contempler, le dernier film de Baltasar Kormákur reste plaisant à suivre mais ne constitue aucunement la sortie incontournable de cet été.
« Créer la bête » (4’08) nous permet de découvrir la création du lion en images de synthèse après l’utilisation de modélisation sur le tournage. Le responsable des effets spéciaux et son équipe partage son plaisir de créer la bête mais aussi d’embellir les paysages, de s’adapter aux demandes du réalisateur. Dessin du lion, modèle réel, création en 3D avant texture et coloration du lion, tout nous est présenté avec l’appui de quelques images. N’utilisant jamais la motion capture, nous découvrons comment l’équipe du film a recréé les mouvements naturels du prédateur, utilisé des doublures pour que l’interaction avec les acteurs soit totale. Ainsi, l’expert en mouvement d’animaux (on ignorait l’existence d’un tel métier) donne non seulement des conseils mais réalise également les cascades pour coller au plus près des vrais mouvements du lion et donner vie à l’animal. Cette approche est d’ailleurs complétée par un autre bonus, « L’homme contre le lion : le dernier affrontement » (2’57) qui reprend le témoignage de Idris Elba et de « Balt » (pour Baltasar,le réalisateur du film), l’envie qu’a eue l’équipe entière de dépasser les films traitant du même sujet, de rendre la dynamique réelle. On apprend également que la répétition de la chorégraphie pour le face à face final a demandé deux semaines de travail, uniquement dans le but de pouvoir réaliser cette séquence en une prise unique. « Tout rendre réaliste : les blessures » (4’10) donne la parole au superviseur en prothèses et son équipe, tous ceux qui ont travaillé sur les blessures numériques et physiques, tout ce qui a été mis en place pour représenter le côté féroce de la bête, ses blessures perforantes et profondes alors que « Filmer dans le territoire de la bête » (5’04) nous permet de découvrir les décors du film grâce aux témoignages du producteur, du réalisateur et des acteurs. Le tournage s’étant fait en Afrique du Sud, on peut mesurer la grandeur des espaces naturels ou celle du travail des décorateurs pour créer de toutes pièces le village fantôme et ses nombreux détails mais aussi la création du plan d’eau inexistant si réaliste que les animaux de la région sont venus y boire ! Création des costumes des « locaux » sur base de tissus colorés et en lien avec les lieux et ceux des acteurs, reproduits à des dizaines et des dizaines d’exemplaires complètes ce bonus très instructif. Côté casting, son travail est mis en lumière dans « Un lien familial : le casting de Beast » (6’05) un récit qui reprend les éléments clés de la famille constituée pour les besoins du film, son passé, son état actuel. On évoque également la relation entre les comédiens, la transmission entre Idris Elba et les deux jeunes actrices interprétant ses filles, les caractères de chacun et la sensation de former une vraie famille. A cela s’ajoute un focus sur l’importance du personnage de Martin, un vrai sud-africain. Enfin, pour clôturer le tout, « Une horde de lions » (7’42) fait la part belle à la présentation des lions, un des plus grands prédateurs à travers une voix off et le témoignage du Directeur du « Lion Center » d’Afrique. Espèce en voie de disparition, la responsable des « Lions Guardians » explique ce qui fait chuter la population féline, le braconnage étant en tête.
Avis : Issu du roman de Stephen King intitulé « Charlie », « Firestarter » est la seconde adaptation sur grand écran succédant à la version de 1984 avec Drew Barrymore dans le rôle principal. Et autant le dire tout de suite, le film nous a semblé convenu et sans âme… Qu’est-il arrivé à Keith Thomas, le réalisateur du prometteur « The Vigil » sorti en 2020 où un jeune homme appartenant à la communauté juive orthodoxe acceptait de participer à la veillée funèbre d’un membre de la communauté ? Car si de nombreux aspects inquiétants et une ambiance glaçante rendaient le film très singulier, il n’en est rien ici ! Le réalisateur semble avoir tourné un film de commande aux moyens limités. Mais le plus grave est à aller chercher du côté du manque flagrant de créativité de l’ensemble. En effet, le film ne se veut même pas palpitant malgré une sombre organisation qui veut mettre la main sur une jeune ado aux pouvoirs extraordinaires. Et dans ce rôle, la jeune Ryan Kiera Armstrong souffle le chaud et le froid dans le rôle de Charlie. Aperçue dans la série « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » mais aussi dans « Ca : chapitre 2 », la jeune actrice peine à convaincre. A ses côtés, Zac Effron est investi dans un rôle qu’on ne lui connaissait pas et plus largement dans un registre qui lui convient assez bien ! Alors que Sydney Lemmon est convaincante dans le rôle de la maman, nous ne nous sommes pas enflammés par la performance de l’antagoniste Rainbird joué par Michael Greyeyes. Amérindien d’origine (comme son personnage dans le roman), son personnage semble vidé de toute substance et on ne comprend strictement rien aux motivations de cet ancien mercenaire qui se comporte tel un robot… Extrêmement préjudiciable donc ! Au rayon des bonnes nouvelles, on peut souligner que le réalisateur a tenu à tourner son film naturellement (du moins à 95 %) en utilisant la pyrotechnique mais aussi une grande part de prothèses et autres maquillages. Hélas, le film semble souffrir d’un budget réduit qui lui donne l’impression d’être davantage issu de l’univers de la série B sans âme particulière. Nous ne ressentons rien pour les personnages qui suivent les rails d’une intrigue extrêmement balisée et convenue. Les quelques scènes d’action ne donnent aucune tension à cette adaptation qui manque de corps. La maigre consolation vient de la musique signée John Carpenter, accompagné de son fils Cody, et qui, sans parvenir au génie qui fut le sien dans les années 80, relève un peu le niveau et sauve le film du naufrage. ► Critique de l’image et du son Sans être flamboyante, l’image profite pourtant d’un beau piqué et des couleurs liées aux scènes qui, souvent, apparaissent désaturées (notamment lors de l’emploi des pouvoirs psychiques) mais cela reste certainement un choix du réalisateur. Côté son, la piste DTS-HD est mixée en 5.1 et ne souffre d’aucune critique. Elle rend même justice à la bande son signée John Carpenter ! Les voix sont toujours claires et les effets sonores liés aux flammes sont convaincants ! ► Les bonus Au registre des bonus, on débute calmement avec la « fin alternative » qui ne change pas radicalement la vision. La suite nous emmène aux « scènes coupées et versions longues ». Au nombre de sept, une seule (la dernière) se détache véritablement du lot car elle offre une autre couleur à la scène finale. Le très « court bêtisier » (1’) ne devrait pas marquer les esprits tant il est dispensable alors que « Une énergie cinétique » (6’), revient sur le film et l’expérience de tournage avec le réalisateur et les acteurs principaux. Dans un tout autre genre, le réalisateur, les scénaristes et le producteur reviennent sur l’attrait pour le projet dans « Allumer un feu » (4’) et « Mettre le feu à Firestarter » (4’), lui, évoque en toute logique, la manière de réaliser les scènes pyrotechniques présentes avec la volonté d’une approche la plus réaliste possible. Tout aussi court que les bonus précédent (3’), la « Lutte de pouvoir » revient sur les coulisses d’une bataille entre deux personnages importants avant de clôturer, tradition oblige, avec le traditionnel commentaire du film par le réalisateur Keith Thomas
Dans « The Silencing », Robin Pront s’entoure bien puisqu’il a confié ses rôles principaux à deux acteurs confirmés. Dans le rôle de ce père porté sur la bouteille et dont l’enfant a été kidnappé, nous retrouvons avec grand plaisir le danois Nikolaj Coster-Waldau qui incarnait le personnage de Jaime Lannister dans la série à succès « Game Of Thrones ». Parfait dans ce rôle, l’acteur donne l’épaisseur attendue pour un tel rôle ! Et sa partenaire à l’écran n’est pas en reste. Dans le rôle de la shérif nouvellement en activité dans la ville, l’actrice Annabelle Wallis (« Peaky Blinders », « Annabelle ») donne libre cours à tout son talent. Promenons-nous dans les bois… L’intrigue du film repose sur ces deux personnages forts. Chacun possède ses motivations propres. Alors qu’un père est dévasté par la disparition de sa fille, il trouve chaque jour la force de continuer à vivre en préservant son sanctuaire ; un lieu de préservation des animaux. Un beau projet pour cet ancien chasseur auquel croyait sa fille. De son côté, la nouvelle Shérif se montre déterminée et impliquée dans l’exercice du maintien de l’ordre. Pourtant, elle aussi possède des failles. A commencer par celle d’avoir laissé son frère être recueilli par des gens qui lui ont fait du mal et dont les séquelles sont encore très présentes. Et alors que rien ne semble les réunir, chacun de leur côté, nos héros se retrouveront impliqués dans des évènements violents qui ont les mêmes intrications. Extrêmement haletant pendant sa courte durée, le film possède de nombreuses qualités indéniables à commencer par la qualité de sa réalisation. On sent que le réalisateur soigne ses plans et que la photographie est au service d’une ambiance qui se doit d’être presque palpable ! Aussi, nous sommes littéralement happés par ce thriller parfaitement maitrisé sur fond de disparitions et de meurtres des plus cruels. Nous tairons ici les enjeux d’une histoire qui surprendra, par ses retournements de situation, de nombreuses fois le spectateur trop heureux d’être captivé par les ressorts de cette machine infernale. L’intérêt constant porté au film est bien sûr dû aux nombreuses fausses pistes et autres doutes assez nombreux qui colorent ce récit captivant ! Mais si notre avis est aussi favorable, c’est parce que nous avons eu l’impression que Robin Pront n’a pas cherché à sortir les grosses ficelles pour appuyer une intrigue efficace. Regarder un thriller efficace de nos jours n’est plus une sinécure. Il est de plus en plus difficile d’être surpris par une production cinématographique toujours désireuse d’être un peu plus tapageuse. Dans ce contexte, voir un film harmonieux et pétris de qualités qui ne cherche pas à utiliser des artifices grossiers est très appréciable ! Alors, silence, on tourne !
► Les bonus Le seul petit extra présent sur la galette est le making of qui va à l’essentiel pendant son petit quart d’heure. Les acteurs et l’équipe technique se livrent sur les personnages et l’intrigue mais l’intérêt est à aller chercher du côté de la technique puisque c’est l’occasion, pour le spectateur, de voir les secrets de fabrication de ce thriller qualitatif ! Un bon prolongement au film qui dévoilera toutefois les nombreux rebondissements de l’intrigue. Vous voilà prévenus ! Genre : Thriller Durée du film : 1h33 Bonus : Un making of d’un quart d’heure.
Heureusement, le film sorti en France en juin passé est à présent disponible dans son édition DVD/blu-ray. Un chasseur sachant chasser… Thriller d’action horrifique (très) décalé, « The Hunt » est une belle surprise que nous devons grâce à l’imagination décidément très fertile de son co-créateur Damon Lindelof (Les séries « Lost : les disparus » et « Watchmen », c’est lui !) A travers son film, Craig Zobel signe une satire corrosive des Etats-Unis puisque la société dépeinte semble dominée par une élite « bien pensante » qui mène littéralement la guerre (la chasse même) aux « rednecks » finalement associés aux « péquenauds », et autre « cul-terreux » de l’Amérique profonde. Bien qu’extrêmement parodique dans son propos et son traitement, le film ne cherche pas à cacher ses intentions politiques. Volontairement « trash » dès ses premières images, le film ne perd pas trop de temps à montrer explicitement ce jeu de massacre dans lequel des individus sont capturés, puis transportés dans un pays étranger afin d’y être chassés aux abords d’un manoir par une élite manifestement très en colère ! Etrangement, les nouveaux chassés semblent au courant de cette fameuse rumeur, intitulée « Manorgate », et largement colportée par les réseaux sociaux et dans laquelle une chasse humaine est organisée non loin d’un manoir. Oscillant constamment entre violence exacerbée, second degré et humour corrosif, le film flirte avec un certain succès dans le registre de la série B assumée et se veut extrêmement jouissif à suivre ! Et si le plaisir du spectateur ne diminue pas avec le temps, c’est grâce à son héroïne extrêmement « badass » qui marque de son empreinte une intrigue qui semble toutefois avancer sur des rails bien visibles. Nous le disions, à ce petit jeu, l’actrice Betty Gilpin rendue populaire grâce à la série « Glow » semble prendre un malin plaisir à se venger dans ce massacre qui va se retourner contre ses oppresseurs. Par contre, nous avons moins été convaincus par l’interprétation d’Hilary Swank, la responsable de cette boucherie, qu’on avait déjà vue plus inspirée (et nuancée) dans son approche. La réalisation, sans éclat particulier, se veut par contre extrêmement efficace et dynamique pour suivre une action parfois frénétique et toujours plaisante ! Flirtant constamment avec le grotesque, « The Hunt » est un plaisir coupable qu’on prend plaisir à découvrir. Toutefois, son héroïne forte, son climat de violence et l’exécution de celle-ci seront davantage appréciés par un spectateur qui en mesurerait le second degré permanent ! ► Le son et l’image C’est un sans-faute pour l’image puisque la définition, le piqué et les couleurs ne souffrent d’aucun défaut ! Un spectacle percutant et haut en couleurs ! La dimension sonore de cette chasse humaine ne déçoit également pas du tout ! Alors que les basses s’en donnent à cœur joie, la très bonne spatialisation rend grâce aux balles, flèches, et autres explosifs tirés ! ► Bonus Très courts, ceux-ci vont à l’essentiel et se veulent, comme le film, expéditifs L’univers de « The Hunt » (5’) permet aux acteurs et à l’équipe du film de revenir su.r les enjeux du film et la manière dont ils ont voulu rendre cette satire à l’écran. Cela passe par le choix des costumes et de certains décors. Avec le bonus intitulé - Dans les coulisses des meurtres (2’30)- nous avons l’occasion de voir comment les morts les plus atroces ont été conçues. La technique est ici un élément central. Enfin, le troisième et dernier bonus intitulé - Athéna vs Crystal : chasseuse ou chassée ?- revient sur les scènes de combats entre Betty Gilpin et Hilary Swank. Des petits contenus additionnels sympathiques mais loin d’être incontournables Genre : Thriller/Action Durée du film : 1h31 Durée des bonus : 15 minutes
Quels sont les points communs entre « The Witch » sorti en 2016 et « The Lighthouse » ? Le réalisateur ? Vous avez raison ! Le cinéaste de 36 ans, Robert Eggers, est de nouveau aux commandes de ce duel psychologique. Mais la dernière ressemblance est plus difficile à établir. Dans les deux cas, le réalisateur semble vouloir transposer sur grand écran un mythe en jouant un maximum sur les codes. D’emblée, ce qui frappe avec « The Lighthouse », c’est le choix du format.Le 4/3 est employé avec beaucoup de pertinence pour renforcer la promiscuité entre les personnages, véritablement prisonniers de ce phare. Ne parlons même pas de l’échelle des plans qui permet de filmer les visages et les émotions tout comme cette île lointaine battue par les vents et la pluie. Nous ressentons en permanence une forme d’oppression et de solitude, échantillon de ce que doivent également ressentir les personnages. La mise en scène y est excellente et le soin a été mis sur la photographie qui flatte véritablement la rétine. D’ailleurs, le film est dans son ensemble, visuellement très beau et les images sont très fortes. L’utilisation du noir et blanc donne un cachet unique au film. A cela, nous devons aussi saluer le formidable travail sur le son (spatialisation et minimalisme lorsque la situation l’exige) qui permet de déstabiliser le spectateur et de jouer avec ses sens. Pattinson/Dafoe : Opposition de deux vraies personnalités Si notre impression du film est aussi bonne, c’est parce que, outre la direction artistique fabuleuse, le spectacle se passe aussi dans la confrontation permanente de ces gardiens de phare. Willem Dafoe est le personnage le plus expérimenté, et, en tant que tel, s’occupera de la lumière du phare. Très vite, nous mesurons son obsession pour sa tâche qu’il ne veut pas laisser à son jeune collègue. Tout naturellement, Robert Pattison devra s’occuper de toutes les tâches ingrates et lourdes à accomplir en nourrissant le désir d’entretenir la lumière. Le soir, les deux compères se retrouvent, mangent et boivent en chantant de veilles chansons de marins… comme pour oublier les difficultés de la journée. Réellement impressionnants dans leurs rôles, les comédiens sont investis comme jamais dans des jeux finalement assez complexes à jouer. Tous deux ont un passé et des failles que le réalisateurs nous propose de découvrir au fur et à mesure du récit. De ces failles naîtront la folie, les hallucinations et la paranoïa que l’alcool consolidera dans un destin tragique. Finalement, le scénario est assez simple sans être non plus simpliste. Il se proposera de présenter deux gardiens aux personnalités antagonistes dans un lieu isolé et très rude. A ce récit, se mêle les contes et légendes des marins que nos (anti)-héros chanteront de toutes leurs tripes. A travers les joutes verbales qu’ils se livreront, nous mesurons pour le réalisateur l’importance des mots comme vecteurs d’émotions. Pourtant, nous pouvons tout de même pointer un récit qui tourne en rond malgré une folie qui progresse. Cela pourra en refroidir certains. Tout comme la dernière scène assurément très choquante qui poussera la modernisation du mythe de Prométhée à son effroyable terme. Âmes sensibles s’abstenir… En conclusion, « The Lighthouse » est avant tout une expérience de cinéma magnifiée par une technique sans faille et de brillants comédiens. Le recours au noir et blanc et au format 4/3 donne une vraie identité à cette confrontation psychologique qui ne fera que monter vers un final cruel, à l’image du destin de Prométhée. Voilà un réalisateur qui va au bout de ses intentions, quitte à susciter de vives réactions. ► Critique de l'image...
► Les bonus : A Ecran et toile nous affectionnons les bonus qui nous permettent d’en apprendre davantage et de comprendre les défis techniques et humains qui se cachent derrière un bon film. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été déçu ! Peu de "scènes coupées" au programme puisqu’elles sont au nombre de deux et n’apportent finalement pas grand-chose de neuf… Par contre, loin de tout artifice commercial, la seconde séquence offre véritablement la pièce de résistance ! « Une histoire sombre et houleuse » (d'une bonne trentaine de minutes) est présenté sous la forme de trois chapitres : « Les mythes derrière la folie », « Enchantement dans la lumière » et enfin « Les fruits de l’imagination ». La séquence « Les mythes derrière la folie » revient sur l’idée originale du frère du réalisateur Roberts Eggers. On y découvre ce projet un peu fou avec les témoignages de Willem Dafoe et de Robert Pattinson. Alors que le premier a tout de suite été conquis par le scénario, nous apprenons amusé, que le second était dans une phase où il ne voulait que des rôles étranges ! On y découvre les très importantes recherches du réalisateur afin de fournir à ses acteurs un terreau d’appropriation solide. Cela passe par des histoires vraies de gardiens de phare ainsi que les chansons populaires qu’ils fredonnaient ! La technique n’est bien sûre pas en reste et nous percevons mieux les intentions artistiques. C’est pourquoi le rendu orthocromatique accompagné d’un filtre spécial appelé « Zion » ont été choisis. La peau des acteurs apparait avec ses défauts, des ombres se forment au niveau du visage et les yeux se révèlent sous un jour nouveau. Et puisque le noir est blanc a été retenu, un vrai effort à été réalisé pour que les costumes proposent des matières intéressantes qui renforcent le contraste à l’écran. Il en va de même pour le décor du phare crée spécifiquement pour l’occasion ainsi que la lentille spécifique qu’on ne retrouve que dans les musées…. Les chapitre deux poursuit le making of mais s’intéresse davantage au formidable travail des acteurs dans la préparation de leurs rôles. La folie qui s’installe progressivement semble grandir à l’intérieur des personnages eux-mêmes pour en prendre le contrôle ! Le troisième chapitre, quant à lui, est beaucoup plus court et offre au réalisateur les derniers mots de sa belle aventure. Enfin, comme c’est souvent le cas, le film est proposé avec "le commentaire" très instructif et riche d'enseignements du co-scénariste/ réalisateur Roberts Eggers. Genre: Thriller psychologique Durée du film: 1h49 Durée des bonus: Une quarantaine de minutes. "Les mythes derrière la folie" est un incontournable!
Dans cette version 2020, Griffin est un pervers narcissique usant d’une technologie de haut vol pour martyriser l’esprit de sa belle incarnée par une Elisabeth Moss au sommet de son art. Mais à force de vouloir faire dans le sensationnel, Leigh Whannell en oublie quelque peu certains détails scénaristiques un peu foireux. Entre coup de génie et révélations en toc, son « Invisible man » ne nous met pas totalement en état de choc. L’homme invisible selon Leigh Whannell Il a scénarisé trois « Saw » et quatre « Insidious », réalisé deux autres longs-métrages et joué dans de nombreux films sous tension… c’est donc tout logiquement que nous attendions de Leigh Whannell qu’il mette toute son expérience en la matière pour faire de cet « Invisible Man » des temps modernes une réussite exceptionnelle. Mené tambour battant par une Elisabeth Moss qui crève l’écran, son dernier long-métrage avait tous les ingrédients pour être LE film à suspense de ce début d’année. Remplissant en grande partie son contrat, son dernier long-métrage a en effet cette tension exponentielle non négligeable et une installation des plus intelligentes qui rendent la suite de son histoire passionnante. Mais c’était sans compter sur quelques twists particulièrement bien amenés mais en dehors de toute logique. Plus bâclé et décevant dans ses approximations qui ne peuvent que nous faire tiquer, son dernier tiers relève davantage d’un souhait de surprendre que de celui de rester dans un tout cohérent frôlant jusqu’ici le sans faute. Efficace dans sa première heure trente (qui gagnerait par ailleurs à être par moment écourtée), « Invisible man » fait palpiter les cœurs et scotche certains spectateurs dans leur fauteuil par des jumpscares savamment amenés. La psychologique de ses personnages principaux se révèlent au fil de son intrigue, le décor est parfaitement amené et les moments de suspenses se densifient à tel point que l’on suit incrédule une histoire savamment pensée et parfaitement illustrée… jusqu’au rebondissement de trop ! Celui qui vient gâcher un final que l’on sentait se profiler et qui ne se montre pas digne de tout ce que Leigh avait imaginé. Cette déception étant à présent évoquée, faisons place à ce qui rend cet « Invisible man » digne d’intérêt. En axant son scénario sur l’instabilité psychologique de Cécilia et les pièges tendus par un Adrian des plus créatifs quand il s’agit de l’accabler, le scénariste et réalisateur australien parvient réinventer le mythe de l’homme invisible et à donner un réel souffle de modernité sur une histoire qu’on a, à de maintes reprises, déjà contée. Ici, Adrian est un manipulateur et pervers narcissique duquel Cécilia tente de se détacher, un mâle dominant soi-disant mort qui ne la laissera jamais en paix. Folie et réminiscence d’un passé qui l’a marquée ou réel ennemi invisible difficile à traquer, tel est l’enjeu principal d’une histoire où son héroïne principale ne se pose plus en victime mais en vengeresse déterminée à faire la lumière sur toute la vérité. Depuis quelques années, Elisabeth Moss s’est faite une place dans le monde du 7ème art et continue à parfaire une filmographie très diversifiée dans laquelle elle semble prendre son pied. Après « Us » de Jordan Peele, la voici à nouveau dans un film où la tension est maximale mais où, de toutes les scènes et tous les enjeux, la belle parvient à tirer son épingle du jeu. Tantôt fragile tantôt forte, maligne et perspicace, Cécilia prend vie de la plus belle des façons grâce à sa réelle et totale implication. Impeccable de bout en bout, la comédienne joue avec les émotions et provoque chez les témoins privilégiés que nous sommes, une réelle empathie et envie de la voir se dépêtrer d’une situation qui ne cesse de la dépasser. Nous faisant oublier les quelques erreurs scénaristiques et effets spéciaux parfois comiques, Elisabeth Moss est à ne pas en douter l’argument phare de cette nouvelle réalisation produite par la maison Blumhouse. Après avoir fait partie de « la Ligue des Gentlemen Extraordinaire », voilà que notre homme invisible retrouve sa place au sein de la famille des Universal Monsters auxquels on offre une nouvelle scène et un nouveau regard afin de donner un coup de pinceau sur les tableaux mettant en scène des créatures mythiques parfois ternies ou tombées dans l’oubli. Après la Momie, c’est au tour de L’homme invisible de rejoindre le « Dark Universe », une franchise estampillée Universal dont on ne sait pas encore si le développement futur est toujours au programme ou au contraire rangé dans les cartons d’un sous-sol mal éclairé qui ne demande que les spots des projecteurs pour être reconsidéré. Quoi qu’il en soit, « Invisible Man » est à prendre pour ce qu’il est, à savoir un bon film à suspense indépendant duquel on sortira peut-être dubitatif mais qui aura aussi fait l’objet d’un sympathique petit kiff ! ► L’image et le son
► Bonus : Attention, une mise en garde est de rigueur ! Ne regardez pas ces bonus sans avoir vu le film au préalable tant ils montrent l’ensemble de l’intrigue et le dénouement ! Spoiler alert ! Les « scènes coupées », au nombre de neuf, ouvrent le bal des extras ! Pas forcément toutes mémorables, elles se placent du côté des personnages principaux pour apporter du « liant » entre les scènes du film et contextualiser davantage. Enchainons avec une très courte séquence intitulée « Moss se révèle », et dans laquelle l’actrice se confie sur son rôle et la chance qu’elle a de participer à l’aventure. Après l’actrice principale, c’est au tour du réalisateur de se livrer « Dans la peau du réalisateur Leigh whannell ». Sympathique bonus car nous voyons les secrets du tournage et l’ambiance qui régnait sur le plateau. Mais ce qui est vraiment chouette, c’est de voir défiler les fameux jours de tournage avec, à chaque fois, de nouveaux défis créatifs ! Nous y voyons en effet les scènes sans effets spéciaux et nous nous rendons compte de l’imagination sans limite de l’équipe technique pour parvenir aux résultats attendus. Très intéressante, bien que courte, la séquence intitulée « Les joueurs » crée le lien entre notre société où il est aisé de disparaitre devant nos écrans, nos réseaux sociaux et le propos du film. Développée autour des personnages du film, la séquence nous parle aussi de leurs motivations. bPlus court encore, est le bonus intitulé « Terreur Atemporelle » et dans laquelle le scénariste/réalisateur revient sur le mythe de l’homme invisible et de l’impact que ce dernier a eu sur lui. Plus fondamental encore est de l’entendre parler de la plus value de réaliser un tel film aujourd’hui ! Nous apprenons que le « plausible » était l’élément central afin que le spectateur puisse croire à cette histoire. Enfin, nous retrouvons l’inévitable « Commentaire sur le film avec le scénariste/réalisateur Leigh Whannell » qui vaut véritablement le détour Genre : Fantastique/Thriller Durée du film : 2h05 Durée des bonus : une trentaine de minutes dont de nombreuses coulisses du tournage Titre original : The invisible man
Mais fallait-il pour autant réévoquer le mythe du Joker, maintes fois abordé au cinéma ou dans des versions télévisées ? Totalement bluffant au niveau de sa mise en scène et sa réalisation, le dernier long-métrage de Todd Philipps ne nous a cependant pas totalement fait l’effet escompté. « Joker » était-il vraiment le film de l’année ? Avant, je pensais que ma vie était une tragédie… En prenant soin de créer de toute pièce l’histoire personnelle de son Joker, Todd Philipps prend le pari d’entrer dans un drame psychologique parfois violent et s’écarte largement des faits présentés depuis de nombreuses années dans les comics alimentés par l’imaginaire de Jerry Robinson, Bob Kane ou encore Bill Finger. Les amateurs du genre graphique auquel le film rend malgré tout hommage dans certains plans appréciables ne seront cependant pas lésés. Si Batman est absent du casting, Gotham lui est bel et bien conservé et présenté comme un New York réinterprété où rues commerçantes, centre d’affaires et ghettos malfamés se côtoient sur quelques kilomètres carrés. De plus en plus noir, de plus en plus sombre, « Joker » n’est pas qu’une présentation sommaire de l’histoire de son héros éponyme. Il est aussi une petite critique de notre société, de l’individualisme et du capitalisme rongeant une nation dont les valeurs sont en perdition et où l’expression « marche ou crève » fait presque légion. Atteignant parfois des sommets de violence, ce « Joker » 2019 est bien loin des blockbusters tout public et s’adresse plutôt à un public averti. Mais revenons sur LE point fort du film. La prestation éloquente de Joaquin Phoenix qui n’en finit pas d’enchaîner les rôles mémorables. Adoubé par la critique, encensé lors du dernier festival de Venise (qui a récompensé le travail de Philipps par le Lion d’Or), Joaquin Phoenix est de tous les plans, tantôt touchant, tantôt inquiétant. Son regard creusé et la folie logée au fond de ses rétines, son sourire carnassier, son rire entêtant (et irritant) et son corps décharné prodiguent à eux-seuls une aura machiavélique à cet être chétif que la vie a détruit. La haine et les moqueries, le manque d’amour et les mauvaises rencontres vont peu à peu façonner un individu vulnérable en véritable psychopathe, le rendre de plus en plus fort dans sa folie et ses actes vengeurs et faire de lui l’un des plus ennemis de Gotham les plus pernicieux, à l’instar de ces rats venus envahir les rues où s’amoncellent ordures et crasse immonde. Amaigri pour les besoins de son rôle, Joaquin Phoenix ne recule devant rien pour rendre son personnage atypique et mémorable, travaillant sans relâche sur ce rire et sa posture, sur sa démarche désarticulée. Une prestation qui n’effacera probablement pas celle du génie Heath Ledger mais qui parviendra à marquer durablement son large public. Superbement mis en images, son scénario n’est cependant pas aussi étoffé qu’espéré et le film, long sur sa durée, aurait gagné à être plus condensé. Si sa bande son et sa photographie léchée le mettent joliment en avant, « Joker » nous semble mémorable pour son casting sidérant plus que pour son propos peu avenant. Déstabilisant, le film recèle en effet de très belles qualités mais ne sera pourtant pas pour nous le film de l’année…
► Les bonus Film de tous les superlatifs, l’adaptation sur grand écran du Némésis de Batman est un triomphe unanime. Todd Phillips a osé prendre des risques pour le résultat que l’on connait ! Pour mieux appréhender cette vision si particulière du Joker, les bonus nous procurent un éclairage bienvenu sur ce génie du mal. Logiquement, la première question que nous sommes en droit de nous poser est « comment devient-on le Joker ? » Comment le prodigieux Joaquin Phoenix s’est-il glissé dans la peau d’Arthur Fleck ? Cela passe par quelques minutes où nous voyons le comédien en torse nu, le visage grimé…avant de revêtir son costume si spécifique. Silencieux et très court, ce « devenir Joker » est une belle déception...à moins qu’il ne soit que l’introduction du premier véritable bonus intitulé « Joker : vision d’un Gotham déchaîné » ? Un peu à la manière d’une étude de caractère, le réalisateur n’a jamais voulu faire une reconstruction du joker mais bien de celle d’un inconnu, Arthur Fleck qui revêt le costume du Joker afin d’exister et de révéler sa vraie nature. Depuis toujours, Todd Phillips avait en tête Joaquin Phoenix pour son côté décalé et imprévisible. Ensemble, ils ont dû s’apprivoiser afin de proposer des gestes, des astuces, des comportements qui n’étaient pas prévus… La séquence, très riche, revient aussi sur le lieu du récit. Nous apprenons que New-York est le modèle de ce Gotham des années 80 où la pauvreté et l’insécurité sont omniprésentes. La construction de la ville fait office de miroir avec le personnage puisque tous deux dysfonctionnent. L’imagination de Joaquin Phoenix semble ne pas connaître de limite, comme en attestent les multiples prises toutes très différentes dans lequel apparait le Joker. Comme cette fameuse scène montrant l’anti-héros dans le fameux talk-show de Robert de Niro et sobrement intitulé : « Veuillez accueillir …Joker ! » Comme un miroir au premier bonus constitué d’images, « Joker : Chronique du chaos » est, quant à lui, un diaporama de certaines scènes du film. Et le tour des bonus étant déjà terminé, on se dit que seul le deuxième bonus de cette galette nous livre quelques réponses éclairantes … Dommage, il y avait matière à en faire quelque chose de riche et complet. Genre : Thriller Durée du film : 2h02 Bonus : 30 minutes dont un bonus de 22 minutes sur la "fabrication" de Joker. Résumé du film : Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu. Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend … Note du film : 6/10 (par Véronique) Avis : Film de série B par excellence, « Crawl » de Alexandre Aja surfe sur les traditions du film de genre tout en installant une véritable tension. Huit-clos horrifique aux rebondissements et jumpscares fréquents, le dernier long-métrage du réalisateur français immerge ses spectateurs et ses héros dans une heure trente de plaisir coupable un tantinet foutraque. See you later Alligator Capable du meilleur comme du pire, de films maîtrisés ou à la déconne assumée, Alexandre Aja est parvenu à plusieurs reprises, à sortir des tiroirs des films thriller horrifiques et énergiques dans lesquels on se complaît. Les amateurs de film de survival à la « Anaconda », « 47 meters down » ou « Instinct de survie » voyaient sans doute dans « Crawl », une opportunité de dépoussiérer les codes maintes fois utilisés et de déchirer le fameux cahier de charge limité sur lequel ses prédécesseurs s’étaient reposés. Armé de son expérience solide en la matière, Aja s’est lancé dans un huis-clos efficace mais peu concluant sur la durée. Relativement court et plutôt bien amené, son dernier métrage a tendance à nager dans les eaux troubles d’une histoire où réconciliation, dialogues risibles et alligators ultra numérisés se mêlent à la noirceur d’un sous-sol où tout avait bien démarré. Ne reculant devant rien et sacrifiant chaque protagoniste sur l’autel du scénario original des frères Rasmussen (mis à part le fidèle Sugar, chien de la famille… on ne rigole pas avec la cause animale !), « Crawl » garde un rythme effréné dans lequel on peine à respirer, isolés à notre tour dans ce petit quartier de bord de mer où ouragan, inondation et créatures affamées se côtoient dans un espace étriqué. Si les reptiles aquatiques gardent une taille ordinaire et glacent le sang par leur déplacement vif et leur silence inquiétant, on regrette clairement la grossièreté des effets spéciaux desservant totalement certaines scènes du film. Pire, les blessures superficielles dont souffrent les héros littéralement déchiquetés par leurs petites dents acérées et les quelques scènes gores liées aux batailles sous-marines montrent à elles-seules les limites d’un métrage qui avait pourtant tout pour fonctionner : un casting hautement performant (Kaya Scodelario et Barry Pepper portent à eux seuls l’ensemble de l’histoire de façon ultra- convaincante), une idée originale et presque crédible et un climax intéressant amené intelligemment. Entre film catastrophe et récit d’horreur, « Crawl » nage en permanence entre deux eaux, nous faisons boire la tasse à plusieurs reprises, nous donnant des lueurs d’espoir à d’autres. Tragi-comédie inquiétante, ce film de série B produit par Sam Raimi a la qualité de ses défauts et souffre surtout de la négligence de ses effets spéciaux. C’est d’autant plus dommageable que nous aurions tant aimé nous délecter de ce dernier opus tout comme nous l’avions fait devant « La colline a des yeux », « Haute tension » ou le très plaisant « Piranhas 3D » … ► Les bonus Avec une très courte intro avec quelques mots du réalisateur Alexandre Aja, place à la « scène d’ouverture alternative », animation d’une bande dessinée qui aurait gagné à être proposée dans le métrage tant son sujet était particulièrement bien traité. Précédant trois « Scènes coupées » montrant les caractères, faiblesses et relations qui animent les deux personnages principaux, ce premier bonus exclusif a aussi l’intelligence de mettre en avant une réalité tue dans le métrage. Celle selon laquelle le Sud de la Floride compterait près d’un million et demi d’alligators et qu’il n’est pas rare de voir des attaques toucher les zones habitées. Rien que l’an dernier, on en a dénombré 300 dont 27 ont été mortelles. Etonnant non ? « Les dessous de Crawl ». Particulièrement généreux, ce bonus montre les coulisses du film et s’attarde sur la genèse du projet, la préparation du film mais aussi son incroyable tournage. Ainsi, on apprend que Sam Raimi avait déjà approché Alexandra Aja lorsque celui-ci réalisait « La colline a des yeux » et combien le producteur/réalisateur admire la capacité de Aja d’immerger les spectateurs dans un récit finalement très probable. Si la relation père-fille passe au second plan, le réalisateur avait a cœur de la mettre au même niveau que son sujet principal, l’attaque des alligators, particulièrement remontés contre les humains. En entrant dans les coulisses de « Crawl », on découvre aussi combien l’installation du plateau de tournage en Serbie a été périlleux mais aussi comment le travail des équipes technique et des effets mécaniques ont tout mis en œuvre pour le réalisme soit total. Décors inondés par plus de 5 millions de litres d’eau, préparation des acteurs, construction démentielle pour plus d’authenticité, rien n’est oublié durant cette grosse demi-heure de contenu additionnel. Pour prolonger la découverte, on assite également à la création et la modélisation des alligators, leur animation, la mise en place effets spéciaux et les astuces utilisées sur le tournage pour que la présence des bêtes aquatiques et de l’ouragan menaçant soit prenante. En conclusion de cette petite heure de bonus, place à une petit compilation des « attaques des alligators », bonus dispensable qui aurait mérité d’être associé à un de ses prédécesseurs. Genre : Thriller Durée du film : 1h27 Bonus : Près d’une heure de bonus, dont 30 minutes de coulisses du film Résumé du film : Jamie Lee Curtis reprend son rôle emblématique de Laurie Strode, qui se prépare à la confrontation finale avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle avait échappé de justesse à sa folie meurtrière la nuit d’Halloween il y a quarante ans. Avis : 40 ans jour pour jour après les drames qui se sont joués dans « La nuit des Masques » de John Carpenter, Michael Myers, sombre croquemitaine, revient tailler en pièces une série de victimes sous les yeux ébahis d’une police impuissante. Heureusement, sa victime Laurie ne l’a pas oublié et, alors que le tueur démasqué passait ses beaux jours dans une prison de la région, cette dernière s’est surentraînée pour affronter le diable en personne et mettre un point final à cette histoire dramatique. Dans sa version « Halloween 2018 », David Gordon Green (a qui l’on doit les film le drame « Stronger » mais aussi « Joe », « Our Brand is crisis » ou encore « L’autre rive ») établit une connexion directe entre le premier Halloween de John Carpenter et sa propre vision du destin de Michael et Laurie. Faisons fi des nombreuses suites, remakes et autre reboots qui ont ponctué ces dernières décennies, en la matière, David Gordon Green nous prouve qu’il sait y faire ! De plus, avec cette remise à zéro des compteurs, le spectateur peut totalement oublier les théories farfelues et les aventures multiples de ses héros (parmi lesquelles la mort de Laurie dans « Halloween : Resurrection ») et reprendre le fil de l’histoire là où il l’avait laissé 40 ans plus tôt. En toute connaissance de cause, on comprend mieux pourquoi notre fan de couteau à longue lame, une fois sorti de sa prison, prend un malin plaisir à tuer sans relâche qui se met sur son passage. Ça craque, ça gicle dans tous les sens, raisons pour lesquelles le public de moins de 16 ans n’est pas conviée à la petite sauterie de ce bon vieux Michael. Par contre, les amateurs de slash movie y trouveront leur compte et verront baisser leur frustration d’avoir attendu si longtemps pour retrouver un film du genre de qualité. Et citrouille sur le (très bon) scénario, D.G.G en plus de nous offrir une suite franchement honorable nous la vivre un soir d’Halloween, dans une petite bourgade nommée … Haddonfield ! Ce qu’on apprécie par-dessus tout dans cet « Halloween » nouvelle édition, c’est la qualité de sa réalisation, son atmosphère prenante, son esthétisme à la fois moderne et nostalgique d’une époque où la saga a débutée, et sa musique, qui sublime les notes ultra populaires de ce générique qui nous a toujours hanté. Si n’a rien vraiment changé, c’est pour notre plus grand plaisir que nous retrouvons Michael et Laurie dans un combat qui s’annonçait corsé dès ses premières minutes. Dès lors, peut-on annoncer un retour gagnant ? Bien évidemment ! Et on ne peut que remercier David Gordon Green d’avoir réussi son pari de nous faire oublier tout ce qui s’est passé entre le 31 octobre 1978 et celui de 2018, de reprendre les choses là où John Carpenter les avait laissées. Le génie du thriller/horreur aurait-il trouvé un digne successeur ? Probablement oui d’autant que son apprenti a été à bonne école et a reçu l’adoubement de son maître en la matière. Ceci expliquerait donc cela… ► Les bonus Halloween version 2018, c’est l’occasion de se plonger dans l’univers instigué par John Carpenter il y a quelques décennies déjà. Dès lors, quoi de plus norma que de le voir prendre la parole dans plusieurs bonus proposés dans la version matérialisée du film. Hormis les traditionnelles scènes coupées et allongées (dispensables pour la plupart, sauf pour celle intitulée « Le stand du tir » ), on trouve cinq autre bonus courts mais de bonne qualité. « De retour à Haddonfield, le making of d’Halloween » est l’occasion de comprendre ce qui a motivé David Gordon Green a accepté la proposition du producteur Jason Blum. Après une petite comparaison entre les deux films (de 1978 et 2018), le réalisateur nous explique sa fascination pour le film et l’envie d’apporter quelque chose de neuf tout un proposant un bel hommage à l’histoire originale. Du choix de mettre en scène trois générations marquées par le bal des masques, les morts d’innocents de ce soir meurtrier et, le souvenir des acteurs du premier « Halloween » cauchemardesque, on saura tout de l’atmosphère et des motivations des membres de l’équipe.
Mais que serait « Halloween » sans son thème musical reconnaissable entre tous ? « Le son de la peur » évoque l’importance de la musique, l’utilisation du thème original, créé par John Carpenter et amplifié/remanié pour cette nouvelle version. Son fils Cody a donc repris ce que son père avait créé et la « sublimé » afin de lui donner la même identité en un peu plus modernisé. Brillant ! Et puis, difficile de ne pas parler de son méchant de service, le terrible Michael Myers. « Le périple du masque » montre l’importance ce symbole, celui qui donne vie à Michael Myers, un personnage issu du croisement entre l’homme et le surnaturel, un assassin sans émotion qui glace le sang des spectateurs à sa moindre apparition. Car si le manque de réaction humaine est terrifiant c’est sans doute grâce au jeu de James Jude Courtney, qui entre dans la peau du serial killer grâce à son masque célèbre et recréé pour les besoins de ce nouveau film. Enfin, « L’héritage d’Halloween » nous propose une courte table ronde de moins de cinq minutes durant laquelle Jamie Lee Curtis, John Carpenter, Jason Blum (producteur) et le réalisateur David Gordon Green échangent entre eux sur leur expérience, l’envie de plaire à John Carpenter, aux fans du film original. On serait bien resté plus longtemps en compagnie de ce quatuor sympathique et passionné. Durée du film : 1h44 Genre : Thriller Bonus : Six bonus pour une vingtaine de minutes. Résumé du film : Après une restauration numérique, le classique noir ‘Lost Highway’ de David Lynch est de retour sur grand écran. L’histoire d’un musicien de jazz, soupçonné d’avoir assassiné sa femme, est racontée comme une passionnante enquête sur une crise d’identité parallèle. La réalité prend la fiction en otage… ou est-ce l’inverse ? Un obscur voyage le long d’une autoroute sans issue,avec des changements d’identité comme seuls points de repère. Avis : Plus de vingt ans après sa première sortie dans nos salles, « Lost Highway » s’offre un petit coup de polish et nous revient sur grands et petits écrans dans une version numérique restaurée. L’occasion de se replonger dans le récit démentiel de David Lynch, maître incontesté de la métaphore et des jeux de pistes troublants. Les premiers kilomètres de Lost Highway Cinq ans après l’échec de son « Twin Peaks : Fire walks with me », David Lynch proposait à son public averti un film schizophrène dans lequel nous suivions la boucle temporelle dans laquelle Fred Madison semblait être enfermée. Passionnant à plus d’un titre et esthétiquement irréprochable, son long-métrage avait créé quelques émules et détourné le public de son œuvre installée avec « Sailor et Lula » ou encore « Blue Velvet ». Mais qu’importe que le succès populaire soit au rendez-vous ou non, David Lynch assume totalement son style et poursuivra sur la voie tracée au début des années 1970 avec le tout aussi célèbre « Mullholland Drive »(2001) , un autre métrage déroutant qui viendra confirmer son talent de narrateur excentrique. Avec « Lost Highway » le réalisateur américain révolutionne le cinéma contemporain et offre une expérience cinématographique inédite et sensorielle à son public. Il faut dire qu’on aime suivre David Lynch dans les méandres de ses scénarios alambiqués, se perdre dans les rues de Los Angeles, s’accrocher aux histoires de ses héros charismatiques ou sensuels sans toujours comprendre ce qui se trame devant nos yeux. Qu’importe si l’on comprend ou non tous les aboutissements des chemins empruntés, ce qui hypnotise dans son cinéma, c’est la beauté de sa photographie inspirée, l’attraction étrange de ses films noirs où réalité et fantasmes s’entremêlent et l’ingéniosité de captiver son auditoire durant plus de deux heures sans qu’il ne vienne à broncher. La croisée des arts On le sait, David Lynch est un artisan extraordinaire qui n’entre dans aucune des cases du septième art. Son esprit libre et sa fibre artistique (par ailleurs particulièrement bien présentés dans le documentaire « Art of life » de Olivia Neergaard-Holm, Rick Barnes et Jon Nguyen ) se sont régulièrement mis au service du cinéma avec des œuvres que beaucoup reconnaissent comme étant majeures alors qu’elles ont largement été décriées ou acclamées au moment de leur sortie. Avec « Lost Highway » et son perpétuel dédoublement de personnalité, Lynch pousse un peu plus loin encore le curseur du film noir et déstabilisant, n’oubliant pourtant pas d’accorder une grande importance à l’esthétique de son métrage. La minutie de ses décors, ses cadrages méticuleux, les plans élogieux de ses acteurs et l’atmosphère anxiogène qu’il parvient à installer dans ses scènes tout comme dans les souvenirs furtifs de son héros principal, contribuent grandement à faire de « Lost Highway » un film puissant et mémorable à plus d'un titre. Mais ce qui enivre le spectateur en plus de ces images qui défilent sur son écran, c’est la musique soigneusement choisie pour accompagner (comme pour chacun de ses métrages) l’expérience visuelle, la rendant à son tour sensorielle. Les sons claquent dans nos oreilles, la bande originale d’Angelo Badalamenti, David Bowie, Nine Inch Nails, Rammstein ou encore Marilyn Manson nous fait vibrer et frissonner : le rock est aussi sombre que le film et ça matche ! D’ailleurs, qui ne se souvient pas de cette séquence d’ouverture où une voiture vrombit à toute vitesse sur les notes de « I’m Deranged » de Bowie ? Quelques notes, quelques phrases, quelques sons suffisent à raviver nos vagues souvenirs, preuve incontestable que tout dans l’univers de Lynch, est pensé pour qu’ils s’ancrent dans la mémoire de notre expérience passée. Et puis, difficile de ne pas évoquer l’intensité du jeu de ses acteurs que sont Bill Pullman, Patricia Arquette, Balthazar Getty, Robert Loggia ou encore Robert Blake. Les redécouvrir et les suivre à nouveau, après autant d’années en friche, nous rappellent combien la densité et la noirceur du film n’auraient pas été possibles sans leur prestation remarquable. Bill Pullman, angoissé et angoissant, nous fait vivre les émotions de son personnage, sa jalousie maladive ou sa peur d’une intrusion dans sa maison. Remplacé par Balthazar Getty dans sa seconde partie (ce qui déconcerte lors de la première vision), il excelle dans son rôle de Fred Madison et signe sans aucun doute l’une de ses meilleures performances. Tableau dérangeant et schizophrénique, merveille esthétique, « Lost Highway » fascine autant qu’il trouble ses spectateurs. Avec sa restauration numérisée, le film retrouve des couleurs plus vives, un grain plus net mais ne perd rien de son mystère et son inquiétante atmosphère. Si comme nous, vous n’aviez que des souvenirs épars de ce métrage vu il y a de nombreuses années, nous ne pouvons que vous conseiller de (re)vivre l’expérience lynchienne dans votre salle ciné ou sur votre télé. Près de 23 ans après sa première sortie en salles, le film fait en effet un beau doublé grâce à des séances spéciales ou une sortie en Blu-Ray/DVD et ce serait dommage de passer à côté.... Genre : Thriller/Fantastique Durée du film : 2h15 Bonus : Aucun Résumé du film : Derrière chaque tradition se dissimule une révolution. Cette année, lors de Fête de l’Indépendance, découvrez comment sont nées les 12 heures d’anarchie annuelle. Soyez les bienvenus dans le mouvement qui a commencé comme une simple expérience : « Américan Nightmare : les origines. » Pour faire passer le taux de criminalité en dessous de 1% le reste de l’année, les « Nouveaux Pères Fondateurs » testent une théorie sociale qui permettrait d’évacuer la violence durant une nuit dans une ville isolée. Mais lorsque l’agressivité des tyrans rencontre la rage de communautés marginalisées, le phénomène va s’étendre au-delà des frontières de la ville test jusqu’à atteindre la nation entière. Avis : Initiée en 2013 par James DeMonaco, la saga « La purge » a su séduire un large public par son concept novateur qui, en plus d’offrir des thrillers de plutôt belle facture, dénonçait le système inégalitaire américain, le lobby des armes et ternissait l’image de l’American Way of Life. Intéressante par son fond, surprenante dans la forme, la série des « American Nightmare » n’avait de cesse d’emmener ses spectateurs dans des thrillers (dystopiques) maîtrisés où l’intrigue se renouvelait tout en gardant ses propres codes. L’idée d’un préquel n’était donc pas une mauvaise idée et aurait permis de mettre en lumière la montée du parti des « Nouveaux Pères Fondateurs de l’Amérique » et d’expliquer comment ceux-ci ont imaginé et mis sur pied le concept de « Purge », bien connu de tous. Malheureusement, « American Nightmare 4 : Les origines » n’a d’originel que le nom. Le film du méconnu Gerard McMurray n’est au final qu’un pastiche minimaliste de ce que DeMonaco (toujours scénariste) nous avait présenté à trois reprises et oublie bien vite d’exploiter le sujet qu’on pensait y trouver. Totalement immoral, le film de McMurray pousse le curseur de l’inhumanité un peu plus loin encore en présentant une classe politique capable de tout pour « nettoyer » ses ghettos des populations « nuisibles » et démunies. Peu attachants, ses héros principaux (interprétés par Y’Lan Noel, Lex Scott Davis et Joivan Wade) évoluent dans leur quartier en état de siège, survivant du mieux qu’ils peuvent à diverses traques (presque animales) menées par des tarés et des mercenaires de première classe. Parfois risible, le film peine à décoller dans un premier acte peu passionnant et se crashe dans une dernière partie où l’on assiste, incrédules, à un mix improbable entre « Die Hard » et « Rambo » où un « héros » black, gros dealer fan de rap, dézingue tout pour sauver sa belle… Faussement intelligent, ce quatrième opus est sans aucun doute le volet de trop. A force de vouloir satisfaire son public adulescent, on en oublie l’essentiel : tenir (un minimum) la route ! Alors que les minorités sont souvent mises en avant dans divers genres cinématographiques, « La purge » quatrième du nom, met elle aussi en lumière les conditions de vie des populations afro-américaines, premières victimes d’une expérimentation sociologique contre laquelle personne ne semble s’être offusquée. Quelles tractations ont été utilisées pour la mettre en place ? Comment la population entière a-t-elle pu la tolérer ? Comment a-t-elle été pensée ? Quelles réactions cette première purge va-t-elle solliciter dans le reste du pays une fois terminée ? Toutes ces questions, légitimes dans un volet intitulé « les origines », ont été délaissées au profit d’une dystopie classique dans son genre et sans enjeux réels. Pire, elles ne trouvent pas non plus leurs réponses dans les très courts bonus proposés sur la version matérialisée… ► Les bonus Quatre bonus pour seulement dix petites minutes de contenus additionnels, on peut dire que nous restons sur notre faim. Et c’est d’autant plus dommage qu’il aurait été intéressant d’en savoir plus sur les origines de la saga et de la purge en général, d’aborder les dénonciations politiques faites à travers le dernier opus des « American Nightmare ».
Dans le premier, producteur, réalisateur et acteurs expliquent comment le phénomène de « La purge », la saga mais aussi les dérives de la société les font se sentir concernés. Ils y expliquent aussi pourquoi Staten Island est l’endroit idéal pour tester cette expérience concentrée. Située à l’écart de la ville, l’île et sa communauté afro-américaine sont laissées pour compte et isolées du reste de la ville puisque les accès sont bloqués. Mais ce n’est pas tout, à travers quelques petits portraits rapides, les comédiens évoquent aussi les gros traits de leurs personnages et leur importance dans l’histoire. Enfin, « Le chaos s’installe », très court lui aussi, nous montre combien il était important que les acteurs réalisent eux-mêmes les cascades et se mettent en danger pour donner de l’épaisseur à leur personnage. Les fans de la saga veulent plus de purge ? Les équipes leur en ont donné et c’est sans doute ce qui crée un petit clivage entre le premier volet, bien plus proche du thriller que de l’horreur. Durée du film : 1h42 Genre : Thriller Titre original : The first purge Bonus: 10 minutes pour quatre petits bonus un peu superficiels Résumé du film : Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L'agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la jeune Isabela Reyes, fille du baron d'un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs. Mais la situation dégénère et la jeune fille devient un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Face à ce choix infâme, Alejandro en vient à remettre en question tout ce pour quoi il se bat depuis des années… Note du film : 8,5/10 (par François) Avis : Lors de sa sortie en salles en 2015, « Sicario » avait su créer la surprise ! Et pour cause, son réalisateur : Denis Villeneuve, nous offrait un récit dur doté d’une réalisation sans concession où figurait des comédiens tout bonnement excellents ! Et que dire de cette musique à la fois lancinante et oppressante qui sublimait le tout ! Malheureusement, Jóhann Jóhannsson, son compositeur s’est éteint brutalement le 9 février 2018, à l’âge de 48 ans. Il laissera un grand vide sonore tant son talent était grand. Pour ce nouvel épisode, nous retrouvons le scénariste du premier volet, Taylor Sheridan. Déjà présent au générique de l’excellent « Comancheria », son truc à lui, c’est le grand Ouest américain. Il sait donc comment le magnifier par un scénario sans concession ; un bon point donc. Pourtant, le début du film nous a laissé dubitatif puisque l’intrigue mêle des djihadistes qui passent la frontière mexicaine grâce à quelques narco-trafiquants afin de se faire exploser dans le pays de l’Oncle Sam… A la barre du navire, un petit nouveau prend la suite de Denis Villeneuve : Stefano Sollima. Au vu des images, on se dit que le bougre sait y faire ! Ce réalisateur italien est un habitué des polars urbains et on lui doit d’ailleurs quelques épisodes de la série Gomorra. Passez de la mafia aux cartels n’a donc pas dû être trop difficile pour lui. Sa réalisation n’a rien à envier au père de la franchise tant celle-ci se veut dynamique quand les scènes l’exigent et plutôt contemplative lorsqu’il s’agit de filmer les paysages désertiques somptueux du Mexique ou des Etats-Unis. Mais là on nous avons été touché, c’est lorsque sa caméra se pose sur le jeu tout en nuance de Benicio Del Toro qui nous livre avec ce film une grosse performance. Aux côtés de l’acteur natif de Porto Rico, nous retrouvons avec grand plaisir Josh Brolin qui est fidèle à lui-même, c'est-à-dire extrêmement efficace. Mais la véritable surprise est à chercher du côté féminin. En effet, nous avons été séduit par la très belle prestation de la jeune Isabella Moner. Enfin, puisque le compositeur Jóhann Johannsson est décédé récemment, c’est Hildur Guđnadóttir, sa collaboratrice, qui est parvenu à reprendre les codes musicaux propre au film. Elle dira d’ailleurs : "Jóhann et moi avons travaillé en étroite collaboration sur presque tous les projets que nous avons entrepris durant quinze années. Il est décédé il y a si peu de temps que je n’ai pas encore vraiment réalisé qu’il n’est plus là. Je n’ai pas pris sa suite, je ne fais que poursuivre le travail que nous avions entamé ensemble. Cela me semble à la fois naturel et surréaliste… Il n’y a pas vraiment de mots pour exprimer ce que je ressens." Pour toutes ces raisons évoquées et d’autres que nous vous laisserons juger, « Sicario : la guerre des Cartels », est une excellente surprise et une suite de haut niveau ! Mention spéciale pour Benicio Del Toro qui parvient à insuffler à son personnage une humanité rare qui ne devrait pas vous laisser indifférent. A bon entendeur ! ► Les bonus : « Du film à la franchise : la suite d’une histoire » Assez classique, ce bonus retrace, comme nous pouvons nous en douter, les raisons d’être de ce deuxième film. On y apprend donc les motivations des différents protagonistes (acteurs, producteurs) ainsi qu’une mise en garde : respecter ce qui faisait le sel du premier long-métrage.
« Un acte de guerre : le making of de Sicario : La Guerre des cartels » Très éclairant, l’occasion nous est donnée d’en apprendre plus sur les difficultés liées à un tel projet. A commencer par le choix du réalisateur et de son équipe qui remplacent Denis Villeneuve occupé à réaliser un autre film. Ce sont le réalisateur italien Stefano Sollima (« Gomorra ») et le directeur de la photographie Dariusz Wolski (« Dark City », « Alien Convenant », « Seul sur Mars ») qui rejoignent le projet afin de donner un timbre particulier, une texture originale à cette suite qui, finalement, n’en est pas vraiment une. Dans ce making of, l’accent est mis sur les décors qui constituent les éléments centraux du récit et qui participent à sa construction. Aussi, les scènes d’action sont plus impressionnantes que précédemment, surtout parce qu’elles ont une portée mondiale. La caméra parvient pourtant à se resserrer et à porter son œil sur les personnages pris dans ce tourbillon pour en montrer la tension extrême qui y régnait. « L’assassin et le soldat : les acteurs et les personnages » Là encore, d’une facture classique mais néanmoins efficace, « l’assassin et le soldat » est l’occasion pour les acteurs de revenir sur la psychologie de leur personnage et les dilemmes moraux qu’ils auront à braver. Ces trois bonus éclairants ne pourront d’ailleurs que donner envie aux spectateurs de se replonger dans le diptyque « Sicario » Genre : Thriller/Action Durée du film : 2h02 Bonus : Environ 40 minutes Résumé du film : Réalisé par Paul Schrader, « Sur le Chemin de la Rédemption » est un thriller psychologique centré sur la rencontre de Ernst Toller, un prêtre dans la tourmente, Mary et son mari Michael, un activiste écologique instable. Toller, un ancien aumônier militaire ravagé par la mort de son fils, est persuadé que le monde court à sa perte et que l’église pèche par son manque d’action. Une nouvelle mission s’impose à lui : restaurer la foi et réparer les erreurs du passé. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Attendu comme le Messie, « First Reformed, sur le chemin de la rédemption » de Paul Shrader se retrouve dans une sortie direct on DVD sans passage par la salle ciné, du moins, dans notre pays. Et c’est réellement dommageable tant le jeu impeccable d’Ethan Hawke et le sujet principal du film en font un long-métrage de qualité. Connu comme étant le scénariste de Martin Scorsese (« Taxi Driver », « Raging Bull », « La dernière tentation du Christ » ou « A tombeau ouvert », c’était lui) ou comme réalisateur d’une vingtaine de longs métrages (parmi lesquels « American Gigolo » ou « La sentinelle »), le septuagénaire livre ici un film aussi intime que dense, sous un aspect figé (ou théâtral) que certains fuiraient volontiers. Néanmoins, l’évolution du personnage de Ernst Toller est digne d’intérêt et les divers engagements qui sont les siens interpellent et marquent durablement le spectateur courageux. Toller, pasteur d’une petite communauté rurale et responsable de l’église First Reformed a beaucoup souffert dans sa vie. La perte de son fils lors de la guerre en Irak et la maladie qui le ronge chaque jour un peu plus l’ébranlent. S’interrogeant sur sa foi et la retranscrivant dans un carnet intime qu’il compte tenir durant douze mois, cet homme d’église ébranlé par ses convictions peinent à les communiquer à ses paroissiens, venus trouver refuge dans son église d’un blanc immaculé marqué par un sauvetage historique que la ville s’apprête à commémorer. Mais lorsque Mary, (Amanda Seyfried) vient lui demander son aide, Toller ne peut refuser. Et la confrontation philosophique qu’il aura avec le mari de la jeune femme va réellement le bouleverser. Lui, qui se questionne sur son engagement, va trouver en face de lui un activiste écologique déterminé à agir pour la planète, peu importe le prix à payer. Alcoolique, en mal de vivre, le pasteur va être confronté à ses doutes et empruntera une nouvelle route vers un final qu’on était loin de s’imaginer. La mise en scène s’accordera d’ailleurs à ces changements personnels et des longs plans séquences minimalistes nous passons à des images plus animées, plus mouvementées. Ethan Hawke, qui est rarement passé à côté de ses rôles, nous livre ici une nouvelle prestation de grande envergure, nous faisant croire à l’histoire de ce révérend pas comme les autres. Ses dialogues intérieurs, ses remises en question, ses (dés)espoirs marquent son visage, expressif dans les paroles comme dans les silences. S’identifiant à l’activisme de Michael (Philip Ettinger) mais l’exprimant tout autrement, le révérend Toller ne manquera pas de nous surprendre. Les idées noires prennent le pas sur la lumière de la foi et l’aide qu’il apporte à ce couple en détresse déteint sur son quotidien rustique où la solitude pèse comme une enclume. Avec son approche de la crise religieuse et les questionnements sur les limites de l’engagement, « Sur le chemin de la rédemption » a de quoi ouvrir le dialogue. Mais, confessons-le, le film de Paul Shrader ne nous a pas ébloui comme nous l’avions espéré. Pire, il nous laisse sur notre faim, nous laissant bouche bée sur une scène finale qui a de quoi déconcerter. Durée du film : 1h48 Genre : Thriller/Drame Résumé du film : Bradley est un ancien boxeur dont le mariage s'effondre va également perdre son travail comme mécanicien. Il devient alors coursier pour un trafiquant de drogues. Note du film : 6/10 (par François) Avis : Avec « Brawl in cell block 99 », le réalisateur S. Craig Zahler signe un film qui marque le spectateur mais devrait le laisser également perplexe. Tout d’abord, parce que même s’il est violent, bien filmé et interprété, ce long-métrage souffre de tellement de travers qui lui portent préjudice, que le spectateur ne saura sur quel pied danser ! Outre des effets spéciaux plus que discutables, les nombreuses incohérences du film pourraient entrainer un certain détachement du spectateur voire une déception. Vince Vaughn ou la métamorphose d’un acteur Et pourtant, avec ce film, quel plaisir nous avons eu de redécouvrir un acteur que nous croyions connaître. Loin de ses rôles qu’il nous a si longtemps donné à voir (« Dodgeball », « Serial Noceurs », « Voisins du troisième type », « Retour à la fac » -la liste est encore longue !), Vince Vaughn se renouvelle d’une manière totalement surprenante et bienvenue ! Epatant dans ce rôle de force tranquille pour lequel il parle peu, nous sommes impressionnés par l’usage qu’il fait de son corps (le bougre mesure tout de même 1m96). Nous le disions peu loquace, les événements qui le frappent (la perte de son emploi, ses difficultés conjugales avec sa petite amie Lauren - Jennifer Carpenter la sœur de « Dexter » dans la série tv- et ses relations dangereuses avec le milieu de la drogue) suffisent à le rendre attachant aux yeux du spectateur. Ce minimalisme dans son jeu lui permet de nous captiver de bout en bout car ses yeux communiquent pour lui. Son regard en dit tellement long que nous ressentons sa douleur ou son incompréhension devant une situation qui ne fera qu’empirer tout au long du film. Finalement, nous dirions qu’il fait plus que porter ce film sur ses épaules, il le rendra interpellant. Ce n’était d’ailleurs pas facile tant les défauts sont présents. Mais avant de parler de ceux-ci, il convient de saluer la manière dont le réalisateur placera sa caméra pour faire ressentir au spectateur l’état du héros. Souvent lointaine dans les scènes d’exposition, celle-ci laissera entrevoir le malaise ou la colère, et se rapprochera inexorablement pour montrer la tristesse ou la rage d’un héros qui ne demandait rien d’autre que de mener sa propre vie. Un scénario fait d’incohérences et de facilités grossières L’histoire, bien maigre, n’a d’intérêt que pour voir l’acteur se battre sans arrêt pour construire son bonheur. Hélas, ses choix ne sont pas les plus judicieux et devoir travailler pour des mafieux l’entrainera dans un cercle vicieux dont il perdra vite tout contrôle. Le problème est que souvent nous ne croyons pas à ce qu’il se produit à l’écran. Un peu à l’image de cette geôle cachée dans la prison de sécurité maximale où des prisonniers censés être extrêmement dangereux ou psychotiques se retrouvent. Mais alors que fait ce baron de la drogue et ses hommes de main dans cet endroit avec une liberté certes relative mais pourtant bien présente ? Et que dire du directeur de cette prison ? Hautement caricatural, Don Johnson ne semble pas conscient de son aspect de milicien/cowboy grotesque tout puissant qui prend un malin plaisir à torturer certains prisonniers. Cette prison ferait certainement passer Guantanamo pour une petite maison de correction. Ce choix est d’autant plus étrange, que la caricature ne semble pourtant pas assez assumée…Jamais nous n’y croyions et le résultat est donc en demi-teinte. Nous pensons que ce film vient peut-être 20 ans trop tard et même le «coups pour coups » de notre JCVD national semble moins incohérent (vous vous rappeler ce film de 1991 où l’acteur reçoit la mission d'infiltrer le pénitencier de Harrison où sévit un mystérieux "escadron de la mort", qui liquide des détenus pour le compte d'un réseau de trafiquants d'organes ? Il y a un peu de cela dans ce thème carcéral…) Vous reprendrez bien un peu d’effets spéciaux façon pâte à modeler ? Mais une autre particularité vient du fait que les scènes de baston se soldent souvent par l’éclatement des cranes et l’enfoncement des visages. Normal dans un film violent me direz-vous ! Sauf qu’en 2018, nous nous attendions à (pratiquement) tout sauf à ce résultat à l’écran! On voit le caoutchouc façon pâte à modeler à plusieurs reprises et nous sommes encore marqués par cette fameuse scène de fin grand-guignolesque. Pour toutes ces raisons, « Brawl in cell block 99 » ne révolutionne rien en soi. Le film ne repose davantage sur son acteur et la manière dont le réalisateur pose sa caméra que sur les autres éléments qui en sont étroitement liés. Dommage ! ► Les bonus : Le seul bonus du film « Brawl in cell block 99 » est un documentaire de 15 minutes. Assez classique et néanmoins très intéressant, il donne la parole au réalisateur, aux producteurs et aux acteurs. On y apprend bien sûr leur motivation, mais aussi les difficultés d’une telle entreprise et le respect mutuel qu’ils se portent. Film au budget presque indépendant, de nombreuses difficultés étaient présentes et les solutions on été trouvées grâce à l’enthousiasme et à la créativité de toute l’équipe. On pense notamment au respect de la « prison » classée ou la scène impressionnante de la destruction de la voiture du héros. Genre : Drame/Thriller Durée : 2h07 Bonus : Un documentaire de 15 minutes sur le film Résumé du film : Les copines d’enfance Lily et Amanda renouent le contact après des années d’éloignement. Lily est devenue une riche adolescente aux goûts raffinés, inscrite dans un pensionnat chic. Amanda quant à elle est devenue au fil des années une fille excentrique à l’attitude pour le moins prononcée. Malgré leurs différences, elles retrouvent la complicité de leur enfance lorsqu’elles commencent à forger des plans pour l’affreux beau-père de Lily. Leur complicité réveille en elles des aspirations maléfiques et le désir de contrôler la vie à leur guise… Avec toutes les conséquences qui s’ensuivent. Note du film : 7/10 (par Véronique) Avis : Sorti directement en version matérialisée sans passage par la case ciné, le thriller de Cory Finley est pourtant digne d’intérêt. Avec son climax anxiogène et sa mise en scène impeccable, « Thoroughbreds » (ou « Pur-sang » en version française) est l’une des bonnes surprises DVD de ce mois d’août. Porté par deux comédiennes impressionnantes de charisme et d’interprétation, « Thoroughbreds » n’est pas un thriller ordinaire. Lent, contemplatif et malsain, le premier long-métrage de Cory Finley recèle tout ce qu’il faut pour livrer un film sombre dans lequel le spectateur se perd à la fois avec inquiétude et délice. C’est que, le jeu d’Olivia Cooke (vue récemment dans « Ready Player One ») et Anya Taylor-Joy (« Split », « The witch ») est tel qu’on ne peut que croire à l’amitié de ces deux lycéennes froides et si particulières. Amanda est une jeune femme dénuée d’émotions. Isolée depuis l’acte ignoble commis sur son cheval, l’adolescente cherche en vain des amitiés et en retrouve une en la personne de Lily, son professeur particulier avec qui elle a partagé une partie de son enfance. Cette dernière, intelligente et appréciée dans son lycée, se sent terriblement esseulée et vit dans le manoir démesuré de son beau-père, sorte de cage dorée de laquelle il est difficile de s’évader. Ensemble, les deux jeunes femmes vont redécouvrir les vertus de l’amitié et partageront des secrets lourds de conséquence. Derrière ses faux airs d’ « American Beauty » où des adolescentes provoquent les adultes de leur entourage, « Thoroughbreds » retrouve la même photographique impeccable que le film de Sam Mendes. Cory Finley a en effet appuyé les effets de clair obscur, jouant avec la lumière, les angles et les événements se déroulant hors champs. Cela fonctionne à merveille et crée un environnement angoissant dans lequel évolue différents personnages plus glaçants les uns que les autres. De qui faut-il se méfier ? La situation va-t-elle dégénérer ? Le suspense grandissant ne cesse de nous captiver jusqu’à cette scène finale, qui boucle le scénario de façon brillante. Mais si l’apparat fonctionne à merveille, les petits relâchements scénaristiques ternissent par moment cette histoire originale finement écrite où chaque pièce du puzzle se met savamment en place et offre une vue d’ensemble des plus agréable. A côté du tandem Cooke/Taylor-Joy, on apprécie retrouver Anton Yelchin métamorphosé et toujours aussi éblouissant. Disparu tragiquement à seulement 27 ans, l’acteur n’a pas fini de nous impressionner et chacune des petites scènes dans lesquelles il apparaît nous démontre combien l’ampleur de son talent était immense. Parfaitement huilé et très théâtralisé, « Thoroughbreds », le premier long-métrage de Cory Finley est une belle entrée en matière dans l’univers cinématographique du jeune cinéaste qui, à ne pas en douter, a encore de jolies choses à nous proposer. ► Les bonus Avec ses deux scènes coupées (qui méritaient leur place dans le métrage tant elles donnent des clés de lecture supplémentaire sur la psychologie de Lily) et le profil de ses personnages, les bonus du film permettent de comprendre un peu mieux les émotions profondes qui animent Lily, Amanda, Tim et Mark. Mais le contenu additionnel le plus intéressant est sans conteste « Le style pur-sang » qui, en cinq minutes, livre les intentions et influences du réalisateur et scénariste Cory Finley mais montre également le travail réalisé sur la photographie et la mise en scène par l’équipe du film toute entière afin que le thriller sombre « Thoroughbreds » livre ce qu’il a de plus noir. Mission réussie. Genre : Thriller, drame Durée du film : 1h32 Bonus : 15 minutes de bonus (dont deux scènes coupées Résumé du film : Au lycée, un professeur de philosophie devient le suspect principal de la disparition d'une étudiante. Note du film : 5/10 (par François) Avis : Intrigué par casting attrayant, nous avons décidé de franchir le pas en visionnant ce film certes prometteur sur le papier mais terriblement décevant à l’arrivée… Explications. Un casting aux petits oignons… Mettez-vous à notre place, quel bonheur de pouvoir visionner des films et partager notre passion pour le cinéma. Alors quand un film compte une belle brochette d’acteurs, on se dit que forcément nous passerons un beau moment ciné ! Seulement voilà, mêmes les efforts conjugués de Pierce Brosnan, Guy Pearce et Minnie Driver ne parviennent pas à faire décoller cette intrigue dont la portée est bien mince en réalité : alors c’est le professeur le coupable ou pas ? Spinning Man ou Columbo ? Columbo bien sûr ! C’est que très vite, le film de Simon Kaijser Da Silva nous fait évoluer au sein de la famille du professeur. Guy Pearce joue ainsi le personnage d’Evan Birch, professeur au lycée, mari et père de deux enfants. Avec son épouse Ellen (Minnie Driver), ils devront affronter la tourmente et les venues incessantes du policier Malloy qui enquête sur le crime d’une étudiante du lycée. L’angle d’attaque du policier n’est autre que de vérifier une coïncidence malheureuse. Sur les lieux du crime une voiture ressemblant à celle de l’enseignant a été vue : la marque et la couleur correspondent. Il n’en faut pas plus pour que ce fin limier se rappelle régulièrement au souvenir de ce professeur pressé et aimant plaire. Car oui, le réalisateur ne s’embarrasse pas de la moindre finesse. On voit le professeur draguer une étudiante, et manifester son intérêt pour les jeunes femmes. Le défaut majeur du film est que face à cette trame ultra classique, rien de nouveau n’apparait. En effet, les enjeux ne sont pas présents, pas plus que l’intérêt que l’on porte au personnage principal…embêtant tout cela ! Longtemps nous souhaitions que l’inattendu se produise…en vain. A la fin, il n’y a aucun twist ni intelligence du scénario, rien ! Si ce film est aussi frustrant c’est qu’il porte en lui les germes d’un film noir qui aurait pu être marquant ; mais il n’en est rien ! Face à cet ennui continu, nous aurions préféré voir le crime d’entrée de jeu et suivre le suspect comme dans la célèbre série afin de voir la manière dont l’inculpé allait lutter. Mais ce n’est pas l’orientation choisie par le réalisateur et c’est bien dommage ! Un beau gâchis. Que reste-t-il de nos amours (pour ce film) ? Au vu des éléments déjà évoqués, nous avons un peu de mal à nous enthousiasmer pour ce film ultra convenu porté certes par de bons comédiens mais qui évoluent dans un film plat ! C’est d’autant plus dommageable que la réalisation ne souffre d’aucun défaut et que les couleurs de la photographies évoquent même les films policiers des 90’s que nous aimons ! En définitive, voilà l’archétype d’un film qui aurait pu tenir le spectateur en haleine notamment grâce à son casting impeccable mais qui, par son scénario paresseux, le laissera dubitatif en se demandant pourquoi il s’est laissé tenter par ce film alors qu’il aurait pu suivre à la tv les aventures mythiques de l’inspecteur à l’imperméable beige froissé. ► Les bonus : Scènes coupées: Les quelques scènes rallongées du film présentées ici sont dispensables de l'intrigue principales et se retrouvent donc à juste titre dans un bonus du DVD. Documentaire sur le film : Ici, le réalisateur et les acteurs se livreront à la promotion habituelle. Nous découvrirons leur plaisir de jouer ensemble dans ce film, et nous vanterons les qualités intrinsèques de celui-ci. Durée du film : 1h40 Genre : Thriller Résumé du film: Lorsque le détective d’une section d’élite, Harry Hole (Michael Fassbender) enquête sur la disparition d’une victime lors des premières neiges de l’hiver, il craint qu’un serial killer recherché n’ait encore frappé. Avec l’aide d’une brillante recrue (Rebecca Ferguson), il va tenter d’établir un lien entre des dizaines de cas non élucidés et la brutalité de ce dernier crime afin de mettre un terme à ce fléau, avant la tombée des prochaines neiges. Note du film: 7/10 (par François) Avis: Sous ses faux airs de « Millénium » ou des « Enquêtes du département V », Le « Bonhomme de neige » est plus proche d’un efficace thriller nordique que d’un conte pour enfants ! Et ce ne sont pas les nombreuses critiques négatives concernant ce film qui nous ont refroidi, bien au contraire ! Thriller scandinave, le «Bonhomme de neige » est aussi l’adaptation du roman du même nom. Auréolé par le New York Times en tant qu’œuvre littéraire majeure, nous pouvons avancer sans trop nous tromper que cette adaptation sur grand écran cristallisait beaucoup d’attentes. Son héros, Harry Hole, est un inspecteur alcoolique et dépressif de la police d’Oslo (d’ailleurs présent dans onze romans de son auteur, Jo Nesbø). Cet écorché vif se présente à nous sous les traits du très convaincant Michael Fassbender qui bien que jouant tout en retenue, parvient sans mal à garder toute notre attention. Ses yeux, d’un bleu intense, manifeste la vulnérabilité de son personnage et ses doutes. Mais ce n’est heureusement pas la seule qualité du film ! Une mosaïque de figures bien connues… mais mal exploitée A ses côtés, nous retrouvons avec un certain plaisir Rebecca Ferguson (aperçue dans « Mission Impossible, Rogue Nation» et plus récemment dans « The Greatest Showman ».) La policière fera équipe avec Harry afin de remonter la piste d’un redoutable psychopathe. Et ils ne seront pas trop de deux, tant le tueur semble avoir constamment plusieurs coups d’avance ! En cela, le réalisateur présente avec beaucoup d’adresse pistes et fausses pistes afin de piéger le spectateur dans les règles de l’art, et cela fonctionne plutôt bien. Mais revenons à ce casting surprenant ! Charlotte Gainsbourg campe l’ancienne petite amie du héros dans une composition correcte bien qu’elle l’actrice ne soit finalement que trop peu présente à l’écran. Et que dire de J.K Simmons (« Whiplash », « Traque à Boston », « Justice League »), dans un rôle assez anecdotique. C’est que même si ces seconds rôles sont plaisants à retrouver, on ne peut pas dire que leur traitement soit développé. Dans la même veine, nous regrettons les apparitions beaucoup trop rares de Val Kilmer que nous pourrions qualifier de secondaires…voire tertiaires ! Quel dommage ! Son personnage semble sacrifié sur l’autel de flashbacks inégaux. Certains sont dispensables quand d’autres auraient pu être davantage approfondis. La Norvège…cette actrice à part La grande force du dernier film de Tomas Alfredson est de proposer des panoramas somptueux ! Tourné en Norvège, « Le bonhomme de neige » flatte la rétine sur de nombreux plans. La photographie fait son petit effet et l’on s’émerveille souvent de la beauté des points de vue filmés. Quant aux effets numériques, ceux-ci seront parfaitement intégrés à l’ensemble pour délivrer une aventure prenante dans le Grand Nord ! D’ailleurs, Johan Harnesk, spécialiste de la neige au cinéma, fournit cette précieuse poudreuse en quantité afin d’apporter un maximum de réalisme. Quant aux scènes tournées en studio, l’équipe n’avait d’autre choix que de louer un entrepôt réfrigéré pour la garder la plus longtemps possible. Et croyez nous, après cette aventure blanche, vous aurez envie de vous blottir en dégustant un bon chocolat chaud ! Une intrigue… qui fond comme neige au soleil ? A l’heure du bilan, les points positifs l’emportent sur les quelques écueils liés au rythme qui s’essouffle en cours de route (on sentira alors les presque 2h de film) ou au développement de certains personnages. Alors oui, cette enquête menée de main de maître par le toujours très bon Michael Fassbender n’offre peut-être pas les rebondissements souhaités mais elle sait se montrer honnête dans son déroulement. Reste une fin convenue qui semble ...tomber à plat. Heureusement, celle-ci ne ternira pas trop l’impression générale. Dès lors, certaines voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’originalité de l’ensemble et on ne peut leur donner tort. Pourtant, ce film est plaisant à suivre et même si quelques longueurs viennent ternir un joli tableau cristallin, vous auriez tort de bouder votre plaisir ! Mais dites-nous ? Vous reprendrez bien encore un peu de glace ? ► Les bonus On le sait, le film « Bonhomme de neige » est adapté du septième roman de Jo Nesbo, véritable vedette à Oslo. Mais comment donner vie à ses personnages et son univers sans trahir son esprit ? C’est ce que nous conte les deux chapitres « Trouver les personnages » et « Créer le monde de Jo Nesbo ». Dans cette quinzaine de minutes, ces bonus nous présentent le choix de chacun des membres du casting et l’implication que chaque comédien a eu dans cette histoire. De Michael Fassbender à J.K Simmons en passant par Rebecca Ferguson, chaque interprète s’exprime sur son approche du personnage qu’il incarne et l’amour qu’il porte au travail du réalisateur Tomas Alfredson.
« Le bonhomme de neige » est quant à lui pleinement consacré au meurtrier du film et à son interprète (dont on taira les noms pour ne rien dévoiler de l’intrigue). L’origine de ses « problèmes » et ses intentions, sa méticulosité (représentée jusque dans ses costumes), rien n’a été laissé au hasard. Il en va de même pour « les paysages norvégiens », qui font l’objet du quatrième bonus du Blu-Ray. Aussi importants que les personnages du film, les décors ont été minutieusement choisis et impressionnent les spectateurs. Parfois reculés, certains environnements ont nécessité de fameuses adaptations de terrain : tournage à -17°C ou entre deux tempêtes de neige, fermeture durant quatre heures de centrales électriques, installation de l’équipe sur une petite île esseulée ou dans les rues animées d’Oslo, chaque lieu a demandé une préparation importante et de nombreuses autorisations, accordées aisément par l’administration de la capitale norvégienne, fière d’accueillir un tel tournage en son sein. Enfin, « le dossier cascade : plonger dans le lac », nous montre très (trop ?) brièvement comment la scène d’ouverture a été pensée et filmée sur le lac gelé norvégien. Un peu courts même s’ils sont très intéressants, les bonus valent le détour pour qui veut approfondir un peu l’univers présenté dans le dernier film de Tomas Alfredson. Durée du film : 1h59 Genre : Thriller Bonus : Cinq bonus d’environ 5 minutes chacun. Résumé du film : Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité. Note du film : 8/10 (par François) Avis : ► Le film. Véritable leçon cinématographique, le dernier film de Darren Aronofsky est construit dans sa première partie à la manière d’un huis clos malsain où quelque chose d’inquiétant semble sommeiller puis gronder. La symbolique est très importante et certains spectateurs apprécieront grandement les nombreuses références éparses disséminées dans « Mother ! ». Film assurément tortueux, certains détails passeront peut-être inaperçus mais concourent à la tonalité du film. Ainsi, les protagonistes n’ont aucun nom : Jennifer Lawrence est la mère, Javier Bardem est un poète célèbre, Ed Harris est un médecin et Michelle Pfeiffer est l’épouse de ce dernier. Comme dans un rêve éveillé, leur présence et les interactions entre eux et les personnages joués par Javier Bardem et Jennifer Lawrence sont étranges…c’est un peu comme si tout ce petit monde évoluait dans un rêve éveillé. La sensation que ressent le spectateur est dérangeante. D’ailleurs la maison, elle-même, semble vivre et nous apparait organique. Le sang, les murs et la cave sont autant de « preuves » de son existence. Plus le film de Darren Aronofsky avance et plus le calme apparent cède la place à un climax anxiogène pesant. Le réalisateur nous livre avec « Mother ! » un film audacieux, tortueux, organique et viscéral où la démence semble être le fil rouge. Loin d’être parfait, il saura pourtant marquer durablement les esprits tant sa fureur est dévastatrice ! Gageons que vous vous rappellerez longtemps de ce final, exemple type d’un crescendo baroque où le désenchantement moral est total ! ► Les bonus. L’intérêt énorme de l’édition blu-ray est de proposer des clés de lecture de ce film si atypique. Bien que peu nombreux, les deux bonus présents éclairent bien l’œuvre de Darren Aronofsky.
On y apprendra aussi que les répétitions dans un entrepôt ont duré trois mois (ce qui est énorme !) avec scotch de couleur apposés au sol afin de pouvoir apprivoiser l'espace et visualiser les limitations du décor. On assiste aux réunions avec l'équipe et les interactions entre les acteurs et le réalisateur seront riches d’enseignements dans l'appropriation de leurs rôles. Nous apprenons également que tout le tournage a été réalisé dans différentes versions de la maison: l’une en extérieur, l’autre sur une scène. La maison octogonale était liée bizarrement dans la phrénologie, qui finalement, a pu contribuer à mieux percevoir la psychiatrie. Cette partie des bonus est l’occasion pour le spectateur d'apprendre que la forme de la maison fait référence au cerveau humain. Construite tel un labyrinthe, l'idée est que la maison ne devait pas avoir d’impasse et le mouvement devait toujours être permanent.
Le maquillage dans « Mother! » Adrien Morot, maquilleur pour le cinéma nous en apprend un peu plus sur son métier. Les masques d’écorchés, les prothèses, les corps calcinés et autres faux bébés ou cerveaux sont confondants de réalisme ! Ils sont les témoignages de toute la méticulosité et de la compétence des techniciens. Un make up et making of on ne peut plus instructif. Atypique, marquant, clivant, le film de Darren Aronofsky nécessite plusieurs visions pour en comprendre toutes les clés. Et ça tombe plutôt bien, maintenant que l’on peut le (re) voir en DVD/Blu-Ray Durée du film : 2h02 Genre : Thriller psychologique Note du film : 6/10 (par Véronique) Résumé du film : Depuis le décès de son époux, Mary, pédopsychiatre, vit seule avec son beau-fils dans un chalet isolé de la Nouvelle-Angleterre. À l’approche d’une violente tempête de neige, Tom, l’un de ses jeunes patients, est porté disparu. Mary, tout à coup sujette à des hallucinations et prise de paranoïa, est bien décidée à retrouver le jeune garçon avant qu’il ne disparaisse à jamais Avis : Lorsqu’« Oppression » a fait sa sortie en DVD/Blu-Ray en avril dernier, nous nous sommes questionnés sur la qualité de ce thriller nébuleux où rêves et réalité semblaient se confondre. C’est que des histoires dans ce genre, on semble en avoir déjà vues quelques unes. Le film de Farren Blackburn parvient-il à se démarquer ? En quelque sorte. Si sur papier l’idée semblait intéressante, sa mise en scène, finalement très classique aurait gagné à être plus ambitieuse. Farren Blackburn est plutôt habitué à l’univers des séries. Lorsque son long-métrage est sorti en salles, personne ne savait finalement quel réalisateur se cachait derrière ce nom. Néanmoins, malgré son manque d’expérience au cinéma, le britannique a su s’offrir les services d’un joli panel d’acteurs pour son thriller psychologique: Naomi Watts en tête d’affiche, Jacob Tremblay (formidable jeune acteur vu dans « Room ») et Charlie Heaton (de la série « Stranger Things») et Oliver Platt pour ne citer qu’eux. Si tous se mettent au service d’un scénario psychologiquement prenant de prime abord, nous regrettons le manque de con(si)stance sur la durée de la petite heure trente du film. Après une mise en situation franchement bien amenée où les personnages prennent peu à peu leur place, on bascule dans un univers plus sombre et on comprend que l’oppression que ressent Mary pourrait devenir la nôtre sauf que… mis à part quelques jolis effets de surprise (promis, nous ne nous éterniserons pas sur le sujet pour que la vôtre soit totale), on surfe sur la vague des thrillers classiques, convenus et bien trop prévisibles. La tension, présente à quelques moments, s’étiole face à notre agacement de voir Naomi Watts errer ici et là plutôt que de prendre ses jambes à son cou. Moins prenant qu’espéré, le film laissera les amateur du genre sur leur faim mais plaira certainement à un large public peu exigeant. Court et correct, le film distraira les spectateurs sans non plus marquer grandement les esprits. Quand au support DVD à proprement parler, les seuls bonus que vous pourrez y trouver sont quelques bandes annonces des films annoncés (ou toujours en salles) et prévus prochainement en DVD/Blu-Ray… Divertissant sans être non plus le thriller de l’année, « Oppression » est recommandable pour la prestation de ses acteurs et en particuliers pour celle des plus jeunes. Genre : Thriller Durée : 1h30 Titre original : Shut in Note du film : 5/10 Résumé du film : Rachel prend tous les jours le même train et passe tous les jours devant la même maison. Dévastée par son divorce, elle fantasme sur le couple qui y vit et leur imagine une vie parfaite… jusqu’au jour où elle est le témoin d’un événement extrêmement choquant et se retrouve malgré elle étroitement mêlée à un angoissant mystère. Avis : Adapté du roman à succès de Paula Hawkins, le film « La fille du train » a très vite été porté à l’écran. Vendu à 15 millions d’exemplaires et traduit dans plus de quarante langues, le succès littéraire était tel qu’une adaptation cinématographique ne pouvait qu’attirer les foules. Mais Tate Taylor, qui avait réalisé le très beau film « La couleur des sentiments » , ne parvient pas à nous emporter dans son histoire, la faute à une réalisation un peu confuse et bancale, plus proche d’un bon téléfilm qu’un long-métrage de cinéma. En effet, les rebondissements auxquels on s’attendait sont noyés dans des flash-backs, des allers et venues dans la vie des trois personnages féminins principaux et finissent par n’être que de petits sursauts. Le premier quart d’heure, totalement confus, ne s’éclaircit qu’après une présentation en bonne et due forme des différents protagonistes et c’est bien dommage. Si l’issue de l’intrigue reste néanmoins quasiment totale, on regrette cette réalisation un peu trop plan-plan et son aspect télévisuel. Desservant le scénario intelligent qu’il était sensé mettre en lumière, le choix de mise en scène rallonge de façon presque soporifique une histoire qui ne l’était pourtant pas sur le papier. Le casting, pourtant très intéressant, livre tout ce qu’il peut pour donner du corps au scénario intelligent. Ainsi, Rebecca Fergusson (bientôt à l’affiche de «Life») et Haley Bennett s’investissent dans leur rôle respectif sans parvenir à totalement briller. Mais c’était sans compter sur Emily Blunt (« Sicario », « Edge of Tomorrow»), qui sauve le film par sa prestation presque impeccable de jeune femme alcoolique et en perte totale de repère. Dans les seconds rôles, on notera la présence remarquée (et remarquable) de Luke Evans (Bard dans la saga « Le Hobbit » ou encore Gaston dans « La Belle et la bête ») et Justin Theroux. Loin d’être un incontournable en matière de cinéma, le film manque de punch, d’intérêt et lasse assez vite. « La fille du train » est un film adapté pour un dimanche après-midi pluvieux mais est sans conteste bien moins recommandable que le livre dont il est l’adaptation. Durée du film : 2h02 Genre : Thriller Titre original : The girl on the train Note du film : 5/10 Résumé du film : Une jeune femme revenue dans sa ville natale du Nord-Ouest Pacifique, se retrouve harcelée par un ancien policier devenu un truand renommé. Excédée par les intrusions de l’homme sur sa propriété, Lillian est déterminée à trouver de l’aide et dissuader « Blackway » de continuer son petit jeu déplaisant. Avis : Lorsque nous avons vu débarquer « Viens avec moi » dans nos bacs la semaine dernière, on s’attendait à un thriller maîtrisé. Anthony Hopkins en tête d’affiche, Daniel Alfredson à la réalisation, on retrouvait le duo gagnant de « Kidnapping Mr. Heineken » et on espérait entrer de pleins pieds dans une nouvelle histoire prenante. Quelle déception ! Si le réalisateur suédois est capable du meilleur (« Millenium », volets 2 et 3) il est aussi capable du pire et nous propose ici un film à suspense plutôt plat. Le postulat de départ semblait pourtant intéressant : un duo d’inconnus venu secourir une jeune femme en détresse, se lance à la recherche d’un dénommé Blackway (que tout le monde redoute) pour lui faire cesser ses influences néfastes sur la petite communauté américaine et en particulier sur la jeune Lillian. Le prétexte est tout trouvé pour mettre en place un thriller psychologique costaud. Malheureusement, l’histoire devient vite banale et on stagne, allant de lieu en lieu pour trouver des informations sur l’homme craint, au point de se retrouver très vite au point mort et ne plus vraiment redémarrer. Anthony Hopkins fait le boulot, c’est vrai mais ne se démarque pas outre mesure. Tout comme Ray Liotta, souvent abonné au rôle de « méchant malgré lui » qui fait ici une prestation correcte mais peu mémorable. Julia Stiles (« Save the last dance », « Jason Bourne », « Happiness Therapy », « Hamlet ») et Alexander Ludwig (Bjorn dans la série « Vikings », « Hunger Games », « Du sang et des larmes ») loin d’être des débutants dans le monde du cinéma, semblent peiner à trouver leurs marques. Le casting est convenable mais peu performant : les acteurs remplissent le contrat sans trop y croire. Nous même, nous peinons à entrer dans ce suspense un peu trop sage et beaucoup trop lent. Bancale, la mise en scène lâche très vite notre attention et nous entraîne vers un final convenu et loin de ce que l’on a l’habitude de voir chez Alfredson. En conclusion, « Viens avec moi » ne révolutionne pas le genre et n’a finalement que peu d’intérêt en soi. Les fans d’Hopkins se laisseront peut-être tentés mais sortiront très probablement déçus de cette heure trente de film divertissante mais peu marquante. Dommage ! Durée du film : 1h30 Genre : Thriller Titre original : Go with me Note du film : 6,5/10 Résumé du film : Libby Day est la seule survivante du massacre de sa famille perpétré par son jeune frère. Vingt-huit ans après les faits, elle peine toujours à se construire et n’a aucun port d’attache. Un jour, elle est abordée par le responsable d’un groupe de passionnés de crimes qui souhaitent rouvrir le dossier familial. Sa situation précaire l’a pousse à accepter l’invitation et à les aider à comprendre ce qui s’est passé de nombreuses années auparavant… Avis : « Dark Places » a tout pour plaire. Un casting de choix, une intrigue intéressante et constitue une adaptation du même auteur que « Gone girl ». Faut-il se plonger dans le dossier de la famille Day pour autant ? Pourquoi pas, mais les amateurs de thriller exigeants risquent de rester sur leur faim… Gilles Paquet-Brenner, jeune réalisateur français n’en est pas à son premier coup d’essai. En effet, il était déjà derrière la caméra de « Gomez et Tavarès », « Elle s’appelait Sarah » ou encore « Les jolies choses », les deux derniers étant déjà des adaptations de romans. Ici, il se lance dans une enquête de petite envergure et présente un thriller gentillet sans grande surprise. Par chance, il a eu la très bonne idée de demander à Charlize Theron de camper le rôle délicat de Libby Day. Casquette vissée sur la tête, dégaine peu classieuse, l’actrice sud-africaine entre dans la peau de son personnage avec beaucoup d’aisance. Toujours resplendissante, ce n’est pas sa plastique qui sert le film mais l’interprétation de son héroïne en proie au doute, aux questionnements et qui peine à se construire une vie depuis de (trop) nombreuses années. Ayant elle-même connu un drame personnel lorsqu’elle était enfant (sa propre mère a assassiné son père qui était violent), elle ne feint pas et sera le guide des souvenirs et une enquêtrice très impliquée dans sa quête de vérité. Pour illustrer son propos, le réalisateur a opté pour des flash-back récurrents, permettant aux spectateurs de comprendre ce qui s’est passé dans la petite ville de Kansas City trente ans auparavant. Judicieux, ils s’intègrent parfaitement dans la dynamique du film et offrent une reconstitution très réussie de l’époque. Basé sur le roman de Gillian Flynn, auteur de « Gone Girl », l’intrigue parfois sombre est cependant ternie par quelques scènes superficielles. D’ailleurs, le problème principal du film est sa longueur. Lent, il arrive que l’on ait l’impression de faire du surplace. Si au final le film est plutôt réussi, son manque d’énergie peut jouer des tours et nous dissiper quelque peu. Niveau casting, il faut admettre que Gilles Paquet-Brenner a plutôt visé juste. En plus de Charlize Theron, on croisera la route de Nicholas Hoult (qui a déjà côtoyé Charlize sur le tournage de « Mad Max : Fury Road » et que l’on connaît davantage en tant que Fauve dans « X-Men »), Corey Stoll (et oui, encore lui ! Depuis sa révélation dans « House Of Cards », on le voit partout : « Strictly Criminal », « The good lie » ou encore dans la série « The strain » où il tient le rôle principal) Andrea Roth ou encore Christina Hendricks. Mais revenons sur la prestation de cette dernière qui, interprétant la mère de Libby, troque sa robe moulante de secrétaire et son gloss rouge de Joan dans « Mad Men » pour un rôle plus pudique, moins sensuel mais ô combien plus profond. Pour représenter les enfants des années 80, le réalisateur a fait appel à Tye Sheridan, Sterling Jerins et à Chloë Grace Moretz, qui, on doit l’admettre, montre enfin qu’elle est capable du meilleur (et pas seulement du pire – cf. « Si je reste »). « Dark Places » est donc un thriller correct mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables chez ses spectateurs. Durée du film : 1h53 Genre : Thriller/Policier |
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